Attendez-vous à des surprises!

Par Forrest Pass

Qu’est-ce que des cartographes inuit, le compositeur allemand Ludwig van Beethoven, un célèbre faussaire de timbres italien et des espions soviétiques peuvent bien avoir en commun? C’est simple : tous ont des œuvres conservées dans la collection de Bibliothèque et Archives Canada! Leurs artefacts, et bien d’autres encore, sont présentés dans l’exposition Inattendu! Trésors Surprenants de Bibliothèque et Archives Canada, inaugurée au Musée canadien de l’histoire le jeudi 8 décembre 2022. Les visiteurs auront le privilège d’admirer de nombreux articles que l’on ne s’attend guère à retrouver dans la bibliothèque et les archives nationales du Canada.

Quelque 40 documents originaux, cartes, photographies, livres rares et œuvres d’art sont au menu. Les lecteurs assidus du blogue savent déjà que les chercheurs et notre personnel trouvent souvent des surprises dans la collection, une source inépuisable d’histoires insolites à raconter. Inattendu! vous propose de grands classiques, mais aussi de nouvelles trouvailles qui n’avaient encore jamais été exposées.

Papier ligné portant du texte manuscrit à l’encre noire, avec des mots biffés en rouge.

Un agent secret reçoit des directives de ses supérieurs. En 1945, les autorités canadiennes reçoivent des documents d’espionnage soviétiques comme celui-ci, ce qui contribue au déclenchement de la Guerre froide. (e011316511_s1)

L’exposition se divise en trois thèmes. Le premier, « Merveilles », présente des artefacts qui intriguent ou fascinent leur public depuis leur création. Les visiteurs apprendront comment une composition manuscrite de Beethoven a abouti au Canada et découvriront à quoi ressemblait la réalité virtuelle au 18e siècle. En outre, deux visions opposées de l’Arctique seront présentées : celle d’un cartographe européen qui n’a jamais visité la région, mais qui pallie cette lacune avec une vive imagination, et celle de deux cartographes inuit profondément enracinés dans ce territoire.

Une rue où se trouvent des bâtiments roses, verts et beiges, des soldats, un chien, un cheval et un chariot.

La perspective adoptée sur ce dessin imaginaire d’une rue de Québec apparaît en trois dimensions lorsqu’elle est regardée à l’aide d’un zograscope. Un appareil de ce type a été reconstitué pour l’exposition afin que les visiteurs puissent vivre une expérience de réalité virtuelle fort à la mode dans les années 1770. (e011309357)

Dans le deuxième thème, « Secrets », l’exposition examine comment et pourquoi les gens gardent des secrets, et comment ils s’y prennent pour les divulguer aux personnes qui ont besoin de savoir. Les visiteurs pourront déchiffrer une lettre d’amour codée, s’interroger sur le symbolisme d’un tableau rituel maçonnique peint il y a des siècles, et comprendre pourquoi un archiviste fédéral a tenté d’inscrire des chats sur la liste de paie du gouvernement.

Le troisième et dernier thème, « Mystères », propose des questions non résolues. Les visiteurs auront la chance d’analyser un dossier d’enquête sur un OVNI et de contempler la « carte dans une tête de fou », imprimée au 16e siècle. Probablement l’une des cartes les plus étranges jamais dessinées!

Deux timbres jaunes placés en diagonale sur une page. Une étampe à l’encre bleue est apposée sur chacun.

Un de ces timbres de 1851 du Nouveau-Brunswick est une contrefaçon. Pouvez-vous le reconnaître? (e011309360 et e011309361)

Certains artefacts de l’exposition sont amusants, d’autres sont étranges, et d’autres encore suscitent la réflexion. Mais tous révèlent quelque chose d’important sur le passé, pourvu qu’on ne s’arrête pas à leur côté insolite. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont fait leur chemin jusqu’à la collection de Bibliothèque et Archives Canada!

Inattendu! est le dernier volet d’une série d’expositions organisées par Bibliothèque et Archives Canada en partenariat avec le Musée canadien de l’histoire. En tant que conservateur, j’ai eu le plaisir et l’honneur de collaborer avec une équipe multidisciplinaire réunissant des professionnels des expositions et des collections des deux institutions. En plus d’accueillir l’exposition, le Musée a exploité son expertise du développement créatif et de la scénographie pour créer une ambiance rappelant celle des romans policiers et des films d’espionnage du milieu du siècle dernier. Il a aussi créé des éléments interactifs pour aider les visiteurs à mieux comprendre et apprécier les artefacts.

Inattendu! Trésors Surprenants de Bibliothèque et Archives Canada sera à l’affiche au Musée canadien de l’histoire jusqu’au 26 novembre 2023. Au cours des prochains mois, ce blogue et les comptes de médias sociaux de Bibliothèque et Archives Canada donneront plus de détails sur les formidables trésors exposés. C’est à ne pas manquer!


Forrest Pass est conservateur dans l’équipe des Expositions de Bibliothèque et Archives Canada.

Pas besoin de gants blancs

Par Alison Harding-Hlady

On nous demande souvent pourquoi nos restaurateurs et nos bibliothécaires ne mettent pas de gants lorsqu’ils manipulent des livres rares ou fragiles. Question pertinente puisque, dans les films et les séries télévisées, les restaurateurs de livres rares portent toujours des gants blancs pour manipuler des artéfacts inestimables. C’en est devenu une scène emblématique! Mais la réponse à cette question est simple : c’est mieux pour les livres!

Il faut bel et bien se servir de gants protecteurs pour travailler avec certaines archives, dont des œuvres d’art ou des photographies. Toutefois, pour les livres rares, les normes de l’industrie recommandent les mains nues, propres et sèches. Les guides (en anglais seulement) publiés par la Bibliothèque nationale britannique et la Bibliothèque du Congrès ne se contentent pas de préconiser la manipulation des documents à mains nues : ils déconseillent les gants, qui peuvent être plus nuisibles qu’utiles.

Avez-vous déjà essayé de lire un livre ou d’accomplir une tâche de motricité fine avec des gants? C’est impossible! Il est beaucoup plus difficile de contrôler ses mouvements ou de tourner les pages. Vous avez donc plus de chance d’échapper le volume, de déchirer une page ou de causer d’autres dommages. Lorsqu’un restaurateur effectue une réparation délicate et complète, il faut absolument qu’il puisse toucher au papier et faire preuve d’une grande dextérité.

Photo couleur d’une personne se tenant debout devant une table dans le laboratoire de restauration des livres, réparant le dos d’un volume.

Manise Marston, restauratrice de livres en chef, travaillant dans le laboratoire des livres de BAC.

Les gants ne sont pas toujours propres et peuvent laisser des peluches ou de la saleté sur les livres. Ils peuvent aussi réchauffer les mains, et leur coton mince ne bloque habituellement pas la sueur. De plus, la reliure et les pages d’un livre sont robustes et conçues pour être touchées. N’oubliez pas que les livres rares ajoutés à la collection sont fréquemment manipulés depuis des siècles. Avec un peu de soin et de
prudence, d’innombrables personnes pourront en faire autant pendant des centaines d’années encore!

Photo couleur en gros plan montrant des mains qui tiennent un livre somptueusement décoré.

Détail d’une édition de 1758 de Paradise Lost conservée dans la collection des livres rares de BAC. No OCLC : 228137

Bien entendu, des précautions sont nécessaires pour manipuler des livres rares. Les mains doivent être propres et sèches; les crèmes et tout autre produit sont à éviter. Il faut se servir de porte-livres ou de supports adéquats, tourner les pages lentement et ne jamais ouvrir un volume au point de faire forcer sa reliure et son dos. Il est important de manipuler le livre le moins possible, toujours avec le plus grand soin.

Faut-il parfois mettre des gants? Oui. Si l’ouvrage comprend des œuvres d’art ou des photos originales, si la reliure contient des éléments en métal ou d’autres matériaux inhabituels, ou s’il semble y avoir un contaminant quelconque, comme de la moisissure, le port de gants peut être conseillé. Cependant, la pratique courante à BAC et dans les institutions semblables ailleurs dans le monde consiste à ne pas porter de gants pour manipuler ces articles à la fois magnifiques, précieux et fascinants de notre collection.

Photo couleur de deux pages de texte illustrées dans un ouvrage ancien.

Un exemplaire de 1482 du livre Elementa d’Euclide, conservé dans la collection des livres rares de BAC. No OCLC : 1007591701


Alison Harding-Hlady est bibliothécaire principale au catalogage et responsable des livres rares et des collections spéciales à la Direction générale du patrimoine publié de Bibliothèque et Archives Canada.

Les premières presses du Canada

Par Meaghan Scanlon

En visitant l’exposition Première : Nouveautés à Bibliothèque et Archives Canada, vous aurez l’occasion de voir deux artefacts de la collection de livres rares de Bibliothèques et Archives Canada. Le premier est un court ouvrage médical publié à Québec en 1785 au sujet des symptômes et du traitement d’une maladie qui semble être une forme de syphilis. Le second est une proclamation sur les droits de pêche des Français émise par le gouverneur de Terre-Neuve en 1822.

Photo couleur d’un livre ouvert à la page titre, où on peut lire « Direction pour la guerison du mal de la Baie St Paul. A Quebec : Chez Guillaume Brown, au milieu de la grande côte. M, DCC, LXXXV. »

Page titre du livre Direction pour la guerison du mal de la Baie St Paul, imprimé par Guillaume (William) Brown, Québec (Québec), 1785. (AMICUS 10851364)

De prime abord, ces publications ont peu en commun. Or, un lien historique intéressant les unit : toutes deux ont été produites par les pionniers de l’imprimerie dans leurs provinces respectives. Guillaume Brown, éditeur du livre Direction pour la guerison du mal de la Baie St Paul, ainsi que son partenaire Thomas Gilmore deviennent en effet les premiers imprimeurs du Québec lorsqu’ils s’installent dans la ville du même nom, en 1764. John Ryan, à qui l’on doit l’affiche de Terre-Neuve, mérite quant à lui l’honneur d’être le premier imprimeur de deux provinces : il pratique déjà le métier à Saint John avec son partenaire William Lewis lorsqu’est fondé le Nouveau-Brunswick, en 1784. En 1806, il déménage à St. John’s (Terre-Neuve) et y ouvre la première imprimerie de l’île.

Document en noir et blanc proclamant le droit, pour les pêcheurs français, de pêcher au large de Terre-Neuve sans être gênés ou harcelés par les sujets britanniques (droit qui leur fut accordé en vertu du traité de Paris, qui entérinait lui-même celui d’Utrecht). La proclamation enjoint les officiers et les magistrats à faire respecter ce droit, et signale que des mesures pourraient être prises contre les pêcheurs britanniques qui ne s’y conforment pas.

By His Excellency Sir Charles Hamilton… a proclamation, imprimé par John Ryan, St. John’s (Terre-Neuve), vers 1822. (AMICUS 45262655)

Vers 1454, Johannes Gutenberg termine sa célèbre bible à Mayence, en Allemagne, faisant ainsi connaître l’imprimerie dans toute l’Europe. En 1500, son innovation est déjà largement répandue sur le continent. L’imprimerie suivra les colons européens jusqu’en Amérique, mais ce n’est qu’en 1751 qu’elle arrive au Canada, soit presque 300 ans après l’époque de Gutenberg. Si cela peut nous sembler incroyablement long – nous qui sommes habitués à de rapides évolutions technologiques –, l’imprimerie met presque 150 ans de plus à conquérir le reste du pays. Avec des artefacts comme ces documents imprimés par Guillaume Brown et John Ryan, la collection de livres rares de Bibliothèque et Archives Canada documente la longue et fascinante histoire de la naissance de l’imprimerie au Canada.

Reproduction couleur de la couverture d’un journal, aux teintes sépia, qui présente un pli dans sa partie supérieure.

Premier numéro du Halifax Gazette (23 mars 1752), imprimé par John Bushell. (AMICUS 7589124)

Tout commence avec John Bushell, le premier imprimeur du Canada. En 1751, il quitte Boston, au Massachusetts, pour s’établir à Halifax, en Nouvelle-Écosse. C’est là qu’il publie le premier journal du pays, The Halifax Gazette, le 23 mars 1752. Comme nous l’avons dit précédemment, le Québec et le Nouveau-Brunswick accueillent respectivement leur première presse en 1764 et en 1784. À la fin du 18e siècle, l’impression s’est frayé un chemin jusqu’à l’Île-du-Prince-Édouard et l’Ontario, dont la première imprimerie est ouverte par Louis Roy à Newark (aujourd’hui Niagara-on-the-Lake) en 1792. Après l’arrivée de John Ryan à Terre-Neuve, en 1806, on trouve des presses dans toutes les provinces de l’Est. Plusieurs pionniers de l’impression établis dans cette région (dont John Ryan et James Robertson, le premier imprimeur de l’Île-du-Prince-Édouard) sont des loyalistes, c’est-à-dire des Américains qui ont quitté les États-Unis pendant la guerre d’Indépendance américaine par loyauté envers la Couronne britannique.

Avant la fin du 19e siècle, l’imprimerie parvient dans l’Ouest et le Nord du Canada. En Alberta comme au Manitoba, les premiers imprimeurs sont des missionnaires qui traduisent en langues autochtones des textes chrétiens. En 1840, utilisant une presse et des caractères de sa propre confection, le pasteur méthodiste James Evans commence à imprimer des textes en écriture syllabique crie à Rossville, au Manitoba. L’Alberta accueille quant à elle sa première presse en 1876, quand le prêtre oblat Émile Grouard vient s’installer à Lac La Biche. En 1878, celui-ci publie le premier livre de la province, Histoire sainte en montagnais (le terme montagnais est alors employé par les non-Autochtones pour désigner la langue dénée). Cette même année, le premier imprimeur de la Saskatchewan, Patrick Gammie Laurie, lance à Battleford un journal intitulé Saskatchewan Herald (AMICUS 4970721). Cet Écossais d’origine avait marché de Winnipeg jusqu’à Battleford – soit environ 1 000 kilomètres – en faisant tirer sa presse par un bœuf!

En 1858, la ruée vers l’or au fleuve Fraser attire les prospecteurs sur la côte Ouest. Cet afflux de nouveaux arrivants provoque une demande pour des nouvelles imprimées, ce qui mène à la création des cinq premiers journaux de la Colombie-Britannique, tous à Victoria. L’un d’eux, The British Colonist (AMICUS 7670749), est fondé par le futur premier ministre de la province, Amor de Cosmos.

C’est aussi à l’or que l’on doit l’arrivée de l’imprimerie dans les territoires du Nord canadien. Pendant la ruée vers le Klondike, en 1898, l’imprimeur G. B. Swinehart quitte Juneau, en Alaska, dans l’intention de lancer un journal à Dawson, au Yukon. Forcé d’attendre à Caribou Crossing en raison du mauvais temps, il y publie, le 16 mai 1898, un journal à tirage unique intitulé Caribou Sun (AMICUS 7502915). Il s’agirait du premier document à avoir été imprimé dans le Nord canadien.

Photo noir et blanc d’un groupe d’hommes devant une cabane en bois rond dont l’enseigne indique « The Yukon Sun ».

Bureau du journal de G. B. Swinehart, renommé The Yukon Sun, Dawson (Yukon), 1899. (MIKAN 3299688)

La collection de publications de Bibliothèque et Archives Canada comprend de nombreux documents produits à l’aube de l’imprimerie au pays, dont plus de 500 datent d’avant 1800. C’est beaucoup, mais loin d’être complet. Les employés sont d’ailleurs très heureux quand ils découvrent de nouvelles publications qui ne figurent pas dans la collection, parce que les documents produits par les premiers imprimeurs du Canada sont généralement très rares. Les deux publications en vedette à l’exposition Première en sont de beaux exemples. Il ne reste aujourd’hui qu’environ cinq exemplaires du livre Direction pour la guerison du mal de la Baie St Paul. Pour ce qui est de l’affiche de John Ryan, elle n’avait jamais été répertoriée auparavant, ce qui laisse croire qu’il n’en resterait aucun autre exemplaire.

Si vous êtes dans la région d’Ottawa, nous vous invitons à visiter l’exposition Première : Nouveautés à Bibliothèque et Archives Canada pour voir en personne ces rares vestiges des débuts de l’imprimerie au Canada, ainsi que de nouvelles acquisitions d’autres secteurs de la collection de Bibliothèque et Archives Canada. L’exposition est présentée au 395, rue Wellington, à Ottawa, jusqu’au 3 décembre 2018. L’entrée est gratuite!

Autres ressources


Meaghan Scanlon est bibliothécaire principale des collections spéciales à la Direction générale du patrimoine publié de Bibliothèque et Archives Canada.

Les livres racontent leur histoire

Par Meaghan Scanlon 

Vous tournez le dos aux livres usagés dont les pages sont couvertes de notes laissées par les lecteurs précédents? Pourtant, celles-ci sont d’une aide précieuse pour les chercheurs qui veulent en savoir plus sur les origines d’un ouvrage et la façon dont il était utilisé. Annotations, inscriptions, ex-libris ou marques de tampons encreurs : tous ces indices révèlent l’historique d’un livre, sa provenance et ses propriétaires.

La plupart des trésors faisant partie de la collection de livres rares de Bibliothèque et Archives Canada (BAC) ont eu plus d’un propriétaire, et les traces en sont bien visibles. Prenons par exemple le deuxième exemplaire de The Polar Regions, or, A Search after Sir John Franklin’s Expedition [Les régions polaires, ou la recherche de l’expédition de sir John Franklin], écrit par Sherard Osborn. BAC a acquis cet ouvrage en 2015, dans le cadre d’un transfert de documents avec ce qui s’appelait alors le ministère des Affaires indiennes et du Nord Canada. Or, les notes laissées sur ses pages montrent qu’il appartient au gouvernement fédéral depuis environ un siècle.

Photo couleur montrant deux pages d’un livre ouvert; sur la page de droite, on voit la marque d’un tampon encreur ainsi qu’une signature.

Pages du deuxième exemplaire de The Polar Regions, or, A Search after Sir John Franklin’s Expedition de Sherard Osborn. Sur la page de droite, dans le coin supérieur droit, la marque d’un tampon encreur indique : « Commission on Conservation » [Commission de la conservation]. En dessous, on aperçoit une signature à l’encre : « W. A. Malcolm [?] / Jan’y [January] 1864 / Yokohama ».  [W. A. Malcolm (?) / Janvier 1864 / Yokohama] (AMICUS 6359969)

The Polar Regions a été imprimé en 1854, et la signature qui orne l’une des pages constitue la plus ancienne preuve de ses origines : elle nous indique que le livre se trouvait à Yokohama, au Japon, en 1864. Au-dessus de la signature, on voit une empreinte à l’encre, de forme ovale : celle de la Commission de la conservation. On peut en déduire que ce livre faisait probablement partie de la bibliothèque de la Commission canadienne de la conservation, un organisme consultatif mis sur pied par le gouvernement de l’époque afin de formuler des recommandations sur l’intendance des ressources du pays. Comme elle a existé de 1909 à 1921, nous pouvons supposer que le livre a été acquis au cours de cette période. En 1921, alors que le Sénat débattait de la dissolution de la Commission, un sénateur a demandé si la précieuse bibliothèque de l’organisme serait intégrée à la collection du Parlement. Les livres semblent plutôt avoir été distribués parmi les divers ministères ayant repris les fonctions de la Commission.

Photo couleur d’un livre ouvert aux pages de garde avant. On voit un ex-libris sur la page de gauche et quatre marques de tampon encreur sur la page de droite.

Les pages de garde avant du deuxième exemplaire de The Polar Regions, or, A Search after Sir John Franklin’s Expedition, de Sherard Osborn, portant les traces de ses anciens propriétaires. Sur la page de gauche : l’ex-libris d’Affaires indiennes et du Nord Canada. Sur la page de droite : la marque du tampon encreur d’Affaires indiennes et du Nord Canada (en haut); celle de la Direction des parcs et des forêts du ministère des Mines et des Ressources (en bleu, au milieu et en bas à gauche); et celle de la Direction des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon du ministère de l’Intérieur (en bas à droite). (AMICUS 6359969)

Quant au livre qui nous intéresse ici, et dont la thématique est l’Arctique, il fut une ressource pour les fonctionnaires canadiens chargés de l’administration des territoires du Nord. Au fil des ans, cette responsabilité a été confiée à divers organismes fédéraux, et le livre semble avoir passé de main en main, selon les besoins, traversant les nombreux changements de structure bureaucratique. À la manière d’un passeport, les traces de tampons ministériels apparaissant pêle-mêle sur les pages de garde avant illustrent bien son parcours. Après la fermeture de la Commission, en 1921, le livre a été envoyé à la Direction des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon du ministère de l’Intérieur (empreinte verte en bas à droite); il y est demeuré de 1922 à 1936. De 1937 à 1953, c’est le ministère des Mines et des Ressources, alors chargé de l’administration du Nord, qui s’est vu confier l’ouvrage, comme en témoignent les empreintes bleues au milieu et en bas à gauche. Les marques d’Affaires indiennes et du Nord Canada (empreinte noire en haut à droite et ex-libris sur la page opposée) et du ministère du Nord canadien et des Ressources nationales (empreinte derrière l’ex-libris, non visible sur la photo) témoignent elles aussi de l’odyssée ministérielle de l’ouvrage.

Ce ne sont pas tous les livres qui recèlent autant de vestiges du passé. Néanmoins, la prochaine fois que vous tomberez sur un vieil ouvrage un peu décrépit, prenez le temps de le feuilleter pour voir si d’anciens lecteurs y ont laissé leur marque. Qui sait? Vous pourriez être surpris!

Ressources supplémentaires


Meaghan Scanlon est bibliothécaire des collections spéciales à la Direction générale du patrimoine publié de Bibliothèque et Archives Canada.

Tiré de la collection Lowy : vestiges de la communauté juive espagnole

Par Michael Kent

En tant que bibliothécaire, on m’interroge souvent sur la valeur du livre imprimé à l’ère numérique. Après tout, plusieurs livres des collections dont je m’occupe peuvent être consultés sur Internet en format numérique. Il est vrai que même les plus anciens ouvrages des collections de Bibliothèque et Archives Canada sont maintenant accessibles en ligne sous divers formats; cependant, je suis convaincu que le pouvoir évocateur de l’objet matériel, et de toutes les histoires qui se cachent derrière, dépasse largement le simple contenu de ses pages.

Le fragment du Pentateuque de 1491, le livre des écritures canoniques juives, publié en Espagne, est l’un des ouvrages qui inspirent fortement un tel sentiment.

Cette Bible, imprimée par Eliezer ibn Alantansi à Hijar en Espagne, est le dernier livre hébraïque daté à avoir été imprimé en Espagne avant l’expulsion des Juifs de ce pays en 1492. L’âge, la qualité d’impression et le degré d’érudition nécessaire pour produire un tel livre en font déjà une œuvre majeure des débuts de l’imprimerie, mais c’est l’histoire qu’il nous raconte à propos de l’expulsion des Juifs d’Espagne qui lui confère un tel pouvoir évocateur.

Malheureusement, le problème des réfugiés n’est pas nouveau. À l’heure actuelle, nous vivons une crise des réfugiés à l’échelle internationale, une crise que nous pouvons observer pratiquement en direct grâce aux médias sociaux. La technologie moderne nous permet de découvrir, avec une certaine honte, la pénible existence de ceux qui vivent dans des camps de réfugiés.

La multitude de blogues, de photos, de témoignages personnels et d’informations diffusées dans les médias permettra aux futures générations de chercheurs de comprendre les difficultés que doivent surmonter les réfugiés contemporains, et ce, d’une manière que les précédentes générations n’auraient jamais pu imaginer. Mais qu’en est-il des réfugiés d’autrefois? Comment faire pour comprendre les problèmes des réfugiés au Moyen Âge, leurs attentes, leurs anciennes vies, leurs espoirs pour l’avenir, et la désolation causée par les bouleversements qu’ils ont subis?

Toutes ces questions posent un énorme défi aux historiens qui s’intéressent à la vie des gens ordinaires dans les temps anciens. L’Histoire ne doit pas se limiter à une suite de dates ou à la vie des élites de la société; nous devons chercher à connaître ce qu’ont vécu les masses populaires et tirer des leçons de leurs expériences collectives.

Mais revenons à cet ouvrage biblique tiré de la collection Lowy. Si l’on s’en tient strictement au contenu du livre, le Pentateuque n’est-il rien d’autre qu’une bible rabbinique ordinaire, le genre d’ouvrage qu’on pourrait aisément télécharger sans frais sur Internet? La réponse toute simple est non. Au‑delà du texte qu’il contient, cet objet nous permet-il de mieux connaître la communauté juive d’Espagne à la veille de son expulsion? Je réponds oui, sans hésiter.

Une photographie en couleur d’une page jaunie, et imprimé couverte d’écriture hébraïque.

Une page de la Bible hébraïque de 1490 imprimé par Eliezer ben Avraham Alantansi (AMICUS 32329787)

En regardant cette page, je vois une communauté qui se considérait comme stable, bien établie, et qui croyait avoir un avenir en Espagne. Au début de l’imprimerie, la production d’une bible comme celle-ci aurait constitué un projet très ambitieux. La mise sur pied d’un équipement communautaire telle une presse à imprimer, l’investissement consenti en études savantes et un engagement financier considérable démontrent clairement à mes yeux que les Juifs d’Espagne se sentaient en sécurité en Espagne et envisageaient un long et bel avenir dans la péninsule ibérique. Je regarde cette page et je vois des gens qui ne pouvaient imaginer les bouleversements et dévastations qui frapperaient leur communauté moins de deux ans plus tard. Bref, je vois un témoignage direct de l’un des plus vastes mouvements de réfugiés en Europe médiévale.

En tant que bibliothécaire et conservateur, je crois fermement au pouvoir d’évocation du livre physique, un pouvoir qui va bien au-delà du simple contenu de l’ouvrage. Si les livres électroniques et les sites Web permettent un accès universel à une large gamme de contenus intellectuels, les leçons de vie et les témoignages historiques offerts par le livre physique demeurent irremplaçables.


Michael Kent est le conservateur de la collection Jacob M. Lowy.

Nouveaux ajouts à l’album sur les livres rares maintenant sur Flickr

Une photo en couleur montrant un livre ouvert montrant une image d'un homme habillé somptueusement sur la page verso et une frontispice somptueusement illustré sur le recto.

Bible polyglotte de l’évêque Walton, volume 1, 1654. À gauche : portrait gravé de Brian Walton. À droite : page de titre grave (AMICUS 940077)

La collection de livres rares à Bibliothèque et Archives Canada est l’une des plus importantes collections de livres rares canadiens  dans le monde. Nous définissons ouvrage canadien  comme suit : tout ouvrage publié au Canada, ou publié à l’étranger mais écrit ou illustré par des Canadiens, ou concernant le Canada.

Visitez l’album Flickr!

Conservatrice invitée : Meaghan Scanlon

Bannière pour la série Conservateurs invités. À gauche, on lit CANADA 150 en rouge et le texte « Canada: Qui sommes-nous? » et en dessous de ce texte « Série Conservateurs invités ».

Canada : Qui sommes-nous?

Canada : Qui sommes-nous? est une nouvelle exposition de Bibliothèque et Archives Canada (BAC) qui marque le 150e anniversaire de la Confédération canadienne. Une série de blogues est publiée à son sujet tout au long de l’année.

Joignez-vous à nous chaque mois de 2017! Des experts de BAC, de tout le Canada et d’ailleurs donnent des renseignements additionnels sur l’exposition. Chaque « conservateur invité » traite d’un article particulier et en ajoute un nouveau — virtuellement.

Ne manquez pas l’exposition Canada : Qui sommes-nous? qui est présentée au 395, rue Wellington à Ottawa, du 5 juin 2017 au 1er mars 2018. L’entrée est gratuite.


Les voyages du sieur de Champlain […], par Samuel de Champlain, 1613, et sa Carte geographique de la Nouvelle Franse faictte par le sieur de Champlain

Une photo en couleur d’un livre ouvert avec une carte plié que deuux mains commencent à déplier.

Les voyages du sieur de Champlain…, 1613 et la Carte geographique de la Nouvelle Franse faictte par le sieur de Champlain, gravée par David Pelletier en 1612 (MIKAN 3919638) (AMICUS 4700723)

Samuel de Champlain croyait à l’énorme potentiel du Canada. Il publia cette magnifique carte dans son livre pour en faire la promotion auprès des investisseurs. Les splendides dessins de plantes sont probablement son oeuvre. Lire la suite

Tiré de la collection Lowy : le Talmud du Canada

Par Michael Kent

La question qu’on me pose le plus souvent, en ma qualité de conservateur de la collection Jacob M. Lowy, est la suivante : « Dans la collection, quel est votre livre préféré? » Bien que je doute qu’un jour je sois vraiment capable d’en choisir un, il m’arrive souvent de parler d’un ouvrage en particulier. Les visiteurs sont rarement surpris quand je mentionne que c’est l’un de nos exemplaires du Talmud, le recueil écrit de la Loi orale juive codifiée dans l’antiquité et que l’on peut décrire comme le texte le plus important pour les Juifs, après la Torah; d’ailleurs, nous disposons d’impressionnants volumes du Talmud attribuables à Soncino et à Bomberg, et datant respectivement des XVe et XVIe siècles. Toutefois, je constate fréquemment que les gens sont surpris quand je choisis un volume qui n’est même pas centenaire, au lieu d’en sélectionner un vieux d’un demi-millénaire.

L’objet de la collection en question, qui est l’un de mes préférés, est le Talmud de Montréal, 1919, qui a été qualifié par le président du Congrès juif canadien, Lyon Cohen, comme l’événement le plus important des annales des Juifs canadiens.

Afin de bien comprendre l’admiration que je voue à cet exemplaire du Talmud, il faut connaître l’histoire des Juifs canadiens. Même si des Juifs arrivent au Canada au XVIIIe siècle, l’immigration ne prendra de l’ampleur que dans les années 1880. Au début du XXe siècle, la majorité des Juifs canadiens étaient nés en Europe orientale.

Photographie en couleur d’un livre ouvert, montrant des écrits en caractères hébraïques.

Frontispice du Talmud de Montréal, 1919, conservé dans la collection Jacob M. Lowy à Bibliothèque et Archives Canada.

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Les superhéros de l’univers numérique : la numérisation de la collection Bell Features

Par Meaghan Scanlon

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) est heureux d’annoncer la mise en ligne d’une nouvelle ressource numérique pour les amateurs de bandes dessinées (BD) canadiennes. La collection de bandes dessinées Bell Features datant de la Deuxième Guerre mondiale a été entièrement numérisée et peut maintenant être consultée sur notre site Web.

La collection Bell Features comprend 382 bandes dessinées, la plupart en plusieurs exemplaires, publiées dans les années 1940 par l’éditeur canadien Bell Features. Ces BD mettent en vedette une impressionnante brochette de héros canadiens tels que Nelvana of the Northern Lights, Johnny Canuck et Dixon of the Mounted.

De novembre 2015 à mars 2016, le personnel de BAC chargé de la numérisation a soigneusement photographié un exemplaire de chaque numéro de cette collection, pour un total de 193 bandes dessinées. Chacun des numéros contenant de 50 à 60 pages, c’est environ 10 000 pages qui ont ainsi été numérisées!

La création de copies électroniques de ces fragiles documents conservés à BAC a exigé des heures de travail minutieux de la part des techniciens œuvrant dans nos laboratoires de numérisation; des normes très strictes ont été respectées afin d’obtenir les meilleures images possible tout en préservant l’intégrité des documents.

La procédure utilisée est la suivante : une technicienne place une bande dessinée sur une surface plane au-dessus de laquelle est suspendu un appareil photo, en s’assurant de placer correctement la BD pour que l’image prise soit bien droite. Une feuille de plexiglas est ensuite déposée sur la bande dessinée pour la maintenir à plat. Le plexiglas repose sur de petits appuis afin de réduire au maximum le contact avec la surface de la BD; on évite ainsi d’endommager la bande dessinée en exerçant une trop forte pression sur son dos. C’est bien connu, chaque superhéros a un ennemi juré; le spécialiste en numérisation en a un aussi : la poussière. Un seul grain de poussière sur le plexiglas peut créer une tache qui ruine l’image. La technicienne a toujours sous la main un souffleur antistatique pour éviter ce genre de problème.

Une bande dessinée est placée sur une surface plane noire sous une feuille de plexiglas. Une femme est penchée sur la surface; elle enlève la poussière du plexiglas à l’aide d’un souffleur antistatique. La lentille d’un appareil photo est visible au-dessus de la table.

Une technicienne en numérisation se sert d’un souffleur antistatique pour enlever la poussière de la feuille de plexiglas recouvrant la bande dessinée qu’elle s’apprête à photographier. On aperçoit la lentille de l’appareil photo suspendue au-dessus de la table sur laquelle repose le document.

Lorsque la bande dessinée est en place, la technicienne prend une photographie à l’aide d’un appareil suspendu. Dans le cas de la collection Bell Features, on a utilisé un appareil PhaseOne 645DF avec un boîtier à dos numérique IQ260 et une lentille 80mm, un point focal F11 et une vitesse d’obturation de 1/13e de seconde. L’image prise avec cet appareil est automatiquement téléversée dans l’ordinateur de la technicienne qui vérifie ensuite s’il y a des imperfections. Si la technicienne est satisfaite de la qualité de l’image, elle l’intègre à Photoshop et passe à la page suivante.

Une femme regarde un écran d’ordinateur montrant l’image d’une page de bande dessinée.

Une technicienne en numérisation examine l’image numérisée d’une page du no 7 de Slam-Bang Comics (AMICUS 42623987), illustrée par Adrian Dingle, pour y détecter toute imperfection.

Le processus est répété pour chaque page de chaque bande dessinée. Lorsque toutes les pages d’un numéro ont été photographiées et que les images ont été corrigées, une version PDF est créée. Enfin, ce PDF est téléversé dans les serveurs de BAC et un lien est ajouté à la notice correspondante dans le catalogue de bibliothèque en ligne de BAC.

Si vous souhaitez consulter quelques-unes de ces vieilles BD canadiennes récemment numérisées, vous en trouverez un échantillon sur notre site Web. Vous aimeriez en voir d’autres? L’instrument de recherche joint à la notice bibliographique de la collection Bell Features (AMICUS 43122013) comprend des liens vers toutes les bandes dessinées numérisées. Vous pouvez aussi consulter ces BD en passant par les notices des titres individuels de la collection Bell Features; voir par exemple la notice pour Active Comics (AMICUS 16526991).

Vous êtes dans la région d’Ottawa? Découvrez quelques-uns des personnages de Bell Features en plus grand format en visitant l’exposition Alter ego : les bandes dessinées et l’identité canadienne! présentée par BAC au 395, rue Wellington à Ottawa jusqu’au 14 septembre. L’entrée est gratuite.

Ressources additionnelles


Meaghan Scanlon est la bibliothécaire des collections spéciales à la Direction générale du patrimoine publié, Bibliothèque et Archives Canada.

Anne à la bibliothèque : La collection Cohen

Par Meaghan Scanlon

Entre 1999 et 2003, l’avocat, cinéaste et bibliographe canadien Ronald I. Cohen a fait don, en cinq lots, de son imposante collection d’ouvrages de Lucy Maud Montgomery à Bibliothèque et Archives Canada (voir la description de la collection à AMICUS 44572655 [en anglais]). La collection renferme des documents liés aux adaptations de l’œuvre de Lucy Maud Montgomery, ainsi que des anthologies et des périodiques dans lesquelles l’auteure est mise en vedette. L’essentiel de la collection consiste toutefois en diverses éditions des romans de Lucy M. Montgomery qui ont été publiés dont, bien sûr, le plus célèbre, Anne of Green Gables (Anne… la maison aux pignons verts).

Parmi les quelque 420 articles qui composent la collection Cohen, on trouve pas moins de 46 exemplaires d’Anne of Green Gables. Trois sont en japonais, deux en français, un en coréen, un en finlandais, un en norvégien et un en suédois. Les 37 autres sont en anglais.

On peut se poser des questions sur l’utilité de posséder 37 exemplaires en anglais d’Anne of Green Gables. En effet, l’histoire est toujours la même, n’est‑ce pas? Eh bien pour les collectionneurs de livres, ce n’est pas nécessairement l’histoire qui est racontée qui importe. Posséder de nombreux exemplaires d’un livre est plutôt un moyen, par exemple, de découvrir l’histoire du livre lui‑même, de sa publication et de la façon dont il a été mis sur le marché et acquis. Nombreux sont les collectionneurs de livres qui entreprennent de documenter l’histoire d’un auteur ou d’un titre dans ses moindres détails grâce à leurs collections. Certains se procurent à cet effet de nombreux exemplaires d’un même ouvrage.

La collection Cohen retrace la propagation du roman Anne of Green Gables dans le monde anglophone, car elle renferme les premières éditions américaine, britannique, australienne et canadienne. Le roman fut d’abord publié à Boston en avril 1908 (AMICUS 9802890). Cette première édition a connu un succès fulgurant. C’est pourquoi l’éditeur de Lucy Maud Montgomery, L. C. Page, l’a réimprimée au moins 12 fois avant la fin de 1909. La collection Cohen renferme des exemplaires des sixième (novembre 1908) et onzième (août 1909) impressions.

Page des droits d’auteur de l’exemplaire de la collection Cohen de la sixième impression de la première édition du roman Anne of Green Gables

Page des droits d’auteur de l’exemplaire de la collection Cohen de la sixième impression de la première édition du roman Anne of Green Gables (AMICUS 9802890, exemplaire 5).

La première édition britannique d’Anne of Green Gables fut également publiée en 1908 (AMICUS 21173240). Anne est ensuite arrivée en Australie en 1925 (AMICUS 26942864). Il est intéressant de constater que, malgré la notoriété de Lucy Maud Montgomery et de son œuvre au Canada, la première édition canadienne d’Anne of Green Gables (AMICUS 1706899) ne fut pas publiée avant 1942. Cette édition connut, elle aussi, plusieurs impressions; l’exemplaire le plus ancien de la collection Cohen date de 1948.

Si l’histoire reste la même édition après édition, ce n’est pas le cas de la représentation visuelle de l’héroïne, Anne Shirley, qui figure sur la couverture. Selon le lieu et l’époque, le public a pu voir Anne sous divers visages, allant de la femme d’âge mûr représentée dans la première édition aux illustrations de type bande dessinée de certaines éditions plus récentes.

En réalité, lorsque Ronald I. Cohen a commencé à collectionner les livres de Lucy Maud Montgomery, un de ses principaux objectifs était de trouver des exemplaires avec jaquette. Depuis toujours, les jaquettes sont en général jetées par les lecteurs (et les bibliothèques!) et les premiers exemplaires peuvent être très difficiles à trouver. C’est pourquoi les nombreuses jaquettes rares que renferme la collection Cohen sont une source très précieuse de renseignements pour les chercheurs qui étudient l’histoire d’un des classiques littéraires canadiens préférés.

Pour en savoir davantage sur la collection d’ouvrages de L. M. Montgomery de Ronald I. Cohen, écoutez la toute dernière émission de baladodiffusion de Bibliothèque et Archives Canada intitulée « Des âmes sœurs après tout ».

Autres sources d’information


Meaghan Scanlon est la bibliothécaire des collections spéciales à la Direction générale du patrimoine publié de Bibliothèque et Archives Canada.