En terrain glissant : l’argile à Leda à Ottawa et dans les environs

Par Ellen Bond

Dans les années 1970, il y avait deux émissions que j’attendais avec impatience la fin de semaine : Le Monde merveilleux de Disney le dimanche (des histoires qui font chaud au cœur) et Bugs Bunny et ses amis (des dessins animés) le samedi. Je n’avais pas peur de la dynamite ACME ni du coyote fou le samedi, mais plutôt des sables mouvants! Être coincé dans une boue semblable à du ciment me paraissait horrible. Imaginez donc ma réaction quand j’ai appris que la majeure partie de la ville d’Ottawa est construite sur une quantité colossale d’argile à Leda, qui peut se liquéfier sous l’effet des tremblements de terre et former une sorte de sable mouvant. Des sables mouvants? Ici, à Ottawa? Pas seulement dans le désert de Wile E. Coyote? Oh là là!

Une carte en couleur illustrant la superficie des terres couvertes par la mer de Champlain.

Carte de l’emplacement approximatif de l’ancienne mer de Champlain à l’issue de la dernière période glaciaire. (Wikipédia) Source : Orbitale

La mer de Champlain et la formation de l’argile à Leda

Après la dernière période glaciaire, le réchauffement du climat a fait fondre la neige et la glace. D’immenses déversoirs, qui acheminaient les eaux de fonte des glaciers et ressemblaient à d’énormes rivières, ont évacué l’eau des glaciers restants et ont parfois formé des lacs. Dans la région connue aujourd’hui sous le nom de vallée de l’Outaouais, une vaste mer intérieure peu profonde s’est formée il y a 15 000 ans. Les géologues l’ont nommée la mer de Champlain. La particularité de cette mer est l’argile à Leda qui s’est déposée dans les zones plus profondes.

Vous vous demandez peut-être ce qui est arrivé à la mer de Champlain et pourquoi ces terres ne sont plus submergées. Il y a deux raisons : l’évaporation et le rebond des terres une fois libérées du poids inouï d’un glacier de 1 à 3 kilomètres d’épaisseur. Les terres qui étaient auparavant sous les glaciers en Amérique du Nord rebondissent encore aujourd’hui, 15 000 ans plus tard!

L’argile à Leda (également connue sous le nom d’argile extrasensible et d’argile de la mer de Champlain) a été formée par des sédiments provenant de l’érosion de la terre qui se sont déposés au fond de la mer. La mer de Champlain contenait à la fois de l’eau douce provenant de la fonte des glaciers et de l’eau salée de l’océan. Lorsque les molécules de sel se combinent aux molécules d’argile, on obtient une argile stable. Mais si l’eau douce s’infiltre dans l’argile et emporte le sel, l’argile devient très instable. Les molécules d’argile instables ont tendance à se liquéfier.

Pourquoi l’argile à Leda ne se liquéfie-t-elle pas plus souvent?

On peut se demander pourquoi l’argile à Leda sous la ville d’Ottawa et les terres bordant le fleuve Saint-Laurent ne se liquéfie pas sans arrêt. La plupart du temps, l’argile se trouve sous la surface, bien loin de l’eau douce, et elle est très stable. Cependant, les faibles secousses sismiques, qu’elles proviennent de la nature (tremblements de terre, érosion) ou de l’activité humaine (explosions, dynamitage, excavation), laissent l’eau douce s’infiltrer dans l’argile à Leda, éliminant ainsi les molécules de sel. Si l’argile se trouve sur une colline ou aux abords d’une rivière sinueuse, des glissements de terrain peuvent se produire.

L’argile à Leda a provoqué plus de 250 glissements de terrain au Canada. Dans la région d’Ottawa, l’argile à Leda a causé l’affaissement, en 1915, de la tour de l’édifice du Musée canadien de la nature, et plus récemment, a retardé certains projets de développement immobilier à Ottawa-Sud (en anglais) en 2021. En outre, elle est en partie responsable de la doline de la rue Rideau (en anglais) qui est apparue lors des travaux de construction du train au centre-ville d’Ottawa en 2016.

Le glissement de terrain catastrophique de Notre-Dame-de-la-Salette

Le village de Notre-Dame-de-la-Salette se trouve dans la zone autrefois couverte par les eaux de fonte de la mer de Champlain. Il est situé au nord-est d’Ottawa, au Québec, et est indiqué par une étoile orange sur la carte de la mer de Champlain ci-dessus.

Le 26 avril 1908, une catastrophe s’est produite en pleine nuit à Notre-Dame-de-la-Salette, lorsque la berge de la rivière du Lièvre gelée a cédé. L’eau douce qui s’était infiltrée dans les molécules d’argile à Leda les a rendues instables et les berges se sont effondrées, propulsant une vague de boue, de glace et d’eau glacée à travers la rivière et dans le village. Trente-quatre personnes ont perdu la vie et au moins douze maisons ont été détruites.

Une rivière bordée de souches d’arbres sur le côté gauche et de maisons sur le côté droit.

Vue vers l’amont de la rivière du Lièvre depuis Notre-Dame-de-la-Salette, au Québec. (a040044-v6)

L’eau se déplace en ligne droite jusqu’à ce qu’elle rencontre des obstacles. Sur cette photo historique de la région, l’eau de la rivière s’écoule vers la rive (flèche bleue), et c’est à cet endroit que celle-ci a cédé. En vert, on peut voir les souches laissées par la coupe à blanc des arbres en bordure de la rivière. Sans cette couche d’arbres pour protéger la berge, toute la zone était sujette à une érosion accélérée. Une partie du village de Notre-Dame-de-la-Salette est visible de l’autre côté de la rivière, en face de l’endroit où s’est produit le glissement de terrain. À cette époque, il n’y avait pas d’île au milieu de la rivière, et des maisons se trouvaient près de la rive du côté du village. Si l’on compare cette image à celles prises après le glissement de terrain, la différence est flagrante. Observez les changements survenus dans les photos qui suivent, en particulier l’emplacement des maisons.

Une rivière bordée de maisons qui sillonne un paysage vallonné.

Vue sud-est de la vallée de la rivière du Lièvre et de Notre-Dame-de-la-Salette. (a044070-v8)

Une autre vieille photo de la collection de BAC montre la rivière qui se jette en aval de l’observateur. En regardant attentivement, on peut voir l’endroit où la terre a cédé et où l’île s’est formée au milieu de la rivière après le glissement de terrain.

Une rivière avec des collines à l’arrière-plan. On aperçoit une petite île dans la rivière et un pont plus en amont.

Ancien emplacement du village de Notre-Dame-de-la-Salette, sur la rivière du Lièvre, au Québec. La vue est orientée vers l’amont. (a020267)

Sur la photo ci-dessus, la rivière coule vers l’observateur, et on peut voir le pont qui la chevauche, au nord du village. Une flèche rouge pointe vers l’endroit où la rive a cédé pendant le glissement de terrain. Une nouvelle île s’est formée au milieu de la rivière à partir des sédiments et des matériaux déplacés lors du glissement. Un autre changement : il y a maintenant une clairière à l’endroit où se trouvait le village – les gens ont reconstruit le village plus à l’écart de la rivière.

Une croix blanche sur le bord d’une crête. Le terrain en contrebas est nettement moins élevé que la crête.

Une croix blanche se dresse à l’endroit où le sol a cédé en 1908, laissant une cicatrice encore visible aujourd’hui. Crédit photo : Ellen Bond

La photo en couleurs ci-dessus a été prise récemment. On peut y voir la zone touchée (où le terrain a cédé le long de la crête), l’île formée par le glissement et une croix blanche commémorative sur la colline.

Un coude de la rivière vers la rive duquel l’eau s’écoule.

Une photo récente de la zone touchée par le glissement de terrain. Crédit photo : Ellen Bond

La photo ci-dessus montre l’aval de l’emplacement du glissement. La zone de glissement est indiquée en jaune, et on peut voir la crête au-dessus. À gauche, on aperçoit la pointe de l’île qui s’est formée après le glissement.

Un grand rocher sur lequel est fixée une plaque métallique relatant l’événement et citant les noms des victimes. Le rocher est situé en face du lieu du glissement. Un banc à proximité surplombe le mémorial et le site du glissement de terrain.

Un monument commémoratif de l’autre côté de la rivière, à l’emplacement du glissement. Crédit photo : Ellen Bond

L’inscription sur la plaque se lit comme suit : « Mémorial Le 26 avril 1908, vers 3 heures 30 du matin, le village est brutalement réveillé par un grondement sourd. Un morceau de terre d’une longueur de 1200 pieds et d’une largeur de 500 pieds du côté ouest de la rivière du Lièvre, glisse subitement dans son lit, emportant des maisons, des bâtiments, 34 victimes dans un amas d’eau, de glace et d’argile. Les corps de dix (10) des trente-quatre (34) victimes ne furent jamais retrouvés. »

Une plaque commémorative située près de la zone du glissement de terrain. Elle décrit l’événement et dresse la liste des noms des victimes. Crédit photo : Ellen Bond

Bien que le glissement de terrain se soit produit il y a plus de 110 ans, ses effets peuvent encore être vus et ressentis aujourd’hui. Au beau milieu de la nuit, sans raison aucune, 34 personnes ont perdu la vie de façon tragique et inattendue. Leurs noms, par famille, sont les suivants :

  • Alexina, Amanda, Adélard et William Charron-Lamoureux;
  • Cléophas Deslauriers, Célina, Damien, Wilfrid, Albert, Lucien, Béatrice et Alice Deslauriers-Paquin;
  • Émélie, Florimond et Alias Desjardins-Gravelle;
  • Émélie, Daniel, Eddy, Arthur, Angus et Henri Lapointe Labelle;
  • Rose-Anna, Camille, David, Emma, Rose et Albert Larivière-Charron;
  • Alexina, Arsidas, Wilfrid, Florida et Anna Murray-Légaré;
  • Georges Morrissette;
  • Adélard Murray.

La Terre possède une force incroyable, et ceux qui l’habitent sont parfois les malheureuses victimes de sa fureur. C’est le cas dans les régions touchées par les ouragans. Ou encore là où deux plaques tectoniques se rencontrent et se déplacent dans différentes directions. Ça se produit aussi là où l’argile à Leda s’est formée. En tant qu’humains, nous ne sommes pas en mesure de contrôler cette puissance. À Notre-Dame-de-la-Salette, les gens se sont adaptés à l’argile à Leda : ils ont déplacé leurs maisons à l’écart de la rivière. Hélas! cette leçon a coûté des vies. Nos sincères condoléances aux familles des victimes et que celles-ci reposent en paix.

Une photo récente du secteur où le glissement a eu lieu.

Vue de l’autre côté de la rivière vers l’emplacement du glissement de terrain. La crête et l’île sont bien visibles. Crédit photo : Ellen Bond

Ressources supplémentaires

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Ellen Bond est adjointe de projet dans l’équipe du contenu en ligne, à Bibliothèque et Archives Canada.

Hockey féminin : elle lance… et compte!

Par Ellen Bond

Remporter une compétition internationale et entendre son hymne national dans l’aréna, c’est le rêve de bien des hockeyeurs canadiens. En janvier 2020, le Canada s’est couvert d’or en défaisant la Russie en finale du Championnat mondial junior de la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF). Chaudement disputé, le tournoi masculin a été suivi par des millions de personnes dans le monde entier. Pourtant, à peine quelques jours plus tôt, c’est un auditoire beaucoup plus petit qui a regardé le duel entre le Canada et les États-Unis au Championnat du monde de hockey sur glace féminin des moins de 18 ans.

Contrairement au basketball, où l’on réduit la taille du ballon pour les femmes, et au volleyball, où l’on abaisse le filet, le hockey se pratique de la même façon chez les deux sexes. Certes, les femmes jouent « sans contact », mais on ne change ni le format de la patinoire, ni les dimensions des buts, ni la taille ou le poids de la rondelle. D’ailleurs, si le hockey a vu le jour au début des années 1870, les femmes ont adopté ce sport à peine deux décennies plus tard. Une question s’impose donc : comment se fait-il que le hockey féminin, après des débuts prometteurs, n’ait pas progressé comme le hockey masculin?

: Photographie noir et blanc, prise à l’extérieur, montrant des femmes en jupe longue.

Groupe de femmes réunies pour jouer au hockey, Ottawa (Ontario), 1906. (PA-042256)

Enfant, tout ce que je voulais faire, c’était de jouer au hockey. Je me souviens d’avoir regardé mon frère jouer sur la glace avec plein d’autres garçons. Ils installaient de longs boyaux sur les lignes rouge et bleues pour diviser la patinoire en trois petites surfaces de jeu. Je voulais me joindre à eux, mais on ne laissait pas les filles jouer. Les choses ont toutefois changé dans les années 1970, quand nous avons déménagé à Campbellford, en Ontario. Un jour, au début de l’automne, un homme s’est présenté chez moi et a demandé à mon père s’il voulait être l’entraîneur de l’équipe des filles. Mon père a dit oui, et au début de ma huitième année scolaire, j’ai commencé à jouer dans une ligue.

Photographie sépia d’une équipe de jeunes hockeyeuses portant un chandail où l’on peut lire « Campbellford Minor Hockey ».

Mon équipe la première année où j’ai eu le droit de jouer au hockey. Nous avons remporté le championnat. Je suis la troisième à partir de la gauche dans la rangée du haut; on voit mon père à droite et mon frère accroupi devant lui. (Photo fournie par l’auteure)

Une question m’est donc venue en tête : si les femmes et les hommes ont commencé à pratiquer ce sport à la fin du 19e siècle, pourquoi n’avais-je pas eu le droit de jouer avant mon arrivée à Campbellford, même si j’ai grandi dans une ville relativement grande?

Photographie noir et blanc d’une femme vêtue d’une jupe pour une partie de hockey en plein air.

« La reine de la glace ». Une femme en patins de figure sur une patinoire avec un bâton de hockey dans les mains, 1903. (C-3192610)

Selon l’Association de hockey féminin de l’Ontario, la première partie opposant des femmes a eu lieu en 1891 à Ottawa, en Ontario. À l’époque, l’Université de Toronto, l’Université Queen’s et l’Université McGill avaient des équipes féminines, mais celles-ci étaient tenues de jouer à l’abri des regards masculins. En effet, mis à part les arbitres, aucun homme ne pouvait assister à la partie. En 1914, le premier championnat provincial féminin s’est déroulé à Picton, en Ontario. Il a mis aux prises six équipes, dont certaines représentaient des universités. Ensuite, en 1921, l’Université de Toronto a vaincu l’Université McGill pour remporter le premier championnat universitaire féminin au Canada. Grâce à ces équipes et à d’autres, le sport a continué de croître, bien que de façon irrégulière, pendant les années 1920 et 1930.

Puis, tout s’est arrêté net. Peut-être était-ce parce qu’on jugeait le hockey trop violent pour les filles, comme l’a affirmé Clarence Campbell, président de la Ligue nationale de hockey, en 1946. Ou parce qu’à certains endroits, il était interdit de regarder les femmes jouer. Ou parce qu’on trouvait la chose frivole, ou les joueuses trop passionnées. Ou encore, comme l’avance Wayne Norton dans le livre Women on Ice : The Early Years of Women’s Hockey in Western Canada, parce qu’à l’issue d’un vote en 1923, l’Association canadienne de hockey amateur s’est opposée à la reconnaissance officielle du hockey féminin. Dans le livre Too Many Men on the Ice : Women’s Hockey in North America, Joanna Avery et Julie Stevens soutiennent que la participation du Canada à la Seconde Guerre mondiale a entraîné le déclin du hockey féminin. Quand la majorité des hommes sont partis combattre, beaucoup de femmes se sont mises à travailler dans les usines, ce qui leur laissait peu de temps pour s’amuser. Bref, quelle que fût la raison, notre sport de prédilection a été difficilement accessible aux femmes et aux filles pendant plusieurs décennies, et bon nombre d’entre elles n’ont jamais eu l’occasion de jouer au hockey.

Photographie noir et blanc d’une hockeyeuse professionnelle.

Mademoiselle Eva Ault. Quand la Première Guerre mondiale a conduit les hommes en Europe, les femmes ont eu leur première chance de jouer au hockey dans un contexte professionnel. Eva Ault est devenue une favorite de la foule, mais la fin de la guerre a marqué la fin de la carrière des pionnières du hockey professionnel féminin. (PA-043029)

Photographie noir et blanc d’une équipe de hockey féminin. Les huit joueuses, en uniforme, sont placées côte à côte et tiennent leur bâton la palette vers le haut.

Une équipe de hockey féminin de Gore Bay, sur l’île Manitoulin (Ontario), 1921. Le nom des joueuses figure dans la notice. (PA-074583)

J’ai pu jouer au hockey de la huitième à la treizième année, aussi bien dans un cadre communautaire que scolaire à Peterborough, en Ontario. J’ai aussi eu la chance de faire partie des équipes universitaires à McMaster et à Queen’s. C’est le plus près que je me suis approchée du niveau professionnel. On nous fournissait l’équipement, une patinoire pour les entraînements et les parties, et le transport pour chaque affrontement. À l’Université McMaster, le budget total de mon équipe était inférieur à ce que l’équipe masculine dépensait juste pour les bâtons, mais je me considérais chanceuse de pouvoir représenter mon université et de jouer avec et contre certaines des meilleures hockeyeuses au monde.

Parmi ces athlètes d’exception, il y avait Margot (Verlaan) Page et Andria Hunter. Toutes deux ont représenté le Canada aux championnats du monde. J’ai joué avec Margot pendant trois ans à l’Université McMaster. C’était la capitaine et la meilleure sur la glace. À l’époque, c’était le plus haut niveau qu’il lui était possible d’atteindre. Elle a par la suite défendu les couleurs du Canada aux championnats du monde de l’IIHF de 1987 (événement non sanctionné), 1990, 1992 et 1994. Puis, de 2000 à 2007, elle a dirigé les équipes féminines canadiennes aux championnats de l’IIHF et aux Jeux olympiques. Aujourd’hui, Margot est entraîneuse en chef de l’équipe féminine des Badgers de l’Université Brock. Quant à Andria, je l’ai rencontrée lorsque nous vivions toutes deux à Peterborough. Je travaillais comme monitrice au camp Quin-Mo-Lac alors qu’elle était campeuse. Comme nous vivions dans une petite ville, nous nous croisions souvent. J’ai demandé à Andria comment se sont déroulés ses débuts au hockey. Voici son histoire, traduite en français :

J’ai commencé à jouer au hockey en 1976. C’était plutôt rare, à l’époque, de voir des filles pratiquer ce sport. J’ai eu la chance de me trouver à Peterborough au moment où le hockey féminin commençait à se développer. À ce moment-là, bien des petites villes n’avaient aucune équipe féminine. La première année, j’ai joué avec des garçons dans une ligue locale, mais par la suite, j’ai toujours pu jouer avec des filles.

Toute mon enfance, j’ai rêvé de jouer au niveau universitaire, parce que c’était le plus haut niveau à l’époque. Il n’y avait pas d’équipe nationale, donc il fallait évidemment oublier les championnats du monde et les Jeux olympiques. J’ai toutefois été très chanceuse que le hockey féminin connaisse des changements majeurs au bon moment pour moi.

Je me suis retrouvée dans une équipe universitaire américaine grâce à une bourse d’études;c’était une des premières fois aux États-Unis qu’une femme étrangère recevait une bourse pour jouer au hockey J’ai aussi pu faire partie d’Équipe Canada en 1992 et en 1994! Je me suis toujours dit que si j’étais née à peine cinq ans plus tôt, je n’aurais possiblement pas vécu ces merveilleuses expériences.

De 1990 à 1996, j’ai joué à l’Université de Toronto, où je faisais mes études supérieures. C’était une période de transition tumultueuse pour le programme. À ma première année, nous rangions notre équipement dans un petit casier. Les parties se divisaient en trois périodes de seulement quinze minutes, et la surfaceuse passait une seule fois. Puis, pendant la saison 1993-1994 (j’étais alors partie jouer en Suisse), le programme de hockey féminin a failli être éliminé, mais de nombreuses personnes se sont ralliées pour le sauver. À mon retour à l’Université de Toronto, l’année suivante, le hockey féminin était devenu un sport de haute performance. Nous avions maintenant quatre entraînements de deux heures par semaine, et nous ne rangions plus notre équipement dans des casiers!

J’ai aussi joué dans la Ligue nationale de hockey féminin (LNHF) à ses débuts. Quand je portais le chandail des Ice Bears de Mississauga, notre propriétaire enthousiaste a trouvé le moyen de nous faire jouer au Hershey Centre [aujourd’hui le Paramount Centre], où nous avions même notre propre vestiaire. Malheureusement, nous n’attirions pas assez de spectateurs pour rester dans un aréna aussi cher, ce qui a entraîné notre déménagement à Oakville après deux saisons.

Depuis que j’ai quitté la LNHF, en 2001, le hockey féminin a poursuivi sa croissance. Aujourd’hui, la société voit assurément le sport féminin d’un bien meilleur œil que lorsque j’étais enfant. Le niveau de jeu est rehaussé parce que les filles ont plus d’occasions de se développer. La qualité des entraîneurs, le degré de compétitivité et le temps de glace au niveau amateur y sont certainement aussi pour quelque chose. Il y a également plus d’équipes universitaires au Canada et aux États-Unis, et plus de ressources pour les joueuses. Malheureusement, on a encore de la difficulté à attirer les foules, et les débouchés professionnels sont limités. Heureusement, il y a de plus en plus de place pour les femmes derrière les bancs.

Photographie noir et blanc d’une équipe de hockey féminin. Les joueuses portent des chandails d’équipe et tiennent chacune un bâton.

Photographie de l’équipe de hockey féminin de l’Université Queen’s, 1917. Certains noms figurent dans la notice. (PA-127274)

Comme l’a dit Andria, les filles qui veulent jouer au hockey aujourd’hui ont maintes possibilités. Il y a beaucoup d’équipes partout au Canada. Les jeunes hockeyeuses peuvent viser de nombreuses équipes universitaires, la première division de la National Collegiate Athletic Association (NCAA), aux États-Unis, et des équipes dans plusieurs pays d’Europe. Elles peuvent rêver de représenter leur pays aux Jeux olympiques et aux championnats du monde. Des millions de téléspectateurs ont pu voir l’élite des joueuses canadiennes et américaines s’affronter à 3 contre 3 pendant le week-end des étoiles de la LNH à Saint-Louis, au Missouri. À mesure que le hockey féminin poursuivra sa croissance, les rivalités entre pays se développeront. Et qui sait, la LNH lancera peut-être un jour une division féminine?

Dans tous les cas, l’avenir s’annonce prometteur pour les jeunes filles qui rêvent de jouer au hockey. Margot, Andria et moi avons tiré bien des leçons de vie de ce sport dans notre jeunesse, et nous sommes enchantées pour les filles d’aujourd’hui quand nous voyons toutes les perspectives que leur réserve le merveilleux sport qu’est le hockey.


Ellen Bond est assistante de projet à la Division du contenu en ligne de Bibliothèque et Archives Canada.

Costumes : bals costumés et carnavals de patinage d’Ottawa (1876-1896)

Par : Emma Hamilton-Hobbs

Aimez-vous vous costumer après avoir passé des heures à choisir, à rechercher et à créer une tenue impressionnante pour une activité costumée unique? Eh bien, de nombreux Canadiens de la fin du dix-neuvième siècle adorent cela!

Les bals costumés sont des soirées costumées privées dont les organisateurs et les invités sont surtout des membres privilégiés de la société. Leur popularité ne cesse de croître au cours du dix-neuvième siècle. Les hommes et les femmes invités à ces soirées passent des semaines à choisir avec soin leur déguisement. Ils étudient de près des revues et des livres portant sur les costumes, jetant même un coup d’œil à des livres et à des peintures historiques pour y puiser leur inspiration. Parmi les idées populaires, on observe des vêtements historiques, des personnages mythologiques et allégoriques ainsi que des personnages de terres « exotiques ».

Les journaux d’Ottawa, de Toronto et de Montréal publient de longs articles sur les bals costumés organisés au Canada, fournissant des descriptions détaillées des divers costumes portés par les invités de marque. De nombreux participants se massent rapidement dans les studios de photographie dans les jours ou les mois suivants ces occasions spéciales pour y obtenir un portrait costumé. Parfois, ces portraits servent à créer des photographies multiples impressionnantes, y compris celle réalisée par le photographe ottavien William James Topley (1845–1930) du Grand bal costumé organisé par le gouverneur général lord Dufferin et sa femme lady Dufferin dans la salle de bal de Rideau Hall le 23 février 1876.

Un groupe de photos de centaines d’invités costumés à un bal costumé. Une peinture de la salle de bal de Rideau Hall se trouve à l’arrière-plan.

Photographies multiples du Grand bal costumé de Dufferin à Rideau Hall le 23 février 1876. La photographie finale est terminée en mai ou en juin. (e008295343)

Cette photographie multiple est réalisée en collant des centaines de portraits individuels pris dans le Studio Topley sur une scène peinte de la salle de bal de Rideau Hall, puis en prenant une nouvelle photo du résultat. Topley apprend l’art de la photographie multiple de son ancien mentor et employeur William Notman (1826–1891), qui possède un studio de photographie populaire à Montréal. Topley, comme Notman, est un homme d’affaires astucieux qui exploite de façon optimale ces activités vice-royales. En effet, les invités ne peuvent s’empêcher de préserver leurs costumes dans un format photographique qu’ils peuvent ensuite montrer à leur famille et à leurs amis, ou coller dans leurs albums personnels comme souvenir mémorable.

De nombreuses personnes mettent leur personnage en valeur dans le studio de photographie en prenant plusieurs poses et en utilisant divers accessoires dans leurs faux portraits. M. Campbell, costumé en fou du Roi, prend une pause théâtrale lorsqu’il visite le Studio Topley peu après le grand bal costumé des Dufferin. William Campbell est le secrétaire particulier de lord Dufferin et un membre apprécié du personnel.

Photo noir et blanc d’un homme costumé en fou du Roi prenant la pose dans un studio de photographie. Il tient une marionnette sur pied dans sa main droite.

William Campbell, secrétaire particulier de lord Dufferin, costumé en fou du Roi, par William Topley, mars 1876. (e011091709)

Mlles Maggie Jones et Zaidee Cockburn, toutes les deux costumées en « Bonnie Fishwives of New Haven [poissonnières de New Haven] » au grand bal costumé des Dufferin. Elles attirent l’attention pendant la soirée, probablement en raison de la longueur de leurs jupes, beaucoup plus courtes que celles des robes victoriennes acceptables de l’époque.

Photo noir et blanc d’une jeune femme costumée en poissonnière et prenant la pose dans un studio de photographie. Sa main gauche est posée sur sa hanche, sa main droite tenant un poisson en papier mâché et son pied droit soulevé, appuyé sur un baril en bois.

Mlle Maggie Jones costumée en « Bonnie Fishwife of New Haven [poissonnière de New Haven] » au grand bal costumé des Dufferin. (e011091718)

Les carnavals de patinage costumés sont aussi très populaires à cette époque et, contrairement aux bals costumés, sont beaucoup plus accessibles pour les citoyens canadiens ordinaires. Dans son studio, Topley recrée les scènes extérieures de patinage pour ses modèles à l’aide d’un arrière-plan enneigé, de neige artificielle et d’une surface réfléchissante imitant la glace. Les femmes aiment porter des robes paysannes ou pastorales lors des carnavals de patinage puisqu’elles peuvent patiner plus librement avec des jupes plus courtes.

Photo noir et blanc d’une femme costumée en bergère chaussée de patins à glace dans un studio de photographie. L’arrière-plan est un paysage enneigé peint.

Mlle Fraser en bergère par William Topley, février 1889 (a138398)

Des personnages allégoriques sont aussi souvent représentés à l’occasion des bals costumés et des carnavals de patinage. Les femmes se costument en la « Nuit », la « Guêpe », l’« Alphabet » ou encore le « Dominion du Canada » comme le fait Mme Juschereau de St. Denis LeMoine au bal des Dufferin.

Photo noir et blanc d’une femme costumée en Dominion du Canada dans un studio de photographie. Sur le devant de sa robe, on aperçoit les armes du Dominion entourées de feuilles d’érable brodées. Des raquettes miniatures se trouvent sur la traîne de sa robe.

Mme Juschereau de St. Denis LeMoine costumée en Dominion du Canada par William Topley, mars 1876. (e011091705)

Photo noir et blanc d’un homme costumé en l’explorateur Jacques Cartier dans un studio de photographie.

M. Juschereau de St. Denis LeMoine costumé en l’explorateur Jacques Cartier, mars 1876. (e011091707)

Le bal costumé historique tenu le 17 février 1896 par le gouverneur général, le comte d’Aberdeen, et sa femme, lady Aberdeen, dans la salle du Sénat du Parlement original est un autre événement médiatisé. Ce bal éducatif met en scène neuf périodes de l’histoire canadienne, des Vikings aux loyalistes. Deux cent cinquante personnes exécutent une série de danses à cette occasion.

Une photographie d’un groupe représentant les voyages des Vikings à l’occasion du bal des Aberdeen illustre l’évolution de l’art photographique depuis le bal des Dufferin, tenu vingt ans plus tôt. Topley, qui photographie encore une fois les groupes dans son studio après le bal, peut enfin prendre une photo d’un groupe entier grâce aux durées d’exposition rapides. La scène est également illuminée par la lumière naturelle provenant de la fenêtre de toit aperçue dans le coin supérieur gauche de l’image.

Photo noir et blanc d’un groupe de dix-sept hommes, femmes et filles vêtus de costumes de Vikings dans un studio de photographie.

Un groupe historique représentant les voyages des Vikings en direction du Nord-Est de l’Amérique du Nord photographié au Studio Topley. Il est le premier groupe à danser — une polka énergétique — à l’occasion du bal costumé historique organisé par lord et lady Aberdeen en février 1896. La jeune fille assise au milieu est lady Marjorie Gordon, fille des hôtes vice-royaux, portant une robe blanche et dorée ainsi que les bijoux celtiques de sa mère. (a137981)

Un album souvenir est par la suite produit et vendu aux invités. Il comprend les photos des groupes historiques prises par Topley (à l’exception d’une photo) et les textes rédigés par l’historien et fonctionnaire John George Bourinot. Ce dernier avait fourni des conseils et des recommandations à lady Aberdeen dans les mois ayant précédé l’événement. Bibliothèque et Archives Canada possède une copie de cet album souvenir dans sa collection.

Toutes les images numérisées ci-dessus ont été reproduites à partir des négatifs originaux sur plaque de verre du fonds Studio Topley de BAC. Ces images, et de nombreuses autres photos prises par Topley des invités ayant pris part aux bals costumés et aux carnavals de patinage d’Ottawa, sont disponibles sur le site Web de BAC.

Les reproductions de ces négatifs originaux sur plaque de verre sont exposées dans les salles d’art canadien et autochtone du Musée des beaux-arts du Canada.


Emma Hamilton-Hobbs est archiviste en photographie à la Division des archives gouvernementales de Bibliothèque et Archives Canada.

Louis Riel à Ottawa : un séjour difficile

À la gauche de l’image, Tatânga Mânî (le chef Walking Buffalo, aussi appelé George McLean) est à cheval dans une tenue cérémonielle traditionnelle. Au centre, Iggi et une fillette font un kunik, une salutation traditionnelle dans la culture inuite. À droite, le guide métis Maxime Marion se tient debout, un fusil à la main. À l’arrière-plan, on aperçoit une carte du Haut et du Bas-Canada et du texte provenant de la collection de la colonie de la Rivière-rouge.Par Anna Heffernan

De son vivant, Louis David Riel était un personnage controversé. Chef de deux rébellions, il était perçu soit comme un héros, soit comme un traître. De nos jours, il est reconnu pour sa contribution au développement de la Nation métisse, du Manitoba et du Canada. En 1992, il est désigné comme l’un des fondateurs du Manitoba. Près de 25 ans plus tard, en 2016, il est reconnu comme le premier dirigeant de la province. En 2008, le troisième lundi de février devient le jour de Louis Riel au Manitoba.

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) possède une vaste gamme de documents concernant Louis Riel et les mouvements qu’il dirige. Dans le cadre du projet Nous sommes là : Voici nos histoires, qui vise à numériser les documents relatifs aux Autochtones dans les collections de BAC, une de nos priorités consiste à numériser l’héritage documentaire de Riel pour que les communautés de la Nation métisse et les chercheurs y aient accès plus facilement.

Bien que Riel soit l’un des plus célèbres personnages de l’histoire du Canada, certaines facettes de sa vie sont peu connues. La plupart des Canadiens savent que Louis Riel dirige la résistance de la rivière Rouge en 1869-1870. La Compagnie de la Baie d’Hudson vient de vendre ses droits sur la Terre de Rupert au Dominion du Canada, droits qui lui ont été octroyés par la Couronne britannique. Mais la Nation métisse et les Premières Nations qui habitent cette région ne reconnaissent pas les droits de la Compagnie de la Baie d’Hudson sur ce territoire et considèrent la vente de leurs terres ancestrales comme illégitime. Louis Riel et ses compatriotes réagissent en mettant sur pied un gouvernement provisoire dont les membres sont représentés dans la photo ci-dessous, prise à Fort Garry.

Une photographie noir et blanc de 14 hommes disposés en trois rangées (assis dans les deux premières et debout dans la dernière). Louis Riel est assis au centre.

Louis Riel (au centre) avec les membres du gouvernement provisoire en 1870 (a012854)

Cependant, le gouvernement provisoire de Riel ne fait pas l’unanimité. Ses forces capturent un groupe de colons ontariens qui se prépare à attaquer Fort Garry. Un des membres du groupe, Thomas Scott, est exécuté pour insubordination le 4 mars 1870. Malgré cet incident, les pourparlers avec le Canada se poursuivent, et Riel négocie avec succès les conditions de l’entrée du Manitoba dans la Confédération. Une fois les négociations terminées, une expédition militaire est lancée à partir de l’Ontario pour renforcer le contrôle du Canada sur le Manitoba. Après l’exécution de Thomas Scott, nombreux sont les Ontariens qui voient en Riel un traître et un assassin. Craignant pour sa vie, Riel se réfugie à Saint Paul, au Minnesota.

Un événement moins connu de la vie de Louis Riel est son séjour difficile à Ottawa. Riel est élu député de Provencher (Manitoba) à la Chambre des communes en 1873, puis réélu à deux reprises en 1874. Il se rend à Ottawa pour occuper son siège, mais son passage en politique fédérale sera de courte durée. Notre collection contient des documents intéressants sur l’aventure de Riel à la Chambre des communes. Le premier est un registre que tout député doit signer lors de son assermentation; il porte la signature de Louis Riel (voir l’image ci-dessous).

Page avec six colonnes de signatures. La signature de Louis Riel est visible en bas à droite.

Image de la page d’un registre d’assermentation de la Chambre des communes signée par Louis Riel (e010771238)

Riel court d’énormes risques en se rendant en Ontario à ce moment-là. L’exécution de Thomas Scott a provoqué la colère des Ontariens, surtout des protestants, car Scott était membre de la fraternité protestante de l’ordre d’Orange. Le premier ministre de l’Ontario offre 5 000 $ de récompense pour la capture de Riel, et un mandat d’arrêt est lancé contre lui. Au Parlement, l’orangiste ontarien Mackenzie Bowell présente une motion visant à expulser Riel. Celle-ci est adoptée et Riel ne reviendra pas à la Chambre des communes, bien qu’il soit réélu une troisième fois. Le document ci-dessous témoigne du passage de Riel dans la capitale. Avant de partir précipitamment, il se fait prendre en photo à Ottawa; la photographie porte l’inscription « Louis Riel, MP » (c’est-à-dire Louis Riel, député fédéral).

Photographie de couleur sépia montrant Louis Riel face à l’objectif; elle porte l’inscription manuscrite « Louis Riel, MP ».

Portrait réalisé en studio à Ottawa après l’élection de Riel comme député de Provencher (Manitoba) (e003895129)

En 1875, Riel s’exile aux États-Unis. À partir de 1879, il vit dans le territoire du Montana, où il épouse Marguerite Monet, dite Bellehumeur, en 1881. Le couple aura trois enfants. Riel chasse le bison et exerce divers métiers : agent, marchand, bûcheron, puis instituteur. Il retourne au Canada, à Batoche, dans l’actuelle Saskatchewan, en juillet 1884.

Le registre d’assermentation et la photographie de Riel prise à Ottawa le montrent bien : même des documents en apparence anodins peuvent en dire long sur certains épisodes de l’histoire canadienne. L’exploration et la numérisation du patrimoine documentaire autochtone conservé dans nos collections visent à faire connaître l’histoire de personnages célèbres comme Louis Riel, mais aussi celle de nombreux Autochtones au Canada.

Ce blogue fait partie d’une série portant sur les Initiatives du patrimoine documentaire autochtone. Apprenez-en plus sur la façon dont Bibliothèque et Archives Canada (BAC) améliore l’accès aux collections en lien avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Voyez aussi comment BAC appuie les communautés en matière de préservation d’enregistrements de langue autochtone.


Anna Heffernan est archiviste et recherchiste du projet Nous sommes là : voici nos histoires, qui consiste à numériser le contenu relatif aux Autochtones à Bibliothèque et Archives Canada.

Documents récemment numérisés au Numéri-Lab

Par Karine Gélinas

Le Numéri-Lab est une nouvelle installation pratique où les clients peuvent numériser et mettre en contexte les collections de Bibliothèque et Archives Canada (BAC). Depuis son lancement en 2017, plus de 30 projets y ont été réalisés, menant à la numérisation de plus de 30 000 pages de documents textuels et de 9 000 photographies.

Photo couleur d’une salle comprenant un numériseur grand format sur une table au premier plan, d’une série d’étagères à gauche et de deux personnes assises à des postes de travail en arrière-plan.

L’espace du Numéri-Lab au 395, rue Wellington. Photo de Tom Thompson.

Un des projets mis en œuvre au Numéri-Lab consistait à la numérisation d’images historiques sensationnelles de la région de la capitale nationale par la Commission de la capitale nationale (CCN). Vous trouverez ci-dessous une partie du matériel numérisé par la Commission, maintenant disponible sur le site Web de BAC.

Albums du fonds de la Commission de la capitale nationale

  • Vues aériennes d’Ottawa 1952–1962 (8 images) – MIKAN 5025694
  • Commission de l’amélioration du district fédéral, 1927–1929 (56 images) – MIKAN 5016537
  • Commission du district fédéral, 1927–1932 (291 images) – MIKAN 5023881
  • Photos de R. A. Ramsay montrant l’installation d’une structure de chemin de fer (4 images) – MIKAN 5025167
  • Édifice de Russell House, photographies de l’hôtel Russell (63 images) – MIKAN 3788413
  • Région d’Ottawa, Commission du district fédéral, 1902 (20 images) – MIKAN 5050722
Photo noir et blanc d’un parc calme et des rues environnantes entourés de deux gros immeubles sur lesquels le drapeau de l’Union flotte sur le toit supérieur. Des voitures anciennes sont garées sur la rue principale au premier plan.

Vue en direction sud de l’édifice de l’Est sur la Colline du Parlement, à Ottawa, MIKAN 5026166

Photo aérienne noir et blanc d’un paysage industriel avec des rondins flottant dans l’eau et une centrale électrique et des lignes ferroviaires au premier plan. En arrière-plan se trouve la cité parlementaire.

Plaines LeBreton, gare Ottawa West & Turning House, vers 1962 [Aujourd’hui : secteur de la gare City Centre Bayswater], gouvernement du Canada (e999909317-u)

Fonds Ted Grant

Photo noir et blanc d’une rue pendant la nuit; des voitures sont garées des deux côtés et des enseignes au néon illuminent la rue.

Rue Sparks [Ottawa] pendant la nuit, photo prise le 14 novembre 1960. Source : Ted Grant (e999906140-u)

Fonds de la Commission du district fédéral

Photographies, éditoriaux, catalogues et épreuves de supplément de journal visant le plan et le modèle du plan d’ensemble du Comité d’aménagement de la capitale nationale, et de sa tournée canadienne – MIKAN 3788892

Le Numéri-Lab vous intéresse?

Si vous avez une idée de projet, envoyez-nous un courriel à bac.numeri-lab-digilab.lac@canada.ca. Donnez-nous un aperçu de votre projet, les références complètes du matériel que vous souhaitez numériser et toute autre information pertinente sur la collection.

Après nous être assurés que le matériel peut être numérisé en toute sécurité, nous vous réserverons du temps au Numéri-Lab. Nous vous montrerons comment manipuler le matériel et utiliser l’équipement. Vous vous occuperez par la suite de numériser les documents et d’ajouter des métadonnées simples. Le matériel doit être exempt de restriction et de droit d’auteur.

Au plaisir de communiquer bientôt avec vous!

Liens d’intérêt


Karine Gélinas est gestionnaire de projet à la Direction générale des services au public à Bibliothèque et Archives Canada.

La Cité parlementaire

Les édifices du Parlement, à Ottawa, comptent certainement parmi les structures les plus facilement reconnaissables du Canada. Chose surprenante, la partie la plus emblématique du complexe architectural, la tour de la Paix, est le plus récente de la Cité parlementaire. La construction de l’édifice du Centre, de style néo‑gothique victorien, commence en 1859. Cet édifice inauguré le 6 juin 1866 abrite le Parlement de la province du Canada. La reine Victoria choisit l’emplacement de l’édifice en 1857. À l’époque, c’est le plus gros projet de construction en Amérique du Nord. Le budget est largement dépassé, notamment parce qu’il faut faire exploser le substrat rocheux avant de construire les fondations. Le 1er juillet 1867, l’édifice du Centre devient le parlement officiel du Dominion du Canada. Il est idéalement situé, car il est loin de la frontière américaine, et les habitants de la région le voient de loin.

Photo noir et blanc du premier édifice du Centre sur la Colline du Parlement

Parlement, édifice du Centre; photo prise par le capitaine Jacobs vers 1886 (MIKAN 3319558)

Le soir du 3 février 1916, 50 ans après l’inauguration de l’édifice du Centre, un incendie éclate dans la salle de lecture de la Chambre des communes. Les flammes se répandent rapidement et provoquent la mort de sept personnes. De nombreux murs en pierres sont restés debout, mais seule la bibliothèque construite en 1876 résiste parfaitement aux flammes grâce à ses portes en fer (qui avaient été fermées par un commis ce soir‑là). Des rumeurs veulent qu’il s’agisse d’un acte criminel, mais l’incendie a été causé par un cigare mal éteint.

Photo noir et blanc d’un édifice circulaire à l’architecture complexe ayant des pinacles et des arcs-boutants. C’est l’hiver, et l’édifice à côté est partiellement couvert de glace. Des pompiers éteignent un incendie.

La Bibliothèque du Parlement et l’édifice du Centre le lendemain de l’incendie qui a détruit celui ci; photo prise par William Topley en 1916 (MIKAN 3194673)

Même si le Canada investit beaucoup d’efforts dans la Première Guerre mondiale, il faut reconstruire les édifices. Le pays est en pleine croissance, et le Parlement doit refléter cette tendance. On décide de conserver le style néo‑gothique des édifices d’origine sans en faire des copies conformes. La construction commence pendant l’année et se termine en 1922. La tour de la Paix, ainsi nommée pour souligner l’engagement du Canada envers la paix, est achevée en 1927.

Photo noir et blanc montrant les trois premiers étages d’un édifice. La rotonde de la Bibliothèque du Parlement est à l’arrière plan. Le site est entouré de grues et de matériaux de construction.

Reconstruction de l’édifice du Centre, édifices du Parlement, 1917 ou 1918; photo prise par Samuel J. Jarvis (MIKAN 3319865)

Photo noir et blanc montrant la façade avant de l’édifice du Centre. La foule se masse sur la Colline du Parlement.

Célébration du jubilée sur la Colline du Parlement, en 1927 (MIKAN 3549627)

De nos jours, l’édifice du Centre est flanqué des édifices de l’Est et de l’Ouest. Un grand espace accessible au public remplit diverses fonctions : c’est un lieu de célébration le jour de la fête du Canada, un point de rendez‑vous pour les manifestants, un terrain de yoga pendant l’été, etc. Des visites guidées de l’édifice du Centre ont lieu tout au long de l’année; elles constituent l’un des attraits touristiques les plus courus à Ottawa.

Autres ressources

Les enfants de Topley – Petits portraits de la collection William Topley

La collection William Topley à Bibliothèque et Archives Canada est une ressource précieuse pour ceux qui s’intéressent au portrait photographique canadien du XIXe siècle. Composée de plus de 150 000 négatifs sur plaque de verre ainsi que d’épreuves d’atelier et d’albums de comptoir, la collection Topley couvre de 1868 à 1923 et illustre la carrière prolifique de M. Topley, originaire de la région de Montréal, qui a commencé sa carrière de travailleur autonome en ouvrant une succursale du studio William Notman sur la rue Wellington à Ottawa. Même si M. Topley photographiait d’autres sujets que les personnes, les portraits étaient sa spécialité, et la collection est un merveilleux exemple des débuts de la photographie en studio au Canada.

Au début des années 1870, M. Topley achetait le studio qu’il avait géré pour William Notman et il attirait plus de 2 300 clients par année. L’emplacement prestigieux de son studio au centre-ville d’Ottawa (il déménagea plusieurs fois au fil des ans, mais toujours à une distance de marche du Parlement) faisait en sorte qu’il attirait une grande partie de l’élite de la ville, y compris des politiciens et d’autres personnages importants, qui se rendaient au studio du photographe pour se faire prendre en portrait.

Les enfants faisaient souvent l’objet de ces portraits, posant seul ou avec leurs frères et sœurs. En regardant ces images, on remarque, non seulement, des noms connus, identifiant certains sujets comme les enfants de personnages influents de la capitale, mais aussi quelque chose d’inchangé malgré l’époque. En regardant au-delà de la formalité, des vêtements inconfortables et des poses statiques, on voit que ces portraits ne sont pas tellement différents de ceux que l’on pourrait prendre aujourd’hui. On reconnaît des enfants habillés spécialement pour l’occasion, essayant de rester assis, ayant l’air tantôt impatient, tantôt ennuyé.

Photographie en noir et blanc d'une petite fille dans une robe blanche.

Mademoiselle McLaren, 1873 (MIKAN 3461050)

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Carnaval d’hiver d’Ottawa, édition 1922

« Une semaine sans soucis! »…« La gaieté sera la reine de la semaine du Carnaval ». Voilà certains des slogans utilisés pour décrire le premier Carnaval d’hiver national canadien, le Carnaval d’hiver d’Ottawa, en 1922. Il ne s’agissait pas d’une occasion tranquille. Pendant une semaine à la fin du mois de janvier et au début février 1922, les Ottaviens ont fait la fête – et se sont amusés comme de vrais fous.

Les Canadiens étaient des habitués des fêtes d’hiver. Depuis la fin du 19e siècle, d’autres carnavals plus calmes avaient eu lieu mettant en vedette des fortitudes de glace, des fêtes de patinage amicales et des parties de hockey. Pendant ces carnavals, il y avait seulement de rares occasions où la fête dégénérait. Par exemple, la mascarade de patinage, en 1894, à Rideau Hall, où les employés de Lord Aberdeen se sont déguisés en écolières :

Photographie en noir et blanc illustrant huit individus qui se tiennent sur un escalier enneigé avec des éventails décoratifs à la main. Tous sont vêtus de costumes semblables composés d’une robe, d’un tablier et d’un bonnet. Si on regarde attentivement, on peut remarquer que certains de ces individus ont des moustaches et ont des traits quelque peu masculins.

Les employés de Lord Aberdeen déguisés en écolières pour participer à la mascarade de patinage « Dame Marjorie School » à Rideau Hall (MIKAN 3422882)

Le parrain du Carnaval d’Ottawa de 1922 était le courtier en bourse et maire, Frank Plant. Il a tout organisé en quelques semaines. Lord Byng, le gouverneur général, a été mis en charge de l’ouverture des festivités, ce qu’il a fait à l’extérieur du Château Laurier le 28 janvier 1922. 10 000 personnes étaient présentes.

Photographie en noir et blanc illustrant un château de glace, d’une prise de vue très élevée. On peut y voir le fourmillement de la foule et la ville à perte de vue.

Palais des glaces au Carnaval d’hiver d’Ottawa (MIKAN 3517932)

Dans le cadre du Carnaval se sont déroulées les activités suivantes :

  • Des parades à la raquette avec des flambeaux à travers les rues du centre-ville
  • Un grand bal au Château Laurier
  • Des parties de hockey entre les Sénateurs d’Ottawa et les Canadiens de Montréal
  • Du curling et de la boxe
  • Des soupers de fèves au lard quotidiens en Basse-Ville
  • D’énormes feux de joie au parc Major, à la place Connaught et à la place Cartier
  • Escalade du château de glace
  • Danses de minuit
  • Embarcations tirées par des chevaux qui tiraient des passagers à travers la ville
  • Saut en ski des falaises au parc Rockliffe

Bien que ce fût l’époque de la prohibition en Ontario, l’alcool était permis dans la province avoisinante du Québec. Avec l’atmosphère de fête qui régnait, les policiers choisissaient d’ignorer les hordes de personnes intoxiquées qui traversaient d’un côté à l’autre de la rivière de Hull, maintenant Gatineau, la bouteille à la main.

Il y avait trois principales attractions. La première était le palais de glace d’une hauteur de 22 mètres à la place Cartier sur la rue Elgin.

Photographie en noir et blanc illustrant des gens se tenant debout, possiblement à faire la file, autour du château de glace.

Le palais des glaces du Carnaval d’hiver d’Ottawa de jour (MIKAN 3517934)

Photographie en noir et blanc illustrant un château de glace illuminé de l’intérieur.

Le palais des glaces du Carnaval d’hiver d’Ottawa le soir (MIKAN 3517933)

La deuxième attraction était la colonne de glace géante trônant sur la place Connaught (maintenant la place de la Confédération, environ au même endroit où se trouve aujourd’hui le monument commémoratif de Guerre du Canada) entre l’Union Station, l’ancien bureau de poste et le château Laurier.

Photographie en noir et blanc illustrant une colonne de glace surmontée d’une couronne. Un homme se tient à son côté.

La colonne de glace devant l’ancien bureau de poste (endroit où se trouve aujourd’hui le monument commémoratif de Guerre du Canada), Carnaval d’hiver d’Ottawa, janvier et février 1922 (MIKAN 3384979)

Et finalement, la pièce de résistance — la glissade pour ski et toboggan.

« Un mile pour dix sous » était le slogan de cette descente époustouflante. Construite avec des blocs de glace avec des traces profondes, la glissade partait du Château Laurier et descendait jusqu’à la rivière des Outaouais le long des écluses Rideau. Au départ, la porte d’embarquement avait l’air assez innocente, construite de bois et entourée de conifères. Mais lorsqu’on entrait, voici ce qu’on voyait :

Photographie en noir et blanc illustrant le haut de la descente en toboggan en regardant vers le bas vers la rivière, à côté des écluses Rideau. Les traces sont très longues et creuses, et rejoignent presque le pont Alexandra au loin.

Descente en toboggan du Carnaval d’hiver d’Ottawa (MIKAN 3517935)

Si vous étiez assez courageux pour braver cette descente, la promenade était d’un angle de 45 degrés et se redressait quelque peu avant d’être parsemée de côtes, un peu comme des montagnes russes. Si vous voulez voir d’autres photos, vous pouvez visiter l’album Flickr. Inaugurée par Lord Byng, la première descente a été faite par le maire, Frank Plant, l’homme d’affaires bien connu A.J. Major et deux autres individus. Au courant de la semaine, des experts du saut en ski très courageux faisaient tous les jours des démonstrations sur la descente. Le reste du temps, des téméraires prenaient la course en descendant à bord de toboggans jusqu’à la rivière des Outaouais à plus de 100 km/h!

À la fin de la semaine, on a déclaré que le premier Carnaval d’hiver d’Ottawa avait été un énorme succès. Des dizaines de milliers de personnes y avaient participé – la population d’Ottawa venait tout juste d’atteindre 100 000 habitants. Aujourd’hui, l’équivalent du Carnaval d’hiver d’Ottawa, Bal de neige, reçoit jusqu’à un demi-million de visiteurs chaque année.

 

 

Portraits de la capitale : Les visages de la collection Topley

La collection de photographies de William James Topley acquise en 1936 fait partie des collections les plus populaires de Bibliothèque et Archives Canada. La collection comprend plus de 150 000 négatifs sur plaque de verre et support de nitrate, 68 albums préparés par le studio, des journaux des affectations quotidiennes et des livres comptables.

La grande collection comprend des pièces datant de 1868 à 1923. Elle documente la prolifique carrière de Topley, un Montréalais d’origine qui a commencé sa carrière de travailleur autonome en ouvrant une succursale du studio William Notman à Ottawa, sur la rue Wellington, après avoir travaillé comme apprenti du célèbre photographe à Montréal pendant plusieurs années. Il abandonne plus tard le nom de Notman pour exploiter son propre studio à divers endroits d’Ottawa, déménageant de la rue Wellington au coin des rues Metcalfe et Queen avant de s’établir à deux endroits de la rue Sparks.

Les photographies produites pendant la longue carrière de Topley constituent une source de référence visuelle fascinante sur la vie à Ottawa et dans d’autres villes canadiennes. Parmi les images se trouvent des scènes de la vie quotidienne, des photographies de vitrines de magasins qui ont été commandées au studio, la Colline du Parlement avant, pendant et après l’incendie de 1916 et, plus intéressant peut‑être encore, des portraits de citoyens célèbres et ordinaires.

En 1872, le studio de Topley attire plus de 2 300 clients par année, dont des premiers ministres, des gouverneurs généraux, des membres de la haute société d’Ottawa, des hommes d’affaires et des citoyens ordinaires. Il a créé la célèbre image composite du premier grand bal costumé canadien, qui est organisé par le comte de Dufferin et son épouse en 1876.

Les clients de Topley sont souvent les familles des personnes influentes d’Ottawa. Dans la capitale, les parents des politiciens, des propriétaires fonciers et des barons du bois se rendent fréquemment au studio Topley pour se faire prendre en portrait. Au début du XIXe siècle, cette pratique revêt encore un certain prestige, si bien que des épouses, des enfants et même des animaux de compagnie sont photographiés au studio, dans certains cas plusieurs fois par année.

Ces merveilleux portraits sont captivants puisqu’ils permettent de voir les vêtements, les coiffures et les expressions des citoyens ottaviens du passé. Il est également intéressant de voir les visages des personnes qui ont donné leurs noms aux rues, parcs et écoles d’Ottawa.

Mademoiselle Powell, 1870

Mademoiselle Powell, 1870 (MIKAN 3479280)

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