Des montagnes de mouches noires

Par Martha Sellens

Toutes les facettes de mon travail d’archiviste me passionnent, mais la plus palpitante est la résolution de mystères, surtout quand le résultat est tout à fait imprévu. Un récent mystère que j’ai résolu combine œuvre d’art et mouches noires – et je ne parle pas ici de visiteurs inattendus (ou indésirables!) dans une chambre forte de Bibliothèque et Archives Canada (BAC).

Le point de départ : deux estampes de la Commission géologique du Canada (pièces 5067117 et 5067118). Je travaillais à améliorer leur description dans notre base de données pour qu’on puisse les trouver plus facilement au moment d’effectuer une recherche dans la collection. Les estampes datent de 1883, et leur acquisition remonte à si loin – avant 1925! – qu’il n’y avait presque aucun renseignement à leur sujet dans nos dossiers.

Je me suis donc mise à prospecter. Il s’agissait d’images panoramiques aussi hautes qu’un livre format standard et presque aussi larges que l’envergure de mes bras. Toutes deux étaient des copies d’un même dessin montrant les monts Notre Dame ou Shickshock [aujourd’hui, les monts Chic-Chocs] dans la péninsule de la Gaspésie, au Québec. Mon enquête était simplifiée du fait que le titre, le nom de l’artiste et le nom de l’imprimeur figuraient sur les estampes. J’ai donc aussitôt pu faire le lien avec le rapport préparé par A. P Low au terme de son expédition pour la Commission géologique du Canada (CGC), en 1883.

Estampe noir et blanc d’un dessin montrant une série de monts arrondis. On peut voir des arbres et de l’herbe à l’avant-plan. L’estampe porte un titre, et les points cardinaux sont indiqués en petits caractères le long du bord supérieur.

Photolithographie panoramique des monts Notre Dame ou Shickshock [Chic-Chocs], péninsule de la Gaspésie, Québec. Dessin de L. Lambe réalisé à partir d’une esquisse d’A. P. Low tirée du rapport qu’il a préparé en 1883 pour la Commission géologique du Canada. Les exemplaires conservés par BAC (R214-2887-9) n’ont pas encore été numérisés. Image reproduite avec l’aimable autorisation de Ressources naturelles Canada (GEOSCAN).

À l’été 1883, A. P. Low dirige une petite équipe d’arpenteurs dans la péninsule de la Gaspésie pour étudier la géologie de la région, ainsi que pour améliorer les cartes du coin et en créer de nouvelles. À l’époque, la CGC est souvent la première à envoyer des équipes d’arpentage dans une région, et elle réalise très vite que la documentation des caractéristiques géographiques passe nécessairement par la création de cartes. Dans son rapport, A. P. Low décrit certaines des tâches quotidiennes et des découvertes scientifiques de son équipe. Le rapport a été publié dans un ouvrage de 800 pages réunissant tous les rapports des activités de la CGC de 1882 à 1884. On peut télécharger une version numérique de l’ouvrage sur le site Web de Ressources naturelles Canada ou consulter l’exemplaire papier détenu par BAC.

BAC détient aussi de nombreux carnets de terrain dans lesquels les arpenteurs notaient quotidiennement leurs trouvailles et les résultats de leurs recherches. Ma curiosité étant piquée, j’ai fait venir les carnets d’A. P. Low pour y jeter un œil. N’étant pas géologue, je n’étais pas certaine de pouvoir comprendre ses notes, mais ça fait partie du plaisir! La plupart des carnets étaient remplis de chiffres et d’esquisses, mais vers la fin de l’un d’eux, j’ai décroché le gros lot.

Les gens s’imaginent souvent que les documents gouvernementaux sont synonymes de bureaucratie et d’ennui – et nos archives attestent que c’est souvent le cas. Il arrive toutefois qu’on découvre un élément passionnant qui prouve que le travail des fonctionnaires du 19e siècle pouvait être drôle et intéressant!

Vers la fin d’un des carnets d’A. P. Low, j’ai trouvé l’esquisse qu’il avait dessinée des monts Shickshock. Il s’agissait précisément de celle ayant servi à créer l’illustration qui accompagnait son rapport et dont les estampes étaient à l’origine de mon enquête. C’est un croquis plutôt simple, réparti sur deux pages lignées, mais dont les lignes et les ombres commencent à s’estomper à peu près au milieu des pages.

Pourquoi le dessin n’est-il pas terminé? Comble de chance, A. P. Low nous fournit la réponse dans son carnet de terrain [traduction] : « Incapable de terminer à cause des mouches noires »! Son commentaire s’accompagne d’une tache suspecte et d’un griffonnage représentant trois petites mouches noires à côté de la description de l’esquisse.

Photographie d’un carnet de notes en cuir rouge, ouvert à la page 98. Les pages sont lignées, et l’on voit un dessin au crayon représentant des montagnes et trois petites mouches. Il y a une note au bas de la page qui dit [traduction] : « Croquis de certains des monts qu’on peut voir en regardant vers le nord depuis le mont Albert ». À droite, une autre note indique [traduction] : « Incapable de terminer à cause des mouches noires ».

Croquis des monts Shickshock à la page 98 du carnet de terrain no 2276 d’A. P. Low, péninsule de la Gaspésie, Québec. Commission géologique du Canada (RG45, vol. 142). Photo : Martha Sellens

Je m’imagine les arpenteurs cuisant sous les rayons brûlants du soleil de juin au sommet d’un mont de la Gaspésie et maudissant le minuscule prédateur le plus agaçant du Canada! On peut facilement oublier que derrière chaque document, même le plus bureaucratique et ennuyeux, il y a des gens qui ont travaillé ensemble à sa création. Ce carnet de terrain, comme les estampes officielles qui m’ont menée à sa découverte, ramène en mémoire les personnes – et les mouches noires – qui ont laissé leur trace dans l’histoire.

Ressources connexes de BAC :

_________________________________________________________________________

Martha Sellens est archiviste pour le portefeuille sur les ressources naturelles de la Division des archives gouvernementales, à Bibliothèque et Archives Canada.

Noël dans les archives

Par Jennifer Anderson

En ce mois de décembre, bon nombre de nos clients, donateurs et lecteurs se préparent pour Noël. Le temps des Fêtes est riche en traditions, souvent liées au sentiment d’anticipation : préparer des surprises pour nos êtres chers, rêver de projets à accomplir après le Nouvel An, et offrir des moments de réconfort à notre famille, nos amis et, pourquoi pas, des étrangers.

Photo noir et blanc montrant des clients devant de grandes vitrines décorées pour Noël et se dirigeant vers l’entrée principale d’un magasin Simpson’s. Des enseignes au-dessus des portes indiquent « Simpson’s » et « The Christmas Tree Store » (Boutique d’arbres de Noël).

Simpson’s, la boutique d’arbres de Noël, vers 1955 (e011172111)

Ce sentiment d’anticipation est courant chez les archivistes. L’ambiance est toujours un peu festive dans les archives : on ouvre des boîtes, on fait des découvertes et on prévoit l’intérêt du public pour les articles de la collection. Le travail d’un archiviste de référence ressemble au service à la clientèle puisque nous aidons les chercheurs avec un grand plaisir. Le traitement archivistique inspire également un sentiment de gratitude auprès de nos collègues, qui collaborent avec nous pour faire de belles choses.

Photo noir et blanc montrant des enfants et trois femmes autour d’un père Noël. Tout le monde sourit, même si certains enfants semblent nerveux.

« Secrets du père Noël », 1952 (e011172113)

À titre d’exemple, les journées où mes collègues et moi avons travaillé sur le fonds de Sears Canada nous ont procuré beaucoup de joie. La collection inclut des documents sur les magasins Sears de l’ensemble du pays ainsi que sur les sociétés mères de Sears Canada, toutes très connues dans notre pays : Simpson’s, Simpsons-Sears et Sears-Roebuck. Le fonds comprend des documents textuels, des photos, des albums de coupures, des documents audiovisuels, des dessins et des plans architecturaux. On y trouve aussi 200 boîtes de catalogues publiés qui s’ajouteront à la riche et populaire collection de catalogues que Bibliothèque et Archives Canada possède déjà.

Photo noir et blanc montrant des clients, surtout des femmes, avec des manteaux d’hiver et des chapeaux. Elles consultent des catalogues pendant que des employés se tiennent derrière le comptoir. Une inscription sur le mur, entourée de décorations de Noël, dit : « Catalogue Shopping Centre » (Centre de ventes par catalogue).

Achats par catalogue dans le temps des Fêtes, vers 1955 (e011172120)

Une surprise très intéressante se trouve dans ce fonds : plusieurs milliers de photos d’archives d’une qualité et d’un intérêt incroyables. Les photos, qui documentent le plaisir du magasinage ainsi que les éléments pratiques de l’économie de détail et du travail des employés, intéresseront certainement le public. En plus, elles sont amusantes! Elles donnent aussi un aperçu des activités sociales et culturelles organisées par l’entreprise, dont des parties de curling et de quilles, des soirées de danse et des concerts.

Photo noir et blanc montrant un grand magasin bondé et décoré pour Noël. Des clientes et des employées se trouvent au comptoir des bas, des collants et des accessoires.

Achats de Noël, Regina (Saskatchewan), vers 1950 (e011172152)

Merci à nos collègues de Bibliothèque et Archives Canada et aux autres organismes qui ont participé à l’acquisition, au classement, à la description et à la numérisation de ce fonds. C’est grâce à eux qu’il est maintenant possible d’effectuer des recherches dans le fonds de Sears Canada.

Photo noir et blanc montrant un grand groupe d’hommes, de femmes et d’enfants regardant un train électrique dans un magasin.

Une foule regarde un train électrique, Regina, vers 1950 (e011172147)

Au cours des prochaines années, nous pourrons utiliser ces documents pour produire de nouveaux résultats de recherche. N’hésitez pas à communiquer avec nous si vous avez besoin d’aide pour lancer votre propre recherche.

Photo noir et blanc montrant un garçon parlant avec le père Noël alors que d’autres enfants et de nombreux parents, vêtus pour affronter l’hiver, font la file à proximité. En arrière-plan, deux affiches disent « Trains » et « Meccano ».

Visite du père Noël, vers 1955 (e011172112)


Jennifer Anderson était archiviste à la Direction générale des services au public. Avant cela, elle a œuvré à la Section des sciences, de l’environnement et de l’économie de la Direction générale des archives à Bibliothèque et Archives Canada.

Kahkewaquonaby, le Grand conseil et les droits des Premières Nations

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certains pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde — terminologie historique.

Par Kelly Ferguson

Le fonds Sir John A. Macdonald comprend une série de lettres échangées entre le premier ministre canadien et le docteur Peter Edmund Jones (Kahkewaquonaby). Cette correspondance ouvre une fenêtre sur les efforts de Jones et de certains organismes – dont le Grand conseil des Indiens de l’Ontario et du Québec – pour défendre les droits des Premières Nations pendant les années 1870 et 1880.

Fils du révérend Peter Jones (Kahkewaquonaby) et d’Elizabeth Field, Peter Edmund Jones naît en 1843 en Ontario. En 1866, il obtient son diplôme en médecine du Queen’s College de Kingston, devenant ainsi l’un des premiers médecins anishinaabe et autochtone de l’Amérique du Nord britannique. Il pratique d’abord à Brantford et à Niagara, puis à New York, avant de revenir dans sa province natale et d’ouvrir une clinique à Hagersville, tout près de la réserve de New Credit. Il est élu chef des Mississaugas de New Credit (maintenant la Première Nation des Mississaugas de Credit) de 1870 à 1874 et de 1880 à 1886.

Photo sépia d’un homme assis, tenant une pipe de cérémonie et un collier de perles wampum. L’homme est vêtu d’une veste en peau de cerf; sur sa cuisse, on aperçoit un sac (également en peau de cerf) orné de motifs traditionnels.

Kahkewaquonaby (le révérend Peter Jones), père du docteur Peter Edmund Jones. Photo prise le 4 août 1845 par David Octavius Hill (photographe) et Robert Adamson (chimiste). (a215156k)

En outre, dès 1874, Jones se joint au Grand conseil des Indiens de l’Ontario et du Québec, fondé quatre ans auparavant. L’une des tâches principales du Conseil est de passer en revue la Loi sur les Indiens et d’autres mesures législatives touchant les droits des Premières Nations.

De 1884 à 1886, le Grand conseil concentre ses travaux sur l’Acte de l’avancement des Sauvages. Celui-ci impose des modifications importantes aux systèmes de réglementation et de gouvernance des Premières Nations de l’Est du Canada. Il limite entre autres la taille et les fonctions des conseils autochtones, en plus de restreindre la nomination d’agents des Indiens provenant des communautés locales pour les présider. Le Grand conseil soulève de nombreuses objections concernant ces dispositions, et concernant l’Acte de façon plus générale.

En 1887, Peter Edmund Jones, alors délégué du Grand conseil, envoie une lettre au premier ministre canadien John A. Macdonald dans laquelle il formule des suggestions et des commentaires sur la Loi sur les Indiens et sur l’Acte de l’avancement des Sauvages. Jones recommande entre autres d’accorder aux conseils locaux le pouvoir de prendre des décisions en l’absence de l’agent des Indiens, d’offrir des pouvoirs équivalents aux chefs et d’accroître le nombre de conseillers.

Microfilm noir et blanc d’une lettre manuscrite.

Lettre du docteur Peter Edmund Jones à sir John A. Macdonald, datée du 5 janvier 1887. Jones y formule des suggestions et des commentaires sur la Loi sur les Indiens et l’Acte de l’avancement des Sauvages(e007956445).

Jones soumet également à Macdonald des recommandations concernant l’Acte du cens électoral. Bien que les hommes des Premières Nations aient le droit de voter depuis 1867, ce droit leur est accordé uniquement s’ils renoncent à leur statut d’Indien inscrit en vertu de la Loi sur les Indiens, ainsi qu’aux droits ancestraux qui leur sont conférés par traités (un processus appelé « émancipation »). Jones appuie l’émancipation, mais trouve le prix à payer trop élevé. Il souhaite que l’Acte du cens électoral maintienne le droit de vote des hommes autochtones tout en leur permettant de conserver leur statut d’Indien inscrit et leurs droits issus de traités.

Version numérisée d’une lettre manuscrite, couleur sépia.

Lettre de sir John A. Macdonald au docteur et chef Peter Edmund Jones, datée du 31 août 1886 et traitant de l’Acte du cens électoral. (e011198071-001-v8) (e011198071-002-v8)

Microfilm noir et blanc montrant deux pages manuscrites, rédigées sur du papier à en-tête du ministère des Affaires indiennes.

Lettre de L. Vankoughnet, surintendant adjoint au ministère des Affaires indiennes, à sir John A. Macdonald, datée du 28 mars 1887. La lettre porte sur d’éventuelles modifications à la Loi sur les Indiens et comprend des suggestions du docteur Peter Edmund Jones. (e007956441) (e007956442)

Au bout du compte, le gouvernement conservateur de John A. Macdonald rejette les recommandations de Jones en ce qui concerne l’Acte de l’avancement des Sauvages. En outre, le gouvernement libéral de Wilfrid Laurier abrogera plus tard l’Acte du cens électoral. Tout au long du 19e siècle, la Loi sur les Indiens subira d’autres modifications visant à accroître le contrôle sur la vie des Autochtones. En fait, il faudra attendre jusqu’en 1960 pour que le droit de vote soit accordé à tous les Autochtones sans restrictions.

Bref, dans les années 1880 comme aujourd’hui, les peuples autochtones souhaitent obtenir le droit à l’autodétermination et protéger leurs droits (y compris leurs droits issus de traités). La correspondance du docteur Peter Edmund Jones avec John A. Macdonald en offre un excellent exemple.


Kelly Ferguson est archiviste aux affaires politiques à la Division des archives privées sur les sciences et la gouvernance de Bibliothèque et Archives Canada.

Brodie Macpherson, précurseur de la photographie couleur

par Samantha Shields

Biographie

Archibald Brodie Macpherson, alias « Handlebars » (vraisemblablement en référence à sa moustache en forme de guidon) est une figure connue du milieu canadien de la photographie en raison de son rôle durant l’essor de l’impression couleur.

Autoportrait couleur de Brodie Macpherson en uniforme militaire arborant une moustache en guidon. Le sujet est représenté jusqu’à la poitrine devant un arrière-plan vierge.

Autoportrait, vers 1945 (e010767976)

Né à Toronto (Ontario) le 26 novembre 1909, Brodie est l’aîné des trois enfants du professeur d’université Walter Ernest Macpherson et de son épouse Elsie Margaret, et le premier d’entre eux à fréquenter l’Université de Toronto. Il entre à la faculté de sciences appliquées et de génie en 1927 et obtient son diplôme en 1931. Durant la Seconde Guerre mondiale, il sert dans l’Aviation royale canadienne, avant de revenir chez lui pour fonder son studio de photographie au début de 1946. Sa formation en génie, combinée à ses années d’expérience ultérieures dans le monde de la lithographie, lui sera très utile dans le domaine de l’impression couleur.

L’essor de la photographie couleur

Au milieu des années 1930, la photographie couleur commence à prendre de l’ampleur grâce au perfectionnement des diapositives en couleurs. L’impression couleur existe déjà à l’époque, mais elle est beaucoup moins populaire que l’impression noir et blanc parmi les photographes. Le procédé consistant à fabriquer et à imprimer des négatifs de sélection est trop cher et trop complexe pour la plupart des amateurs, et le résultat en vaut rarement la chandelle pour les professionnels. Les photographes portraitistes et paysagistes n’ont aucun intérêt à dépenser une petite fortune pour produire des lithographies que les critiques qualifient régulièrement de criardes, vulgaires et artificielles.

Deux photographies couleur identiques d’un présentoir à étages contenant des produits Colgate et Palmolive, comme de la crème à raser, du shampooing, du dentifrice et de la poudre dentifrice. Le présentoir a été photographié en studio sur un fond bleu.

Un présentoir commercial de produits de toilette Colgate Palmolive (e011312591)

Malgré ses nombreux inconvénients, la photo couleur brille réellement dans le domaine publicitaire. Bien que les couleurs vives et contrastantes puissent parfois agresser l’œil, elles permettent aussi d’attirer l’attention. À cette époque, de plus en plus de photographies colorées ornent les pages des magazines, les affiches et le matériel promotionnel.

Le domaine publicitaire est parfaitement adapté à la photo couleur puisqu’on y fait souvent de grosses commandes. La production de nombreux exemplaires permet de répartir les coûts d’impression élevés de la photographie initiale et d’en rentabiliser la grande complexité.

Brodie Macpherson l’entrepreneur

En février 1946, plutôt que de reprendre son emploi d’avant-guerre chez Harris Lithography, Macpherson commence à prendre et à vendre des photographies couleur à l’aide de deux procédés d’Eastman Kodak légèrement remaniés : la reproduction par contact pour le relief et le transfert hydrotypique de colorants. L’expérience de Macpherson dans le domaine de la photo lithographique lui est fort utile en raison des similitudes entre ces techniques.

La stratégie commerciale de Macpherson est simple : fournir le meilleur produit possible au plus bas prix possible. Voici comment il procède :

  • Il ne vend que des photographies couleur. Il n’a donc pas besoin d’équipement et de matériel pour développer des photos noir et blanc, et il se spécialise dans la couleur.
  • Il ne vend que des photos en grandes quantités. Il optimise ainsi la durée de vie des produits chimiques et réduit ses dépenses. Puisque les produits se détériorent rapidement lorsqu’on les verse dans les bacs, il n’est pas très rentable de faire plusieurs petites commandes espacées dans le temps.
  • Il expérimente en créant ses propres produits chimiques. Brodie Macpherson réussit ainsi à simplifier son processus d’impression, à maintenir un niveau de qualité uniforme et à éviter les coûts élevés associés à l’achat de produits préparés. Ces économies sont transmises au consommateur.
  • Il fabrique et personnalise ses outils, de l’équipement de production (appareils photo et lampes) au matériel d’impression (ampoules et balance-cuvettes). Macpherson s’emploie constamment à concevoir de nouveaux outils, à expérimenter avec eux et à perfectionner ses processus.
  • Il communique et collabore avec des fournisseurs, des fabricants (dont Kodak), d’autres photographes et des laboratoires d’impression, offrant continuellement les fruits de ses recherches, de l’information et des ressources pour améliorer la photographie couleur.
Photographie noir et blanc de l’appareil photo de Brodie Macpherson.

Brodie Macpherson a fabriqué son propre appareil photo trichrome à prise unique, qui lui permet d’exposer simultanément trois plaques photographiques derrière plusieurs filtres couleur. Sans cet appareil, la même photo aurait dû être prise successivement avec chaque filtre. (e011312590)

Dès les débuts de Macpherson, les clients apprécient la qualité de ses tirages couleur et trouvent ses prix raisonnables, même s’ils sont tout de même plus élevés que ceux des photos noir et blanc ou colorées à la main. Ses tarifs sont systématiquement plus bas que ceux des autres imprimeurs couleur de la région, et ils n’augmenteront jamais. Pendant 18 ans, Macpherson honorera les commandes de clients partout au Canada et aux États-Unis.

Deux portraits studio identiques d’une femme blonde inconnue portant du rouge à lèvres et un tricot rouge. Les tarifs et les coordonnées de Brodie Macpherson sont superposés dans le coin inférieur gauche et sont aussi inscrits sous l’image.

Publicité pour les photographies couleur de Brodie Macpherson comprenant ses tarifs (e011312588)

Le studio de photographie couleur, situé dans le sous-sol de sa maison familiale au 172, rue Walmer Road à Toronto, sera officiellement ouvert jusqu’à la retraite de Macpherson, en 1964.

Le groupe d’impression couleur du Toronto Camera Club (TCC)

Selon le président du Toronto Camera Club, Frank E. Hessin, Macpherson est sans l’ombre d’un doute le membre du Club qui fait le plus progresser l’impression couleur. En 1946, Macpherson propose la création du groupe d’impression couleur du Club, dont il deviendra le président. Dans les années qui suivent, c’est dans les installations du Club qu’il enseigne le processus de séparation des couleurs à tous ceux qui s’y intéressent.

Photographie noir et blanc de Brodie Macpherson faisant semblant de prendre en photo Miss 1948, Lialla Raymes, alors qu’elle est allongée.

Brodie Macpherson et Miss 1948, Lialla Raymes, illustrant l’évolution des tendances en photographie dans le cadre du 60e anniversaire du Toronto Camera Club. (e011310464)

Everett Roseborough, un autre membre du Club, dresse un portrait du personnage qui correspond à ce que l’on peut lire dans les lettres et les articles du fonds Brodie Macpherson (R791). En voici une traduction :

« Pendant les rencontres de sociétés de photographie, il est assis à la dernière rangée et caresse sa moustache. Ses opinions sont tranchées; il trouve toujours le moyen de s’opposer à quelque chose. Après un grognement collectif dans l’auditoire, on se rend souvent compte qu’il a raison. » (Photographic Historical Society of Canada, 1994)

Le digne fils d’un bibliothécaire qui enseigne à l’université

D’une intelligence remarquable, Brodie Macpherson transmet volontiers ses connaissances, ses points de vue et ses conseils. Il représente une ressource inestimable pour les photographes de l’époque, qui le considèrent comme le meilleur photographe et imprimeur couleur de la ville.

Au fil du temps, alors que la technologie de photographie couleur gagne en vitesse et en précision, on continue de faire appel au talent de Macpherson et à sa connaissance des particularités de l’impression couleur. Il fait régulièrement part des résultats de ses recherches et appelle au dialogue dans plusieurs publications et lettres privées, au sein de clubs de photo, ainsi que lors de conférences publiques et de soirées dans son studio (rehaussées de musique et d’excellent scotch!).

Photo d’un gâteau rond coupé sur une assiette noire, placé sur une boîte portant la matrice d’impression et le numéro de créateur C363.

Une des premières photos couleur de Brodie Macpherson, qui présente la superposition de jaune, magenta et cyan nécessaire pour réaliser un tirage en couleurs. (e011312589)

Retraite

En 1964, alors qu’il passe déjà la majeure partie de l’hiver à la Barbade, Macpherson prend sa semi-retraite du monde de l’impression, à l’âge de 55 ans. Même s’il n’accepte plus de nouveaux clients, il réimprime encore des négatifs existants d’anciens clients lorsqu’il est à Toronto.

Photo publicitaire montrant huit variétés de biscuits et de petits gâteaux Purity dans des sacs transparents sur fond blanc.

Série de photos publicitaires commandées par Purity Factories Ltd, de Saint John’s, à Terre-Neuve-et-Labrador. L’entreprise fait souvent affaire avec Brodie Macpherson et continue de lui demander des réimpressions jusqu’en 1970. (e011312592)

À la fin des années 1960, les procédés photographiques utilisés par Brodie Macpherson sont en grande partie remplacés par la nouvelle gamme Ektacolor de Kodak, beaucoup plus simple d’utilisation. Il devient donc de plus en plus difficile de se procurer le matériel nécessaire au Canada, et Macpherson abandonne complètement la réimpression.

Photo noir et blanc de Brodie Macpherson avec son appareil photo à prise unique de marque Devin.

Portrait de Brodie Macpherson à l’œuvre (e011310471)

De nature plutôt solitaire, Macpherson ferme discrètement son studio et vend sa maison dans les années 1970. Selon certaines sources, il aurait déménagé en Floride sans laisser de traces (Roseborough, 1994). Les recherches pour le retrouver à Toronto, en Floride et aux Bermudes après les années 1970 restent vaines.

La grande carrière de Brodie Macpherson dans le monde de la photographie couleur, qui se déroule de surcroît à une époque de développement technologique accéléré, témoigne de son excellent esprit d’entrepreneuriat, de son dévouement et de la grande maîtrise de son art.


Samantha Shields travaille comme archiviste en photographie au sein de la Division de la vie sociale et de la culture à Bibliothèque et Archives Canada.

Les archives, une ressource précieuse pour la revitalisation des langues des Premières Nations

À la gauche de l’image, Tatânga Mânî (le chef Walking Buffalo, aussi appelé George McLean) est à cheval dans une tenue cérémonielle traditionnelle. Au centre, Iggi et une fillette font un kunik, une salutation traditionnelle dans la culture inuite. À droite, le guide métis Maxime Marion se tient debout, un fusil à la main. À l’arrière-plan, on aperçoit une carte du Haut et du Bas-Canada et du texte provenant de la collection de la colonie de la Rivière-rouge.Par Karyne Holmes

La préservation des langues des Premières Nations est essentielle à la survie de l’identité propre à chacune des communautés. La capacité de parler notre langue renforce le lien qui nous unit à notre patrimoine ancestral, à notre communauté, à la terre et à la nature. En effet, la connaissance de la langue inspire un fort sentiment de fierté et de confiance en notre identité, et elle est intimement associée au bien-être psychique et émotionnel.

Depuis les premiers contacts coloniaux, des politiques gouvernementales ont fait en sorte que nos gens ont été déplacés, séparés de leur famille et de leur communauté, et dépossédés de leurs terres et de leur langue. Des tentatives d’assimilation comme l’établissement de pensionnats, et la rafle du millénaire qui se poursuit, ont éloigné plusieurs générations d’Autochtones de leur langue et de leur culture. Comme les seules langues officielles du Canada sont le français et l’anglais, les communautés des Premières Nations ont pris l’initiative d’assurer la préservation de leurs langues. En réaction au déclin de la transmission naturelle de la langue en milieu familial, elles ont mis sur pied des projets de revitalisation et de préservation des langues.

Les locuteurs d’une langue sont les ressources les plus précieuses pour sa survie. Les projets de revitalisation dirigés par des Autochtones continuent d’innover pour aider les aînés à transmettre des enseignements et des histoires aux jeunes générations. L’immersion, par exemple dans le cadre de camps linguistiques, est particulièrement efficace, car les vocabulaires des Premières Nations sont étroitement associés à des activités précises. Les étudiants doivent donc participer à celles-ci pour comprendre les mots.

La langue et la culture sont inextricablement reliées, et les langues des Premières Nations touchent particulièrement la vie culturelle, elle-même façonnée par les ressources de la terre. Les programmes d’enseignement oral au moyen d’expériences concrètes, plutôt que dans une salle de classe, sont davantage en harmonie avec les modes de transmission des savoirs traditionnels; ils sont efficaces parce que les apprenants utilisent la langue dans des contextes culturellement pertinents. Au lieu d’apprendre une langue à l’aide de traductions, le sens des mots est transmis grâce au contexte et aux activités.

En plus d’aider leurs membres à retrouver leur langue maternelle, les collectivités se prennent en main en rétablissant collectivement les noms d’origine des lieux situés sur les territoires qu’elles occupent. Ces noms riches en enseignements témoignent de l’histoire de la région. Ils sont très descriptifs, reflètent les caractéristiques physiques des plans d’eau et du terrain, ou rappellent des événements marquants, des histoires ou des activités associés aux lieux. Certains noms révèlent des connaissances écologiques ou communiquent des informations sur les voyages ou la navigation.

Ces savoirs ont progressivement disparu en raison de l’imposition des cartes dessinées par les colons, qui ont créé et officialisé leurs propres toponymes. Dans le cadre du mouvement visant à décoloniser les espaces, les cartes sont redessinées, et les toponymes autochtones des territoires traditionnels et des organismes qui s’y trouvent sont rétablis.

Carte dessinée à la main montrant une rivière et des plans d’eau, avec des noms de lieux et des points cardinaux. Une règle à mesurer blanche, servant à illustrer l’échelle, est située à la droite de la page.

Un dessin, daté de 1896, montre une voie canotable entre les lacs Waswanipi et Mistassini ainsi que des noms de lieux cris (n0117726)

Les archives peuvent appuyer les processus de revitalisation et de préservation des langues autochtones. La recherche dans les archives contribue grandement à la réalisation de projets, car les chercheurs y trouvent de nombreux types de renseignements sur ces langues.

Les journaux, les cartes et les dictionnaires présentent un intérêt particulier, bien qu’ils aient été créés par des explorateurs, des missionnaires ou des anthropologues non autochtones, car ils révèlent souvent ce que leurs créateurs ont appris au contact des Premières Nations. Les enregistrements de chants et d’histoires sont particulièrement utiles, tout comme les documents historiques qui permettent de retrouver des noms de lieux traditionnels et d’anciens mots de vocabulaire, avec des indications sur les origines et les savoirs associés à ces noms.

Une page dactylographiée montrant une colonne de mots en anglais et une autre de mots en nakoda.

Transcription d’une page d’un dictionnaire anglais-nakoda rédigé entre 1883 et 1886 (e011055392)

Document manuscrit montrant deux colonnes listant respectivement des mots en anglais et des mots en innu-aimun.

Page d’un carnet où sont notés des mots en innu-aimun appris dans le cadre d’échanges commerciaux, vers 1805 (e011211380)

Les archives aident à découvrir le passé, mais elles peuvent aussi contribuer au maintien et à la protection des langues. Elles peuvent servir à préserver et rendre accessibles aux générations futures de nouvelles ressources qui témoignent de la connaissance actuelle d’une langue par les personnes qui la parlent couramment.

Les archives sont des centres de ressources physiques ou numériques pour ceux et celles qui apprennent une langue; elles donnent accès à de nombreux documents de nature linguistique. La collaboration entre les responsables des projets de revitalisation, les gardiens de la langue et les archivistes garantit que nos petits-enfants seront fiers de leur identité et s’épanouiront grâce à elle, non seulement en parlant leur langue traditionnelle, mais aussi en écoutant leurs ancêtres la parler.

Ne manquez pas les prochains blogues sur les ressources accessibles à Bibliothèque et Archives Canada concernant les langues des Premières Nations, des Inuits et de la Nation métisse.

Ce blogue fait partie d’une série portant sur les Initiatives du patrimoine documentaire autochtone. Apprenez-en plus sur la façon dont Bibliothèque et Archives Canada (BAC) améliore l’accès aux collections en lien avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Voyez aussi comment BAC appuie les communautés en matière de préservation d’enregistrements de langue autochtone.


Karyne Holmes est archiviste pour le projet Nous sommes là : Voici nos histoires, visant à numériser les documents relatifs aux Autochtones conservés à Bibliothèque et Archives Canada.

Ça, c’est personnel : coup d’œil sur les archives personnelles à Bibliothèque et Archives Canada

Par Stephen Danilovich

Imaginez que vos archives aient été données à Bibliothèque et Archives Canada (BAC). Pensez à ce qui pourrait faire partie de votre collection : un journal intime de l’époque du secondaire, des reçus d’épicerie du mois courant ou votre plus récent message sur les médias sociaux, par exemple.

Maintenant, mettez-vous à la place d’un archiviste qui traiterait vos archives. Comment classeriez-vous tous ces documents par catégorie? À quels documents restreindriez-vous l’accès, et pourquoi? Choisiriez-vous de décrire fidèlement les documents ou de les mettre en ordre?

Voilà quelques-unes des questions à se poser avant de traiter des archives personnelles (des archives produites par des particuliers plutôt que par des organismes ou des entreprises). Évidemment, les archives personnelles, ça peut devenir très… personnel. Plus que dans les autres types d’archives, la protection de la vie privée, le respect du classement original des documents, les relations avec les donateurs et d’autres considérations archivistiques y sont intimement associées à la vie quotidienne.

Ces archives ont la particularité d’agir comme un miroir. L’archiviste qui les traite réfléchit aux traces qu’il a soi-même laissées et à la manière dont d’autres archivistes essaieraient de reconstituer sa vie. Il repense aussi à tout ce qui n’a pas été consigné.

Comme tout archiviste vous le dira, une grande partie du travail s’effectue dans les zones d’ombre. Il faut établir des liens entre les documents afin de créer un classement cohérent qui guidera les futurs chercheurs. Alors, que se passe-t-il quand l’archiviste essaie de reconstituer logiquement la vie d’une personne à partir des documents et des traces qu’elle a laissés?

Deux images noir et blanc, côte à côte, d’une femme aux cheveux foncés, de profil. L’image de gauche est le négatif, et celle de droite, la photo finale.

Deux façons de voir : le négatif et le positif. Photo de Mlle Ethel Hand prise le 10 novembre 1934 par Yousuf Karsh. (e010680101)

Pour répondre à ces questions, j’ai discuté avec des archivistes de la Division des archives privées sur la vie sociale et la culture, qui conserve notamment des collections de romanciers célèbres comme Carol Shields, Michael Ondaatje, Daphne Marlatt et bien d’autres. Ces questions sont encore plus importantes pour les auteurs qui sont encore vivants.

« Cela met votre propre vie en perspective, m’a confié l’archiviste Christine Waltham, qui a traité le fonds Thomas King. C’est comme si quelqu’un nous donnait sa vie. »

« Vous avez vraiment l’impression de connaître ces personnes, ajoute Christine Barrass, une archiviste qui a découvert les archives personnelles en traitant le fonds Doris Anderson. Ça ressemble à une simple transaction, mais quand on commence à aller au fonds des choses, ça devient un véritable honneur et un grand privilège. »

Photographie noir et blanc d’une femme de profil aux cheveux gris portant un collier foncé.

Photo de Doris Anderson prise le 10 octobre 1989 par Barbara Woodley. (e010973512)

Parmi les difficultés que présente le traitement d’archives personnelles, la plus inattendue est sans doute l’attachement émotif que l’archiviste peut commencer à éprouver pour les archives et leur créateur.

« Les émotions qu’elles provoquent, et que vous ne ressentez pas avec les archives institutionnelles, peuvent être difficiles à gérer, selon Christine Waltham. Comment décrire les archives de manière respectueuse? »

« Ça peut devenir un poids si ce n’est pas une chose que vous voulez dans votre vie quotidienne », explique Christine Barrass, qui croit que les aspects positifs et négatifs des archives personnelles représentent les deux côtés d’une même médaille : la grande intimité qui se développe.

L’archiviste est souvent la première personne, après l’auteur, à voir les documents. Une relation de confiance implicite est donc essentielle. Ce regard privilégié sur la vie d’une personne s’accompagne d’un profond sentiment de responsabilité, entraînant ce que l’archiviste littéraire Catherine Hobbs appelle une « paranoïa archivistique ».

« On a l’impression de ne jamais pouvoir en faire assez, dit Hobbs, ce qui est le propre de tout archiviste consciencieux. »

Traiter les archives d’une personne, c’est marcher constamment sur une corde raide entre la vie privée et la vie publique du créateur. N’importe quel document peut révéler une liaison clandestine, une querelle tenue secrète ou une facette inconnue de la personne. Pour ajouter à la difficulté, il est impossible de prévoir ce qui sera utile aux futurs chercheurs.

Il faut donc établir un savant équilibre entre la vie privée du donateur et l’accès accordé aux futurs chercheurs, tout en respectant le mandat de BAC.

« Nous devons trouver un compromis entre nos rôles de gardien et d’aide à la recherche », dit Hobbs.

C’est ce mélange d’intimité et de détachement qui rend si spécial le traitement des archives personnelles.

Photographie noir et blanc d’une femme aux longs cheveux noirs vêtue d’une robe blanche flottante. La femme est assise devant un miroir ovale et regarde en direction de l’appareil photo.

Entre miroir et lentille : « The Mob », Festival national d’art dramatique, 24 avril 1934, photo prise par Yousuf Karsh. (e010679016)

Pour ma toute première expérience de travail en archivistique, dans le cadre d’un emploi d’été étudiant, j’espérais apprendre les meilleures méthodes pour traiter les archives personnelles. Mais j’ai vite découvert que ces archives sont aussi diversifiées et nuancées que leurs créateurs.

Selon Waltham, « Les archives personnelles témoignent du désordre de la vie. C’est ce qui les rend si spéciales. »

Et ce désordre requiert une approche particulière. Puisque chaque collection est unique, tant du point de vue de son organisation que de son contenu, les procédures et le dogmatisme ne constituent pas la meilleure manière de créer un classement cohérent. En effet, ce caractère unique risque de disparaître si l’archiviste adopte une approche trop mécanique.

« L’apparence des documents ou les conditions dans lesquelles ils ont été conservés en disent déjà beaucoup sur la personne », ajoute Waltham. Une méthode de traitement exagérément prescriptive risquerait d’éliminer certaines particularités. On peut même dire que les archives personnelles dépassent le domaine des sciences sociales pour atteindre quelque chose qui s’apparente à l’art — et même à une sorte d’osmose entre archiviste et créateur.

Hobbs soutient que l’archivistique va au-delà de la science : elle engage la responsabilité de l’archiviste, qui doit surtout faire preuve d’empathie et d’honnêteté dans sa démarche et comprendre le rare degré d’intimité qui est atteint quand une personne donne ainsi accès à une partie de sa vie privée.

En définitive, ce que les archives personnelles exigent, c’est peut-être une petite prise de conscience de la part des archivistes – une compréhension de leur rôle dans cette communion entre la vie quotidienne, la gestion des documents et la recherche. Mettre de l’ordre dans les documents d’un tiers est un travail intrinsèquement personnel. Les archivistes qui traitent des archives personnelles doivent être particulièrement sensibles au fait que nous contribuons tous à ce que Hobbs appelle « l’aventure humaine ». Essayer de donner un sens à la vie d’un être humain dépasse largement le catalogage : c’est un processus de cocréation.

Confrontés aux défis et aux émotions qui accompagnent les archives personnelles, les archivistes de BAC font de leur mieux. L’objectif ultime, comme l’exprime Catherine Hobbs, c’est de laisser les archives en meilleur état que nous les avons trouvées.


Stephen Danilovich est archiviste étudiant à la Division des archives privées sur la vie sociale et la culture de Bibliothèque et Archives Canada.

Le navire Bellas, une prise de guerre en 1914

Par Johanne Noël

Le tribunal des prises au Canada

En 1914, lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale, le tribunal des prises n’avait pas siégé au Canada depuis la guerre de 1812. Le tribunal des prises est utilisé en temps de guerre pour entendre les causes concernant la capture de bateaux ennemis ou appartenant à des puissances ennemies. Pour gérer ces cas, selon les époques, il a fallu tenir compte des ordres des amirautés, des proclamations royales, des décrets, des lois du Parlement, des traités et des lois internationales, écrites et parfois non écrites, en matière de guerres maritimes. L’idée est de saisir les navires ennemis en territoire canadien sans impliquer le pays dans une dispute avec une autre puissance.

La procédure

Lors d’un conflit international, les navires marchands ennemis font l’objet d’une saisie. Le capitaine ou le second, ou les deux, subissent un interrogatoire sous serment devant le registraire. Ensuite, les parties témoignent devant le juge en audience publique où les pièces à conviction sont lues et mises au dossier. S’il est prouvé que le sujet est britannique, allié ou neutre, la propriété du navire sera libérée ou restituée.

Si la propriété est déclarée « bonne et légitime prise », elle est livrée au maître de prises et vendue à l’encan public. Un jour de grâce doit normalement être laissé au navire marchand ennemi pour quitter le port canadien et éviter ainsi d’être saisi comme prise de guerre.

La saisie du Bellas en 1914

Le 4 août 1914, un décret impérial entraîne l’Angleterre et le Canada dans la Première Guerre mondiale. Le Bellas, navire marchand battant pavillon allemand, était dans le port de Rimouski depuis le 29 juillet 1914 en train de décharger sa cargaison de bois en provenance du Portugal. Il était le seul navire ennemi en territoire canadien à la déclaration de la guerre. D’ailleurs, le tribunal des prises a révisé ses procédures datant du XIXe siècle, à la lumière de ce cas.

Au port de Rimouski, un bref de saisie est donné au capitaine du navire par un officier de la Cour, le 7 août 1914. Le capitaine déclare qu’il a vu l’original et que l’officier lui a remis une copie.

Le 10 août, le navire est conduit au port de Québec par le commandant Atwood, du ministère du Service naval, et laissé à la charge du collecteur des douanes du port. Atwood n’ayant pas reçu le bref de saisie produit à Rimouski, il en a rédigé un autre en prenant le contrôle du navire. Le collecteur des douanes, ignorant alors qu’il y avait eu un premier bref, a pris les papiers du navire et les a envoyés à Ottawa, où ils ont été traduits de l’allemand et portés au dossier.

Le 16 septembre, le sous-ministre de la Justice émet un bref de saisie par la Cour de l’échiquier qui est présenté aux autorités du Bellas à Québec, le 22 septembre. Ce bref amorce la cause no 1 au tribunal des prises sous la responsabilité de la Cour de l’échiquier. Le bref est publié dans le Montreal Gazette et dans le Quebec Chronicle par le registraire de la Cour. Le bateau reste détenu par le shérif jusqu’à nouvel ordre de la Cour. Un second ordre de la Cour, signé le 15 décembre 1914 par le juge Cassels, en prolonge la détention.

Au moment de la saisie, la saison de navigation était terminée à Québec. Le bateau et sa cargaison resteront au port de Québec, en attente d’une décision.

Document dactylographié avec le titre « In the Exchequer Court of Canada ». Deux timbres canadiens de un dollar et un de cinquante cents sont collés dans la marge gauche en bas du document pour attester que les frais exigés pour ce document ont été acquittés à la Cour.

Bref d’assignation pour la saisie du Bellas, 16 septembre 1914. Le shérif doit se présenter sur le bateau avec le bref original, l’épingler au mât de misaine quelques minutes et le remplacer par une copie certifiée avant de quitter le bateau. (e011312628)

Document dactylographié avec le titre « In the Exchequer Court of Canada » et un cordon rouge dans le coin supérieur droit. Il y a deux signatures.

Bref d’assignation pour la saisie du Bellas, 16 septembre 1914. Note qui indique que le bref d’assignation a été remis le 22 septembre 1914. (e011312628)

Document dactylographié avec le titre « In the Exchequer Court of Canada No. 1 ». Il y a une marque de tampon à l’encre bleue avec la date du 24 septembre 1914, et une signature.

Bref d’assignation pour la saisie du Bellas, 16 septembre 1914. Note qui indique que le bref d’assignation a été remis le 22 septembre 1914. (e011312628)

Navire portugais ou allemand?

Dans son témoignage devant la Cour, le capitaine du Bellas, Conrad Bollen, admet avoir quitté le port d’Oporto (l’actuelle ville de Porto), au Portugal, le 24 juin 1914. Aucune communication à propos du Bellas n’a eu lieu avec le capitaine entre le port d’Oporto et Rimouski, au Québec. Au moment du départ à Oporto, le propriétaire du navire est J. Wimmer and Company, une société enregistrée en Allemagne. Le capitaine apprend la vente du navire le 7 août par un télégramme reçu de la compagnie Wimmer. Le contrat de vente est fait bona fide (de bonne foi) alors que le navire est en pleine traversée.

Document écrit en allemand. En filigrane sur le papier, diagonalement de gauche à droite, il est écrit Deutsches Reich (Empire germanique). Le titre du document est Deutsches Reich suivi des armoiries de l’Empire germanique et, au-dessous, Schiffs-Zertifikat.

Le certificat d’enregistrement du Bellas indique que son port d’attache est Hambourg, en Allemagne, et que le propriétaire est l’armateur allemand Johannes Alfred Eduard Wimmer (e011312630)

Document dactylographié et manuscrit écrit en allemand.

Le certificat d’enregistrement du Bellas indique que son port d’attache est Hambourg, en Allemagne, et que le propriétaire est l’armateur allemand Johannes Alfred Eduard Wimmer (e011312630)

Document écrit en allemand. En filigrane sur le papier, diagonalement de gauche à droite, il est écrit Deutsches Reich (Empire germanique). Le titre du document est Deutsches Reich suivi des armoiries de l’Empire germanique et, au-dessous, Musterrolle der Mannschaft des deutschen Bellas.

Le rôle d’équipage du Bellas liste les membres de l’équipage embarqués au port de Lisbonne à partir du 28 août 1912. On peut lire que le navire est parti d’Oporto au Portugal pour Rimouski au Canada. (e011312629)

Document écrit en allemand. En filigrane sur le papier, diagonalement de gauche à droite, il est écrit Deutsches Reich (Empire germanique).

Le rôle d’équipage du Bellas liste les membres de l’équipage embarqués au port de Lisbonne à partir du 28 août 1912. On peut y lire que le navire est parti d’Oporto, au Portugal, pour Rimouski, au Canada. (e011312629)

Le consul du Portugal au Canada tente de régulariser la situation du navire en faisant venir des documents pour attester la certification du navire sous pavillon portugais, ce qui lui permettrait de retourner au Portugal. Un document en portugais explique que la vente a été conclue et que le nouveau propriétaire du bateau, Orlando de Mello do Rogo, en a pris possession le 3 juillet. Ce document est daté du 10 novembre 1914, trois mois après la saisie. La plainte est rejetée, et l’on considère que le bateau est allemand et donc ennemi et saisissable.

Le Bellas au service de Sa Majesté durant la guerre

Le 17 juillet 1915, le navire est réquisitionné pour le service impérial durant la guerre. La même journée, on émet une notice de réquisition et une commission pour l’évaluation du navire et de la cargaison. Le bateau a servi au transport du bois durant la guerre, à laquelle il a survécu. La cargaison de bois initiale du navire a été vendue pour plus de mille livres. Il n’y a eu aucune réclamation pour la marchandise de la part des anciens propriétaires.

Référence

Les règles pour le tribunal des prises

Bibliothèque et Archives Canada, RG13, vol. 1926, dossier 1916-244 (en anglais seulement)

Bibliothèque et Archives Canada, RG13, vol. 1925, dossier 1914-1239 (en anglais seulement)


Johanne Noël est archiviste au sein de la Direction des Archives à Bibliothèque et Archives Canada.

Bibliothèque et Archives Canada célèbre aujourd’hui sa naissance, survenue en 2004!

Il y a 15 ans jour pour jour, le 21 mai 2004, le Conseil privé adoptait le décret mettant en vigueur la Loi constituant Bibliothèque et Archives Canada (BAC). Ce faisant, la volonté des législateurs devenait réalité et ouvrait de nouvelles perspectives à une organisation originale à de multiples égards.

Page noire et blanche de la Partie II de la Gazette du Canada, enregistrement TR/2004-58, 2 juin 2004, Loi sur la Bibliothèque et les Archives du Canada. « Le décret fixant au 21 mai 2004 la date d'entrée en vigueur de certains articles de la Loi » est écrit en caractères gras.

Extrait de la Gazette du Canada (vol. 138, no 11) annonçant l’entrée en vigueur de la Loi constituant Bibliothèque et Archives Canada, 21 mai 2004.

Cette naissance est tout à la fois reflet du passé – fruit d’une gestation d’une dizaine d’années – et porteuse d’avenir, tant par les défis auxquels l’organisation est appelée à répondre que par les traits originaux qui vont la caractériser et soutenir son développement futur.

L’idée fait son chemin

Revenons d’abord quelque peu en arrière. Au cours des années 1990, alors que la société canadienne connaît d’importants changements, la pression s’accentue sur les deux institutions qui précèdent BAC, les Archives nationales du Canada et la Bibliothèque nationale du Canada.

D’une part, elles sont confrontées à une expansion des besoins, associés à l’explosion des ressources documentaires ainsi qu’à l’arrivée des technologies de l’information, ces dernières transformant leurs pratiques et leurs rôles. D’autre part, le gouvernement du Canada, face à un déficit élevé, lance un examen des programmes qui réduit considérablement leurs moyens.

Alors que le numérique émerge comme nouvelle voie de diffusion et d’accès aux archives et aux publications, une question se pose avec acuité : comment mieux répondre aux attentes des Canadiens? Dès 1994, l’idée de fusionner les Archives et la Bibliothèque nationales est dans l’air. Elle sera examinée en 1999 par l’historien John English, mais rejetée au profit d’une concertation plus étroite entre les deux institutions.

Parallèlement, une commission parlementaire se penche sur le rôle du gouvernement du Canada en matière de patrimoine. Son rapport, déposé à l’aube du nouveau millénaire, fait une large place au numérique en favorisant l’accès des Canadiens aux ressources documentaires requises pour créer une société du savoir. En outre, les dirigeants récemment nommés à la tête des deux institutions entendent favoriser davantage les activités communes.

Sous cette double poussée, intégrer les deux institutions dans une seule structure devient une possibilité réelle, qui est annoncée dans le discours du Trône de 2002. Le cheminement législatif ne sera complété qu’en mai 2004, obtenant en cours de route le soutien des principales associations professionnelles et organisations du milieu.

Capture d'écran du site Web de BAC avec « Bibliothèque et Archives Canada » écrit en rouge en haut de l'écran, suivi du titre « Quoi de neuf? Proclamation de la Loi constituant Bibliothèque et Archives Canada ».

Annonce de la proclamation de la Loi constituant Bibliothèque et Archives Canada, publiée sur le site Internet de BAC.

Fruit de ce cheminement, la nouvelle institution se donne comme leitmotiv d’être une « institution du savoir » qui favorise l’accès des Canadiens à leur patrimoine documentaire. Cette approche est soutenue visuellement par un logo associant un inukshuk avec le slogan « Ici le savoir ».

Quatre caractéristiques majeures d’une institution unique : Bibliothèque et Archives Canada

Au cours de ce processus de gestation, quatre caractéristiques de la nouvelle institution vont émerger pour lui permettre d’affronter les futurs défis.

Les deux premières sont de nature politique. Il y a d’abord l’intégration, en vertu de la Loi, des deux institutions en une seule, un phénomène rare dans le domaine du patrimoine documentaire. C’est également le fruit de la volonté affirmée par Ian E. Wilson, l’archiviste national, et par Roch Carrier, administrateur général de la Bibliothèque nationale, de regrouper les fonctions dans une structure interne intégrée, une approche encore inédite.

Deux photographies couleur côte à côte. La photo de gauche montre un homme, Ian Wilson, debout derrière un podium, ainsi qu’une affiche sur laquelle on peut lire « Ici le savoir » derrière lui. La photo de droite montre également un homme, Roch Carrier, au podium.

À gauche, Ian E. Wilson en 2005. L’affiche « Ici le savoir » est bien visible. Crédit : David Knox, Bibliothèque et Archives Canada. À droite, Roch Carrier, administrateur général de la Bibliothèque nationale du Canada. Crédit : David Barbour, Bibliothèque nationale du Canada.

Vient ensuite l’insertion, dans la loi, d’un concept novateur : le patrimoine documentaire. Fruit d’une évolution internationale, ce concept est une clé de voûte faisant le pont entre les archives et les bibliothèques. En permettant l’intégration des pratiques professionnelles, notamment numériques, il constitue un appel à collaborer pour préserver le patrimoine documentaire et y donner accès.

Les deux autres traits sont de nature organisationnelle et visent à consolider l’organisation. À l’interne, d’abord, un programme intitulé Transformation vise l’aménagement des deux univers professionnels pour générer un espace commun et, comme le mentionne Ian Wilson, « rechercher les points communs plutôt que les différences ». Ensuite, à l’externe, tant les Archives que la Bibliothèque nationales s’engagent dès les années 1990 dans la voie de la collaboration avec les autres institutions du pays. Dans la foulée des changements qui s’opèrent, plusieurs consultations sont organisées avec les partenaires, qu’il s’agisse d’associations professionnelles ou de regroupements d’organismes. En somme, le milieu lui-même est convié à cheminer et à soutenir la nouvelle institution tout au long du processus. Ces échanges permettent au projet d’avancer relativement harmonieusement, ce qui contribue certainement à la réussite de la métamorphose.

Bref, en 2004, une voie nouvelle s’ouvrait pour l’institution chargée de préserver la mémoire canadienne. Si les défis étaient nombreux, et le sont toujours, non seulement Bibliothèque et Archives Canada s’est taillé une place unique dans le monde, mais il est mieux outillé pour aller de l’avant.

« En tant qu’institution unique, nous démontrons qu’en réunissant nos collections et notre expertise, et en élaborant des services et des programmes qui répondent aux besoins des Canadiens, nous avons adopté des mesures pour apporter la meilleure contribution possible au progrès et à la qualité de vie des Canadiens. Nous partageons tous une même responsabilité : aider BAC à réaliser son plein potentiel. » [Traduction]

         Ian E. Wilson, premier bibliothécaire et archiviste du Canada, lors de la        rencontre de tout le personnel (quelques jours après la proclamation de la Loi), 8 juin 2004

Pour en savoir plus, consultez l’article intitulé « La naissance d’une institution unique » paru dans le numéro printemps-été 2019 de Signatures.


Alain Roy est conseiller en politique à Bibliothèque et Archives Canada.

Comment trouver des communiqués du gouvernement du Canada

Par Emily Dingwall

Les communiqués du gouvernement du Canada annoncent aux médias les plus récentes nouvelles concernant les ministères. Bibliothèque et Archives Canada (BAC) conserve de nombreux communiqués, certains en copie papier dans ses archives, d’autres dans sa collection de documents publiés. La collection de BAC constitue un excellent point de départ pour chercher d’anciens communiqués qui ne sont pas en ligne. La collection est toutefois incomplète, car les communiqués n’ont pas toujours été recueillis de manière systématique. Le présent billet ne porte que sur les communiqués disponibles dans la collection de documents publiés, qui ont généralement été diffusés entre 1945 et 2004. Il explique également comment trouver des communiqués plus récents dans les sites Web de chacun des ministères et les Archives du Web du gouvernement fédéral.

Les communiqués conservés dans la collection publiée sont accessibles par le catalogue de bibliothèque AMICUS. Puisque les communiqués sont catalogués par ministère et en ordre chronologique, il est très utile de connaître le ministère visé et le moment de la publication. Voici un exemple d’une série de communiqués sauvegardés dans notre collection et provenant de l’ancien ministère des Communications. Pour d’autres conseils facilitant la recherche, vous pouvez nous poser une question ou nous rendre visite sur place. Il y a aussi une page d’aide à la recherche dans AMICUS.

Pour trouver des communiqués plus récents, comme ceux datant de la fin des années 1990, effectuez des recherches dans les Archives du Web, qui permettent d’accéder à des documents recueillis sur d’anciens sites Web du gouvernement du Canada. On peut lancer des recherches dans les archives à partir d’un mot-clé, du nom d’un ministère ou d’une adresse URL. Les recherches par ministère sont particulièrement efficaces (voir l’option dans le menu rouge, à gauche). Il suffit de faire défiler la liste et de cliquer sur les ministères qui présentent un certain intérêt. Ce faisant, vous aurez accès à des versions antérieures des sites de ces ministères, d’où vous pourrez naviguer jusqu’à la section des nouvelles pour consulter leurs communiqués. Précisons que les Archives du Web est un site archivé; il se pourrait que certains liens ne soient pas fonctionnels, et son contenu n’est plus mis à jour.

Image en couleur illustrant des captures d’écran de deux pages Web du gouvernement du Canada, présentées côte à côte.

Captures d’écran de la page d’introduction des Archives du Web du gouvernement fédéral (à gauche) et de la page où s’affiche la liste des ministères (à droite).

Pour ce qui est des communiqués plus récents, ceux des dernières années (la durée varie d’un ministère à l’autre) sont généralement accessibles à partir des sites Web de chaque ministère ou société d’État, ou encore du site du Cabinet du premier ministre. Par exemple, Innovation, Sciences et Développement économique Canada (autrefois Industrie Canada) affiche sur son site Web des communiqués archivés qui remontent à 2012.

De plus, un site Web pour les communiqués de presse du gouvernement du Canada compile les plus récents communiqués publiés par tous les ministères fédéraux.

N’hésitez pas à communiquer avec nous si vous avez des questions sur les communiqués publiés par le gouvernement du Canada!


Emily Dingwall est bibliothécaire de référence au sein de la Division des services de référence à Bibliothèque et Archives Canada.

Certificats des Métis

Nous sommes heureux de vous informer que plus de 24 000 références concernant les certificats d’argent octroyés aux membres des familles de Métis ont été récemment mises en ligne. Ces certificats de concession de terre annulés ont été octroyés aux Métis par le ministère de l’Intérieur en échange d’une renonciation à certaines revendications foncières. Un certificat était émis « au porteur » et pouvait être utilisé pour acheter ou verser un acompte sur l’achat de toute terre fédérale réservée à la colonisation au Manitoba et dans les Territoires du Nord-Ouest. Ces certificats ont été accordés aux chefs de famille métis et à leurs enfants en coupures de 240 $, 160 $ et 80 $.

Comment trouver les références

  1. Allez à l’écran Recherche de fonds d’archives – Recherche avancée.
  2. Dans le menu déroulant, sélectionnez « No d’instr. de recherche » et dans la case, inscrivez 15-24.
  3. Recherche de fonds d'archives - Recherche avancée

  4. À la ligne suivante, sélectionnez « Tout mot-clé » et inscrivez un nom de famille, dans ce cas « Riel ».
  5. Cliquez sur le bouton « Soumettre ».

Résultats d'une recherche de fonds d'archives

Vous trouverez des informations plus détaillées concernant les Métis et les Certificats des Métis sur le site Web de Bibliothèque et Archives Canada.

Résumé des commentaires reçus en anglais entre le 1er avril 2014 et le 30 juin 2014

  • Un usager commente que c’est très intéressant et voudrait en savoir plus.
  • Un client nous remercie et commente que voilà pourquoi il est important que Bibliothèque et Archives Canada existe et qu’il y ait un nombre suffisant d’employés. Voici un projet qui est au cœur du patrimoine canadien.
  • Un client commente qu’il ne peut pas accéder à la recherche avancée de fonds d’archives et ne peut faire une correction à un nom de famille.
  • Un client demande où est le lien pour la boîte de recherche.