Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certains pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.
L’Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie (EPVM), également appelée commission Berger, est ouverte il y a cinquante ans, en 1974, par le gouvernement du Canada. Elle consiste à faire enquête et à présenter des conclusions, pour orienter la prise de mesures appropriées. Le rapport final (volume un et volume deux) est publié en 1977. Bibliothèque et Archives Canada (BAC) conserve la collection des documents originaux de l’enquête, qui sont gérés par la Division des archives gouvernementales.
Voici le premier de trois billets de blogue. Il porte sur les événements qui ont précédé l’enquête et sur les secteurs touchés par le projet proposé. La deuxième partie sera consacrée aux personnes qui ont participé à l’enquête. La troisième précisera comment faire des recherches dans les documents de l’EPVM.
Le fleuve Mackenzie est appelé « Dehcho » (grande rivière) par les Slavey (Dénés), « Kuukpak » (grand fleuve) par les Inuvialuit et « Nagwichoonjik » (fleuve traversant un grand pays) par les Gwich’in (Dénés). Le nom colonial « Mackenzie » a été donné au fleuve à la suite de la visite de l’explorateur Alexander Mackenzie dans la région en 1789.
Le fleuve Mackenzie serpente à travers les Territoires du Nord-Ouest vers le nord-ouest, jusqu’au delta du Mackenzie. À mi-chemin, d’immenses falaises de calcaire, connues sous le nom de Fee Yee (The Ramparts ou « les remparts »), se dressent sur le bord du fleuve Mackenzie. Le cours d’eau poursuit sa course jusqu’à la baie Mackenzie, la mer de Beaufort et l’océan Arctique. La chaîne des monts Mackenzie, prolongement septentrional des montagnes Rocheuses, s’étend de l’ouest du fleuve, dans les Territoires du Nord-Ouest, jusqu’au Yukon.
Traité no 11
Bien avant l’arrivée des visiteurs coloniaux, les Dénés avaient déjà donné le nom « Le Gohlini » (là où se trouve le pétrole) à l’endroit où se dresserait la ville de Norman Wells. On utilisait d’ailleurs du goudron fabriqué à partir de petites quantités de pétrole provenant de suintements pour imperméabiliser les canots. S’appuyant sur les connaissances des Dénés concernant les suintements de pétrole, la société Imperial Oil a mené un programme de forage en 1919 et 1920. En 1920, du pétrole a été découvert dans la région de Tutil’a (là où les rivières se rencontrent, en déné du Sahtu; Fort Norman, en anglais), et la construction d’une petite raffinerie de pétrole a suivi. Ces activités ont conduit à la signature du Traité no 11 en 1921 et 1922 par la Couronne et les représentants des peuples Tłı̨chǫ, Gwich’in, du Dehcho et du Sahtu. La zone visée couvre 950 000 km2 dans le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut d’aujourd’hui. L’interprétation du Traité no 11 par le gouvernement du Canada a permis à la Couronne d’obtenir la propriété de ces terres, alors que les Dénés considéraient le traité comme un accord de paix et d’amitié.
En 1968, une grève massive des travailleurs du pétrole à Prudhoe Bay, en Alaska, incite les investisseurs du secteur de l’énergie à élaborer des propositions pour acheminer le pétrole et le gaz naturel vers les marchés du sud, aux États-Unis et au Canada. La même année, le groupe de travail sur l’exploitation du pétrole dans le Nord est créé. Viennent ensuite les lignes directrices sur les pipelines dans le Nord, la politique officielle du gouvernement fédéral, élaborées en 1970 et élargies en 1972.
Une proposition d’Arctic Gas prévoit la construction d’un pipeline qui partirait de Prudhoe Bay, en Alaska, sur la mer de Beaufort, traverserait le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et l’Alberta, et permettrait le transport de ressources gazières supplémentaires rajoutées en chemin jusqu’aux États-Unis.
La planification et la construction de l’infrastructure nécessaire pour soutenir et construire le pipeline constituent une entreprise complexe, tout comme la détermination des effets du pipeline sur l’environnement, la faune et la flore et les habitants de la région. On prévoit également que le pipeline entraînera un développement industriel d’une ampleur inconnue. En conséquence, le pipeline de la vallée du Mackenzie ne sera jamais construit, même si de nouveaux projets auront été proposés en lieu et place.
Découvrir les documents numérisés de la collection sur l’EPVM
Les documents sur l’EPVM ont été transférés aux archives publiques du Canada en février 1978. Ils sont tous accessibles au public à des fins de recherche, mais certains ne sont pas numérisés. La recherche peut aussi s’effectuer à partir des mots-clés « commission Berger » ou « enquête Berger ».
Pour vous familiariser avec l’outil Recherche dans la collection et chercher des documents sur l’EPVM, suivez le lien suivant :
La collection sur l’EPVM comprend les transcriptions numérisées suivantes :
- Séances et témoignages
- audiences tenues auprès des collectivités – 77 fichiers de documents textuels datés de 1975 et 1976; les séances et témoignages sont présentés dans 77 volumes (C1‑C77)
- audiences officielles – 217 fichiers de documents textuels datés de 1975 et 1976
- Pièces justificatives
- pièces justificatives présentées lors des audiences tenues auprès des collectivités – 700 fichiers de documents textuels datés de 1975 et 1976; chaque fichier est une entrée distincte accompagnée du numéro de la pièce, de la date et de l’auteur
Elizabeth Kawenaa Montour est archiviste à la Division des archives gouvernementales de la Direction générale des documents gouvernementaux de Bibliothèque et Archives Canada.