La collection William Topley à Bibliothèque et Archives Canada est une ressource précieuse pour ceux qui s’intéressent au portrait photographique canadien du XIXe siècle. Composée de plus de 150 000 négatifs sur plaque de verre ainsi que d’épreuves d’atelier et d’albums de comptoir, la collection Topley couvre de 1868 à 1923 et illustre la carrière prolifique de M. Topley, originaire de la région de Montréal, qui a commencé sa carrière de travailleur autonome en ouvrant une succursale du studio William Notman sur la rue Wellington à Ottawa. Même si M. Topley photographiait d’autres sujets que les personnes, les portraits étaient sa spécialité, et la collection est un merveilleux exemple des débuts de la photographie en studio au Canada.
Au début des années 1870, M. Topley achetait le studio qu’il avait géré pour William Notman et il attirait plus de 2 300 clients par année. L’emplacement prestigieux de son studio au centre-ville d’Ottawa (il déménagea plusieurs fois au fil des ans, mais toujours à une distance de marche du Parlement) faisait en sorte qu’il attirait une grande partie de l’élite de la ville, y compris des politiciens et d’autres personnages importants, qui se rendaient au studio du photographe pour se faire prendre en portrait.
Les enfants faisaient souvent l’objet de ces portraits, posant seul ou avec leurs frères et sœurs. En regardant ces images, on remarque, non seulement, des noms connus, identifiant certains sujets comme les enfants de personnages influents de la capitale, mais aussi quelque chose d’inchangé malgré l’époque. En regardant au-delà de la formalité, des vêtements inconfortables et des poses statiques, on voit que ces portraits ne sont pas tellement différents de ceux que l’on pourrait prendre aujourd’hui. On reconnaît des enfants habillés spécialement pour l’occasion, essayant de rester assis, ayant l’air tantôt impatient, tantôt ennuyé.

Mademoiselle McLaren, 1873 (MIKAN 3461050)
Les photographes de studio de cette époque ajoutaient souvent des accessoires dans les photos, et M. Topley n’était pas différent des autres. Dans ses portraits d’enfants, on voit des articles tels que des livres, des cordes à sauter, des poupées ou des animaux de compagnie dans les mains de ses jeunes modèles. Certains enfants sont debout ou assis bien droit avec une expression sérieuse et concentrée sur le visage, tandis que d’autres sont affalés sur une chaise. Dans ces derniers clichés en particulier, on peut imaginer à quel point le processus devait être fastidieux pour l’enfant, étant donné le nombre de plaques que le photographe devait prendre pour obtenir une image correcte et non floue.

Mademoiselle Cambie, 1877 (MIKAN 3435180)
Les portraits de bébés, dont la mère est cachée, ou à peine visible, sont également intéressants. C’était assez courant à l’époque d’asseoir le bébé sur les genoux de sa mère pour un portrait, alors qu’une couverture ou un autre tissu était placé sur la mère afin que seul le bébé apparaisse dans la photo. Dans plusieurs des portraits de bébés de M. Topley, on constate une approche plus subtile, avec la mère encourageant l’enfant sur le bord de la photo. Le photographe pouvait ensuite recadrer l’image et éliminer la mère de l’impression finale.

Mademoiselle Ruttan, 1876 (MIKAN 3434482)
Ces magnifiques portraits offrent une autre perspective sur le visage de la capitale du Canada au XIXe siècle et semblent offrir un pont du passé au présent, là où certaines choses ne changent jamais.

Deux garçons prennent la pose — Master Borthwick, 1882 (MIKAN 3418410)

Mademoiselle Helena Topley, 1882 (MIKAN 3418246)
Autres ressources :
- Voir d’autres images d’enfants dans l’album Flickr
- Consultez d’autres billets de blogue sur la Collection Topley
- Explorez l’exposition virtuelle : William James Topley : Réflexions sur un photographe de la Capitale