Bibliothèque et Archives Canada fait l’acquisition d’un livre ancien

English version

Par Meaghan Scanlon

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) a récemment fait l’acquisition d’un exemplaire du livre Relation de ce qvi s’est passé en la mission des pères de la Compagnie de lésvs aux Hurons, pays de la Nouuelle France, és années 1648. & 1649, grâce au soutien de la Fondation de Bibliothèque et Archives Canada.

Publié à Paris en 1650, ce livre fait partie d’une série de publications connues sous le nom de Relations des jésuites. Il s’agit de rapports écrits par des missionnaires jésuites établis en Nouvelle-France. Publiés annuellement de 1632 à 1673, ces rapports renseignaient les supérieurs des missionnaires, en France, sur les progrès des missions. Les Relations ainsi publiées ont rejoint un vaste lectorat et ont contribué à renforcer l’appui de la population française aux efforts des jésuites en Nouvelle‑France. Même si les Relations doivent être interprétées dans le contexte colonial de l’époque, elles n’en demeurent pas moins des documents importants qui relatent l’histoire de la Nouvelle-France. Elles constituent une source d’information précieuse – bien que partiale et revue en profondeur – sur les peuples autochtones qui vivaient dans la région alors appelée la Nouvelle‑France, ainsi que sur leurs premières interactions avec les missionnaires colonisateurs venus d’Europe.

L’ouvrage acheté par BAC est la première édition de la Relation de ce qui s’est passé en 1648 et 1649. On attribue sa rédaction à Paul Ragueneau, le supérieur de la mission jésuite dans le territoire du peuple huron-wendat. Le rapport traite d’événements historiques notables, notamment le conflit entre les Haudenosaunee (Iroquois) et les Hurons, qui a entraîné la destruction de la mission des jésuites sur le territoire huron (Wendake) par les Haudenosaunee, ainsi que de la mort des jésuites Jean de Brébeuf et Gabriel Lalemant, par la suite canonisés par l’Église catholique.

La collection de livres rares de BAC est principalement constituée d’ouvrages Canadiana publiés avant 1867. (BAC définit Canadiana comme des publications produites au Canada, portant sur le Canada ou créées par des personnes originaires du Canada ou ayant des liens avec le Canada.) La collection de livres rares de BAC comprend une collection exceptionnelle d’environ 65 numéros des Relations des jésuites. Bien que BAC n’ait pas d’exemplaire du premier rapport, publié en 1632, il possède au moins un exemplaire de chaque édition pour presque chacune des années qui ont suivi.

Les Relations des jésuites sont aujourd’hui considérées comme des livres rares « importants ». Toutefois, lors de leur publication, ils relevaient probablement davantage de la littérature de masse. Cette perception historique découle de la façon dont les exemplaires de la collection de BAC sont reliés. La reliure de plusieurs livres est en vélin souple . Contrairement à la reliure à couverture rigide qui est collée sur un carton, la reliure souple ne contient pas de carton. Le livre ancien à reliure souple est en quelque sorte l’ancêtre du livre de poche, à la différence que sa couverture est généralement faite de peau d’animal plutôt que de papier. La plupart des exemplaires des Relations des jésuites que BAC possède ont une couverture faite de peau de vélin, d’où le terme vélin souple.

Tout comme les livres de poche modernes coûtent habituellement moins cher que ceux à couverture rigide, les reliures souples constituaient une option plus modique pour les acheteurs de livres du XVIIe siècle. La plupart des exemplaires des Relations des jésuites de la collection de BAC sont également modestes et dénués de décoration, outre le titre écrit à la main à l’encre sur le dos, un autre détail qui laisse penser qu’ils étaient peu coûteux. De plus, ils étaient généralement très petits, mesurant quelque 20 centimètres de hauteur.

En fait, la nouvelle acquisition est si légère que la personne qui l’a livrée à BAC avait l’impression que la boîte était vide! Sa reliure est elle aussi faite de vélin souple. Fait intéressant à souligner, la couverture en vélin a été fabriquée à partir d’une ancienne partition qui semble dater du XVIe ou du XVIIe siècle. À l’époque, il était courant pour les relieurs d’utiliser des matériaux mis au rebut, comme des pages de vieux manuscrits. Bien sûr, le recyclage permet de réduire les coûts, et une couverture faite de vélin réutilisé est un autre signe que le livre en question était considéré comme un article « bon marché ».

Certains signes laissent toutefois croire que cette reliure ne date pas de l’époque de la publication du livre. En effet, les pages de garde sont faites d’un papier différent et plus récent que celui utilisé pour le cahier (pages du texte). Les marges des pages sont également très étroites, ce qui indique que les pages ont été rognées, vraisemblablement lorsque le livre a été relié de nouveau.

Les modifications précises qui ont été apportées à ce livre au fil du temps sont un mystère que les restaurateurs de livres de BAC tenteront d’élucider. Cependant, si le livre a été relié à neuf à un certain moment au cours des quelque 400 ans qui se sont écoulés depuis sa publication, comme cela semble être le cas, la personne qui a fait le travail s’est efforcée d’utiliser des matériaux et des techniques fidèles à ceux qui étaient en usage lorsque le livre a été initialement publié.

Photographie montrant un petit livre relié avec un morceau de vélin sur lequel sont écrites des notes de musique à l’encre rouge et noire dans un style calligraphique. Le vélin semble dater du XVIe ou du XVIIe siècle.

Couverture du deuxième exemplaire détenu par BAC du livre Relation de ce qvi s’est passé en la mission des pères de la Compagnie de lésvs aux Hurons, pays de la Nouuelle France, és années 1648. & 1649, publié à Paris par l’éditeur Sébastien Cramoisy en 1650 (OCLC 1007175731).

Ressources complémentaires


Meaghan Scanlon est bibliothécaire principale des collections spéciales à la Division des acquisitions publiées de Bibliothèque et Archives Canada.

À la découverte de mon grand-père Robert Roy Greenhorn : sa vie dans les Orphan Homes of Scotland (partie 3)

English version

Groupe de garçons travaillant dans un champ à la ferme école de la Philanthropic SocietyPar Beth Greenhorn

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certains pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

Je tiens à remercier Mary Munk (collègue à la retraite du secteur de la généalogie et de l’histoire familiale de Bibliothèque et Archives Canada), ma tante Anna Greenhorn, ma cousine Pat Greenhorn et Steven Schwinghamer (Quai 21) pour l’aide qu’ils m’ont apportée dans la rédaction des parties 3 et 4 de cette série.

Au moment d’écrire ce troisième article sur mon grand-père Robert Roy Greenhorn, je n’avais toujours trouvé aucun document relatif à son émigration au Canada. J’ai contacté Quarriers Records Enquiry, mais selon le site British Home Children in Canada, les rapports conservés par Quarrier Orphan Homes of Scotland sur les progrès des enfants dans leurs foyers canadiens ont été détruits, semble-t-il à la suite d’une erreur de communication lors de la fermeture de l’établissement canadien en 1938. J’espérais également retrouver des documents concernant son placement dans les deux familles d’accueil avec lesquelles il a vécu après son arrivée à la maison de répartition Fairknowe, à Brockville, en Ontario, en 1889, mais je n’ai pas eu cette chance jusqu’à présent.

À ce jour, je n’ai pu mettre la main que sur deux documents se rapportant expressément à mon grand-père.

Le premier est ce portrait de groupe pris en mars 1889, peu après son arrivée à la maison Fairknowe. Robert et son frère John figurent tous deux sur cette photo. Tous les garçons sont nommés sous l’image, dans l’ordre alphabétique de leurs prénoms. Comme je n’ai jamais vu de photo de mon grand-père lorsqu’il était enfant, je suis incapable de le reconnaître. Selon ma tante Anna Greenhorn (la femme de mon oncle John), mon grand-père était très petit pour son âge. Je sais que, d’après la liste de passagers sur laquelle il figure, il était l’un des plus jeunes garçons de son groupe. Je me demande s’il ne fait pas partie des plus petits, au premier rang.

Photo en noir et blanc d’un grand groupe de garçons et de plusieurs hommes et femmes se tenant debout sur le parterre, l’escalier et la galerie d’un bâtiment en stuc blanc.

Le groupe d’arrivants du navire Siberian, 26 mars 1889, maison Fairknowe, Brockville, Ontario. Photo : William Quarrier – Brockville, Ont. 7 200 immigrés – « BRITISH HOME CHILDREN IN CANADA » (weebly.com)

La deuxième référence est une brève déclaration figurant à la page 43 du document Narrative of Facts, le rapport annuel de William Quarrier pour 1894. On peut y lire : [traduction] « […] un garçon de neuf ans, frère des deux enfants amenés au Canada précédemment, qui se portent bien. Celui-ci habitait avec une sœur mariée, mais il devenait incontrôlable et, malgré son jeune âge, il a volé, etc. » [Source : sans titre (iriss.org.uk)] Le garçon de neuf ans est Norval, le plus jeune frère de mon grand-père, et Jeanie, alors mariée, est sa sœur. Norval a quitté l’Écosse le 29 mars 1894. Il est arrivé à Halifax, en Nouvelle-Écosse, le 16 avril 1894, avant de rejoindre la maison Fairknowe à Brockville, en Ontario.

À la fin de la partie 2 de cette série, j’ai interrompu mon récit au moment où mon grand-père et son frère John ont été transférés du City Orphan Home, à Glasgow, à l’Orphan Homes of Scotland, situé à Bridge of Weir, à environ 25 kilomètres. Ils ont déménagé lorsque des lits se sont libérés à la suite de l’émigration annuelle de garçons vers le Canada. C’était le 11 juin 1886. L’Orphan Homes of Scotland allait héberger Robert et John pendant près de trois ans.

Lorsque mon grand-père et son frère arrivent à l’Orphan Homes of Scotland, cet orphelinat, d’abord constitué de deux maisons de campagne pouvant accueillir chacune de 20 à 30 enfants, est devenu une communauté autonome comptant près de 600 enfants (source, p. 37). Appelée « The Village », la communauté se compose de 16 maisons de campagne, d’une blanchisserie, d’ateliers et de fournils, d’un magasin et d’un bureau de poste, d’une écurie et d’une étable, d’un poulailler, d’une serre, de l’église Mount Zion, de salles de classe et d’une maison destinée au surintendant de l’établissement. Le bâtiment central abrite la salle principale, les salles de classe et les logements des enseignants. Il y a aussi le James Arthur, un navire enclavé destiné à l’entraînement des garçons qui allaient travailler dans la marine.

Le 14 mars 1889, une réunion spéciale est tenue au Village pour dire adieu aux garçons qui partent pour le Canada. Robert et John, ainsi que 128 autres garçons, quittent l’Écosse dès le lendemain. Des résidents de Glasgow et de Paisley sont invités à la réception. Selon un article paru dans le Glasgow Herald intitulé « Orphan Homes of Scotland: Departure of Children for Canada » (15 mars 1889, p. 8), plusieurs centaines de véhicules ont convergé vers la gare de Bridge of Weir, transportant des gens venus dire adieu aux petits immigrés. Je ne saurai jamais si la sœur aînée de Robert et John, Jeanie, qui travaillait à Paisley en 1885, faisait partie des invités. Si elle était présente, j’espère qu’elle a eu l’occasion de voir ses jeunes frères une dernière fois et de les serrer tous les deux dans ses bras.

Chaque garçon et fille qui émigrait au Canada recevait un coffre en bois portant l’initiale de son prénom et son nom de famille. Ma cousine Pat Greenhorn a hérité du coffre de notre grand-père, seul souvenir de son enfance. Comme je l’ai mentionné dans la partie 1 de cette série, chaque enfant était appelé à travailler. Les filles étaient généralement employées comme domestiques, et les garçons, comme ouvriers agricoles. Les coffres contenaient donc des vêtements de travail adaptés aux saisons canadiennes, une tenue pour la messe, des articles de toilette, du nécessaire pour recoudre les chaussettes et les vêtements, ainsi qu’une bible. En outre, les enfants recevaient un exemplaire du livre The Pilgrim’s Progress (le voyage du pèlerin) de John Bunyan, une allégorie religieuse racontant l’histoire d’un homme nommé Christian. Honteux et habité par le péché, Christian quitte la Cité de la destruction pour la Cité céleste en quête de la rédemption. Ce livre populaire a sans aucun doute été choisi pour les enseignements religieux et moraux qu’il renferme, afin d’encourager les enfants dans leur parcours et leur nouvelle vie au Canada.

Photo d’un coffre en bois marron. Un nom est inscrit au pochoir en lettres majuscules blanches du côté droit, et un autre nom en petites majuscules noires est visible dans le coin inférieur gauche.

Le coffre de Robert Greenhorn fourni par Quarrier Orphan Homes of Scotland. Photo : gracieuseté de Pat Greenhorn.

Robert et John ont voyagé sur le navire à vapeur S.S. Siberian, exploité par la compagnie de transport maritime Allan Line. Bibliothèque et Archives Canada (BAC) ne possède pas d’images numérisées de ce navire, mais détient une carte postale du S.S. Sardinian, qui a amené de petits immigrés au Canada à partir de 1875. Il est semblable au navire sur lequel mon grand-père a voyagé. Le Sardinian figure également sur le timbre-poste canadien de 2010 commémorant les petits immigrés anglais (voir la partie 1).

Photo en couleur d’un navire aux flancs noirs avec une bande rouge dans la partie inférieure et une cheminée rouge, noir et blanc. Un plus petit bateau blanc avec quatre rames et une cheminée qui fume est ancré à tribord, devant. Le nom du navire est écrit en lettres rouges dans le coin supérieur droit de l’image.

Le S.S. Sardinian, exploité par Allan Line, vers 1875-1917 (a212769k).

BAC possède la liste des passagers, y compris les garçons des orphelinats Quarrier et le reste des passagers de cabine, qui sont partis de Glasgow et de Liverpool pour se diriger vers le Canada sur le Siberian en mars 1889. Mon grand-père, inscrit sous le nom de Rob Greenhorn, figure parmi les garçons âgés de neuf ans.

À l’instar de tous les groupes d’émigrants des orphelinats Quarrier, mon grand-père a voyagé vers le Canada dans l’entrepont. Il s’agissait des places les moins chères sur les longs voyages en bateau à vapeur. Si l’on en croit les descriptions, ces quartiers d’habitation et de couchage étaient misérables. Installés dans la partie la plus basse du navire, l’espace contenant les machines, les passagers de l’entrepont étaient entassés et disposaient de peu d’air frais, ce qui provoquait une puanteur insupportable (Entrepont – Wikipédia). Dans son rapport annuel de 1889, William Quarrier remercie Allan Line pour la commodité et le confort des installations, qui étaient (traduction) « comme d’habitude très généreuses et satisfaisantes » [1889, p. 24, sans titre (iriss.org.uk)]. Les souvenirs qu’a conservés mon grand-père de ce voyage diffèrent de ceux de William Quarrier. L’été dernier, ma tante Anna m’a raconté l’expérience de Robert sur le Siberian. D’après mon grand-père, les garçons étaient entassés comme des sardines. Ils étaient 14 dans une cabine où l’air était lourd et nauséabond (source : Conversation entre Anna Greenhorn et Beth Greenhorn, 22 août 2023).

Mon grand-père est arrivé à Halifax, en Nouvelle-Écosse, le 26 mars 1889, neuf jours après son départ. Une fois débarqués du navire, les garçons étaient pris en charge par des fonctionnaires de l’immigration dans l’entrepôt du quai 2. Cette photo des archives de la Nouvelle-Écosse montre cet entrepôt avant qu’un incendie ne le détruise en 1895.

Photo en noir et blanc d’un long bâtiment en brique d’un étage sur un quai en bois. Plusieurs voiliers se trouvent devant le quai, et un grand bâtiment en brique portant le nom de l’entreprise en lettres blanches se trouve derrière, du côté gauche.

L’entrepôt du Quai 2 avec l’élévateur à grains de l’Intercolonial Railway à l’arrière-plan, port d’Halifax, avant 1895. Photo : fonds Harry et Rachel Morton, numéro d’acquisition 2005-004/004, album Longley, partie 1, numéro 40, Archives de la Nouvelle-Écosse.

Avant 1892, la Direction de l’immigration relevait du ministère de l’Agriculture. Les installations d’Halifax vouées aux immigrants étaient rudimentaires. En janvier 1889, trois mois avant l’arrivée de mon grand-père, le sous-ministre de l’agriculture, John Lowe, a inspecté l’entrepôt du quai 2. Il a conclu que celui-ci n’était pas adéquat. Dans une note datée du 23 avril 1889, il écrit :

[Traduction]
À l’heure actuelle, les immigrants sont reçus dans le hangar à marchandises du Chemin de fer Intercolonial, dans le port en eau profonde. Une petite pièce située à l’angle de ce bâtiment est destinée à abriter les femmes et les enfants, mais sa capacité d’accueil est tout à fait insuffisante compte tenu du nombre d’immigrants qui arrivent. Des désagréments importants surviennent […] dans le hangar à marchandises, et lorsqu’un grand nombre de personnes arrivent et doivent attendre pendant plusieurs heures […] les épreuves que subissent les immigrants sont très dures, et dans certains cas, des enfants fragiles tombent gravement malades. Pour les raisons mentionnées ci-dessus, il est absolument nécessaire et urgent de mettre à la disposition des immigrants arrivant à Halifax des locaux adéquats. Il ne faudrait pas qu’un autre hiver se passe sans que l’on érige de telles structures d’accueil. [RG17, vol. 610, dossier 69092]

Après l’inspection faite par les agents d’immigration, mon grand-père et son groupe sont montés à bord d’un train du Chemin de fer Intercolonial à destination de la maison Fairknowe, située à Brockville, en Ontario. La distance entre Halifax et Brockville est de 1 730 kilomètres (1 074 milles). Cela a dû être un autre voyage épuisant, d’une durée de plusieurs jours.

Dans le quatrième et dernier article de cette série, l’histoire de Robert Roy Greenhorn nous mènera au Canada, plus précisément à la maison Fairknowe à Brockville, en Ontario, et plus tard à Philipsville, en Ontario, où il vivra jusqu’à la fin de sa vie.

Ressources complémentaires


Beth Greenhorn est gestionnaire de l’équipe du contenu en ligne à la Direction générale de la diffusion et de l’engagement de Bibliothèque et Archives Canada.

 

Cinquante ans après l’Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie : écouter les voix (partie 2)

English version

Par Elizabeth Kawenaa Montour

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certains pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

L’Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie (EPVM), également appelée commission Berger, est ouverte il y a cinquante ans, en 1974, par le gouvernement du Canada. Elle consiste à faire enquête sur les répercussions possibles du pipeline et à présenter des conclusions, pour orienter la prise de mesures appropriées. Le rapport final (volume un et volume deux) est publié en 1977. Bibliothèque et Archives Canada (BAC) conserve la collection des documents originaux de l’enquête, qui sont gérés par la Division des archives gouvernementales.

Voici le deuxième de trois billets de blogue sur l’EPVM. Il met en lumière deux personnes qui ont joué un rôle central dans l’exécution rigoureuse du processus d’enquête, et propose des méthodes supplémentaires pour trouver des documents sur l’enquête.

La première partie décrivait les populations et les terres du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest touchées par le projet de pipeline de la vallée du Mackenzie, et les événements qui ont conduit le gouvernement du Canada à réclamer une enquête. La troisième et dernière partie présentera des techniques de recherche approfondies permettant de trouver des documents sur l’EPVM.

Le commissaire Thomas R. Berger et l’interprète et animateur inuit Abraham Okpik

L’enquête chargée d’étudier les incidences environnementales et socioéconomiques potentielles du projet de pipeline est menée par le juge Thomas R. Berger. Ancien juge de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, il possède une expérience juridique des questions relatives aux Premières Nations. Il vient de représenter les Nisga’a dans Calder et al. c. Procureur général de la Colombie-Britannique, [1973] R.C.S. 313. Cette affaire conduit à l’arrêt Calder de 1973 de la Cour suprême du Canada, qui reconnaît que les titres ancestraux sur des terres existaient avant la colonisation et que ceux des Nisga’a n’ont jamais été abolis.

Abraham « Abe » Okpik, né dans le delta du fleuve Mackenzie, sert d’interprète pendant l’enquête, en 1974. Il agit également à titre de représentant linguistique auprès de la CBC (le pendant anglophone de la Société Radio-Canada) pour qu’elle puisse rendre compte des audiences de l’enquête. Grâce aux compétences linguistiques et à l’expérience de vie de M. Okpik, la commission d’enquête arrive à établir une communication avec les différentes communautés de l’Arctique et à favoriser la compréhension.

En 1965, M. Okpik est le premier Inuit à siéger au Conseil des Territoires du Nord-Ouest. À l’époque, son nom de famille légal est « W3-554 », car le gouvernement du Canada identifie les résidents du Nord par des numéros de disque. M. Okpik finit par choisir son nouveau nom de famille et est chargé de diriger le projet « Noms de famille » en 1970. Il se rend alors dans des campements et des communautés inuit du nord du Québec et des Territoires du Nord-Ouest pour enregistrer les noms de famille qui remplaceront les numéros d’identification. En 1976, M. Okpik est nommé membre de l’Ordre du Canada en reconnaissance de sa contribution à la préservation du mode de vie inuit et de son travail dans le cadre de la commission Berger.

Photographie en couleur d’Abe Okpik, debout à l’intérieur, et vêtu d’un parka inuit noir avec broderie florale rouge, jaune et vert sur un empiècement blanc avec frange rouge. Il porte des gants noirs en fourrure.

Abe Okpik, 1962 (e011212361).

Conclusions de la commission Berger

Le commissaire Berger résume ses réflexions dans son article de novembre 1978 sur l’EPVM (en anglais), qui inclut des commentaires sur l’industrialisation, le gaspillage énergétique, la création de parcs naturels et de sanctuaires pour les baleines, et la nécessité pour l’humanité de réfléchir à l’exploitation des ressources. Il reconnaît que le Nord constitue la dernière frontière et que ses territoires vierges et inhabités constituent un habitat essentiel pour de nombreuses créatures et leur survie. Il explique que son rapport sur l’EPVM fait état de deux ensembles d’attitudes et de valeurs contradictoires : « le pouvoir croissant des innovations techniques, l’exploitation des ressources naturelles et les répercussions des transformations rapides », opposés à « l’intensification de la conscience écologique et une préoccupation grandissante pour la nature sauvage, les ressources fauniques et la législation environnementale » (traduction).

L’enquête conclut qu’un pipeline longeant la vallée du Mackenzie jusqu’à l’Alberta est réalisable, mais qu’il faut d’abord mener une étude plus approfondie et régler les revendications territoriales autochtones. Par conséquent, un moratoire de dix ans est décrété sur la construction.

Des voix s’élèvent pour défendre la terre et la vie

La commission Berger adopte une approche des plus avant-gardistes en consultant directement la population, notamment en invitant les communautés touchées par le projet à participer à des audiences. Elles comprennent que le pipeline apportera des changements et perturbera leur relation avec les animaux et la terre. Elles parlent de leur mode de vie et des connaissances qui leur ont été transmises. Les enregistrements audio de ces témoignages oraux ont une valeur culturelle inestimable. Les connaissances de l’époque sont préservées et mises à la disposition des générations futures.

Photographie en noir et blanc d’un troupeau de caribous se déplaçant sur une rivière gelée dans un paysage enneigé.

Des caribous visés par le projet canadien sur les caribous traversent le fleuve Mackenzie, 1936 (a135777).

Fred Betsina, un Déné de 35 ans du village de Detah, dans les Territoires du Nord-Ouest, explique lors de l’audience tenue dans la communauté de Detah pourquoi il s’oppose à la construction d’un pipeline. Il sait, pour avoir piégé et chassé le caribou, que ce dernier est incapable de sauter par-dessus un conduit de 48 pouces, car il ne peut sauter plus haut que 12 pouces, et qu’il doit donc contourner tout obstacle lui barrant la route. Il dit souhaiter que les revendications territoriales soient réglées avant la construction d’un pipeline. En conclusion, il dit ceci : « … nous, les Indiens. Nous n’avons pas d’argent à la banque… Notre argent à la banque, c’est ce qu’on tire de la nature… C’est là que nous trouvons notre viande, et le poisson, c’est notre argent… c’est ce qu’on appelle une banque ici… » Il défend la faune, son peuple et les besoins de sa famille.

Le rassemblement de personnes issues de communautés éloignées les unes des autres permet également de nouer de nouvelles amitiés et de renforcer les alliances. La commission Berger offre un espace de discussion informelle sur des sujets économiques et politiques.

Découvrir le matériel de la collection de l’EPVM

Les documents de l’EPVM ont été transférés aux archives publiques du Canada en février 1978. Tous les documents de l’EPVM sont accessibles au public à des fins de recherche, mais ils ne sont pas tous disponibles sous forme numérique.

Capture d’écran de la page d’information sur les documents – Recherche dans la collection montrant trois barres horizontales foncées contenant du texte : Notice descriptive – Brève, Notice descriptive – Détails et Pour réserver ou commander des documents.

Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie (supports multiples) R216-165-X-F, RG126. Date : 1970-1977 (MIKAN 799).

Autres sources et conseils pour la recherche de documents

Voici des conseils pratiques pour trouver des documents sur l’EPVM avec l’outil Recherche dans la collection.

La page d’information sur les documents Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie (référence : R216-165-X-F, RG126) comporte trois sections : Note descriptive – Brève, Note descriptive – Détails et Pour réserver ou commander des documents.

Si vous ouvrez la deuxième section (Note descriptive – Détails), vous trouverez un lien intitulé « Voir description(s) de niveau inférieur ». En cliquant sur ce lien, vous ouvrirez les trois principales séries de documents : Transcriptions des séances et des témoignages, Pièces justificatives présentées lors de l’enquête et Dossiers de travail et d’administration

En ouvrant l’une des trois séries de documents ci-dessus, vous accéderez à la page d’information sur les documents de la série en question. Pour consulter les notices de niveau inférieur de chaque série, ouvrez la section « Notice descriptive – Détails » et cliquez sur le lien « Voir description(s) de niveau inférieur ».

Dans le document Transcriptions des séances et des témoignages (R216-3841-6-F, RG126), vous trouverez deux descriptions de niveau inférieur :

Dans le document Pièces justificatives présentées lors de l’enquête (R216-3840-4-F, RG126), vous trouverez quatre descriptions de niveau inférieur :

Dans le document Dossiers de travail et d’administration (R216-174-0-F, RG126), vous trouverez six descriptions de niveau inférieur :

* Veuillez noter que certains documents de l’EPVM ne sont pas disponibles en ligne sous forme numérique. Les dossiers de l’EPVM qui ne sont pas accessibles numériquement en ligne doivent être demandés et consultés sur place à BAC. Dans le cas d’un document accessible numériquement, l’image numérisée du document s’affiche en haut de la page d’information connexe.

La troisième partie de cette série proposera des stratégies précises sur la recherche de documents.


Elizabeth Kawenaa Montour est archiviste à la Division des archives gouvernementales de la Direction générale des documents gouvernementaux de Bibliothèque et Archives Canada.

La tarte à la patate douce : une valeur sûre depuis 1909

English version

Bannière Cuisinez avec Bibliothèque et Archives CanadaPar Dylan Roy

Vous ne me connaissez probablement pas, mais si vous avez lu les blogues d’Ariane Gauthier, vous avez déjà vu mes mains! Je lui ai servi de modèle pour les photos de cette série culinaire, que vous devez absolument lire si ce n’est déjà fait. Aux côtés de cette cuisinière passionnée et beaucoup plus compétente que moi, j’ai découvert l’univers complexe et fascinant de la cuisine… et c’est (presque) en solo que je me suis lancé dans la recette de tarte à la patate douce que je vous présente aujourd’hui.

Suivre une recette peu détaillée m’inquiétait un brin : après tout, c’était mon premier projet de cuisine. Malgré mes craintes, le résultat fut tout à fait satisfaisant. Je vous recommande vivement d’essayer cette tarte vous aussi. Mais avant de mettre la main à la pâte, voyons d’où vient la recette.

L’ouvrage Culinary landmarks or Half-hours with Sault Ste. Marie housewives, publié en 1909, est l’œuvre des auxiliatrices de Saint-Luc, dans la région de Sault Ste. Marie (Ontario). C’est la troisième édition du Handy Cook Book, deux éditions revues et augmentées ayant été publiées après le grand succès de la première mouture.

Pour un novice comme moi, la première question est de savoir par où commencer. J’ai trouvé ma réponse avec cette recette de tarte à la patate douce, trouvée dans un livre déniché sur Aurora, le catalogue de bibliothèque de Bibliothèque et Archives Canada (BAC).

Recette proposée par madame P. T. Rowland.

Recette de tarte à la patate douce tirée du livre Culinary landmarks or Half-hours with Sault Ste. Marie housewives (OCLC 53630417).

Rien de compliqué pour la garniture : une livre de patates douces, trois quarts de livre de beurre, autant de sucre, six œufs, de la muscade, un soupçon de whisky et du zeste de citron.

Avez-vous remarqué que la recette n’explique pas comment faire la croûte? Fort heureusement, un des premiers blogues de la série est venu à ma rescousse; nous reparlerons de cette étape plus loin.

Une livre de beurre, une bouteille de whisky, un sac de farine, un sac de sucre, un citron, un pot de muscade, une boîte d’œufs et une patate douce.

Ingrédients utilisés par l’auteur pour la recette de tarte à la patate douce tirée de Culinary landmarks or Half-hours with Sault Ste. Marie housewives. Photo gracieuseté d’Ariane Gauthier.

Pour la garniture, il faut d’abord faire bouillir les patates douces avec leur pelure. N’en faisant qu’à ma tête, j’ai décidé de les éplucher.

Étape suivante : piler les patates encore chaudes dans une passoire. Ça demande un peu d’huile de bras, mais vous avez votre entraînement du jour!

Mosaïque de trois images : des tranches de patates douces sont déposées dans un chaudron d’eau bouillante; des patates douces sont écrasées à l’aide d’une spatule; et la purée de patates passe à travers les trous d’une passoire.

Faire bouillir et piler les patates douces. Photo gracieuseté d’Ariane Gauthier.

Il faut ensuite battre six œufs dans un bol, puis les réserver. On crème ensuite le beurre et le sucre, et on intègre les patates douces sans arrêter de battre. Enfin, on ajoute les œufs et on mélange jusqu’à ce que le tout soit homogène.

Mosaïque de quatre images. Dans les deux premières, du sucre est versé dans le bol d’un batteur sur socle contenant déjà le beurre. Dans la troisième image, les patates douces pilées sont incorporées dans le bol; dans la quatrième image, on ajoute les œufs.

Battage du mélange de beurre, de sucre, de patates douces et d’œufs. Photo gracieuseté d’Ariane Gauthier.

Le mélange ne m’a pas semblé très ragoûtant, mais s’il y a une chose que j’ai apprise avec cette recette, c’est qu’il faut garder confiance et persévérer jusqu’au bout! J’ai donc réservé mon jugement pour le résultat final.

J’ai ajouté les assaisonnements : muscade, whisky et zeste de citron, des ingrédients essentiels pour rehausser le goût. J’ai commencé par une once de whisky, une pincée de zeste et une pincée de muscade, mais ce n’était pas assez. Tout en continuant à mélanger, j’ai rajouté du zeste et de la muscade, un petit peu à la fois. Après quelques minutes, le résultat était parfait. Voilà pour la garniture!

Pour ce qui est de la croûte, je l’ai fait cuire environ 5 minutes avant d’y verser la garniture. Je vous laisse essayer pour savoir si l’idée est bonne ou mauvaise…

Deux images côte à côte : le whisky est versé dans un bol contenant la garniture; et la garniture est versée dans la croûte.

Ajout d’une once de whisky à la garniture, et versement de la garniture dans la croûte. Photo gracieuseté d’Ariane Gauthier.

Une cuisson d’environ 30 minutes à 400 °F semble adéquate. Cependant, la garniture a beaucoup gonflé : on aurait dit un ballon prêt à exploser. Un peu inquiet, j’ai tout de même poursuivi la cuisson.

Avec les retailles de pâte, j’ai ajouté des décorations sur le dessus de la tarte. J’ai même pu faire un pouding avec le restant de garniture. Ma collègue Ariane a aussi fait sa propre tarte. Et voici le résultat :

Deux tartes aux patates douces décorées avec des retailles de pâte; un pouding aux patates douces; et une paire de mitaines de four rouges.

Deux tartes aux patates douces et un pouding. La tarte de l’auteur est à droite, et celle d’Ariane, à gauche. Photo gracieuseté d’Ariane Gauthier.

Pour une première expérience, je suis assez fier du résultat. Ma tarte était délicieuse, en tout cas selon mes collègues. Et grâce aux leçons apprises en préparant la première tarte, j’ai mieux réussi ma deuxième, malgré quelques faux pas. Je vous recommande vivement d’essayer cette recette et de nous raconter comment s’est passé votre voyage au siècle dernier.

Je termine en vous offrant un cadeau : ce petit poème sur les pâtisseries, tiré du livre de cuisine.

Poème en anglais dont voici une adaptation : « La Reine de Cœur fit des tartes, Par un beau jour d’été; Le Valet de cœur mangea une tarte, Et puis, tout étonné; Se sentit perdre la carte – Son cœur s’était arrêté. »

Poème tiré du livre Culinary landmarks or Half-hours with Sault Ste. Marie housewives (OCLC 53630417).

La Reine de Cœur fit des tartes
Par un beau jour d’été;
Le Valet de cœur mangea une tarte
Et puis, tout étonné
Se sentit perdre la carte –
Son cœur s’était arrêté.
[Traduction]

Si vous essayez cette recette, n’hésitez pas à partager les photos de vos résultats avec nous en utilisant le hashtag #CuisinezAvecBAC et en étiquetant nos médias sociaux : FacebookInstagramX (Twitter)YouTubeFlickr et LinkedIn.


Dylan Roy est archiviste de référence à la Direction générale de l’accès et des services à Bibliothèque et Archives Canada.

Cinquante ans après l’Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie : répercussions environnementales dans le nord-ouest (partie 1)

English version

Par Elizabeth Kawenaa Montour

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certains pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

L’Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie (EPVM), également appelée commission Berger, est ouverte il y a cinquante ans, en 1974, par le gouvernement du Canada. Elle consiste à faire enquête et à présenter des conclusions, pour orienter la prise de mesures appropriées. Le rapport final (volume un et volume deux) est publié en 1977. Bibliothèque et Archives Canada (BAC) conserve la collection des documents originaux de l’enquête, qui sont gérés par la Division des archives gouvernementales.

Voici le premier de trois billets de blogue. Il porte sur les événements qui ont précédé l’enquête et sur les secteurs touchés par le projet proposé. La deuxième partie sera consacrée aux personnes qui ont participé à l’enquête. La troisième précisera comment faire des recherches dans les documents de l’EPVM.

Machine Caterpillar avec système de levage et grappin soulevant un pipeline directement au-dessus du fossé où il sera déposé. Le fossé est bordé de neige. Plusieurs ouvriers se tiennent dans la neige et un autre est debout sur le grappin. Deux grands arbres, du côté gauche de l’image, ont des branches courtes sans feuilles.

Machine à enduire ou machine rubaneuse utilisée pour la pose d’un pipeline de 24 po dans un fossé, dans le cadre d’un projet de construction. Photographie présentée comme élément de preuve pendant l’Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie par G. L. Williams, les 21 et 22 avril 1975 (MIKAN 3238077).

Le fleuve Mackenzie est appelé « Dehcho » (grande rivière) par les Slavey (Dénés), « Kuukpak » (grand fleuve) par les Inuvialuit et « Nagwichoonjik » (fleuve traversant un grand pays) par les Gwich’in (Dénés). Le nom colonial « Mackenzie » a été donné au fleuve à la suite de la visite de l’explorateur Alexander Mackenzie dans la région en 1789.

Le fleuve Mackenzie serpente à travers les Territoires du Nord-Ouest vers le nord-ouest, jusqu’au delta du Mackenzie. À mi-chemin, d’immenses falaises de calcaire, connues sous le nom de Fee Yee (The Ramparts ou « les remparts »), se dressent sur le bord du fleuve Mackenzie. Le cours d’eau poursuit sa course jusqu’à la baie Mackenzie, la mer de Beaufort et l’océan Arctique. La chaîne des monts Mackenzie, prolongement septentrional des montagnes Rocheuses, s’étend de l’ouest du fleuve, dans les Territoires du Nord-Ouest, jusqu’au Yukon.

Photographie en noir et blanc de falaises aux parois verticales abruptes sur la rive droite d’un fleuve. La couche supérieure des falaises abrite des arbres et de la végétation. Sur le côté gauche et plus loin à l’horizon se trouve un élément géologique similaire. Le fleuve coule entre les deux.

Fee Yee (les remparts), fleuve Mackenzie. Titre original : The Ramparts, Mackenzie River (e011368927).

Traité no 11

Bien avant l’arrivée des visiteurs coloniaux, les Dénés avaient déjà donné le nom « Le Gohlini » (là où se trouve le pétrole) à l’endroit où se dresserait la ville de Norman Wells. On utilisait d’ailleurs du goudron fabriqué à partir de petites quantités de pétrole provenant de suintements pour imperméabiliser les canots. S’appuyant sur les connaissances des Dénés concernant les suintements de pétrole, la société Imperial Oil a mené un programme de forage en 1919 et 1920. En 1920, du pétrole a été découvert dans la région de Tutil’a (là où les rivières se rencontrent, en déné du Sahtu; Fort Norman, en anglais), et la construction d’une petite raffinerie de pétrole a suivi. Ces activités ont conduit à la signature du Traité no 11 en 1921 et 1922 par la Couronne et les représentants des peuples Tłı̨chǫ, Gwich’in, du Dehcho et du Sahtu. La zone visée couvre 950 000 km2 dans le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut d’aujourd’hui. L’interprétation du Traité no 11 par le gouvernement du Canada a permis à la Couronne d’obtenir la propriété de ces terres, alors que les Dénés considéraient le traité comme un accord de paix et d’amitié.

Quatre photographies gélatino-argentiques en noir et blanc montées sur une feuille de papier, dont trois montrent des bateaux sur une rivière et des scènes de rivage, et une montre des réservoirs de stockage de pétrole brut sur la rive.

Le navire à vapeur Mackenzie River à Norman Wells, le navire à vapeur Distributor en voie d’être chargé de barils d’essence, le cargo à moteur Radium King à Norman Wells, et les réservoirs de la société Imperial Oil Ltd. à Norman Wells, Territoires du Nord-Ouest. Date : 1938 (e010864522).

En 1968, une grève massive des travailleurs du pétrole à Prudhoe Bay, en Alaska, incite les investisseurs du secteur de l’énergie à élaborer des propositions pour acheminer le pétrole et le gaz naturel vers les marchés du sud, aux États-Unis et au Canada. La même année, le groupe de travail sur l’exploitation du pétrole dans le Nord est créé. Viennent ensuite les lignes directrices sur les pipelines dans le Nord, la politique officielle du gouvernement fédéral, élaborées en 1970 et élargies en 1972.

Une proposition d’Arctic Gas prévoit la construction d’un pipeline qui partirait de Prudhoe Bay, en Alaska, sur la mer de Beaufort, traverserait le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et l’Alberta, et permettrait le transport de ressources gazières supplémentaires rajoutées en chemin jusqu’aux États-Unis.

Carte en couleurs des caractéristiques physiques des terres et des eaux comportant les noms des provinces, des territoires et des États américains. Les noms des compagnies pipelinières sont inscrits et les sections de pipeline qui leur sont affiliées sont indiquées par des lignes pleines ou des lignes noires discontinues.

Tracé proposé du pipeline de la vallée du Mackenzie. Carte incluse dans le document suivant : Le Nord : terre lointaine, terre ancestrale : rapport de l’Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie : vol. I / M. le juge Thomas R. Berger, 1977. Publication avec carte.
Bibliothèque et Archives Canada/OCLC 1032858257, p. 6

La planification et la construction de l’infrastructure nécessaire pour soutenir et construire le pipeline constituent une entreprise complexe, tout comme la détermination des effets du pipeline sur l’environnement, la faune et la flore et les habitants de la région. On prévoit également que le pipeline entraînera un développement industriel d’une ampleur inconnue. En conséquence, le pipeline de la vallée du Mackenzie ne sera jamais construit, même si de nouveaux projets auront été proposés en lieu et place.

Découvrir les documents numérisés de la collection sur l’EPVM

Les documents sur l’EPVM ont été transférés aux archives publiques du Canada en février 1978. Ils sont tous accessibles au public à des fins de recherche, mais certains ne sont pas numérisés. La recherche peut aussi s’effectuer à partir des mots-clés « commission Berger » ou « enquête Berger ».

Pour vous familiariser avec l’outil Recherche dans la collection et chercher des documents sur l’EPVM, suivez le lien suivant :

La collection sur l’EPVM comprend les transcriptions numérisées suivantes :


Elizabeth Kawenaa Montour est archiviste à la Division des archives gouvernementales de la Direction générale des documents gouvernementaux de Bibliothèque et Archives Canada.

Centenaire de l’Aviation royale canadienne : honneur aux femmes militaires

English version

Par Rebecca Murray

Remarque : Comme la plupart des photos présentées dans ce blogue proviennent de microfiches numérisées, leur qualité varie. De plus, certaines d’entre elles ne sont pas décrites au niveau de la pièce dans le catalogue.

L’Aviation royale canadienne (ARC) célèbre son centenaire en 2024. Bibliothèque et Archives Canada (BAC) a le privilège de conserver des documents de l’ARC qui vont des débuts de l’organisation jusqu’au 21e siècle. Celle-ci tient une place importante dans l’histoire militaire du pays en raison de son rôle dans le développement de l’aviation canadienne et de ses opérations à l’étranger.

Le présent billet est consacré aux collections photographiques de l’ARC conservées à BAC, et tout particulièrement aux photos de femmes militaires à l’époque de la Deuxième Guerre mondiale. Le découblogue propose également des billets sur des infrastructures de l’ARC, comme l’aéroport à Fort St. John, et sur des événements marquants, comme la saga de l’Avro Canada CF-105 Arrow.

Une femme en uniforme debout devant un mur nu.

HC 11684-A-2, Long manteau avec chapeau et gants, 4 juillet 1941 (MIKAN 4532368).

Une de mes collègues a déjà raconté l’histoire de la Division féminine de l’Aviation royale du Canada. Je me contenterai donc de rappeler que cette division a vu le jour le 2 juillet 1941, sous le nom de Corps auxiliaire féminin de l’Aviation canadienne, qu’elle a été rebaptisée au début de 1942 et que plus de 17 000 femmes ont joint ses rangs.

Deux femmes vêtues de combinaisons assises de part et d’autre d’une hélice.

PBG-3143, Division féminine – Mécaniciennes de moteurs d’avion, 23 octobre 1942 (MIKAN 5271611).

Le fonds du ministère de la Défense nationale (RG24/R112) contient des photographies sur la Division féminine qui nous renseignent sur le service militaire des femmes à l’époque de la Deuxième Guerre mondiale. Cette collection de plus de 500 000 images est une mine d’or pour quiconque s’intéresse à cette période, car on y trouve des photos prises au Canada et à l’étranger. Depuis six ans, je tente activement de repérer les femmes sur ces photos. Si certaines femmes sont explicitement identifiées et mises en évidence, d’autres, figurant en bordure sur les photos de groupe, sont très difficiles à distinguer de leurs homologues masculins, surtout au premier coup d’œil.

Un homme en uniforme (au centre de la photo), assis et portant des lunettes, regarde une femme en uniforme debout (en bordure droite de la photo).

RE-1941-1, Service des comptes de paie, revue Crosswinds, 25 septembre 1944 (MIKAN 4740938).

Le centenaire est l’occasion idéale de faire connaître les résultats du travail effectué sur la sous-série de photographies de l’ARC, et de mettre en évidence le rôle joué par les femmes qui ont joint ses rangs pendant la période visée. Les 53 sous-sous-séries se distinguent généralement les unes des autres par le lieu. Les photos sont très variées : on y trouve par exemple des vues aériennes du Canada; des portraits officiels; ou des photos de la vie sur des bases établies en Europe après la guerre, comme à North Luffenham ou à Grostenquin. Toutefois, plusieurs s’intéresseront surtout aux images de cette sous-série qui documentent les activités courantes et la vie quotidienne des militaires pendant la Deuxième Guerre mondiale, tant au pays qu’à l’étranger.

Quatre femmes en uniforme, debout ou agenouillées près d’un sapin de Noël posé sur une table. Des cadeaux emballés se trouvent sur le plancher et au pied de l’arbre.

NA-A162, Sapin et danse de Noël à la Division féminine, 25 décembre 1943 (MIKAN 4532479).

Avec plus de 160 000 images, cette sous-série est un véritable trésor! Environ 1 900 d’entre elles (1 %) montrent des membres de la Division féminine ou des infirmières militaires de l’ARC. Les femmes sont surtout représentées sur les photos prises à Ottawa, à Rockcliffe ou au quartier général, ainsi que sur des bases régionales comme celles à Terre-Neuve, à l’Île-du-Prince-Édouard et en Colombie-Britannique.

La collection nous montre les membres de la Division féminine en train de travailler ou de s’amuser. On les voit célébrer des fêtes en groupe ou partager des moments de plaisir, oubliant pendant quelques instants les horreurs de la guerre en cours. Il y a des images où l’ambiance semble décontractée (voir les photos NA-A162 ci-dessus et SS-230B ci-après), et d’autres qui témoignent des importants travaux accomplis (image PBG-3143, plus haut). Les photos de groupe officielles sont monnaie courante, comme en témoigne l’image ci-dessous (G-1448) montrant des infirmières militaires. Pour de nombreuses bases en milieu éloigné ou rural, surtout pendant les premières années de la guerre, les seules femmes présentes sur les photos sont des infirmières militaires.

Photo officielle d’un groupe de 41 militaires comprenant 12 femmes, dont cinq portent le voile blanc distinctif des infirmières militaires. Le groupe est divisé en trois rangées; les personnes à l’avant sont assises.

G-1448, Personnel hospitalier à l’École d’artillerie aéronavale no 1, Royal Navy, Yarmouth (Nouvelle-Écosse), 5 janvier 1945 (a052262).

Groupe de 15 femmes, la plupart habillées en civil, profitant d’un moment de loisir dans ce qui ressemble à un salon. Bon nombre d’entre elles semblent faire de la broderie.

SS-230B, Cercle de couture de la Division féminine, officières du renseignement, 4 avril 1943 (MIKAN 5285070).

Vous avez une tante ou une grand-mère qui a servi dans la Division féminine de l’ARC et vous cherchez de l’information sur son service militaire? Pour en savoir plus, consultez les nombreuses ressources de BAC sur la Deuxième Guerre mondiale. Vous y apprendrez entre autres comment avoir accès à des dossiers de service militaire. Les dossiers de service des victimes de guerre, 1939 à 1947 – Deuxième Guerre mondiale peuvent être consultés à l’aide de notre base de données en ligne.

BAC met bien d’autres collections photographiques à votre disposition, par exemple la sous-sous-série PL prefix – Public Liaison Office (Bureau des relations publiques). Cette fabuleuse ressource regorge de photos de l’ARC et se trouve, du point de vue du classement archivistique, juste à côté de l’acquisition 1967-052, qui fait l’objet de notre projet de recherche. Toute personne souhaitant trouver un proche ayant servi dans l’ARC devrait inclure ces photos dans sa recherche.

Vous trouverez aussi de l’information sur le centenaire de l’Aviation royale canadienne sur le site officiel de l’ARC.


Rebecca Murray est conseillère en programmes littéraires au sein de la Direction des programmes à Bibliothèque et Archives Canada.

Pain au fromage et aux noix de 1924

English version

Bannière Cuisinez avec Bibliothèque et Archives CanadaPar Ariane Gauthier

Le livret Mangeons du fromage canadien : Recettes et menus a été publié par le ministère de l’Agriculture en 1924. Il met en valeur les aspects sains, nutritifs et économiques du fromage, en particulier le fromage québécois. Bien sûr, les connaissances sur la valeur nutritionnelle de cet aliment ont beaucoup évolué depuis. À l’époque, le livret affirmait : « Il n’y a point de repas où le fromage n’aît [sic] sa place avec profit, et celui qui va à son travail fortifié par cet aliment nutritif accomplira avec le même entrain la même somme d’ouvrage que s’il avait pris un copieux repas à base de viande. »

J’ai trouvé cet ouvrage dans notre outil en ligne Recherche dans la collection plutôt que dans notre catalogue Aurora. J’espérais ainsi dénicher quelque chose d’un peu plus personnalisé; par exemple, une recette de famille glissée dans une lettre archivée! C’est alors que j’ai découvert un dossier du ministère de l’Agriculture portant sur l’exportation du fromage canadien. Surprise : il dissimulait le livret Mangeons du fromage : Recettes et menus, en français et en anglais.

Page couverture d’un livret avec l’inscription "Mangeons du fromage : Recettes et menus".

Page couverture du livret Mangeons du fromage : Recettes et menus, publié en 1924 (OCLC 937533172). Image courtoisie de l’auteure, Ariane Gauthier.

(Finalement, on peut aussi trouver ce livret dans Aurora, OCLC 937533172. C’est la voie d’accès la plus simple.)

Ce tout petit ouvrage était coincé au milieu d’une pile d’entretiens, de comptes rendus économiques et d’enveloppes de photos portant sur le fromage canadien entre 1920 et 1924. Il a tout de suite piqué ma curiosité.

Mais cela ne m’a pas empêchée de lire tout le dossier. Ainsi, j’ai appris qu’à l’époque, l’industrie des produits laitiers était assez instable au Canada. L’exportation en Grande-Bretagne demeurait bonne (surtout pour le fromage) grâce à une prime particulièrement généreuse, mais la consommation de fromage déclinait. Les Britanniques – nos plus grands acheteurs – ne favorisaient plus autant cet aliment, et les Canadiens non plus.

Au ministère de l’Agriculture et parmi les producteurs, l’inquiétude régnait : le Canada perdrait-il sa place à l’international? C’est dans ce contexte que Mangeons du fromage canadien a été conçu.

J’ai feuilleté le livret en quête d’une recette. Mon seul critère : trouver quelque chose d’inédit. J’ai donc jeté mon dévolu sur une recette de pain au fromage et aux noix.

Texte présentant les ingrédients et les étapes de la recette de pain au fromage et aux noix.

Photo de la recette du pain au fromage et aux noix (OCLC 937533172). Image courtoisie de l’auteure, Ariane Gauthier.

J’ai commencé par rassembler les ingrédients, prenant bien soin de choisir un fromage canadien. Mon choix s’est porté sur un cheddar local, fabriqué près d’Ottawa.

Ingrédients utilisés pour la recette de pain au fromage et aux noix : pâte de tomates, sauce piquante, fromage cheddar, chapelure, huile d’olive, citron, poivre, sel et noix. (L’oignon ne figure pas sur la photo.)

Les ingrédients de la recette. Image courtoisie de l’auteure, Ariane Gauthier.

La recette demandait une tasse de mie de pain. Ça m’a semblé bizarre; j’ai regardé le livret en anglais pour comparer. À ma grande surprise, Cheese Recipes for Every Day présentait des recettes complètement différentes. Aucune trace de recette de pain au fromage et aux noix! Pour ne pas gaspiller un bon pain, j’ai choisi d’y substituer de la chapelure.

Première constatation : l’absence d’instructions. On présente les ingrédients, puis on dit simplement de mettre le tout dans un moule bien graissé et de « rôtir au four doux ».

Ingrédients côte à côte dans un bol : du fromage cheddar, des noix, de la pâte de tomates, des oignons, de la sauce piquante et de la chapelure.

Les ingrédients dans un bol. La recette ne dit pas de les mélanger, mais on devine que c’était l’intention. Image courtoisie de l’auteure, Ariane Gauthier.

Bref, on semble faire appel au gros bon sens du lecteur. J’ai donc bien mélangé le tout. Le résultat était assez sec, sans doute en raison de la chapelure. J’ai rajouté un peu d’eau, mais ça n’a guère aidé. Je m’en suis toutefois tenue à cela, n’osant pas trop modifier la recette.

Trois plans rapprochés, côte à côte, montrant le mélange des ingrédients et le transfert dans un plat de cuisson.

Assemblage et mélange des ingrédients. Le résultat est plus ou moins homogène. Image courtoisie de l’auteure, Ariane Gauthier.

J’ai ensuite versé le mélange dans un moule bien graissé, dont j’avais recouvert le fond de papier parchemin pour faciliter le démoulage. Aucune température de cuisson n’étant précisée, j’ai décidé d’enfourner le tout à 400 oF tout en gardant un œil sur le pain. Au bout d’une quinzaine de minutes, il avait pris une belle coloration et dégageait une odeur de grillé; je l’ai retiré du four. Voici le résultat :

Pain au fromage et aux noix sur une planche de bois.

Le pain au fromage et aux noix de 1924, qui tient de justesse en un morceau. Image courtoisie de l’auteure, Ariane Gauthier.

Le pain tenait de justesse; il était visiblement très sec. Il n’a d’ailleurs pas survécu au trajet entre mon domicile et le 395, rue Wellington, se transformant en une espèce de pâté. Malgré tout, je crois que mes collègues ont apprécié son petit goût surprenant, que je comparerais à celui de boulettes à spaghetti sans viande.

Qu’en pensez-vous?

Si c’était à refaire, je sacrifierais un bon pain pour en retirer la mie : elle absorberait sûrement mieux le mélange que la chapelure. Je prendrais aussi un fromage local avec un taux d’humidité plus élevé.

Si vous essayez cette recette, n’hésitez pas à partager les photos de vos résultats avec nous en utilisant le hashtag #CuisinezAvecBAC et en étiquetant nos médias sociaux : FacebookInstagramX (Twitter)YouTubeFlickr et LinkedIn.

Autres ressources :


Ariane Gauthier est archiviste de référence à la Direction générale de l’accès et des services à Bibliothèque et Archives Canada.

La dernière charge de cavalerie canadienne

Par Ethan M. Coudenys

Près du bois de Moreuil, les mitrailleuses crachent le feu et les obus s’abattent sur le champ de bataille, enterrant les hennissements des chevaux. C’est la dernière charge de cavalerie de la Grande Guerre sur le front occidental. Les défenses ennemies étant enfoncées, le feld-maréchal Douglas Haig demande à la brigade de cavalerie canadienne (plus précisément au Lord Strathcona’s Horse) de s’introduire dans la brèche et de pénétrer plus profondément dans le territoire contrôlé par les Allemands. Cette attaque désastreuse est la dernière charge de cavalerie de l’histoire militaire canadienne.

Deux rangs de chevaux de la brigade de cavalerie canadienne chargent l’ennemi.

Sir Alfred Munnings
La charge de l’escadron de Flowerdew
MCG 19710261-0443
Collection Beaverbrook d’art militaire
Musée canadien de la guerre

L’attaque a lieu le 30 mars 1918, au milieu d’une campagne de 100 jours pendant laquelle les Alliés réalisent des avancées considérables dans le territoire contrôlé par les Allemands, sur le front occidental. C’est le début de la phase finale de la Première Guerre mondiale. Au bois de Moreuil, les généraux estiment que l’infanterie et l’artillerie ont brisé la ligne de défense allemande. Pour la première fois depuis 1914, la brigade de cavalerie canadienne se lance à l’assaut.

Entre janvier 1915 et le début de 1918, les cavaliers assument pratiquement le rôle de soldats d’infanterie. Ils travaillent dans les mêmes tranchées et adoptent les mêmes tactiques défensives et offensives. Ils doivent néanmoins transporter le matériel de cavaliers en tout temps : harnachement, provisions pour leur monture et pour eux-mêmes; munitions; etc. Pourtant, ils n’ont pas droit au même sac à dos que les troupes d’infanterie. Leur sacoche de selle peut transporter une partie du matériel lourd, mais elle ne suffit pas pour transporter la totalité de l’équipement.

Groupe de soldats à cheval.

Le Lord Strathcona’s Horse en déplacement derrière le front, en 1916 (a000119).

Après les premiers mois du conflit, la cavalerie disparaît presque du front de l’Ouest. Toutefois, les planificateurs des offensives alliées ne perdent pas confiance en elle pour autant. En Grande-Bretagne, l’état-major général de la planification (General Planning Staff) est composé en grande partie d’officiers de cavalerie, comme Douglas Haig. Cette force est donc jugée essentielle pour vaincre l’Empire allemand. Elle est cependant rarement utilisée comme une véritable troupe de cavalerie, et la dernière charge au bois de Moreuil prouve une fois pour toutes que sa valeur stratégique est extrêmement limitée dans le contexte d’une guerre moderne.

Lors de ce jour fatidique, le lieutenant Gordon Muriel Flowerdew mène deux charges contre les positions défensives allemandes avec la compagnie C du groupe de cavalerie Lord Strathcona’s Horse. Ses hommes sont accueillis par 300 soldats d’infanterie allemands retranchés. À l’aide de la terrifiante mitrailleuse lourde MG-08 et de la nouvelle mitrailleuse légère, les défenseurs fauchent la cavalerie en quelques minutes. Le seul cavalier survivant se rappelle avoir entendu le lieutenant Flowerdew crier : « It’s a charge, boys! It’s a charge! » (À l’attaque, les gars! À l’attaque!) L’escadron atteint les troupes allemandes au triple galop, sans toutefois parvenir à prendre la position.

Pour son héroïsme, Flowerdew reçoit à titre posthume la Croix de Victoria, la plus haute récompense du Commonwealth britannique pour un acte de bravoure. Son histoire connaît cependant une triste fin puisqu’un seul homme de son escadron échappe à la mort.

De nos jours, un petit monument installé au bois de Moreuil commémore le sacrifice consenti par la compagnie C du Lord Strathcona’s Horse. Les restes des cavaliers canadiens, de leurs montures et de soldats allemands jonchent le champ de bataille. C’est la dernière charge de la brigade de cavalerie canadienne. Après la Deuxième Guerre mondiale, celle-ci se transforme en grande partie en corps blindé et motorisé. Quelques cavaliers se voient attribuer des rôles protocolaires au sein de l’Armée royale canadienne.

Malheureusement, aucun photographe n’a pu immortaliser cette dernière charge. Par contre, un célèbre peintre britannique, sir Alfred Munnings, a peint dans les années 1920 un tableau à l’huile qui est aujourd’hui conservé au Musée canadien de la guerre.

Autres ressources


Ethan M. Coudenys est conseiller en généalogie à Bibliothèque et Archives Canada.

L’expérience d’une étudiante travaillant dans les archives pendant l’été

Par Valentina Donato

Les artéfacts qui ont une histoire à raconter m’ont toujours fascinée. Pendant mes études de premier cycle à l’Université d’Ottawa, j’ai travaillé dans plusieurs musées pour m’immerger dans l’histoire. En tant qu’étudiante, j’ai eu le plaisir d’être engagée à Bibliothèque et Archives Canada (BAC), ce qui m’a permis d’apprendre énormément sur les archives et sur la préservation des collections.

C’est grâce au Programme fédéral d’expérience de travail étudiant que j’ai entendu parler du poste d’adjointe archivistique. J’ai pensé que ce serait agréable comme emploi d’été. Le programme pour étudiants de BAC offre de nombreuses possibilités à qui veut obtenir de l’expérience ou découvrir l’institution et d’autres services d’archives à Ottawa.

Quand j’ai obtenu le poste, je voulais notamment déterminer si une carrière dans les archives pouvait m’intéresser. J’ai mis l’accent sur le réseautage et appris tout ce que je pouvais sur les archives municipales et fédérales. En outre, j’ai eu la chance de visiter les édifices de BAC et d’autres archives, comme celles de la Ville d’Ottawa et du Musée canadien de la guerre. Ces visites aussi passionnantes qu’instructives m’ont fait découvrir tout un pan de l’histoire dont j’ignorais l’existence.

Je travaille actuellement au sein de l’équipe de la Réévaluation, à la Division des initiatives sur les documents gouvernementaux. J’y ai pris conscience de l’importance cruciale de la réévaluation pour remplir le mandat de BAC, car cette fonction facilite le repérage de nos collections et l’accès aux documents gouvernementaux.

Notre équipe s’emploie notamment à traiter l’arriéré afin de repérer et d’éliminer les documents qui n’ont aucun intérêt archivistique, comme les doublons. Pour ce faire, nous traitons les archives et les classons au bon endroit dans la collection. Un autre de nos objectifs consiste à améliorer la qualité des documents existants grâce à des descriptions et à des références précises, pour que les chercheurs trouvent ce qui répond à leurs besoins. Ces deux priorités aident toute personne intéressée à l’histoire canadienne à consulter les archives gouvernementales conservées à BAC.

En tant qu’étudiante en histoire, j’ai trouvé ce processus passionnant, car j’estime essentiel que le public ait facilement accès à l’histoire du Canada pour comprendre le passé. J’ai été agréablement surprise de constater à quel point mon travail serait concret. Au cours des premiers mois de mon emploi d’été, j’ai mis l’accent sur le catalogage, le classement et la rédaction de descriptions pour les archives. C’est extrêmement gratifiant de pouvoir organiser ou créer des instruments de recherche qui facilitent considérablement l’accès aux archives du gouvernement fédéral.

Avec l’archiviste principale Geneviève Morin et l’archiviste Emily Soldera, j’ai aussi pu participer à un projet pilote visant à repérer des supports spécialisés non recensés dans la collection. J’étais appelée à fouiller dans des boîtes de documents textuels du ministère de l’Agriculture. J’ai ainsi pu mettre en pratique les connaissances acquises quand j’évaluais des documents en ligne. Je voyais maintenant de mes yeux les types de dossiers que je cataloguais.

Mon travail consistait à trouver des supports spécialisés (comme des photos, des affiches ou des objets) passés inaperçus dans des boîtes censées contenir uniquement des documents textuels. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les boîtes en question ont donné lieu à des découvertes intéressantes! Pour que le public puisse en profiter, nous avons gardé des traces de nos trouvailles. Nous avons aussi discuté avec la gestionnaire des collections de documents gouvernementaux, Elise Rowsome, de la meilleure manière de préserver et d’entreposer nos nouveaux trésors.

Deux images côte à côte avec du texte en anglais. Sur la première, une large affiche rectangulaire vert et jaune dit : "Choisissez les oignons de l’Ontario… avec de la viande… dans la soupe… cuits au four… ou pour donner de la saveur". Des dessins de quatre repas illustrent le texte. La seconde image est celle d’un sac de carottes de la marque Wonder Pak. Il y a un dessin de ménagère et le texte anglais dit : "Carottes du Canada de catégorie 1".

Dossiers de la Division des fruits et légumes, MIKAN 134109 : RG 17, volume 4718, dossier 4718 2-Onions, partie 1 [affiche sur les oignons] et RG 17, volume 4717, dossier 4717 2-carrot, partie 1, 840.3C1 [emballage de carottes]. Ces dossiers seront temporairement inaccessibles, car le travail de préservation et de changement de contenants se poursuit. L’image est une gracieuseté de l’auteure, Valentina Donato.

La photo ci-dessus montre deux de mes trouvailles favorites dans les dossiers de la Division des fruits et légumes. Des affiches, des prototypes d’emballages alimentaires, des publicités, des étiquettes et bien d’autres choses encore étaient rangés avec les documents textuels. Ces articles de la vie quotidienne m’ont fait voyager dans la société canadienne du passé.

Parmi mes publicités favorites, je noterais celles d’Alcan Aluminium, produites vers 1959. Il y a des produits finis, mais aussi des maquettes. Chaque publicité, comme les exemples ci-dessous, montre des aliments et des produits qui peuvent être stockés ou cuits dans du papier d’aluminium. Mon regard a été attiré par les parcelles d’aluminium réfléchissantes insérées dans ces affiches (que mes photos ne permettent malheureusement pas de distinguer). Nous devons maintenant déterminer dans quels contenants nous allons placer ces articles, et comment nous allons les décrire et en faire le suivi dans notre système de catalogage, afin que les chercheurs y aient accès.

Deux publicités côte à côte d’Alcan montrant des produits qui peuvent être préservés dans du papier d’aluminium. Elles comprennent des parcelles d’aluminium qui reflètent la lumière. Le texte anglais dit : "Les produits les mieux préservés sur les tablettes sont emballés dans du papier d’aluminium Alcan" et "Ils attirent tous les projecteurs".

Division des fruits et légumes, MIKAN 134109, RG 17, volume 4734 30-1, partie 2 [Publicités d’Alcan Aluminium]. Ces dossiers seront temporairement inaccessibles, car le travail de préservation et de changement de contenants se poursuit. L’image est une gracieuseté de l’auteure, Valentina Donato.

J’ai fait une autre trouvaille dans les dossiers du Centre de recherche de la pomme de terre à Fredericton. En plus d’une boîte remplie de négatifs et d’épreuves photographiques, j’ai trouvé un carrousel de diapositives (une série de petites photos couleur à projeter dans un ordre précis) et une cassette sonore qui les accompagne.

Dans le cadre du projet, j’ai appris que divers types de matériel sont nécessaires pour consulter certains supports spécialisés. Le carrousel est un bon exemple : pour regarder les diapositives en toute sécurité, nous aurons besoin d’une table lumineuse qui ne dégage pas de chaleur et d’un appareil capable de lire la cassette. Des spécialistes en préservation nous aideront à le manipuler adéquatement, nous renseigneront sur le contexte de sa création et nous expliqueront pourquoi il a de la valeur dans les archives de BAC.

En plus d’avoir mis au jour de fascinants supports spécialisés, le projet montre pourquoi il est important que l’équipe de réévaluation se penche sur les collections existantes de BAC. C’est un travail sans fin, car nous analysons rétroactivement des documents déjà acquis pour améliorer les collections et aider les usagers à l’exploiter. J’ai bien hâte de poursuivre ce travail et d’en mesurer les progrès.

Un carrousel rempli de diapositives avec une cassette sonore à côté, le tout photographié en plongée.

Dossiers du Centre de recherche de la pomme de terre à Fredericton, MIKAN 206115, boîte 50, diaporama : Station de recherches de Fredericton. Ces dossiers seront temporairement inaccessibles, car le travail de préservation et de changement de contenants se poursuit. L’image est une gracieuseté de l’auteure, Valentina Donato.

Mon expérience de travail étudiant à BAC s’est avérée extrêmement enrichissante. Je suis donc ravie de pouvoir rester en poste à temps partiel pendant que je termine mes études. Je poursuivrai le travail de réévaluation, de classement et de description, et j’aurai l’occasion de voir la suite du projet visant à repérer les supports spécialisés non recensés.

Comme j’en suis à la quatrième année de mon baccalauréat, l’expérience acquise à BAC m’a donné une idée des nombreuses carrières qui s’offrent à moi dans les domaines du patrimoine et des archives. J’ai vraiment hâte de voir où me mènera cette expérience. Qui sait, peut-être que d’autres trésors sur le thème des légumes-racines sont enterrés dans les archives?

Autres ressources


Valentina Donato est adjointe en archivistique à la Direction générale des documents gouvernementaux de Bibliothèque et Archives Canada.

La grande Gabrielle et la petite Annik

Par Ariane Brun del Re et Stéphane Lang

Saviez-vous que la célèbre romancière Gabrielle Roy, connue pour Bonheur d’occasion (1945), La petite poule d’eau (1950) et Rue Deschambault (1955), a aussi publié des livres pour enfants?

Photographie sépia montrant une femme blanche aux cheveux foncés. Elle est assise devant une étagère remplie de livres, ses bras sont croisés et un sourire traverse son visage.

L’écrivaine Gabrielle Roy en 1946 (e010957756).

En 1976, Gabrielle Roy fait paraître Ma vache Bossie, un album illustré par Louise Pomminville. Celui-ci raconte l’histoire d’une fillette qui reçoit un drôle de cadeau pour son anniversaire : son père lui offre une vache surnommée Bossie afin qu’elle puisse se nourrir d’un lait plus gras que celui du laitier. Mais le cadeau, très dispendieux et encombrant, ne plaît pas à sa mère. En plus de déranger les voisins, Bossie produit tellement de lait que la famille ne sait plus quoi en faire!

Dans la biographie intitulée Gabrielle Roy, une vie (1996), François Ricard explique que Gabrielle Roy a écrit Ma vache Bossie vers 1954, à la même époque que Rue Deschambault. Le texte paraît une première fois sous le titre « Ma vache » dans la revue Terre et Foyer à l’été 1963. Gabrielle Roy le retravaille ensuite vers 1974 pour l’inclure dans Fragiles Lumières de la terre, un ouvrage qui regroupe des textes déjà publiés ailleurs, mais devenus difficiles d’accès. En fin de compte, Ma vache Bossie est retranchée du manuscrit; l’histoire paraît plutôt sous forme d’album illustré aux Éditions Leméac. Elle est aussi reprise dans Contes pour enfants (1998), qui rassemble quatre histoires d’animaux écrites par Gabrielle Roy. Entretemps, l’album est traduit en anglais par Alan Brown et paraît sous le titre My Cow Bossie (1988), avec les mêmes illustrations que dans l’édition française.

Couverture de l’album illustré intitulé Ma vache Bossie, sur laquelle figure une vache brune et blanche devant un pâturage.

Couverture de l’album Ma vache Bossie (1976) de Gabrielle Roy, illustré par Louise Pomminville (OCLC 299347564).

Pendant longtemps, nous avons cru que la première version de Ma vache Bossie, écrite dans les années 1950, avait été perdue. Jusqu’au jour où nous avons reçu un courriel d’Annik Charbonneau, professeure de mathématiques à la retraite, qui avait 9 ans lorsque Gabrielle Roy a écrit Ma vache Bossie. À cette époque, elle passait ses étés dans la région de Charlevoix, où Gabrielle Roy séjournait également. La grande écrivaine et la jeune fille se sont côtoyées à l’hôtel Belle Plage, où dînaient parfois Gabrielle Roy et son mari. Les propriétaires étaient des amis de Fernand Charbonneau et de Francine Grignon-Charbonneau, les parents d’Annik.

C’est à la suite de ces rencontres que Gabrielle Roy offre le tapuscrit de Ma vache Bossie à la jeune Annik. Dans la lettre écrite à la main qui l’accompagne, datée du 10 décembre 1954, l’écrivaine explique qu’elle lui remet cette histoire « tel que promis », « à la place des contes [qu’elle aurait] aimé [lui] raconter l’été dernier ». La lettre se conclut par une précieuse recommandation : « Reste surtout affectueuse, d’un cœur prêt à aimer si tu me permets un conseil; c’est là le plus beau chemin pour apprendre à vivre bien et richement. » Soixante-huit ans plus tard, Annik Charbonneau nous contactait pour que ces documents soient préservés à Bibliothèque et Archives Canada, où se trouve le fonds Gabrielle Roy.

Lettre manuscrite d’une page adressée à Annik Charbonneau et signée par Gabrielle Roy. Elle a été rédigée à l’encre bleue avec une écriture cursive.

Lettre manuscrite de Gabrielle Roy adressée à Annie (en réalité Annik) Charbonneau. Elle accompagnait le tapuscrit de Ma vache Bossie (e011414002).

Après avoir reçu les documents d’Annik Charbonneau, nous les avons comparés aux deux tapuscrits de Ma vache Bossie qui se trouvent dans le fonds Gabrielle Roy, acquis par Bibliothèque et Archives Canada en 1982. L’archiviste responsable du fonds à l’époque avait établi que les deux documents avaient vraisemblablement été écrits vers 1970. Nous avons cependant découvert que le premier des deux tapuscrits était identique à celui d’Annik Charbonneau : il s’agissait d’une copie carbone de celui qu’elle nous offrait (ou vice-versa)!

La première page de deux tapuscrits de Ma vache Bossie, qui sont des copies carbone l’une de l’autre. Celui de droite, que Gabrielle Roy a conservé, contient une correction faite à la main.

Deux tapuscrits de Ma vache Bossie. Celui de gauche a été offert à Annik Charbonneau tandis que l’écrivaine a conservé celui de droite. Le premier fait partie de la collection d’Annik Charbonneau sur Gabrielle Roy, et le second, du fonds Gabrielle Roy (e011414003 and e011414004).

Grâce à la lettre de Gabrielle Roy qui l’accompagnait, nous pouvions enfin dater correctement le tapuscrit en notre possession. Le don d’Annik Charbonneau nous a aussi permis d’apprendre que Gabrielle Roy dactylographiait parfois deux exemplaires d’un même texte en insérant une feuille de carbone entre deux feuilles de papier. Ce qui distingue les deux tapuscrits, ce sont les annotations écrites à la main par Gabrielle Roy, plus nombreuses dans la copie qu’elle a conservée que dans celle offerte à Annik Charbonneau, où elle se contente de corriger des coquilles ou d’ajouter un mot manquant. La dernière page du tapuscrit d’Annik Charbonneau porte la signature de Gabrielle Roy, ce qui montre son souci de l’authentifier avant de s’en départir. Ainsi, les nouvelles acquisitions nous offrent parfois des éléments contextuels pour mieux comprendre les documents qui se trouvent déjà dans notre collection!

Aujourd’hui, les deux tapuscrits sont enfin réunis à Bibliothèque et Archives Canada, mais pas dans le même fonds. Celui que nous avons acquis récemment fait partie de la collection d’Annik Charbonneau sur Gabrielle Roy. En plus du tapuscrit et de la lettre, cette collection comprend deux livres de Gabrielle Roy dédicacés à Francine G. Charbonneau, ainsi qu’une note manuscrite et des coupures de presse provenant de journaux et de revues comme Châtelaine et Madame, qui étaient autrefois rassemblées dans un album réalisé par Annik Charbonneau et sa mère. L’ensemble témoigne de l’impression que Gabrielle Roy a laissée sur les gens qu’elle côtoyait dans Charlevoix, comme la petite Annik à qui elle souhaitait raconter des histoires.

Autres ressources

  • Gabrielle Roy, une vie : biographie, François Ricard (OCLC 35940894)
  • Fonds Gabrielle Roy, Bibliothèque et Archives Canada (MIKAN 3672665)

Ariane Brun del Re et Stéphane Lang sont tous les deux archivistes de littérature de langue française au sein de la Division des archives culturelles à Bibliothèque et Archives Canada.