Tiré de la collection Jacob M. Lowy : se souvenir d’un don remis lors du centenaire

Michael Kent

Jusqu’à présent, 2017 est une excellente année pour le Canada. Outre les innombrables événements, activités, entretiens et rassemblements publics, bon nombre d’importants projets patrimoniaux ont été entrepris pour célébrer le 150e anniversaire de la Confédération canadienne. Il y a eu entre autres l’ouverture du Centre mondial du pluralisme et la réouverture du Musée des sciences et de la technologie du Canada. En voyant ces projets patrimoniaux se réaliser, il convient de se rappeler que 2017 marque aussi le 50e anniversaire de milliers de projets similaires réalisés pendant l’année du centenaire du Canada, en 1967.

Photographie en noir et blanc d’une grande salle où des livres sont exposés dans des présentoirs vitrés.

Livres donnés par le Congrès juif canadien qui étaient exposés à la Bibliothèque nationale, en 1967. Source : Archives juives canadiennes Alex Dworkin

À Bibliothèque et Archives Canada (BAC), nous savons trop bien à quel point les projets patrimoniaux de 1967 sont importants. Notre édifice du 395, rue Wellington, situé le long d’une rue où se trouvent aussi le Parlement et la Cour suprême, a ouvert ses portes en 1967. Il s’agissait d’un projet patrimonial pour le centenaire. Nous avons le bonheur d’en célébrer le 50e anniversaire cette année et de réfléchir à la manière dont cet espace nous a permis de recueillir, de préserver et de raconter l’histoire du Canada. Bien que l’édifice ait certainement été un projet patrimonial important pour Bibliothèque et Archives Canada, ce n’est pas le seul auquel notre institution a participé.

Un don de la communauté juive du Canada

Comme conservateur de la collection Jacob M. Lowy d’ouvrages judaïques rares, je suis exposé jour après jour à l’un de ces projets patrimoniaux du centenaire, puisque je consulte régulièrement la collection d’ouvrages judaïques donnés à la Bibliothèque nationale de l’époque par le Congrès juif canadien d’alors, au nom de la communauté juive du Canada. C’est un don qui me revient à l’esprit constamment lorsque je consulte des ouvrages de référence et que je vois l’ex-libris bleu, blanc et rouge indiquant que le volume que je tiens entre les mains fait partie de ce don.

À la lecture de documents d’archives du Congrès juif canadien faisant partie des archives juives canadiennes Alex Dworkin, il était clairement primordial pour la communauté juive canadienne de contribuer au centenaire en redonnant aux Canadiens. W. Kaye Lamb, le premier bibliothécaire national, était très reconnaissant de ce don, car il estimait qu’il répondait à un besoin établi depuis longtemps au sein de la Bibliothèque nationale. Il a d’ailleurs souligné que beaucoup d’autres bibliothèques nationales possédaient des collections similaires.

Contenu du don

Ce don d’environ 7 000 volumes (un mélange d’ouvrages rédigés en anglais, en français, en yiddish et en hébreu) englobe tous les domaines du savoir juif. Il comprend des livres rabbiniques, des ouvrages sur la philosophie juive et l’histoire des Juifs, les classiques yiddish, des ouvrages hébreux, des choix représentant la contribution des Juifs aux arts et à la science, ainsi que des encyclopédies et des livres de référence importants. Parmi les principaux ouvrages, citons une encyclopédie générale en yiddish, l’Encyclopedia Talmudit, ainsi que Jewish Art de Cecil Roth. Tous les livres ont été choisis, catalogués et remis à temps pour l’ouverture du nouvel édifice. À ce jour, ce don représente l’assise des fonds judaïques et constitue un outil de référence important dont se servent constamment les clients et le personnel de BAC. Les utilisateurs peuvent demander et consulter ces pièces ainsi que d’autres pièces des fonds de BAC à l’édifice principal du 395, rue Wellington, à Ottawa.

Des connaissances en héritage

Même si bon nombre des projets patrimoniaux mis en œuvre à l’occasion du centenaire étaient axés sur les édifices, il est très approprié que la communauté juive du Canada ait choisi de dédier ses ressources à constituer la collection d’ouvrages judaïques à la Bibliothèque nationale. Les Juifs ont longtemps été les « gens du livre ». Leur histoire, leur culture et leurs pratiques religieuses ont été indissociables de l’écrit pendant des milliers d’années. Au-delà des pièces physiques, ce don a permis d’étendre l’information accessible aux Canadiens et il constitue un legs inestimable de connaissances. Bien que plusieurs des structures construites en 1967 finiront par disparaître un jour ou l’autre du paysage national, les connaissances acquises grâce à ce don de livres pourraient continuer à porter leurs fruits pendant des siècles.

Photographie en couleurs d’un ex-libris comportant une illustration d’un buisson en flammes. La description bilingue mentionne que le livre est un don du Congrès juif canadien au nom des communautés juives de l’ensemble du Canada. À côté de l’illustration figure un passage de l’Exode : « […] le buisson était en feu et cependant ne se consumait point » (3-2).

L’ex-libris personnalisé pour les livres judaïques donnés par le Congrès juif canadien à la Bibliothèque nationale du Canada en vue de célébrer le centenaire de la Confédération canadienne.

En 1965, en posant la première pierre du nouvel édifice, le gouverneur général Georges Vanier a affirmé qu’il allait devenir le dépôt du cœur et de l’âme de notre pays. En faisant son don au moment même de l’ouverture de l’édifice, la communauté juive canadienne a pu y déposer une partie de son cœur et de son âme sous forme de livres à faire connaître aux Canadiens.


Michael Kent est conservateur de la collection Jacob M. Lowy à Bibliothèque et Archives Canada.

Pas facile de mettre le Canada en scène – Le jeu du centenaire

Par Théo Martin

Il y a de cela un peu plus de 50 ans, le romancier et dramaturge canadien Robertson Davies coécrivait la pièce de théâtre de commande Le jeu du centenaire pour célébrer le 100e anniversaire de la Confédération du Canada en 1967. C’est avec le soutien financier de la Commission du centenaire du Canada que Davies, avec la collaboration de quatre autres auteurs canadiens de renom (W.O Mitchell, Arthur L. Murphy, Eric Nicol et Yves Thériault), va écrire à partir de 1965, une pièce de théâtre bilingue qui met en scène le passé du Canada.

Une photo noir et blanc d’un homme souriant qui tient un chat sur son épaule.

Robertson Davies et un chat, 1954. Photo : Walter Curtin. Fonds Walter Curtin (MIKAN 3959842)

La pièce fut divisée en plusieurs scènes représentant chaque région et province du Canada et faisant intervenir des personnages fictifs (et danseurs) représentatifs des diverses communautés linguistiques et culturelles du Canada. La pièce était accompagnée d’une trame musicale originale écrite par le compositeur canadien Keith Bissell.

Page manuscrite avec dessins à l’encre rouge.

Page manuscrite de la page couverture d’une version de l’ébauche de la pièce The Centennial Play (Le jeu du centenaire) avec dessins de Robertson Davies, vers 1965 (MIKAN 128551)

Texte dactylographié avec annotations à l’encre rouge.

Tapuscrit de la pièce de théâtre The Centennial Play (Le jeu du centenaire) annoté par Robertson Davies, vers 1966 (MIKAN 128551)

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