Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certains pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde — terminologie historique.
De nos jours, Inuits s’identifient à l’aide d’une combinaison de prénoms d’origine euro chrétienne et de noms de famille inuits. Cela n’a pas toujours été le cas. Avant la première moitié du 20e siècle, Inuits ne portaient pas de nom de famille. Les noms inuits traditionnels reflétaient ce qui avait de l’importance pour eux : la famille, les esprits, les animaux, l’environnement. Ces noms n’étaient pas spécifiques à un sexe en particulier; ce n’était pas non plus des patronymes reconnus et partagés.
Dans les années 1920, les missionnaires, les commerçants de fourrures et les fonctionnaires du gouvernement ont voulu identifier les Inuits conformément aux normes européennes et an modèle de société patriarcale. Ces groupes croyaient que l’absence de noms de famille et d’orthographe normalisée compliquait l’identification des Inuits dans les documents reliés au commerce, lors des recensements et dans bien d’autres occasions. Un système d’attribution de numéros de disque a alors été mis en place; il avait pour but, non seulement d’identifier les Inuits, mais aussi de gérer la distribution des allocations familiales et autres formes d’aide, ainsi que les soins de santé.

Collecte des données de recensement et vérification de certaines questions reliées aux allocations familiales, Windy River, [T. du N.-O. (Nunavut)], 10 décembre 1950 (a102695)
Finalement, en 1941, le gouvernement fédéral a choisi d’attribuer à chaque Inuit un identifiant numérique unique, lequel était estampillé sur un disque ou imprimé sur une carte. Ces identifiants étaient souvent appelés « numéro de disque esquimau » ou ujamiit (ujamik) en inuktitut. Inuits devaient toujours avoir ce numéro sur eux; il était souvent cousu sur un vêtement ou attaché à un lacet porté autour du cou. Ces numéros ont été utilisés jusqu’en 1972, sauf au Québec, où cette pratique a continué pendant quelques années.
Les trois photographies suivantes, prises en ordre séquentiel, montrent les membres d’une même famille tenant leur numéro de disque écrit sur un tableau.

Portrait d’un homme [David Arnatsiaq] tenant un petit tableau portant le numéro 6008, à Pond Inlet (Mittimatalik/Tununiq), Nunavut, août 1945 (e002344278)

Portrait d’une femme [Tuurnagaaluk] tenant un petit tableau portant le numéro 6009, à Pond Inlet (Mittimatalik/Tununiq), Nunavut, août 1945 (e002344279)

Portrait d’une jeune femme [Juunaisi/Eunice Kunuk Arreak] tenant un petit tableau portant le numéro 6010, à Pond Inlet (Mittimatalik/Tununiq), Nunavut, août 1945 (e002344280)
Bibliothèque et Archives Canada conserve des témoignages du système de numéros de disque sur des photographies et des documents, tels que des listes de personnes avec leur numéro de disque et des listes montrant la transition vers l’adoption du nom de famille et du numéro d’assurance sociale. Notez bien que ces documents ne peuvent être consultés, car ils contiennent des renseignements personnels.
« ujamik » (sg.) « ujamiit » (pl.) signifie simplement collier. Le disque était donc parfois simplement appelé « le collier », puisque, effectivement, il était souvent attaché à un lacet porté autour du cou. Merci pour cet article.
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