Les 260 ans de la carte de Murray : la vallée du Saint-Laurent à travers les yeux et la plume d’ingénieurs militaires britanniques

Par Isabelle Charron

Photo couleur d’une grande carte manuscrite, composée d’une quarantaine de feuilles, étalée sur un carrelage sombre. Une carte rectangulaire plus petite se trouve sur une table dans le coin supérieur gauche.

Plan of Canada or the province of Quebec from the uppermost settlements to the island of Coudre […], 1761-1763 (pièce 5446324). La carte a été assemblée avec toutes les précautions nécessaires sur le plancher du Centre de préservation de Bibliothèque et Archives Canada (BAC), à Gatineau. L’assemblage fait environ 8,8 m sur 15,5 m. La grande carte du Saint-Laurent de James Cook (e010691696) est étalée sur une table, dans le coin supérieur gauche. Photo : David Knox, BAC

En septembre 1760, l’armée britannique prend Montréal, mais elle n’est toujours pas assurée de conserver dans son giron la Nouvelle-France et le Canada (actuelle vallée du Saint-Laurent). Elle connaît mal le territoire qu’elle occupe, ainsi que les voies de communication fluviales et terrestres avec la Nouvelle-Angleterre, ce qui fragilise son emprise sur ces lieux. Pour contrer cette lacune, le général James Murray, gouverneur de Québec, entreprend de faire cartographier en détail la vallée du Saint-Laurent. Le contexte de l’occupation est favorable, car plusieurs ingénieurs militaires sont sur place, dont les talentueux John Montresor et Samuel Holland. Ce dernier s’installera d’ailleurs à Québec et aura un impact considérable sur l’histoire de la cartographie au Canada. Les cartes et les renseignements compilés lors de ce projet d’envergure seront ultimement transmis au roi d’Angleterre George III et aux officiers de haut rang afin d’améliorer leur connaissance du territoire et de ses habitants. Ces documents constitueront ainsi des outils essentiels dans l’éventualité d’une rétrocession à la France qui nécessiterait une nouvelle tentative d’invasion.

C’est ainsi que dès le printemps de 1761, il y a de cela 260 ans, des équipes arpentent le territoire compris entre Les Cèdres et l’île aux Coudres. Sur leur passage, elles consignent tous les éléments de la géographie physique et humaine : relief, terres cultivées, boisées ou marécageuses, rivières, routes, noyaux villageois, incluant les maisons, les églises et les moulins, ainsi que bien d’autres observations. Elles recensent aussi les communautés des Premières Nations de Kahnawake, Kanesatake, Wendake, Odanak et Wôlinak. Les fortifications et les positions des troupes britanniques y sont également représentées. Le général Murray exige également que l’on recense, dans chaque village, le nombre de familles et le nombre d’hommes aptes à porter les armes, et que l’on intègre ces données à la carte. Fait à noter, les carnets de terrain des arpenteurs ayant participé à ce vaste projet de cartographie semblent à ce jour toujours introuvables.

Carte en couleurs affichant une rivière et des îles avec les mots St. Rose écrits au centre, vers le bas.

Sainte-Rose (Laval). À l’époque, les arpenteurs notent que Sainte-Rose compte 85 familles et 95 hommes aptes à porter les armes. Les localités de Boisbriand et de Rosemère se trouvent sur la rive nord de la rivière des Mille Îles, illustrée ci-dessus. Détails de la feuille no 9. (e010944374_9)

Carte en couleurs montrant une rivière et un village avec les mots New Lorrette écrits au centre, vers le haut.

Wendake. Détail de la feuille no 33. (e010944374_33)

Sept immenses cartes manuscrites de la vallée du Saint-Laurent (appelées communément les « cartes de Murray ») seront dessinées dans le cadre de ce projet, chacune comprenant de nombreuses feuilles. Trois dessinateurs, Charles Blaskowitz, Digby Hamilton et Charles McDonnell, traceront les versions définitives rehaussées à l’aquarelle, afin qu’elles plaisent à leurs prestigieux destinataires. Deux de ces cartes se trouvent à BAC : celle du Board of Ordnance (pièce 5506021), chargé de l’approvisionnement de l’armée et des ingénieurs militaires, et celle de James Murray (pièce 5446324). Deux autres cartes se trouvent à la British Library, à Londres : celle de William Pitt, ministre de la guerre et futur premier ministre, et celle du roi George III. Une autre carte, peut-être destinée au gouverneur de Montréal Thomas Gage, est conservée à la William L. Clements Library de l’Université du Michigan, à Ann Arbor. Les deux dernières cartes, dont celle du commandant en chef Jeffery Amherst, sont manquantes. Peut-être referont-elles surface un jour? Puisque les cartes de Murray relèvent à l’époque du renseignement militaire elles n’ont jamais été gravées afin d’être publiées. L’étendue du territoire représenté, la forme et le style de dessin diffèrent quelque peu d’une carte à l’autre. Ainsi, celle du Board of Ordnance, dont le dessin est plus artistique, couvre un territoire un peu plus restreint, de Les Cèdres jusqu’au cap Tourmente. Elle se présente en 23 feuilles de dimensions variables réparties en quatre sections. La carte destinée à James Murray compte 44 feuilles sensiblement de la même grandeur et s’étend jusqu’à l’île aux Coudres.

Carte en couleurs montrant une rivière et un village avec les mots Château Richer écrits près du centre.

Château-Richer. Détail de la feuille no 36. (e010944374_36)

Aucune carte aussi détaillée de ce vaste territoire, à cette grande échelle, n’avait été dessinée sous le Régime français. La production cartographique avait pourtant été fort prolifique : pensons aux cartes de Jean-Baptiste Franquelin, de Gédéon de Catalogne et de Jean-Baptiste de Couagne, ou encore aux cartes dressées par Jacques-Nicolas Bellin (p. ex. pièce 3693313) au Dépôt des cartes et plans de la Marine, à Paris, à partir d’informations en provenance de la colonie. Les cartes de Murray constituent donc une représentation unique de la vallée du Saint-Laurent à la veille de la cession officielle de la Nouvelle-France à l’Angleterre par le traité de Paris de 1763. C’est également l’un des projets cartographiques les plus importants entrepris par l’armée britannique au 18e siècle, au même titre que ceux menés en Écosse (Roy, 1747-1755), en Floride (De Brahm, 1765-1771), au Bengale (Rennell, 1765-1777) et en Irlande (Vallancey, 1778-1790).

Carte en couleurs montrant un bassin formé par l’élargissement d’une rivière. Un archipel composé d’une quinzaine de petites îles borde le côté droit du bassin. On peut lire les mots Bason of Chambly près du haut de la carte.

Chambly, le fort Chambly et Saint-Mathias-sur-Richelieu. Détail de la feuille no 11. (e010944374_11)

Cet album Flickr contient les 44 feuilles de l’exemplaire personnel de la carte de James Murray qui a été restaurée, puis renumérisée. L’instrument de recherche comprend la carte index sur laquelle on a inscrit les numéros de copies électroniques de chacune des feuilles et une liste exhaustive qui facilite la recherche et l’identification des lieux (notez que l’on emploie les toponymes d’aujourd’hui). Vous pouvez aisément repérer les feuilles qui vous intéressent et télécharger les images à l’aide de l’outil Recherche dans la collection de BAC.

Une grande partie du patrimoine bâti qui figure sur la carte de Murray a disparu, le paysage a subi d’importantes transformations et la représentation des éléments n’est pas parfaite. Néanmoins, vous réussirez peut-être à repérer la maison de vos ancêtres, votre quartier, l’église ou le joli moulin que vous avez visités lors de vos vacances, ou encore des routes que vous avez sillonnées au fil des ans. La comparaison des feuilles de la carte de Murray avec des images actuelles, comme celles que l’on trouve dans Google Maps, s’avère aussi un exercice fort intéressant. Vous pouvez également utiliser Co-Lab, l’outil de production participative de BAC, pour contribuer à documenter davantage ce trésor cartographique. Les possibilités sont immenses; à vous de les explorer!

Bon voyage au 18e siècle… à travers les yeux et la plume d’ingénieurs militaires britanniques!

Carte en couleurs montrant une rivière, des maisons, une église et une route. On peut voir les mots Pointe du Lac écrits au bas.

Pointe-du-Lac (Trois-Rivières). Détail de la feuille no 22. (e010944374_22)

Pour en savoir plus:


Ce billet de blogue a été écrit par Isabelle Charron, archiviste en cartographie ancienne au sein de la section des supports spécialisés de la Direction des archives privées à Bibliothèque et Archives Canada

Arthur Lismer et les cours d’art pour enfants : un défi Co-Lab

Par Brianna Fitzgerald

Depuis que les restrictions liées à la COVID-19 ont mis sur pause les programmes dédiés aux enfants, l’énergie, le bruit et la créativité qui animaient plusieurs musées des beaux-arts du pays, pendant les matinées de fin de semaine, semblent chose du passé. Comme les cours et les ateliers d’arts ont dû passer en mode virtuel pour s’adapter au contexte actuel, nous vivons une période de grand changement dans le domaine de l’éducation artistique des enfants. Susciter la créativité des jeunes en mode virtuel constitue en effet un beau défi.

Ce n’est pas la première fois que les méthodes d’éducation artistique des enfants sont bousculées. Dans les années 30, le peintre Arthur Lismer (1885-1969), membre du Groupe des Sept, a entrepris de réformer radicalement l’éducation artistique au Canada. Il voulait transformer les musées d’art en faisant de ces lieux formels des espaces communautaires animés.

Lorsque j’ai posé les yeux sur des images de cours d’art donnés par Lismer, dans le fonds Ronny Jaques conservé à Bibliothèque et Archives Canada, j’ai senti émerger en moi un flot de souvenirs de ma propre enfance passée dans les cours d’arts, et de l’enthousiasme frénétique des petites mains et des jeunes esprits au travail. Avant de trouver ces images, j’ignorais l’importance de l’enseignement dans la vie de Lismer, ainsi que ses efforts inlassables pour populariser l’éducation artistique et en faire reconnaître l’importance. J’ignorais également à quel point son modèle éducatif des années 30 ressemblait à celui que j’avais connu des décennies plus tard. Dans les années 30, les cours d’art dédiés aux enfants ont gagné en popularité partout au pays, en grande partie grâce au travail acharné et à l’innovation de Lismer.

Photographie noir et blanc d’une jeune fille aux tresses noires vêtue d’un tablier pâle et agenouillée sur le plancher avec un pinceau dans la main droite. On peut voir le bas d’un tableau encadré derrière elle.

Une jeune fille avec un pinceau pendant un cours d’art pour enfants donné par Arthur Lismer, Toronto (e010958789)

En 1929, Lismer est nommé directeur de l’éducation au Musée des beaux-arts de Toronto (maintenant le Musée des beaux-arts de l’Ontario). Il commence à mettre en place plusieurs programmes pour concrétiser son désir de rendre l’art accessible à tous, et ainsi faire du musée un espace communautaire.

Sa première réussite consiste à organiser des visites pour les écoles, visites qui feront partie intégrante de certains programmes au conseil scolaire de Toronto. Lismer lance ensuite les cours d’art pour enfants du samedi matin. Le personnel enseignant et la direction des écoles de la région sélectionnent leurs meilleurs artistes pour que ces enfants soient invités aux cours du Musée. Ces cours ne coûtent que quelques dollars pour l’achat du matériel, et les élèves ont la chance de remporter une bourse permettant de suivre un cours élémentaire à l’Ontario College of Art (maintenant l’Université de l’École d’art et de design de l’Ontario).

Accueillant environ 300 élèves chaque semaine, le Musée connaît des samedis matin animés. Les enfants sont autorisés à travailler librement et encouragés à explorer leurs idées et leurs pulsions créatrices. En plus de peindre et dessiner, ils pratiquent la sculpture à l’argile, créent des costumes et participent à des spectacles. Les cours ont lieu dans les musées. Les enfants, éparpillés sur le plancher, travaillent sur de multiples moyens d’expression, entourés d’œuvres d’art célèbres accrochées aux murs. Pendant les années 30 et 40, des expositions d’œuvres créées par les enfants pendant les cours du samedi matin figurent couramment dans le programme du Musée.

Photographie noir et blanc d’enfants agenouillés dans un musée d’art, au milieu du plancher, entourés de papier et de fournitures artistiques. Une enseignante debout au milieu de la pièce aide une élève. Les murs sont parsemés de peintures encadrées, et on peut voir une galerie adjacente derrière quatre colonnes foncées. De la scène émane l’énergie des enfants qui construisent des maisons en papier.

: Participants au cours d’art pour enfants organisé par Arthur Lismer (e010980053)

Les cours du samedi donneront finalement naissance au Centre d’art du Musée des beaux-arts de Toronto, qui appuiera les activités pédagogiques du Musée. Ce centre permettra la tenue de classes plus petites pour intensifier les interactions avec chacun des enfants, en plus d’ouvrir de nouvelles possibilités pour concrétiser les projets de Lismer.

Après plusieurs années de succès à la tête du programme du Centre d’art, Lismer est invité à faire une tournée de conférences dans l’ensemble du pays pour parler de l’art canadien et des cours d’art pour enfants. Lismer avait déjà présenté ses méthodes à des enseignants de Toronto pour que ceux-ci les intègrent dans leurs propres cours. Grâce à cette tournée de conférences, Lismer a maintenant la chance de changer la manière dont on enseigne l’art partout au pays.

Le Musée des beaux-arts de Toronto n’est ni la première ni la dernière aventure de Lismer dans le monde de l’éducation artistique pour enfants. En 1917, à Halifax, il organise des cours du samedi matin à la Victoria School of Art and Design (aujourd’hui le Nova Scotia College of Art and Design), dont il est le directeur. Après son poste à Toronto et sa tournée de conférences, Lismer est nommé, en 1940, directeur de l’éducation au Musée des beaux-arts de Montréal. Comme à Toronto, il met sur pied un centre d’art et un programme éducatif. Même après sa retraite en 1967, et jusqu’à sa mort en 1969, à l’âge de 83 ans, il poursuit son engagement auprès du Centre d’art de Montréal.

Photographie noir et blanc sur laquelle six garçons sont assis dans un musée d’art. Devant chacun d’eux, une chaise sert de chevalet. Deux toiles encadrées ornent le mur en arrière-plan et du papier journal recouvre le sol.

Garçons en train de dessiner dans un cours d’art pour enfants organisé par Arthur Lismer (e010980075)

Plus de cent images de ces enfants suivant des cours d’art peuvent être consultées en ligne. Elles témoignent de la grande variété d’activités créées par Lismer pour ses programmes éducatifs, et offrent un point de vue intéressant sur des cours tenus il y a plus de 80 ans. Elles montrent des scènes bien connues d’enfants éparpillés sur les planchers d’un musée, ramassant du matériel d’art, peignant devant des chevalets de fortune ou sculptant l’argile sur une table minutieusement recouverte de papier journal.

Bien que les cours d’art pour enfants donnés pendant la pandémie n’aient pas le même aspect, nous pouvons tous espérer que les musées d’art seront bientôt repris d’assaut par le bruit, le désordre et l’enthousiasme des cours du samedi matin.

BAC a créé un défi Co-Lab sur les cours d’art pour enfants de Lismer. Si vous reconnaissez une personne, un endroit dans le Musée ou une œuvre d’art sur les photographies, n’hésitez pas à ajouter une étiquette!


Brianna Fitzgerald est technicienne d’imagerie numérique à la Direction générale des opérations numériques et de la préservation de Bibliothèque et Archives Canada.

Le port de Montréal

De la fondation de la ville de Montréal en 1642 jusqu’à l’arrivée des navires à vapeur au début du XIXe siècle, le port de Montréal est surtout utilisé par des trappeurs pour leur commerce de fourrures, puis par les vaisseaux français et anglais qui viennent ravitailler la colonie. L’arrivée des navires à vapeur marque un point tournant, en ouvrant de nouvelles routes commerciales avec le reste du monde grâce auxquelles le port de Montréal s’éloignera de ses origines modestes pour entrer dans une ère de croissance.

Une peinture à l’huile d’un port et d’un quai, avec une île verdoyante à droite.

Le port de Montréal, peint par Andrew Morris en 1847 (e008300982).

De la moitié à la fin du XIXe siècle, le port de Montréal connaît des changements et des progrès innombrables, à commencer par la création, en 1830, de la première Commission du Havre. En 1832, les docks construits font plus d’un kilomètre de long. En 1854, le chenal de navigation entre Montréal et Québec atteint désormais presque 5 mètres de profondeur à la suite de travaux de dragage. Pendant cette période apparaissent également l’acheminement des marchandises depuis les quais par chemin de fer, l’éclairage électrique et une liaison régulière de navires à vapeur entre le port de Montréal et Liverpool, sans compter un nouveau dragage du chenal qui lui permet d’atteindre plus de 7,5 mètres de profondeur.

Au début du XXe siècle, le port connaît de nouveaux travaux d’amélioration. La construction d’élévateurs à grains commence en 1902 et celle d’entrepôts de transit, en 1908. En 1910, les travaux de dragage pour que le chenal entre Montréal et Québec atteigne désormais plus de 10 mètres de profondeur sont bien avancés.

Une photographie en noir et blanc d’un quai sur lequel s’alignent diverses marchandises, ainsi que d’un grand édifice de style néoclassique et d’une église qui font face à la rive.

Le marché Bonsecours, les quais et une église photographiés par Alexander Henderson vers 1875 (c007943).

Jusqu’au début des années 1960, le port de Montréal n’est ouvert que sept mois par année en raison des rigueurs de l’hiver. Cependant, en 1962, sous l’autorité du Conseil des ports nationaux (responsable du port depuis la dissolution de la Commission du Havre), les brise-glaces font leur apparition sur la voie navigable entre Montréal et Québec. À partir de 1964, le port de Montréal sera ouvert toute l’année.

Une aquarelle représentant un amoncellement de glace près des installations portuaires d’une ville.

Peinture de George Henry Andrews représentant le bris des glaces sur le fleuve Saint-Laurent à Montréal, en 1864 (e000996176).

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) dispose de nombreux documents qui illustrent l’évolution du port de Montréal. Le plus ancien est une photographie d’Alexander Henderson prise en 1870 qui représente le navire à vapeur S.S. Quebec amarré au port de Montréal, avec des charrettes tirées par des chevaux à l’avant-plan. La collection comporte également des photographies du port par William Topley, Henry Joseph Woodside et par les Hayward Studios, ainsi qu’une magnifique peinture à l’huile, terminée en 1847 par Andrew Morris, qui représente le havre et le quai de Montréal vu selon l’angle inusité de la rive en face de l’île Sainte-Hélène.

Une photographie en noir et blanc d’un port animé, où l’on voit une rue bordée d’édifices et un quai où sont amarrés nombre de bateaux.

Le port de Montréal photographié par William Topley en septembre 1902 (a201779).

Une photographie en noir et blanc d’un chemin de fer longeant un quai où sont amarrés des bateaux.

Quai du port photographié à une date inconnue par William Topley (a008893).

Bibliothèque et Archives Canada lance son dernier épisode de baladodiffusion, « Les 50 ans d’Expo 67 »

Affiche en couleur faisant la promotion d'Expo 67 montrant une jeune femme souriante avec un rang de drapeau canadien et un édifice ultra-moderne dans l'arrière-plan.L’Exposition universelle de 1967, mieux connue sous le nom d’Expo 67, constitue le moment fort des célébrations du centenaire du Canada. Elle a eu lieu à Montréal, d’avril à octobre 1967, et serait l’exposition la plus réussie du 20e siècle. Bibliothèque et Archives Canada (BAC) a conservé la plupart des dossiers sur Expo 67 ces 40 dernières années. Dans cet épisode, nous discutons avec Margaret Dixon, archiviste principale du projet à BAC, de l’héritage laissé par l’Expo et du travail nécessaire pour archiver les documents.

Pour voir les images associées à ce balado, voici un lien vers notre album Flickr.

Abonnez-vous à nos émissions de baladodiffusion sur notre fil RSS, iTunes ou Google Play, ou écoutez-les sur notre site Web à Balados – Découvrez Bibliothèque et Archives Canada : votre histoire, votre patrimoine documentaire.

Pour en savoir plus, écrivez-nous à bac.balados-podcasts.lac@canada.ca.

 

Montréal : le mont Royal et Frederick Olmstead

Judith Enright-Smith

Si vous avez visité Montréal ou y avez grandi (comme moi), vous avez sûrement déjà marché sur les nombreux sentiers du mont Royal.

La planification et la conception du parc du Mont-Royal tel qu’on le connaît aujourd’hui commence dans les années 1870. L’architecte-paysagiste Frederick Law Olmstead, qui a aussi conçu le parc central de New York (Central Park), est engagé pour effectuer le travail. Beaucoup de ses plans originaux sont assez grandioses : ils incluent la création d’un grand pré et d’un lac comprenant divers végétaux éclectiques. Toutefois, pendant les années 1870, Montréal subit une crise économique, alors la plupart des idées fantaisistes de Frederick Olmstead sont abandonnées. Mais sa vision est conservée : des sentiers bucoliques et sinueux, comme ceux de Central Park, accessibles à tous sans tenir compte de la position sociale.

Photographie en noir et blanc d’un bosquet, probablement prise à l’automne.

Bosquet, parc du Mont-Royal, photographie de Philip J. Croft, vers 1936 (MIKAN 3206464)

L’inauguration du parc du Mont-Royal, précédée par un défilé dans les rues de Montréal, a lieu le 24 mai 1876, en grande pompe : discours, tirs de canon et grand pique-nique. En 1884, on lance une course en luge près du lac aux Castors; un an plus tard, un funiculaire à vapeur est mis en place pour amener les clients payants au sommet de la montagne. Le funiculaire est fermé en 1918.

La belle balustrade en pierre semi-circulaire, appelée « belvédère », a été construite en 1906. Encore aujourd’hui, elle offre aux visiteurs les vues les plus spectaculaires de Montréal, du fleuve Saint-Laurent et des ponts.

Photographie en noir et blanc d’une scène d’hiver. On y voit des personnes qui descendent une côte sur des luges ou chaussées de raquettes.

Luge sur la côte « The Spill » (Tobogganing – ʺThe Spillʺ), vers 1900-1925, photographe inconnu (MIKAN 3335229)

Photographie en noir et blanc d’un funiculaire montant une côte très boisée, en bas de laquelle se trouvent une voiture tirée par un cheval et quelques personnes regardant le photographe.

Tramway funiculaire incliné, parc du Mont-Royal, vers 1885 (MIKAN 3192950)

Photographie en noir et blanc d’un funiculaire. Un tram monte la côte alors que l’autre la descend.

Funiculaire, vers 1909 (MIKAN 3336180)

 

Légende : Belvédère du mont Royal (avant la construction du chalet), photographe inconnu, vers 1906 (no MIKAN 3335240)

Texte optionnel : Photographie en noir et blanc d’un élégant sentier délimité par une clôture de pierres d’un côté et menant à un petit édifice. Des chevaux se reposent sous les arbres.

Photographie en noir et blanc d’un élégant sentier délimité par une clôture de pierres d’un côté et menant à un petit édifice. Des chevaux se reposent sous les arbres.

Belvédère du mont Royal (avant la construction du chalet), photographe inconnu, vers 1906 (MIKAN 3335240)

Photographie en couleurs d’un couple muni de jumelles se tenant sur le bord d’un belvédère surplombant la ville.

Belvédère, photographie de Chris Lund, vers 1950 (MIKAN 4311969)

Photographie en noir et blanc d’une ville vue à vol d’oiseau.

Vue de la ville vers 1906-1920, photographe inconnu (MIKAN 3335382)

Le chalet du parc du Mont-Royal est adjacent au belvédère. Il a été conçu par l’architecte montréalais Aristide Beaugrand-Champagne dans le style beaux-arts et construit en 1932 pour créer des emplois artificiels pendant la Grande Crise.

Mais l’élément le plus connu du mont Royal est sans doute sa croix.

La première croix illuminée est acquise en 1924. Elle est commandée par la Société Saint-Jean-Baptiste, puis donnée à la ville de Montréal en 1929. La croix d’aujourd’hui est illuminée au moyen d’ampoules DEL qui éclairent habituellement en blanc, mais un gardien peut changer la couleur des ampoules pour les occasions spéciales.

Photographie en noir et blanc d’une grosse croix en métal sur laquelle il est inscrit « The Mount Royal Cross—100 feet high, daytime view » (croix du mont Royal – 100 pieds de haut – en plein jour)

La croix du mont Royal vers 1935 (MIKAN 3322797)

Plus récemment, le groupe Les amis de la montagne a commencé à recueillir des signatures pour essayer de faire inscrire le mont Royal sur la liste des sites du patrimoine mondial de l’UNESCO. D’après Sylvie Guilbault, directrice générale des Amis de la montagne, le mont Royal est un emblème de la ville, et il est essentiel à la qualité de vie de centaines de milliers de Montréalais.


Judith Enright-Smith est archiviste adjointe à Bibliothèque et Archives Canada, Section des affaires autochtones et sociales, Direction générale des archives privées.

Ernst Neumann

Par Judith Enright-Smith

L’artiste et graveur Ernst Neumann naît à Budapest, en Hongrie, en 1907. Sa famille émigre au Canada cinq ans plus tard et s’établit à Montréal, au Québec.

Dessin au plomb et au crayon Conté d’un jeune homme assis à une table à dessin, le regard tourné vers nous. L’œuvre est signée « EN31 ».

Autoportrait d’Ernst Neumann, 1931 (MIKAN 3028626)

Après ses études collégiales, Ernst Neumann entre à l’École des beaux-arts, puis à l’Association d’art de Montréal. Il y étudie auprès d’Edwin Holgate, célèbre graveur et peintre montréalais de l’époque (MIKAN 3929083), qui cultive l’intérêt de son élève envers la gravure et la gravure sur bois.

Eau-forte montrant une femme nue assise, vue de profil. Ses coudes sont posés sur ses genoux repliés, et elle tient son visage entre ses mains.

Femme nue assise, 1935 (MIKAN 3025069)

Ernst Neumann mène une carrière stable et inspirante. Il crée et vend des gravures commerciales montrant les rues de Montréal et d’autres scènes urbaines, ainsi que des portraits de l’élite de la ville. Toutefois, sa véritable passion consiste à représenter les personnes marginalisées pendant la grande dépression. Ses gravures de chômeurs et de personnes sans le sou paraissent dans des journaux et des périodiques montréalais à tirage restreint, en particulier dans des publications de gauche.

En 1936, avec son confrère William Goodridge Roberts (lui aussi diplômé de l’École des beaux-arts de Montréal), Ernst Neumann ouvre l’école d’art Roberts-Neumann. On y enseigne la peinture, le dessin et la compréhension des arts. L’établissement n’est ouvert que trois ans.

Eau-forte représentant une personne qui descend un chemin enneigé, vers une ville dont les édifices sont visibles à travers les arbres.

Descente du mont Royal, signé « E. Neumann », 1951 (MIKAN 3025050)

Ernst Neumann fait également partie d’un collectif non officiel d’artistes montréalais, plus tard appelé « les peintres juifs de Montréal » par l’historienne de l’art Esther Trépanier. Dans son ouvrage Les peintres juifs de Montréal : Témoins de leur époque, 1930-1948, celle-ci mentionne que ce groupe (dont sont aussi membres Harry Mayerovitch et Ghitta Caisserman-Roth, entre autres) dépeint le réalisme social du Montréal des années 1930 et 1940.

Lithographie d’un port sur laquelle on voit des mâts, des édifices et de la construction.

Port de Montréal, 1935 (MIKAN 3024945)

Bibliothèque et Archives Canada a acquis le fonds Ernst Neumann auprès d’un donateur privé, en 2005 et en 2010. Ce fonds comprend 156 eaux-fortes et lithographies, 49 dessins, 5 aquarelles et 36 plaques. Parmi les documents textuels figurent quelques lettres personnelles de Neumann ainsi que des catalogues.

Au début de 1956, Ernst Neumann se rend en Europe grâce à une bourse universitaire. En mars, alors qu’il visite un confrère en France, il est victime d’une crise cardiaque qui l’emporte. Il n’a que 49 ans. Ses restes sont rapatriés à Montréal et mis en terre grâce à la générosité de ses pairs.


Judith Enright est archiviste adjointe à la Section des affaires autochtones et sociales de la Direction générale des archives privées, à Bibliothèque et Archives Canada.

Jackie Robinson et la barrière raciale au baseball

Par Dalton Campbell

En avril 1946, on propose à Jackie Robinson de jouer avec les Royaux, l’équipe de baseball de Montréal qui évoluait dans la Ligue internationale. Il sera le premier homme noir à faire partie d’une équipe de la Ligue majeure de baseball au cours du vingtième siècle. Après avoir signé un contrat en octobre 1945 avec les Dodgers de Brooklyn, la direction des Dodgers l’envoie avec les Royaux, le meilleur club des ligues mineures affilié aux Dodgers, pour qu’il acquière de l’expérience. Les dirigeants croient que Montréal sera une ville moins hostile, de sorte qu’il pourra apprendre à composer avec la curiosité des médias et l’attention des admirateurs et à tolérer la discrimination sur le terrain et l’intimidation physique.

Photographie en noir et blanc d'un joueur de baseball qui court sur les coussins. Un pied sur le troisième coussin, il se tourne et se dirige vers le marbre. En arrière-plan, d'autres joueurs et, au loin, la clôture du champ et des arbres.

Jackie Robinson, portant un uniforme des Royaux de Montréal, contourne le troisième coussin et se dirige vers le marbre durant l’entraînement de printemps. Le 20 avril 1946 (a201547)

Durant le premier match de la saison, il dépasse les attentes : quatre coups sûrs, trois points produits et un coup de circuit. Une illustre photographie immortalise un coéquipier des Royaux, George « Shotgun » Shuba, qui serre la main de M. Robinson quand celui-ci franchit le marbre après son coup de circuit. Il semble que ce soit la toute première photographie d’un Blanc félicitant un Noir sur un terrain de baseball. Lire la suite

« La Pointe »

Photographie stéréoscopique en noir et blanc montrant la construction d’un pont.

Photographie stéréoscopique de la construction en cours du pont Victoria depuis la Pointe-Saint-Charles (MIKAN 3357662)

Le paysage et la population de Pointe-Saint-Charles ont changé de façon spectaculaire une fois la construction du canal de Lachine terminée en 1848 et davantage encore avec la nouvelle infrastructure ferroviaire et la construction du pont Victoria, qui relie Montréal à la Rive-Sud. Plusieurs entreprises ont été attirées vers cette région; de nouveaux emplois ont été créés, et la terre précédemment donnée à l’agriculture a été rachetée pour y construire des logements résidentiels. Selon Héritage Montréal, au début du 20e siècle, Pointe-Saint-Charles était devenue le plus grand secteur industriel, non seulement de Montréal, mais de tout le Canada. C’est à cette époque que La Pointe est également devenue l’exemple par excellence d’un creuset ethnique. Peuplée principalement par des Canadiens anglais (75 %) et des Canadiens français (25 %), La Pointe a ensuite accueilli de plus en plus de groupes ethniques différents. Lire la suite