Une journée dans la vie d’un archiviste de référence

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certains pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde — terminologie historique.

Par Alix McEwen

J’ai toujours pensé qu’il fallait posséder certaines qualités pour être un bon archiviste de référence à Bibliothèque et Archives Canada (BAC). Il faut très bien connaître l’histoire et la culture du Canada. Il faut comprendre ce qui constitue un fonds et comment les documents sont recueillis et classés. Il faut aussi aimer travailler avec les autres. Cependant, il est également très utile d’aimer les casse-tête et d’être prêt à se creuser les méninges pour aider à les résoudre.

Récemment, un ancien collègue m’a posé une question sur une copie d’un document particulier, prétendument un décret antérieur à la Confédération. Il voulait savoir si le Cabinet fédéral de l’époque avait vraiment approuvé ce décret. Griffonnée dans la marge du document se trouvait l’inscription en anglais « 12 July 1856 OIC pp. 220-221 Vol. 10019 » [12 juillet 1856 décret p. 220-221 vol. 10019]. On pouvait lire une référence presque identique au bas du document : LAC RG 10 Vol. 10019 pp. 220-221. Le texte portait sur la création du Indian Land Fund [fonds des terres indiennes].

La copie des décrets antérieurs à la Confédération se trouve dans le RG 1 E-8 (RG 1 : Documents du Conseil exécutif de la province du Canada). Cependant, la référence de BAC mentionnée renvoyait à un document du ministère des Affaires indiennes (RG 10). Une brève recherche dans notre base de données Recherche dans la Collection a révélé que le volume 10019 du RG 10 correspondait aux Dossiers bleus de Matheson, ce qui ne prouvait en rien l’exactitude de la copie du décret.

Retour à la case départ : j’ai alors cherché dans les index et les registres du RG 1 E-7 volumes 72 à 93. Ces sources aident les chercheurs à trouver les décrets antérieurs à la Confédération. Le problème, c’est qu’elles sont manuscrites et difficiles à déchiffrer. J’ai cherché les entrées suivantes : Indian Land Fund, puis Fund, puis Land – pas de chance!

J’ai donc poursuivi ma recherche à l’aide de Google Livres (eh oui, on utilise Google!). Cette recherche m’a confirmé qu’un décret en lien avec les Affaires indiennes avait été signé ce jour-là. Encore plus important, elle m’a permis de trouver le rapport de recherche non publié des Affaires indiennes, intitulé « The Indian Land Management Fund [Le fonds de gestion des terres indiennes] » et rédigé par David Shanahan. Mes collègues de la section des Archives autochtones de BAC ont pu me fournir une copie de ce rapport.

Ce fut un moment décisif dans mes recherches. Dans l’introduction, M. Shanahan mentionne qu’il n’y a aucune preuve satisfaisante de la création du fonds par un décret, comme on le croyait auparavant. Il consacre ensuite un chapitre entier sur les origines du fonds de gestion. À mon avis, le fait le plus important était qu’il existait en effet un décret daté du 12 juillet 1856. Toutefois, il visait à fonder la Commission Pennefather, dont le mandat était de trouver la « meilleure façon d’administrer les biens des Indiens » [Traduction].

Pourquoi m’était-il donc impossible de trouver ce décret? Cette fois-ci, je suis retournée examiner le microfilm des décrets au lieu des index et des registres. Il est beaucoup plus facile qu’avant d’accéder à de nombreuses bobines de microfilm sans restriction, en raison de leur numérisation et de leur diffusion sur Héritage. J’ai cherché la section portant sur la date en question, puis j’ai feuilleté les pages jusqu’à trouver l’information voulue. Ma référence finale? RG1 E 8 vol. 60 p. 443, 12 juillet 1856 (bobine de microfilm H-1795). Le décret ne visait effectivement pas à créer le fonds de gestion des terres indiennes.

Une page microfilmée avec du texte manuscrit du RG1 E 8 volume 60, page 443.

Décret daté du 12 juillet 1856, RG1 E 8 volume 60 page 443 (bobine de microfilm H-1795).

Je me demandais toujours pourquoi je ne trouvais aucune mention de ce décret dans les index et les registres. J’y suis donc retournée, me promettant d’y aller plus lentement. J’ai commencé par la lettre « I », cherchant tout ce qui était en lien avec les Indiens. J’ai rapidement trouvé ma réponse. Le décret était mentionné dans l’index sous « Indiens, civilisation des », un rappel embarrassant qu’il faut toujours être conscient de la terminologie et des croyances de l’époque lorsqu’on effectue des recherches dans des documents historiques.

Avez-vous un casse-tête à résoudre qui nécessite le travail d’un archiviste ou d’un bibliothécaire curieux? Envoyez-nous votre question par écrit dès aujourd’hui.


Alix McEwen est une archiviste de référence de la Division des services de référence.

Une réflexion au sujet de « Une journée dans la vie d’un archiviste de référence »

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