Explorer l’histoire des peuples autochtones dans un livrel multilingue – Partie 1

À gauche, Tatânga Mânî [chef Walking Buffalo] [George McLean] monte à cheval et porte son costume traditionnel des Premières Nations. Au centre, Iggi et une fille échangent un « kunik », un baiser traditionnel dans la culture inuit. À droite, le guide métis Maxime Marion tient un fusil. À l’arrière-plan, il y a une carte du Haut et du Bas-Canada, ainsi qu’un texte de la collection Red River Settlement [colonie de la rivière Rouge].Beth Greenhorn, en collaboration avec Tom Thompson

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) a récemment publié le livre électronique interactif et multilingue De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada. Ce livrel est le fruit de deux initiatives touchant le patrimoine documentaire autochtone, Nous sommes là : Voici nos histoires et Écoutez pour entendre nos voix. Il contient des essais rédigés par des collègues à BAC faisant partie des Premières Nations, des Inuit et de la Nation Métisse. Le processus de création de cette publication a été bien différent de tout ce que BAC a réalisé auparavant.

Au début, l’équipe du projet ne comptait que deux personnes : Tom Thompson, un spécialiste de la production multimédia, et moi-même. On m’avait demandé de coordonner un livre électronique (livrel) portant sur les documents autochtones conservés à BAC. Nous avions déterminé qu’il s’agissait d’un excellent moyen de présenter le contenu nouvellement numérisé et de la meilleure plateforme pour incorporer du matériel interactif, comme des documents audiovisuels. Un livrel offrait également la possibilité de présenter les langues et les dialectes autochtones.

Les travaux commencent peu de temps après que les Nations Unies déclarent 2019 Année internationale des langues autochtones. C’est dans cet esprit que nous amorçons alors des consultations auprès de nos collègues autochtones; les discussions sont aussitôt encourageantes.

À ce moment, notre intention de départ est de présenter du contenu d’archives et d’autres documents historiques créés par des Autochtones dans leurs langues ancestrales et conservés à BAC. Après plusieurs mois de recherches infructueuses, nous constatons qu’à l’exception d’un petit nombre de documents, il existe peu de contenu écrit dans les langues des Premières Nations ou en inuktut, la langue des Inuit. En ce qui concerne le mitchif, la langue de la Nation Métisse, il n’y a aucun document connu dans la collection préservée à BAC.

Compte tenu de cette réalité, l’équipe chargée du livrel doit alors adopter une nouvelle stratégie pour créer une publication qui appuie les langues autochtones, bien que les documents publiés et archivés aient été créés en grande partie par la société colonisatrice. Après plusieurs séances de remue-méninges, la réponse devient claire et s’avère étonnamment simple. Au lieu de mettre l’accent sur les documents historiques écrits en langue autochtone, les auteurs doivent d’abord choisir des éléments de la collection qu’ils trouvent significatifs, peu importe le média, puis en discuter dans leurs essais. L’étape suivante est de traduire chaque essai dans la langue autochtone représentée par les personnes décrites dans chaque section. Le contenu traduit dans une langue autochtone doit être présenté comme le texte principal, tandis que les versions française et anglaise deviennent secondaires.

Choisi par les auteurs, le titre De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada souligne le caractère distinct de chaque nation et la diversité des voix. En plaçant la voix des auteurs au premier plan, les histoires offrent une compréhension plus riche du monde grâce à la prise en compte des connaissances et des perspectives autochtones.

Puisque de nombreuses collectivités autochtones ne disposent que d’une connectivité Internet limitée, l’équipe de projet prend soin d’intégrer dans le livrel un contenu dynamique, chaque fois que cela est possible. Il s’agit notamment d’images en haute résolution, d’épisodes de baladodiffusion, de clips audio et de séquences de films. Une connexion Internet demeure nécessaire pour télécharger le livrel et accéder à certains contenus, dont les enregistrements de la base de données, les billets de blogue et les liens externes.

Une carte de l’Amérique du Nord avec des symboles placés d’un bout à l’autre du Canada.

Carte montrant l’Amérique du Nord avant l’arrivée des Européens, sans frontières géopolitiques. Les icônes font référence aux biographies et aux essais des auteurs du livrel. Image : Eric Mineault, BAC

À la suite d’une recommandation du Cercle consultatif autochtone à BAC, l’équipe de projet engage des experts en langues autochtones et des gardiens du savoir pour traduire les essais et les textes connexes dans le livrel. De toutes les tâches liées à la création de ce livre électronique, la recherche de traducteurs qualifiés restera l’une des plus difficiles, certes, mais aussi l’une des plus gratifiantes. Beaucoup de ces langues sont en péril; dans certains cas, elles sont même sur le point de disparaître. Alors que le travail de revitalisation de la langue commence dans de nombreuses collectivités pour créer des lexiques et des dictionnaires normalisés, on se rend vite compte que de nombreux mots en anglais sont sans équivalent dans les langues autochtones. Très souvent, les traducteurs doivent consulter les aînés de leur collectivité pour confirmer la terminologie et trouver un mot ou une expression transmettant le même sens, le même message.

En créant le livrel, BAC adopte un important changement de paradigme, soit celui de présenter la langue autochtone en tant que contenu principal, et de proposer le français et l’anglais comme textes secondaires. Pour souligner ce changement, les auteurs intègrent dans leurs essais des mots dans leurs langues ancestrales pour dépeindre les lieux, donner des noms propres et fournir des descriptions. La première occurrence d’un de ces mots s’accompagne de traductions en français ou en anglais entre parenthèses. Par la suite, seuls les mots autochtones sont utilisés pour toute référence ultérieure.

De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada est gratuit et peut être téléchargé sur Apple Books (format iBooks) ou sur le site Web de BAC (format EPUB). On peut aussi consulter une version en ligne au moyen d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un navigateur Web mobile; aucun module d’extension n’est requis.


Beth Greenhorn est gestionnaire principale de projet à la Division des expositions et du contenu en ligne, à Bibliothèque et Archives Canada.

Tom Thompson est spécialiste en production multimédia à la Division des expositions et du contenu en ligne, à Bibliothèque et Archives Canada.

La rentrée littéraire est maintenant terminée : l’avez-vous vu passer?

Par Euphrasie Mujawamungu

Très tôt en automne ou plutôt à la fin de l’été,
Avant que les oiseaux petits et grands ferment leurs campings pour le Sud,
Bien avant la rentrée parlementaire,
Surtout à la veille de la rentrée scolaire,
Quelques salariés sont encore au soleil
Le magazine de la rentrée littéraire,
Attendu par les libraires, les lecteurs, … et surtout par les bibliothécaires,
Non pas pour annoncer la chute des feuilles, au contraire,
Des nouveautés, nouveaux romans, nouveaux vers, nouvelles façons de faire, et plus encore.

En réalité, les éditeurs publient en grande majorité à cette période afin d’être dans une position stratégique avantageuse de vente et de marketing. Ces quelques mois avant les fêtes de fin d’année donnent l’occasion aux lecteurs de faire du magasinage, de profiter des recommandations des autres amateurs de livres pour des cadeaux à offrir pour les fêtes. C’est aussi l’occasion pour les mordus de lecture de faire des provisions littéraires pour un cocooning automnal et hivernal plus savoureux.

C’est à cette période que les éditeurs et les libraires proposent des listes de candidats pour les différents prix, car ceux-ci sont majoritairement décernés en automne. Les livres ayant reçu des prix ou des mentions « coup de cœur » sont plus en demande par les lecteurs, voilà une raison de plus pour ne pas manquer la rentrée littéraire!

Rappelons que selon les dispositions de la Loi sur la Bibliothèque et les Archives du Canada, il est de la responsabilité de tout éditeur ou auteur de faire un dépôt légal de toutes les publications, quels qu’en soient le support et le format. Le dépôt légal permet à Bibliothèque et Archives Canada de rassembler, de préserver et de rendre accessible l’ensemble du patrimoine documentaire canadien publié.

Une photo couleur d’un chariot de livres. Il contient deux exemplaires de chaque livre.

Un chariot de nouveautés.

Beaucoup d’éditeurs et d’auteurs s’acquittent de leur obligation du dépôt légal dès la sortie de leurs publications. Voilà pourquoi c’est en automne que l’équipe du programme du dépôt légal reçoit un volume plus élevé de publications par rapport au reste de l’année.

Imaginez, la passion des auteurs, l’engouement des libraires et la vivacité des lecteurs!

Les livres sous toutes ses formes ont une place de choix, la bibliothèque, et surtout un personnel dévoué!

Nos coordonnées :

Dépôt légal
Bibliothèque et Archives Canada
395, rue Wellington
Ottawa (Ontario) K1A 0N4
Canada

Téléphone : 819-997-9565
Numéro sans frais (Canada) : 1-866-578-7777 (Sélectionnez 2+7+1)
Numéro sans frais (téléimprimeur) : 1-866-299-1699
Télécopieur : 819-997-7019

Courriel :
bac.Depotlegal-LegalDeposit.LAC@canada.ca
(dépôt légal d’une publication analogique ou sur support matériel)

bac.Depotlegalnumerique-DigitalLegalDeposit.lac@canada.ca
(dépôt légal d’une publication numérique)

bac.archivesweb-webarchives.lac@canada.ca
(collecte du Web)


Euphrasie Mujawamungu est bibliothécaire au sein de l’équipe du dépôt légal, Direction générale du patrimoine publié à Bibliothèque et Archives Canada.

De notre chambre forte des livres rares : Qu’est-ce qui rend un livre rare?

Lorsque vous entendez parler de « livres rares », vous faites peut-être référence à un vieux livre étant précieux et difficile à trouver. Il s’agit d’une bonne définition générale, mais examinons de plus près quelques facteurs qui permettent d’affirmer qu’un livre est « rare » :

Âge : Malgré que les vieux livres sont souvent plus rares que les livres récents, l’âge peut être relatif. Ce n’est qu’en 1751 qu’une première presse à imprimer est installée au Canada — environ 300 ans après l’impression des premiers livres en Europe. Il est possible qu’un livre imprimé en France en 1760 ne soit pas considéré très vieux. Par contre, dans une perspective canadienne, un livre imprimé au Canada la même année est extrêmement vieux. À Bibliothèque et Archives Canada (BAC), nous considérons que tous les documents imprimés au Canada avant 1867 sont suffisamment vieux pour faire partie de la collection de livres rares.

Provenance : La provenance d’un livre est son histoire : elle nous informe sur son origine et ses propriétaires. À titre d’exemple, un livre qui a déjà appartenu à une personne célèbre peut avoir une valeur ajoutée, particulièrement si son propriétaire l’a signé ou a écrit des notes dans les marges.

Photographie en couleur sur l’intérieur du plat recto d’un livre, avec l’inscription de William Lyon Mackenzie King datée du 8 septembre 1894 sur la page de droite. L’ex-libris Public Archives Canada/Archives publiques Canada est imprimé sur la page opposée.

Inscription de William Lyon Mackenzie King sur la première page du livre An Introduction to the History of the Science of Politics de Sir Frederick Pollock. Source

État de conservation : Un livre en parfait état est plus souhaitable qu’un livre dont la couverture est détachée et auquel il manque des pages. Les cartes, les illustrations ou encore une reliure très élaborée peuvent également ajouter à la rareté d’un livre. Les vieux livres ne conservent pas toujours leurs couvertures d’origine et on trouve fréquemment plusieurs exemplaires d’un même livre dont l’aspect extérieur est différent.

Rareté : S’il existe peu d’exemplaires d’un livre, il est, par définition, rare. Par exemple, les livres imprimés à moins de 300 exemplaires se retrouvent généralement dans la collection des livres rares de BAC, sans égard à leur date de publication.

Importance : Certains livres comme les premières éditions de romans connus, auront une plus grande valeur historique que d’autres livres. Toutefois, l’importance peut être subjective. Par exemple, un collectionneur peut accorder de la valeur à un ouvrage même si l’édition est peu connue, pour la raison qu’il a été écrit par l’un de ses auteurs préférés. D’autres personnes regarderont ce même ouvrage et ne lui trouveront aucune valeur.

Cela étant dit, un livre peut posséder l’ensemble de ces qualités et ne pas être pour autant considéré comme étant « rare » si personne ne s’y intéresse. En somme, la rareté, tout comme la beauté, se trouve souvent dans l’œil de celui qui observe.

Visitez notre album Facebook pour voir plus de photographies illustrant certains de ces points.

Restez à l’affût des prochains articles sur ce sujet en visitant notre blogue et partez à la découverte des joyaux cachés se trouvant dans la chambre forte des livres rares de BAC!