Partitions du Canada d’antan : la Grande Guerre

Par Emilie Gin

Saviez-vous que dans la collection de BAC, on peut visualiser, télécharger et imprimer des partitions numériques? Une partie de la collection, dont des pièces datant de la Première Guerre mondiale, a été numérisée et est accessible en ligne dans Aurora, le catalogue de bibliothèque de BAC. Voici la marche à suivre pour faire une recherche dans les collections spéciales.

Les partitions du Canada d’antan sont une excellente façon d’explorer les sons et les paroles qui ont marqué l’expérience canadienne de la Première Guerre mondiale, que l’on appelle aussi la Grande Guerre. Grâce à cette musique, tant les Canadiens restés au pays que ceux partis combattre à l’étranger ont pu trouver réconfort et courage et voir leur sentiment de patriotisme ravivé.

Qu’est-ce qu’une partition?

Une partition, ou musique en feuilles, désigne les feuillets sur lesquels étaient imprimées les œuvres musicales populaires. Habituellement composées d’une ou de plusieurs feuilles pliées, les partitions étaient publiées et vendues par des compositeurs professionnels ou amateurs. Comme elles n’étaient pas reliées, elles étaient faciles à produire et vendues aux consommateurs à prix relativement abordables.

La musique de ces partitions joue un rôle important dans la vie des Canadiens d’autrefois. Si, au début du 20e siècle, certaines familles aisées possèdent des phonographes ou des gramophones, de nombreux ménages n’ont en revanche pas les moyens de profiter de ces nouvelles technologies. Pour beaucoup de gens, le seul moyen d’écouter de la musique est d’aller dans une salle de spectacle ou d’en jouer eux-mêmes avec des partitions.

Musique et discours national

Pendant la période difficile et tumultueuse de la Grande Guerre, on considère la musique comme un divertissement et comme un élément pouvant produire un effet purificateur. Or, c’est aussi un moyen de communication idéal pour un gouvernement souhaitant faire la promotion d’un certain discours national.

Dessin en couleur d'un soldat debout tenant un fusil devant le drapeau britannique, une médaille de guerre et le portrait de H.W. Ellerton en uniforme.

Couverture de The Khaki Lads (OCLC 25442742)

Aux termes de la Loi sur les mesures de guerre de 1914, toutes les publications (y compris les partitions et d’autres documents imprimés comme les romans ou les affiches) doivent être approuvées par le ministère de la Milice et de la Défense. Bien qu’il soit difficile à l’époque de mesurer les véritables effets de la musique et des messages qu’elle porte, il reste que ces partitions nous ouvrent une fenêtre sur le quotidien des Canadiens pendant la Première Guerre mondiale.

Identité canadienne : feuille d’érable et Grande-Bretagne

L’expression du patriotisme canadien et l’allégeance à la Grande-Bretagne sont des thèmes omniprésents dans les partitions publiées pendant la Première Guerre mondiale. Ce n’est pas surprenant : les œuvres présentant un discours d’unité nationale renforcent le sentiment de patriotisme et remontent le moral des soldats et de leurs proches restés à la maison. Ces pièces donnent du courage à chacun et rappellent aux soldats leur devoir et le but de leur mission. Elles présentent une certaine vision de l’identité canadienne qui est alors presque exclusivement anglophone et encore très étroitement rattachée à l’identité britannique.

Dessin en couleur d'un soldat tenant un fusil avec une feuille d'érable verte à l'arrière-plan.

Couverture de They Heard the Call of the Motherland (The Men of the Maple Leaf), d’Edward W. Miller (OCLC 123910582)

La participation du pays à d’importantes batailles de la Première Guerre mondiale comme celles de la crête de Vimy, de la Somme et de Passchendaele marque un changement important dans le regard que pose le peuple canadien sur son statut : il ne se perçoit non plus comme une colonie, mais bien comme une nation. La crise de la conscription de 1917 soulève toutefois de grandes questions quant aux liens unissant le Canada à la Grande-Bretagne et au rapport entre les citoyens anglophones et francophones du pays.

Une image en noir et blanc où les mots « The King Will Be Proud of Canada » sont entourés d'une couronne de feuilles et d'un castor.

Couverture de The King Will Be Proud of Canada: Canadian Military Song, de S. G. Smith et Frank Eboral (OCLC 123910650)

Voici quelques exemples de partitions d’œuvres patriotiques téléchargeables depuis la collection de BAC :

Chacun contribue à l’effort de guerre

La musique est un aspect important du quotidien des gens qui contribuent à l’effort de guerre au Canada. On retrouve d’ailleurs très souvent ce thème dans les pièces populaires, qui suggèrent aux citoyens de contribuer, soit en tricotant des vêtements pour les soldats, en donnant de l’argent, en achetant des obligations pour financer la guerre ou en offrant leurs services comme infirmiers. Des morceaux tels que He’s Doing His Bit, Are You?, assortis de paroles comme « si on ne peut se battre, on peut contribuer financièrement », renforcent le sentiment du devoir de citoyen des Canadiens à l’endroit de leur pays et de la Couronne.

Dessin en couleur d'un soldat vêtu d'un uniforme bronze tenant un fusil au-dessus de sa tête.

Couverture de He’s Doing His Bit, Are You? If We Cannot Do the Fighting—We Can Pay, de W. St. J. Miller (OCLC 1007491809)

Voici quelques morceaux illustrant les messages présentés aux Canadiens contribuant à l’effort de guerre :

La musique en temps de guerre : dualité

En temps de guerre, la musique de ces partitions joue en quelque sorte un double rôle dans l’univers collectif : il s’agit à la fois d’un divertissement et d’un moyen pour le gouvernement de diffuser des messages subliminaux. Il est donc difficile de savoir quel sentiment entretiennent alors les Canadiens face à ces œuvres. Elles offrent probablement un moment de répit bienvenu, permettant d’oublier momentanément les atrocités et les nouvelles troublantes émanant du front, mais il ne fait aucun doute que la musique diffusée par ces producteurs passe les messages du gouvernement.

Une image en couleur composée d'un grand navire, d'une colombe, d'une femme accueillant le navire et d'un portrait de S. M. Hallam.

Couverture de When Jack Comes Back, de Gordon V. Thompson (OCLC 1007593602)

Quoi qu’il en soit, cette note que l’on peut lire sur la couverture de The Canadian War Song: When Jack Comes Back, une œuvre de Gordon V. Thompson, sonnait certainement assez juste pour de nombreux Canadiens pendant la Première Guerre mondiale :

« Ces temps-ci, nous avons tous besoin de belle musique pour adoucir la vie et nous aider à assécher nos larmes. » [Traduction]

Pour en savoir plus sur les partitions canadiennes, consultez notre balado « Entre les feuilles ».

Emilie Gin travaille comme bibliothécaire stagiaire aux acquisitions à la Direction générale du patrimoine publié de Bibliothèque et Archives Canada.

Le carillon de la Tour de la Paix

Par Rebecca Murray

Entre les murs de grès d’un des bâtiments les plus emblématiques du Canada, l’édifice du Centre et sa célèbre Tour de la Paix sur la Colline du Parlement, reposent des joyaux culturels et architecturaux qui reflètent l’histoire de notre pays et de notre peuple. L’un de ces trésors est le carillon. Selon le site Web du Parlement canadien, le carillon est un instrument « qui comporte au moins 23 cloches actionnées à partir d’un clavier à mains et à pieds qui permet une multitude d’expressions par la simple variation du toucher ».

Au terme d’un long processus de commande et d’acquisition, le carillon de la Tour de la Paix a été installé et inauguré en 1927, pour marquer le 60e anniversaire de la Confédération. La cérémonie d’inauguration a donné lieu à la première émission radiophonique du genre diffusée d’un océan à l’autre au Canada, afin que tous puissent entendre le discours et les cloches.

Pour écouter à votre tour le discours et l’inauguration du carillon, consultez notre base de données Films, vidéos et enregistrements sonores : entrez-y le mot-clé « carillon », le support « enregistrement sonore » et la date « 1927-07-01 ». Vous trouverez parmi les résultats ISN 99534 [Diamond Jubilee of Canadian Confederation: Commemoration Ceremony]. Comme l’indique la description, l’enregistrement présente les hymnes O Canada et God Save the King interprétés par le carillonneur Percival Price sur le carillon de la Tour de la Victoire, à Ottawa, ainsi que le discours prononcé par le très honorable William Lyon Mackenzie King, premier ministre du Canada.

Photographie en noir et blanc du très honorable William Lyon Mackenzie King, premier ministre du Canada, prononçant un discours à l’inauguration du carillon de la Tour de la Paix.

Le très honorable William Lyon Mackenzie King prononçant un discours à l’inauguration du carillon de la Tour de la Paix. Référence : Bibliothèque et Archives Canada/PA-027555

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) possède une riche documentation sur le carillon, que ce soit la soumission présentée par l’entreprise Gillett et Johnson pour une tour d’horloge et un carillon [Tender for Tower Clock and Bells by Gillett & Johnson], datée du 27 novembre 1924 (RG11, vol. 2683, dossier no 1575-96D) ou les élégants programmes et cartons d’invitation imprimés pour l’inauguration (RG11,
vol. 2687, dossier no 1575-96, partie HA), que l’on peut voir ci-dessous.

Image tirée du programme d’inauguration du carillon de la Tour de la Paix, le 1er juillet 1927.

Programme d’inauguration du carillon de la Tour de la Paix, le 1er juillet 1927 (e011213394)

La collection de BAC compte aussi les programmes des célèbres concerts estivaux du carillon. Celui de l’été 1939, présenté ci-dessous, a été numérisé (RG11, vol. 2688, dossier 1575-96, partie K).

Collage de deux images montrant la page couverture d’un programme ainsi que l’intérieur du programme imprimé.

Page couverture d’un programme des concerts du carillon pour l’été, ainsi qu’un example d’un programme pour une journée, datée 1939 (e011213393)

Une grande variété de morceaux ont été interprétés au carillon pour les spectateurs massés sur la Colline du Parlement, dont des hymnes, des chansons folkloriques, de la musique moderne, des airs patriotiques et des chansons populaires. Vous pouvez consulter le programme en ligne des récitals qui sont donnés presque tous les jours en semaine. Pourquoi ne pas profiter du concert de midi pendant que vous êtes dans la région de la capitale nationale?

Si les programmes estivaux d’autrefois vous intéressent, vous pouvez consulter RG11, vol. 2688, dossier no 1575-K pour l’année 1938, et RG11, vol. 2688, dossier no 1575-L pour les années 1940, 1941 et 1942.

BAC possède également le fonds privé du premier carillonneur du Dominion, Percival Price (MUS 133). Il renferme des enregistrements sonores, des documents textuels et des photographies. Deux outils de recherche numériques des descriptions de niveau des fonds d’archives permettent d’accéder aux descriptions de niveau des dossiers; il n’y a aucune restriction d’accès sur le contenu de cette collection.

Le carillon est l’un des nombreux trésors que renferme la Colline Parlementaire. J’espère que vous aurez la chance d’en découvrir quelques-uns pendant vos excursions estivales. Si vous ne passez pas à Ottawa cet été, allez visiter votre assemblée législative locale pour en apprendre plus sur les traditions et les trésors de votre province!


Rebecca Murray est archiviste aux Services de référence.

Nouveau balado! Écoutez notre plus récente émission, « Gratien Gélinas : de chez nous »

Notre plus récente émission de baladodiffusion est maintenant en ligne. Écoutez « Gratien Gélinas : de chez nous ».

Photo noir et blanc de Gratien Gélinas, visage dans les mains, avec une cigarette.

Dramaturge, metteur en scène, acteur, cinéaste et administrateur d’organismes culturels, Gratien Gélinas est l’un des fondateurs du théâtre et du cinéma modernes au Canada. Ses œuvres ont donné une voix aux gens du peuple et fait rayonner la culture et la société canadiennes-françaises tant chez nous qu’à l’étranger, pavant le chemin aux plus grands scénaristes québécois. Dans l’émission d’aujourd’hui, nous nous rendons à Saint-Bruno, près de Montréal, pour discuter avec Anne-Marie Sicotte, petite-fille de Gratien Gélinas, qui nous parle de la vie et de l’héritage de son célèbre grand-père.

Abonnez-vous à nos émissions de baladodiffusion sur notre fil RSS, iTunes ou Google Play, ou écoutez-les sur notre site Web à Balados – Découvrez Bibliothèque et Archives Canada : votre histoire, votre patrimoine documentaire.

Pour en savoir plus, écrivez-nous à bac.balados-podcasts.lac@canada.ca.

Le trésor d’un grand artiste de la scène : le fonds Gratien Gélinas

Par Théo Martin

Il faudra à Bibliothèque et Archives Canada (BAC) plus de vingt ans pour acquérir les archives de l’homme de théâtre et du créateur canadien Gratien Gélinas. En effet, entre 1973 et 1997, plusieurs archivistes nationaux et archivistes des Archives publiques du Canada travailleront avec énergie pour convaincre Gélinas d’offrir ses documents. Ce dernier, demeurant actif jusqu’à la fin de sa vie, n’avait simplement pas le temps de se consacrer pleinement au don de ses archives.

Les documents du fonds Gratien Gélinas ont finalement été acquis en 1997 par les Archives nationales du Canada, soit deux ans avant le décès de l’artiste, par l’intermédiaire d’un de ses fils, Michel Gélinas. Il faut mentionner que c’est aussi un des membres de la famille de Gratien Gélinas qui a assuré un premier classement de ses archives. On les a donc reçues à BAC dans un ordre et une organisation qui étaient à la fois logiques et qui permettaient un accès rapide pour les chercheurs. Le travail final de traitement, de description et de l’établissement des conditions d’accès s’est effectué entre les années 1999 et 2004 par les archivistes de BAC.

Photographie en noir et blanc montrant un homme en complet avec les bras croisés et une main cachant une partie de son visage. Son regard est à la droite du photographe.

Portrait de Gratien Gélinas par Yousuf Karsh, 1942. Crédit: Yousuf Karsh (MIKAN 3591652)

Une photographie composite en noir et blanc montrant les mains expressives de Gratien Gélinas dans différentes poses. Dans le bas de la photo, on voit un homme tenant ses mains croisées au-dessus de sa tête.

Gratien Gélinas par Yousuf Karsh, 29 mars 1945. Crédit: Yousuf Karsh (MIKAN 3916385)

Dans le fonds Gélinas, on retrouve seize séries à consulter en lien avec divers aspects de la carrière de Gratien Gélinas, mais aussi de sa vie personnelle.

On y trouve par exemple la série qui concerne ses œuvres littéraires, contenant plusieurs mètres de textes manuscrits ou tapuscrits. Il y a les textes des émissions radiophoniques écrites par Gélinas qui vont divertir toute une génération de Canadiens français durant les années trente telles que le Carrousel de la gaieté, le Train de plaisir sur les ondes de CKAC et de Radio-Canada, desquels émergera son personnage mythique de Fridolin. Ce même Fridolin sera au cœur des Fridolinons, revues de fin d’année produites par Gélinas et son équipe entre 1938 et 1946 (puis reprises en 1956) au Monument National, à Montréal.

Photographie en noir et blanc montrant un homme habillé en pantalon court avec des bretelles et une casquette.

Gratien Gélinas jouant Fridolin dans une scène des « Fridolinons », mars 1945. Photo : Ronny Jacques pour l’Office national du film (MIKAN 4318078)

Le fonds contient les manuscrits des œuvres phares de théâtre de Gratien Gélinas : Tit-Coq, Bousille et les justes, Hier, les enfants dansaient, La passion de Narcisse Mondoux, sa dernière création dramatique, écrite en 1985, essentiellement pour lui et la comédienne Huguette Oligny (dont le fonds se trouve aussi à BAC).

À cela s’ajoutent des dossiers complets de carnets de notes, d’ébauches annotées qui illustrent parfaitement la manière dont Gélinas concevait et écrivait ses pièces. On y lit tous les ajouts, ratures, impressions, gribouillages d’un artiste sans cesse en création et qui se remet constamment en question.

Une fiche personnelle avec le texte suivant : « Je dois organiser ma vie, ces mois-ci, pour que mes actes, mes paroles, mes pensées tendent vers ce but ultime et magnifique. Une pièce qui sera la plus belle chose que j’aie faite ».

« Tit-Coq » – Notes personnelles pendant la rédaction, vers 1946-1947 (MIKAN 2402016)

Comme Gratien Gélinas assurait le plus souvent lui-même la production et la mise en scène de ses pièces, il a aussi accumulé plusieurs écrits qui documentent son processus créatif. En plus de retrouver ses carnets de production, les chercheurs peuvent aussi découvrir plusieurs versions de textes d’adaptation de ses pièces pour le cinéma, la radio et la télévision et traduites en anglais aussi.

Le fonds comporte une quantité considérable de documents multisupports dont des films très rares, des premiers courts-métrages de production canadienne tels que La dame aux camélias, la vraie (réalisée par Gélinas en 1942) et le long métrage Tit-Coq (réalisé en 1953). BAC a d’ailleurs réussi à transférer la plupart des films de ce fonds sur support numérique. On retrouve aussi plusieurs enregistrements sonores datant d’aussi loin que les années trente, des revues et des émissions radiophoniques ainsi que les spectacles produits par Gratien Gélinas. C’est une véritable mine d’informations pour n’importe quel chercheur qui s’intéresse au théâtre et au cinéma au Canada.

Photographie en noir et blanc d’une scène de tournage montrant plusieurs personnes regroupées autour d’une caméra.

Tournage du film Tit-Coq vers 1952-1953 (MIKAN 3919038)

À ce corpus s’ajoutent plus de 4000 photographies dont certaines documentent les débuts de Gélinas à la radio et sur la scène ainsi que des photos de presque toutes les productions théâtrales dans lesquelles il a participé en plus de soixante ans de carrière. Il y a notamment des photos exceptionnelles de Gratien dans le rôle de Fridolin prises par l’Office national du film en 1945, de belles photos de lui lors de sa participation au Festival de Stratford au courant des années cinquante ainsi que de multiples photographies de sa vie privée et de son univers personnel.

Ce qui est aussi remarquable dans le fonds Gélinas, ce sont les documents d’art visuel : les dessins et les aquarelles de costumes, de maquettes de décors, les dessins publicitaires et les collages qui ajoutent un élément vibrant et visuel à l’ensemble du fonds. On réalise à quel point Gélinas s’est entouré de plusieurs artistes pour produire et promouvoir ses spectacles tout au long de sa carrière. Nous n’avons qu’à penser, par exemple, au dessin très coloré et imagé de Robert LaPalme qui a servi de maquette de décor pour Fridolinons ‘45.

Peinture montrant des figures stylisées et divers objets.

« Bon voyage » (Robert LaPalme), pour Fridolinons ’45 (MIKAN 3926980)

Une aquarelle montrant une silhouette stylisée d’un homme qui fume une cigarette.

« Tit-Coq » dessin-maquette de Robert LaPalme – Dessin original qui a servi pour l’affiche et le programme de la pièce (MIKAN 3010586)

Il y a par ailleurs bien des documents qui illustrent sa carrière dans les arts et la culture au Canada. On peut de plus retrouver des contrats d’engagement, de la correspondance, plusieurs documents promotionnels. D’autres documents portent sur son travail d’activiste du monde des arts et de la culture, notamment son implication au niveau de l’Union des artistes ou sa carrière d’administrateur d’institutions culturelles telles que la Comédie Canadienne qu’il a fondée en 1957 ou la Société du développement de l’industrie cinématographique canadienne dont il est nommé le président en 1969.

Ce qui ajoute beaucoup de richesse à ce fonds ce sont les documents en lien avec sa vie personnelle. On découvre un côté plus intime de l’artiste multidisciplinaire : carnets de notes, journaux de voyage, correspondance diverse, photographies, œuvres d’art qui permettent de mieux saisir davantage l’être humain et ses liens avec sa famille et ses amis. En plus de sa correspondance avec sa famille, on retrouve plusieurs lettres envoyées ou reçues de personnalités du monde des arts et de la politique telles que Jean-Louis Roux, Lionel Daunais, Émile Legault, Jean Despréz, Robert LaPalme, Jean Drapeau et bien d’autres encore.

Enfin, il faut souligner le fait que BAC possède le fonds de la petite-fille de Gratien Gélinas, la romancière Anne-Marie Sicotte, qui a écrit plusieurs biographies sur Gratien Gélinas (La ferveur et le doute – Éditions Québec/Amérique 1995-1996; Gratien Gélinas, du naïf Fridolin à l’ombrageux Tit-Coq – XYZ éditeur, 2001; Un p’tit comique à la stature de géant – VLB éditeur, 2009) en se servant notamment des archives trouvées à BAC. Lors de ses recherches, Anne-Marie Sicotte a non seulement transcrit plusieurs documents d’archives, mais a produit plusieurs enregistrements sonores et transcriptions d’entrevues avec son grand-père.

Le fonds Gratien Gélinas et les fonds connexes conservés à BAC témoignent de la vie et de l’œuvre d’un des pionniers du théâtre canadien et de la radio-télédiffusion au Canada. C’est un véritable trésor de documents riches et variés, accumulés tout au long de la vie d’un artiste et créateur hors pair. Ce joyau documentaire conservé à BAC appelle à être découvert et redécouvert par les chercheurs et les passionnés des arts de la scène et du spectacle d’ici et d’ailleurs.

Ressources connexes


Théo Martin est archiviste dans la Section de la littérature, de la musique et des arts de la scène [des archives privées] de Bibliothèque et Archives Canada.

Technologie radio

Je l’ai entendu à la radio —

La technologie derrière la radio permet de communiquer avec les masses sans utiliser de fils. En 1893, Nikolai Tesla a donné une conférence sur les communications sans fil à St. Louis, au Missouri, dans le cadre de l’exposition universelle. Ses théories ont jeté les bases scientifiques du développement de la radio telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Photographie en noir et blanc de Guglielmo Marconi posant sur les marches d’un bâtiment avec 12 membres de l’administration de Terre-Neuve, colline Signal, St. John's.

Marconi (portant un chapeau pâle) et des membres de l’administration de Terre-Neuve, colline Signal, St. John’s (MIKAN 3380817)

Guglielmo Marconi est la personne la plus associée à la radio et il a des liens avec le Canada. Il a testé son équipement de transmission sur la colline Signal, à St. John’s, à Terre-Neuve, en 1901. Ses premiers succès ont stimulé l’utilisation de la radio pour la transmission de messages en code Morse sur de longues distances. La technologie ne permettait pas de transmettre la parole à l’époque. Cependant, les progrès réalisés pendant et après la Première Guerre mondiale ont permis aux militaires et aux civils d’avoir accès à des radios qui transmettaient des signaux sous forme de paroles reconnaissables.

Photographie en noir et blanc de Donald Manson, un employé de la compagnie Marconi assis à une table et coiffé d’écouteurs, qui écrit sur du papier tout en écoutant une transmission radio.

Donald Manson, un employé de la compagnie Marconi (MIKAN 3624020)

Photographie en noir et blanc de deux femmes et de trois hommes, membres de la troupe de radiothéâtre RA, lisant dans un microphone à partir d’un texte.

Membres de la troupe de radiothéâtre RA (MIKAN 4313739)

Des stations locales et des organismes fédéraux, comme la Société Radio-Canada, furent créés et entrèrent dans le domaine des nouvelles, de la musique et du divertissement des années 1920 jusqu’aux années 1940. Les médias de masse étaient là pour de bon. La radio a laissé la place à la télévision, puis à Internet. Malgré les immenses progrès réalisés par ses technologies connexes, la radio est largement utilisée de nos jours puisqu’elle est fiable et facile d’accès.

Photographie en noir et blanc de deux femmes écoutant la radio, l’une assise dans un fauteuil et l’autre, debout, ajustant les réglages du poste.

Des employées de l’usine Dominion Arsenals se détendent en écoutant la radio dans leur appartement, Québec (Québec) (MIKAN 3625317)

Visitez l’album Flickr maintenant!

Nouveaux ajouts au Gramophone virtuel – groupes musicaux et musique instrumentale

Margaret Ashburner

Outre les nombreuses chansons populaires qu’il a numérisées, BAC a aussi la chance de posséder une vaste collection d’enregistrements de groupes musicaux et de musique instrumentale sur disques 78 tours. Certains de ces groupes sont associés à l’armée, telle la fanfare du 1er régiment. BAC possède aussi de la musique d’orchestre, de la musique de chambre et de la musique traditionnelle, notamment les numéros au violon d’Isodore Soucy.

Photo en couleur d’une étiquette de disque avec le logo de RCA Victor du chien avec le gramophone

The Maple Leaf Forever, étiquette de disque de RCA Victor (AMICUS 31386771)

Explorez le gramophone virtuel !


Margaret Ashburner est bibliothécaire des collections spéciales de musique à Bibliothèque et Archives Canada.

Le New Princes’ Toronto Band

Par Margaret Ashburner

Dans les années 1920, la ville de Toronto est la mecque des musiciens actifs. Des orchestres de danse s’y produisent régulièrement, et les multi-instrumentistes y sont très recherchés. Un interprète de ce genre, Hal Swain, met sur pied son propre ensemble avec des musiciens locaux, dont Les Allen, un musicien aux talents variés. Ces musiciens ambitieux souhaitent connaître la célébrité. Selon Allen, le groupe est une « combinaison de gens, jeunes pour la plupart, à l’enthousiasme contagieux » [traduction] (Litchfield, p. 513)

Photo noir et blanc d’un jeune homme souriant

Les Allen, En remontant les années, p. 251.

Photo noir et blanc d’un jeune homme qui regarde vers le côté d’un air songeur

Hal Swain, En remontant les années, p. 251.

Découverts par un recruteur, les deux hommes se démarquent du lot par leurs fortes présences sur scène et ils sont invités à former un groupe qui se produirait au Rector’s Club, à Londres, en Angleterre. À l’époque, se souvient Swain, il entendait « […] mettre l’accent sur leur provenance canadienne et découvrir si les danseurs de la capitale de l’empire britannique allaient manifester le même engouement pour un orchestre de jazz de Toronto que pour un groupe de New York » [traduction] (Mark Miller, p. 112).

Suivant les directives du recruteur londonien, le groupe de fiers Canadiens monte à bord d’un transatlantique pour se rendre en Angleterre, mais à leur arrivée, le Rector’s Club a fermé ses portes. Le recruteur, éprouvant sans doute quelque culpabilité à leur égard, voit à ce que les Canadiens passent une audition au restaurant New Princes’. Ils y sont embauchés et y jouent pendant deux ans, nommant leur formation d’après le restaurant.

Photo noir et blanc d’un orchestre de danse, avec musiciens en tenue de soirée debout sur un podium devant leurs instruments de musique

Dave Caplan et son New Princes’ Toronto Band. De gauche à droite : inconnu, inconnu, Lorne Cole, inconnu, Laurie Day, Dave Caplan, Arthur Lousley, Arthur Calkin et Jack Collins (The British Dance Band Encyclopaedia)

Le New Princes’ Toronto Band regroupe des musiciens pigistes, et sa composition change donc souvent dès que de nouvelles occasions se présentent à eux. Au fil du temps, des membres arrivent et repartent. Le nom même du New Princes’ Toronto Band connaît plusieurs variations au gré des changements à la direction de l’orchestre ou de la formation de sous-ensembles par certains de ses musiciens. Hal Swain, Dave Caplan, Les Allen et Art Christmas ont tous été des membres canadiens importants du groupe.

C’est avec plaisir que Bibliothèque et Archives Canada a numérisé certains enregistrements d’une série de disques récemment acquis. On y trouve notamment des pièces ayant été principalement enregistrées entre septembre et novembre 1926 par le groupe sous l’appellation Dave Caplan’s Toronto Band.

« Up and At ‘Em »

Photographie couleur d’une pochette d’album avec le logo de Deutschen Grammophon-Aktiengesellschaft (un chien regardant à l’intérieur d’un phonographe)

« Up and At ‘Em » par le Dave Caplan’s Toronto Band, 1926 (AMICUS 45168615)

[Écoutez « Up and At ‘Em »] Enregistrée par le Dave Caplan’s Toronto Band en novembre 1926, cette pièce est un foxtrot endiablé, l’une des danses les plus populaires de l’époque. Son interprétation, comme la plupart des autres enregistrements jazz de cette période, comprend plusieurs solos, probablement improvisés, de divers membres du groupe. Le sautillement du trombone et les légers crépitements des percussions sont particulièrement agréables lors des solos.

« I Never See Maggie Alone »

Photographie couleur d’une pochette d’album de Polydor

« I Never See Maggie Alone » par le Dave Caplan’s Toronto Band, 1926 (AMICUS 45168601)

[Écoutez « I Never See Maggie Alone »] Cette chanson cocasse raconte la frustration d’un jeune homme à l’égard de la famille de sa petite amie, qui la chaperonne avec insistance. Au début, la famille se pointe lors des sorties du couple, puis, au fil de la chanson, elle surgit dans des situations de plus en plus incongrues : sous le capot de la voiture, dans le lac où le couple est en train de pêcher et en mystérieuses apparitions lorsque les lumières sont rallumées. Les paroles oscillent entre l’horreur et la comédie! Le chanteur, probablement Hal Swain ou Les Allen, fait preuve d’un sens impeccable de l’humour.

« While the Sahara Sleeps »

Photographie couleur d’une pochette d’album de Polydor.

« While the Sahara Sleeps » par le Dave Caplan’s Toronto Band, 1926 (AMICUS 45168382)

[Écoutez « While the Sahara Sleeps »] On y entend de fantastiques arrangements de cuivres et un excellent solo de trompette, le tout accompagné de coups de langue répétés caractéristiques du jeu des musiciens de jazz de cette époque.

« High Fever »

Photographie couleur d’une pochette d’album de Polydor.

« High Fever » par le Dave Caplan’s Toronto Band, 1926 (AMICUS 45168455)

[Écoutez « High Fever »] Un autre foxtrot du Dave Caplan’s Toronto Band, moins déchaîné qu’« Up and At ‘Em », mais tout de même joyeux et entraînant. Plusieurs envolées de piano solo sont exécutées par Laurie Day, le pianiste du groupe, tandis que quelques solos de trombone allègres ponctuent la fin de la chanson.

« Say That You Love Me »

Photographie couleur d’une pochette d’album avec le logo de Deutschen Grammophon-Aktiengesellschaft (un chien regardant à l’intérieur d’un phonographe)

« Say That You Love Me » par le Dave Caplan’s Toronto Band, 1926 (AMICUS 45168037)

[Écoutez « Say That You Love Me » de Deutschen Grammophon ou « Say That You Love Me » de Polydor] La seule valse de cette série! Comme son titre le suggère, cette composition exsude un romantisme à l’eau de rose qu’elle assume sans gêne, comme bien d’autres pièces de « big band ». Au milieu de l’enregistrement, on entend Les Allen improviser quelques vers se terminant par « Say that you love me – I love you! ». L’album a été distribué par Deutschen Grammophon-Aktiengesellschaft. Un deuxième enregistrement sans paroles, enregistré pour Polydor, a également été numérisé.

Photographie couleur d’une pochette d’album de Polydor.

Le disque « Say That You Love Me », enregistré pour Polydor par le Dave Caplan’s Toronto Band, 1926 (AMICUS 45168371)

Allez voir le Gramophone virtuel pour découvrir d’autres chansons de cette époque.

Sources


Margaret Ashburner est bibliothécaire des collections spéciales de musique à Bibiothèque et Archives Canada.

Nouveaux ajouts au Gramophone virtuel – Roméo Beaudry

Par Margaret Ashburner

Photographie en noir et blanc d’un homme vêtu d’un veston gris qui fixe l’objectif.

Roméo Beaudry. Source : Canadian Music Trades Journal, Toronto, société Fullerton Pub., septembre 1931, ISSN 0383-0705.

Roméo Beaudry est un personnage important de la scène musicale canadienne dans le domaine de l’enregistrement sur gramophone alors en pleine émergence. Il fonde la Starr Phonograph of Quebec et se spécialise dans la production de disques pour gramophone destinés au marché francophone. C’est aussi un compositeur et un traducteur en demande. Il compose plusieurs chansons populaires qui sont inédites et réalise des adaptations en français de chansons américaines. Cette sélection de 78 tours récemment numérisés témoigne de l’important travail de Roméo Beaudry, à la fois comme traducteur et comme compositeur.


Margaret Ashburner est bibliothécaire des collections spéciales de musique à Bibiothèque et Archives Canada.

Nouveaux ajouts au Gramophone virtuel – Henry Burr

Par Margaret Ashburner

Photographie en noir et blanc d’un homme debout devant une automobile, coiffé d’un chapeau melon et tenant un petit chien dans ses bras.

Henry Burr. Source : Collection de musique de Bibliothèque et Archives Canada, domaine public.

Artiste prolifique, Henry Burr aurait réalisé plus de 12 000 enregistrements au cours de sa vie. Son véritable nom est Harry McClaskey, mais il a enregistré sous différents pseudonymes, le plus connu étant Henry Burr.

Henry Burr chante régulièrement des solos pour ténor, mais il chante aussi en duo, avec des quatuors et divers autres ensembles. Il chante souvent en duo avec Albert Campbell.


Margaret Ashburner est bibliothécaire des collections spéciales de musique à Bibiothèque et Archives Canada.

Ô Canada! Une histoire bilingue

Par Jessica Di Laurenzio

Bibliothèque et Archives Canada a récemment fait l’acquisition des dossiers de la maison de disques Frederick Harris, un grand éditeur canadien de musique souvent associé au Conservatoire royal de musique de Toronto. Tôt dans l’histoire de l’entreprise, dans les années 1910, Frederick Harris s’est vaillamment efforcé d’obtenir les droits d’auteur canadiens d’un aussi grand nombre de pièces que possible. Une des chansons qu’il a éditées à cette époque est la version en anglais d’Ô Canada. Toutefois, sa version n’est pas celle qui constitue aujourd’hui l’hymne national officiel connu des Canadiens.

Ô Canada a acquis ce statut en 1980, exactement 100 ans après que la musique en a été composée par Calixa Lavallée. C’est le lieutenant-gouverneur du Québec, Théodore Robitaille, qui lui commande cette pièce. Le juge Adolphe-Basile Routhier compose les paroles en français de l’hymne à la même époque, et l’œuvre est chantée pour la première fois en public le jour de la Saint-Jean-Baptiste, à Québec, en 1880. Le Chant national (nom original d’Ô Canada) se veut l’hymne du peuple canadien-français et est créé en partie en réaction à la popularité de God Save the Queen au Canada anglais.

Photo noir et blanc d’un homme à la moustache proéminente portant un veston et un nœud papillon. La photo de forme ovale est placée sur un carton de montage mat de couleur grise.

Portrait de Calixa Lavallée (MIKAN 3526369)

La population canadienne-anglaise aime tant la musique de Lavallée que quelques décennies plus tard, une version anglaise voit le jour. Toutefois, plutôt que de simplement traduire les paroles de Routhier en anglais, plusieurs paroliers anglophones rédigent leurs propres versions, ce qui explique en partie la grande différence de sens entre les paroles d’Ô Canada en anglais et en français.

Couverture de la partition. Au centre, il y a une photo d'un homme en pardessus et en pantalons tenant à la main un haut-de-forme et une canne. Les noms du compositeur et du parolier se trouvent en bas entre un croquis représentant la ville de Québec et un arbre qui va jusqu'au haut de la page recouvrant le titre de feuilles d'érable.

Couverture de la première édition de « Ô Canada » (AMICUS 5281119)
L.N. Dufresne, couverture « Ô Canada » (Québec : Arthur Lavigne, 1880). Musée de la civilisation, bibliothèque du Séminaire de Québec. Fonds ancien, 204, SQ047145.

Paroles originales en français par Routhier

Ô Canada! Terre de nos aïeux,
Ton front est ceint de fleurons glorieux!
Car ton bras sait porter l’épée,
Il sait porter la croix!

Ton histoire est une épopée
Des plus brillants exploits.

Et ta valeur, de foi trempée, 

Protègera nos foyers et nos droits.
Protègera nos foyers et nos droits.
 

Traduction anglaise

O Canada! Land of our ancestors,
Glorious deeds circle your brow.
For your arm knows how to wield the sword,
Your arm knows how to carry the cross.

Your history is an epic
Of brilliant deeds.
And your valour steeped in faith

Will protect our homes and our rights,
Will protect our homes and our rights.

Les paroliers anglophones adoptent un point de vue différent dans leurs versions et, dans plusieurs cas, mettent l’accent sur la beauté naturelle du Canada plutôt que sur l’histoire empreinte de bravoure et d’héroïsme du pays. Leur approche est dans certains cas trop semblable, et des accusations de plagiat sont même lancées. Robert Stanley Weir et Edward Teschemacher, deux anglophones ayant chacun écrit leur propre version anglaise, utilisent tous deux la phrase « Our home and native land ». En raison de ces similitudes, l’établissement des droits d’auteur cause des tensions entre Delmar Music Co. et Frederick Harris, éditeurs respectifs des versions de Weir et de Teschemacher, qui datent toutes deux de 1910 environ.

Couverture de la partition d’O Canada!, hymne national du Canada, par C. Lavallée.

Couverture de la partition d’O Canada! par la maison de disques Frederick Harris, en 1914, paroles d’Edward Teschemacher (AMICUS 21776210)

En plus de Weir et Teschemacher, des gens des quatre coins du pays proposent leur propre version anglaise d’Ô Canada. En 1927, la version de Weir est devenue la plus chantée, et c’est d’elle que l’on fait la chanson officielle du jubilé de diamant de la Confédération. Toutefois, étant donné le nombre de versions existantes, il allait encore falloir un certain temps avant que l’œuvre obtienne le statut d’hymne national.

Le premier ministre Lester B. Pearson tente, en 1967, de déposer un projet de loi en faisant la version officielle, mais ce n’est qu’en 1980, lors du centenaire de la musique de Lavallée, qu’Ô Canada devient l’hymne national officiel du pays. La version française est constituée des paroles originales de Routhier, datant de 1880, alors que la version de Weir obtient la reconnaissance officielle en tant que version anglaise, même si le sens des paroles dans les deux langues est passablement différent.

Photo d’un timbre-poste rectangulaire comportant des dessins colorés de trois hommes dont le nom est inscrit à côté de chacun : Calixa Lavallée, Adolphe-Basile Routhier et Robert Stanley Weir. On peut lire sur le timbre « Canada Postes-Postage, O Canada! 1880-1980 ».

Timbre commémoratif, 1980, montrant Lavallée, Routhier et Weir (MIKAN 2218638)


Jessica Di Laurenzio est archiviste adjointe en littérature, musique et arts de la scène à la Division des archives privées de Bibliothèque et Archives Canada.