Œuvres complètes. Tome I de Normand Chaurette

Par Michel Guénette

L’exposition Première : Nouveautés à Bibliothèque et Archives Canada présente un document inédit de Normand Chaurette intitulé Œuvres complètes. Tome I. Cette pièce a été choisie par notre spécialiste Michel Guénette, archiviste des arts de la scène.

Qui est Normand Chaurette?

Avant tout, il semble important de brosser un portrait de l’auteur afin de le situer dans son contexte de création. Normand Chaurette est un dramaturge québécois né à Montréal en 1954. Il fait partie, avec Michel Marc Bouchard et René-Daniel Dubois, de cette génération d’auteurs post-référendaire qui s’est éloignée des productions nationalistes et réalistes ayant marqué le théâtre des années 1960 et 1970 pour créer une dramaturgie orientée sur le renouvellement de l’approche esthétique et du langage. La pièce de Chaurette Provincetown Playhouse, juillet 1919, j’avais 19 ans (1982) remporte un vif succès et fait sa renommée. Il poursuit sa démarche théâtrale entre autres avec La société de Métis (1983), Fragments d’une lettre d’adieu lus par des géologues (1986), Les Reines (1991), Le Passage de l’Indiana (1996), Le Petit Köchel (2000) et Ce qui meurt en dernier (2008). Ses pièces sont aussi jouées à l’étranger, et l’une d’elles, Les Reines, a été montée par la Comédie-Française (1997). Il est aussi connu pour avoir signé le texte de la pièce appréciée d’un large public Edgar et ses fantômes (2010) et de son adaptation française, Patrick et ses fantômes (2018).

Parallèlement à sa carrière de dramaturge, Chaurette a écrit un livre, des nouvelles, des scénarios de film, des traductions, des textes radiophoniques et un essai. L’œuvre de Chaurette, qui a remodelé le paysage théâtral et celui de l’écriture, s’est taillé une place remarquable sur la scène artistique tant au Canada qu’à l’étranger. Elle a été récompensée de très nombreux prix, parmi lesquels quatre Prix littéraires du Gouverneur général, quatre Masques de l’Académie québécoise du théâtre et un Prix Floyd S. Chalmers. Normand Chaurette a également obtenu une bourse d’écriture de l’Association Beaumarchais (Paris) et a été nommé à l’Ordre du Canada à l’automne 2004.

Texte alternatif : Photo en noir et blanc d’un jeune homme assis avec un chandail sur les épaules.

Portrait de Normand Chaurette vers 1976 – photographie prise par Linda Benamou (e011180592)

Œuvres complètes. Tome I

Le fonds Normand Chaurette acquis par Bibliothèque et Archives Canada comprend des documents relatifs à sa carrière et à sa vie personnelle. La majorité des documents regroupe des manuscrits et des tapuscrits annotés, des esquisses, des ébauches, des notes et des mises au net de ses écrits. Parmi ceux-ci se trouve le livre original Œuvres complètes. Tome I, de belle facture.

L’ouvrage ressemble à un livre d’artiste et allie textes calligraphiés à la main, dessins, aquarelle et découpages. Ce magnifique livre divisé en sections comprend entre autres les textes suivants : Les dieux faibles, Orgues, Lettres au superbe, Texte de Londres et Nouveaux textes de Londres. Normand Chaurette entreprend la rédaction de cette œuvre de jeunesse en 1970 à l’âge de 16 ans et la termine en 1975, pour ensuite y ajouter quelques feuillets en 1977 et 1978.

Nous aurions pu croire facilement que Chaurette avait dès cette époque des visées littéraires tant ce livre est à la fois étrange et fascinant avec ses phrases énigmatiques et répétées. Le lecteur pourrait même y voir des affinités avec les automatistes comme Claude Gauvreau et les surréalistes comme Guillaume Apollinaire. Or, il n’en est rien. Chaurette n’a aucune prétention artistique à l’adolescence. Dans un courriel du 19 avril 2018, il souligne qu’il était en décrochage scolaire et qu’il ne rêvait pas de devenir écrivain, du moins pas avant 1976, au moment où il gagne un prix pour le texte radiophonique Rêve d’une nuit d’hôpital diffusé à Radio-Canada.

Images de deux pages du livre de Normand Chaurette Œuvres complètes. Tome I.

Images de deux pages du livre de Normand Chaurette Œuvres complètes. Tome I (MIKAN 4929495)

Images de deux pages du livre de Normand Chaurette Œuvres complètes. Tome I.

Images de deux pages du livre de Normand Chaurette Œuvres complètes. Tome I (MIKAN 4929495)

Pourquoi noircit-il alors de mots tout menus des pages et des pages d’un livre qui ne sera jamais publié? Chaurette traverse une période trouble de son existence. Il abandonne l’école, remet en question son avenir et désire quitter le toit familial. Aidé par certaines substances, il dérive en quête de son identité et se replie dans sa bulle. Comme il le dit dans un échange téléphonique, cette période marquée par la crise d’Octobre, les grèves, les manifestations et les écoles fermées est pour lui une période sombre et très nébuleuse. Il n’arrive pas à parler de ses angoisses à ses parents, à avouer certaines choses, alors il se réfugie dans l’écriture, le dessin et la peinture, où il exprime toutes ses craintes et ses peurs. Il occupe des nuits blanches à bricoler et à écrire dans des livres qui sont en quelque sorte ses journaux intimes.

Le contexte de création permet de poser un nouveau regard sur cette œuvre et d’en éclairer certains passages. Le ton sombre de la prose n’est pas étranger à ce que vit Chaurette, comme le montre l’extrait de son poème L’ode au désespoir :

Ma parole est une prison

Ma parole est carrée comme une prison dont le rebord noir perce les pages de ce recueil…

Le lecteur pénètre ainsi dans son intimité. Il découvre aussi que les titres ne sont pas anodins. Par exemple, Chaurette avait de la famille à Londres, en Grande-Bretagne, où il était invité pour apprendre l’anglais. Il n’est donc pas étonnant que des textes proviennent de cette ville. De même, Chaurette envisage un tome II, mais la facture trop laborieuse du livre lui fait abandonner l’idée, et en vieillissant, il passe à d’autres projets.

Chaurette écrit ses textes en code et en lettres minuscules presque illisibles, effrayé à l’idée que ses journaux soient découverts. Il détruit presque au fur et à mesure la plupart d’entre eux avant que ses parents ne mettent la main sur ses compositions. Ne survit que le livre Œuvres complètes. Tome I. Il est heureux que BAC puisse préserver et rendre accessibles aux chercheurs les confidences d’un adolescent troublé qui deviendra un grand auteur. Déjà, nous pouvons tous remarquer le talent du jeune auteur qui ne demandait qu’à s’épanouir.


Michel Guénette est archiviste des arts de la scène à la Division des archives privées sur la vie sociale et la culture de la Direction générale des archives à Bibliothèque et Archives Canada.

Nouveau balado! Écoutez notre plus récente émission, « Gratien Gélinas : de chez nous »

Notre plus récente émission de baladodiffusion est maintenant en ligne. Écoutez « Gratien Gélinas : de chez nous ».

Photo noir et blanc de Gratien Gélinas, visage dans les mains, avec une cigarette.

Dramaturge, metteur en scène, acteur, cinéaste et administrateur d’organismes culturels, Gratien Gélinas est l’un des fondateurs du théâtre et du cinéma modernes au Canada. Ses œuvres ont donné une voix aux gens du peuple et fait rayonner la culture et la société canadiennes-françaises tant chez nous qu’à l’étranger, pavant le chemin aux plus grands scénaristes québécois. Dans l’émission d’aujourd’hui, nous nous rendons à Saint-Bruno, près de Montréal, pour discuter avec Anne-Marie Sicotte, petite-fille de Gratien Gélinas, qui nous parle de la vie et de l’héritage de son célèbre grand-père.

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Pour en savoir plus, écrivez-nous à bac.balados-podcasts.lac@canada.ca.

Le trésor d’un grand artiste de la scène : le fonds Gratien Gélinas

Par Théo Martin

Il faudra à Bibliothèque et Archives Canada (BAC) plus de vingt ans pour acquérir les archives de l’homme de théâtre et du créateur canadien Gratien Gélinas. En effet, entre 1973 et 1997, plusieurs archivistes nationaux et archivistes des Archives publiques du Canada travailleront avec énergie pour convaincre Gélinas d’offrir ses documents. Ce dernier, demeurant actif jusqu’à la fin de sa vie, n’avait simplement pas le temps de se consacrer pleinement au don de ses archives.

Les documents du fonds Gratien Gélinas ont finalement été acquis en 1997 par les Archives nationales du Canada, soit deux ans avant le décès de l’artiste, par l’intermédiaire d’un de ses fils, Michel Gélinas. Il faut mentionner que c’est aussi un des membres de la famille de Gratien Gélinas qui a assuré un premier classement de ses archives. On les a donc reçues à BAC dans un ordre et une organisation qui étaient à la fois logiques et qui permettaient un accès rapide pour les chercheurs. Le travail final de traitement, de description et de l’établissement des conditions d’accès s’est effectué entre les années 1999 et 2004 par les archivistes de BAC.

Photographie en noir et blanc montrant un homme en complet avec les bras croisés et une main cachant une partie de son visage. Son regard est à la droite du photographe.

Portrait de Gratien Gélinas par Yousuf Karsh, 1942. Crédit: Yousuf Karsh (MIKAN 3591652)

Une photographie composite en noir et blanc montrant les mains expressives de Gratien Gélinas dans différentes poses. Dans le bas de la photo, on voit un homme tenant ses mains croisées au-dessus de sa tête.

Gratien Gélinas par Yousuf Karsh, 29 mars 1945. Crédit: Yousuf Karsh (MIKAN 3916385)

Dans le fonds Gélinas, on retrouve seize séries à consulter en lien avec divers aspects de la carrière de Gratien Gélinas, mais aussi de sa vie personnelle.

On y trouve par exemple la série qui concerne ses œuvres littéraires, contenant plusieurs mètres de textes manuscrits ou tapuscrits. Il y a les textes des émissions radiophoniques écrites par Gélinas qui vont divertir toute une génération de Canadiens français durant les années trente telles que le Carrousel de la gaieté, le Train de plaisir sur les ondes de CKAC et de Radio-Canada, desquels émergera son personnage mythique de Fridolin. Ce même Fridolin sera au cœur des Fridolinons, revues de fin d’année produites par Gélinas et son équipe entre 1938 et 1946 (puis reprises en 1956) au Monument National, à Montréal.

Photographie en noir et blanc montrant un homme habillé en pantalon court avec des bretelles et une casquette.

Gratien Gélinas jouant Fridolin dans une scène des « Fridolinons », mars 1945. Photo : Ronny Jacques pour l’Office national du film (MIKAN 4318078)

Le fonds contient les manuscrits des œuvres phares de théâtre de Gratien Gélinas : Tit-Coq, Bousille et les justes, Hier, les enfants dansaient, La passion de Narcisse Mondoux, sa dernière création dramatique, écrite en 1985, essentiellement pour lui et la comédienne Huguette Oligny (dont le fonds se trouve aussi à BAC).

À cela s’ajoutent des dossiers complets de carnets de notes, d’ébauches annotées qui illustrent parfaitement la manière dont Gélinas concevait et écrivait ses pièces. On y lit tous les ajouts, ratures, impressions, gribouillages d’un artiste sans cesse en création et qui se remet constamment en question.

Une fiche personnelle avec le texte suivant : « Je dois organiser ma vie, ces mois-ci, pour que mes actes, mes paroles, mes pensées tendent vers ce but ultime et magnifique. Une pièce qui sera la plus belle chose que j’aie faite ».

« Tit-Coq » – Notes personnelles pendant la rédaction, vers 1946-1947 (MIKAN 2402016)

Comme Gratien Gélinas assurait le plus souvent lui-même la production et la mise en scène de ses pièces, il a aussi accumulé plusieurs écrits qui documentent son processus créatif. En plus de retrouver ses carnets de production, les chercheurs peuvent aussi découvrir plusieurs versions de textes d’adaptation de ses pièces pour le cinéma, la radio et la télévision et traduites en anglais aussi.

Le fonds comporte une quantité considérable de documents multisupports dont des films très rares, des premiers courts-métrages de production canadienne tels que La dame aux camélias, la vraie (réalisée par Gélinas en 1942) et le long métrage Tit-Coq (réalisé en 1953). BAC a d’ailleurs réussi à transférer la plupart des films de ce fonds sur support numérique. On retrouve aussi plusieurs enregistrements sonores datant d’aussi loin que les années trente, des revues et des émissions radiophoniques ainsi que les spectacles produits par Gratien Gélinas. C’est une véritable mine d’informations pour n’importe quel chercheur qui s’intéresse au théâtre et au cinéma au Canada.

Photographie en noir et blanc d’une scène de tournage montrant plusieurs personnes regroupées autour d’une caméra.

Tournage du film Tit-Coq vers 1952-1953 (MIKAN 3919038)

À ce corpus s’ajoutent plus de 4000 photographies dont certaines documentent les débuts de Gélinas à la radio et sur la scène ainsi que des photos de presque toutes les productions théâtrales dans lesquelles il a participé en plus de soixante ans de carrière. Il y a notamment des photos exceptionnelles de Gratien dans le rôle de Fridolin prises par l’Office national du film en 1945, de belles photos de lui lors de sa participation au Festival de Stratford au courant des années cinquante ainsi que de multiples photographies de sa vie privée et de son univers personnel.

Ce qui est aussi remarquable dans le fonds Gélinas, ce sont les documents d’art visuel : les dessins et les aquarelles de costumes, de maquettes de décors, les dessins publicitaires et les collages qui ajoutent un élément vibrant et visuel à l’ensemble du fonds. On réalise à quel point Gélinas s’est entouré de plusieurs artistes pour produire et promouvoir ses spectacles tout au long de sa carrière. Nous n’avons qu’à penser, par exemple, au dessin très coloré et imagé de Robert LaPalme qui a servi de maquette de décor pour Fridolinons ‘45.

Peinture montrant des figures stylisées et divers objets.

« Bon voyage » (Robert LaPalme), pour Fridolinons ’45 (MIKAN 3926980)

Une aquarelle montrant une silhouette stylisée d’un homme qui fume une cigarette.

« Tit-Coq » dessin-maquette de Robert LaPalme – Dessin original qui a servi pour l’affiche et le programme de la pièce (MIKAN 3010586)

Il y a par ailleurs bien des documents qui illustrent sa carrière dans les arts et la culture au Canada. On peut de plus retrouver des contrats d’engagement, de la correspondance, plusieurs documents promotionnels. D’autres documents portent sur son travail d’activiste du monde des arts et de la culture, notamment son implication au niveau de l’Union des artistes ou sa carrière d’administrateur d’institutions culturelles telles que la Comédie Canadienne qu’il a fondée en 1957 ou la Société du développement de l’industrie cinématographique canadienne dont il est nommé le président en 1969.

Ce qui ajoute beaucoup de richesse à ce fonds ce sont les documents en lien avec sa vie personnelle. On découvre un côté plus intime de l’artiste multidisciplinaire : carnets de notes, journaux de voyage, correspondance diverse, photographies, œuvres d’art qui permettent de mieux saisir davantage l’être humain et ses liens avec sa famille et ses amis. En plus de sa correspondance avec sa famille, on retrouve plusieurs lettres envoyées ou reçues de personnalités du monde des arts et de la politique telles que Jean-Louis Roux, Lionel Daunais, Émile Legault, Jean Despréz, Robert LaPalme, Jean Drapeau et bien d’autres encore.

Enfin, il faut souligner le fait que BAC possède le fonds de la petite-fille de Gratien Gélinas, la romancière Anne-Marie Sicotte, qui a écrit plusieurs biographies sur Gratien Gélinas (La ferveur et le doute – Éditions Québec/Amérique 1995-1996; Gratien Gélinas, du naïf Fridolin à l’ombrageux Tit-Coq – XYZ éditeur, 2001; Un p’tit comique à la stature de géant – VLB éditeur, 2009) en se servant notamment des archives trouvées à BAC. Lors de ses recherches, Anne-Marie Sicotte a non seulement transcrit plusieurs documents d’archives, mais a produit plusieurs enregistrements sonores et transcriptions d’entrevues avec son grand-père.

Le fonds Gratien Gélinas et les fonds connexes conservés à BAC témoignent de la vie et de l’œuvre d’un des pionniers du théâtre canadien et de la radio-télédiffusion au Canada. C’est un véritable trésor de documents riches et variés, accumulés tout au long de la vie d’un artiste et créateur hors pair. Ce joyau documentaire conservé à BAC appelle à être découvert et redécouvert par les chercheurs et les passionnés des arts de la scène et du spectacle d’ici et d’ailleurs.

Ressources connexes


Théo Martin est archiviste dans la Section de la littérature, de la musique et des arts de la scène [des archives privées] de Bibliothèque et Archives Canada.

Quelques perles d’une dramaturgie oubliée à Bibliothèque et Archives Canada

Par Théo Martin

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) possède dans sa collection de documents publiés un certain nombre de textes dramatiques anciens, en français, d’auteurs peu connus des nouvelles générations de Canadiens et Canadiennes. Ces pièces de théâtre, clairement inspirées des mélodrames ou des vaudevilles joués en Europe, représentent néanmoins l’expression des débuts d’une dramaturgie canadienne-française. Parmi ces pièces, on trouve les exemplaires de textes imprimés d’auteurs canadiens-français de la région d’Ottawa-Gatineau (anciennement Ottawa-Hull) qui ont connu un succès tant local que national de 1886 à 1935.

Prenons l’exemple de la pièce Exil et Patrie du père jésuite Édouard Hamon (1841-1904). Si cette œuvre n’a pas été créée par un auteur de l’Outaouais, il n’en demeure pas moins qu’elle fut une des premières pièces de théâtre jouées en 1884 par Le Cercle d’art dramatique de Hull, une des premières troupes de théâtre de Hull (Québec). Cette pièce porte sur un thème très actuel à l’époque, c’est-à-dire l’exode des Canadiens français vers les États-Unis à la fin du 19e siècle. BAC possède un très rare exemplaire de cette œuvre.

Image couleur de la page couverture d’un livre intitulé Exil et Patrie contenant le titre, le nom de l’auteur et de l’éditeur, le tout imprimé en noir sur papier jauni.

Exil et Patrie d’Édouard Hamon, vers 1882 (OCLC 937473541)

Dans la collection de BAC, on trouve par ailleurs les pièces de théâtre du protonotaire hullois Horace Kearney (1848-1940), qui en 1886 va écrire et produire La Revanche de Frésimus. Cette pièce de théâtre, qui marie le vaudeville et la satire, sera une des pièces les plus jouées sur les scènes de l’Outaouais, de l’Est québécois et même des États-Unis dans la première moitié du 20e siècle. D’autres exemplaires des pièces de théâtre de Kearney sont conservés à BAC, dont Amour, Guerre et Patrie (1919).

Image de deux pages côte à côte, celle de gauche est la page couverture avec une photographie en noir et blanc de l’auteur et à droite, la page texte du premier acte.

La revanche de Frésimus d’Horace Kearney, 1886 (OCLC 301447568)

On retrouve aussi plusieurs pièces de théâtre, mélodrames, comédies et vaudevilles écrits par l’auteur ottavien Régis Roy (1864-1945), dont La tête de Martin (1900), Nous divorçons! (1897), L’auberge du numéro trois (1899) ou Consultations gratuites (1924). Il est à noter que, durant sa carrière, Roy a travaillé comme fonctionnaire au ministère de l’Agriculture du Canada ainsi que celui de la Marine.

Photographie en noir et blanc d’un homme d’âge avancé portant un nœud papillon et des lunettes.

Régis Roy, photographié par Joseph Alexandre Castonguay, vers 1930 (a165147-v8)

De rares exemplaires des pièces d’un autre auteur dramatique de Hull, Antonin Proulx (1881-1950), se retrouvent aussi dans la collection de BAC, dont Le cœur est le maître (1930), L’enjôleuse. Dévotion et l’amour à la poste (1916), De l’audace, jeune homme! (1930). Proulx a notamment œuvré comme conservateur de bibliothèque et journaliste au cours de sa carrière.

Page couverture d’une pièce théâtrale contenant le titre, le nom de l’auteur et le prix de 25 cents. Impression en noir sur papier blanc jauni.

De l’Audace, Jeune Homme! d’Antonin Proulx, vers 1930 (OCLC 49107057)

Après les années trente, les auteurs de ces pièces de théâtre, plusieurs décennies de succès plus tard, semblent être passés dans l’oubli. Heureusement, BAC conserve quelques exemplaires de leurs ouvrages, pour la plus grande joie des amateurs de théâtre d’aujourd’hui et de ceux de demain!


Théo Martin est archiviste en littérature, musique et arts de la scène à la Direction générale des archives privées de Bibliothèque et Archives Canada.

Pas facile de mettre le Canada en scène – Le jeu du centenaire

Par Théo Martin

Il y a de cela un peu plus de 50 ans, le romancier et dramaturge canadien Robertson Davies coécrivait la pièce de théâtre de commande Le jeu du centenaire pour célébrer le 100e anniversaire de la Confédération du Canada en 1967. C’est avec le soutien financier de la Commission du centenaire du Canada que Davies, avec la collaboration de quatre autres auteurs canadiens de renom (W.O Mitchell, Arthur L. Murphy, Eric Nicol et Yves Thériault), va écrire à partir de 1965, une pièce de théâtre bilingue qui met en scène le passé du Canada.

Une photo noir et blanc d’un homme souriant qui tient un chat sur son épaule.

Robertson Davies et un chat, 1954. Photo : Walter Curtin. Fonds Walter Curtin (MIKAN 3959842)

La pièce fut divisée en plusieurs scènes représentant chaque région et province du Canada et faisant intervenir des personnages fictifs (et danseurs) représentatifs des diverses communautés linguistiques et culturelles du Canada. La pièce était accompagnée d’une trame musicale originale écrite par le compositeur canadien Keith Bissell.

Page manuscrite avec dessins à l’encre rouge.

Page manuscrite de la page couverture d’une version de l’ébauche de la pièce The Centennial Play (Le jeu du centenaire) avec dessins de Robertson Davies, vers 1965 (MIKAN 128551)

Texte dactylographié avec annotations à l’encre rouge.

Tapuscrit de la pièce de théâtre The Centennial Play (Le jeu du centenaire) annoté par Robertson Davies, vers 1966 (MIKAN 128551)

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Abonnez-vous à la saison théâtrale 1815-1816 de la Société des Jeunes Artistes

Au tournant du 19e siècle, l’activité théâtrale n’est pas des plus florissantes au Canada. Certaines pièces connaissent bien un vif succès, comme Colas et Colinette, jouée entre 1790 et 1807 et écrite par Joseph Quesnel, l’un des premiers dramaturges du pays; mais les coûts sont souvent trop élevés pour maintenir des troupes de théâtre de façon permanente. De surcroît, ces dernières font face à la réprobation de l’Église, qui n’aime guère ce genre de représentations.

Le plus souvent, ce sont des amateurs – membres de l’élite sociale composée de Canadiens français, de militaires et de marchands britanniques – qui aménagent des salles et y présentent des spectacles. Des comédiens américains en tournée font aussi vibrer les planches des grandes villes canadiennes. L’ouverture du Théâtre Royal à Montréal, en novembre 1825, donne un nouvel élan à l’art dramatique au Bas-Canada.

Cette aquarelle d’une scène de rue montre un édifice de quatre étages de style néo-classique. Au loin, on voit des édifices plus modestes.

L’hôtel Mansion House (le Théâtre Royal), rue Saint-Paul, à Montréal, par Henry Bunnett (1888). (MIKAN 2878039)

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Les Prix littéraires du Gouverneur général pour 2013

Les Prix littéraires du Gouverneur général sont décernés chaque année aux meilleurs ouvrages de langue française et de langue anglaise dans chacune des sept catégories suivantes : romans et nouvelles, essais littéraires, poésie, théâtre, littérature jeunesse (texte), littérature jeunesse (illustrations) et traduction.

Chaque année, Bibliothèque et Archives Canada acquiert, catalogue et rend accessibles tous les livres canadiens qui sont mis en nomination avant que les lauréats soient connus. Le dépôt légal est utilisé dans la plupart des cas, mais certains ouvrages ne sont pas publiés au Canada et doivent être acquis par d’autres moyens pour que les générations futures aient accès aux œuvres de tous les candidats aux prix du Gouverneur général.

Félicitations à tous!

Roman
Français
Quand les guêpes se taisent, par Stéphanie Pelletier (AMICUS 40915742)
Anglais
The Luminaries, par Eleanor Catton (AMICUS 41787649)

Poésie
Français
Pour les désespérés seulement, par René Lapierre (AMICUS 40824154)
Anglais
North End Love Songs, par Katherena Vermette (AMICUS 40823688)

Théâtre
Français
Bienveillance, par Fanny Britt (AMICUS 41316358)
Anglais
Fault Lines, par Nicolas Billon (AMICUS 41530643)

Essais
Français
Aimer, enseigner, par Yvon Rivard (AMICUS 40909709)
Anglais
Journey with No Maps: A Life of P.K. Page, par Sandra Djwa (AMICUS 40812690)

Jeunesse – Texte
Français
À l’ombre de la grande maison, par Geneviève Mativat (AMICUS 40696767)
Anglais
The Unlikely Hero of Room 13B, par Teresa Toten (AMICUS 41749214)

Jeunesse – Illustrations
Français
Jane, le renard et moi, par Isabelle Arsenault (AMICUS 41921688)
Anglais
Northwest Passage, par Matt James (AMICUS 40320781)

Traduction
Français
L’enfant du jeudi, par Sophie Voillot (AMICUS 40772400)
Anglais
The Major Verbs, par Donald Winkler (AMICUS 40717619)

Le théâtre à l’affiche!

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) possède une collection extraordinaire d’affiches faisant la promotion du théâtre au Canada datant du XIXe jusqu’à aujourd’hui. Ces affiches se retrouvent au sein de fonds et de collections privés et publics très variés, notamment ceux de Vittorio, Theo Dimson, Guy Lalumière et Associés inc., Normand Hudon et Robert Stacey.

On retrouve également des affiches de théâtre dans des fonds de personnalités canadiennes telles que Marshall MacLuhan et Sydney Newman, et même à l’intérieur de collections de documents imprimés très anciens comme en témoignent les affiches de théâtre produites sur les bateaux de l’équipe de sauvetage de l’expédition Franklin (env. 1850 à 1853).

Il ne faut pas oublier non plus les fonds des artistes et artisans de la scène tels que Gratien Gélinas, Jean Roberts et Marigold Charlesworth, John Hirsch, ainsi que ceux des institutions artistiques et culturelles telles que le Centre national des arts, Théâtre Canada, le Magnetic North Theatre Festival, le Globe Theatre et le Stratford Festival.

Mais la grande majorité des affiches en lien avec le théâtre se trouve véritablement dans la série « Affiches » de la collection des arts du spectacle, qui comprend environ 750 affiches et programmes, ainsi qu’au sein de la collection variée d’affiches qui, elle, est composée d’environ 3170 affiches.

On peut dire qu’à Bibliothèque et Archives Canada, le théâtre tient l’affiche!

Pour voir des exemples d’affiches, veuillez consulter notre album Flickr.

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