Origines de l’écriture syllabique crie

À gauche, Tatânga Mânî [chef Walking Buffalo] [George McLean] monte à cheval et porte son costume traditionnel des Premières Nations. Au centre, Iggi et une fille échangent un « kunik », un baiser traditionnel dans la culture inuit. À droite, le guide métis Maxime Marion tient un fusil. À l’arrière-plan, il y a une carte du Haut et du Bas-Canada, ainsi qu’un texte de la collection Red River Settlement [colonie de la rivière Rouge].

Ce blogue fait partie de notre programme De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada. Pour lire ce billet de blogue en syllabique crie et orthographe romaine normalisée, visitez le livrel.

De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada est gratuit et peut être téléchargé sur Apple Books (format iBooks) ou sur le site Web de BAC (format EPUB). On peut aussi consulter une version en ligne au moyen d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un navigateur Web mobile; aucun module d’extension n’est requis.

Par Samara mîkiwin Harp

Œuvre de techniques mixtes. Au centre se trouve une photo noir et blanc rectangulaire montrant deux rangées d’enfants autochtones se tenant assis et debout devant un immeuble en briques. La photo est superposée sur un fond agencé en bandes verticales de part et d’autre, et en bandes horizontales qui traversent le haut et le bas. Les bandes sont principalement dans des teintes de violet, de rouge et de bleu. Dans la partie supérieure, chaque bande présente des tracés curvilignes multicolores et angulaires qui ressemblent à des crayons de couleur. Une bande noire avec de l’écriture syllabique en blanc figure en haut de la photo. Dans le coin inférieur droit, une petite forme rectangulaire blanche comporte une inscription en anglais de couleur noire.

If Only We Could Have Our Stories Told [si seulement nos histoires pouvaient être racontées], par Jane Ash Poitras, 2004 (e010675581)

Cette œuvre de techniques mixtes de l’artiste crie Jane Ash Poitras illustre un groupe d’enfants dans un pensionnat autochtone en attente des enseignements des missionnaires. L’Église et la Couronne ont intentionnellement fait abstraction de nos enseignements et de nos récits en vue de notre assimilation. If only we could have our stories told [si seulement nos histoires pouvaient être racontées] témoigne de notre désir, en tant que peuple, de nous réapproprier la langue et la culture que l’on nous a enlevées.

« Dans tous les récits oraux sur les origines du syllabaire cri, on dit que les missionnaires ont appris l’écriture syllabique crie des Cris eux-mêmes. Dans le récit de [Wes] Fineday, un Cri du nom de Badger Call s’est fait dire par les esprits que les missionnaires changeraient la version des choses et diraient que l’écriture leur appartenait1. » [Traduction] [À noter que Badger Call est aussi connu sous les noms « Calling Badger » et « Badger Voice » dans la littérature sur le sujet.]

Selon des recherches préliminaires, il est généralement admis que c’est vers le début du 19e siècle que le révérend James Evans (1801-1846) crée le syllabaire cri. En 1828, alors qu’il enseigne dans le territoire des Anishinaabe (Ojibwa), l’immersion dans la culture ojibwa lui permet d’apprendre à parler couramment la langue. En août 1840, il est envoyé comme missionnaire dans la collectivité de langue crie de Norway House (qui se trouve aujourd’hui au Manitoba). L’anishinaabemowin (langue anishinaabe) et le nêhiyawêwin (langue crie) font partie de la famille des langues algonquiennes et sont semblables au niveau des sons.

Illustration noir et blanc d’un groupe de personnes assises au sol autour d’un homme agenouillé qui écrit des caractères syllabiques sur un morceau d’écorce posé à plat sur une grosse roche. Plusieurs personnes tiennent dans leurs mains un morceau d’écorce sur lequel figurent des caractères syllabiques. Au premier plan à droite, une femme debout observe le groupe. Elle transporte sur son dos un nourrisson installé dans un tikinagan. On voit trois tipis derrière le groupe et une forêt à l’arrière-plan.

James Evans, en compagnie d’un groupe de nêhiyawak (membres de la Nation crie), consigne des caractères syllabiques sur de l’écorce de bouleau, date inconnue. Illustration tirée de l’ouvrage d’Egerton R. Young, The Apostle of the North, Rev. James Evans, New York, Chicago : Fleming H. Revell Co. [1899]; planche insérée entre les pages 190 et 191 (OCLC 3832900)

Pendant plusieurs années, James Evans travaille à l’élaboration d’un système d’écriture de l’ojibwa. De nos jours, on estime que c’est ce travail qui a jeté les bases de l’élaboration réussie d’un syllabaire cri (un ensemble de caractères écrits représentant les sons de la langue crie). En octobre 1840, Evans avait déjà produit un tableau du syllabaire cri; en novembre de la même année, il imprimait 300 exemplaires du court hymne Jesus, My All, to Heaven Is Gone, rédigé en écriture syllabique.

Page de livre de couleur crème comportant des caractères noirs. On y voit un tableau comprenant une large colonne centrale flanquée de part et d’autre de deux étroites colonnes latérales. La première ligne de la colonne centrale contient des sons de la langue; suivent ensuite neuf lignes de caractères syllabiques. La colonne de gauche contient neuf groupes de lettres en alphabet latin correspondant aux caractères syllabiques, alors que celle de droite contient neuf groupes de caractères syllabiques et romains. Deux en-têtes en anglais se trouvent en haut de la page au-dessus du tableau, et trois lignes de texte en anglais et en caractères syllabiques suivent le tableau. Le numéro de page apparaît au centre du pied de page.

Réplique du syllabaire cri mis au point vers 1840, publié dans l’ouvrage d’Egerton R. Young, The Apostle of the North, Rev. James Evans, New York, Chicago : Fleming H. Revell Co. [1899], p. 187. (OCLC 3832900)

Page de livre de couleur crème comportant du texte en anglais et des caractères syllabiques noirs. On y voit cinq paragraphes numérotés comptant chacun quatre lignes de caractères syllabiques. Le titre de la page se trouve dans l’en-tête. Le premier paragraphe de caractères syllabiques est précédé de deux lignes de texte en anglais et en caractères syllabiques.

Le premier hymne écrit et imprimé en caractères syllabiques cris, vers 1840. Tiré de l’ouvrage d’Egerton R. Young, The Apostle of the North, Rev. James Evans, New York, Chicago : Fleming H. Revell Co. [1899], p. 193. (OCLC 3832900)

À l’époque, même si James Evans semble posséder une maîtrise exceptionnelle du nêhiyawêwin, il a besoin de l’aide d’un interprète, Thomas Hassall, pendant son séjour sur le territoire des Cris. Hassall, un Déné qui maîtrise le déné, le cri, le français et l’anglais, connaîtra une fin tragique lorsqu’Evans le tuera accidentellement lors d’une expédition de chasse au canard. Selon la rumeur, Evans ne s’est jamais complètement remis de la mort de son interprète. Plus tard, en 1845, le révérend est accusé d’inconduite sexuelle envers trois femmes autochtones et est rapatrié en Angleterre pour rendre compte de ses crimes. Son frère écrira plus tard qu’avant de quitter Norway House pour l’Angleterre, James Evans a brûlé presque tous ses manuscrits. À en croire ce témoignage, il est tout à fait possible que les preuves matérielles permettant d’identifier l’auteur de l’écriture syllabique crie aient été perdues à jamais.

Des recherches plus poussées laissent penser qu’Evans a conçu ses idées pour le syllabaire à partir d’autres sources qu’il n’a jamais citées. Selon le rapport annuel de la Société biblique britannique et étrangère publié en 1859, « l’idée lui serait venue d’un chef indien. » [Traduction]

Des preuves additionnelles laissent entendre que les nêhiyawak (membres de la Nation crie) ont influencé la création de l’écriture syllabique. Par exemple, la conception quadridirectionnelle que l’on trouve dans l’écriture syllabique fait allusion à l’influence des Cris, étant donné que le savoir cri est transmis par les enseignements des quatre directions. De plus, à l’époque, les missionnaires rapportent que des hiéroglyphes ont été peints sur des morceaux d’écorce de bouleau avant leur arrivée [traduction] : « Ce n’est qu’à partir du moment où les missionnaires ont été envoyés parmi les Indiens cris qu’un moyen de communiquer des idées, sauf oralement, a vu le jour; si l’on exclut ces hiéroglyphes grossiers peints sur de grands morceaux d’écorce de bouleau. » Par ailleurs, les nêhiyawak sont alors connus pour le mordillage de motifs sur l’écorce de bouleau. À l’aide de ses canines, l’artiste mordille de minces feuilles d’écorce de bouleau pour créer des motifs, qui forment des dessins parfaitement symétriques lorsque le morceau d’écorce est déplié. Cette ancienne forme d’art peut être réalisée en pliant l’écorce de différentes manières. Une technique caractéristique consiste à plier soigneusement un morceau carré d’écorce en angle droit, puis en angle complémentaire. Le travail terminé donne lieu à une œuvre que les mathématiciens qualifient de symétrie parfaite. Avant l’arrivée des Européens, les Autochtones pratiquent cet art en utilisant la réflexion spatiale et le raisonnement pour consigner les cérémonies, les récits et les événements. Plus tard, ils utilisent des motifs de broderies perlées. Dans le même ordre d’idées, on peut organiser l’écriture syllabique crie en symétrie parfaite. D’après la tradition orale des Cris, l’écriture syllabique, offerte en cadeau au peuple par le monde des esprits, figurait sur un morceau d’écorce de bouleau.

Pour ma part, je crois que l’écriture syllabique d’aujourd’hui est le résultat d’une collaboration entre de nombreux Autochtones et James Evans. Cependant, pour en savoir plus sur les origines de cette écriture, les apprenants doivent plonger dans l’univers de la tradition orale crie. Accessibles en ligne, mes recherches sur les récits oraux m’ont permis de découvrir l’histoire de mistanâkôwêw (Calling Badger), un homme spirituel de l’Ouest, dans la région appelée aujourd’hui Stanley Mission, en Saskatchewan. Dans ces narratifs, on apprend que mistanâkôwêw est entré en communication avec le monde des esprits et en est ressorti avec la connaissance de l’écriture syllabique crie. Un autre récit semblable concerne un homme nommé mâcîminâhtik (Hunting Rod) qui vivait dans l’Est. Heureusement, des enregistrements de Winona Wheeler et de Wes Fineday sont accessibles en ligne sur le site Web de la CBC, dans lesquels ils discutent des histoires sur l’origine crie de l’écriture syllabique.

Autres ressources


Samara mîkiwin Harp était archiviste avec l’initiative Nous sommes là : Voici nos histoires à Bibliothèque et Archives Canada. Elle travaille maintenant à la revitalisation de la langue crie de Woods et poursuit des études en archivistique. Samara a grandi à Winnipeg, au Manitoba, et a des racines cries dans les régions de Southend et de Pelican Narrows du Traité 6, dans le nord de la Saskatchewan. Les premiers membres de la famille de son père sont arrivés en Ontario dans les années 1800 en provenance d’Irlande et d’Angleterre.

Kimutset Labradorimi

À gauche, Tatânga Mânî [chef Walking Buffalo] [George McLean] monte à cheval et porte son costume traditionnel des Premières Nations. Au centre, Iggi et une fille échangent un « kunik », un baiser traditionnel dans la culture inuit. À droite, le guide métis Maxime Marion tient un fusil. À l’arrière-plan, il y a une carte du Haut et du Bas-Canada, ainsi qu’un texte de la collection Red River Settlement [colonie de la rivière Rouge].Ce blogue fait partie de notre programme De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada. Pour lire ce billet de blogue en Inuttut, visitez le livrel.

De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada est gratuit et peut être téléchargé sur Apple Books (format iBooks) ou sur le site Web de BAC (format EPUB). On peut aussi consulter une version en ligne au moyen d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un navigateur Web mobile; aucun module d’extension n’est requis.

par Jennelle Doyle

Depuis des temps immémoriaux, les traîneaux à chiens jouent un rôle central dans les communautés inuit. Le talent historique qu’ont les Inuit pour se déplacer sur la nuna (terre) leur vient en partie de l’utilisation des traîneaux et des attelages de chiens. Les Inuit ont appris à lire le paysage au fil du temps, se servant de leurs Kimutset (attelages de chiens) pour voyager sur de longues distances, chasser, ramasser du bois de chauffage et mener de nombreuses autres tâches essentielles à la vie quotidienne au Labrador. Les Kimutset étaient nos ambulances, nos moyens de transporter marchandises et nourriture, et nos véhicules. Sans eux, en hiver, on n’avait plus que nos pieds.

Un Kimutsik (attelage de chiens) peut comporter de deux à douze Kimmet (huskies) ou même plus, selon ce qu’il faut tirer. Les Kimmet sont attelés à un Kamutik (traîneau) au moyen d’un anuk (harnais), la plupart du temps fait d’anuksak (habituellement de la peau de phoque transformée en harnais). De nos jours, on tend à remplacer l’anuksak par des cordes.

Photo noir et blanc d’un groupe de chiens de traîneau assis sur un amas de neige entassée contre une bâtisse. Des lattes en bois horizontales obstruent une fenêtre. Dans le coin inférieur droit de la photo, un chien se tient seul, à l’écart du groupe.

Kimmet, Nain, Nunatsiavut (Labrador), [1920–1922]. (e011369232-023_s1)

Sur la glace de mer, on utilise l’anuk en forme d’éventail pour que le Kamutik se déplace plus en douceur sur la surface inégale. On attelle parfois les Kimmet à la queue leu leu, habituellement dans les secteurs plus boisés. Comme vous pouvez l’imaginer, par le passé, se débrouiller sans Kimutsik était très difficile et pouvait même être dangereux puisque cela limitait l’accès à la nuna/nunak, et donc, aux fournitures ou à la chasse.

Si de nombreux conducteurs de traîneaux donnent aujourd’hui à leur Kimutsik des commandements en anglais, d’autres utilisent toujours l’inuttut. Les commandements dans cette langue font d’ailleurs un retour dans certaines communautés, alors que les Inuit redécouvrent l’importance de parler leur langue ancestrale au quotidien. On peut entendre des conducteurs crier â! (arrête!), au/auk (à droite), ha’ra (à gauche), hau (viens), huit! (allez!) et kimmik (au pied). Remarquez l’importante distinction entre le K majuscule et le k minuscule dans l’orthographe en alphabet latin des mots en inuttut (dialecte du Labrador) : Kimmik signifie « chien », mais kimmik signifie « un talon » (d’où le commandement « au pied »). Les deux mots ne sont d’ailleurs pas prononcés de la même façon : le son initial du premier mot est plutôt semblable à un « h ».

Les Kimmet vivent généralement à l’extérieur toute l’année. Quand mon arrière-grand-mère était enfant, on voyait souvent des chiens de traîneau dormir sur le toit d’une illuk/illusuak (hutte de terre) en aujak (été). De nos jours, les chiens de traîneau sont dans des enclos ou près de la glace de mer. On les nourrit de KimmiKutitsiak/KimmiKautitsak (nourriture pour chiens), principalement composée de restes d’aliments traditionnels comme du caribou et de l’omble chevalier. L’utsuk (gras de phoque) procure aux Kimmet l’énergie dont ils ont besoin pour rester bien au chaud pendant les froids mois d’ukiuk (hiver) et donne une belle apparence à leur fourrure.

Hier et aujourd’hui

Les pionniers du Labrador ont assuré leur survie grâce aux Inuit, autant les guides en traîneaux à chiens que les résidents locaux. Fondée à la fin du 19e siècle par le Dr Wilfred Grenfell, la mission Grenfell était un organisme philanthropique qui fournissait des services médicaux et sociaux au Labrador. Elle n’aurait jamais pu joindre la majorité des communautés du Labrador et certaines autres du nord de Terre-Neuve sans des guides inuit et leurs Kimutset. Cette dépendance est évidente dans les nombreux journaux de la mission, bien que le Dr Grenfell ait fini par en apprendre suffisamment sur les chiens de traîneau pour se doter de son propre attelage.

Les Inuit continuent de s’adapter à un milieu en constante évolution. L’arrivée de la motoneige a sans conteste entraîné une baisse du nombre d’attelages de chiens, mais on peut toujours apercevoir des Kimutset traverser le Nunaat/Nunangat des Inuit. Le traîneau à chiens est devenu principalement un loisir, de même qu’une activité très prisée des touristes qui visitent le Nord. C’est une bonne nouvelle : le tourisme aide à faire vivre les conducteurs de traîneaux inuit, et donc à soutenir les familles, contribuant ainsi à la préservation des pratiques culturelles des Inuits. Des courses patrimoniales sont également tenues chaque année dans certaines communautés. Les Jeux d’hiver du Labrador ont également lieu tous les trois ans à Happy Valley–Goose Bay; toutes les communautés du Labrador peuvent y participer.

Photo noir et blanc montrant deux hommes se tenant de part et d’autre d’un traîneau chargé (milieu de la photo). Plus loin, on aperçoit un groupe de chiens harnachés tirant le traîneau vers la gauche. Dans le coin inférieur droit de la photo, on voit un garçon qui marche. À l’horizon, on voit une grande colline avec de la neige éparse.

Deux hommes inok/inuuk partant avec un Kimutsik depuis la baie, un garçon Inuk marchant à l’avant-plan, Nain, Nunatsiavut (Labrador), [1920-1922]. (e011369232-027_s2)

Vocabulaire

  • Anuk – harnais
  • Anuksak – harnais fait de peau de phoque
  • Kamutik – traîneau
  • Kimmet – huskies (chiens de traîneau)
  • Kimmik – husky (chien de traîneau)
  • kimmik – au pied (commandement donné aux chiens)
  • KimmiKutitsiak/KimmiKautitsak – nourriture pour chiens
  • Kimutset – attelages de chiens
  • Kimutsik – attelage de chiens
  • Utsuk – gras de phoque

Dictionnaire d’inuttut du Labrador


Jennelle Doyle était archiviste pour l’initiative Écoutez pour entendre nos voix de Bibliothèque et Archives Canada. Elle a grandi à Churchill Falls, au Labrador. Sa famille vient de la côte sud du Labrador et de l’île de Terre-Neuve

Groupes linguistiques dénés

À gauche, Tatânga Mânî [chef Walking Buffalo] [George McLean] monte à cheval et porte son costume traditionnel des Premières Nations. Au centre, Iggi et une fille échangent un « kunik », un baiser traditionnel dans la culture inuit. À droite, le guide métis Maxime Marion tient un fusil. À l’arrière-plan, il y a une carte du Haut et du Bas-Canada, ainsi qu’un texte de la collection Red River Settlement [colonie de la rivière Rouge].Ce blogue fait partie de notre programme De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada. Pour lire ce billet de blogue en Denesųłiné, visitez le livrel.

De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada est gratuit et peut être téléchargé sur Apple Books (format iBooks) ou sur le site Web de BAC (format EPUB). On peut aussi consulter une version en ligne au moyen d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un navigateur Web mobile; aucun module d’extension n’est requis.

par Angela Code

Les Dénés (également appelés Athabascans, Athabaskans, Athapascans ou Athapaskans) font partie du plus grand groupe de peuples autochtones en Amérique du Nord. Leurs territoires traditionnels couvrent quelque 4 022 000 km2 et s’étendent aux régions nord et ouest du continent. On dénombre environ 48 langues dénées distinctes et divers dialectes. Le déné, l’eyak et le tlingit sont des subdivisions de la famille linguistique na-dénée. Le haïda a déjà été considéré comme faisant partie de cette famille linguistique, mais on estime maintenant qu’il s’agit d’un isolat (langue ne pouvant être liée à d’autres langues). En 2008, plusieurs linguistes ont appuyé une proposition visant à associer le na-déné aux langues iennisseïennes de Sibérie centrale, ce qui agrandit encore la famille linguistique na-déné-iennisseïenne.

Les langues dénées sont classées en trois groupes : Nord, côte du Pacifique, et Sud.

Photo noir et blanc prise en plongée qui montre un grand groupe de personnes debout en formation ovale, aux extrémités allongées et devenant circulaire au centre du terrain. Derrière le groupe se trouvent quatre tentes blanches en toile; derrière ces tentes se trouve une forêt.

Danse de traité de membres de la Première Nation des Tłı̨chǫ (anciennement Flancs-de-chien), Behchokǫ̀ (anciennement Rae-Edzo ou Fort Rae), Territoires du Nord-Ouest, 1937.

Le groupe linguistique déné du Nord est réparti en Alaska, au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Nunavut, en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba. On dénombre 32 langues dénées du Nord : holikachuk, ingalik (degxit’an/deg hit’an), haut kuskokwim, koyukon, tanaina (dennina/dena’ina), ahtna, tannacross, haut tanana, moyen tanana, bas tanana, gwich’in (kutchin/loucheux), hän, tutchone du Nord, tutchone du Sud, kaska, tagish, tahltan, sekani (tsek’ene), beaver, dakelth (carrier), shutah (mountain), bearlake, hare, tłįchǫ yatiì (flanc-de-chien), slavey du Nord, slavey du Sud, dëne sųłiné (chipewyan), babine-witsuwit’en, Tŝilhqot’in (chilcotin), nicola, tsetsaut et tsuut’ina (sarcee).

Il y a neuf langues dénées de la côte du Pacifique, issues de l’État de Washington, de l’Oregon et de la Californie du Nord : hupa (hoopa chilula), mattole-Bear River, wailaki (Eel River), cahto, haut umpqua (etnemitane), basse Rogue River (tututni/coquille), haute Rogue River (galice-applegate), tolowa et kwalhioqua-clatskanie (willapa).

Photo noir et blanc d’une femme qui porte sur son dos un garçonnet. L’enfant est attaché à l’aide d’une ceinture tressée pour bébé placée en bandoulière sur la femme. Elle porte un châle foncé à larges franges, sourit et tourne le visage en direction du garçonnet. Derrière eux se trouve un bâtiment en rondins à un étage muni d’une cheminée.

Caroline Kaye (née Robert) porte son fils Selwyn dans une ceinture tressée pour bébé, Teet’lit Zheh (appelé également Fort McPherson), Territoires du Nord-Ouest, 1947.

Sept langues dénées du Sud sont parlées en Utah, au Colorado, en Arizona, au Nouveau-Mexique, au Texas, en Oklahoma et dans le nord-ouest du Mexique : navajo, apache occidental, apache des Plaines, lipan, jicarilla, chiricahua et mescalero.

Références


Angela Code a travaillé comme archiviste dans le cadre du projet Écoutez pour entendre nos voix de Bibliothèque et Archives Canada.

Carrioles et tuppies métis

À gauche, Tatânga Mânî [chef Walking Buffalo] [George McLean] monte à cheval et porte son costume traditionnel des Premières Nations. Au centre, Iggi et une fille échangent un « kunik », un baiser traditionnel dans la culture inuit. À droite, le guide métis Maxime Marion tient un fusil. À l’arrière-plan, il y a une carte du Haut et du Bas-Canada, ainsi qu’un texte de la collection Red River Settlement [colonie de la rivière Rouge].Ce blogue fait partie de notre programme De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada.

De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada est gratuit et peut être téléchargé sur Apple Books (format iBooks) ou sur le site Web de BAC (format EPUB). On peut aussi consulter une version en ligne au moyen d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un navigateur Web mobile; aucun module d’extension n’est requis.

par William Benoit

Le mot « carriole » désigne à l’origine un traîneau tiré par des chevaux, en particulier le traîneau léger et ouvert utilisé au Canada français. À l’époque de la traite des fourrures, cependant, les carrioles sont tirées par des chiens. Elles revêtent une importance particulière en hiver, car elles assurent le transport de personnes importantes, du courrier, de marchandises et de pelleteries.

Lithographie couleur de deux hommes marchant près d’un passager assis dans une carriole tirée par trois chiens.

Le gouverneur de la Compagnie de la Baie d’Hudson à bord d’une carriole tirée par des chiens, avec un guide des Premières Nations et un conducteur métis, rivière Rouge, 1825. (c001940k)

La carriole ressemble à un toboggan, avec des côtés en cuir et une ossature légère en planches de bouleau. Au début de l’hiver, on fait geler le cuir mouillé sur l’ossature; la carriole conserve ainsi sa forme pendant toute la saison froide. Après la fonte printanière, on retire le cuir, qui sert alors à d’autres fins. Au fil du temps, des motifs peints viendront orner les flancs des carrioles métisses.

Reproduction couleur montrant l’arrivée d’une carriole tirée par des chiens. Les voyageurs sont accueillis par un groupe d’hommes, de femmes et d’enfants rassemblés devant une maison.

Une carriole tirée par des chiens arrive au seuil d’une maison pour Noël, Manitoba, date inconnue. (e002291374)

La coutume consistant à pourvoir les chiens de traîneau de harnais ornementés et de couvertures brodées, appelées « tuppies » (du mitchif « tapi », lui-même dérivé du français « tapis »), voit le jour chez les Métis de la rivière Rouge dans la première moitié du 19e siècle. Les tuppies et les tiges en métal décorant les harnais sont ornés de gros grelots, de franges, de pampilles, de pompons et de plumes. On imagine facilement l’atmosphère de fête qui entoure l’arrivée des chiens de traîneau métis!


William Benoit est conseiller en engagement autochtone interne au bureau du bibliothécaire et archiviste du Canada adjoint à Bibliothèque et Archives Canada.

Histoires cachées

À gauche, Tatânga Mânî [chef Walking Buffalo] [George McLean] monte à cheval et porte son costume traditionnel des Premières Nations. Au centre, Iggi et une fille échangent un « kunik », un baiser traditionnel dans la culture inuit. À droite, le guide métis Maxime Marion tient un fusil. À l’arrière-plan, il y a une carte du Haut et du Bas-Canada, ainsi qu’un texte de la collection Red River Settlement [colonie de la rivière Rouge].Ce blogue fait partie de notre programme De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada.

De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada est gratuit et peut être téléchargé sur Apple Books (format iBooks) ou sur le site Web de BAC (format EPUB). On peut aussi consulter une version en ligne au moyen d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un navigateur Web mobile; aucun module d’extension n’est requis.

Par Ryan Courchene

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) détient une collection d’archives et de documents publiés si vaste et incroyable que vous ne pourrez jamais la consulter dans sa totalité. Chaque jour, on peut trouver des perles cachées en consultant le site Web de BAC ou en visitant l’un des divers édifices abritant des fonds d’archives répartis partout au Canada.

Le bureau de Winnipeg, où je travaille, contient à lui seul près de 9 150 m (30 000 pi) linéaires d’archives. Lors d’un voyage professionnel à Ottawa en 2016, j’ai eu l’occasion d’observer le travail d’employés des Services de référence du 395, rue Wellington. Sur place, j’ai constaté trois meubles à compartiments près du comptoir d’accueil et j’ai demandé ce qu’ils contenaient.

Photo couleur, prise depuis un corridor, d’une salle de référence que l’on voit à travers une paroi et deux portes vitrées.

La salle de référence de BAC, à Ottawa, vue depuis le corridor. À gauche, on voit les tiroirs des meubles à compartiments contenant des fiches de recherche avec des copies de photographies. Source : Tom Thompson

Photo couleur de quatre étagères en métal dotées de huit tiroirs coulissants contenant des fiches et des exemplaires de photographies ainsi que des renseignements de référence connexes.

Tiroirs des meubles à compartiments se trouvant dans la salle de référence, organisés par vedettes-matières et lieux géographiques et contenant des fiches de recherche avec des copies de photographies conservées dans les collections de BAC, à Ottawa. Source : Tom Thompson

On m’a alors indiqué qu’ils renfermaient de petites fiches qui illustraient des images de la collection, copiées de microfilms et de microfiches. Intrigué, j’ai décidé de jeter un coup d’œil aux fiches pendant la pause du dîner. Je suis bien vite tombé sur la collection Birth of the West [la naissance de l’Ouest], un ensemble comprenant des centaines de remarquables photos de l’Ouest canadien, la majorité étant des images autochtones d’Ernest Brown. Petites et de mauvaise qualité, les photos de ces tiroirs n’étaient en fait que des copies de leurs versions originales. Tout chercheur vous dira que cela peut être à la fois frustrant et utile au moment d’effectuer une recherche sur place. De nombreuses photographies répertoriées dans les fiches catalographiques n’ont jamais été numérisées, comme c’est le cas pour cette image de l’orignal. Dans de telles situations, les fiches fournissent un accès immédiat aux images sans avoir à commander le matériel original entreposé ailleurs.

Les photos de cette prestigieuse collection ne sont pas seulement saisissantes sur le plan visuel, mais exceptionnelles pour la mine de renseignements à caractère historique qu’elles représentent sur le Canada et les peuples de Premières Nations de l’Ouest. Même si la collection compte des centaines d’images, l’une d’entre elles a réellement retenu mon attention. Chaque fois que je la regarde, elle raconte une histoire qui évolue sans cesse.

Photo couleur d’une fiche catalographique au ton crème. La partie gauche comprend de l’information dactylographiée en noir et organisée selon diverses catégories. Une copie d’une photo noir et blanc présentée sur le côté montre un orignal équipé d’un harnais fixé à un travois, l’animal se tenant devant un tipi.

Fiche catalographique d’une copie d’une photo d’un jeune orignal équipé d’un harnais fixé à un travois et qui se tient devant un tipi, lieu inconnu, vers 1870-1910. Source : Tom Thompson

Cette photo montre une petite maison qui pourrait appartenir à une famille de Métis ou de Premières Nations, des couvertures suspendues pour sécher, quelques arbustes nus, un chaudron de nourriture près d’un feu de camp, un beau tipi et, bien sûr, un jeune orignal domestiqué équipé d’un harnais fixé à un travois. Un élément n’a pas capté mon attention au premier coup d’œil, mais est sans doute le plus important de la photo : on voit une main agrippant la corde attachée à l’orignal. Mon grand-père me racontait comment il avait défriché sa propre terre pour la cultiver et y élever du bétail. Est-ce que c’est ce qui se passe sur la photo? Sinon, que nous raconte-t-elle? Chaque fois que je regarde cette photo, diverses possibilités s’offrent à moi et soulèvent toujours plus de questions.

Détail d’une photo noir et blanc montrant la main d’une personne tenant une corde.

Détail de la photo d’un jeune orignal équipé d’un harnais fixé à un travois et qui se tient devant un tipi, lieu inconnu, vers 1870-1910. Source : Tom Thompson

Après avoir vu la photo de ce jeune orignal, j’en voulais un exemplaire. Comme je travaillais à rebours, il me fallait trouver l’image dans la collection pour savoir si elle avait déjà été numérisée, et dans le cas contraire, vérifier si l’obtention d’un exemplaire faisait l’objet de restrictions. Malheureusement pour moi, la photo n’était pas numérisée et j’ai préféré ne pas insister pour en obtenir un exemplaire.

Finalement, en 2019, il est venu à mon attention que l’on procédait à la numérisation de la collection d’Ernest Brown dans le cadre de l’initiative Nous sommes là : Voici nos histoires. La photo de l’orignal est l’une des 126 images de l’album intitulé Birth of the West [la naissance de l’Ouest]. Datant de la période 1870-1910, l’album comprend des photos prises dans les Territoires du Nord-Ouest (aujourd’hui le Manitoba, la Saskatchewan, l’Alberta et le Nunavut) et la Colombie-Britannique. En plus de numériser et de décrire entièrement cet album, l’équipe de l’initiative Nous sommes là : Voici nos histoires a numérisé plus de 450 000 images, y compris des enregistrements photographiques, des documents textuels et des cartes, dans le but de fournir un accès en ligne gratuit aux sources primaires. Aucun déplacement requis!

En octobre 2019, j’ai finalement pu commander un exemplaire. Je me réjouis de savoir que je possède le premier exemplaire imprimé de cette splendide photo numérisée. Aujourd’hui, elle est accrochée à l’un des murs de mon bureau.

Photo noir et blanc entourée d’une large bordure blanche et présentée sur une page gris foncé d’un album. La photo illustre un orignal équipé d’un harnais fixé à un travois, l’animal se tenant devant un tipi.

Jeune orignal équipé d’un harnais fixé à un travois, lieu inconnu, vers 1870-1910. Cette photo apparaît à la page 28 de l’album Birth of the West [la naissance de l’Ouest]. (e011303100-028)


Ryan Courchene est archvisite à la Direction des initiatives autochtones à Bibliothèque et Archives Canada.

Explorer l’histoire des peuples autochtones dans un livrel multilingue – Partie 2

À gauche, Tatânga Mânî [chef Walking Buffalo] [George McLean] monte à cheval et porte son costume traditionnel des Premières Nations. Au centre, Iggi et une fille échangent un « kunik », un baiser traditionnel dans la culture inuit. À droite, le guide métis Maxime Marion tient un fusil. À l’arrière-plan, il y a une carte du Haut et du Bas-Canada, ainsi qu’un texte de la collection Red River Settlement [colonie de la rivière Rouge].

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) a lancé De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada pour coïncider avec la première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, le 30 septembre 2021. Les essais contenus dans la première édition de ce livre électronique interactif et multilingue présentent une large sélection de documents d’archives et de publications, comme des revues, des cartes, des journaux, des œuvres d’art, des photographies, des enregistrements sonores et cinématographiques, ainsi que des publications. Les biographies des auteurs sont également incluses. Bon nombre de ces derniers ont enregistré des salutations audio personnalisées sur la page de leur biographie, dont certaines dans leur langue ancestrale. Les essais sont variés et, dans certains cas, très personnels. Les histoires que racontent les auteurs remettent en question le récit dominant. Nous avons inclus, outre les biographies, des notices biographiques des traducteurs en reconnaissance de leur expertise et de leurs contributions.

Le livrel De Nations à Nations a été créé dans le cadre de deux initiatives autochtones à BAC : Nous sommes là : Voici nos histoires et Écoutez pour entendre nos voix. Les essais ont été rédigés par Heather Campbell (Inuk), Anna Heffernan (Nishnaabe), Karyne Holmes (Anishinaabekwe), Elizabeth Kawenaa Montour (Kanien’kehá:ka), William Benoit (Nation Métisse) et Jennelle Doyle (Inuk) du bureau de BAC de la région de la capitale nationale. Ryan Courchene (Métis-Anichinabe), du bureau régional de BAC à Winnipeg, ainsi que Delia Chartrand (Nation Métisse), Angela Code (Dénée) et Samara mîkiwin Harp (nêhiyawak), archivistes de l’initiative Écoutez pour entendre nos voix, se sont joints à eux.

Cette édition comprend les langues ou dialectes autochtones suivants : anishinaabemowin, anishinabemowin, denesųłiné, kanien’kéha, mi’kmaq, nêhiyawêwin et nishnaabemowin. Les essais relatifs au patrimoine inuit sont présentés en inuttut et en inuktitut. En outre, le contenu du patrimoine inuit est présenté en inuktut qaliujaaqpait (orthographe romaine) et en inuktut qaniujaaqpait (syllabique inuktitut). Le livrel présente des enregistrements audio en mitchif patrimonial d’images sélectionnées dans des essais relatifs à la Nation Métisse.

Préparer un tel type de publication est une entreprise complexe en raison de défis techniques et linguistiques qui font appel à la créativité et à la flexibilité. Les avantages d’un contenu dirigé par des Autochtones l’emportent cependant sur toutes les complications. Avec l’espace et le temps dont ils ont bénéficié, les auteurs ont récupéré des documents pertinents pour leurs histoires et offert de nouvelles perspectives grâce à leurs interprétations. Les traducteurs ont donné un sens nouveau aux documents, en décrivant la plupart d’entre eux, sinon tous, pour la première fois dans les langues des Premières Nations, l’inuktut et le mitchif.

L’archiviste Anna Heffernan décrit ainsi l’expérience vécue lors de la recherche et de la rédaction de son essai concernant la tradition manoominikewin (récolte du riz sauvage) des Michi Saagiig Nishnaabeg (Ojibwas de Mississauga) : « J’espère que les gens de Hiawatha, de Curve Lake et des autres collectivités Michi Saagiig seront heureux et fiers de voir leurs ancêtres sur ces photos, et de les voir représentés en tant que Michi Saagiig, pas seulement en tant qu’ »Indiens ». »

Une page du livre électronique contenant trois images noir et blanc de personnes et montrant les différentes étapes de la récolte du riz sauvage.

Page tirée de l’essai d’Anna Heffernan, « Manoominikewin : la récolte du riz sauvage, tradition des Nishnaabeg », traduit en nishnaabemowin par Maanii Taylor. Image de gauche : homme des Michi Saagiig Nishnaabeg piétinant le manoomin, Pimadashkodeyong (lac Rice), Ontario, 1921 (e011303090). En haut à droite : femme des Michi Saagiig Nishnaabeg vannant du manoomin, Pimadashkodeyong (lac Rice), Ontario, 1921 (e011303089). En bas à droite : extraits de films muets montrant des hommes et des femmes ojibwas d’une collectivité non identifiée récoltant du manoomin, Manitoba, 1920-1929 (MIKAN 192664).

En réfléchissant à son expérience, l’archiviste Heather Campbell décrit ainsi l’incidence positive du processus :

« Lorsque l’on écrit sur nos collectivités, c’est rarement du point de vue d’une personne qui en fait partie. C’est un honneur d’avoir été invitée à écrire sur la culture inuit pour le livre électronique. J’ai pu choisir le thème de mon article, et on m’a fait confiance pour effectuer les recherches appropriées. En tant que personne originaire du Nunatsiavut, il était très important pour moi d’avoir la possibilité d’écrire sur ma propre région, en sachant que d’autres Nunatsiavummiut y trouveraient leur écho. »

Une page du livre électronique qui montre les pages d’un livre d’images, avec du texte écrit en inuktut qaliujaaqpait et en français.

Page tirée de l’essai de Heather Campbell, « Publications en inuktut », traduit en inuktut qaliujaaqpait par Eileen Kilabuk-Weber. On y voit des pages sélectionnées du livre Angutiup ânguanga / Anguti’s Amulet, 2010, écrit par le Central Coast of Labrador Archaeology Partnership, illustré par Cynthia Colosimo et traduit par Sophie Tuglavina (OCLC 651119106).

William Benoit, conseiller autochtone interne à BAC, a rédigé un certain nombre d’essais plus courts sur la langue et le patrimoine de la Nation Métisse. Chacun de ses textes peut être lu séparément; toutefois, collectivement, ils donnent un aperçu de divers aspects de la culture métisse. Il affirme ce qui suit : « Bien que la Nation Métisse soit le plus grand groupe autochtone au Canada, nous sommes incompris ou mal représentés dans le récit national général. Je suis reconnaissant d’avoir la possibilité de raconter quelques histoires sur mon héritage. »

Une page du livre électronique avec, à gauche, un texte en français, et à droite, une lithographie d’un paysage enneigé avec un homme assis dans une carriole (traîneau) tirée par trois chiens portant des manteaux colorés. À gauche, un homme vêtu d’une couverture et chaussé de raquettes marche devant les chiens. Un homme tenant un fouet et portant des vêtements typiques de la culture métisse (long manteau bleu, jambières rouges et chapeau décoré) marche à la droite du traîneau.

Page tirée de l’essai de William Benoit, « Carrioles et tuppies métis », avec un enregistrement audio en mitchif par Verna De Montigny, aînée métisse. Image représentant le gouverneur de la Compagnie de la Baie d’Hudson voyageant en carriole à chiens, avec un guide des Premières Nations et un meneur de chiens de la Nation Métisse, Rivière Rouge, 1825 (c001940k).

La création du livrel De Nations à Nations a été une entreprise importante et une expérience d’apprentissage positive. Ayant nécessité deux ans et demi d’élaboration, le livrel est véritablement le fruit d’un travail collectif qui a fait appel à l’expertise et à la collaboration d’auteurs des Premières Nations, des Inuit et de la Nation Métisse, des traducteurs en langues autochtones et des conseillers autochtones.

Je suis reconnaissante d’avoir eu l’occasion de collaborer avec tant de personnes formidables et dévouées. Un grand merci aux membres du Cercle consultatif autochtone, qui ont offert leurs connaissances et leurs conseils tout au long de la préparation de cette publication.

Dans le cadre du travail continu visant à soutenir les initiatives autochtones à BAC, nous présenterons les essais du livrel De Nations à Nations sous forme de billets de blogue. Nous sommes heureux d’amorcer cette série avec l’essai de Ryan Courchene, « Histoires cachées ».

De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada est gratuit et peut être téléchargé sur Apple Books (format iBooks) ou sur le site Web de BAC (format EPUB). On peut aussi consulter une version en ligne au moyen d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un navigateur Web mobile; aucun module d’extension n’est requis.


Beth Greenhorn est gestionnaire principale de projet à la Division des expositions et du contenu en ligne, à Bibliothèque et Archives Canada.

Tom Thompson est spécialiste en production multimédia à la Division des expositions et du contenu en ligne, à Bibliothèque et Archives Canada.

Explorer l’histoire des peuples autochtones dans un livrel multilingue – Partie 1

À gauche, Tatânga Mânî [chef Walking Buffalo] [George McLean] monte à cheval et porte son costume traditionnel des Premières Nations. Au centre, Iggi et une fille échangent un « kunik », un baiser traditionnel dans la culture inuit. À droite, le guide métis Maxime Marion tient un fusil. À l’arrière-plan, il y a une carte du Haut et du Bas-Canada, ainsi qu’un texte de la collection Red River Settlement [colonie de la rivière Rouge].Beth Greenhorn, en collaboration avec Tom Thompson

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) a récemment publié le livre électronique interactif et multilingue De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada. Ce livrel est le fruit de deux initiatives touchant le patrimoine documentaire autochtone, Nous sommes là : Voici nos histoires et Écoutez pour entendre nos voix. Il contient des essais rédigés par des collègues à BAC faisant partie des Premières Nations, des Inuit et de la Nation Métisse. Le processus de création de cette publication a été bien différent de tout ce que BAC a réalisé auparavant.

Au début, l’équipe du projet ne comptait que deux personnes : Tom Thompson, un spécialiste de la production multimédia, et moi-même. On m’avait demandé de coordonner un livre électronique (livrel) portant sur les documents autochtones conservés à BAC. Nous avions déterminé qu’il s’agissait d’un excellent moyen de présenter le contenu nouvellement numérisé et de la meilleure plateforme pour incorporer du matériel interactif, comme des documents audiovisuels. Un livrel offrait également la possibilité de présenter les langues et les dialectes autochtones.

Les travaux commencent peu de temps après que les Nations Unies déclarent 2019 Année internationale des langues autochtones. C’est dans cet esprit que nous amorçons alors des consultations auprès de nos collègues autochtones; les discussions sont aussitôt encourageantes.

À ce moment, notre intention de départ est de présenter du contenu d’archives et d’autres documents historiques créés par des Autochtones dans leurs langues ancestrales et conservés à BAC. Après plusieurs mois de recherches infructueuses, nous constatons qu’à l’exception d’un petit nombre de documents, il existe peu de contenu écrit dans les langues des Premières Nations ou en inuktut, la langue des Inuit. En ce qui concerne le mitchif, la langue de la Nation Métisse, il n’y a aucun document connu dans la collection préservée à BAC.

Compte tenu de cette réalité, l’équipe chargée du livrel doit alors adopter une nouvelle stratégie pour créer une publication qui appuie les langues autochtones, bien que les documents publiés et archivés aient été créés en grande partie par la société colonisatrice. Après plusieurs séances de remue-méninges, la réponse devient claire et s’avère étonnamment simple. Au lieu de mettre l’accent sur les documents historiques écrits en langue autochtone, les auteurs doivent d’abord choisir des éléments de la collection qu’ils trouvent significatifs, peu importe le média, puis en discuter dans leurs essais. L’étape suivante est de traduire chaque essai dans la langue autochtone représentée par les personnes décrites dans chaque section. Le contenu traduit dans une langue autochtone doit être présenté comme le texte principal, tandis que les versions française et anglaise deviennent secondaires.

Choisi par les auteurs, le titre De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada souligne le caractère distinct de chaque nation et la diversité des voix. En plaçant la voix des auteurs au premier plan, les histoires offrent une compréhension plus riche du monde grâce à la prise en compte des connaissances et des perspectives autochtones.

Puisque de nombreuses collectivités autochtones ne disposent que d’une connectivité Internet limitée, l’équipe de projet prend soin d’intégrer dans le livrel un contenu dynamique, chaque fois que cela est possible. Il s’agit notamment d’images en haute résolution, d’épisodes de baladodiffusion, de clips audio et de séquences de films. Une connexion Internet demeure nécessaire pour télécharger le livrel et accéder à certains contenus, dont les enregistrements de la base de données, les billets de blogue et les liens externes.

Une carte de l’Amérique du Nord avec des symboles placés d’un bout à l’autre du Canada.

Carte montrant l’Amérique du Nord avant l’arrivée des Européens, sans frontières géopolitiques. Les icônes font référence aux biographies et aux essais des auteurs du livrel. Image : Eric Mineault, BAC

À la suite d’une recommandation du Cercle consultatif autochtone à BAC, l’équipe de projet engage des experts en langues autochtones et des gardiens du savoir pour traduire les essais et les textes connexes dans le livrel. De toutes les tâches liées à la création de ce livre électronique, la recherche de traducteurs qualifiés restera l’une des plus difficiles, certes, mais aussi l’une des plus gratifiantes. Beaucoup de ces langues sont en péril; dans certains cas, elles sont même sur le point de disparaître. Alors que le travail de revitalisation de la langue commence dans de nombreuses collectivités pour créer des lexiques et des dictionnaires normalisés, on se rend vite compte que de nombreux mots en anglais sont sans équivalent dans les langues autochtones. Très souvent, les traducteurs doivent consulter les aînés de leur collectivité pour confirmer la terminologie et trouver un mot ou une expression transmettant le même sens, le même message.

En créant le livrel, BAC adopte un important changement de paradigme, soit celui de présenter la langue autochtone en tant que contenu principal, et de proposer le français et l’anglais comme textes secondaires. Pour souligner ce changement, les auteurs intègrent dans leurs essais des mots dans leurs langues ancestrales pour dépeindre les lieux, donner des noms propres et fournir des descriptions. La première occurrence d’un de ces mots s’accompagne de traductions en français ou en anglais entre parenthèses. Par la suite, seuls les mots autochtones sont utilisés pour toute référence ultérieure.

De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada est gratuit et peut être téléchargé sur Apple Books (format iBooks) ou sur le site Web de BAC (format EPUB). On peut aussi consulter une version en ligne au moyen d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un navigateur Web mobile; aucun module d’extension n’est requis.


Beth Greenhorn est gestionnaire principale de projet à la Division des expositions et du contenu en ligne, à Bibliothèque et Archives Canada.

Tom Thompson est spécialiste en production multimédia à la Division des expositions et du contenu en ligne, à Bibliothèque et Archives Canada.