Accéder aux plans et aux profils des chemins de fer grâce à l’Index sur les chemins de fer

Par Rebecca Murray

Plus tôt cette année, j’ai répondu à une demande d’un chercheur qui m’a obligée à passer beaucoup de temps de qualité en compagnie de l’acquisition RG12M 77803/17 – Index sur les chemins de fer. Il s’agit d’une série de 30 000 fiches offrant des listes détaillées et individuelles des plans et des profils des chemins de fer de l’ensemble du Canada, pour la période allant de 1866 à 1937. Bien que je travaille quotidiennement avec des acquisitions de documents cartographiques et leurs instruments de recherche, cette demande représentait un défi particulier. Elle révèle bien à quel point il peut être difficile d’organiser et de comprendre des séries de documents aussi vastes.

Pourquoi m’aventurer dans de telles recherches, me demanderez-vous? Pourquoi ne pas se fier à des sources publiées? Je prône toujours le recours aux sources primaires pour faire des recherches. En consultant les documents originaux et leur classement parmi les autres documents, vous pouvez tirer vos propres conclusions. Le plan que vous cherchez pourrait laisser transparaître un moment particulier qui échapperait à une source secondaire. Ou encore, vous pourriez étudier l’évolution d’une section précise d’un chemin de fer. Peu importe la raison, il est temps d’enfiler des gants blancs et de plonger dans nos archives!

Étape 1

D’abord, il faut consulter les fiches qui se trouvent sur des microfilms numérisés. Les fiches sont classées par ordre alphabétique, par compagnie de chemin de fer et par endroit.

Lorsque vous trouvez des plans intéressants, notez leur numéro. Par exemple, si vous vous intéressez au « Plan & profile showing the approach of the Bridge in the city of Montreal P.Q. as located », qui est énuméré sur la fiche ci-dessous, notez le numéro de plan 7457.

Fiche lignée avec du texte noir.

Extrait d’une fiche alphabétique d’une compagnie de chemin de fer tirée de la bobine C 6823 du fonds RG12.

Étape 2

Lorsque vous travaillez au 395, rue Wellington, à Ottawa (Ontario), vous pouvez consulter une série de fiches papier dans la salle de référence. Une fois que vous avez trouvé les numéros des plans que vous voulez consulter ou copier, utilisez une autre série de fiches. Celles-ci se trouvent avec les autres instruments de recherche liés aux cartes et aux plans et sont classées par numéro de plan. Vous pourrez ainsi découvrir le numéro d’article de Bibliothèque et Archives Canada (BAC) pour chacun des plans. Un membre de l’équipe de la salle de référence peut vous aider avec ces étapes, au besoin.

Photo couleur des tiroirs en métal contenant les fiches de l’acquisition RG12M 77803/17.

Photo des tiroirs contenant les fiches sur les chemins de fer de l’acquisition RG12M 77803/17, dans l’annexe de la salle de référence.

Photo couleur d’un tiroir de fiches; la fiche du plan 7457 est sortie.

Photo d’un tiroir de fiches montrant la fiche du plan 7457.

Photo couleur d’une fiche dont les numéros d’article sont encerclés en rouge.

Photo d’une fiche comprenant tous les renseignements de référence (dont les numéros d’article) pour le plan 7457.

Étape 3

Si vous n’êtes pas sur place, vous pouvez nous écrire au moyen de notre formulaire en ligne et nous demander de trouver les références relatives à chaque article. Par exemple, vous pourriez mentionner le plan 7457 de l’acquisition RG12M 77803/17 et nous demander de trouver le numéro d’article afin de compléter la référence. Un membre de notre équipe consultera alors les fiches pour confirmer le numéro d’article, puis trouvera le code à barres du contenant afin de simplifier votre demande de consultation ou de reproduction.

Bon nombre de ces articles se trouvent aussi sur microfiche, ce qui en facilite la consultation. Si vous êtes sur place, vous pouvez vous rendre directement à la salle de consultation des microformes, au troisième étage. Demandez de l’aide au personnel de BAC (pendant les heures de service) ou utilisez le tiroir de microfiches libre-service étiqueté RG12M 77803/17. N’oubliez pas de mettre des gants!

Saviez-vous que la salle de consultation des microformes contient de nouveaux numériseurs à plat qui produisent des copies de microfiches de grande qualité? Apportez votre clé USB!

Ce type d’instruments de recherche peut être intimidant, car il faut recueillir des renseignements à plusieurs endroits. Il est impossible de trouver toute l’information pertinente dans une seule ligne de texte. Il s’agit d’un bon défi pour les chercheurs (ou archivistes!) expérimentés, et la courbe d’apprentissage est abrupte pour les nouveaux chercheurs. N’hésitez surtout pas à demander de l’aide à notre équipe pour des recherches de ce type ou de toute autre nature. Nous sommes là pour vous aider à naviguer dans les fonds de BAC et notre passion consiste à faire des découvertes tous les jours!


Rebecca Murray est archiviste à la Division des services de référence de Bibliothèque et Archives Canada.

Qui agira en bon père de famille? Les documents relatifs au développement territorial des chemins de fer nationaux du Canada et les prédécesseurs de l’entreprise

Les chemins de fer ont longtemps joué un rôle prépondérant dans les histoires relatant l’émergence du Canada en tant que nation. La construction des lignes de chemin de fer était, à l’époque, perçue comme un élément déterminant dans la formation d’une identité nationale cohérente et se voulait un gage que les déplacements et les échanges commerciaux dans le vaste territoire du Canada allaient être simplifiés.

Les compagnies de chemin de fer ont également participé à la colonisation de l’Ouest canadien en agissant comme promoteurs et courtiers en immeuble pour les terres concédées par le gouvernement fédéral. Après la cession de la Terre de Rupert au Canada en 1870, les concessions de biens-fonds ferroviaires constituaient un important volet du plan gouvernemental visant à accroître la population des régions de l’Ouest déjà occupées par des communautés autochtones, des établissements métis et des postes avancés de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Même au début du vingtième siècle, on concédait des terres afin d’encourager les compagnies de chemin de fer à prolonger leurs rails partout sur le continent, et la construction du chemin de fer était partiellement financée par la location et la vente de ces terres.

Le bureau de Winnipeg des Services régionaux garde un précieux assortiment de documents à l’appui de la vente et de la location de terres agricoles et de terres en zones urbaines dans l’Ouest canadien par les Chemins de fer nationaux du Canada et les prédécesseurs de l’entreprise. Ces documents, provenant des diverses sociétés filiales vouées à l’immobilier rattachées aux Chemins de fer nationaux du Canada, le Chemin de fer Canadien du Nord et la Grand Trunk Pacific Railway, brossent un portrait vivant des colons établis dans l’Ouest canadien et présentent certains des nombreux défis qu’ils ont dû relever au début et au milieu du vingtième siècle.

Les dossiers liés à la vente et à la location de terres agricoles procurent des comptes rendus particulièrement intéressants sur les colons de l’Ouest canadien et leurs expériences. En général, on retrouve dans ces dossiers un formulaire de demande standard, décrivant brièvement les antécédents personnels du demandeur, ainsi qu’une évaluation de la demande rédigée par un représentant de l’entreprise, dont la tâche consistait à déterminer si le demandeur était susceptible d’agir en bon père de famille (« likely to make good »). Les demandes et évaluations procurent des profils détaillés de fermiers venus peupler les provinces des Prairies et la Colombie-Britannique.

Formulaire imprimé intitulé Applicant's Statement (bilan du demandeur) sur lequel apparaissent, écrites à la main, les réponses à des énoncés et à des questions visant à recueillir de l'information sur le demandeur. Le formulaire sert à colliger de l'information, telle que le nom, l'âge, l'état matrimonial et le lieu de naissance du demandeur; le nom de trois hommes d'affaires, d'un banquier et d'un membre du clergé (three businessmen, one banker, and one clergyman), qui pourraient servir de références pour le demandeur, et des précisions quant aux actifs et aux dettes du demandeu

« Applicant’s Statement » (bilan du demandeur) au nom de Charles Deffey, acquéreur éventuel de SW-17-28-26 W4 (e011172001)

Formulaire imprimé intitulé Appraiser's Report sur lequel apparaissent des notes manuscrites ajoutées par un évaluateur concernant l'acquéreur éventuel d'une terre agricole. Dans les notes de l'évaluateur se trouvent une évaluation de la réputation de l'acquéreur, l'état de toute terre agricole que l'acquéreur pourrait déjà posséder et l'avis de l'évaluateur à savoir s'il croit que le demandeur est un acquéreur susceptible d'agir en bon père de famille (a purchaser who is likely to make good).

« Appraiser’s Report » (rapport d’évaluation) au nom de Charles Deffey, acquéreur éventuel de SW-17-28-26 W4 (e011172002)

Naturellement, la majorité des autres documents qui se trouvent dans les dossiers servant à appuyer la vente d’une terre agricole sont de la correspondance portant sur les paiements à effectuer afin d’acheter la terre. Bien que ces échanges de courrier soient, en général, de nature courante, il arrive aussi qu’on y découvre des plaidoiries bien senties d’acquéreurs qui imploraient la clémence pour avoir omis d’effectuer un versement ou pour l’avoir remis en retard, plus particulièrement durant les années 1930. Parmi les explications souvent invoquées dans les lettres pour justifier les manquements, mentionnons les récoltes décevantes ou les épreuves subies par l’expéditeur pris en défaut et sa famille. Dans la lettre reproduite ci-dessous, par exemple, l’auteur renonce à sa demande d’obtenir un lopin de terre agricole en Saskatchewan après s’être cassé une jambe et avoir perdu la récolte annuelle à cause d’une tempête de grêle.

Lettre manuscrite adressée au commissaire des terres, aux Chemins de fer nationaux du Canada, et provenant de Charles Deffey qui fait part de son intention de renoncer à un lopin de terre agricole pour lequel il avait effectué des paiements. M. Deffey fournit une brève description de certains obstacles qu'il a rencontrés lors de ses travaux sur la terre et il informe le commissaire des terres qu'il enverra un acte de renonciation (quit claim) officiel dès qu'il aura assez d'argent pour payer un juge de paix (J.P.).

Lettre de Charles Deffey au commissaire des terres, Chemins de fer nationaux du Canada (e011172003)

Recherche de documents relatifs aux terres

On peut consulter les documents relatifs au développement territorial des Chemins de fer nationaux du Canada et des prédécesseurs de l’entreprise, des archives fort susceptibles de susciter un immense intérêt auprès des chercheurs en généalogie et de ceux qui se penchent sur des sujets comme l’agriculture, l’immigration et l’histoire locale, à partir de l’outil Recherche dans la collection sur le site Web de Bibliothèque et Archives Canada. D’abord, il faut sélectionner « Recherche avancée » et ensuite « Collections et fonds (Recherche de fonds d’archives) » dans le menu déroulant « Jeu de données ». Ensuite, sélectionner « No d’instrument de recherche » dans le menu déroulant de « Termes spécifiques » et taper « 30-130 » dans l’encadré à droite, et cliquer recherche. On peut préciser la recherche en ajoutant un mot-clé dans l’encadré « Tous les mots », comme le nom d’une famille particulière, ou les coordonnées d’arpentage des terres fédérales afin de trouver de l’information sur un lopin de terre donné.

Précisons toutefois que ces documents ne constituent pas un dossier exhaustif des activités de développement territorial menées par les Chemins de fer nationaux du Canada, les prédécesseurs de l’entreprise et leurs sociétés filiales. Les dossiers et registres, actuellement gardés au bureau de Winnipeg des Services régionaux de Bibliothèque et Archives Canada, ont été récupérés des entrepôts des Chemins de fer nationaux du Canada lorsque le quartier de Winnipeg maintenant connu sous le nom de The Forks devait faire l’objet d’une rénovation urbaine vers la fin des années 1980. Fort heureusement, nous avons pu récupérer suffisamment de registres et de dossiers pour avoir un riche aperçu de la colonisation dans l’Ouest canadien au début et au milieu du vingtième siècle.