C’est une question de point de vue

Par Kristen Ann Coulas

Pour paraphraser l’héroïne d’Aminata, roman primé de Lawrence Hill, on sollicite rarement notre imagination pour essayer de comprendre les autres. La plupart d’entre nous seront sans doute d’accord : même quand on tente de se mettre dans la peau d’autrui, il est difficile de saisir des concepts que l’on ne connaît pas ou ne comprend pas. C’est pourquoi il est si important d’avoir une littérature riche alimentée par des auteurs de tous horizons.

La magie qui opère quand on se plonge dans leurs univers change notre point de vue sur le monde. Tout à coup, on voit les choses en profondeur et les nuances se multiplient. Élargir sa vision du monde, c’est s’enrichir soi-même, devenir de meilleurs amis et de meilleurs voisins.

Voici quelques œuvres récentes d’auteurs qui ont ajouté leur voix au catalogue collectif national.

Essai

I’ve Been Meaning to Tell You: A Letter to My Daughter, David John Chariandy

ISBN : 978-0-771018-07-7

https://bac-lac.on.worldcat.org/oclc/1027055103

https://bac-lac.on.worldcat.org/oclc/1027055103?lang=fr

Fils d’immigrants noire et sud-asiatique de Trinité, David Chariandy laisse de côté les récits qui lui ont valu plusieurs prix pour se pencher sur son histoire personnelle et ancestrale. Dans cet essai touchant qu’il dédie à sa fille, l’auteur parle de ce qu’il fait pour rester fidèle à son identité culturelle et la cultiver tout en vivant au Canada.

A Mind Spread Out on the Ground, Alicia Elliott

ISBN : 978-0-385692-38-0

Audacieuse, l’auteure tuscarora Alicia Elliott ouvre son cœur et met au jour des détails intimes de sa propre vie et de son expérience des traumatismes intergénérationnels pour livrer un point de vue qui lui est propre dans le livre A Mind Spread Out on the Ground. Elle examine la vie sous toutes ses facettes, prenant de front les questions difficiles et des sujets comme l’héritage du colonialisme.

Forgiveness, Mark Sakamoto

ISBN : 978-1-443417-97-6

L’auteur invite les lecteurs à découvrir le passé de sa famille, de l’expérience de son grand-père, qui fut un prisonnier de guerre canadien par l’armée japonaise, à celle de sa grand-mère, qui vécut l’internement des Canadiens d’origine japonaise par le gouvernement du Canada durant la Deuxième Guerre mondiale. Il y découvre un fil conducteur, le pardon, dont il retrace le parcours jusqu’à sa propre vie. Gagnant d’un Combat des livres en 2018, Forgiveness est une histoire familiale décryptée.

Étienne Boulay : le parcours d’un battant, Marc-André Chabot

ISBN : 978-2-764812-82-2

Cette œuvre récente de Marc-André Chabot décrit le tortueux combat de son ami Étienne Boulay contre la dépendance. Mais loin de se focaliser sur la toxicomanie, le livre jette un regard franc sur la manière dont la vie de cet ami a façonné l’homme qu’il est devenu, montrant au passage l’importance de pouvoir compter sur une équipe solide.

Poésie

heft, Doyali Islam

ISBN : 978-0-771005-59-6

À la fois lyrique et novateur, heft, deuxième recueil de la poète primée Doyali Islam, comprend des œuvres conçues dans le style de « poésie parallèle » qui lui est propre. Les poèmes ont notamment été publiés dans la Kenyon Review Online et The Fiddlehead, et certains d’entre eux ont remporté des concours et des prix d’envergure nationale.

This Wound is a World, Billy-Ray Belcourt

ISBN : 978-1-927823-64-4

Lauréat de plusieurs prix, le poète Billy-Ray Belcourt figurait en 2016 sur la liste des auteurs autochtones à surveiller de CBC Books. Ce recueil éblouissant aborde avec brio les thèmes de l’identité queer, du désir et de la survivance. En 2018, This Wound is a World a remporté le prix Griffin pour la poésie et le prix littéraire Robert-Kroetsch de la ville d’Edmonton.

Fiction

Things Are Good Now, Djamila Ibrahim

ISBN : 978-1-487001-88-9

Things are Good Now est le premier recueil de nouvelles de Djamila Ibrahim, auteure d’origine éthiopienne arrivée au Canada en 1990. Elle y explore des thèmes comme le remords, la race, l’espoir, l’amitié, les relations humaines et le pouvoir de la mémoire, tout cela à travers la lunette de l’immigration. Chacune des histoires du recueil, aussi enlevantes que poignantes, dégage une authenticité qui fait douter de sa nature fictionnelle.

Saints and Misfits, S. K. Ali

ISBN : 978-1-481499-24-8

Saints and Misfits est l’émouvant récit d’une jeune musulmane et de son passage à l’âge adulte. Ce roman pour jeunes adultes s’attaque à des problèmes bien concrets et difficiles : agression sexuelle et abus de pouvoir s’y mêlent à l’exploration des thèmes de l’anxiété et de l’identité à l’adolescence. Respirant l’espoir et le dévouement, le premier roman de S. K. Ali mérite amplement la place qu’il a occupée sur la liste préliminaire du Combat des livres en 2018.

Thelma, Louise et moi, Martine Delvaux

ISBN : 978-2-924666-55-5

Dans ce saisissant portrait du féminisme, Martine Delvaux se penche sur l’influence du film Thelma et Louise. Elle explore l’évolution de sa propre perspective sur l’œuvre en racontant des anecdotes du film et en dévoilant ses réflexions personnelles. Thelma, Louise et moi nous rappelle l’importance de s’affirmer face à une société qui est toujours là pour nous faire douter de nous-mêmes.

Jeunesse

Takannaaluk, Herve Paniaq, illustrations de Germaine Arnaktauyok

ISBN : 978-1-772271-81-2

Ce magnifique album raconte les origines de Takannaaluk, mère des mammifères marins et plus importante figure de la mythologie inuite. La verve saisissante d’Herve Paniaq, aîné respecté, s’anime à travers les illustrations de la célèbre artiste inuite Germaine Arnaktauyok.

Visitez une bibliothèque près de chez vous pour emprunter ces livres, ou consultez le nouveau catalogue de Bibliothèque et Archives Canada, Aurora.


Kristen Ann Coulas est bibliothécaire responsable des acquisitions à Bibliothèque et Archives Canada

Conservatrice invitée : Carole Gerson

Bannière pour la série Conservateurs invités. À gauche, on lit CANADA 150 en rouge et le texte « Canada: Qui sommes-nous? » et en dessous de ce texte « Série Conservateurs invités ».Canada : Qui sommes-nous? est une nouvelle exposition de Bibliothèque et Archives Canada (BAC) qui marque le 150e anniversaire de la Confédération canadienne. Une série de blogues est publiée à son sujet tout au long de l’année.

Joignez-vous à nous chaque mois de 2017! Des experts de BAC, de tout le Canada et d’ailleurs donnent des renseignements additionnels sur l’exposition. Chaque « conservateur invité » traite d’un article particulier et en ajoute un nouveau — virtuellement.

Ne manquez pas l’exposition Canada : Qui sommes-nous? présentée au 395, rue Wellington à Ottawa, du 5 juin 2017 au 1er mars 2018. L’entrée est gratuite.


Ode to Brant de Pauline Johnson, 1886

Pages d’un poème écrit à la main et daté par l’auteure, Pauline Johnson.

Poème écrit à la main par Pauline Johnson, 1886. (MIKAN 4936704)

Les racines britanno-mohawk de cette poétesse ont façonné sa vision de l’avenir du Canada. Elle écrit ici qu’Autochtones et Canadiens d’origine britannique devaient s’unir et servir loyalement l’Empire britannique.


Parlez-nous de vous.

Enfant, je lisais beaucoup. Pour mes amis, j’étais un « rat de bibliothèque » parce que j’avais toujours le nez dans un livre. C’est peut-être pourquoi je suis devenue professeure d’anglais afin de pouvoir lire autant que je le voudrais et encourager les autres à faire de même. Je pense que c’est particulièrement important de lire des auteurs canadiens, car ils nous aident à comprendre notre histoire et qui nous sommes aujourd’hui.

Les Canadiens devraient-ils savoir autre chose à ce sujet selon vous?

Une photo noir et blanc d’une statue de bronze sur un piédestal en pierre orné de reliefs et de statues de bronze sur tous les côtés. On peut voir à l’arrière-plan un parc aux arbres dénudés.

Vue du monument commémoratif de Brant à Brantford, en Ontario, de la photographe Hannah Maynard, Park & Co. (MIKAN 3559483)

Ode to Brant a été l’un des premiers poèmes de Pauline Johnson à être publié. Elle l’a composé en vue du dévoilement de la statue du chef mohawk Joseph Brant dans la petite ville de Brantford le 8 octobre 1886; ce poème figurait dans le dépliant souvenir préparé pour l’occasion. À l’époque de Johnson, les amateurs de littérature collectionnaient souvent les autographes de leurs écrivains préférés. Considérée comme l’un des plus grands poètes du Canada, Johnson n’a pas seulement signé de nombreux exemplaires de ses livres pour ses admirateurs, mais elle leur a aussi maintes fois écrit à la main ses poèmes pour qu’ils puissent les conserver.

Chronique dans un journal en noir et blanc décrivant la famille et l’œuvre de Pauline Johnson et son rôle dans le dévoilement du monument commémoratif de Brant.

Entrevue avec Pauline Johnson par la journaliste canadienne Garth Grafton (Sarah Jeannette Duncan) sur l’œuvre et la famille de Johnson ainsi que sur le dévoilement du monument commémoratif de Brant, publiée dans Woman’s World le 14 octobre 1886. (AMICUS 8086919)

Parlez-nous d’un élément connexe que vous aimeriez ajouter à l’exposition.

BAC possède une vaste collection de lettres écrites par L. M. Montgomery (auteure d’Anne… la maison aux pignons verts) à son ami et correspondant George Boyd Macmillan, qui vivait en Écosse. L’échange de lettres a duré de nombreuses années, de 1903 à 1941. Les lettres de Montgomery sont très longues et regorgent de nouvelles, portant sur tout, des livres qu’elle lisait et des endroits qu’elle visitait aux faits et gestes de sa famille et de ses chats adorés. Au fil des ans, le ton se transforme, passant de l’optimisme propre à la jeunesse à la déception douloureuse que lui laissent la Première Guerre mondiale et la Crise de 1929, ce qui nous apporte un regard personnel sur la vie au Canada en cette période tumultueuse. L’écriture distinctive de Montgomery a moins de style que l’écriture élégante de Johnson, témoignant ainsi peut-être de ses premières années dans l’enseignement lorsqu’elle montrait aux enfants comment former les lettres.

Page en noir et blanc d’une lettre de Lucy Maud Montgomery à George Boyd Macmillan.

Page d’une lettre (757) de Lucy Maud Montgomery à George Boyd Macmillan, écrivain écossais, 7 avril 1904. Elle y parle de son amour des livres historiques et de sa fascination pour le monde des fées quand elle était enfant. (MIKAN 120237)

Page en noir et blanc d’une lettre de Lucy Maud Montgomery à George Boyd Macmillan.

Page d’une lettre (25) de Lucy Maud Montgomery à George Boyd Macmillan, 18 janvier 1917. Il y est question de la popularité du poème In Flanders Fields (Au champ d’honneur) et de son utilisation lors des campagnes électorales. (MIKAN 120237)

Biographie

Photo couleur d'une femme portant des lunettes avec les chevuex courts.Carole Gerson est professeure au Département d’anglais de l’Université Simon Fraser. Codirectrice du volume 3 (1918–1980) d’Histoire du livre et de l’imprimé au Canada, elle a beaucoup publié sur l’histoire de la littérature et de la culture canadiennes, particulièrement sur les écrivaines, dont L. M. Montgomery et Pauline Johnson. Son livre Canadian Women in Print, 1750–1918 (2010) lui a valu le Prix Gabrielle‑Roy qui couronne des ouvrages de critique sur la littérature canadienne. En 2013, elle a reçu la Médaille Marie‑Tremaine de la Société bibliographique du Canada.

Ressources connexes

De l’eau au moulin : Poèmes sur la guerre, le travail et le progrès social

Par Kelly Anne Griffin

Connaissez-vous Alex Gibson? Cet immigrant, employé d’usine et vétéran de la Première Guerre mondiale, était aussi poète. Il a raconté ses expériences dans un recueil intitulé Grist for the Mill (De l’eau au moulin), publié à compte d’auteur en 1959, et dont un exemplaire a été découvert lors du traitement du fonds d’archives du Syndicat canadien des travailleurs du papier.

Né en Écosse en 1893, Alex Gibson immigre au Canada vers 1913. Engagé dans le Corps expéditionnaire canadien lors de la Première Guerre mondiale, il est affecté au 10e Bataillon des ambulanciers de campagne. Rentré au pays, il devient ouvrier dans une usine de pâtes et papier. Plusieurs poèmes de son recueil évoquent ses difficultés à s’adapter à ce travail routinier après avoir survécu aux horreurs de la guerre, un problème qu’éprouvaient bien d’autres soldats canadiens à leur retour d’Europe.

Dans son poème « What Shall It Be » (Qu’est-ce qui nous attend?), Gibson évoque ainsi le désarroi des soldats rapatriés :

Que ferons-nous après la victoire

Simplement rentrer chez nous

Reprendre la routine comme avant

Les vies gâchées et les rêves brisés

Dans un désert à arpenter?

[…]

Répondez-moi, travailleurs du rail et des usines

De la mer et des postes, des moulins et des mines

Car la réponse ne viendra pas d’ailleurs.

(p. 90 à 92) [traduction libre]

Photo noir et blanc montrant une scène de guerre : des soldats blessés sont étendus sur des civières; autour deux, plusieurs soldats se tiennent debout devant des bâtiments en ruines.

10e Bataillon des ambulanciers de campagne à Amiens, en août 1918. Alex Gibson soignait les blessés au front. Cette expérience dévastatrice transparaît dans sa poésie. (a002864-v8)

Alex Gibson travaille dans l’industrie des pâtes et papiers pendant plus de 38 ans, se passionnant pour tout ce qui concerne les relations de travail. Il occupera plusieurs postes importants au Syndicat canadien des travailleurs du papier, tentant même de se faire élire au Parlement canadien dans la circonscription de Port Arthur en 1935 et en 1940, sous la bannière de la Fédération du Commonwealth coopératif. Ce parti, le précurseur du Nouveau Parti démocratique, se faisait le champion du progrès social et des revendications syndicales.

Les convictions socialistes de Gibson transparaissent dans presque tous ses poèmes, et nous offrent un témoignage de première main sur les luttes de la classe ouvrière à cette époque. Les conditions lamentables des travailleurs et la nécessité de se réunir au sein d’une grande fraternité sont des thèmes récurrents dans les écrits de Gibson. Dans son ouvrage Hoboes and Heroes (Clochards et héros), il décrit ainsi ce qu’on pourrait appeler « le travailleur pauvre » :

Il disait que partout où il allait,

Ils étaient des milliers comme lui, il se reconnaissait

Leur maigre pécule déjà dépensé,

Contraints à demander la charité

[…]

À l’entendre, j’ai senti l’amertume d’un sombre désespoir

Ne pouvant plus y croire, il avait perdu tout espoir

(p. 77 à 80) [traduction libre]

Après plus de 30 ans de travail en usine et un engagement actif au sein du mouvement syndical, Gibson connaissait parfaitement les difficultés et les luttes qui existent dans une usine de pâtes et papiers. Ces enjeux apparaissent fréquemment dans ses écrits. Les journées étaient longues, les salaires, peu élevés, et les conditions de travail, moins réglementées qu’aujourd’hui. Gibson s’efforça constamment d’améliorer cette situation par son engagement syndical. Dans son œuvre, il dresse un portrait saisissant des conditions de vie de ses compagnons de travail, où transparaît son empathie à leur égard. Voici quelques lignes tirées de la dédicace de son livre :

Vous qui peinez dans le noir

Vous qui dérivez sans espoir

Vous arrachant le cœur

À empiler les heures

Je vous connais très bien,

Menant la même vie, comme vous n’ayant rien

Voici mon cadeau, il est pour vous,

C’est tout ce que j’ai à offrir.

(p. 3) [Traduction libre]

Photo noir et blanc d’un homme tenant une planche de bois, penché au-dessus d’un défibreur.

Ouvrier manipulant un défibreur dans une usine de pâtes et papier. La poésie de Gibson décrit souvent les conditions de travail monotones et dangereuses qui régnaient dans ces usines, ainsi que leurs conséquences sur les travailleurs. Source : Harry Foster (e000761635)

La plupart des poèmes d’Alex Gibson concernent le monde du travail et les injustices sociales au Canada, mais certains rappellent d’importants événements historiques. « A Constitutional Crisis » (Une crise constitutionnelle) raconte le scandale provoqué par l’abdication d’Édouard VIII et son mariage avec Wallis Simpson, une femme deux fois divorcée. « A Note to the Hon. Minister of Justice » (Un message à l’honorable ministre de la Justice) évoque l’emprisonnement de Tim Buck, un des leaders du mouvement syndical. L’incarcération de Buck à la prison de Kingston souleva un tollé général dans la population, en particulier parmi les travailleurs comme Gibson.

Bien que les poèmes du recueil s’inspirent surtout des conflits personnels de Gibson et des luttes des travailleurs, ils véhiculent un message d’espoir; plusieurs sont encore d’actualité pour les Canadiens aujourd’hui. Voilà pourquoi Grist in the Mill constitue un véritable trésor dans la collection de Bibliothèque et Archives Canada.

100e anniversaire de l’écriture du poème iconique « In Flanders Fields »

Le poème « In Flanders Fields » de John McCrae, dont l’adaptation française s’intitule « Au champ d’honneur », est l’une des œuvres littéraires les plus connues à émerger de la Première Guerre mondiale. L’héritage le plus durable du poème est sa popularisation du coquelicot comme symbole du souvenir des personnes qui ont été tuées durant la guerre.

On pense que McCrae a écrit le poème durant la deuxième semaine de la seconde bataille d’Ypres, alors qu’il était stationné à l’endroit qui est devenu par la suite le poste de secours avancé de la ferme Essex, tout juste au nord de la vile d’Ypres. McCrae, qui était major et médecin militaire, était le commandant en second de la 1re brigade de l’Artillerie de campagne canadienne. Les circonstances exactes au cours desquelles le poème a été écrit relèvent toutefois de la légende. Les versions les plus citées de l’origine du poème sont centrées sur la peine ressentie par McCrae à la suite de la mort de son ami, le lieutenant Alexis Helmer, un officier de la 1re brigade de l’Artillerie de campagne canadienne, qui a été tué après avoir été frappé de plein fouet par un obus allemand le matin du 2 mai. Selon un témoignage, McCrae était tellement anéanti après les funérailles de son ami (pour lequel McCrae lui-même s’était occupé du service funèbre en l’absence d’un aumônier) qu’il a écrit le poème en une vingtaine de minutes pour se calmer. Une autre version veut que McCrae ait été vu en train d’écrire son poème le jour suivant, le 3 mai, assis sur le marchepied arrière d’une ambulance tout en regardant la tombe de Helmer et les coquelicots qui avaient poussé près du poste de secours. Son commandant, le lieutenant-colonel Morrison, propose une troisième version : McCrae a écrit son poème durant ses temps libres entre les arrivées de soldats blessés. Pour ajouter au mystère, l’Imperial War Museum en Angleterre possède une copie d’un texte olographe original (en anglais seulement) du poème écrit par McCrae pour le capitaine Tyndale-Lea, qui allègue que McCrae a écrit le poème le 29 avril 1915, trois jours avant la mort du lieutenant Helmer.

Le poème « In Flanders Fields »manuscrit sur du papier jauni avec une encre très décolorée.

Copie du poème « In Flanders Fields » écrit de la main de John McCrae. Morrison était l’ami et le commandant du poète, de même que médecin, 8 décembre 1915 (MIKAN179238)

Il existe également plusieurs hypothèses concernant la manière dont le poème a été soumis à un éditeur pour être publié. Selon un témoignage, McCrae a jeté le poème, mais un autre soldat l’a ramassé et l’a envoyé à un journal de Londres. Il est possible également que ce soit McCrae lui-même qui l’ait soumis puisqu’il a fait plusieurs copies manuscrites pour les donner à des amis peu après l’avoir écrit. Le poème a été publié par le magazine Punch le 8 décembre 1915. En quelques mois, il est devenu le poème le plus populaire de la guerre.

Bien qu’on ne connaisse aucune institution qui possède l’ébauche originale du poème de John McCrae, Bibliothèque et Archives Canada (BAC) en possède deux versions manuscrites, toutes deux rédigées et signées par McCrae. L’une est datée du 8 décembre 1915 et fait partie de la collection donnée à BAC par le major-général Sir Edward W.B. Morrison qui était l’ami et le compagnon d’armes de McCrae. L’autre est dactylographiée sur du papier et fait partie d’une collection de documents donnée par James Edward Hervey McDonald, un peintre et un membre fondateur du Groupe des Sept. BAC possède également une collection exhaustive et très détaillée de lettres et de journaux personnels de John McCrae couvrant une grande partie de sa vie, de l’enfance jusqu’à peu avant sa mort à la suite d’une pneumonie, en janvier 1918.

Photographie en noir et blanc montrant un homme en uniforme militaire assis sur des marches avec un chien à ses côtés.

Le lieutenant-colonel John McCrae et son chien Bonneau, vers 1914 (MIKAN 3192003)

Si vous désirez en apprendre davantage au sujet du poème, écoutez le baladodiffusion In Flanders Fields : un siècle de coquelicots.

Ressources

Les Prix littéraires du Gouverneur général pour 2013

Les Prix littéraires du Gouverneur général sont décernés chaque année aux meilleurs ouvrages de langue française et de langue anglaise dans chacune des sept catégories suivantes : romans et nouvelles, essais littéraires, poésie, théâtre, littérature jeunesse (texte), littérature jeunesse (illustrations) et traduction.

Chaque année, Bibliothèque et Archives Canada acquiert, catalogue et rend accessibles tous les livres canadiens qui sont mis en nomination avant que les lauréats soient connus. Le dépôt légal est utilisé dans la plupart des cas, mais certains ouvrages ne sont pas publiés au Canada et doivent être acquis par d’autres moyens pour que les générations futures aient accès aux œuvres de tous les candidats aux prix du Gouverneur général.

Félicitations à tous!

Roman
Français
Quand les guêpes se taisent, par Stéphanie Pelletier (AMICUS 40915742)
Anglais
The Luminaries, par Eleanor Catton (AMICUS 41787649)

Poésie
Français
Pour les désespérés seulement, par René Lapierre (AMICUS 40824154)
Anglais
North End Love Songs, par Katherena Vermette (AMICUS 40823688)

Théâtre
Français
Bienveillance, par Fanny Britt (AMICUS 41316358)
Anglais
Fault Lines, par Nicolas Billon (AMICUS 41530643)

Essais
Français
Aimer, enseigner, par Yvon Rivard (AMICUS 40909709)
Anglais
Journey with No Maps: A Life of P.K. Page, par Sandra Djwa (AMICUS 40812690)

Jeunesse – Texte
Français
À l’ombre de la grande maison, par Geneviève Mativat (AMICUS 40696767)
Anglais
The Unlikely Hero of Room 13B, par Teresa Toten (AMICUS 41749214)

Jeunesse – Illustrations
Français
Jane, le renard et moi, par Isabelle Arsenault (AMICUS 41921688)
Anglais
Northwest Passage, par Matt James (AMICUS 40320781)

Traduction
Français
L’enfant du jeudi, par Sophie Voillot (AMICUS 40772400)
Anglais
The Major Verbs, par Donald Winkler (AMICUS 40717619)