La liberté d’expression

Par Mary-Francis Turk

À Bibliothèque et Archives Canada (BAC), nous ne jugeons jamais un livre d’après sa couverture… ni son contenu! Nous tenons à ce que les lecteurs et les chercheurs aient accès à toutes les publications canadiennes. D’ailleurs, notre mandat établi dans le préambule de la Loi sur la Bibliothèque et les Archives du Canada met l’accent sur la préservation et la mise en accessibilité du patrimoine documentaire.

Les bibliothèques canadiennes sont chargées d’élaborer des politiques pour défendre la liberté de lire et de penser. En tant que bibliothèque nationale, BAC maintient une collection permanente de livres publiés, d’éditions anciennes et rares, et d’autres documents imprimés fort variés. Toute publication canadienne a sa place dans la collection nationale.

Grâce à son programme de dépôt légal, BAC se fait discrètement le champion de la lutte contre la censure. Ce programme vise à recueillir « tous les documents créés au Canada qui sont destinés à la vente ou à la distribution publique ». C’est un outil essentiel à notre disposition pour constituer une collection nationale inclusive, exhaustive et accessible. En collaborant avec les éditeurs, nous pouvons préserver les documents et les rendre accessibles aux générations futures.

Documents acceptés dans le cadre du dépôt légal

Les éditeurs et producteurs canadiens soumettent les documents suivants :

  • Livres (monographies)
  • Publications en série (revues, journaux, bulletins d’information, etc.)
  • Enregistrements de musique et vidéos
  • Livres audio
  • Partitions
  • Cartes
Affiche pour la Semaine de la liberté d’expression du 19 au 26 octobre 1986. Trois livres sont fermés par des étaux.

Affiche faisant la promotion de la lecture, produite par le Book and Periodical Development Council pour la Semaine de la liberté d’expression, en 1986. Bibliothèque et Archives Canada/Fonds Robert Stacey/e010758305. Crédit : Michael Hale / Susan Reynolds.

On pourrait penser que la censure est chose du passé. Pourtant, de nombreuses publications (site en anglais), dont certaines se trouvent dans la collection de BAC, ont été contestées au cours des dernières années :

  • En 2018, le livre Betty : The Helen Betty Osborne Story de David Alexander Robertson n’était pas recommandé pour les salles de classe en Alberta.
  • En 2016, le livre Pride : Celebrating Diversity and Community de Robin Stevenson a soulevé l’opposition lorsque l’auteure a visité des écoles au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique.
  • En 2011, une commission scolaire de l’Ontario a inclus le livre de Timothy Findley intitulé The Wars dans les cours d’anglais de 12e année. Cette décision a été remise en cause par des parents, mais la commission scolaire a finalement décidé de maintenir le livre dans le programme d’études secondaires.

Comme le démontre la liste d’ouvrages contestés (site en anglais) compilée par le Book and Periodical Council du Canada, la censure existe depuis toujours au pays. La Semaine de la liberté d’expression rappelle que l’accès aux publications ne doit pas être tenu pour acquis.

Il est essentiel de rendre les publications canadiennes accessibles au public et aux générations futures pour protéger leur liberté de pensée. C’est exactement ce que l’équipe du dépôt légal de BAC tâche de faire.

En cette période de réflexion sur la liberté d’expression et de pensée, il apparaît de plus en plus important de donner accès à toutes les publications canadiennes, partout au pays.

Pour en savoir plus sur la liberté d’expression et la censure au Canada, consultez les listes d’ouvrages en français et en anglais colligées par le Book and Periodical Council.

Autres ressources


Mary-Francis Turk est superviseure du dépôt légal à la Direction générale des archives privées et du patrimoine publié à Bibliothèque et Archives Canada.

Les cartes de la crête de Vimy (partie 2)

Par Ethan M. Coudenys

Nous sommes le 9 avril 1917. Une pluie froide s’abat sur la plaine de Douai, en France. Sur le front de l’Ouest, une opération militaire de grande envergure se prépare. De nombreux Canadiens sont réunis en prévision de l’attaque de la crête de Vimy, qui doit commencer à 5 h 30 précises. Environ le tiers des 30 000 hommes rassemblés pour l’attaque s’abritent dans des tunnels, à l’abri des regards des guetteurs allemands. À l’heure H, les troupes surgissent des tunnels et déclenchent un déluge de soufre et de feu sur l’ennemi qui tente de freiner leur avance.

Un tunnel éclairé par une ampoule électrique.

Le souterrain Grange sous la crête de Vimy, le 17 août 2022. Image courtoisie de l’auteur, Ethan M. Coudenys.

Les tunnels ont été aménagés en grande partie par les compagnies galloises des Royal Engineers. Les mineurs gallois sont généralement des professionnels. Ils creusent le sous-sol crayeux à 10 à 15 mètres de profondeur sous le champ de bataille, dans une obscurité presque complète. Une dizaine de kilomètres de tunnels relient la dernière tranchée canadienne à la ligne de front. En plus de cacher les forces rassemblées pour l’attaque, ce réseau facilite les communications et l’approvisionnement.

Si je me fie à mon expérience en tant que guide au Mémorial national du Canada à Vimy, il devait être extrêmement pénible de circuler dans ces tunnels pendant la Première Guerre mondiale. Souvent remplis d’eau, de chauves-souris et de rats, ils baignent dans une odeur pour le moins inhabituelle (et probablement bien pire à l’époque). Malgré les ampoules électriques disposées tous les 20 mètres environ, les sinueux tunnels sont sombres et bruyants. Comme la craie répercute très bien le son, les soldats entendaient distinctement les obus qui explosaient à la surface, les mineurs qui creusaient et les soldats et officiers qui passaient d’un tunnel à l’autre.

Pour éviter que les messagers et les officiers ne se perdent dans ce labyrinthe souterrain, des cartes ont été dessinées. Un seul tunnel, le souterrain Grange, est actuellement ouvert aux visiteurs au lieu historique national de la Crête-de-Vimy. Malgré les efforts du groupe Durand, une association de recherche qui explore les tunnels et les redoutes (ce qui n’est pas sans danger), aucun autre tunnel n’est ouvert au grand public pour l’instant. Le travail bénévole du groupe donne néanmoins des renseignements sur le réseau souterrain à cette époque de la guerre, car l’association cartographie les tunnels découverts en France et en Belgique et produit des rapports à ce sujet.

L’attaque sur la crête de Vimy se divise en deux étapes. La première, la mieux connue, est la prise de la crête par le Corps expéditionnaire canadien (CEC) sur une ligne de front de 12 kilomètres. Le CEC avait quatre grands objectifs, dont le principal était la colline 145, la plus haute partie de la crête. La seconde visait à prendre le Bourgeon (aussi appelé colline 119), qui a fini par donner son nom à cette étape de la bataille. C’était un poste solidement fortifié équipé d’un canon d’artillerie lourde et d’autres pièces d’artillerie. La colline était très facile à défendre pour les nombreux hommes qui s’y trouvaient, et elle aurait été fort utile aux troupes allemandes qui auraient cherché à reprendre le terrain perdu pendant la première étape.

Carte du plan de bombardement indiquant notamment les écrans de fumée.

Plan du barrage d’artillerie pour la bataille de la colline 119, aussi appelée le Bourgeon (MIKAN 3946966). Photo : Ethan M. Coudenys.

Cartographier le bombardement d’artillerie

Les attaques de la crête de Vimy et du Bourgeon sont les contributions canadiennes à la bataille d’Arras, une vaste opération militaire qui se déroule sur un front de 30 kilomètres principalement tenu par les Britanniques. Les brigades d’artillerie jouent un rôle essentiel dans cette offensive, les unités canadiennes et britanniques unissant leurs forces pour faciliter la progression de l’infanterie. Une telle opération exige une préparation extrêmement minutieuse et une ténacité à toute épreuve. Les unités d’artillerie doivent absolument suivre le même horaire et faire avancer le barrage d’obus de 100 mètres toutes les trois minutes. Chaque unité se voit remettre des cartes établissant l’horaire précis des changements dans la portée et la vitesse des tirs. Cette tactique reçoit le nom de barrage roulant.

Pour développer ce que nous avons brièvement expliqué dans la première partie, un barrage roulant est une tactique militaire créée en grande partie par les généraux britanniques et canadiens, après l’échec de l’appui d’artillerie à la bataille de la Somme, en France, de juillet à la mi-novembre 1916. Cette tactique consiste à lancer un mur d’obus dans le no man’s land, et à faire avancer ce barrage progressivement pour empêcher les forces ennemies de sortir de leurs abris et d’organiser une défense efficace avant l’arrivée des attaquants dans leurs lignes. Elle s’avère efficace pour éliminer les tireurs d’élite et les mitrailleuses ennemis au début de la bataille de la crête de Vimy. Selon l’auteur canadien Pierre Berton, le bombardement est si intense qu’il retentit jusqu’à Londres. Les soldats qui avancent sur ce terrain hostile ont l’impression que le ciel est recouvert de plomb tellement les obus sont nombreux.

Examinons maintenant les divers types de cartes remises aux forces d’artillerie sur la crête de Vimy. Pour l’assaut de la colline 145, l’infanterie et l’artillerie doivent absolument se synchroniser. Les commandants d’artillerie reçoivent les mêmes cartes que les unités d’infanterie afin de pouvoir évaluer la progression des diverses divisions et brigades, qui se trouvent parfois à plusieurs kilomètres.

Les officiers d’artillerie disposent de cartes montrant les principaux dispositifs de défense à détruire dans des zones cibles avant que l’infanterie n’arrive à portée de tir. Il peut s’agir de nids de mitrailleuse, de tireurs d’élite, de pièces d’artillerie ou de mortiers. Le plan d’attaque prévoit une attente substantielle entre les deux premières avancées. Par exemple, l’écart entre une ligne rouge et une ligne noire représente un intervalle d’environ 30 minutes, pendant lequel la deuxième vague de soldats et les troupes d’appui peuvent s’avancer. Autrement dit, l’artillerie vise des objectifs précis pendant un certain temps, s’arrête une demi-heure pour laisser l’infanterie progresser, puis reprend le tir sur des cibles plus éloignées. L’infanterie peut ainsi se reposer et fortifier les positions conquises, pendant que l’artillerie pilonne des fortifications défensives potentiellement dangereuses plus loin sur le front.

Sur le Bourgeon, la stratégie est très différente. L’artillerie utilise toujours le barrage roulant, mais elle adopte aussi deux nouvelles tactiques apparues et développées pendant la Grande Guerre. La première consiste à créer une sorte de « champ de la mort » : un intense feu d’artillerie oblige les défenseurs à sortir de leur abri et à se rendre dans un endroit découvert, où ils sont pris pour cibles par des mitrailleuses et l’artillerie. La seconde tactique est la création d’écrans de fumée. Des barils de pétrole en feu sont lancés sur le champ de bataille afin de créer un épais rideau de fumée noire pour cacher la progression de l’infanterie. Ces deux tactiques deviendront des marques de commerce des forces canadiennes, notamment à la bataille de la colline 70 à Lens, en France, du 15 au 25 août 1917, et à la troisième bataille d’Ypres (Passchendaele), en Belgique, du 31 juillet au 10 novembre 1917.

Le barrage roulant démontre son efficacité lors des premières attaques sur la colline 145. Par contre, la prise du Bourgeon est l’une des batailles les plus coûteuses de l’histoire militaire canadienne : plus de 10 000 hommes sont tués, blessés ou portés disparus.

Conclusion

 Cartographier les champs de bataille n’a rien de nouveau. De l’Empire romain aux guerres napoléoniennes, les généraux et les seigneurs de guerre ont toujours utilisé des cartes pour planifier les attaques et s’orienter sur les champs de bataille. Par contre, les cartes étaient généralement réservées aux officiers hauts gradés et aux militaires du rang.

À Vimy, les cartes du champ de bataille sont distribuées à grande échelle pour bien préparer les troupes et réduire la confusion au sein de l’infanterie. Même les lieutenants subalternes et les caporaux suppléants ont accès au plan d’attaque. Cette innovation des forces alliées pendant la Première Guerre mondiale assure l’énorme succès de l’attaque contre les positions allemandes sur les collines 145 (la crête de Vimy) et 119 (le Bourgeon) dans le cadre de la bataille d’Arras. Les cartes donnent des objectifs clairs et précis à chaque unité et montrent aux soldats, à l’artillerie et aux services d’appui les tactiques qu’il faut adopter pour prendre la crête. Le fruit de mois de préparation, elles jouent un rôle considérable dans la prise de la colline 145 par le CEC.

Autres ressources

  • Les cartes de la crête de Vimy (partie 1), un article de blogue d’Ethan M. Coudenys, Bibliothèque et Archives Canada
  • The Underground War: Vimy Ridge to Arras, par Phillip Robinson et Nigel Cave (OCLC 752679022)
  • Vimy, par Pierre Berton (OCLC 15063735)
  • Vimy 1917 : la guerre souterraine des Canadiens, par Dominique Faivre (OCLC 1055811207)

Ethan M. Coudenys est conseiller en généalogie à Bibliothèque et Archives Canada.

Les cartes de la crête de Vimy (partie 1)

Par Ethan M. Coudenys

La cartographie est la technique permettant de dessiner des cartes. Elle a joué un rôle essentiel dans la planification et la préparation des offensives et des dispositifs de défense pendant la Première Guerre mondiale. Les officiers hauts gradés et les militaires du rang planifiaient les principales batailles de France (comme celles de la Marne, de la Somme et de Verdun) à l’aide de grandes cartes. La cartographie a aussi joué un rôle important lors de la préparation de l’assaut du Corps expéditionnaire canadien (CEC) sur la colline 145, mieux connue sous le nom de crête de Vimy.

Groupe d’hommes franchissant des réseaux de barbelés pendant que des obus explosent à l’arrière-plan.

Canadiens avançant dans le réseau de barbelés allemands sur la crête de Vimy, avril 1917 (a001087).

Commençons par planter le décor. Avant la bataille de Vimy, le CEC participe à de nombreuses batailles en France et en Belgique. Il se distingue notamment en août et novembre 1916 à Flers-Courcelette (France), à environ 50 kilomètres de Vimy. Sous les ordres du lieutenant-général sir Julian Byng (qui deviendra feld-maréchal et gouverneur général), le CEC devient une force de frappe très efficace. En novembre 1916, les Canadiens se dirigent vers l’est de la ville française d’Arras. De là, ils commencent à préparer l’assaut sur la colline 145, où les forces allemandes ont mis près de trois ans à construire des tranchées lourdement fortifiées.

La bataille de la crête de Vimy commence le 9 avril 1917. Ce n’est pas une opération isolée; elle s’inscrit dans le cadre de la bataille d’Arras. Les Canadiens sont responsables des deux principaux théâtres des combats : la crête elle-même (la colline 145) et le Bourgeon (la colline 119). L’attaque est préparée dans ses moindres détails.

Avant que les Canadiens ne prennent leurs positions, à la fin de novembre 1916, des divisions françaises et marocaines ont déjà tenté de s’emparer de la crête de Vimy. Sans obtenir un succès complet, elles ont tout de même réussi à rapprocher les lignes alliées de la crête. Pendant la bataille de Verdun, les Britanniques prennent le contrôle de ces positions, agrandissant et renforçant les fortifications relativement faibles. Quand le CEC arrive sur le front de Vimy en novembre 1916, il profite de solides fortifications.

Carte montrant un réseau de tunnels et de cratères.

Carte 1 – champ de bataille de Vimy : réseau de tunnels et cratères dans le secteur de la ferme La Folie. Courtoisie d’Anciens Combattants Canada – Opérations européennes.

Quand les Canadiens se rendent à Vimy, c’est la première fois que l’ensemble du CEC part au combat. C’est un moment extrêmement important pour les soldats, mais aussi pour la jeune nation. Beaucoup considèrent que c’est le début de la construction d’une identité culturelle et nationale canadienne.

Pour mieux comprendre l’importance de la cartographie dans le cadre des combats, commençons par examiner quelques cartes actuellement exposées au Centre d’accueil et d’éducation du Mémorial national du Canada à Vimy, en France. Des guides canadiens (tous des étudiants dans des universités ou des collèges) y renseignent le public sur la bataille de Vimy, notamment sur les tunnels construits pour soutenir la progression des troupes canadiennes en avril 1917. Les cartes 1 et 2 montrent les tunnels et tranchées creusés pendant la bataille pour le contrôle de la crête.

Carte du champ de bataille de la crête de Vimy.

Carte 2 – Carte moderne du champ de bataille de la crête de Vimy. Courtoisie d’Anciens Combattants Canada – Opérations européennes.

Comment les cartes ont-elles été dessinées?

Pour les soldats d’infanterie canadiens, les cartes jouent un rôle crucial : elles aident à se retrouver et à atténuer le chaos dans un environnement où règnent constamment la peur, la confusion et la possibilité d’une mort imminente. Voyons comment les militaires recueillent l’information nécessaire à la création de ces cartes.

Au cours des mois qui précèdent la bataille, le CEC envoie des groupes de soldats dans les tranchées allemandes pour qu’ils en mémorisent la disposition et donnent de l’information sur l’emplacement des fortifications et des armes ennemies. Tantôt restreints, tantôt très imposants (jusqu’à 5 000 hommes ou plus), les groupes d’éclaireurs mènent leurs raids de novembre 1916 jusqu’à la veille de la bataille, en avril 1917. Les raids dans les tranchées sont extraordinairement périlleux, tant pour les attaquants que pour les défenseurs. Ils sont souvent menés de nuit et entraînent parfois de lourdes pertes des deux côtés.

De son côté, le Royal Flying Corps (ancêtre de la Royal Air Force) prend des photos aériennes pour repérer les fortifications et les lieux d’intérêt en prévision de l’assaut.

L’information essentielle ainsi recueillie est consignée sur des cartes détaillées comme la carte 3 ci-dessous. Souvent, les soldats qui ont mené les raids dessinent les cartes à la main, de mémoire.

Carte manuscrite des tranchées allemandes dessinées après un raid mené avant la bataille de la crête de Vimy.

Carte 3 – Carte manuscrite des tranchées allemandes dessinées après un raid mené avant la bataille de la crête de Vimy, en 1917 (MIKAN 4289412). Photo : Ethan M. Coudenys.

Quels étaient les types de cartes?

Carte d’un barrage d’artillerie dans la région de Vimy (France).

Barrage d’artillerie, 1re compagnie d’arpentage, Génie royal, près de Vimy, 1917 (e000000540).

Nous sommes très chanceux d’avoir accès à de nombreuses cartes de la Grande Guerre dans les collections de Bibliothèque et Archives Canada. Les cartes des tranchées sur le front de l’Ouest comptent parmi les plus populaires auprès des chercheurs. C’est émouvant de penser qu’elles sont le fruit d’énormes efforts, et parfois même du sang versé par des soldats, des ingénieurs et des pilotes. Elles ont été remises à de nombreux officiers subalternes et militaires du rang pour les aider à mener l’attaque du 9 avril 1917.

La première d’entre elles, peut-être la plus importante pour la percée, est celle du barrage d’artillerie. Pendant l’attaque de la crête de Vimy, l’artillerie canadienne, appuyée par de nombreuses unités de campagne britanniques, utilise la tactique du barrage roulant dans le but de paralyser la résistance des forces allemandes pendant que l’infanterie progresse derrière un mur d’obus. Le synchronisme et la précision sont essentiels pour éviter les pertes causées par des tirs amis.

Les unités d’artillerie se servent donc de cartes pour pilonner les lignes allemandes. Les cibles y sont indiquées avec précision, tout comme les quatre principaux objectifs que le CEC doit atteindre entre le 9 et le 12 avril 1917. Les cartes montrent que le barrage roulant doit progresser de 100 mètres toutes les trois minutes pour que les unités d’infanterie puissent suivre le mur de feu. On y trouve aussi des objectifs particulièrement importants, comme des fortifications, des nids de mitrailleuses, des mortiers et des entrepôts de munitions.

Carte détaillée de la crête de Vimy, sur le front de l’Ouest.

Carte en carton de format poche pour soldat d’infanterie, crête de Vimy, 1917 (MIKAN 4289412). Photo : Ethan M. Coudenys.

Les cartes les plus utilisées au cours de l’attaque à Vimy étaient celles remises aux unités d’infanterie. Il s’agissait de copies réduites des grandes cartes employées par les officiers hauts gradés pour planifier l’assaut. Elles comprenaient les objectifs de chaque peloton et compagnie. C’était un outil essentiel pour la planification et l’exécution de l’offensive. Elles aidaient les soldats à rester sur le droit chemin malgré le chaos provoqué par les tirs des canons et des fusils.

La nouvelle politique permettant à chaque soldat de transporter sa propre carte du champ de bataille peut sembler banale à première vue, mais elle a substantiellement contribué à la réussite du CEC lors de la bataille de la crête de Vimy.

Autres ressources

  • The Underground War: Vimy Ridge to Arras, par Phillip Robinson et Nigel Cave (OCLC 752679022)
  • Vimy, par Pierre Berton (OCLC 15063735)
  • Vimy 1917 : la guerre souterraine des Canadiens, par Dominique Faivre (OCLC 1055811207)

Ethan M. Coudenys est conseiller en généalogie à Bibliothèque et Archives Canada.

Pourquoi les déclarations du recensement de 1931 sont-elles organisées géographiquement?

À Bibliothèque et Archives Canada (BAC), nous recevons souvent des questions sur les raisons pour lesquelles les documents de nos collections sont organisés comme ils le sont.

En ce qui concerne les déclarations de recensement, nous expliquons généralement qu’en tant que dépôt d’archives, nous les acquérons telles qu’elles sont – même lorsque l’écriture est floue ou illisible – puisque ce sont des documents historiques. Nous nous efforçons également de maintenir l’ordre et le contexte de création des documents.

Ce n’est pas très compliqué de maintenir le classement d’origine des déclarations du recensement de 1931, car nous avons reçu 187 bobines de microfilm plutôt que 234 678 feuilles de papier. Sur les microfilms, les images des déclarations de recensement sont classées par province (d’est en ouest), puis par région nordique (d’ouest en est). L’explication est simple : le Bureau fédéral de la statistique a microfilmé les déclarations de recensement dans l’ordre des numéros de district du recensement et, à l’intérieur de chaque district, dans l’ordre des numéros de sous-district.

Quand BAC a numérisé ces documents d’archives, nous nous sommes assurés de respecter autant que possible le classement d’origine et le contexte de création. Par exemple, les images numérisées ont été regroupées en fonction des fiches de titre présentes dans les microfilms. Pour chaque groupe d’images numérisées, BAC a ajouté des métadonnées extraites de listes, compilées par le Bureau fédéral de la statistique, qui accompagnaient les déclarations du recensement.

Une fiche écrite à la main.

Exemple de fiche de titre qui a servi à classer les déclarations du recensement de 1931 sur microfilm. Cette fiche de titre concerne les huit pages de déclarations pour le sous-district 10 du district 3 (Queens) de l’Île-du-Prince-Édouard (MIKAN 5788729).

Cependant, cette explication ne répond pas à la question d’origine : pourquoi les déclarations du recensement de 1931 ont-elles été classées géographiquement (par districts et sous-districts de recensement) au départ?

Pour éclairer notre lanterne, tournons-nous vers le rapport administratif du Bureau fédéral de la statistique inclus dans le Septième recensement du Canada, 1931 – Volume 1 : Sommaire.

Premier élément de réponse : la finalité initiale du recensement du Canada. Les déclarations du recensement sont classées géographiquement parce que le recensement décennal déterminait la représentation à la Chambre des communes :

« Au Canada, le recensement a pour raison d’être immédiate et légale de déterminer la représentation à la Chambre des Communes fédérale. En vertu des dispositions de [la Constitution], la province de Québec doit toujours avoir le même nombre fixe de 65 représentants […] tandis que le nombre des députés attribués aux autres provinces est au prorata, en prenant comme base le chiffre de la population fixé par le recensement […] Le recensement canadien a donc pour objet essentiel de permettre au Parlement d’adopter une loi de remaniement des circonscriptions électorales. » [Page 32; c’est nous qui soulignons]

Ici, des précisions quelque peu techniques s’imposent. Au début du 20e siècle, des projets de loi sur la répartition modifient le nombre et les limites des circonscriptions fédérales, à la lumière des changements observés depuis le dernier recensement décennal et d’autres facteurs prévus dans la législation.

Carte des circonscriptions électorales fédérales dans les provinces des Prairies. Les frontières sont représentées par d’épais traits bleus, tandis que les noms sont écrits en lettres majuscules bleues. Les circonscriptions sont dessinées sur une carte montrant les cours d’eau, les lacs, les chemins de fer, les villes et les lignes du quadrillage.

Carte des circonscriptions électorales fédérales du Manitoba, de la Saskatchewan et de l’Alberta, tirée d’un atlas créé en 1924 par le ministère de l’Intérieur (e011315903)

Les nouvelles limites des circonscriptions électorales fédérales ont influencé les frontières des districts utilisés lors du recensement décennal suivant. Autrement dit, le lien entre une circonscription électorale fédérale et un district de recensement ressemble un peu à celui entre l’œuf et la poule.

L’œuf : Les limites des circonscriptions électorales fédérales établies dans la Loi sur la représentation de 1924.

La Loi sur la représentation de 1924, parfois appelée Loi sur la répartition, définit les circonscriptions pour l’élection fédérale suivante. La nouvelle répartition des circonscriptions est en partie fondée sur le dénombrement de la population et sur la répartition établie dans le plus récent recensement décennal (dans le cas présent, le sixième recensement du Canada, en 1921).

La Loi sur la représentation décrit les frontières officielles des circonscriptions électorales fédérales, sans les dessiner sur des cartes.

  • Pour lire ces descriptions, veuillez consulter la section « Élections et candidats » de la 17e législature sur le site de la Bibliothèque du Parlement. Il suffit de cliquer sur le nom de la circonscription désirée pour les élections générales du 28 juillet 1930, puis de défiler vers le bas jusqu’à la section « Information », et de lire la sous-section « S.C. 1924, c.63 », qui fait référence à la Loi sur la représentation.
  • Si la Loi sur la représentation ne comprend aucune carte, le ministère de l’Intérieur a réuni dans un atlas en 12 volumes les cartes des nouvelles circonscriptions électorales fédérales. Il y a deux manières de consulter les images numérisées de l’atlas : d’abord, la notice de catalogue sur les cartes des circonscriptions électorales fédérales de 1924, qui affiche des vignettes des cartes; ensuite, un outil de recherche dans les cartes du recensement de 1931, qui comprend des liens vers des cartes en haute résolution.

La poule : Les districts de recensement utilisés au recensement de 1931

Les districts de recensement de 1931 qui ont servi au dénombrement correspondent généralement aux circonscriptions électorales fédérales établies dans la Loi sur la représentation de 1924 :

« Pour les fins du recensement, la Loi de la statistique exige que le pays soit d’abord divisé en “districts de recensement” correspondant, autant que possible, aux circonscriptions électorales fédérales de l’époque, étant donnée l’association du recensement avec la représentation parlementaire. » [Page 51]

Par contre, au moins huit circonscriptions électorales sont « trop vastes ou d’une nature physique ou économique trop variée » pour que le dénombrement soit réalisable. Chacune d’entre elles a donc été divisée en deux ou trois districts de recensement (au Québec, Charlevoix-Saguenay, Gaspé, Labelle et Pontiac; en Ontario, Port Arthur-Thunder Bay; en Alberta, Peace River; et en Colombie-Britannique, Cariboo et Comox-Alberni). D’autres régions à dénombrer ne faisaient partie d’aucune circonscription électorale fédérale (par exemple les Territoires du Nord-Ouest et les navires de la Marine royale canadienne).

La population dénombrée grâce au septième recensement du Canada, en 1931, a ensuite servi à déterminer la nouvelle répartition des circonscriptions électorales fédérales.

L’œuf : Circonscriptions électorales fédérales établies dans la Loi sur la représentation, 1933

C’est en raison de cette influence mutuelle – l’œuf ou la poule! – que BAC remplace souvent des cartes de districts de recensement par des cartes de circonscriptions électorales fédérales quand vient le temps de consulter les déclarations de recensement du début du 20e siècle. Pour le recensement de 1931, les cartes des circonscriptions électorales fédérales fixées dans la Loi sur la représentation de 1924 sont utilisées. En 2028, nous nous servirons probablement des cartes des circonscriptions fédérales électorales établies dans la Loi sur la représentation, 1933 pour parcourir les déclarations du recensement réalisé en 1936 dans les provinces des Prairies, une fois ces déclarations transférées à BAC.

Second élément de réponse : La logistique était une autre raison de classer géographiquement les déclarations de recensement.

Comme la plupart des recensements de la population, celui du Canada de 1931 visait à dénombrer une seule fois chaque personne vivant à l’intérieur des frontières du pays. À cette fin, le territoire du Dominion du Canada et les navires de la Marine ont été divisés en 15 167 unités de dénombrement. Une unité géographique de dénombrement, appelée sous-district de recensement, était affectée à un seul énumérateur (dans la plupart des cas) chargé de dénombrer chaque personne vivant dans ce sous-district de recensement.

Quatre personnes interagissent dans un paysage hivernal.

Réalisation du dénombrement en 1961 : un membre de la GRC discute avec trois personnes d’une communauté inuite pour recueillir des renseignements pour le recensement (e011177562)

« [L’énumérateur est] le seul fonctionnaire du recensement qui soit en contact direct avec la population. Il [ou elle] va de maison en maison et de ferme en ferme. C’est lui [ou elle] qui est responsable, en premier lieu, des renseignements inscrits sur les formules du recensement. Afin qu’un travail suffisant mais pas trop accablant soit confié à chaque énumérateur (l’expérience a démontré que la population à recenser doit être de 600 à 800 âmes dans les régions rurales ordinaires, et de 1,200 à 1,800 dans les agglomérations urbaines), […] il faut s’écarter en plusieurs cas des limites électorales […] et les arrondissements de scrutin ne conviennent pas toujours pour les fins des sous-districts de recensement. Dans tous ces cas, cependant, la division est effectuée de façon à permettre la compilation des résultats sous la forme requise pour les fins de la loi. » [Page 51]

L’établissement des frontières géographiques n’est pas une mince tâche :

« La délimitation et la définition des districts et sous-districts de recensement représentent un labeur considérable; cette tâche est entreprise environ deux ans avant la date du dénombrement. On ne se contente pas des conditions révélées par le recensement antérieur, mais on consulte les fonctionnaires locaux afin que nulle région habitée ne soit oubliée ou laissée sans l’organisation qui lui convient le mieux. » [Page 51]

La tâche de trouver une déclaration particulière 92 ans après le recensement de 1931 peut sembler intimidante, surtout dans des déclarations classées géographiquement (par districts et sous-districts de recensement). Pour vous donner un coup de main, les billets de blogue « Les sous-districts du recensement de 1931 : comment s’y retrouver? » (partie 1 et partie 2) décrivent les approches utilisées à BAC pour parcourir les 15 167 sous-districts utilisés pour le dénombrement lors du recensement de 1931.

Les sous-districts du recensement de 1931 : comment s’y retrouver? – partie 2

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certaines personnes pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

Le présent blogue est la partie 2 de la série Les sous-districts du recensement de 1931 : comment s’y retrouver? Si ce n’est pas déjà fait, nous vous encourageons vivement à lire la partie 1 de ce billet de blogue. Elle vous fournira différents outils qui vous aideront à trouver le district de recensement dans lequel se trouvait peut-être votre lieu d’intérêt en 1931.

En guise de rappel, pour trouver les déclarations de recensement de 1931 liées à un lieu d’intérêt particulier, vous devez affiner les résultats de votre recherche en respectant l’ordre suivant :

  1. la province ou le territoire;
  2. le district de recensement ou la circonscription électorale fédérale;
  3. le sous-district de recensement.

Dans le présent billet de blogue, nous examineront de plus près la troisième étape.

ÉTAPE 3. Déterminer le sous-district de recensement

Chaque district du recensement de 1931 était divisé en de nombreux sous-districts (de 3 à 148 sous-districts) aux fins de recensement. La majorité des districts de recensement étaient divisés en au moins 50 sous-districts.

Cependant, à ce que l’on sache, il n’existe aucune carte précisant les limites des sous-districts du recensement de 1931. Pour déterminer dans quel sous-district un lieu d’intérêt a été recensé, il est nécessaire d’utiliser un des outils ci-dessous :

  1. les répertoires de rues (de 11 grandes villes);
  2. les instruments de recherche de « réserves indiennes » (Premières Nations);
  3. les descriptions écrites des limites des sous-districts.

Si le lieu qui vous intéresse ne se trouvait pas dans une grande ville ou une réserve des Premières Nations en 1931, passez directement au troisième outil, c’est-à-dire les descriptions écrites des limites des sous-districts.

Outil 1 : Répertoires de rues

Des répertoires sont offerts pour Halifax (N.-É.), Saint John (N.-B.), Québec (Qc), Montréal (Qc), Toronto (Ont.), Hamilton (Ont.), London (Ont.), Winnipeg (Man.), Edmonton (Alb.), Calgary (Alb.) et Vancouver (C.-B.). Les répertoires de rues recensent les noms de rue et indiquent dans quels districts et sous-district(s) de recensement ces rues ont été recensées.

Les répertoires d’Hamilton et de Calgary sont propres au recensement de 1931. Les répertoires des autres villes s’étendent sur de nombreuses années de recensement. Dans ces répertoires, si vous souhaitez seulement trouver les numéros de districts du recensement de 1931, consultez seulement les entrées qui commencent par « 31 ». Les numéros qui suivent sont les numéros du district et du sous-district, respectivement, pour le recensement de 1931. Par exemple, si nous cherchons un lieu d’intérêt qui se trouve sur le chemin de la Côte-des-Neiges à Montréal, dans le district de recensement de Mont-Royal (district de recensement no 84), nous trouvons :

Entrées dactylographiées du district de la « Côte des Neiges » extraites du répertoire des rues de Montréal.

Extrait du répertoire de rues de Montréal (instrument de recherche 31-80)

Les numéros sur la première ligne de l’image ci-dessus – « 31–84–39, 40, 41, 43, 44, 45 » – indiquent que, en 1931, le chemin de la Côte-des-Neiges était recensé dans le district de recensement no 84 ainsi que les sous-districts no 39 à 41 et 43 à 45.

Remarque : les noms des rues dans les répertoires sont historiques, c’est-à-dire qu’ils ont généralement été écrits par le recenseur à l’époque.

Attention : certaines rues ont été écrites de diverses façons et apparaissent donc dans différentes parties du répertoire de rues, qui est classé en ordre alphabétique. Dans le cas du chemin de la CôtedesNeiges à Montréal, les entrées se trouvent dans trois parties séparées du répertoire de Montréal puisque le nom de la rue a été écrit des trois façons suivantes : « Côte-des-Neiges », « Côte des Neiges » et « Cote des Neiges ».

Outil 2 : Instrument de recherche de « réserves indiennes » (Premières Nations)

Une liste de réserves classées selon leurs districts et sous-districts du recensement de 1931 est accessible. Cet instrument de recherche non vérifié pourrait être utile si votre lieu d’intérêt se trouvait dans une réserve des Premières Nations ou était une réserve des Premières Nations en 1931. Nous travaillons actuellement à adapter l’instrument de recherche préexistant afin d’inclure une terminologie respectueuse.

Outil 3 : Descriptions écrites des limites des sous-districts

Les descriptions écrites des limites des sous-districts ont été compilées par le Bureau fédéral de la statistique. Ces descriptions ont été transcrites dans des instruments de recherche pour chaque province et territoire : Î.-P.-É., N.-É., N.-B., Qc, Ont., Man., Sask., Alb., C.-B., Yn, T.N.-O.

Remarque : d’autres transcriptions de descriptions de sous-districts de certaines grandes villes pourraient suivre.

Vous pourriez commencer par rechercher des mots-clés liés à votre lieu d’intérêt dans l’instrument de recherche d’une province ou d’un territoire. Par exemple, dans l’instrument de recherche des descriptions de sous-districts du Manitoba, si vous cherchez le mot « Birtle », vous obtiendrez trois résultats dans le district de recensement « Marquette » : le sous-district no 25 de « Birtle (Town) » [Birtle (Ville)], le sous-district no 24 « Township 17 in range 26 west of the principal meridian exclusive of town of Birtle » [Comté no 17 dans le rang 26 à l’ouest du méridien principal exclusif de la ville de Birtle] et le sous-district no 63 du pensionnat du même nom. Vous pourriez aussi choisir d’examiner un district de recensement en particulier (comme « Marquette »), puis de parcourir toutes les descriptions de sous-districts compris dans ce district de recensement.

Extrait d’un instrument de recherche pour le Manitoba. L’extrait comprend plusieurs noms et descriptions de sous-districts qui font partie du district de recensement « Marquette ». Deux occurrences du mot « Birtle » sont surlignées.

Extrait de l’instrument de recherche des déclarations du recensement de 1931 du Manitoba (instrument de recherche 31–80)

La caractérisation des sous-districts de recensement varie énormément. Les descriptions peuvent référer à des cantons, à des municipalités, à des quartiers municipaux, à des sections de vote, à des réserves, à des paroisses, à des méridiens, à des rangs, à des lots, à des routes, à des îles, à des rivières, etc. Pour comprendre les descriptions, il sera peut-être nécessaire de consulter des cartes locales de l’époque ou de se renseigner sur les géographies locales, provinciales ou fédérales utilisées dans le cadre du recensement de 1931 (p. ex. les limites municipales pourraient avoir été établies conformément à des lois provinciales contemporaines).

Parfois, les descriptions des sous-districts ne nous permettent pas de limiter la recherche à un seul sous-district. Pour bien illustrer ce que l’on entend par cela, nous pouvons examiner les descriptions de sous-districts du district de recensement de Mont-Royal.

Une carte dactylographiée énumérant les rangs des sous-districts du district de Mont-Royal, au Québec, en 1931.

La description de travail du Bureau fédéral de la statistique des sous-districts du district no 84 de Mont-Royal (tiré de documents inclus dans le transfert des déclarations du recensement de 1931 à Bibliothèque et Archives Canada). Bibliothèque et Archives Canada/Fonds de Statistique Canada/District 84, Mont-Royal, Québec, 1931

Les descriptions des sous-districts de Mont-Royal font en sorte qu’il est difficile de cerner un seul sous-district pertinent. Si vous vous trouvez dans cette situation, vous avez les deux options suivantes :

  1. parcourir les déclarations du recensement pour trouver tous les sous-districts pertinents;
  2. filtrer les résultats en utilisant d’autres outils de travail comme des annuaires de ville, qui pourraient comprendre des listes de quartiers, ou en utilisant des outils supplémentaires comme des répertoires de rues, ce qui pourrait s’avérer être la meilleure approche dans le cas de Montréal.

Il arrive parfois que des descriptions supplémentaires des sous-districts se trouvent sur la petite carte qui précède les déclarations du recensement du sous-district. Des versions numérisées des descriptions de travail originales des sous-districts du Bureau fédéral de la statistique sont offertes en ligne, et, bien qu’elles soient complexes, elles peuvent être utilisées aux fins de dépannage. Pour examiner ces versions numérisées, ouvrez la description archivistique des déclarations de recensement du Canada de 1931 dans la recherche de collections, faites afficher les détails, ouvrez la section des instruments de recherche et faites défiler l’écran vers le bas.

Autres ressources

  • Pour en apprendre plus sur le réseau de cantons, de rangs et de méridiens utilisé dans les trois provinces des prairies et la ceinture ferroviaire de la Colombie-Britannique, consultez la section intitulée Description du système d’arpentage des terres de l’Ouest canadien sur la page d’accueil de notre base de données sur les Concessions des terres de l’Ouest canadien.
  • Le blogue intitulé Trouver Royalton : une recherche dans le Recensement de 1921 décrit la façon dont une employée trouve de petits hameaux ruraux ou des villages non constitués. Le contenu du blogue offre des renseignements et des idées sur la meilleure façon de surmonter des impasses.
  • Si vous avez déjà trouvé votre lieu d’intérêt parmi les déclarations du recensement du Canada de 1921 ou du recensement des provinces des Prairies de 1926, songez à consulter les descriptions de sous-districts de ces recensements dans l’outil Recherche dans les recensements. Cela pourrait vous aider à vous retrouver dans les descriptions de sous-districts du Recensement de 1931.

Nous souhaitons à tous la meilleure des chances dans vos recherches de personnes et d’endroits du passé.

Comme toujours, n’oubliez pas que nous pouvons vous aider! Communiquez avec notre équipe de généalogie en remplissant notre formulaire Poser une question de généalogie.

Attendez-vous à des surprises!

Par Forrest Pass

Qu’est-ce que des cartographes inuit, le compositeur allemand Ludwig van Beethoven, un célèbre faussaire de timbres italien et des espions soviétiques peuvent bien avoir en commun? C’est simple : tous ont des œuvres conservées dans la collection de Bibliothèque et Archives Canada! Leurs artefacts, et bien d’autres encore, sont présentés dans l’exposition Inattendu! Trésors Surprenants de Bibliothèque et Archives Canada, inaugurée au Musée canadien de l’histoire le jeudi 8 décembre 2022. Les visiteurs auront le privilège d’admirer de nombreux articles que l’on ne s’attend guère à retrouver dans la bibliothèque et les archives nationales du Canada.

Quelque 40 documents originaux, cartes, photographies, livres rares et œuvres d’art sont au menu. Les lecteurs assidus du blogue savent déjà que les chercheurs et notre personnel trouvent souvent des surprises dans la collection, une source inépuisable d’histoires insolites à raconter. Inattendu! vous propose de grands classiques, mais aussi de nouvelles trouvailles qui n’avaient encore jamais été exposées.

Papier ligné portant du texte manuscrit à l’encre noire, avec des mots biffés en rouge.

Un agent secret reçoit des directives de ses supérieurs. En 1945, les autorités canadiennes reçoivent des documents d’espionnage soviétiques comme celui-ci, ce qui contribue au déclenchement de la Guerre froide. (e011316511_s1)

L’exposition se divise en trois thèmes. Le premier, « Merveilles », présente des artefacts qui intriguent ou fascinent leur public depuis leur création. Les visiteurs apprendront comment une composition manuscrite de Beethoven a abouti au Canada et découvriront à quoi ressemblait la réalité virtuelle au 18e siècle. En outre, deux visions opposées de l’Arctique seront présentées : celle d’un cartographe européen qui n’a jamais visité la région, mais qui pallie cette lacune avec une vive imagination, et celle de deux cartographes inuit profondément enracinés dans ce territoire.

Une rue où se trouvent des bâtiments roses, verts et beiges, des soldats, un chien, un cheval et un chariot.

La perspective adoptée sur ce dessin imaginaire d’une rue de Québec apparaît en trois dimensions lorsqu’elle est regardée à l’aide d’un zograscope. Un appareil de ce type a été reconstitué pour l’exposition afin que les visiteurs puissent vivre une expérience de réalité virtuelle fort à la mode dans les années 1770. (e011309357)

Dans le deuxième thème, « Secrets », l’exposition examine comment et pourquoi les gens gardent des secrets, et comment ils s’y prennent pour les divulguer aux personnes qui ont besoin de savoir. Les visiteurs pourront déchiffrer une lettre d’amour codée, s’interroger sur le symbolisme d’un tableau rituel maçonnique peint il y a des siècles, et comprendre pourquoi un archiviste fédéral a tenté d’inscrire des chats sur la liste de paie du gouvernement.

Le troisième et dernier thème, « Mystères », propose des questions non résolues. Les visiteurs auront la chance d’analyser un dossier d’enquête sur un OVNI et de contempler la « carte dans une tête de fou », imprimée au 16e siècle. Probablement l’une des cartes les plus étranges jamais dessinées!

Deux timbres jaunes placés en diagonale sur une page. Une étampe à l’encre bleue est apposée sur chacun.

Un de ces timbres de 1851 du Nouveau-Brunswick est une contrefaçon. Pouvez-vous le reconnaître? (e011309360 et e011309361)

Certains artefacts de l’exposition sont amusants, d’autres sont étranges, et d’autres encore suscitent la réflexion. Mais tous révèlent quelque chose d’important sur le passé, pourvu qu’on ne s’arrête pas à leur côté insolite. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont fait leur chemin jusqu’à la collection de Bibliothèque et Archives Canada!

Inattendu! est le dernier volet d’une série d’expositions organisées par Bibliothèque et Archives Canada en partenariat avec le Musée canadien de l’histoire. En tant que conservateur, j’ai eu le plaisir et l’honneur de collaborer avec une équipe multidisciplinaire réunissant des professionnels des expositions et des collections des deux institutions. En plus d’accueillir l’exposition, le Musée a exploité son expertise du développement créatif et de la scénographie pour créer une ambiance rappelant celle des romans policiers et des films d’espionnage du milieu du siècle dernier. Il a aussi créé des éléments interactifs pour aider les visiteurs à mieux comprendre et apprécier les artefacts.

Inattendu! Trésors Surprenants de Bibliothèque et Archives Canada sera à l’affiche au Musée canadien de l’histoire jusqu’au 26 novembre 2023. Au cours des prochains mois, ce blogue et les comptes de médias sociaux de Bibliothèque et Archives Canada donneront plus de détails sur les formidables trésors exposés. C’est à ne pas manquer!


Forrest Pass est conservateur dans l’équipe des Expositions de Bibliothèque et Archives Canada.

Des montagnes de mouches noires

Par Martha Sellens

Toutes les facettes de mon travail d’archiviste me passionnent, mais la plus palpitante est la résolution de mystères, surtout quand le résultat est tout à fait imprévu. Un récent mystère que j’ai résolu combine œuvre d’art et mouches noires – et je ne parle pas ici de visiteurs inattendus (ou indésirables!) dans une chambre forte de Bibliothèque et Archives Canada (BAC).

Le point de départ : deux estampes de la Commission géologique du Canada (pièces 5067117 et 5067118). Je travaillais à améliorer leur description dans notre base de données pour qu’on puisse les trouver plus facilement au moment d’effectuer une recherche dans la collection. Les estampes datent de 1883, et leur acquisition remonte à si loin – avant 1925! – qu’il n’y avait presque aucun renseignement à leur sujet dans nos dossiers.

Je me suis donc mise à prospecter. Il s’agissait d’images panoramiques aussi hautes qu’un livre format standard et presque aussi larges que l’envergure de mes bras. Toutes deux étaient des copies d’un même dessin montrant les monts Notre Dame ou Shickshock [aujourd’hui, les monts Chic-Chocs] dans la péninsule de la Gaspésie, au Québec. Mon enquête était simplifiée du fait que le titre, le nom de l’artiste et le nom de l’imprimeur figuraient sur les estampes. J’ai donc aussitôt pu faire le lien avec le rapport préparé par A. P Low au terme de son expédition pour la Commission géologique du Canada (CGC), en 1883.

Estampe noir et blanc d’un dessin montrant une série de monts arrondis. On peut voir des arbres et de l’herbe à l’avant-plan. L’estampe porte un titre, et les points cardinaux sont indiqués en petits caractères le long du bord supérieur.

Photolithographie panoramique des monts Notre Dame ou Shickshock [Chic-Chocs], péninsule de la Gaspésie, Québec. Dessin de L. Lambe réalisé à partir d’une esquisse d’A. P. Low tirée du rapport qu’il a préparé en 1883 pour la Commission géologique du Canada. Les exemplaires conservés par BAC (R214-2887-9) n’ont pas encore été numérisés. Image reproduite avec l’aimable autorisation de Ressources naturelles Canada (GEOSCAN).

À l’été 1883, A. P. Low dirige une petite équipe d’arpenteurs dans la péninsule de la Gaspésie pour étudier la géologie de la région, ainsi que pour améliorer les cartes du coin et en créer de nouvelles. À l’époque, la CGC est souvent la première à envoyer des équipes d’arpentage dans une région, et elle réalise très vite que la documentation des caractéristiques géographiques passe nécessairement par la création de cartes. Dans son rapport, A. P. Low décrit certaines des tâches quotidiennes et des découvertes scientifiques de son équipe. Le rapport a été publié dans un ouvrage de 800 pages réunissant tous les rapports des activités de la CGC de 1882 à 1884. On peut télécharger une version numérique de l’ouvrage sur le site Web de Ressources naturelles Canada ou consulter l’exemplaire papier détenu par BAC.

BAC détient aussi de nombreux carnets de terrain dans lesquels les arpenteurs notaient quotidiennement leurs trouvailles et les résultats de leurs recherches. Ma curiosité étant piquée, j’ai fait venir les carnets d’A. P. Low pour y jeter un œil. N’étant pas géologue, je n’étais pas certaine de pouvoir comprendre ses notes, mais ça fait partie du plaisir! La plupart des carnets étaient remplis de chiffres et d’esquisses, mais vers la fin de l’un d’eux, j’ai décroché le gros lot.

Les gens s’imaginent souvent que les documents gouvernementaux sont synonymes de bureaucratie et d’ennui – et nos archives attestent que c’est souvent le cas. Il arrive toutefois qu’on découvre un élément passionnant qui prouve que le travail des fonctionnaires du 19e siècle pouvait être drôle et intéressant!

Vers la fin d’un des carnets d’A. P. Low, j’ai trouvé l’esquisse qu’il avait dessinée des monts Shickshock. Il s’agissait précisément de celle ayant servi à créer l’illustration qui accompagnait son rapport et dont les estampes étaient à l’origine de mon enquête. C’est un croquis plutôt simple, réparti sur deux pages lignées, mais dont les lignes et les ombres commencent à s’estomper à peu près au milieu des pages.

Pourquoi le dessin n’est-il pas terminé? Comble de chance, A. P. Low nous fournit la réponse dans son carnet de terrain [traduction] : « Incapable de terminer à cause des mouches noires »! Son commentaire s’accompagne d’une tache suspecte et d’un griffonnage représentant trois petites mouches noires à côté de la description de l’esquisse.

Photographie d’un carnet de notes en cuir rouge, ouvert à la page 98. Les pages sont lignées, et l’on voit un dessin au crayon représentant des montagnes et trois petites mouches. Il y a une note au bas de la page qui dit [traduction] : « Croquis de certains des monts qu’on peut voir en regardant vers le nord depuis le mont Albert ». À droite, une autre note indique [traduction] : « Incapable de terminer à cause des mouches noires ».

Croquis des monts Shickshock à la page 98 du carnet de terrain no 2276 d’A. P. Low, péninsule de la Gaspésie, Québec. Commission géologique du Canada (RG45, vol. 142). Photo : Martha Sellens

Je m’imagine les arpenteurs cuisant sous les rayons brûlants du soleil de juin au sommet d’un mont de la Gaspésie et maudissant le minuscule prédateur le plus agaçant du Canada! On peut facilement oublier que derrière chaque document, même le plus bureaucratique et ennuyeux, il y a des gens qui ont travaillé ensemble à sa création. Ce carnet de terrain, comme les estampes officielles qui m’ont menée à sa découverte, ramène en mémoire les personnes – et les mouches noires – qui ont laissé leur trace dans l’histoire.

Ressources connexes de BAC :

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Martha Sellens est archiviste pour le portefeuille sur les ressources naturelles de la Division des archives gouvernementales, à Bibliothèque et Archives Canada.

Les cartes générales de la Nouvelle-France de Samuel de Champlain

English version

À l’automne 1612, Samuel de Champlain fait graver à Paris sa première grande carte de la Nouvelle-France. De nouvelles informations géographiques y sont consignées, à partir de ses propres explorations réalisées depuis 1603. Le site de Montréal y est clairement identifié. Les renseignements obtenus des Autochtones lui ont permis de représenter des lieux lui étant auparavant inconnus, comme le lac Ontario et les chutes Niagara. De plus, il s’est inspiré d’autres cartes pour dépeindre certaines régions, dont Terre-Neuve. Bien que gravée en 1612, Champlain publia cette carte en annexe de ses Voyages en 1613.

Carte geographique de la Nouvelle Franse faictte par le sieur de Champlain Saint Tongois cappitaine ordinaire pour le roy en la marine. Faict len 1612.

Carte geographique de la Nouvelle Franse faictte par le sieur de Champlain Saint Tongois cappitaine ordinaire pour le roy en la marine. Faict len 1612. (e010764733)

De retour en France à l’été 1613, Champlain fait graver une deuxième version d’une carte générale commencée l’année précédente et la publie également dans ses Voyages de 1613. Il y intègre ses plus récentes connaissances géographiques, dont la rivière des Outaouais, qu’il représente pour la première fois. Sa représentation de la baie d’Hudson est délibérément inspirée d’une carte relatant les explorations de Henry Hudson.

Carte geographique de la Nouelle Franse en son vray meridiein. Faictte par le Sr Champlain, Cappine. por le Roy en la marine – 1613

Carte geographique de la Nouelle Franse en son vray meridiein. Faictte par le Sr Champlain, Cappine. por le Roy en la marine – 1613. (e010764734)

Il existe en outre une carte générale inachevée de Champlain; gravée en 1616, qui elle ne fut jamais publiée. Le seul exemplaire connu est conservé à la John Carter Brown Library (en anglais seulement).

En 1632, Champlain publie sa dernière grande carte de la Nouvelle-France jointe à son dernier ouvrage, Les voyages de la Nouvelle France occidentale, dicte Canada. Il se trouvait alors en France depuis près de trois ans, ayant été expulsé de Québec par les frères Kirke en 1629. Cette carte bilan révèle peu de nouvelles informations vérifiées par Champlain lui-même, qui avait cessé d’explorer en 1616. Il s’appuya ensuite sur les précieux renseignements que d’autres, Étienne Brûlé notamment, lui communiquèrent. Néanmoins, cette carte demeure un jalon important dans l’histoire de la cartographie nord-américaine et sera abondamment utilisée par d’autres cartographes. Deux versions existent, qui se distinguent entre autres par la représentation du lac Bras d’Or ou d’une chaîne de montagnes dans l’île du Cap-Breton. Bibliothèque et Archives Canada conserve les deux versions de cette carte, dont voici la première :

Carte de la Nouvelle France, augmentée depuis la derniere, servant a la navigation faicte en son vray meridien, 1632.

Carte de la Nouvelle France, augmentée depuis la derniere, servant a la navigation faicte en son vray meridien, 1632. (e010771375)

Pour en apprendre davantage, voici une suggestion de lecture : « La cartographie de Champlain (1603-1632) » par Conrad E. Heidenreich et Edward H. Dahl dans Champlain : la naissance de l’Amérique française, sous la direction de Raymonde Litalien et Denis Vaugeois, publié aux éditions du Septentrion en 2004, p. 312-332.

Résumé des commentaires reçus en anglais entre le 1er octobre 2013 et le 31 décembre 2013

  • Deux usagers apprécient cet article sur la cartographie; l’article a aussi été partagé sur Bite Size Canada.