Créez votre propre exposition sur le patrimoine militaire!

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Par Sacha Mathew

Saviez-vous qu’avec les outils et les documents numérisés du site de Bibliothèque et Archives Canada (BAC), vous pouvez facilement créer votre propre exposition sur le patrimoine militaire? Je vous présente ici la marche à suivre pour réaliser votre projet, à l’école ou à la maison!

Pour les besoins de la cause, j’utiliserai l’exposition conçue pour les portes ouvertes de BAC, tenues en mai dernier. Lors de l’événement, qui a connu un franc succès, plus de 3 000 personnes ont visité nos édifices à Gatineau et admiré des trésors habituellement cachés dans nos chambres fortes.

Ces quelques photos et documents textuels, choisis avec soin dans notre vaste collection militaire, ont retenu l’attention des visiteurs. Beaucoup ont d’ailleurs voulu savoir comment nous avions fait nos choix.

Vitrine d’exposition en verre comprenant des photos et des documents textuels sur l’histoire militaire.

Exposition militaire organisée pour les portes ouvertes de BAC. Photo gracieuseté d’Alex Comber, archiviste.

Une exposition peut porter sur une personne, un anniversaire ou une unité militaire. Nous avons choisi de souligner le centenaire de l’Aviation royale canadienne (ARC), célébré en 2024, mais il fallait circonscrire le sujet afin de construire un récit. Les documents communiquent des faits, mais ils ne racontent pas une histoire. C’est à nous de les interpréter!

L’événement se tenant à Gatineau, nous avons pensé que le public s’intéresserait à des militaires de la région. Nous avons choisi une unité de l’ARC : le 425e Escadron (les Alouettes). Cet escadron de bombardement composé de Canadiens français a été créé au début de la Deuxième Guerre mondiale. En comparant la liste du personnel du 425e avec une liste des pertes subies par l’ARC, fournie par l’Association de l’ARC, nous avons réussi à trouver un aviateur de Montréal et un d’Ottawa.

Au bord d’une piste d’atterrissage, en Angleterre, trois officiers de la Force aérienne planifient les opérations en examinant des cartes sur une table.

Le sous-lieutenant d’aviation J. W. L. Tessier; le sous-lieutenant d’aviation J. A. Longmuir (Croix du service distingué dans l’Aviation), de la Royal Air Force (RAF), affecté à l’escadron des Alouettes en tant qu’officier de l’instruction de la section des bombardiers; et le capitaine d’aviation Claude Bourassa (Croix du service distingué dans l’Aviation), commandant de la section des bombardiers de l’escadron canadien-français. 425e Escadron, 24 avril 1945, PL-43647, e011160173.

Pour votre exposition, vous pouvez choisir un militaire qui a vécu dans votre ville ou fréquenté votre école. Plus simple encore : vous pourriez choisir un membre de votre famille qui pique votre curiosité. Le dossier du personnel du militaire choisi est un bon point de départ, puisqu’il contient une foule d’information et de renseignements personnels. Par exemple, aimeriez-vous connaître l’adresse de votre arrière-grand-père en 1914?

Vous trouverez les dossiers du personnel de la Première Guerre mondiale sur le site Web de BAC. Tous ont été numérisés et peuvent être consultés librement. En ce qui concerne la Deuxième Guerre mondiale, seuls les dossiers des membres qui sont morts en service sont ouverts et peuvent être consultés en ligne. Pour les dossiers des militaires qui ont survécu à la Deuxième Guerre mondiale ou qui ont participé à des conflits ultérieurs, vous devrez soumettre une demande d’accès à l’information.

Maintenant que vous avez trouvé le dossier de service, vous devez choisir ce qui vous intéresse. Pour notre exposition, nous étions limités par l’espace disponible dans la vitrine. Tant mieux si vous n’avez pas les mêmes contraintes : vous pourrez sélectionner tous les documents que vous voulez!

Un dossier de service contient toutes sortes de documents. Dans celui du sous-lieutenant d’aviation J. Dubois, nous avons choisi quelques ressources particulièrement intéressantes : une lettre de recommandation de son employeur (T. Eaton & Co), ses feuilles d’engagement, sa fiche de médailles, son livret de solde, la correspondance (en français) avec ses parents et le rapport de son décès. Après avoir parcouru le dossier de service numérisé, vous pourrez choisir ce que vous voulez présenter. N’oubliez pas de citer vos sources, notamment les numéros de référence des archives.

Comme je le disais plus haut, en interprétant des documents, vous racontez une histoire. Vous ne vous contentez pas d’exposer les résultats de vos recherches. Dans le cas du sous-lieutenant d’aviation Dubois, nous avons fouillé les documents de son escadron remplis le jour de son décès afin de mieux comprendre le contexte de son dernier vol. Chacune des trois armées documente officiellement ses opérations quotidiennes :

  • l’Armée de terre a des journaux de guerre (War Diaries)
  • la Marine a des journaux de bord (Ship’s Logs)
  • l’ARC a des registres des opérations (Operations Record Books)

Le dossier du personnel donne des renseignements biographiques, tandis que le journal de l’unité explique le contexte et aide à comprendre le rôle d’un militaire dans les opérations collectives. Examinez les deux ressources pour obtenir un portrait général de la situation. Ce portrait est l’histoire que vous raconterez, oralement ou par écrit.

Il ne vous reste plus qu’à ajouter des photos pour rendre l’exposition attrayante. Certains dossiers de service comprennent une photo du militaire, mais c’est plutôt rare en ce qui concerne les guerres mondiales. Pour étoffer vos résultats, je recommande de chercher des images avec Recherche dans la collection. Entrez le nom de l’unité et choisissez des photos correspondant à l’époque qui vous intéresse. Pour notre exposition, nous n’avons eu aucun mal à trouver des photos du 425e Escadron en Angleterre dans les années 1940. À l’instar des documents textuels, les photos exigent une mention de source précise.

Capture d’écran du site Web de BAC montrant une recherche du terme "425 squadron" dans la catégorie "Images".

Recherche dans la collection, sur le site Web de BAC.

En exploitant les outils et les ressources dans la collection en ligne de BAC, vous pourrez créer votre propre exposition sur une personne ou une unité. Libre à vous d’en déterminer le format : vous pouvez imprimer les documents et les photos pour les encadrer ou les insérer dans un album de coupures, ou vous pouvez concevoir une exposition numérique. C’est un excellent moyen d’apprendre à connaître ses ancêtres et d’étudier le patrimoine militaire canadien à sa manière. C’est aussi un projet de recherche idéal pour des élèves, par exemple à l’occasion du jour du Souvenir.


Sacha Mathew est archiviste à la Division des archives gouvernementales de Bibliothèque et Archives Canada.

Le logo du CN : le graphisme d’entreprise à son meilleur

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Par Andrew Elliott

« Notre troisième partenaire, c’est l’imagination. »
Allan Fleming, Cooper & Beatty Ltd., 1958

Introduction

Dans l’histoire du graphisme d’entreprise, un logo ressort du lot : celui de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada, ou CN. On reconnaît au premier coup d’œil sa forme unique aux contours arrondis, bien visible sur les trains, les immeubles et le matériel promotionnel de la compagnie. Mariant tradition et innovation, il témoigne de la relation complexe entre image de marque, fierté nationale et culture de consommation. Il nous relie instantanément au CN, semblant presque se suffire à lui-même tout en donnant l’impression d’avoir toujours été là. Mais quelle est donc son histoire?

Marqueurs visuels et identitaires, les logos de chemins de fer sont là pour positionner les entreprises qu’ils représentent. Au cours du 19e siècle et pendant une bonne partie du 20e siècle, les compagnies ferroviaires canadiennes subissent l’influence des typographies britannique et américaine, comme en témoigne le graphisme de l’époque. Certains logos sont plus traditionnels, tel celui du Chemin de fer Canadien Pacifique, composé de castors et d’un bouclier. D’autres sont plus originaux et novateurs, comme le logo du Chemin de fer Canadien du Nord : d’allure moderne, voire futuriste, il combine des lettres de différentes tailles à l’intérieur d’un motif en zigzag.

Logo en forme de cercle comprenant les mots « Canadian Northern » et un motif en zigzag.

Logo du Chemin de fer Canadien du Nord, dépliant sur le trajet dans la vallée de la Saskatchewan. (No MIKAN 5751636)

Quant à la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada, elle voit le jour en 1919, et côté graphisme, tout un éventail de possibilités s’offre à elle.

Le logo du CN : un peu de contexte

Entre 1919 et le début des années 1920, la Compagnie des chemins de fer nationaux ne réinvente pas la roue : elle se contente de reprendre l’ancien logo du Chemin de fer Canadien du Nord, en remplaçant le mot « Northern » par « National ». Affaire classée!

Logo du CN avec le motif en zigzag.

Gros plan du premier logo du CN sur le devant d’un wagon, avec le motif en zigzag, vers 1920. (No MIKAN 3349475)

Du milieu des années 1920 au milieu des années 1950, le CN adopte d’autres logos à l’allure plus traditionnelle, comme on le voit ici :

Les mots « Canadian National Railways » apparaissent dans un encadré sur fond noir, superposés et soulignés.

Gros plan du logo de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada datant des années 1920. (No MIKAN 5750861)

Feuille d’érable verte avec l’inscription « Canadian National Railways » au centre. Les mots sont superposés et soulignés.

Gros plan du logo de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada datant des années 1940. (No MIKAN 5752559)

À la recherche d’une nouvelle image : un vent de changement au CN

La fin des années 1950 est marquée par l’avènement des nouvelles technologies et le passage des locomotives à vapeur aux locomotives au diesel. Le CN cherche alors à se réinventer et à reconquérir l’imaginaire des voyageurs. Et les dirigeants décident d’y aller à fond en optant pour l’audace!

Divers facteurs expliquent cette décision. Un sondage réalisé par le CN vient de révéler que la population perçoit l’entreprise comme étant vieille et désuète, malgré une décennie d’investissements pour la moderniser et la rendre plus efficace. Parallèlement, l’équipe des relations publiques comprend l’intérêt de disposer d’un logo comme outil de marketing. Et la direction est prête à miser sur la nouveauté.

On confie donc à Dick Wright, responsable des relations publiques du CN, la tâche colossale de rajeunir l’image de la compagnie; un travail que poursuivra son successeur, Charles A. Harris. Dans l’ouvrage Designs for the Times: The Story of the CN Design Program, Lorne Perry, ancien employé ayant participé à cette refonte visuelle, écrit :

« Ce n’est pas évident pour quelqu’un de changer d’allure ou de personnalité, et ce n’est pas plus facile pour une entreprise. Mais parfois, ça en vaut le temps, les efforts et l’argent, par exemple si : (a) la nature des produits et des services de l’entreprise a radicalement changé; (b) l’entreprise s’est modernisée, mais les clients ne l’ont pas remarqué; ou (c) l’image de marque de l’entreprise ne convient plus, en raison de facteurs indépendants de sa volonté. Dans le cas du CN, la réponse était (b). »

Pour mener à bien cette tâche, le CN fait appel à une entreprise américaine de graphisme dirigée par James Valkus. Celui-ci engage à son tour Allan Fleming, un jeune génie créatif de Toronto. Les deux hommes sont d’accord : le CN a besoin de bien plus qu’une nouvelle marque de commerce. C’est toute son identité visuelle qui doit être repensée.

L’apport de l’extérieur : Allan Fleming

Allan Robb Fleming (7 mai 1929-31 décembre 1977) est un jeune graphiste canadien. À l’époque, il est vice-président et directeur des services créatifs de Cooper & Beatty Ltd., une société de typographie basée à Toronto. La société fait la mise en page de divers documents avant d’acheminer le tout aux imprimeurs.

C’est à Fleming qu’on doit le nouveau logo du CN. Au fil des ans, il imaginera aussi les logos de nombreuses entreprises et institutions canadiennes, dont l’Université Trent (1964), Ontario Hydro, le Conseil national de l’esthétique industrielle du ministère de l’Industrie et du Commerce ainsi que l’Orchestre symphonique de Toronto (1965), la Compagnie de la Baie d’Hudson (1969), ETVO (aujourd’hui TVOntario, 1970) et Gray Coach Lines (1971). En 1973-1974, alors qu’il travaille pour Burton Kramer Associates, il participera au projet qui aboutira au changement d’image de la Canadian Broadcasting Corporation.

(La plupart des documents relatifs à la vie et à la carrière d’Allan Fleming se trouvent aujourd’hui aux archives de l’Université York, à Toronto. Vous pouvez consulter en ligne le fonds Allan Robb Fleming et ses documents numérisés, en anglais.)

L’auteur de ces lignes s’est récemment entretenu avec Martha Fleming, la fille d’Allan Fleming, qui soulignait la nature complexe du partenariat entre son père et Valkus. Ce dernier supervisait la refonte de l’image de marque, tandis que Fleming était responsable du « joyau de la couronne » : le logo.

Martha Fleming s’est aussi exprimée sur le travail de son père lors d’une entrevue donnée sur Biblio File le 24 octobre 2022 (en anglais). Elle y déclarait que ce dernier savait créer des logos alliant tradition et modernité. Il s’intéressait également à la façon dont les époques unissaient les gens, les objets et les idées, et à la façon dont la typographie permet de fusionner l’image et l’objet. Il possédait toute une collection de cahiers de référence, et avait aussi conçu divers catalogues. Le projet de logo du CN lui a été confié alors qu’il travaillait chez Cooper & Beatty Ltd. Outre le logo, d’autres projets de typographie ont suivi : télégrammes, papeterie, billets et même véhicules (dont les locomotives). Au total, cinq personnes ont contribué au projet du logo. Aux dires de Martha Fleming, il s’agissait d’un travail très stressant.

Le logo du CN au fil du temps : l’expression d’une créativité commune

Bibliothèque et Archives Canada possède une splendide collection d’esquisses et d’illustrations diverses qui témoignent de la créativité ayant entouré la refonte du logo du CN. Ces documents sont conservés dans le fonds de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada, dans la série « Designs relating to the CN logo » (projets graphiques concernant le logo du CN).

Les dossiers artistiques semblent avoir été reconstitués pour illustrer la progression du logo; il est néanmoins très difficile de se prononcer sur les dates exactes de chaque document, et sur le moment précis où le logo a atteint sa version définitive.

Cela dit, le tout témoigne d’un processus créatif remarquable. On peut y voir différentes variantes du logo, avec Valkus, Fleming et d’autres graphistes de l’équipe reprenant les idées des uns et des autres pour les faire évoluer.

Même sans chronologie exacte, on peut quand même retracer (au moins en partie) la progression du logo. Voici quelques esquisses où les graphistes tentent de saisir l’essence de la compagnie ferroviaire : le mouvement.

Logos du CN esquissés à la main et répétés maintes fois.

Esquisses préliminaires du logo du CN. (No MIKAN 6305308)

Fleming ayant demandé à Valkus si l’un de ces logos l’intéressait (« Any of these interest you? »), un autre exemple reprend ce concept et le fait évoluer.

Des logos du CN couvrent une page où l’on peut lire « Any of these interest you? » (L’un d’entre eux vous intéresse-t-il?)

Esquisses préliminaires du logo du CN. (No MIKAN 6316316)

Dans un autre exemple, Valkus écrit à Fleming pour lui dire de ne rien jeter de ces gribouillis (« Allan, save all this junk »).

Des logos du CN couvrent la surface d’une page où l’on peut lire la note « Allan, save all this junk » (Allan, conservez tout ce bazar).

Esquisses du logo du CN. (No MIKAN 6316312)

Dans les exemples suivants, on voit que les esquisses se concentrent sur des éléments plus précis; on peut aussi lire des encouragements de Valkus.

Des logos du CN couvrent une page comportant aussi deux notes manuscrites.

Esquisses préliminaires du logo du CN. (No MIKAN 6316355)

Des logos du CN couvrent une page où l’on peut lire la note suivante : « Allan, this one fits things beautifully. » (Allan, celui-ci convient parfaitement.)

Esquisses du logo du CN. (No MIKAN 6316325)

Deux autres personnes composent l’équipe de graphistes travaillant au logo du CN : Carl Ramirez et Arthur King.

Eux aussi contribuent à l’effort collectif… même si, 60 ans plus tard, quelques tangentes inhabituelles (pour ne pas dire hypnotiques) nous font nous demander si quelque chose a pu influencer leur créativité!

Voici deux exemples de logo plutôt étourdissants :

L’un des logos proposés pour le CN. Les lettres forment une spirale carrée.

Ébauche du logo du CN. (No MIKAN 6327284)

L’un des logos proposés pour le CN. Le côté gauche du C est allongé pour évoquer le coin d’un œil.

Ébauche du logo du CN. (No MIKAN 6341857)

Dans la version presque finale du logo, l’enthousiasme de Valkus est palpable. Il note : « Allan, Make thinner and we’ve got it! » (Allan, faites-le un peu plus mince et le tour sera joué!)

Proposition presque finale pour le logo du CN, qui ressemble beaucoup au logo définitif, mais avec un lettrage plus épais. Une note signée Jim dit : « Allan, Make thinner and we’ve got it! » (Allan, faites-le un peu plus mince et le tour sera joué!)

Ébauche du logo du CN. (No MIKAN 2887712)

Le logo est maintenant trouvé. Prochaine étape : Fleming doit obtenir l’adhésion de tous les niveaux de l’organisation, de la direction générale jusqu’aux simples employés. Dans une série de présentations sur papier, il explique en termes simples la signification et l’objectif du logo. Il soulève aussi des questions pertinentes :

  • Le logo est-il facile à reproduire?
  • S’imprimera-t-il facilement dans la mémoire du public?
  • Est-il lisible?
  • Communique-t-il rapidement ce qu’il doit communiquer?
  • Pourra-t-il bien traverser les époques?

Voici l’une des idées de présentation transmise par Fleming à Valkus.

Présentation sur papier avec des notes manuscrites, des dessins et le logo du CN.

Projet de présentation d’Allan Fleming. (No MIKAN 6341859)

En outre, Fleming (secondé par Valkus) explique que la nouvelle image de marque permettra de réaliser des économies grâce à un graphisme simplifié, de relier visuellement les divisions de l’entreprise et d’exprimer en un clin d’œil la somme de ses parties. Il décortique le nouveau logo pour qu’on puisse voir de quoi il aura l’air sur différents composants du CN : qu’il s’agisse de la signalisation ou des tout petits articles (comme la vaisselle) en passant par les éléments architecturaux, la décoration intérieure, les présentoirs et les véhicules.

Vers la fin de 1960, la direction du CN approuve le nouveau logo, et on procède progressivement à son déploiement. Le public en est informé dans divers journaux et magazines, dont Keeping Track (Au fil du rail), la publication officielle du CN, qui publie un article intitulé « A new look for the CNR » (Une nouvelle image pour le CN).

Photo montrant trois hommes travaillant sur des esquisses.

Photographie tirée de l’article « A new look for the CNR » (Une nouvelle image pour le CN) publié dans la revue Keeping Track (Au fil du rail). (No MIKAN 6026153)

Selon une publication spécialisée de 1960-1961, la légende voudrait que Fleming ait présenté son logo définitif à peine 15 minutes avant la fin du délai imposé par le CN, une anecdote qui ne rend pas justice à la complexité du processus de création.

Bref, après une année de travail, la collaboration entre la direction, le service de conception visuelle et les graphistes du CN débouche sur une toute nouvelle image à la fois innovante et accrocheuse, tellement simple dans sa forme qu’elle semble se fondre naturellement dans le paysage. Le nouveau logo du CN fait son entrée en force au début de l’année 1961; rapidement, il donne l’impression d’avoir toujours été là. L’année précédente, Allan Fleming avait déclaré : « Je pense que ce symbole va durer au moins 50 ans; on n’aura pas besoin de le refaire, parce qu’il est conçu pour l’avenir. Sa simplicité est un gage de durabilité. »

La suite lui a donné raison : depuis plus de 60 ans, le logo – aussi connu au Canada qu’à l’étranger – est toujours utilisé par l’entreprise!


Andrew Elliott est archiviste à la Direction générale des archives de Bibliothèque et Archives Canada.

Biscuits aux patates de 1917 : Comment la ménagère peut aider à préserver les stocks de blé du pays

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Bannière Cuisinez avec Bibliothèque et Archives CanadaPar Ariane Gauthier

Le Canada entre dans la Première Guerre mondiale le 4 août 1914, aux côtés de la Grande-Bretagne et de son empire. La guerre de mouvement qui oppose la Triple Alliance à la Triple Entente se transforme rapidement en guerre de tranchées. À partir de 1915, une véritable guerre d’usure se déroule sur le continent européen et dans le bassin méditerranéen.

En Europe, la dévastation des campagnes et l’arrivée d’une foule immense de soldats venus du monde entier compliquent l’approvisionnement en nourriture. La Grande-Bretagne mobilise rapidement les ressources de son empire afin d’appuyer son effort de guerre. Au Canada, les produits agricoles et industriels sont envoyés aux troupes outre-mer. Mais ces efforts ne suffisent pas et, bien vite, tous les ordres de gouvernement cherchent à accroître leur aide, allant jusqu’à rationner des ressources essentielles.

Au début de la troisième année du conflit, les provisions de blé s’épuisent. Prévoyant un rationnement, le ministère ontarien de l’Agriculture publie en août 1917 le livret War Breads: How the Housekeeper May Help to Save the Country’s Wheat Supply. On y affirme notamment que chaque livre de farine économisée donne plus de pain à l’armée. On admet cependant que les substituts de farine de blé proposés ne donnent pas toujours du pain ou des biscuits savoureux. Si ces pains de qualité inférieure ne sont pas au goût de tous, ils ont au moins l’avantage d’être plus sains que le pain blanc.

Page couverture d’un livret avec des photos de plusieurs sortes de pains.

Page couverture du livret War Breads: How the Housekeeper May Help to Save the Country’s Wheat Supply (OCLC 1007482104).

Intriguée par ce livret plutôt particulier, j’ai choisi une recette qui me donnerait une idée des efforts consentis par les ménagères au nom du patriotisme : des biscuits faits avec des patates. J’étais optimiste puisque j’avais déjà mangé et bien aimé des pains et des beignes aux pommes de terre.

La liste d’ingrédients et les instructions pour préparer la recette.

Recette de biscuits aux patates tirée du livret War Breads: How the Housekeeper May Help to Save the Country’s Wheat Supply (OCLC 1007482104).

Je n’ai rien remarqué d’anormal en survolant la liste d’ingrédients. Quand j’ai commencé la préparation, toutefois, la quantité dérisoire de sucre (½ cuillère à soupe) et de beurre (1 cuillère à soupe) m’ont portée à croire que les biscuits seraient fades ou auraient un goût de levure très prononcé. Ce n’était pas étonnant toutefois, car pendant la guerre le rationnement ne touchait pas seulement la farine de blé.

De la levure, trois pommes de terre, du beurre, un œuf, du lait, du sucre et de la farine.

Les ingrédients de la recette de biscuits aux patates. Photo : Ariane Gauthier

J’ai commencé par rassembler les ingrédients. Bizarrement, la recette recommande de cuire et non de faire bouillir les pommes de terre. C’est peut-être pour contrôler le niveau d’humidité? Quoi qu’il en soit, je les ai mises au four de 45 à 60 minutes à 400 °F, jusqu’à ce qu’une fourchette s’insère facilement.

Photo du dessus : trois pommes de terre sur une plaque couverte de papier parchemin, dans un four. Photo du dessous : des pommes de terre pilées grossièrement, dans un bol.

Les pommes de terre cuites au four, puis pelées et pilées. Photos : Ariane Gauthier

L’étape suivante était la préparation du mélange à levure. Comme je n’ai pas trouvé de levure fraîche (yeast cake, dans la recette originale en anglais), je me suis tournée vers la levure sèche. J’ai mélangé le lait tiède, la levure et un peu de farine, puis j’ai réservé le mélange pour qu’il lève.

Le mélange dans un bol de cuisson.

Le mélange de levure, de farine et de lait. On remarque la mousse et les bulles formées par la levure qui s’active. Photo : Ariane Gauthier

J’ai pilé les patates et ajouté le sel, le sucre, le beurre et du lait bouillant, jusqu’à ce que le mélange soit lisse. J’ai ensuite ajouté le mélange à levure, l’œuf et le reste de la farine. Le four avait alors suffisamment refroidi pour que je puisse y laisser la pâte reposer et lever.

Les étapes du mélange des ingrédients pour former la pâte.

Préparation de la pâte à biscuits aux patates. J’ai vigoureusement mélangé les ingrédients à chaque étape pour que le tout soit homogène. Photos : Ariane Gauthier

Je ne m’attendais pas du tout à ce que la pâte soit si collante en raison de la proportion des ingrédients secs par rapport aux ingrédients humides. Ayant bien lu l’avertissement dans la recette, j’ai évité de manipuler la pâte. J’ai donc utilisé des cuillères pour verser le mélange dans un moule à muffins beurré.

Les quatre étapes pour le mélange et le transfert de la pâte, dont le prélèvement d’une partie de la pâte levée dans une cuillère, et le versement de la pâte dans un moule à muffins.

La pâte, avant et après avoir levé pendant quelques heures dans un endroit chaud. Comme la recette l’indique, la pâte était bien trop collante pour être façonnée avec les mains. Photos : Ariane Gauthier

Comme c’est souvent le cas avec les vieilles recettes, la température de cuisson n’est pas précisée. J’ai mis le four à 400 °F et surveillé la cuisson attentivement pendant 15 à 20 minutes, jusqu’à ce que la pâte soit dorée.

Quatre biscuits aux patates dans une assiette. Le premier est garni de confiture de fraises, un autre est farci de baies, et les deux autres sont nature.

Les biscuits aux patates, cuits. Celui de gauche est garni de confiture. J’ai ajouté des baies dans un autre avant la cuisson. Photo : Ariane Gauthier

Et voilà le résultat! Qu’en pensez-vous?

La forte odeur de levure m’a frappée dès que j’ai sorti les biscuits du four. Quant à la saveur, elle est extraordinairement fade. Heureusement, la confiture de fraises traditionnelle que j’avais chez moi a sauvé la mise (un grand merci à mes parents!), car ces biscuits ne semblent pas conçus pour être dégustés nature.

Comme d’habitude, j’ai offert des biscuits à mes collègues pour avoir leur avis. C’est la première fois qu’une de mes recettes polarise autant l’opinion! Personne n’est resté indifférent : on aime ces biscuits ou on les déteste.

Si vous avez le goût de l’aventure, ou si vous voulez juste goûter une tranche d’histoire, je vous recommande d’essayer ces biscuits aux patates. Mais n’oubliez pas la confiture!

Si vous essayez cette recette, n’hésitez pas à partager les photos de vos résultats avec nous en utilisant le mot-clic #CuisinezAvecBAC et en étiquetant nos médias sociaux : FacebookInstagramX (Twitter)YouTubeFlickr et LinkedIn.

Autres ressources


Ariane Gauthier est archiviste de référence à la Direction générale de l’accès et des services à Bibliothèque et Archives Canada.

Une erreur grave

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Par James Bone

C’est en juillet 1908 que les inscriptions en français apparaissent sur les timbres-poste canadiens, juste à temps pour l’émission d’une série de timbres soulignant le 300e anniversaire de la fondation de Québec par Samuel de Champlain. Il faut toutefois attendre juin 1927 pour que des timbres-poste bilingues, accordant une place égale au français, soient émis de manière systématique. Ce jalon coïncide avec le lancement d’une série de timbres mettant notamment en vedette les Pères de la Confédération et le nouvel édifice du Centre du Parlement. La traduction relève de l’ancien Bureau des traductions du gouvernement fédéral (aujourd’hui le Bureau de la traduction); le français utilisé ne pose donc pas de problème. Mais tout cela change à la suite d’une erreur commise en 1946, qui débouchera sur le premier timbre-poste canadien contenant une faute d’orthographe.

À l’époque, l’aviation et la poste aérienne sont des innovations relativement récentes, et des timbres sont émis pour les clients qui sont prêts à payer davantage pour ce service. Moyennant des frais supplémentaires, les clients peuvent aussi se prévaloir du service de livraison accélérée. En juillet 1942, on émet un timbre combinant les services de la poste aérienne et la livraison exprès. On peut y voir un avion survolant Drummondville, au Québec. Un autre timbre du genre est émis en septembre 1946, illustrant cette fois le tout nouvel avion Douglas DC-4M survolant les Plaines d’Abraham et le fleuve Saint-Laurent, à Québec. Ce timbre comporte cependant une petite erreur qui marquera l’histoire de la philatélie au Canada.

Page comportant trois colonnes et cinq rangées de timbres, chacun illustrant le même avion.

Détail du feuillet de timbres sur le service de livraison aérienne exprès, approuvé malgré une faute d’orthographe. (No MIKAN 2222196)

Toujours à l’époque, les graveurs qui illustrent les timbres travaillent dans une imprimerie (dans ce cas-ci, la Compagnie canadienne des billets de banque limitée, à Ottawa). Ils doivent adapter chaque dessin à un bloc imprimant qui correspond à la taille du timbre. Avant l’impression, les épreuves et un feuillet d’essais sont approuvés par l’imprimeur et par le ministère des Postes.

Le timbre comportant l’erreur est mis en circulation le 16 septembre 1946. Comme l’indiquent les archives du ministère des Postes, à peine deux semaines plus tard, le 1er octobre, le ministre des Postes de l’époque, Ernest Bertrand, reçoit une lettre de J. A. Boissonneault. Ce résident de Québec l’informe que le timbre comporte une erreur : le mot français exprès est gravé avec le mauvais accent (un accent circonflexe au lieu de l’accent grave), ce qui donne l’épellation « exprês ».

Gros plan d’un avion, avec l’inscription SPECIAL DELIVERY EXPRÊS.

Détail de l’épreuve approuvée avec une faute d’orthographe. (No MIKAN 2222194)

La lettre de M. Boissonneault déclenche un branle-bas au bureau du sous-ministre des Postes par intérim, H. E. Atwater. Celui-ci demande au traducteur du timbre, un certain M. Marier du Bureau des traductions, de se pencher sur la question. M. Marier examine un agrandissement de l’épreuve et confirme l’erreur. M. Atwater écrit alors au vice-président de la Compagnie canadienne des billets de banque, P. J. Wood. Il veut savoir comment cette erreur a pu se produire, étant donné que les timbres précédents sur le service de livraison exprès ne comportaient aucune faute.

Dans sa réponse, M. Wood s’excuse de l’erreur commise, mais rappelle que l’épreuve finale a été approuvée à la fois par la Compagnie et par le ministère des Postes; les deux parties sont donc responsables. M. Wood recommande ensuite à M. Atwater de modifier la matrice pour corriger l’erreur, mais le met en garde contre le risque que la modification soit remarquée et rendue publique.

Le 5 octobre, M. Atwater autorise la modification de la matrice, convenant que les collectionneurs de timbres le remarqueront sans doute. Le même jour, une réponse est envoyée à M. Boissonneault pour le remercier d’avoir attiré l’attention sur cette erreur et l’assurer qu’elle sera corrigée.

L’erreur est rendue publique pour la première fois dans un article du Ottawa Journal du 7 octobre 1946. A. Stanley Deaville, surintendant de la division des timbres-poste, y reconnaît avoir été informé de l’erreur; il déclare que les timbres déjà imprimés et mis en vente ne seront pas retirés de la circulation. En effet, les rappeler serait mission impossible : environ 300 000 timbres ont déjà été imprimés. M. Deaville se demande également si la partie gauche de l’accent circonflexe ne ferait pas partie du premier e du mot « Delivery », inscrit juste au-dessus – une hypothèse infirmée par un examen minutieux.

En date du 8 octobre, la Compagnie canadienne des billets de banque a modifié la matrice et soumis une nouvelle épreuve à M. Atwater, qui l’accepte et la retourne le 10 octobre. Les timbres corrigés sont mis en vente le 3 décembre 1946; on en imprimera 900 000 au total.

Gros plan d’un avion avec l’inscription SPECIAL DELIVERY, EXPRÈS.

Détail de l’épreuve approuvée après la correction de l’erreur. (No MIKAN 2222203)

Bibliothèque et Archives Canada a récemment fait l’acquisition de la copie de l’épreuve finale préparée par l’imprimeur et montrant le timbre corrigé. Conservée par la Compagnie canadienne des billets de banque, cette copie confirme la modification apportée.

Fiche de l’épreuve finale du timbre. Au centre, on aperçoit un avion, avec du texte dactylographié au-dessus et en dessous. Les mots « INDEX COPY » sont estampillés dans le coin supérieur droit.

Copie de l’imprimeur montrant l’épreuve finale corrigée du timbre sur le service de poste aérienne exprès. (No MIKAN 6221976)

La collection philatélique de Bibliothèque et Archives Canada comprend également la copie de l’épreuve finale approuvée par M. Atwater. Fait intéressant à souligner, qui s’explique sans doute par la hâte de corriger l’erreur : la date d’approbation inscrite à la main sur l’épreuve (« 9/9/46 ») est manifestement erronée, en avance d’un mois, car l’épreuve aurait été soumise à l’approbation du ministère des Postes le 9 octobre 1946.

Fiche de l’épreuve finale du timbre montrant un avion au centre et du texte en dessous.

Épreuve finale approuvée du timbre sur le service de poste aérienne exprès. L’orthographe a été corrigée, mais la date est erronée. (No MIKAN 2222203)

Bien que de telles erreurs demeurent rares, d’autres timbres-poste canadiens seront émis avec des fautes d’orthographe. En janvier 2012, dans le cadre de la série « La fierté canadienne », un timbre émis en l’honneur de l’athlète de bobsleigh Pierre Lueders comporte deux fautes. Le nom de l’athlète est incorrectement épelé « Leuders », à la fois dans les petits caractères du timbre et dans le texte de couverture du carnet, des feuillets-souvenirs et des cartes postales prépayées de la série. De plus, dans le marquage – un dispositif de sécurité anti-contrefaçon, visible à la lumière ultraviolette –, le nom Lueders est encore une fois mal orthographié, de même que le mot « Permanent », écrit « Permanant ».

Encore une fois, ces deux erreurs seront corrigées lors des réimpressions subséquentes, mais les timbres fautifs demeureront recherchés par les collectionneurs.


James Bone est archiviste à la Section des archives visuelles et sonores de la Direction générale des archives privées et du patrimoine publié, à Bibliothèque et Archives Canada.

Faites le suivi de vos commandes d’archives!

English version

Par Yannick Lacroix

En 2024, Bibliothèque et Archives Canada (BAC) a lancé la fonctionnalité en ligne Suivre ma commande d’archives. Celle-ci permet de connaître l’état de vos commandes au 395, rue Wellington à Ottawa (elle n’est pas offerte dans les autres points de service de BAC pour le moment). Les mises à jour en temps réel et les renseignements sur vos commandes vous faciliteront la vie. Le tout s’inscrit dans nos efforts pour améliorer votre expérience en ligne.

Comment utiliser Suivre ma commande d’archives?

La nouvelle fonctionnalité fait partie de Mon compte. Vous devez donc créer un compte (ou ouvrir une session si vous en avez déjà un) pour l’utiliser. Vous avez aussi besoin d’une carte d’usager valide.

Capture d’écran de la page d’accueil du site de BAC. L’hyperlien « Mon compte » est encerclé.

Le lien vers Mon compte sur la page d’accueil du site de BAC, dans la section Services. Source : Bibliothèque et Archives Canada.

Une fois la session ouverte, cliquez sur Suivre ma commande d’archives dans le tableau de bord ou dans le menu déroulant en haut à droite.

Capture d’écran de la page Mon compte. « Suivre ma commande d’archives » est encerclé dans le menu déroulant et dans un des cinq boutons du tableau de bord.

Les accès à Suivre ma commande d’archives dans le tableau de bord et le menu déroulant de la page Mon compte. Source : Bibliothèque et Archives Canada.

Comment consulter vos commandes?

Cliquez sur Suivre ma commande d’archives pour obtenir la liste de vos commandes. Pour filtrer l’affichage, entrez des mots-clés dans la barre de recherche ou sélectionnez des filtres dans la section « Limiter à ». Vous pouvez aussi sélectionner les options « Plus récentes », « Plus anciennes » ou « Demandées bientôt ».

Capture d’écran de la page Suivre ma commande d’archives. Trois options sont encerclées : le champ de texte "Chercher dans mes demandes", le menu déroulant "Trier par" et la section "Limiter à".

Les différentes options pour filtrer les commandes. Source : Bibliothèque et Archives Canada.

Plusieurs renseignements sont fournis sur chaque demande : numéro, étiquette et code à barres du contenant, date de soumission, état de la demande, date du prêt, lieu de ramassage et date demandée.

Capture d’écran des renseignements concernant une commande d’archives.

Exemple des renseignements fournis concernant une commande. Source : Bibliothèque et Archives Canada.

Remarque : Pour faire le suivi de vos commandes d’archives, il faut que le nom et l’adresse courriel utilisés pour créer votre compte soient identiques à ceux associés à votre carte d’usager. Sinon, vous obtiendrez le message d’erreur suivant.

Capture d’écran d’un message d’erreur annonçant que le compte n’est associé à aucune carte d’usager.

Le message « Votre compte n’est pas lié à une carte d’usager ». Source : Bibliothèque et Archives Canada.

Si vous recevez ce message, vérifiez l’adresse courriel associée à votre compte dans les paramètres du compte.

Capture d’écran de la page Mon compte.

Le tableau de bord de Mon compte donne accès aux paramètres à l’aide d’un bouton ou du menu déroulant. Source : Bibliothèque et Archives Canada.

Pour modifier l’adresse courriel associée à votre carte d’usager, cliquez sur le bouton Renouvellement sur la page S’inscrire pour une carte d’usager.

Capture d’écran de la page S’inscrire pour une carte d’usager.

Formulaire utilisé pour obtenir une nouvelle carte, la renouveler ou mettre à jour des renseignements. Source : Bibliothèque et Archives Canada.

BAC traite les commandes d’archives seulement pendant les heures d’ouverture, quand la date de la visite approche. Les détails de la commande sont disponibles une fois le traitement commencé, et non à la soumission du formulaire Web.

Nous cherchons constamment à améliorer la fonctionnalité Suivre ma commande d’archives. Si vous avez des suggestions ou des commentaires, écrivez-nous à accesnumerique-digitalaccess@bac-lac.gc.ca.

Profitez bien de ce nouvel outil!


Foire aux questions

Pourquoi ne puis-je pas voir mes commandes d’archives dans Mon compte? 

Les noms et les adresses courriel associés à votre compte et à votre carte d’usager sont peut-être différents. Ils doivent être identiques.

Pourquoi ne puis-je pas faire le suivi de ma commande immédiatement après avoir commandé des archives? 

Le personnel de BAC traite seulement les commandes durant les heures de service. Vous pouvez faire le suivi une fois que le traitement est lancé. La soumission du formulaire ne déclenche pas la fonctionnalité de suivi.

Que signifient les divers états? 

  • En cours : Le personnel de BAC a commencé le processus de récupération.
  • Prêt pour la consultation: La commande est arrivée au lieu de ramassage.
  • Prêté: Les contenants commandés sont en votre possession.
  • Réservé: Le contenant, déjà prêté à un autre usager, a été réservé pour vous. Un numéro de demande est attribué lorsque la boîte devient disponible.
  • Contenant retourné: Le contenant a été retourné par l’usager, traité par le personnel et réentreposé.
  • Annulé: La commande d’archives est annulée.

Puis-je utiliser Suivre ma commande d’archives pour faire le suivi de ma commande de copie?

Non, cette fonctionnalité fait seulement le suivi des commandes d’archives qui seront consultées dans le point de service de BAC au 395, rue Wellington à Ottawa.

Que sont l’étiquette et le code à barres du contenant?

  • L’étiquette est associée aux numéros de référence des documents demandés.
  • Le code à barres permet de faire le suivi d’une boîte de documents en circulation; il est associé au lieu d’entreposage permanent du contenant.

Pourquoi ne puis-je pas suivre ma commande d’archives dans les points de service régionaux de BAC? 

La fonctionnalité est liée à une application utilisée uniquement dans la région d’Ottawa pour l’instant. Nous espérons la rendre disponible dans les autres points de service éventuellement.


Yannick Lacroix est responsable de produits pour l’accès numérique à la Direction générale de l’accès et des services de Bibliothèque et Archives Canada.

Collection de livres numériques à Bibliothèque et Archives Canada

English version

Par Michelle Foggett-Parker

La Journée internationale de la lecture du livre électronique, célébrée le 18 septembre, rappelle l’impact transformateur des livres numériques sur les habitudes de lecture à l’échelle mondiale. Alors que les lecteurs plongent dans le monde immersif des livres électroniques, les efforts déployés en coulisses permettent d’acquérir et de préserver ces trésors numériques pour les générations futures.

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) joue un rôle essentiel dans la sauvegarde des nombreuses histoires du Canada grâce à son programme de dépôt légal. Depuis 2007, les éditeurs canadiens sont tenus par la loi de soumettre à BAC une copie de chaque livre électronique qu’ils publient. Jusqu’à maintenant, plus de 3 000 éditeurs canadiens, qu’il s’agisse de maisons d’édition ou d’auteurs eux-mêmes, ont soumis plus de 60 000 livres électroniques pour préservation permanente. Ces chiffres témoignent de la détermination des éditeurs et de BAC à collaborer pour réunir et préserver le patrimoine documentaire du Canada en constante évolution.

Ces dernières années, BAC a fait d’importants progrès dans la modernisation de ses processus pour gérer la réception et la préservation de publications numériques. Il y a un an, BAC a entrepris d’automatiser la façon dont les éditeurs peuvent soumettre leurs livres numériques et les métadonnées connexes. BAC a noté que la plupart des éditeurs utilisent la norme ONIX pour distribuer aux libraires des renseignements électroniques au sujet de leurs livres. Nous avons compris qu’il serait plus facile pour les éditeurs d’employer cette même façon de faire avec BAC.

En nouant des partenariats stratégiques avec des distributeurs ONIX, des associations d’éditeurs et des groupes de l’industrie du livre, BAC a réussi à intégrer 35 éditeurs canadiens à un nouveau flux de travail plus automatisé, qui utilise la norme ONIX. Grâce à cela, plus de 7 000 livres électroniques (environ 10 % de la totalité de la collection de livres électroniques) ont été reçus et préservés de façon permanente, venant ainsi enrichir la collection numérique de BAC et garantir que les générations futures auront accès aux nombreuses histoires du Canada.

La méthode que BAC utilise pour recevoir et préserver les monographies numériques est à la fois sûre et efficace. Les éditeurs peuvent soumettre leurs métadonnées ONIX et leurs livres électroniques au moyen d’un protocole de transfert de fichiers sécurisé (SFTP), ce qui garantit l’intégrité et la confidentialité de leurs soumissions. Une fois que nous avons reçu les livres électroniques et les métadonnées, ces éléments sont stockés dans Preservica, le logiciel de préservation numérique sécurisé utilisé par BAC, puis rendus accessibles dans Aurora, le catalogue en ligne de BAC.

Bien que le processus de soumission automatisé au moyen du flux de travail ONIX permette de simplifier le processus de soumission pour les éditeurs, BAC continue d’offrir des options de soumission manuelle pour ceux qui préfèrent cette façon de faire. Les éditeurs peuvent encore soumettre des monographies numériques au moyen des formulaires ou tableaux de soumission individuelle ou groupée proposés par BAC, ce qui garantit une certaine souplesse dans le processus d’acquisition.

Le programme de dépôt légal sert non seulement à collecter et à préserver les publications numériques, mais aussi à les rendre accessibles aux usagers, aujourd’hui et à l’avenir. En collaborant avec les éditeurs, BAC peut constituer un dépôt complet du patrimoine littéraire canadien, en offrant des ressources inestimables aux historiens, aux chercheurs, aux étudiants, aux créateurs et au grand public.

Grâce au flux de travail ONIX, la collection nationale s’est enrichie d’un nombre impressionnant de nouveaux documents numériques.

En voici quelques exemples :

  • Cora : l’ordinaire endimanché, de Cora Tsouflidou : Publiée par Libre Expression, cette collection de 50 lettres de la fondatrice des restaurants Cora nous fait découvrir les réflexions de la réputée entrepreneure et restauratrice.
  • L’homme de la Saskatchewan, de Jacques Poulin : Un roman de ce célèbre auteur québécois, paru chez Leméac.
  • Jessie’s Island, read-along version, par Sheryl McFarlane : Un livre audio pour enfants sur la vie en Colombie-Britannique, publié par Orca Book Publishers. Les livres audionumériques sont un format en pleine expansion, et nous recevons désormais davantage de livres audio par l’intermédiaire du flux de travail ONIX.
  • Black Activist, Black Scientist, Black Icon: The Autobiography of Dr. Howard D. McCurdy: Nimbus Publishing, la plus grande maison d’édition du Canada atlantique, nous a fait parvenir son catalogue complet de livres numériques en utilisant le flux de travail ONIX. Il existe de nombreux autres joyaux, mais nous disposons désormais d’un plus grand nombre de titres numériques représentant l’histoire des Noirs, dont cet ouvrage.
  • Glass Beads, par Dawn Dumont : Nous avons reçu ce titre et l’ensemble du catalogue de l’éditeur indépendant Thistledown Press de Saskatoon, en Saskatchewan.
  • The Paper Bag Princess, par Robert Munsch : Nous avons maintenant une édition numérique de ce classique canadien, grâce à Annick Press qui nous a envoyé tout son catalogue de livres numériques.

À l’occasion de la Journée internationale de la lecture du livre électronique, célébrons le plaisir de lire des publications en format numérique et rendons hommage aux éditeurs, aux bibliothèques et aux partenaires qui préservent notre patrimoine numérique. Grâce à des initiatives novatrices comme le programme de dépôt légal, BAC demeure à l’avant-garde de l’acquisition et de la préservation du riche héritage culturel du Canada à l’ère numérique.

Savez-vous que BAC a publié deux livres numériques?

Ressources complémentaires :


Michelle Foggett-Parker est bibliothécaire aux acquisitions au sein de l’équipe du dépôt légal des publications numériques à Bibliothèque et Archives Canada.

Le fonds Desmarais et Robitaille : un témoignage de la pratique religieuse au 20e siècle

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Par François Larivée

Bibliothèque et Archives Canada a récemment fait l’acquisition d’un fonds d’archives lié au patrimoine religieux : le fonds Desmarais et Robitaille. La maison Desmarais et Robitaille était une entreprise spécialisée dans le commerce d’articles liturgiques ainsi que dans la rénovation et l’ameublement d’églises. Cette compagnie familiale, active entre 1909 et 2021, a longtemps eu pignon sur rue dans le Vieux-Montréal, en plus d’opérer des succursales à Ottawa et à Toronto. Ses archives comprennent les nombreux documents créés et reçus par la compagnie pendant plus d’un siècle. Elles témoignent de l’importance de la pratique religieuse au Canada au cours du 20e siècle et de ses profonds changements à partir des années 1960.

Le commerce d’articles religieux

Le fonds d’archives documente d’abord les principales activités de la compagnie, soit l’importation, la fabrication et la vente de divers types d’articles liés à la liturgie chrétienne : autels, bénitiers, calices, chandelles et chandeliers, chasubles, chemins de croix, ciboires, confessionnaux, croix, encensoirs, fonts baptismaux, mobilier d’église, ostensoirs, statues, tabernacles, etc.  Il contient de très nombreuses photographies, qui servaient principalement à illustrer le catalogue annuel de la compagnie. Il renferme aussi beaucoup de dessins, réalisés principalement par Jean-Charles Charuest, dessinateur en arts liturgiques de renom. À ce titre, M. Charuest a travaillé pour la compagnie de 1945 à 1960, produisant les dessins présentés aux clients et aux artisans en vue de la vente et de la réalisation des produits. Grâce aux nombreux dessins et photographies, on constate indirectement l’importance de la pratique religieuse à une certaine époque, du fait de la grande variété de modèles proposés pour chaque article religieux. Par exemple, pour certains objets comme les autels, les fonts baptismaux, les calices et les chandeliers, les clients pouvaient choisir parmi des dizaines de modèles différents (à des prix très variés).

Quatre dessins montrant sous des angles différents le maître-autel de l’église Christ-Roi d’Amos. Le quatrième dessin montre un tabernacle sur l’autel, des chandeliers devant l’autel, ainsi que la silhouette d’un prêtre célébrant la messe.

Maître-autel dessiné par Jean-Charles Charuest pour l’église Christ-Roi, Amos, Québec, [195-]. (e011783145, MIKAN 5758387)

La rénovation d’églises

Le fonds Desmarais et Robitaille témoigne d’un autre secteur d’activité de la compagnie : la rénovation, l’ameublement et la décoration d’églises et de chapelles. Cette spécialisation s’est principalement développée vers la fin des années 1960, à la suite du concile Vatican II (1962-1965) qui a profondément transformé la façon de célébrer la messe et l’eucharistie, engendrant également une transformation de l’espace liturgique.

Plusieurs photos et dessins d’architecture reflètent les multiples projets entrepris par la compagnie à cet égard. Ces projets furent réalisés pour des églises situées tant au Canada (Québec, Ontario et Maritimes) que dans le Nord-Est des États-Unis (notamment dans les états de New York et du Vermont). Les chapelles faisant l’objet des travaux se trouvaient soit dans des lieux à vocation religieuse (tels des couvents ou des monastères), soit dans des lieux laïques (tels des hôpitaux ou des bases militaires).

La majorité des dessins architecturaux pour ces projets sont l’œuvre des designers en arts liturgiques de la compagnie, le révérend Toby McGivern et Rob McDonnell, très actifs dans les années 1980 et 1990.

Dessin montrant l’intérieur de l’église Notre-Dame-du-Rosaire, de face et à vol d’oiseau, ainsi que différentes pièces du mobilier (autel, ambon, baptistère et tabernacle).

Église Notre-Dame-du-Rosaire, Bathurst (Nouveau-Brunswick) : rénovation du sanctuaire et ameublement. Dessin par le révérend Toby McGivern, 1987. (e011783151, MIKAN 5758372)

Dessin montrant l’intérieur de l’église de la paroisse Blessed Sacrament, de face et à vol d’oiseau.

Paroisse Blessed Sacrament, Cornwall (Ontario) : rénovations proposées du sanctuaire. Dessin par Rob McDonnell, 1989. (e011783152, MIKAN 5758372)

L’atelier d’orfèvrerie de Gilles Beaugrand

L’année 1983 marque un jalon important dans l’histoire de la compagnie. C’est en effet à cette époque qu’elle acquiert l’atelier de l’orfèvre de renom Gilles Beaugrand, connu pour sa production de calices de très grande qualité. (Le calice est la coupe sacrée dans lequel le vin de la messe est consacré.)

Les calices conçus par Gilles Beaugrand étaient principalement des calices d’ordination, chaque nouveau prêtre acquérant le sien lors de son ordination. Dessinés par Gilles Beaugrand, ils étaient ensuite réalisés par les artisans de son atelier d’orfèvrerie, spécialisés dans l’emboutissage, le placage, le polissage, la gravure, la ciselure, le sertissage et la sculpture.

Le fonds Desmarais et Robitaille contient tous les dessins originaux de ce grand orfèvre, soit plus de 7 000 dessins produits entre 1943 et 2006. Ceux-ci ont été réalisés avec un soin extrême, et bien qu’ils aient été destinés à la production, leur qualité artistique est indéniable.

À chaque dessin original s’ajoute également une copie comportant les spécifications et les mesures nécessaires à la fabrication du calice. Tous les dessins étaient classés à l’aide d’un numéro, et un même numéro de calice pouvait faire l’objet de plusieurs commandes. Celles-ci étaient consignées dans des documents (nommés contrats) qui ont été transférés dans le fonds Desmarais et Robitaille.

Ces contrats sont une mine d’information pour les chercheurs s’intéressant à l’histoire religieuse. Reflet du fonctionnement d’un atelier d’orfèvrerie du 20e siècle consacré à l’art religieux, ils témoignent aussi indirectement des importants changements qui ont touché la pratique religieuse à partir des années 1950. Un examen rapide des documents permet entre autres de constater une croissance des commandes de calices jusqu’au milieu des années 1950, puis une diminution progressive, qui devient très marquée à la fin des années 1960.

Dessin d’un calice avec patène.

Dessin de Gilles Beaugrand : calice no 404 [194-]. (e011783271, MIKAN 5882654)

Photo d’un calice.

Calice réalisé par les artisans de l’atelier d’orfèvrerie de Gilles Beaugrand, no 404 [194-]. (e011783270, MIKAN 5882481)

La création de vitraux

Enfin, le fonds d’archives Desmarais et Robitaille témoigne d’une autre activité importante de la compagnie : la production de vitraux. Un studio du vitrail y fut en effet créé en 1971. On peut constater, à travers de nombreux dessins et photographies, que la compagnie a réalisé les vitraux de nombreuses églises, tant au Canada que dans le Nord-Est des États-Unis. Fait intéressant : c’est la compagnie Desmarais et Robitaille qui a fabriqué les vitraux de la cathédrale Saint-Joseph à Gatineau.

Photo de l’intérieur de la cathédrale Saint-Joseph. On peut voir en avant-plan les bancs de l’église, puis le chœur de l’église, et en arrière-plan, les vitraux sur le mur arrière.

Vitraux, cathédrale Saint-Joseph, Gatineau (Québec), 1996. (e011783272, MIKAN 5879559)

La baisse des activités et la fermeture

Malheureusement, en raison de l’importante baisse de la pratique religieuse, la compagnie a dû progressivement diminuer ses activités au cours des années 2000. Elle a fermé sa succursale d’Ottawa en 2000, et quitté le Vieux-Montréal en 2008. À partir de 2016, elle n’a pu offrir ses services que par catalogue, avant de finalement fermer ses portes en 2021. Heureusement, le fonds d’archives préservé à Bibliothèque et Archives Canada permettra de témoigner de ses importantes réalisations aux générations futures.


François Larivée est archiviste à la Section des sciences, de l’environnement et de l’économie de la Direction générale des archives de Bibliothèque et Archives Canada.

Premier sur les Lacs : le NCSM Griffon

English version

Par Dylan Roy

On tombe parfois sur des documents qui, au premier coup d’œil, semblent ne faire aucun sens. C’est ce que je me suis dit quand j’ai lu la description archivistique de la série HMCS Griffon. Comme le sigle anglais HMCS, en français NCMS, signifie « Navire canadien de Sa Majesté » (vous le trouverez tout comme bien d’autres abréviations militaires utilisées dans les dossiers de service sur le site Web de Bibliothèque et Archives Canada, un outil merveilleux pour ceux qui ne sont pas familiers avec ces termes), il n’est pas surprenant que j’aie supposé que ces dossiers parlaient d’un navire.

Contre toute attente, chers moussaillons, j’ai appris à la lecture des dossiers que le « navire » était en fait une installation à Port Arthur, aujourd’hui Thunder Bay.

Photographie en noir et blanc de deux longs bâtiments situés l’un en face de l’autre et séparés par une rue. Au bout de la rue, un camion passe devant un autre bâtiment, qui ressemble à une maison.

Photo du NCSM Griffon. Source : gouvernement du Canada, Sécurité nationale et défense, Historique des navires – NCSM Griffon. Crédit : Courtoisie de la Marine royale canadienne.

Comme il est indiqué dans la série : « Au début de la Seconde Guerre mondiale, des membres de la Réserve navale ont loué un garage inoccupé. Une politique de mise en service de toutes les “frégates en pierre” est entrée en vigueur, et le garage est ainsi devenu le NCSM Griffon en 1941. » (traduction). Cette information m’a incité à chercher des sources secondaires pour en savoir plus sur les frégates en pierre.

En termes clairs, une frégate en pierre est un navire militaire établi sur la terre ferme. L’utilisation inaugurale de ce terme officieux est attribuable aux Britanniques, qui souhaitaient se soustraire à des obligations légales les empêchant de gouverner « sur terre ». Donc, pendant l’une de leurs nombreuses guerres avec les Français, les Britanniques ont décidé de mettre en service en tant que navire l’île Diamond Rock. On comprend maintenant un peu mieux le titre si déconcertant du NCSM Griffon.

Insigne en forme d’anneau surmonté d’une couronne. Le mot GRIFFON est inscrit sous la couronne. À l’intérieur de l’anneau, il y a un griffon (créature mythique) qui fait face à la gauche.

Insigne officiel du NCSM Griffon. Source : gouvernement du Canada, Sécurité nationale et défense, Liste des navires en service – NCSM Griffon. Crédit : Courtoisie du ministère de la Défense nationale.

En consultant l’Historique des navires dans la section « Sécurité nationale et défense » du site Web du gouvernement du Canada, j’ai appris que la création du NCSM Griffon découle de différents facteurs, notamment de l’association de l’établissement avec le programme des Cadets de la Marine et de l’influence de l’industrie du transport maritime sur la région des Grands Lacs. Le NCSM Griffon a été mis en service en 1940 et installé dans son emplacement actuel, à Thunder Bay, en 1944. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les marins nouvellement recrutés qui quittaient les Prairies en route vers l’est passaient par le NCSM Griffon, ce qui montre l’importance géographique de cette installation au Canada.

Après avoir pris connaissance de cette information, j’ai pu faire une meilleure contextualisation des documents de notre collection d’archives à Bibliothèque et Archives Canada – un autre exemple de l’aide que les sources secondaires peuvent procurer aux chercheurs pour mieux comprendre les documents d’archives (sources primaires).

Le premier document sur lequel je suis tombé concernant le NCSM Griffon était une description au niveau de la série, grâce à laquelle j’ai découvert que ladite série ne comportait que cinq descriptions au niveau du dossier ainsi qu’une acquisition connexe.

À l’exception de l’acquisition, tous les dossiers étaient ouverts. J’ai donc décidé de les examiner. Par chance, tous les dossiers étaient dans la même boîte d’archives, le volume 11469 (une boîte d’archives et un volume d’archives désignent la même chose).

Une fois le volume commandé, j’ai pu y fouiller pour découvrir les trésors archivistiques que je vous décrirai maintenant.

Le premier dossier, HMCS GRIFFON : Ceremonies and functions, Official opening of HMCS GRIFFON, a été un bon point de départ, puisqu’il présente des discussions intéressantes sur l’ouverture de l’installation, en 1944, et sur l’origine de son nom. Le NCSM Griffon doit son nom à un navire, Le Griffon, qui a été construit par le célèbre explorateur français René-Robert Cavelier, Sieur de La Salle.

Gravure de personnes construisant un bateau près d’un plan d’eau entouré d’arbres, avec une montagne à l’arrière-plan.

Construction du navire Le Griffon de Cavelier de La Salle (c001225).

Dessin en noir et blanc d’un homme aux longs cheveux bouclés tombant sur ses épaules.

René-Robert Cavelier, Sieur de La Salle (c007802).

Le Griffon a levé l’ancre en 1679 pour participer au commerce des fourrures alors florissant. Il a été le premier grand bateau à voiles à naviguer dans le secteur supérieur des Grands Lacs, une réalisation qui a inspiré la devise du NCSM Griffon, Prima in lacubus (« Premier sur les Lacs »). Pour son voyage inaugural, Le Griffon est parti d’une île près de Green Bay, dans le Wisconsin; le navire n’a jamais été revu par la suite, et ce mystère a piqué la curiosité de nombreuses personnes, y compris le commandant du NCSM Griffon, H. S. C. Wilson.

On a remis à Wilson un boulon provenant d’une épave, présumée être Le Griffon, découverte en 1931 dans le détroit de Mississagi près de l’île Manitoulin. Toutefois, un récit oral autochtone a aussi fait surface, selon lequel la véritable épave du navire se trouvait à proximité de l’île Birch, près de « Lescheneaux » ou « Les Cheneaux ». C. H. J. Snider, du Toronto Evening Telegram, a répondu à un télégramme de Wilson, en réfutant les affirmations au sujet de cette dernière épave. Cet échange montre tout l’intérêt que certains militaires du NCSM Griffon portaient à l’histoire du navire lié au nom de leur installation. À ce jour, l’endroit où se trouve l’épave du navire Le Griffon reste un mystère.

Ces télégrammes ne constituent qu’une partie du dossier, qui contient d’autres renseignements dignes de mention, comme la liste des invités à l’inauguration du NCSM Griffon et des détails sur les préparatifs pour cet événement.

Autre dossier fascinant de la série : HMCS GRIFFON : Reports of proceedings. Ces comptes rendus vraiment remarquables témoignent des activités quotidiennes des différents services d’un établissement militaire. Par exemple, grâce à l’information fournie par le service des sports, j’ai pu déterminer que les sports les plus populaires sur le NCSM Griffon étaient le basketball, le volleyball et le badminton. Dans un compte rendu de mai 1955, j’ai lu que le baseball était moins populaire : « On a tenté d’organiser des parties de baseball, mais le niveau d’intérêt était insuffisant » (traduction).

Dans un compte rendu affiché par les services de santé en février 1955, on constate l’impact que pouvait avoir le mariage sur la carrière de certaines militaires : « Wren Kingsley a été libérée du service à la suite de son récent mariage […] La lieutenante Reta Pretrone s’est mariée ce mois-ci; pour cette raison, elle a manqué plusieurs exercices. » (traduction).

Ces comptes rendus peuvent nous éclairer sur la gestion opérationnelle de l’établissement naval ainsi que sur des activités plus banales qui s’y sont déroulées.

Comme beaucoup de militaires ont servi au NCSM Griffon, les accidents étaient inévitables. L’extrait suivant, tiré du dossier HMSC GRIFFON : General information, RN personnel, nous raconte avec d’horribles détails une commission d’enquête menée en 1945 à la suite d’un malheureux accident dans l’installation :

« Commission : Que faisiez-vous, c’est-à-dire, que s’est-il passé?

Réponse : Du travail de machiniste. Je découpais et je rainurais quelques pièces de bois pour faire des boîtes. C’était une scie mécanique de deux pouces. Du bois a été mis en travers du banc; il dépassait d’environ trois pieds sur le côté et il y avait environ un pied entre l’extrémité du bois et le mur. Presque tout le bois était mouillé. Ce morceau était assez mouillé tout du long mais le bout était sec. Pendant que je sciais la pièce, un jeune garçon a voulu passer derrière moi. J’ai tourné la tête pour m’assurer qu’il ne me bousculerait pas, et c’est alors que la scie est arrivée à la partie sèche du morceau de bois qu’elle a coupé très rapidement, entraînant ma main et sectionnant mes doigts. » (traduction)

Voici la conclusion de la commission, à l’issue de l’enquête :

« Le conseil d’administration est d’avis que le soutier BLACKMORE E a subi cet accident lors d’un congé, et que l’accident n’est donc pas lié au service naval. Les autorités navales canadiennes autorisent les matelots à travailler pendant leurs congés en raison de la pénurie de main-d’œuvre. Il est déterminé qu’il était justifié pour le matelot d’accepter ce travail comme il est lié à sa profession civile et que l’accident n’est pas dû à l’inexpérience du matelot, mais plutôt, en grande partie, au fait qu’aucun dispositif de protection ou de sécurité n’a été fourni pour cette machine. » (traduction)

Les procédures de la commission d’enquête donnent un aperçu de certaines des pratiques aux Forces navales, par exemple l’embauche de matelots (jeunes militaires) au lieu de militaires en service en cas de pénurie de main-d’œuvre. Cela révèle également certaines des mesures de sécurité, ou lacunes de sécurité, au NCSM Griffon.

Les dossiers de la série sur le NCSM Griffon dévoilent des faits intéressants sur la frégate en pierre. Ils donnent des descriptions générales et vivantes de plusieurs événements survenus dans l’installation au fil du temps, et montrent comment il peut être utile d’amalgamer des sources secondaires et des sources primaires. Cela étant dit, dans mon esprit, le NCSM Griffon restera toujours le « Premier sur les Lacs »!


Dylan Roy est archiviste de référence à la Direction générale de l’accès et des services à Bibliothèque et Archives Canada.

Les origines de la fête du Travail

English version

Par Dalton Campbell

Il y a 130 ans, en 1894, la fête du Travail devient une fête nationale. En avril cette année-là, des dirigeants syndicaux rencontrent le premier ministre Sir John Sparrow David Thompson. Ils formulent un certain nombre de demandes, mais le premier ministre n’en accepte qu’une seule : œuvrer à l’instauration de la fête du Travail. Avant l’été, la loi faisant du premier lundi de septembre un jour férié est adoptée.

Un défilé dans les rues de la ville.

Défilé de la fête du Travail, rue Main, Winnipeg, Manitoba, en 1895. Fonds Sir William Van Horne (e011367824-005). Desmond Morton écrit qu’au 19e siècle, « les défilés, avec leurs chars, leurs bannières et leurs costumes, ne représentaient pas une forme de militantisme, mais plutôt un divertissement de foule et une démonstration d’ordre et de respectabilité » (traduction).

En instaurant un jour férié au début du mois de septembre, le gouvernement du Canada comble l’absence de congé entre le 1er juillet (aujourd’hui la fête du Canada) et l’Action de grâce. Ce nouveau jour férié s’inscrit dans le rythme des saisons (à l’approche de l’automne) et évite toute association avec le Premier mai, fête à forte connotation politique.

Un défilé dans les rues de la ville.

Défilé de la fête du Travail, rue Front, Belleville, Ontario, en 1913. Fonds du studio Topley (a010532).

En 1894, l’idée d’instaurer une fête nationale du Travail n’est pas nouvelle. La création de ce jour férié avait été recommandée cinq ans plus tôt, en 1899, dans le rapport final de la Commission royale sur les relations du travail avec le capital au Canada.

Les recommandations de la Commission ne sont pas mises en œuvre. Cependant, le rapport représente toujours un document marquant dans l’histoire du travail au Canada. Il comprend des témoignages de travailleurs et de membres de leur famille sur les conditions de travail dangereuses, les longues heures de travail, les faibles salaires, les amendes sur le lieu de travail, la discipline, le travail des enfants et d’autres problèmes. Comme le décrit Jason Russell, au 19e siècle, les usines du Canada sont « des lieux sombres contenant des machines dépourvues de dispositifs pour protéger les travailleurs qui les utilisent. Dans les usines, il y a des chaudières, des machines à vapeur et des volants d’inertie sans aucune protection […] et l’obtention de la journée de travail de seulement 10 heures est un objectif majeur des syndicats. » (traduction).

Comme l’écrivent Craig Heron et Steven Penfold, avant la proclamation de la fête du Travail, « des fêtes du travail locales sont des événements bien établis dans plusieurs villes et villages ». Tout au long du 19e siècle au Canada, des espaces publics accueillent des parades et des festivals, et dans les années 1880, « les artisans syndiqués du pays prennent en charge ces parades traditionnelles et en créent de nouvelles » (traductions).

Un défilé comptant une fanfare dans les rues de la ville.

Défilé des Chevaliers du travail, rue King, Hamilton, Ontario, dans les années 1880. Collection Edward McCann (a103086). Les Chevaliers du travail, une organisation qui a vu le jour aux États-Unis, font leur entrée au Canada en s’établissant à Hamilton, en 1881. Les Chevaliers deviennent rapidement l’une des plus importantes organisations syndicales du 19e siècle au Canada.

En 1880, les mineurs de la Nouvelle-Écosse organisent ce qui vraisemblablement a été la première fête du travail locale. Viennent ensuite les fêtes de Toronto (1882), d’Hamilton et d’Oshawa (1883), de Montréal (1886), de St. Catharines (1887), d’Halifax (1888), d’Ottawa et de Vancouver (1890), puis de London (1892).

Le Trades Union Advocate, un journal ouvrier hebdomadaire, décrit en détail le défilé ouvrier de juillet 1882 à Toronto.

Pour prendre part au défilé, des travailleurs de différents syndicats d’artisans ont installé de petits postes de travail sur des chariots à plateforme. En parcourant la ville, ils présentent leur ouvrage à la foule : les lithographes impriment des tracts et des images, les cigariers roulent le tabac « avec une dextérité et une agilité remarquables », les marins équipent leur remorque comme un navire, etc. Le défilé comprend des dignitaires, des syndicalistes qui marchent en brandissant des bannières et des pancartes, ainsi qu’une douzaine de fanfares disséminées parmi les chars. Selon le Globe de Toronto, au moins 3 000 personnes participent au défilé et 50 000 le regardent depuis les trottoirs.

En plus d’exemplaires du journal Trades Union Advocate, la collection de BAC consacrée au travail contient un certain nombre de photographies de la fête du Travail : certaines de ces images sont incluses ici et d’autres sont présentées sur la page Flickr de BAC. Toutes ces photographies sont accessibles en faisant une Recherche dans la collection.

Une femme tient un microphone.

La syndicaliste et militante Madeleine Parent parle au microphone. Fête du Travail, Valleyfield, Québec, 1948. Fonds Madeleine Parent et R. Kent Rowley (a120397).

La collection de BAC consacrée au travail comprend également une cinquantaine de messages de la fête du Travail, des années 1930 aux années 1970, livrés par les dirigeants syndicaux A. R. Mosher, Pat Conroy, Jim MacDonald, Donald MacDonald, Jean-Claude Parrot et d’autres encore. Les messages portent sur des thèmes universels : les acquis des syndicats, la nécessité de syndiquer davantage de lieux de travail, et le rôle vital des travailleurs dans les profits des entreprises, la production et l’économie. Les messages annuels abordent également des événements contemporains, ce qui fait de ces discours un petit historique instantané de l’année écoulée. Le message qui revient sans cesse, cela dit, en est un de soutien aux travailleurs. En 1966, Claude Jodoin, président du Congrès du travail du Canada, exprime ce sentiment dans des termes qui résonnent encore au 21e siècle : « Les syndicats ont consacré une grande partie de leurs efforts à obtenir le droit pour les travailleurs d’avoir des loisirs et de profiter paisiblement des fruits de leur labeur. » La fête du Travail, dont profitent aujourd’hui des millions de Canadiens, est l’un des résultats de ces efforts.

Recherche complémentaire :

Sources publiées :

  • Craig Heron et Steven Penfold, The workers’ festival: a history of Labour Day in Canada (OCLC 58545284)
  • Jason Russell, Canada, a working history (OCLC 1121293856)
  • Desmond Morton, Working people: an illustrated history of the Canadian labour movement (OCLC 154782615)
  • Rapport de la Commission royale sur les relations du travail avec le capital au Canada (OCLC 1006920421, publications du gouvernement du Canada (no472984)
  • Greg Kealey, dir., Canada investigates industrialism: the Royal Commission on the Relations of Labor and Capital, 1889 (OCLC 300947831)

Dalton Campbell est archiviste à la Section des sciences, de l’environnement et de l’économie de la Division des archives privées de Bibliothèque et Archives Canada.

L’expropriation des plaines LeBreton (1962)

English version

Par Ariane Gauthier

Les plaines LeBreton constituent l’un des plus anciens quartiers d’Ottawa. À l’origine, elles accueillent de nombreuses scieries. Grâce au fort courant de la chute des Chaudières, les premiers colons acheminent d’énormes quantités de bois depuis une région densément boisée. Cette industrie attire une horde de travailleurs qui choisissent d’établir leur famille à proximité de leur lieu de travail. Tout cela contribue à façonner l’aménagement des plaines LeBreton.

Carte d’Ottawa montrant une partie de ce qu’on appelle à l’époque le « Lumber District », la rivière des Outaouais et la chute des Chaudières.

Plan d’assurance-incendie de la ville d’Ottawa, Ontario, juin 1878 – feuille 3. (e010695480)

Malgré l’ambiance animée de ce quartier industriel et l’agitation des gares ferroviaires de marchandises, les plaines LeBreton sont un quartier pauvre, peuplé essentiellement de francophones, d’Irlandais et, plus tard, d’Italiens. Pourtant, les plaines perdurent. Même après le grand feu d’Ottawa-Hull, un gigantesque incendie qui éclate à Hull, du côté québécois, le 26 avril 1900 et traverse la rivière des Outaouais pour réduire en cendres certains secteurs d’Ottawa, dont les plaines LeBreton. Rapidement, le quartier est reconstruit et la vie reprend son cours.

Photo en noir et blanc montrant d’épaisses colonnes de fumée suffocante dans le secteur des plaines LeBreton, vu de la Colline du Parlement.

Grand feu d’Ottawa-Hull. (a009286)

La situation change toutefois le 18 avril 1962, lorsque la Commission de la capitale nationale envoie aux résidents des plaines une lettre les informant de leur abrupte expropriation. Les habitants et les commerçants ont jusqu’au 1er mai 1964 – date plus tard repoussée au 31 décembre 1964 – pour quitter leur maison ou entreprise en prévision de la démolition totale du secteur. Sur les restes de l’ancien quartier, on projette d’ériger un bâtiment massif pour loger le quartier général du ministère de la Défense nationale.

Or, cet ambitieux projet est bientôt abandonné. En 1965, après la démolition du dernier bâtiment, les habitants d’Ottawa attendent de voir ce qu’il adviendra des plaines LeBreton désertées. Personne n’aurait deviné alors que tout projet de reconstruction serait mis en veilleuse pendant une quarantaine d’années.

En cherchant à comprendre cet épisode de l’histoire d’Ottawa, je me suis souvent interrogée sur tous ceux qui ont dû quitter leur demeure : les familles héritières de maisons familiales qu’elles avaient connues toute leur vie, les nouveaux immigrants installés depuis peu dans la ville, les propriétaires d’entreprises qui avaient été la force vitale des plaines LeBreton. Quelle tristesse de penser à leurs rêves, à leurs ambitions et à leurs souvenirs perdus!

En fouillant dans notre vaste collection d’archives dans le but de mettre la main sur des récits personnels de l’expropriation, je suis tombée sur la sous-série suivante du fonds de la Commission de la capitale nationale (RG34/R1181) :

Dossiers du système de classification central
Référence : R1181-18-X-F, RG34-C-1-b
http://central.bac-lac.gc.ca/.redirect?app=fonandcol&id=161945&lang=fra

Les dossiers du système de classification central portent principalement sur la gestion des propriétés de la Commission de la capitale nationale, par le biais de négociations et de transactions visant à acquérir des propriétés et à procéder à leur expropriation. Ils comportent entre autres de nombreux dossiers sur les résidences et les entreprises expropriées des plaines LeBreton en 1962. Ce qu’il y a de singulier, c’est que beaucoup de ces dossiers contiennent des photos de maisons, d’ensembles d’habitations collectives, de magasins, etc. C’est ce qui m’a motivée à écrire ce billet de blogue, en particulier les photos de bâtiments et de rues qui n’existent plus.

Photo en noir et blanc d’un homme passant devant un immeuble d’habitation de deux étages.

Un homme marche devant un logement. La photographie est datée de juin 1962. (Photo prise par Ariane Gauthier – tirée de R1181-18-X-F, volume 77.)

Photo en noir et blanc d’un immeuble de deux étages abritant un magasin au rez-de-chaussée et des appartements à l’étage.

Un dépanneur en libre-service. (Photo prise par Ariane Gauthier – tirée de R1181-18-X-F, volume 77.)

Trois photos en noir et blanc d’un immeuble d’habitation de deux étages. La photo du haut correspond à la vue de face. La photo en bas à gauche correspond à la vue arrière et montre des vêtements suspendus à deux cordes à linge. La photo en bas à droite correspond à la vue latérale.

Trois photos du même logement : vue de face, de l’arrière et du côté de la propriété. (Photo prise par Ariane Gauthier – tirée de R1181-18-X-F, volume 77.)

Deux photos en noir et blanc d’un immeuble d’habitation de deux étages. La photo du haut est une vue de face, celle du bas une vue de l’arrière.

Vues avant et arrière du bâtiment de l’entreprise Ottawa Feather & Mattress. (Photo prise par Ariane Gauthier – tirée de R1181-18-X-F, volume 77.)

Il ne s’agit là que d’un échantillon de ce que l’on peut trouver en parcourant ces dossiers. L’examen attentif des documents textuels qui accompagnent ces photos permet d’en apprendre beaucoup plus, mais je laisse ce travail aux historiens de la ville.

Après le nivellement du quartier en 1965, remplacé par des étendues de pelouse et d’arbustes, le secteur des plaines LeBreton demeure à l’abandon pendant près de quarante ans, jusqu’à l’ouverture du Musée canadien de la guerre en 2005. Cinq ans plus tard, on y construit des immeubles à condos et on y aménage des parcs. En 2019 a lieu l’inauguration de la Ligne de la Confédération de l’O-Train de la Ville d’Ottawa comprenant la station Pimisi, qui dessert le quartier des plaines LeBreton. Divers projets redonnent vie au quartier, y compris de nouveaux immeubles résidentiels, un éventuel aréna et, bien sûr, Ādisōke. Cela nous montre que l’expropriation de 1962 n’a pas donné le coup de grâce aux plaines LeBreton. Tout comme après le grand feu d’Ottawa-Hull, les plaines renaissent de leurs cendres et reprennent leur histoire là où elle s’était arrêtée.

Ressources supplémentaires


Ariane Gauthier est archiviste de référence à la Direction générale de l’accès et des services à Bibliothèque et Archives Canada.