Jackie Robinson et la barrière raciale au baseball

Par Dalton Campbell

En avril 1946, on propose à Jackie Robinson de jouer avec les Royaux, l’équipe de baseball de Montréal qui évoluait dans la Ligue internationale. Il sera le premier homme noir à faire partie d’une équipe de la Ligue majeure de baseball au cours du vingtième siècle. Après avoir signé un contrat en octobre 1945 avec les Dodgers de Brooklyn, la direction des Dodgers l’envoie avec les Royaux, le meilleur club des ligues mineures affilié aux Dodgers, pour qu’il acquière de l’expérience. Les dirigeants croient que Montréal sera une ville moins hostile, de sorte qu’il pourra apprendre à composer avec la curiosité des médias et l’attention des admirateurs et à tolérer la discrimination sur le terrain et l’intimidation physique.

Photographie en noir et blanc d'un joueur de baseball qui court sur les coussins. Un pied sur le troisième coussin, il se tourne et se dirige vers le marbre. En arrière-plan, d'autres joueurs et, au loin, la clôture du champ et des arbres.

Jackie Robinson, portant un uniforme des Royaux de Montréal, contourne le troisième coussin et se dirige vers le marbre durant l’entraînement de printemps. Le 20 avril 1946 (a201547)

Durant le premier match de la saison, il dépasse les attentes : quatre coups sûrs, trois points produits et un coup de circuit. Une illustre photographie immortalise un coéquipier des Royaux, George « Shotgun » Shuba, qui serre la main de M. Robinson quand celui-ci franchit le marbre après son coup de circuit. Il semble que ce soit la toute première photographie d’un Blanc félicitant un Noir sur un terrain de baseball. Lire la suite

Oscar Peterson

Par Dalton Campbell

Ces photographies d’Oscar Peterson et de sa famille ont été prises en 1944. À la fin de l’adolescence, il est déjà un musicien professionnel expérimenté. Depuis 1942, il joue régulièrement avec le Johnny Holmes Orchestra, un orchestre de danse populaire qui fait danser les gens à Montréal et aux alentours. Oscar quitte l’orchestre en 1947 et s’installe à demeure à l’Alberta Lounge, un cabaret près de la gare Windsor, où il dirige son propre trio pendant deux ans.

Une photographie en noir et blanc montrant Oscar Peterson jouant du piano dans un cabaret.

Oscar Peterson, photographié par DC Langford [1944] (e010752610)

Étant donné la scène jazz dynamique de la ville, ce ne sont pas les possibilités de jouer qui manquent pour Oscar : il joue professionnellement, joue en direct pour des émissions radiophoniques de la CBC et rencontre des musiciens en visite dans la ville pour donner des concerts avec qui il fait des séances musicales improvisées. Il s’est gagné l’admiration de Count Basie, Woody Herman, Ella Fitzgerald, Coleman Hawkins, Dizzy Gillespie et d’autres. Oscar demeure au Canada jusqu’en 1949, lorsque Norman Granz le convainc de se joindre à la série de concerts « Jazz at the Philharmonic » à Los Angeles. Cela marque le début de sa carrière internationale.

Les parents d’Oscar sont des immigrants au Canada. Daniel Peterson, le père d’Oscar, vient des îles Vierges britanniques et travaille comme manœuvrier sur un navire marchand. Sa mère, Kathleen Olivia John, est originaire de Saint-Kitts dans les Antilles britanniques, et travaille comme cuisinière et aide ménagère. Ils se rencontrent et se marient à Montréal, puis s’installent dans la Petite-Bourgogne/St-Henri, quartier majoritairement habité par des Noirs. Comme beaucoup d’hommes qui demeurent dans ce quartier, Daniel obtient un emploi à la gare Windsor comme porteur sur les trains de passagers pour le Chemin de fer Canadien Pacifique.

Une photographie en noir et blanc montrant Oscar Peterson avec son père Daniel. Les deux hommes sont assis au piano, leurs mains sur le clavier, souriant et regardant le photographe vers le haut.

Oscar Peterson et son père Daniel, au piano [1944] (e011073129)

Grâce à l’enseignement et aux encouragements de leurs parents, les enfants Peterson deviennent des musiciens accomplis.

Fred, l’aîné des enfants, initie Oscar au ragtime et au jazz quand il en joue sur le piano familial. Fred meurt dans les années 1930, alors qu’il est encore adolescent. Oscar a déjà dit de Fred qu’il était le musicien le plus talentueux de la famille.

Une photographie en noir et blanc montrant Oscar Peterson assis, jouant du piano. Son frère Charles, vêtu de l'uniforme de l'Armée canadienne, est debout à côté de lui et joue de la trompette.

Oscar Peterson au piano, avec son frère Chuck, l’accompagnant à la trompette [1944] (e011073128)

Un autre frère, Charles, qui sert dans une batterie d’artillerie de l’Armée canadienne pendant la Seconde Guerre mondiale, joue dans la fanfare du régiment. Après la guerre, il continue comme trompettiste professionnel, travaillant en studio et se produisant dans plusieurs boîtes de nuit de Montréal dans les années 1950 et 1960. Comme ses frères et sœurs, il joue également du piano, mais est contraint d’y renoncer après avoir subi un accident de travail dans une usine à Montréal après la guerre.

Une photographie en noir et blanc d'Oscar Peterson et de sa sœur Daisy, assis au piano avec leurs mains sur le clavier. Ils regardent vers le photographe et sourient.

Oscar Peterson et sa sœur Daisy, au piano [1944] (e011073127)

Daisy, la sœur aînée d’Oscar, est aussi une pianiste virtuose. Elle obtient un diplôme en musique de l’Université McGill et a une carrière longue et influente comme professeure de musique à Montréal. Elle est la première professeure de piano de ses frères et sœurs et présente Oscar à son propre professeur de piano, Paul de Marky, un pianiste de concert qui joue dans la tradition de Franz Liszt. Daisy enseigne à Montréal pendant plusieurs années; ses élèves comprennent les futurs musiciens de jazz Milton Sealey, Oliver Jones, Reg Wilson et Joe Sealy.

Ressources connexes :


Dalton Campbell est archiviste à la section Science, environnement et économie dans la division des Archives privées.