Recensement de 1931 : coup d’œil sur la numérisation

Par Melissa Beckett et François Deslauriers

Incursion dans la salle des microfilms

Deux photos du numériseur Eclipse Rollfilm de nextScan. À gauche, le numériseur complet; à droite, un gros plan d’une bobine dont la pellicule passe autour de deux rouleaux.

Numériseur Eclipse Rollfilm de nextScan. Crédit : François Deslauriers

Dans une salle faiblement éclairée, deux spécialistes de l’imagerie sont assis dans des coins opposés. Chacun fixe son écran, où défilent en permanence des images. Le son rythmé des numériseurs de microfilms est parfois interrompu par le long sifflement du rembobinage, qui s’achève par un bruit sourd.

Les mains gantées de blanc, une spécialiste retire une bobine d’un numériseur et la remet dans sa cartouche métallique, qu’elle replace à son tour dans une boîte d’archivage. Puis elle prend une nouvelle cartouche, scellée par un ruban qu’elle découpe avec un canif. Elle en retire une bobine et la monte sur le numériseur, faisant passer la pellicule autour de plusieurs rouleaux jusqu’à une autre bobine en plastique.

De son côté, son collègue a stoppé les machines. Il doit modifier certains paramètres pour uniformiser la luminosité : les images qu’il vient d’examiner sont beaucoup plus claires que les précédentes. Il ajuste les valeurs d’exposition dans le logiciel, jusqu’à obtenir un résultat satisfaisant. Puis il numérise une courte section de la pellicule et l’ouvre dans un logiciel de vérification. Il examine attentivement l’un des documents en taille réelle avant de rembobiner la pellicule jusqu’au début, recommençant ainsi tout le processus de numérisation.

Le recensement de 1931

Pour mener à bien le projet du recensement de 1931, l’équipe des Services de numérisation a numérisé pas moins de 187 bobines de microfilm, pour un total de 234 678 images.

Tout au long du projet, les bobines du recensement de 1931 ont été conservées selon un protocole de sécurité bien précis. En effet, comme l’explique la page Préparation du recensement de 1931, la loi exige d’attendre 92 ans avant de publier les renseignements personnels compilés dans un recensement. Seul le personnel désigné ayant prêté le serment de confidentialité de Statistique Canada était autorisé à consulter le matériel. Lors de leur numérisation, les bobines ont donc été conservées sous clé dans une salle sécurisée, et tout le travail a été fait hors ligne.

Chaque bobine du recensement de 1931 contient environ 1 200 images sur pellicule de polyester noir et blanc 35 mm. Pour éviter toute détérioration des originaux, les spécialistes de l’imagerie procèdent à partir de copies appelées « copies maîtresses ».

Les microfilms sont un excellent moyen pour conserver des renseignements pendant de longues périodes : les bobines peuvent durer 500 ans! On peut y stocker de grandes quantités d’informations dans un format compact. Et puisqu’on n’a pas besoin de manipuler les originaux à répétition, ceux-ci sont mieux protégés.

Dernier point, mais non le moindre : en numérisant les microfilms, on crée un support de préservation supplémentaire pour les documents et on les rend accessibles au public, qui peut les consulter en ligne, n’importe où et n’importe quand.

La numérisation

Photo du numériseur Eclipse Rollfilm de nextScan, avec les principales parties identifiées : bobine de microfilm original, rouleaux stationnaires, guides de film, objectif de la caméra et bobine de réception.

Les principales parties du numériseur Eclipse Rollfilm de nextScan. Crédit : François Deslauriers

Les dossiers du recensement de 1931 ont été numérisés avec le numériseur Eclipse Rollfilm de nextScan. On utilise cet appareil, conçu pour les bobines 16 mm et 35 mm, de pair avec un ordinateur hors réseau.

À partir de la bobine originale, on enfile la pellicule jusqu’à une bobine de réception, en la faisant passer par des rouleaux stationnaires et des guides. On abaisse ensuite d’autres rouleaux pour maintenir la pellicule en place tout en ajustant automatiquement sa tension. Puis on fait défiler la pellicule devant un objectif macro surmonté d’un capteur numérique. Simultanément, le dessous de la pellicule est éclairé par un rayon de lumière rouge.

Ces manipulations sont toujours faites avec le plus grand soin : les spécialistes de l’imagerie portent des gants de coton et ne touchent que les bords de la pellicule. À l’aide du logiciel NextStarPLUS® Capture, ils règlent la résolution et choisissent le type de pellicule (16 ou 35 mm), la polarité (négative ou positive) ainsi que le facteur de réduction. Ce dernier, indiqué sur la pellicule, permet de reproduire les images à leur taille réelle (rapport de 1:1).

Avant de lancer la numérisation, les spécialistes s’assurent également que l’exposition est correcte et que la mise au point est adéquate, afin d’obtenir des images bien nettes. Toutes leurs interventions sont visibles en direct à l’écran. Pour guider leur travail, ils peuvent aussi zoomer sur une charte de mise au point et sur les indications du fabricant, imprimées à intervalles réguliers le long de la pellicule.

Les spécialistes peuvent aussi se fier aux rayures ou aux poussières visibles pour déterminer le degré de netteté d’un document. Cependant, pour faire la mise au point à partir du document comme tel, celui-ci doit avoir été photographié de façon parfaitement nette au départ.

Une fois la numérisation lancée, une fenêtre de prévisualisation permet de voir s’il faut réajuster certains paramètres en cours de route. Par exemple, l’éclairage et l’exposition peuvent varier d’une photo à l’autre sur une même bobine. Résultat : certaines images sont plus claires, et d’autres plus sombres. Pour que la majorité du contenu soit lisible, les spécialistes procèdent donc aux ajustements requis. Ce travail se fait sur l’ensemble de la pellicule, puisqu’on ne peut retoucher les images individuelles.

Une fois la numérisation terminée, on rembobine la pellicule et on replace la bobine dans sa cartouche.

Photo d’une bobine de microfilm 16 mm placée sur une bobine 35 mm. À côté, on voit une loupe et une cartouche avec couvercle contenant une bobine 35 mm.

Bobines de microfilms 16 mm et 35 mm. Crédit : François Deslauriers

La vérification

Chaque bobine numérisée se présente sous la forme d’un long fichier image appelé « bande image » (un fichier non compressé en nuances de gris). Les spécialistes en imagerie les traitent à l’aide du logiciel NextStarPLUS® Auditor. Ce dernier cible et sélectionne chaque document dans la bande image, ce qui permet de les exporter individuellement.

Plus précisément, le logiciel génère un rectangle de couleur autour de chaque document détecté. On fait ensuite défiler la bande image pour repérer les documents « oubliés ». On en profite aussi pour ajuster les rectangles lorsque ceux-ci ne contiennent qu’une partie du document.

Étape supplémentaire dans le contrôle de la qualité : on procède à une deuxième vérification, où le contenu des rectangles s’affiche en noir grâce à un paramètre d’occultation. Les parties non repérées la première fois apparaissent en blanc, ce qui indique aux spécialistes à quels endroits faire les derniers ajustements.

Une fois la numérisation terminée, chaque document du recensement reçoit un numéro d’identification électronique permettant de trier les images par endroit.

Les images obtenues du recensement de 1931 ont d’abord été exportées en fichiers TIFF de 10 mégaoctets. Il s’agit d’un format sans perte, c’est-à-dire sans compression de l’image. Pour les besoins du projet, on a ensuite créé des fichiers dérivés en format JPEG, un format qui entraîne des pertes, mais qui est plus accessible et exige moins d’espace de stockage. L’équipe de la TI a créé un script pour convertir efficacement les fichiers TIFF en JPEG.

Autre avantage des fichiers JPEG : ils sont plus faciles à relier aux districts et aux sous-districts du recensement. Ils sont également plus faciles à utiliser pour les partenaires externes travaillant dans le domaine de l’intelligence artificielle.

D’hier à demain

À Bibliothèque et Archives Canada, travailler dans le domaine de la numérisation signifie améliorer constamment les processus et explorer de nouvelles techniques et technologies pour créer des images de la meilleure qualité possible. Le recensement de 1931 n’a pas fait exception à la règle. En tant que spécialistes en imagerie, nous sommes heureux de jouer un petit rôle afin de préserver l’histoire du Canada et la rendre accessible au public.


Melissa Beckett est spécialiste en imagerie par intérim et François Deslauriers est gestionnaire par intérim de la Reprographie. Tous deux travaillent à la Division des services de numérisation de Bibliothèque et Archives Canada.

Les raisons de notre engouement pour le recensement de 1931

Par Sara Chatfield

Bienvenue à la série de billets de blogue portant sur le recensement de 1931, publiés par Bibliothèque et Archives Canada. La publication des dossiers de ce septième recensement de l’histoire du Canada offre une occasion exceptionnelle d’en apprendre davantage sur notre pays. Conformément à la loi, il faut qu’il s’écoule 92 ans avant la publication des renseignements personnels recueillis dans le cadre du recensement. Ce délai étant échu, la vie de plus de 10 millions de personnes vivant au Canada en 1931 sera très bientôt dévoilée. Nous attendons ce moment depuis longtemps, et la date de publication approche à grand pas.

Une page dactylographiée sur laquelle on peut voir les mots Bureau national de la statistique et « Canada » dans la partie supérieure et un emblème.

La page couverture de la publication officielle du septième Recensement du Canada, 1931 (OCLC 796971519)

Il reste encore plusieurs étapes à franchir avant de pouvoir publier en ligne les 234 678 images du recensement de 1931. Ces étapes sont brièvement mentionnées sur le site Préparation du recensement de 1931. Cette série de billets de blogue nous permettra de clarifier quelques détails et contribuera à insuffler une vie au recensement. Elle servira notamment à répondre aux questions sur le mode de compilation des données, les questions que comportaient le recensement et la façon dont nous mettons celui-ci à la disposition des utilisateurs, en plus de traiter d’autres sujets qui éveilleront davantage notre conscience collective à toute l’importance que revêtent les recensements pour les générations présente et futures.

Les résultats de recensements sont des outils de recherche très utiles pour les généalogistes, les historiens, les universitaires et tous les Canadiens qui souhaitent explorer le passé. À l’origine, le recensement contribuait à déterminer la représentation parlementaire en fonction de la population. Toutefois, leur utilité dépasse largement ce rôle. Ces documents fournissent des informations sur la composition du Canada, l’histoire des familles canadiennes et les changements sociaux qui s’opéraient à l’époque.

Les données de recensement se rapportant à un ménage donnent un aperçu des vies des Canadiens à l’époque. Chaque page relate deux histoires. D’abord, elle révèle l’histoire d’une famille : les noms des personnes qui la constituent, leurs âges, leur religion et d’autres aspects de leur identité. Ensuite, les autres données dressent le portrait de son histoire au Canada : le quartier, le logement, la profession, la situation d’emploi et la communauté. Le recensement de 1931 révèle non seulement le lieu d’habitation des gens, mais aussi le mode de vie : dans une maison en famille élargie, en milieu immigrant, dans une maison de chambres ou dans un établissement.

Une carte du Canada sur laquelle on peut voir des points noirs de différentes tailles.

Une carte tirée du compte rendu administratif du septième Recensement du Canada, 1931 (OCLC 1007482727)

Les données du recensement de 1931 montrent également qu’il s’agissait d’une période marquée par les déplacements au pays. Des gens immigraient au Canada à la recherche d’emploi et de stabilité, et les Canadiens déménageaient partout au pays pour aller habiter en ville ou à l’autre bout du pays, souvent en raison de la conjoncture économique difficile durant la Grande Dépression.

Même si vous n’êtes pas un passionné de la généalogie, le recensement de 1931 a de quoi vous intéresser malgré tout. Vous pouvez en apprendre davantage sur votre ville ou province, notamment sur les industries qui s’y trouvaient ou les tendances d’emploi dans une région donnée. Les recensements peuvent même servir de source d’informations complémentaires aux chercheurs qui souhaitent se renseigner sur des groupes particuliers. Ils peuvent donner des indices concernant l’identité des personnes ayant vécu à une adresse à un moment donné ainsi que des informations sur leur situation, y compris des précisions permettant de savoir si elles parlaient le français ou l’anglais, si elles pouvaient lire et écrire ou si elles sont allées à l’école. Le recensement de 1931 contenait également une nouvelle question : « Le ménage possède-t-il une radio? ». Cette question présentera un grand intérêt pour les personnes qui souhaitent en savoir plus sur l’apparition des télécommunications au Canada. Elle permet aussi de déterminer la rapidité avec laquelle les informations pouvaient être diffusées ainsi que l’ampleur de la diffusion. Vous pourrez être aux premières loges des débuts d’une nouvelle forme de culture populaire en expansion. Fantastique, n’est-ce pas?

Nous nous doutons qu’un bon nombre de Canadiens éminents figureront dans ce recensement. Toutefois, nous ne pouvons le savoir avec certitude tant que nous n’aurons pas l’index complet à notre disposition. Dès la publication de l’index plus tard cette année, vous pourrez effectuer des recherches par nom de personnes comme le militant syndical devenu juge de la citoyenneté Stanley Grizzle, la militante kanien’kehá:ka Mary Two-Axe Earley, les comédiens William Shatner et Gordon Pinsent, l’artiste Pauline Julien, la chanteuse La Bolduc, le peintre Kazuo Nakamura, et la militante noire Viola Desmond. Vous pourrez peut-être en apprendre davantage sur leurs débuts dans la vie.

Joignez-vous à nous pour découvrir à quoi ressemblaient les ménages canadiens le lundi 1er juin 1931.

Nous vous invitons donc à rester à l’affût des prochains billets de blogue sur la publication de ce recensement important.


Sara Chatfield est gestionnaire de projet à la Division des services à la clientèle de Bibliothèque et Archives Canada.

Trouver Royalton : une recherche dans le Recensement de 1921

Par Julia McIntosh

Si vous souhaitez en apprendre davantage sur la recherche dans les recensements du Canada, ce blogue vous fournira quelques bons conseils et techniques à utiliser dans vos recherches.

Contexte

Alors que je travaillais au comptoir de référence, on m’a posé une question concernant la population de Royalton au Nouveau-Brunswick, soit le nombre d’hommes qui y résidaient entre les deux guerres mondiales, pour une recherche sur le recrutement. « Rien de plus simple », me suis-je dit. « Ça ne sera pas difficile à trouver ». Étant bibliothécaire, mon premier réflexe a été de consulter une publication sur le sujet. À ma grande surprise, j’ai constaté que Royalton était un trop petit village pour être mentionné dans les sources imprimées habituelles qui s’intéressent davantage aux grandes villes qu’aux petites localités rurales ou aux villages non constitués en municipalités. Je devais repenser ma stratégie de recherche.

Deux recensements ont été effectués pendant l’entre-deux-guerres : en 1921 et en 1931. J’ai choisi de consulter le premier parce qu’il était déjà numérisé; mon client pourrait donc examiner les documents en ligne (voir le Recensement de 1921).

Difficultés rencontrées

Il fallait d’abord trouver la localisation exacte de Royalton, selon les districts et sous-districts de recensement. Pour ce faire, je devais trouver une carte contemporaine et la comparer avec les districts et sous-districts du recensement de 1921 au Nouveau-Brunswick. Je devais également découvrir dans quel comté et dans quelle paroisse était situé Royalton et ensuite déterminer le bon sous-district à partir de la description fournie. Malheureusement, les sites de cartes sur Internet ne fournissent pas en général les renseignements dont j’avais besoin sur les comtés, et ne donnent pas non plus facilement accès aux cartes de la région. C’est aux Archives provinciales du Nouveau-Brunswick que j’ai trouvé ces informations. Leur site Web m’a informée que Royalton était « situé à l’est de la frontière du Nouveau-Brunswick et du Maine, 3,16 km au sud-ouest de Knoxford, paroisse de Wicklow, comté de Carleton. »

De retour aux districts et sous-districts du recensement, j’ai cherché Carleton, en faisant l’hypothèse que le district serait relié au nom du comté. Mais c’est bien connu, les hypothèses peuvent être trompeuses! Le district n’était pas classé sous la lettre « C », mais plutôt sous la lettre « V » comme dans District 48 – Victoria et Carleton. Qui aurait pu deviner?

Je n’étais pas au bout de mes peines. Pour compliquer les choses, il y a trois sous-districts dans la paroisse de Wicklow, dont la description ne mentionne pas Royalton :

  • Sous-district 11 Wicklow (paroisse)
    « Pour toute cette portion de la paroisse de Wicklow, au nord et à l’est de la ligne suivante ainsi décrite : commençant à la rivière Saint-Jean à la ferme de Hugh Tweedie; de là vers l’ouest le long de la route connue sous le nom de « chemin Carr » jusqu’au chemin Greenfield, et de là vers le nord le long dudit chemin Greenfield vers le chemin Summerfield; de là le long dudit chemin Summerfield jusqu’au chemin Knoxford, et de là vers le nord le long dudit chemin Knoxford et du prolongement de celui-ci vers le nord jusqu’à la ligne entre Carleton et Victoria et pour inclure tous ceux qui bordent lesdits chemins.
  • Sous-district 12 Wicklow (paroisse)
    « Pour toute cette partie de la paroisse de Wicklow, au sud et à l’est de la ligne suivante, commençant à la rivière Saint-Jean à la ferme de Hugh Tweedie, de là vers l’ouest le long de la route connue sous le nom de « chemin Carr » jusqu’au chemin Greenfield, puis vers le sud le long dudit chemin Greenfield jusqu’à la frontière sud de la paroisse de Wicklow, et pour inclure ceux qui bordent ledit chemin Greenfield, au sud dudit « chemin Carr ».
  • Sous-district 13 Wicklow (paroisse)
    « Commençant à l’endroit où le chemin Knoxford croise la ligne du comté entre Carleton et Victoria, de là vers l’ouest le long de ladite ligne du comté jusqu’à la frontière américaine, de là vers le sud le long de ladite frontière jusqu’à la paroisse de Wilmot, de là vers l’est le long de la frontière de la paroisse jusqu’au chemin Greenfield, de là vers le nord le long dudit chemin Greenfield jusqu’au chemin Summerfield, allant du chemin Summerfield au chemin Knoxford, de là suivant le chemin Summerfield vers l’ouest, jusqu’au chemin Knoxford; de là vers le nord le long du chemin Knoxford jusqu’à l’endroit du début. »

Quelle carte utiliser? Comme le temps pressait, je ne pouvais pas me payer le luxe d’attendre de pouvoir consulter une carte du recensement de 1921; j’ai alors vérifié dans notre collection de cartes numérisées. La plus récente carte disponible était une carte démographique du Recensement de 1891. À l’époque, Royalton se trouvait dans le district électoral de Carleton. Espérant qu’il n’y avait pas eu trop de changements en 30 ans, j’ai comparé la carte avec les descriptions et j’en ai déduit que Royalton se trouvait dans le sous-district 13, paroisse de Wicklow. Inquiète qu’une carte de 1895 pût être trop ancienne, j’ai consulté l’Atlas électoral du Dominion du Canada (1915), lequel a confirmé l’existence du district électoral de Victoria et Carleton, mais, étonnamment, Royalton n’y était pas indiqué. Au moins, le comté n’avait pas modifié ses frontières dans l’intervalle!

Une carte en noir et blanc du district électoral de Carleton (Nouveau-Brunswick); les frontières sont indiquées par un gros trait rouge.

Carte du district électoral de Carleton (N.-B.) tirée de la base de données de l’Atlas électoral du Dominion du Canada (1895). La source originale se lit comme suit : Electoral atlas of the Dominion of Canada: according to the Redistribution Act of 1914 and the Amending Act of 1915 (OCLC 1004062506)

Une autre difficulté s’est présentée au moment d’identifier, parmi les personnes dénombrées, celles qui résidaient dans le village de Royalton. La tâche aurait dû être facile, mais j’ai vite constaté que ce serait tout aussi compliqué. J’ai consulté la version imprimée du Volume I – Population of the Sixth Census of Canada, 1921, et trouvé le tableau 8 Population par districts et sous-districts. Sous Victoria et Carleton, puis comté de Carleton, j’ai trouvé Wicklow – 1 689 habitants. Cependant, il n’y avait pas d’inscription pour Royalton sous la rubrique Villes, ni de répartition par sexe. Mais le tableau 16 – Classification par sexe m’a donné la répartition pour Wicklow – 900 hommes et 789 femmes. J’étais vraiment près du but, mais rappelez-vous, la paroisse de Wicklow a trois sous-districts, dont un seul, le no 13, inclut Royalton. Il fallait que je m’approche le plus près possible des résultats du recensement pour le village.

Résultats

Ma seule option à cette étape était de consulter les données brutes recueillies lors du recensement, ce qui signifiait que je devais consulter la version numérisée du Recensement de 1921 sur notre site Web. Une recherche avec les mots-clés Royalton et Province : Nouveau-Brunswick n’a donné aucun résultat. Toutefois, Wicklow et Province : Nouveau-Brunswick a donné 1 600 résultats, ce qui correspond à peu près au nombre que j’avais trouvé pour la paroisse. La perspective de consulter toutes ces inscriptions était décourageante, c’est le moins qu’on puisse dire.

Par chance, après avoir ouvert quelques pages et parcouru le document, j’ai découvert une Page titre pour le recensement du district 48, sous-district 13, paroisse de Wicklow, pages 1-14 pour le recensement du district 48, sous-district 13, paroisse de Wicklow, pages 1-14. Et voilà!

Une page écrite à la main à l’encre noire contenant les informations suivantes : 1921, N.B. Dist. 48, Carleton, Sous Dist. 13, paroisse de Wicklow. Pages 1–14.

Page titre pour le recensement du sous-district 13, paroisse de Wicklow, district 48 – Carleton, Nouveau-Brunswick, Recensement de 1921.

Il me restait à résoudre le problème de la répartition par sexe. Même si les nombres étaient plus petits que pour l’ensemble de la paroisse de Wicklow, je devrais quand même faire pas mal de calculs. Heureusement, le recenseur avait indiqué les nombres totaux sur la dernière page de la section pour le sous-district 13, Wicklow :

hommes – 340; femmes – 316

Espérant toujours trouver des données spécifiques pour Royalton, j’ai vu que la colonne 5 était intitulée « Municipalité ». Alors, remplie d’espoir, je m’apprêtais à faire le décompte précis.

Vous souvenez-vous des difficultés que j’avais éprouvées précédemment? J’en rencontrais encore pour trouver le nombre précis de résidents à Royalton. Royalton apparaît pour la première fois à la page 3, ligne 39 pour le sous-district 13. Le recenseur commence par inscrire Royalton dans la colonne « Municipalité », puis il rature ces inscriptions et remplace le nom de Royalton par Carleton, qui est, comme nous le savons, le nom du comté! Par la suite, le recenseur inscrit systématiquement Carleton en tant que municipalité à la page 4.

Première page du recensement de 1921 montrant les inscriptions pour Royalton.

Recensement de 1921, Province du Nouveau-Brunswick, district no 48, sous-district no 13. Voir colonne 5, Municipalité, Royalton.

À cette étape, j’ai reconnu que je ne trouverais pas le nombre d’hommes à Royalton et j’ai transmis l’information à mon client, qui a peut-être réussi à découvrir cette information par les noms de famille.

Pour en savoir plus sur la recherche dans le recensement de 1921, consultez la section intitulée Enjeux au sujet de ce recensement et de cette base de données. Vous y trouvez des conseils très utiles pour passer d’une image à l’autre.

Bonne chance à tous ceux qui sont à la recherche de leur propre Royalton. Amusez-vous bien!

 

Julia McIntosh est bibliothécaire de référence à la division des Services de référence.

Avez-vous des ancêtres autochtones? Les recensements pourraient vous le dire!

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certains pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde — terminologie historique.

Beaucoup font des recherches généalogiques pour savoir s’ils ont des ancêtres autochtones. Certains veulent simplement confirmer ou infirmer une histoire familiale. Pour d’autres, c’est une question de connaissance de soi ou d’autonomie. D’autres encore envisagent de s’inscrire dans des associations autochtones ou de demander des fonds liés à l’auto-identification.

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) n’est pas en mesure de déterminer si vous êtes Autochtone ou non, mais ses documents peuvent vous aider dans vos recherches.

Malheureusement, certaines histoires familiales n’ont aucun fondement dans la réalité. De la même façon, des photos de famille entraînent occasionnellement des conclusions erronées. Imaginons-nous des choses qui ne sont pas vraiment là?

Vous pourriez trouver la réponse à vos questions dans les recensements.

Identifier les membres des Premières Nations, les Métis et les Inuits dans les recensements

Il est parfois difficile, au Canada, de comprendre son identité autochtone à l’aide de recherches généalogiques. En effet, deux ensembles de définitions coexistent : un premier, fondé sur le droit et les lois, et un second, sur les traditions familiales et les coutumes communautaires.

Par exemple, les anciens documents sont parsemés de termes péjoratifs comme Indien, Demi-caste ou Esquimau, remplacés depuis par des mots plus appropriés. Il faut donc garder à l’esprit que les langues et le vocabulaire s’inscrivent dans un contexte historique. En raison de l’évolution des cultures, le sens des mots change selon l’époque et le lieu géographique. Le paragraphe 35(2) de la Loi constitutionnelle de 1982 nomme trois groupes de peuples autochtones : les Indiens, les Inuits et les Métis. Chacun se distingue par son patrimoine, sa langue, ses traditions culturelles et ses croyances.

Les questions posées aux Canadiens varient au fil des années. Par conséquent, certains recensements sont plus utiles que d’autres pour chercher un ancêtre autochtone. L’exemple classique est celui du recensement manitobain de 1870, dans lequel le gouvernement fédéral demande aux répondants de la nouvelle province s’ils sont Métis, Indiens (membres d’une Première Nation) ou Blancs. Semblablement, le recensement de 1901 divise les Canadiens en Blancs, Rouges, Jaunes et Noirs.

Soulignons qu’il faut attendre après 1941 pour que les Inuits du Nord soient inclus dans les recensements fédéraux.

Interroger les bases de données

Vous pouvez parcourir les recensements sur la page Recherche d’ancêtres. Chaque base de données possède son propre écran de recherche et une page d’aide.

Lorsque vous trouvez une entrée dans la base de données, cliquez sur le numéro d’item pour voir la référence complète. Vous pouvez ensuite cliquer sur l’image numérisée pour consulter la page du recensement. Que révèle-t-elle sur vos ancêtres? Vous aurez peut-être la surprise de découvrir qu’ils étaient Prussiens, Africains ou Gallois.

Vous trouverez bien des renseignements sur la vie de vos ancêtres et leur lieu de résidence. Étaient-ils agriculteurs ou chasseurs, catholiques ou méthodistes? N’oubliez pas de noter, dans le haut de la page, le sous-district du recensement. Il peut s’agir d’une ville, d’un village, d’un canton ou d’une autre sorte de zone rurale. Le lieu de résidence d’un de vos ancêtres facilite les recherches dans les documents historiques sur la page Généalogie et histoire familiale.

La page des recensements comporte une section Conseils de recherche pour vous aider à établir une stratégie.

Exemples de pages de recensement

Sur cette page du recensement de 1861 pour la paroisse d’Addington, au Nouveau-Brunswick, William Crocket est inscrit comme Écossais, mais son épouse et ses enfants sont nés dans la province et considérés comme des « Native ». Dans le recensement de 1861 du Nouveau-Brunswick, « Native » désigne une personne née dans la province, et non un membre d’une Première Nation.

Cette page du recensement de 1881 montre que la famille Pullett est micmaque (la graphie Mi’kmaq est également utilisée de nos jours) et vit à Charlottetown, à l’Île-du-Prince-Édouard. Benjamin est tonnelier et vannier.

Dans certains cas, le sous-district est « Agence indienne » (Indian agency) ou « Réserve indienne » (Indian reserve). Voici une page du recensement de 1911 où sont mentionnées des familles Cries de l’Agence Fisher River, au Manitoba.

Pour en savoir plus

D’autres documents vous permettront d’approfondir vos recherches si vous voulez de l’information sur des familles des Premières Nations qui habitaient dans des réserves. La section Patrimoine autochtone du site Web de BAC et le guide sur la généalogie autochtone fournissent plus de renseignements à ce sujet.