La visite de mon arrière-grand-père au Mémorial de Vimy : mythe ou réalité?

Par Rebecca Murray

En tant qu’archiviste de référence, j’aime beaucoup recevoir des questions de chercheurs qui s’intéressent à l’histoire de leur famille. L’une de ces histoires – qui me touche personnellement – est arrivée dans ma boîte de réception le matin du 9 avril 2020, lorsque mon père a rappelé à notre famille élargie, comme il le fait chaque année, que son grand‑père était présent à l’inauguration du Mémorial de Vimy en 1936. Mon père et moi avons visité ce mémorial près d’Arras, en France, par un jour brumeux de novembre 2010.

Une structure en pierre blanche avec des sculptures d’êtres humains devant un ciel brumeux.

Le Mémorial de Vimy près d’Arras, France, 2010. Photo : Rebecca Murray

Pendant que les membres de la famille démontraient leur intérêt, je me posais des questions : pourquoi, parmi tous les militaires hauts gradés du Canada, mon arrière-grand-père avait‑il assisté à l’inauguration? Pourrais‑je trouver plus de renseignements sur sa visite au Mémorial de Vimy dans les archives conservées à Bibliothèque et Archives Canada?

Avant de parler de ma recherche, décrivons un peu le contexte. Mon arrière-grand-père, Thomas Caleb Phillips, était capitaine du génie dans la Marine royale du Canada durant l’entre-deux-guerres. Une anecdote familiale m’a appris qu’il était présent à l’inauguration du mémorial en compagnie de « l’ensemble du Skeena », l’un des navires qu’il avait aidé à concevoir.

Une capture d’écran de l’outil Recherche dans la collection sur le site Web de Bibliothèque et Archives Canada, en utilisant le terme de recherche vimy mémorial.

Recherche par mot‑clé faite par l’auteure avec Recherche dans la collection

J’ai commencé par effectuer des recherches par mots‑clés avec Recherche dans la collection. J’ai utilisé diverses combinaisons, comme Vimy inauguration, Vimy mémorial, Vimy monument, Vimy Skeena et Vimy Phillips. Je ne m’attendais pas à trouver des documents avec Phillips dans le titre, mais j’ai décidé d’inclure son nom pour que la recherche soit exhaustive. Pour me concentrer sur les documents d’archives, j’ai filtré mes résultats avec l’onglet Archives, puis par date (années 1930) et par type de documents (textuel). Comme les résultats demeuraient nombreux, j’ai encore filtré par année (1936), puisque c’était l’année de l’inauguration et la période qui me semblait la plus susceptible de contenir des documents pertinents.

J’ai ensuite dressé une liste des dossiers potentiellement intéressants. La plupart proviennent du fonds du ministère des Affaires extérieures (RG25); quelques‑uns se trouvent dans des dossiers gouvernementaux et des fonds privés. En voici trois exemples :

  • RG25, volume 400, dossier Ex7/65, partie 8, « Vimy Memorial Unveiling Ceremony», 1936
  • RG25, volume 1778, dossier 1936‑184, parties 1‑3, « Unveiling of Vimy Memorial », 1934‑1938
  • RG24, volume 11907, dossier AE 30‑2‑2, « [Superintendent, Esquimalt] – HMCS SKEENA – Movements », 1932‑1937

Les trois références ci‑dessus faisaient partie des 19 dossiers textuels que j’ai décidé de consulter. Ma stratégie de recherche consiste généralement à sélectionner de cinq à dix dossiers pour un examen préliminaire, mais comme je n’ai pas eu beaucoup de temps pour examiner des documents sur place l’hiver dernier, j’ai décidé d’en faire le plus possible avant de rentrer chez moi.

J’ai parcouru tous les dossiers pour chercher le nom de Thomas Caleb Phillips (ou T. C. Phillips) et toute référence à un « ensemble du Skeena ».

Et je n’ai rien trouvé!

Aucune référence à la présence de Phillips.

Et aucun indice ne laisse croire que le NCSM SKEENA ou son ensemble musical a participé à l’événement.

C’était évidemment très décevant. Et pourtant, des chercheurs qui épluchent vainement des documents textuels, des planches contact, des listes, des rapports et d’autres documents dans l’espoir de confirmer des anecdotes familiales comme celle de mon père, il y en a probablement tous les jours.

Je ne dis pas cela pour vous décourager ni pour conclure que ces anecdotes sont fausses. Mais que faire lorsque les informations, ou leur absence, contredisent un récit familial?

Je travaille à la Division des services de référence depuis huit ans. Pendant cette période, j’ai affiné mes compétences, et j’ai appris à sortir des sentiers battus et à lire entre les lignes lorsque je fais des recherches dans les archives. Je me suis néanmoins heurtée à cet obstacle.

La recherche dans les archives, surtout de documents gouvernementaux, exige de la patience et de la diligence. Les chercheurs doivent être disposés à tirer des enseignements de leurs résultats pour les réintégrer dans leurs recherches. Par exemple, j’ai choisi de me concentrer sur les documents textuels parce que je n’étais pas certaine de pouvoir reconnaître T. C. Phillips sur une photo, et encore moins sur un négatif. J’ai également choisi de me fonder sur un ensemble de faits que je n’avais pas vérifiés moi‑même, et je n’ai effectué aucune recherche dans des sources secondaires avant de m’attaquer aux sources primaires.

J’ai restreint mes recherches en fonction de mes suppositions sur la période et le type de documents à privilégier, ainsi que sur l’importance relative de mon arrière-grand-père. Devrais-je faire marche arrière? Élargir le champ de ma recherche? Examiner d’autres fonds? Serais-je mieux servie par une publication dans les collections? Ou encore par un document qui n’a rien à voir avec l’inauguration du mémorial, mais qui concerne la traversée de l’Atlantique par Phillips? Je pourrais suivre de nombreuses démarches. L’étape suivante consiste donc à choisir mon approche : en avant ou en arrière? Collections  publiées ou archivées? Ce n’est ni facile ni simple, mais la complexité de l’opération fait partie du plaisir!

Sur une étendue d’herbe verte, devant un ciel brumeux, un monument en pierre blanche se dresse au loin. À l’avant-plan se trouve un panneau en pierre grise sur lequel sont gravés des feuilles d’érable et le mot VIMY. Des drapeaux canadien et français sont à droite.

Le Mémorial de Vimy près d’Arras, France, 2010. Photo : Rebecca Murray

Je n’ai jamais eu pour but de prouver la présence de mon arrière-grand-père, car je ne doute pas de l’exactitude générale de l’anecdote familiale. J’espérais cependant trouver un document donnant quelques détails. Un document qui permettrait d’établir une petite, mais précieuse connexion à travers près de 100 ans d’histoire canadienne. Quelque chose de concret à partager lorsque mon père racontera à nouveau l’histoire l’année prochaine. Je vais continuer de chercher!

Pour de plus amples renseignements sur le Mémorial national du Canada à Vimy :


Rebecca Murray est archiviste de référence principale à la Division des services de référence de Bibliothèque et Archives Canada.

Le hockey et la Première Guerre mondiale

Par Ellen Bond

Au début des années 1900, le hockey forge des soldats. Les qualités du bon hockeyeur – force, endurance, patience et robustesse – sont recherchées par l’armée. Ce sport rude et intense est donc perçu comme une préparation au combat. De nombreux hockeyeurs se portent volontaires pour aller au front pendant la Grande Guerre et deviennent souvent des soldats d’exception.

Allan McLean « Scotty » Davidson est de ceux-là. Né le 6 mars 1891 à Kingston, en Ontario, il entreprend son parcours de hockeyeur avec l’équipe junior des Frontenacs, dans sa ville natale. Il remporte le championnat junior de l’Association de hockey de l’Ontario en 1910 et 1911 à titre de capitaine. Il déménage ensuite à Calgary pour rallier l’équipe senior Athletic Club. Celle-ci gagne la Coupe de l’Alberta en 1911-1912 et accède au Championnat canadien de hockey senior, mais ne parvient pas à ravir la Coupe Allan aux Victorias de Winnipeg.

En 1912, Davidson fait ses débuts professionnels avec les Blueshirts de Toronto (qui deviendront les Maple Leafs) dans l’Association nationale de hockey. L’année suivante, il est capitaine et premier marqueur de son équipe. Puis, en 1914, il mène ses troupes à leur premier sacre de la Coupe Stanley. En deux saisons avec les Blueshirts, Davidson inscrit 46 buts en 44 rencontres. Aux dires d’Edward Allan, chroniqueur de hockey pour le journal torontois The Mail and Empire, il patine plus vite à reculons que la plupart des joueurs vers l’avant.

Photographie en noir et blanc des Blueshirts de Toronto en 1914.

Les Blueshirts de Toronto, champions de la Coupe Stanley en 1914. Scotty Davidson est assis au centre de la première rangée. Source : Musée McCord

En tant que joueur étoile, Davidson a toutes les qualités que l’armée recherche. En septembre 1914, il devient possiblement le premier hockeyeur professionnel à s’enrôler dans le Corps expéditionnaire canadien. Il se porte volontaire comme « lanceur de bombes » (le soldat chargé d’envoyer les grenades sur l’ennemi). Des journaux racontent son séjour dans l’armée et font état de sa bravoure devant le danger.

Scotty Davidson tombe au combat le 16 juin 1915. Son dossier de service indique qu’il a été tué instantanément par un obus qui a atterri dans sa tranchée et l’a pratiquement réduit en charpie. Un journal qui rapporte sa mort affirme que Davidson se serait vu décerner la Médaille de conduite distinguée ou la Croix de Victoria s’il avait survécu à la bataille. Le capitaine George Richardson, son frère d’armes habitant lui aussi à Kingston, le présente comme l’un des hommes les plus braves de sa compagnie. C’est un soldat courageux et dévoué, toujours prêt à secourir ses camarades. Le nom de Davidson est gravé à jamais sur le Mémorial national du Canada à Vimy, en France.

Une page du dossier de service de Scotty Davidson décrivant sa mort au combat.

Une page du dossier de service numérisé de Scotty Davidson décrivant sa mort au combat (Bibliothèque et Archives Canada, CEC 280738).

Scotty Davidson est un patineur fluide, un excellent marqueur et un grand meneur d’hommes; le type d’athlète que j’aurais beaucoup aimé voir jouer. En 1925, la revue Maclean’s le choisit comme premier ailier droit de son équipe de rêve. Ernie Hamilton, l’entraîneur d’une équipe adverse, affirme que Davidson possède le tir le plus puissant qu’il a jamais vu. Si nous jouissons aujourd’hui de la liberté, c’est grâce à des héros comme lui, un athlète illustre dont la vie a été fauchée beaucoup trop tôt.

Scotty Davidson est intronisé au Temple de la renommée du hockey en 1950. Le Mémorial virtuel de guerre du Canada honore son sacrifice.


Ellen Bond est adjointe de projet au sein de l’équipe du contenu en ligne de Bibliothèque et Archives Canada.

Comprendre les anciennes mesures françaises : un arpent, une toise, une perche, une lieue…

Lors de la consultation d’anciens documents, il est fréquent de tomber sur d’anciennes mesures qui peuvent nous sembler bien mystérieuses aujourd’hui. On retrouve ces mesures dans les documents provenant de la France, du Québec ou de la Louisiane. Vous trouverez les équivalences de ces mesures dans le tableau ci-dessous. Cependant, de nombreux sites Web offrent des convertisseurs en ligne, même pour les anciennes mesures.

Table de conversion des anciennes mesures françaises

Anciennes mesures Conversion en d’autres unités de mesure
1 pied 0,324 837 81 mètre
1,065 740 34 feet (mesure anglaise)
1 toise 6,0 pieds
1,949 026 87 mètres
6,394 442 03 feet (mesure anglaise)
1 perche 3,0 toises
18,0 pieds
5,847 080 62 mètres
19,183 326 1 feet (mesure anglaise)
1 arpent 10,0 perches
30,0 toises
180,0 pieds
58,470 505 4 mètres
191,833 261 feet (mesure anglaise)
63,944 420 3 yards (mesure anglaise)
1 lieue 84,0 arpents
840,0 perches
2 520,0 toises
15 120,0 pieds
4 911,547 72 mètres
4,911 547 72 kilomètres
16 114,0 feet (mesure anglaise)
5 371,333 33 yards (mesure anglaise)
3,051 893 94 miles (mesure anglaise)
1 arpent carré 32 400,0 pieds carrés
3 418,80 square mètres
0,341 88 ares
36 800,0 square feet (mesure anglaise)
0,844 803 06 acres (mesure anglaise)