L’art ancien du tir à l’arc

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Par Dylan Roy

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique qui pourraient être considérés comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

L’archerie (l’art du tir à l’arc), comme la plupart des sports et autres activités physiques, enseigne la discipline, la persévérance, la patience, la concentration et bien d’autres choses.

Ma passion pour le tir à l’arc s’est développée très récemment. Malgré mes lacunes évidentes dans la pratique de ce sport, j’éprouve beaucoup de plaisir à l’étudier sous toutes ses coutures. Mon nouveau passe-temps m’a amené à fouiller dans les collections d’archives et de documents publiés à Bibliothèque et Archives Canada (BAC) pour trouver tout ce que je pouvais sur l’arc et les flèches.

À ma grande surprise, de nombreux livres et documents d’archives sont disponibles. Suivant les traces de Robin des Bois, je vais partager quelques-unes des précieuses ressources que j’ai dénichées à BAC.

Si vous ne savez pas par où commencer, sachez qu’il y a beaucoup de manuels du débutant et de publications approuvées par des clubs de tir à l’arc. Le livre Archery is fun! est un de mes favoris à cause du caractère charmant et spontané de ses dessins. Même s’il s’adresse principalement aux enfants, il peut enseigner les bases du tir à l’arc à des adultes. Lisez-le attentivement et en un rien de temps vous manierez l’arc comme Katniss Everdeen!

Comme l’indique le titre de ce blogue, l’archerie est un art très ancien. Pour étudier son histoire, pourquoi ne pas consulter un livre plus que centenaire? Le livre Archery, rédigé par C. J. Longman et Henry Walrond, a été publié en 1894. Cet ouvrage remarquable nous renseigne sur les origines du tir à l’arc. Il nous aide aussi à connaître la manière de penser et de s’exprimer d’auteurs d’un autre siècle.

Le dos d’un livre ancien. Son titre, Archery, est imprimé au centre.

Le dos du livre Archery, par C. J. Longman et Henry Walrond. (no OCLC 342853)

Selon les auteurs, seule la chasse peut prétendre à une origine plus ancienne que l’archerie. Ce côté archaïque a contribué à m’attirer vers ce sport. J’ai plaisir à penser que nos lointains ancêtres pratiquaient probablement le tir à l’arc de la même manière que nous. Cette fascinante discipline nous ramène en quelque sorte dans le passé.

Dans leur livre, Longman et Walrond donnent une citation d’un poète hindou qui mérite d’être reproduite :

« Puisse l’arc nous procurer un butin et des bœufs, et remporter la victoire sur le champ de bataille; l’arc terrorise l’ennemi, puisse-t-il nous permettre de vaincre le monde. » [Traduction]

Ce poème montre l’importance du tir à l’arc dans l’histoire humaine. Son auteur inconnu va jusqu’à dire que l’arc peut vaincre la terre elle-même, ce qui donne une idée de son énorme puissance.

Le livre comprend aussi de magnifiques images de pointes de flèches préhistoriques :

Croquis de cinq pointes de flèches avec une description sous chacun d’eux.

Cinq pointes de flèches préhistoriques, à la page 19 du livre Archery. (no OCLC 342853)

De nombreuses sociétés ont tenu l’archerie en haute estime. Pour preuve, plusieurs dieux sont associés au tir à l’arc, surtout en lien avec la chasse. La déesse grecque Artémis en est un exemple.

Après ce volet historique, passons à des ressources pour nous préparer à tirer. Vous aurez bientôt des muscles dignes de Clint Barton!

Floyd W. Johnson a écrit Fitness for Archery, un ouvrage incontournable si vous cherchez des exercices à faire pour mieux tirer. Il explique qu’un archer en forme possède quatre aptitudes principales : la capacité aérobique (endurance), la souplesse, la force et la détente.

Selon l’auteur, la capacité aérobique est la quantité maximale d’oxygène que le sang peut assimiler et transmettre au muscle. La souplesse est l’amplitude du mouvement d’une ou plusieurs articulations (la colonne vertébrale). La force est la capacité du muscle à s’opposer à une résistance. Quant à la détente, elle est essentielle à l’archer, car ce sport exige une pleine concentration mentale et physique en tout temps. L’archer en herbe doit donc s’appliquer à acquérir ces quatre aptitudes.

Floyd W. Johnson propose plusieurs exercices de mise en forme dans les images ci-dessous :

Page intitulée « Archerie : Parcours de renforcement et d’endurance ». Des croquis montrent comment réaliser sept exercices.

Sept exercices pour développer force et endurance : redressements assis avec les genoux fléchis; pompes; tirage à la poulie avec le bras fléchi; élévations latérales avec le buste penché; sauts en étoile; redressements assis obliques; tirage à la barre avec buste penché. (no OCLC 15918112)

Page intitulée « Le bras de l’archer (isométrie) » expliquant comment réaliser trois exercices, avec des croquis à l’appui.

Trois exercices isométriques pour les bras : verrouillage des épaules, extension des bras vers l’avant et rotation des bras. (no OCLC 15918112)

Page intitulée « Le bras de l’archer (suite) » expliquant comment réaliser trois exercices, avec des croquis à l’appui.

Trois autres exercices isométriques pour les bras : rotation des coudes, étirement des doigts et pression des doigts. (no OCLC 15918112)

Grâce à ces exercices, vous pourrez descendre un escalier en surfant sur un bouclier tout en décochant des flèches avec précision, comme Legolas!

Notre collection de documents publiés regorge d’information sur le tir à l’arc, mais nos archives ne sont pas en reste.

La collection de la Fédération des archers canadiens est un bon point de départ. Elle comprend une foule de documents sur la Fédération. Les chercheurs trouveront de précieux renseignements dans la section « Notice descriptive – Détails ». Par exemple, dans le champ « Portée et contenu », nous lisons :

Le fonds comprend des publications, des bulletins, des comptes rendus et de la correspondance; des documents sur des compétitions, les finances, les membres et l’histoire de la Fédération; des programmes pédagogiques; des règlements; des albums de coupures; des dossiers d’athlètes et des dossiers de la présidence.

Les photos documentent plusieurs activités et championnats canadiens de tir à l’arc organisés par la Fédération des archers canadiens entre 1949 et 1972. Les objets métalliques comprennent six médailles remises à l’issue de compétitions (de 1966 à 1971) et un pendentif de la Fédération datant de 1969. Les cartes comprennent des plans des lieux de compétition à Montréal et à Joliette pendant les Jeux olympiques d’été de 1976. [Traduction]

Le champ « Biographie/Histoire administrative » de la même section nous apprend un détail intéressant : la première compétition internationale de tir à l’arc à laquelle le Canada participe est le Championnat du monde de 1963 à Helsinki.

En plus de cette collection, j’ai trouvé de nombreuses photos d’archives accessibles en ligne. Vous n’aurez pas besoin de vous rendre sur place pour les voir!

Certaines d’entre elles montrent à quel point le tir à l’arc peut être agréable :

Une femme tient un arc et une flèche pendant qu’une autre portant des flèches dans un carquois lui montre comment s’y prendre.

Deux femmes souriantes font du tir à l’arc. (e000762820)

D’autres photos témoignent de la diversité des participants. Par exemple, le tir à l’arc en fauteuil roulant est une épreuve importante des Jeux paralympiques :

Trois hommes et une femme en fauteuil roulant en position de tir.

Quatre archers paralympiques canadiens dans un champ. De gauche à droite : Pierre Brousseau, Roch Poirier, Jean Rochon et Thérèse Tourangeau. (e011176636)

Il y a aussi des photos qui montrent des techniques de tir peu orthodoxes, comme celle où l’archer charge son arc avec ses orteils. Même Robin des Bois ne pourrait pas faire ça!

Un homme s’apprête à décocher une flèche. Il tire la corde de l’arc à deux mains et pousse l’arc avec ses pieds.

L’archer John Jamieson fils charge son arc avec les pieds, en position couchée. (e011310538-037_s3)

J’ai remarqué qu’il y a plusieurs photos de femmes militaires pratiquant le tir à l’arc. Sur la photo ci-dessous, une membre du Service féminin de l’Armée canadienne est debout devant une cible. Sous-estimez la force de ce service à vos risques et périls!

Une femme en uniforme militaire tient un arc dans les mains et retire une flèche d’une cible.

Une archère du Service féminin de l’Armée canadienne devant une cible. (e010778805)

Mes recherches m’ont aussi fait découvrir du langage offensant. C’est important de le mentionner, car il s’agit d’une facette plus sombre des archives conservées à BAC. La légende originale de la photo ci-dessous est un exemple :

Photo d’un homme à genoux dans la neige, prêt à décocher sa flèche. Une femme est debout à côté de lui.

Un Inuk utilise un arc en corne de bœuf musqué pendant que son épouse le regarde. (a211284)

Les descriptions d’archives comme celle-ci contiennent une terminologie à caractère historique pouvant être considérée comme offensante, par exemple pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels.

Les éléments qui composent les collections, leurs contenus et leurs descriptions sont le reflet des époques au cours desquelles ils ont été créés et des points de vue de leurs créateurs. Les descriptions originales sont conservées pour éviter que ces attitudes et perspectives soient supprimées du registre historique. BAC fournit toutefois des renseignements descriptifs supplémentaires pour expliquer le contexte, le tout dans le cadre d’un processus évolutif.

Si vous estimez que BAC devrait examiner des documents dont la terminologie ou le contenu vous semble inapproprié, veuillez communiquer avec nous à reference@bac-lac.gc.ca.

Le tir à l’arc exige de nombreuses aptitudes. Ce sport est parfois frustrant, mais rien ne bat la satisfaction de voir la flèche s’enfoncer au milieu de la cible, en produisant un son si caractéristique.

J’espère que vous avez apprécié ce petit voyage dans les collections de BAC sur le tir à l’arc. Avez-vous envie d’essayer cet art ancien?


Dylan Roy est archiviste de référence à la Direction générale de l’accès et des services à Bibliothèque et Archives Canada.

L’union fait la force

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Par Ellen Bond

J’ai rencontré Tanya Talaga lors d’une conférence organisée par Know History, en juin 2023, où elle relatait ses efforts pour retrouver son arrière-arrière-grand-mère, Annie Carpenter. Comme je vois beaucoup de photos des Premières Nations, des Inuit et de la Nation métisse dans le cadre de mon travail à Bibliothèque et Archives Canada (BAC), je lui ai offert mon aide. Elle m’a invitée à la contacter par courriel, et c’est ainsi que notre collaboration a commencé!

Après avoir trouvé l’adresse courriel de Tanya au Globe and Mail, je lui ai écrit pour lui parler d’Un visage, un nom, le programme que je gère à BAC, et pour lui expliquer comment je pouvais l’aider. En retour, elle m’a renseignée sur ses recherches et m’a transmis les rares renseignements qu’elle possédait au sujet d’Annie : sa date de naissance, son nom de jeune fille, ses noms de femme mariée, le nom de ses enfants et l’endroit où elle se trouvait en 1905.

Grand groupe de personnes debout devant une bâtisse.

Photo publiée dans le cadre de l’initiative Retrouver les siens! d’Un visage, un nom, le 6 décembre 2023. Nous savons qu’Annie était à Osnaburgh House en 1905 lorsque cette photo a été prise. Est-elle sur cette photo? Source : Canada. Ministère des Affaires indiennes et
du Nord canadien / Bibliothèque et Archives Canada / a059496-v8.

Tanya ignorait où Annie et ses enfants avaient vécu après 1905, mais elle savait où Annie avait passé les huit dernières années de sa vie et connaissait l’emplacement de sa tombe anonyme. J’ai communiqué ces renseignements à Elizabeth Montour, archiviste à la Division des archives gouvernementales de BAC. Le lendemain, Elizabeth avait retrouvé le petit-fils d’Annie, le soldat Peter Rupert Chappise (en anglais), mort en service pendant la Première Guerre mondiale. Puisque j’avais travaillé sur le projet de numérisation des dossiers du personnel canadien de la Première Guerre mondiale, j’ai trouvé le dossier de Peter. Nos recherches nous ont permis de remonter jusqu’au fils du frère de Peter, le lieutenant d’aviation Richard Robert Chappise, mort au combat pendant la Deuxième Guerre mondiale. Comme BAC avait numérisé tous les dossiers des victimes de guerre, j’ai repéré le dossier de Richard. J’ai envoyé le tout à Tanya, qui était ravie. Pour ma part, j’étais très satisfaite d’avoir collaboré avec Elizabeth pour élucider, du moins en partie, le passé d’Annie.

Dans un prochain billet de blogue, je vous en dirai davantage sur notre travail d’équipe et sur l’utilité de la collection du patrimoine documentaire de BAC.

Tanya a fait appel à de nombreuses autres personnes pour découvrir l’histoire d’Annie. Elle met ces collaborations en lumière dans son plus récent livre, The Knowing, publié le 27 août 2024. Le 30 septembre 2024, à l’occasion de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, elle nous parlera en détail de ses recherches pour retrouver Annie lors d’un événement organisé conjointement par BAC, la Bibliothèque publique d’Ottawa et le Festival international des écrivains d’Ottawa (site en anglais seulement). J’ai hâte d’entendre son récit!

À suivre!


Ellen Bond est gestionnaire de projet au sein de l’équipe du Contenu en ligne à Bibliothèque et Archives Canada.

Marion Meadmore, Mary Guilbault et Dorothy Betz : le leadership des femmes autochtones et le Mouvement des centres d’amitié

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Par Karyne Holmes

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique qui pourraient être considérés comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

En 1978, Marion Meadmore (née Ironquill) marque l’histoire : elle devient la première avocate autochtone admise au barreau au Canada. C’est le point culminant d’un héritage édifié depuis plus de deux décennies. En effet, Marion s’est déjà imposée comme une dirigeante de premier plan, grâce à son travail pour que les communautés autochtones en milieu urbain aient accès à du soutien et des services.

Marion est originaire de la Nation Peepeekisis, en Saskatchewan. Pendant sa jeunesse, elle fréquente un pensionnat pendant dix ans. Puis, au début des années 1950, elle s’installe à Winnipeg pour poursuivre ses études à l’Université du Manitoba. À l’époque, la ville ne compte aucune organisation destinée aux nouveaux résidents d’ascendance autochtone. C’est cette expérience qui incitera Marion à militer pour la création d’endroits où les populations autochtones peuvent se réunir et s’entraider. Elle devient alors une ardente défenseure à ce chapitre.

En 1954, elle s’associe à d’autres militants des Premières Nations et de la Nation métisse, dont Mary Guilbault, pour créer l’Urban Indian Association. Ce regroupement veut cerner et combler les besoins des Autochtones en milieu urbain. Ensemble, Marion et Mary ciblent les difficultés précises auxquelles la communauté est confrontée. Leurs principaux objectifs : aider les personnes à obtenir un logement, un emploi et des soins de santé, ainsi que leur offrir un lieu de rassemblement. Elles s’efforcent particulièrement d’aider les jeunes, nombreux à s’installer à Winnipeg à leur sortie des pensionnats.

L’Urban Indian Association a pour ambition de créer un lieu pouvant accueillir les personnes dans le besoin, et leur fournir de l’aide et de l’information. Pour y parvenir, elle organise notamment des collectes de fonds et rencontre divers organismes gouvernementaux afin d’obtenir leur soutien.

Quatre femmes discutent autour d’une table basse, tenant des stylos et du papier.

Membres du comité de planification de l’Indian and Métis Conference à Winnipeg. De gauche à droite : Marion Meadmore, Mme Ronald Robinson, Gladys Bear et Dorothy Betz, 1961. (e011052439)

En juin 1958, Marion et Mary participent à l’Indian and Métis Conference. Cette réunion, qui se tient tous les ans, est parrainée par le conseil de planification sociale (Welfare Planning Council) de Winnipeg. Mary y présente une motion visant à créer un centre d’aiguillage pour les populations autochtones à Winnipeg, afin de leur fournir orientation et conseils en matière d’emploi, de logement, d’éducation et de services communautaires. Une résolution est adoptée le jour même à cet effet, et on crée sans délai un comité de planification pour établir un tel centre.

L’année suivante, en 1959, l’Urban Indian Association atteint enfin son objectif : un premier Centre d’amitié pour les Autochtones et les Métis ouvre ses portes au 376, rue Donald. C’est l’Indian and Metis Friendship Centre. Parmi les personnes ayant le plus contribué à cette réussite figurent Marion et Mary, ainsi que Dorothy Betz. À l’époque, on estime à 5 000 le nombre d’Autochtones vivant à Winnipeg.

Mais qui est Dorothy Betz? Membre de la Première Nation de Pine Creek, Dorothy (née Nepinak) voit le jour en 1929. Orpheline de parents et de grands-parents dès l’enfance, elle passe 15 ans dans un pensionnat. En 1948, elle prend le train pour Winnipeg, en quête d’un emploi. Seule dans cette ville étrangère, elle arpente la rue Main, où on lui a dit qu’elle trouverait toujours « quelqu’un de la famille ». De fait, elle reconnaît deux cousins dans un café, qui accepteront de la loger.

Dorothy sait trop bien ce que l’on ressent quand une situation nous dépasse. Elle consacrera donc de nombreuses années à venir en aide à ses semblables. « Avant le Centre d’amitié, se souvient-elle, nous n’avions pas d’endroit à nous. Tout ce que nous avions, c’était la rue Main. Ce n’était pas fameux, loin de là! »

Sept femmes en train de discuter. Au-dessus d’elles se trouve une banderole soulignant le premier anniversaire de l’Indian and Metis Friendship Centre.

Célébration du premier anniversaire du Centre d’amitié pour les Autochtones et les Métis (Indian and Metis Friendship Centre). De gauche à droite : Harriet Mason, Marlene Brant, Ethel Blacksmith, Pauline Vanier, Dorothy MacKay, Mary Guilbault et Dorothy Betz (1960). (MIKAN 23956)

L’ouverture du Centre d’amitié pour les Autochtones et les Métis à Winnipeg correspond à la naissance du Mouvement des centres d’amitié, la plus importante infrastructure de prestation de services aux Autochtones hors réserve au Canada. Les centres d’amitié sont des organisations caritatives à but non lucratif ayant pour mission de répondre aux besoins des populations autochtones urbaines en leur fournissant des ressources et des services adaptés à leur culture. Ils sont reconnus pour leur éventail de programmes dans plusieurs domaines, dont la culture, la famille, les loisirs, la langue, le logement, la santé, la justice, l’éducation et l’emploi.

Dès ses premières années, le Centre d’amitié à Winnipeg place les programmes de groupe au cœur de sa mission. Les premiers programmes populaires sont axés sur des activités récréatives; on y retrouve par exemple des groupes de couture, ainsi qu’un comité sur l’éducation et les bibliothèques (Education and Library Committee). Ce dernier organise des conférences sur l’histoire et met sur pied une bibliothèque de ressources sur les expériences, les savoirs et les cultures autochtones.

De nos jours, le centre poursuit son travail sous le nom de Winnipeg Indigenous Friendship Centre. Au total, on compte plus de 120 centres d’amitié dans tout le pays.

Mais l’ouverture de ce premier centre ne signifie pas la fin de l’engagement pour Marion, Mary et Dorothy, qui continuent de s’impliquer activement à Winnipeg.

En 1961, Marion Meadmore cofonde le Conseil national des Indiens, la première organisation nationale vouée à la reconnaissance des besoins et des droits des membres inscrits et non inscrits des Premières Nations. Le Conseil est l’ancêtre de l’Assemblée des Premières Nations et du Congrès des peuples autochtones. Puis Marion reprend ses études à l’Université du Manitoba et obtient son diplôme de droit. Elle ouvre à Winnipeg le premier cabinet composé entièrement d’avocates, en plus de cofonder l’Association du Barreau autochtone du Canada.

Groupe composé d’une femme et de cinq hommes se tenant côte à côte et regardant l’objectif.

Comité temporaire du nouveau Conseil national des Indiens du Canada. De gauche à droite : Telford Adams, George Manuel, A.H. Brass, Marion Meadmore, David Knight et Joe Keeper (1961). (e011373501)

Quant à Mary Guilbault, elle se dévouera 26 ans en tant qu’assistante sociale au sein du ministère de la Santé et des Services sociaux du Manitoba. Elle joue un rôle important dans la création de la Fédération Métisse du Manitoba, en 1967, dont elle siège au conseil d’administration jusqu’en 1974, s’intéressant particulièrement au portefeuille des programmes éducatifs.

Pendant sept ans, Dorothy Betz travaille bénévolement au Centre d’amitié, puis gère le programme judiciaire de l’organisation. Elle est nommée déléguée canadienne pour le cinquième Congrès des Nations Unies à Genève, en Suisse, où elle attire l’attention de la communauté internationale sur la discrimination et les obstacles auxquels sont confrontés les Autochtones dans le système judiciaire.

Avant de mourir, le père de Dorothy lui avait adressé ses dernières paroles en anishinabemowin. Il invitait sa petite fille de 7 ans à devenir « une personne gentille et généreuse, toujours prête à aider les autres et à pardonner ». Déterminée à aider la communauté autochtone urbaine de Winnipeg, Dorothy s’est forgé une réputation inégalée d’optimisme, de gentillesse et de générosité. Parlant couramment l’anishinabemowin, elle a servi d’interprète et aidé de nombreuses personnes à comprendre leurs droits. Elle a aussi participé à l’élaboration du premier Programme d’assistance parajudiciaire du Manitoba.

Photo d’un homme et d’une femme qui sourient devant l’objectif.

Percy Bird et Dorothy Betz. (OCLC 35881259, page 8)

Dans ce blogue, nous vous avons présenté quelques-unes des réalisations de trois grandes femmes. Mais ce n’est qu’une fraction du travail extraordinaire qu’elles ont accompli. Ensemble, elles ont joué un rôle déterminant dans la naissance du Mouvement des centres d’amitié à Winnipeg, et travaillé sans compter leurs heures à titre de membres de conseils d’administration, de bénévoles et de conseillères pour des organisations locales et nationales, tout en élevant leurs familles. Leur force, leur action et leur sagesse reflètent celles des nombreuses Autochtones urbaines remarquables de l’ensemble du Canada qui, aujourd’hui comme hier, soutiennent chaque jour leur communauté.

Ressources supplémentaires :


Karyne Holmes est conservatrice à la Division des expositions et des prêts. Elle a aussi été archiviste pour le projet Nous sommes là : Voici nos histoires, visant à numériser les documents relatifs aux Autochtones conservés à Bibliothèque et Archives Canada.

L’adoption du syllabaire cri

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À gauche, Tatânga Mânî [chef Walking Buffalo] [George McLean] monte à cheval et porte son costume traditionnel des Premières Nations. Au centre, Iggi et une fille échangent un « kunik », un baiser traditionnel dans la culture inuit. À droite, le guide métis Maxime Marion tient un fusil. À l’arrière-plan, il y a une carte du Haut et du Bas-Canada, ainsi qu’un texte de la collection Red River Settlement [colonie de la rivière Rouge].

Ce blogue fait partie de notre programme De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada. Pour lire ce billet de blogue en syllabique crie et orthographe romaine normalisée, visitez le livrel.

De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada est gratuit et peut être téléchargé sur Apple Books (format iBooks) ou sur le site Web de BAC (format EPUB). On peut aussi consulter une version en ligne au moyen d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un navigateur Web mobile; aucun module d’extension n’est requis.

Par Samara mîkiwin Harp

Photo montrant les touches d’une machine à écrire manuelle. Les touches sont noires, et sur chacune sont inscrits deux caractères syllabiques blancs.

Machine à écrire utilisant le syllabaire cri, créée par des érudits cris, des experts en linguistique de l’ancien ministère des Affaires indiennes et du Nord, et Olivetti Canada Limited.
Source : Olivetti Canada Limited, Olivetti News Magazine, juin-juillet 1973, p. 2. (e011303083)

L’origine du syllabaire cri fait toujours l’objet de débats. Une chose est sûre, cependant : ce système d’écriture syllabique s’est rapidement répandu chez les nêhiyawak (membres de la Nation crie). En effet, il offrait une représentation fidèle des phonèmes du nêhiyawêwin (la langue crie), et les nêhiyawak s’en sont approprié l’enseignement de base.

À l’hiver 1841, des chasseurs et trappeurs nêhiyaw partant de Norway House (dans l’actuel Manitoba) pour faire du commerce apportent avec eux des hymnes imprimés en écriture syllabique crie. Par la suite, il faut moins de dix ans pour que ce système d’écriture se répande tant à l’ouest qu’à l’est, et que des milliers de nêhiyawak maîtrisent ce syllabaire. La plupart des nêhiyawak apprennent à lire et à écrire le syllabique cri sans l’aide de missionnaires, en se fiant au tableau du syllabaire qui se transmet alors entre partenaires de négoce, parents et amis. Selon certains chercheurs, le taux d’alphabétisme des nêhiyawak surpasse à l’époque celui des colons français et anglais. De toute évidence, le syllabaire réussit bien à représenter les phonèmes du nêhiyawêwin.

Dessin à la plume et à l’encre montrant un homme en blouson et en pantalons, debout près d’un bouleau. L’homme donne des explications en tenant un petit livre à la main gauche et en pointant de la main droite plusieurs rangées de symboles gravés sur le tronc de l’arbre. Un groupe d’hommes lui fait face, assis par terre avec les jambes croisées. Certains sont vêtus de chapeaux, de couvertures à motifs, de manteaux en peau de daim ou de chemises avec un bandana autour du cou. Un autre homme, vêtu d’une veste et tenant son chapeau à la main, se tient debout de l’autre côté de l’arbre et regarde l’homme donnant des explications.

Le révérend James Evans présente le tableau du syllabaire cri et l’hymnaire en langue crie qu’il a mis au point avec la collaboration d’Autochtones. (MIKAN 2899009)

Il est bien établi que James Evans a créé les caractères d’imprimerie de l’écriture syllabique crie et qu’il a contribué à les faire connaître en imprimant un tableau du syllabaire cri et des hymnaires l’utilisant. James Evans, avec l’aide de son équipe de traducteurs, a publié en 1841 un livre intitulé Cree Syllabic Hymn Book (hymnaire en langue syllabique crie).

Malheureusement, ni James Evans ni les chercheurs contemporains n’ont reconnu à leur juste valeur la contribution des Autochtones qui ont collaboré avec le révérend Evans, une omission qui a été corrigée cent cinquante ans plus tard par Lorena Sekwan Fontaine :

« Une grande part du succès de cette édition indépendante revient à l’équipe de traducteurs de James Evans. Ces traducteurs étaient pour la plupart d’ascendance autochtone et étaient généralement bilingues ou même multilingues. Par exemple, Thomas Hassell (un Chippewa) parlait couramment le cri, le français et l’anglais; Henry Bird Steinhauer (un Ojibwa) avait fréquenté une école de missionnaires du Haut-Canada et connaissait le grec, l’hébreu et l’anglais, en plus du cri; John Sinclair, fils d’un agent de la Compagnie de la Baie d’Hudson et d’une mère crie, parlait couramment le cri. » (1) [Traduction]

Image d’une page de livre dont la moitié supérieure contient une image rectangulaire verticale gris pâle contenant des caractères syllabiques de couleur noire. La moitié inférieure de la page contient un tableau comptant huit colonnes et douze rangées de mots, pour la plupart cris, imprimés à l’encre noire. Deux phrases en anglais sont imprimées au bas de la page.

Copie publiée en 1841 tirée de l’original du Cree Syllabic Hymn Book de James Evans, Norway House (dans l’actuel Manitoba), p. 23. (OCLC 1152061)

Page de livre sur laquelle sont reproduites 11 lignes de caractères syllabiques écrits à la main à l’encre noire. Deux traits horizontaux séparent les sept premières lignes des quatre dernières. Le tiers inférieur de la page contient dix lignes de texte en anglais, en caractères noirs. Deux traits horizontaux séparent les six premières lignes des quatre dernières.

Copie d’un hymne tiré de l’ouvrage original de James Evans intitulé Cree Syllabic Hymn Book, Norway House (dans l’actuel Manitoba), 1841. Publié par la Société bibliographique du Canada, Toronto, 1954. (OCLC 1152061)

Pour accéder à une version entièrement numérisée du Cree Syllabic Hymn Book publié par James Evans en 1841, visiter la collection Peel’s Prairie Provinces des bibliothèques de l’Université de l’Alberta.

Quatre lettres individuelles écrites au crayon sur des feuilles de papier. Elles contiennent des lignes d’écriture syllabique. La signature des auteurs figure sous ces lignes, en alphabet latin, de même qu’une phrase en anglais.

Ensemble de lettres écrites en cri, avec des passages en anglais, par le chef William Charles et les conseillers Isaac Bird et Benjamin Bird au sujet du Traité no 6, en février 1889. Avant de recevoir le premier versement prévu par le Traité, les dirigeants cris de Montreal Lake (dans l’actuelle Saskatchewan) ont écrit à la reine Victoria pour lui demander de faire preuve de compassion à l’égard de leur peuple et lui transmettre leurs demandes, à savoir de l’argent, de la nourriture, des vêtements, des outils, des ustensiles ménagers, du bétail, des semences et des médicaments. (MIKAN 2058802)

Pour en savoir davantage sur ces lettres et leur traduction en anglais, consulter la publication de Merle Massie « An 1889 Cree Syllabic Letter » (en anglais).

L’usage de l’écriture syllabique a continué de se répandre au fil du temps, p. ex. dans les organes gouvernementaux, sur des panneaux de circulation et dans la correspondance privée. Une machine à écrire utilisant le syllabaire cri a même été produite, comme le montre l’image figurant en tête de cet essai. Elle a été conçue par Olivetti, en collaboration avec des représentants de différentes organisations de l’Ouest du Canada et du Québec. Selon le recensement de 2016, le nêhiyawêwin figure parmi les langues autochtones comptant le plus de locuteurs au Canada.

En plus de se répandre largement chez les nêhiyawak et dans le nêhiyânâhk (pays des Cris), le syllabaire cri a aussi été adopté, avec quelques adaptations, par les locuteurs d’autres langues, comme l’anishinaabemowin, l’inuktitut et certaines langues dénées (voir l’essai Publications en inuktut dans le livrel De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada).

Photo d’un panneau rectangulaire blanc cloué à un mur en bois. Le nom d’une entreprise de construction est imprimé en noir sur le panneau, en anglais, en écriture syllabique et en français. On voit le logo de l’entreprise à la gauche du panneau. Le numéro 355 est écrit sous le panneau, à droite, en gros caractères noirs.

Panneau de la Compagnie de construction Cris (Québec) Ltée, lieu inconnu, vers 1978-1988. Crédit : George Mully. (e011218399)

Photo en plan rapproché d’un mur de briques gris pâle. Deux panneaux blancs rectangulaires sont fixés au mur. On voit quatre lignes d’écriture syllabique sur le panneau supérieur et cinq lignes d’écriture syllabique sur le panneau inférieur. Les deux panneaux sont écrits à l’encre noire. Une échelle est déposée à l’horizontale au pied du mur.

Panneau de la Direction générale de la foresterie, ministère de l’Intérieur, rédigé en cri. Lieu et date inconnus. (e010752312)

Il est pour le moins douteux que le révérend méthodiste James Evans ait créé le syllabaire. Selon plusieurs indices, il ne connaissait pas bien le nêhiyawêwin. Il est donc difficile de croire qu’il aurait créé un syllabaire qui soit aussi bien adapté à cette langue. L’histoire établie admet généralement la théorie selon laquelle James Evans est l’inventeur du syllabaire cri, mais je n’ai pas été en mesure de trouver d’indices concrets pour étayer cette idée. Le seul fait solide que j’ai pu confirmer est qu’il a créé les caractères physiques permettant d’imprimer en écriture syllabique. L’archidiacre Horsefield, qui a traduit l’hymnaire cri de 1841, commente ainsi les aptitudes en langue crie de James Evans :

« Le vocabulaire de l’auteur est relativement riche, mais sa syntaxe est déficiente : il associe des noms pluriels à des verbes singuliers et vice-versa, fait des erreurs dans l’ordre des mots et ne maîtrise pas certaines des conjugaisons les plus complexes des verbes cris, ce qui est quelque peu excusable étant donné leur exceptionnelle et formidable étrangeté. » (2) [Traduction]

Un chercheur du nom de Louis (Buff) Parry, qui a lu les journaux et lettres de James Evans, n’y a trouvé aucun indice sur le processus par lequel il aurait inventé « son » syllabaire, ni sur la période où il l’aurait fait (3). Par ailleurs, les églises chrétiennes avaient tout intérêt à s’approprier l’invention du syllabaire, qui leur permettait de répandre l’évangile en prétextant avoir fait un don précieux aux nêhiyawak.

Au fil du temps, l’Église et l’État se sont ligués pour créer le système de pensionnats indiens. Dès 1894, les enfants âgés de 6 à 16 ans étaient contraints de fréquenter ces pensionnats. Une partie de ces efforts de colonisation comprenait des règles restreignant l’utilisation des langues autochtones. Bon nombre des enfants issus de survivants des pensionnats indiens ont été privés de leur langue en raison des violences physiques et émotionnelles que leurs parents ont subies dans le système scolaire colonial.

Les nêhiyawak ont prouvé leur résilience en adoptant en un tournemain de nouvelles façons d’écrire, de lire et d’enseigner leur langue. Nous sommes un peuple habile et ingénieux, qui possédait déjà des méthodes d’enregistrer le savoir avant l’arrivée des Européens. Ces méthodes ne cadraient pas nécessairement avec les modèles eurocentriques, mais existaient néanmoins, et je ne doute pas qu’ils ont joué un bien plus grand rôle dans la création du syllabaire cri que ne le rapportent les livres d’histoire. J’ai bon espoir que nous puissions continuer à redynamiser notre langue et parvenir à réparer les préjudices causés par les pensionnats, les dossiers historiques inexacts et la colonisation.

Références

  1. Lorena Sekwan Fontaine, « Our Languages are Sacred: Finding Constitutional Space for Aboriginal Language Rights », thèse de doctorat, Université du Manitoba (Winnipeg), 2018, p. 62.
  2. James Evans, Cree Syllabic Hymn Book, Norway House, Territoires du Nord-Ouest : Rossville Mission Press, 1841, p. 9.
  3. Lesley Crossingham, « Cultural director says missionaries didn’t invent syllabics, Indians did », Windspeaker, vol. 5, no 42, 1987, p. 2.

Numéros numérisés de Windspeaker à Bibliothèque et Archives Canada

Ressources additionnelles sur l’écriture et les caractères syllabiques cris


Samara mîkiwin Harp était archiviste avec l’initiative Nous sommes là : Voici nos histoires à Bibliothèque et Archives Canada. Elle travaille maintenant à la revitalisation de la langue crie de Woods et poursuit des études en archivistique. Samara a grandi à Winnipeg, au Manitoba, et a des racines cries dans les régions de Southend et de Pelican Narrows du Traité 6, dans le nord de la Saskatchewan. Les premiers membres de la famille de son père sont arrivés en Ontario dans les années 1800 en provenance d’Irlande et d’Angleterre.

Un manuscrit retrouvé : le premier journal de John Norton (Teyoninhokarawen)

English version

Par Isabelle Charron

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique qui pourraient être considérés comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

Photo d’une page d’un journal écrit à la main.

Première page du journal de John Norton (pièce no. 6251788)

Image d’une peinture sur ivoire de forme ovale.

Portrait de John Norton par Mary Ann Knight, 1805 (e010933319)

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) vient d’acquérir un journal autographe inédit de John Norton (Teyoninhokarawen) (1770-1827), accompagné de lettres (fonds John Norton Teyoninhokarawen*). Cette acquisition a été rendue possible grâce à la contribution de la Fondation de Bibliothèque et Archives Canada. L’existence du journal était attestée dans de la correspondance du début du 19e siècle, mais son emplacement était inconnu jusqu’à tout récemment. Ces documents constituent un important maillon de la vie et de la production littéraire de Norton, un personnage fascinant, ainsi que des témoignages essentiels pour comprendre l’histoire des Six Nations (Haudenosaunee), du Canada et de l’Amérique du Nord.

Né en Écosse, Norton avait des origines autochtones : son père était un Cherokee, emmené en Grande-Bretagne par un officier britannique à la suite de la guerre anglo-cherokee, et sa mère était Écossaise. Son ascendance familiale façonna son étonnant parcours. De plus, dès son jeune âge, il fut marqué par la vie militaire. Son père, soldat dans l’armée britannique, participa à plusieurs campagnes en Amérique du Nord, au cours desquelles sa famille l’aurait suivi. Norton indique d’ailleurs dans une lettre que l’un de ses premiers souvenirs a été la bataille de Bunker Hill (Boston, 17 juin 1775) (pièce 6252667). De retour en Écosse à une date inconnue, il y reçut une excellente instruction.

Norton et ses parents étaient à Québec en 1785. Comme son père, il se joignit à l’armée mais il déserta en 1787, au fort Niagara. Par la suite, il voyagea et vécut peut-être au sein de la nation Cayuga. En 1791, il travailla comme instituteur dans la communauté mohawk de Tyendinaga (baie de Quinte, Ontario). Il participa ensuite à des combats dans la vallée de l’Ohio avec différentes nations autochtones alliées contre les forces américaines. Il fut aussi impliqué dans le commerce des fourrures pour le compte du marchand John Askin, de Detroit, avant d’être embauché comme interprète par le département des Affaires indiennes. Il vécut ensuite auprès des Six Nations (Haudenosaunee), à la rivière Grand (Ontario), et devint un proche du chef mohawk Joseph Brant (Thayendanegea). Ce dernier l’adopta comme neveu en 1797 et, en 1799, il devint chef de la diplomatie et de la guerre pour les Six Nations. Il reçut alors le nom mohawk de Teyoninhokarawen.

Le journal de Norton acquis par BAC compte 275 pages (pièce 6251788). Ce dernier l’a rédigé à la rivière Grand entre 1806 et 1808 sous la forme de lettres à un ami. Il y relate son voyage en Angleterre et en Écosse en 1804-1805. C’est à la demande de Brant qu’il avait effectué ce voyage afin de clarifier des questions relatives à la propriété foncière des Six Nations aux abords de la rivière Grand, en lien avec la Proclamation de Haldimand (25 octobre 1784). Sa mission diplomatique échoua car son autorité était contestée par certains, dont William Claus, le surintendant des Affaires indiennes. Sur le plan personnel, Norton put néanmoins renouer avec sa famille maternelle et devint une personnalité très populaire auprès de l’élite politique, commerçante, religieuse, intellectuelle et aristocratique. Il participa à des événements mondains, assista à des conférences scientifiques et à des débats à la Chambre des communes. Il se fit de précieux amis, dont le brasseur Robert Barclay, le révérend John Owen et le second duc de Northumberland (Hugh Percy), également ami de Brant. Lors de ce séjour, Norton traduisit l’Évangile selon saint Jean en Kanien’kehá (langue mohawk), publié par la British and Foreign Bible Society dès 1804 (numéro OCLC 47861587). À Londres, en 1805, l’artiste Mary Ann Knight peignit son portrait, qui se trouve aujourd’hui dans la collection de BAC (pièce 2894984).

Pages d’un journal écrit à la main.

Les pages 183 à 185 du journal de John Norton (e011845717)

En 1808, Norton expédia son journal à Robert Barclay, en Angleterre, qui prévoyait le publier avec les lettres qui l’accompagnaient. Ce projet, auquel travailla aussi le révérend Owen, ne s’est cependant jamais concrétisé et les documents demeurèrent dans la famille Barclay. Dans son journal, Norton décrit ses rencontres et les lieux qu’il visite. Il se prononce sur une variété de sujets typiques de son époque et touchant la réalité coloniale, tels que l’armée britannique, l’indépendance des États-Unis (et ses conséquences sur les nations autochtones de part et d’autre de la frontière), la liberté, l’esclavage (il est abolitionniste), l’éducation, le statut de la femme chez les Autochtones, l’agriculture, le commerce (dont celui des fourrures), l’industrie et l’exploration du territoire. Il envisage plusieurs projets pour les Haudenosaunee et se préoccupe de l’éducation des jeunes. Il remet en question l’image des Haudenosaunee véhiculée par certains auteurs et insiste sur le raffinement de leur langue. Le christianisme revêt aussi une grande importance pour Norton.

La correspondance de Norton révèle certains détails de sa biographie et sur sa famille (pièces 6252667 et 6258811). Il y évoque son retour à la rivière Grand en 1806, les divisions au sein de sa communauté et sa volonté de participer à des campagnes avec l’armée britannique (pièce 6251790). Il parle de différentes nations autochtones et de leurs relations avec les autorités coloniales britanniques (pièces 6251794 et 6252528, par exemple). Il promeut d’ailleurs l’alliance entre les Autochtones et la Grande-Bretagne, mais est fort critique à l’égard du département des Affaires indiennes. Cette alliance s’avérera d’ailleurs essentielle lors de la guerre de 1812, au cours de laquelle Norton se distinguera en dirigeant des groupes de guerriers autochtones. Il évoque ce conflit dans ses lettres (pièce 6258793), ainsi que son voyage chez les Cherokees en 1809-1810 (pièce 6258679). L’ensemble comprend également une transcription d’une lettre des chefs des Six Nations adressée à Francis Gore, lieutenant-gouverneur du Haut-Canada (pièce 6252665). Enfin, une lettre d’un proche de Barclay confirme que George Prevost, gouverneur en chef de l’Amérique du Nord britannique, tenait Norton en haute estime (pièce 6258814).

Il est à noter que Norton a écrit un second journal, alors qu’il se trouvait en Angleterre en 1815-1816, qui porte sur son voyage chez les Cherokees, sur la guerre de 1812 et sur l’histoire des Six Nations. Toujours conservé dans les archives du duc de Northumberland, au château d’Alnwick, en Angleterre, ce journal a été publié en 1970, 2011 et, la partie sur la guerre de 1812, en 2019 (voir les références ci-dessous).

Grand voyageur, polyglotte, auteur, traducteur, épistolier, diplomate, politicien, guerrier, militant, commerçant, fermier, père, Écossais, Cherokee, Haudenosaunee… tant d’épithètes caractérisent John Norton qui, de son vivant, fascinait déjà. Il aurait d’ailleurs servi d’inspiration pour le personnage principal du roman Wacousta, un classique de la littérature canadienne publié par John Richardson en 1832. Richardson avait connu Norton et était le petit-fils de John Askin, le marchand de fourrures pour lequel Norton avait travaillé dans sa jeunesse.

Nous espérons que ces documents nouvellement acquis par BAC, qui constituent d’importants ajouts à notre collection, susciteront beaucoup d’intérêt et permettront de jeter un nouvel éclairage sur la vie et l’œuvre de Norton, ainsi que sur l’histoire des Haudenosaunee et du Canada au début du 19e siècle.

Bonne exploration!

Pour en savoir plus

  • Alan James Finlayson, « Emerging from the Shadows: Recognizing John Norton », Ontario History, vol. 110, no 2, automne 2018.
  • John Norton, A Mohawk Memoir from the War of 1812. John Norton – Theyoninhokarawen, Carl Benn, éd., Toronto, les Presses de l’Université de Toronto, 2019 (OCLC 1029641748).
  • John Norton, The Journal of Major John Norton, 1816, Carl F. Klink, James J. Talman, éd., introduction de la réédition et notes complémentaires par Carl Benn, Toronto, The Champlain Society, vol. 72, 2011 (1970) (OCLC 281457).
  • Carl F. Klinck, « Norton, John », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, University of Toronto/Université Laval, 2003 (1987).
  • Cecilia Morgan, Travellers Through Empire: Indigenous Voyages from Early Canada, Montréal et Kingston, les Presses universitaires McGill-Queen’s, 2017 (OCLC 982091587).
  • Conservateur invité : Shane McCord, le blogue de Bibliothèque et Archives Canada, publié le 14 septembre 2017.

* Puisque ces documents ont été créés en anglais, leurs descriptions à la pièce sont également dans cette langue.


Isabelle Charron est archiviste principale à la Direction générale des archives privées et du patrimoine publié de Bibliothèque et Archives Canada.

Cinquante ans après l’Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie : naviguer dans les archives (partie 3)

English version

Par Elizabeth Kawenaa Montour

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certains pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

L’Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie (EPVM), également appelée commission Berger, a été promulguée il y a cinquante ans, en 1974, par le gouvernement canadien. Bibliothèque et Archives Canada (BAC) conserve la collection des documents originaux de la commission, gérée par la Division des archives gouvernementales.

Ce dernier de trois billets de blogue sur l’EPVM précise comment faire des recherches par groupes de documents sur le sujet à l’aide de l’outil Recherche dans la collection.

Découvrir les documents numérisés de la collection sur l’EPVM

Les documents de l’EPVM ont été transférés aux Archives publiques du Canada en février 1978. Tous les documents de l’EPVM sont accessibles au public à des fins de recherche, mais ils ne sont pas tous disponibles sous forme numérique en ligne. Si un document est accessible en format numérique, une image du document en question s’affiche en haut de la notice descriptive lorsqu’on l’ouvre avec l’outil Recherche dans la collection. Les documents peuvent être demandés et consultés sur place à BAC.

Procès-verbal dactylographié de discussions concernant l’enquête, au sujet d’une carte, avec explications de Phoebe Nahanni (carte appelée pièce justificative C-184), montrant des pistes pour la chasse, le piégeage et les déplacements. Le numéro 2459 est visible en haut à droite de la page. Chaque ligne de texte est numérotée verticalement de 1 à 30.

Transcription numéro C24 – Trout Lake et Nahanni Butte, T.N.-O. à partir des transcriptions des audiences tenues auprès des collectivités. Date : le 24 août 1975. Page 71 sur 80 (e011412138).

Procès-verbal dactylographié de discussions concernant l’enquête : John Ballem, c.r., pour les sociétés productrices, contre-interrogé par Glen W. Bell pour la Fraternité des Indiens des Territoires du Nord-Ouest. Comprend un commentaire du commissaire. Le numéro 17836 est visible en haut à droite de la page. Chaque ligne de texte est numérotée verticalement de 1 à 30.

Transcription numéro 117 – Inuvik, T.N.-O. à partir des transcriptions des audiences officielles. Date : le 26 janvier 1976. Page 83 de 164 (e011412099).

Ressources pour la recherche de documents

Passons maintenant aux conseils plus spécifiques sur la recherche de documents de l’EPVM.

Le sous-fonds principal s’intitule Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie [supports multiples]. Vous pouvez également le trouver en entrant le terme de recherche « Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie » dans l’outil Recherche dans la collection. Vous obtenez alors le résultat « Référence : R216-165-X-F, RG126. Date : 1970-1977 ». Les mots-clés à utiliser pour effectuer des recherches peuvent inclure « Commission Berger » ou « Enquête Berger ».

Le sous-fonds de l’EPVM contient trois grands groupes de documents au niveau de la série : les transcriptions des séances et des témoignages (numérisés), les pièces justificatives présentées lors de l’enquête (numérisées) et les dossiers de travail et d’administration (non numérisés).

Chaque document peut contenir un lien électronique vers un instrument de recherche connexe. Ce lien est fourni dans la section « Notice descriptive – Détails » sous « Instrument de recherche : Afficher les détails ».

1 – Transcriptions des séances et des témoignages – Référence : R216-3841-6-F, RG126

Remarque : Les raccourcis permettant de localiser les dossiers de « transcription d’audiences officielles » et de « transcription d’audiences tenues auprès des collectivités » à l’aide de l’outil Recherche dans la collection sont indiqués après la section 3 – Dossiers de travail et d’administration.

Pour les transcriptions des audiences officielles (référence R216-172-7-F, RG126, date : 1974-1976, numérisées) :

La sous-série comprend 217 dossiers de transcription numérisés, identifiés par leur numéro et leur emplacement. La majorité des audiences officielles se sont tenues à Yellowknife et les autres à Inuvik (Territoires du Nord-Ouest), Whitehorse (Yukon) ou Ottawa (Ontario).

L’instrument de recherche 126-5 est une liste vérifiée des transcriptions d’audiences officielles indiquant le numéro de la transcription, le titre du dossier (le lieu), la date et le numéro de volume permanent.

Pour les transcriptions des audiences tenues auprès des collectivités (référence R216-169-7-F, RG126, date : 1975-1976, numérisées) :

La sous-série comprend 77 dossiers de transcription numérisés. Les transcriptions sont identifiées par leur numéro et leur emplacement. Les numéros de transcription des audiences tenues auprès des collectivités sont précédés de la lettre « C ».

L’instrument de recherche 126-8 est une liste vérifiée des transcriptions des audiences tenues auprès des collectivités, qui comprend le numéro de la transcription, le titre du dossier (le lieu), la partie, la date et le numéro de volume permanent.

L’instrument de recherche 126-3, aux pages 111 à 120, est une liste des témoins lors des audiences de l’enquête tenues auprès des collectivités, qui comprend les numéros de transcription. Pour trouver une des transcriptions de ces audiences, ajoutez la lettre « C » devant le numéro. Par exemple, pour trouver un texte sur « Antoine Abalon », entrez les termes de recherche « Mackenzie C-18 ». Le résultat est Transcription numéro C18 – Fort Good Hope, T.N.-O. Faites défiler la liste des noms jusqu’à Antoine Abalon, p. 1795.

2 – Pièces justificatives présentées lors de l’enquête – Référence : R216-3840-4-F, RG126. Date : 1972-1977

La sous-série pièces justificatives présentées lors des audiences tenues auprès des collectivités (référence R216-168-5-F, RG126, date : 1975-1976) comprend 700 dossiers numérisés. Les pièces sont identifiées par la mention « Submission » suivie d’un numéro avec le préfixe « C » (par exemple, Submission C585). La sous-série contient 627 dossiers numérisés. Les 73 autres dossiers qu’elle contient n’ont pas été numérisés, soit parce qu’ils étaient vides ou pour des raisons de droits d’auteur.

La sous-série pièces justificatives présentées lors des audiences tenues à Vancouver (référence R216-173-9-F, RG126, date : 1976, non numérisée) comprend des pièces justificatives présentées lors des audiences de l’EPVM à Vancouver, qui ont eu lieu en mai et juin 1976. Les numéros CV1 et CV22 indiquent chacun une pièce justificative présentée lors des audiences tenues auprès des collectivités avec une description, le nom de la personne qui l’a présentée et la date. Des audiences ont également eu lieu dans neuf autres centres du sud du Canada (RG126, Vol. 9).

La sous-série pièces justificatives présentées lors des audiences officielles (référence R216-171-5-F, RG126, date : 1975-1977) comprend 906 pièces justificatives et n’est pas numérisée.

Les documents supplémentaires sur l’EPVM qui ne sont pas inclus dans les trois grands groupes décrits ci-dessus sont les suivants :

Pour les documents photographiques, recherchez « Exhibits presented to the Mackenzie Valley Pipeline Inquiry » (référence : RG126, R216, 1978-115 NPC, numéro de boîte : 3929, date 1974-1975). L’acquisition comprend 165 photographies en noir et blanc et 819 photographies couleur. Elles ne sont pas numérisées. L’acquisition se compose de photographies illustrant la planification et la réalisation du pipeline de la vallée du Mackenzie qui ont été soumises comme pièces justificatives dans le cadre de l’enquête. Les sujets abordés sont, entre autres, l’état des terres, le terrain, la faune, la construction, les perturbations de la toundra, les forêts, les formations géologiques, l’île d’Ellesmere, les caribous empêtrés dans des câbles, l’île Banks, les rapports sismiques, l’habitat du bœuf musqué et les risques environnementaux liés au gazoduc.

Pour les cartes, recherchez « Exhibits by special interest and northern community groups to the Mackenzie Valley Pipeline Inquiry » (référence : RG126M 78903/14, 78903/14 CA, date : 1972-1976). L’acquisition n’est pas numérisée. L’acquisition se compose de documents cartographiques qui ont été présentés par des groupes d’intérêt et des communautés du Nord en tant que pièces justificatives dans le cadre de l’EPVM. Elle comprend des détails techniques relatifs à la construction du pipeline, des cartes d’évaluation des répercussions sur l’environnement et des séries de cartes d’utilisation des sols. L’acquisition comprend également des cartes montrant les corridors des gazoducs et les tracés actuels des gazoducs proposés par la Canadian Arctic Gas Pipeline Ltd. et Foothills Pipeline Ltd.

3 – Dossiers de travail et d’administration – Référence : R216-174-0-F, RG126. Vol. 72. Date : 1970-1977

La série comprend des enregistrements textuels, des enregistrements sonores et des images en mouvement. Elle n’est pas numérisée. La série comprend de la correspondance avec le public, les participants et les membres du personnel sur tous les aspects du travail de l’enquête; des dossiers sur les arrangements administratifs concernant le fonctionnement de l’enquête; des mémorandums du juge Thomas Berger à l’intention des diverses parties; des discours prononcés par Thomas Berger; des éditions française et anglaise des rapports finaux; des calendriers des événements; des résumés des procédures; des index; des affiches et des listes de documents. La série comprend six descriptions de niveau inférieur : Committee for Original People’s Entitlement, Correspondence – General, Canadian Broadcasting Corporation, Canadian Arctic Gas Pipelines LTD, Canadian Arctic Resources Committee – Northern Assessment Group et Canadian Arctic Resources Committee.

Naviguer dans les documents à l’aide de raccourcis

Les méthodes de recherche proposées ici ne sont pas conventionnelles. Elles sont adaptées à la manière dont les données ont été entrées dans le système pour faciliter le travail des chercheurs. Elles sont donc limitées à cet usage spécifique et ne peuvent pas être appliquées à l’ensemble de la base de données.

Raccourcis pour trouver les transcriptions des audiences tenues auprès des collectivités :

Pour chercher une transcription par lieu

Si vous connaissez le lieu de l’audience tenue auprès des collectivités, entrez les termes de recherche « Mackenzie transcripts [emplacement] » dans l’outil Recherche dans la collection (filtre : dans Archives). Veuillez prendre note que « transcripts » doit être au pluriel. Par exemple, « Mackenzie transcripts Aklavik ».

Les résultats comprendront toutes les transcriptions des audiences qui ont eu lieu à cet endroit.

Par exemple, avec la recherche « Mackenzie transcripts Aklavik », on obtient les résultats suivants : Transcript Number C40 – Aklavik, NWT, Transcript Number C3 – Aklavik, NWT et Transcript Number C1 – Aklavik, NWT.

Pour chercher une transcription par date

Entrez les termes de recherche « transcript JJ-MOIS-AAAA » dans l’outil Recherche dans la collection (filtre : dans Archives).

Remarque : La date doit être saisie dans cet ordre et le mois doit absolument être écrit en lettres. Par exemple, « transcript 5 August 1975 ».

Le résultat obtenu est le suivant : Transcript Number C-18 – Fort Good Hope, NWT.

Pour connaître la date d’une audience tenue auprès des collectivités

Entrez les termes de recherche « community hearings transcript » dans l’outil Recherche dans la collection (filtre : dans Archives).

Allez ensuite à « Notice descriptive – Détails ». Cliquez sur « Instrument de recherche : Afficher les détails ».

L’instrument de recherche 126-8 est une liste vérifiée des transcriptions des audiences tenues auprès des collectivités, qui comprend le numéro de la transcription, le titre du dossier (le lieu), la partie, la date et le numéro de volume permanent.

Pour chercher une transcription à l’aide du numéro de transcription

Entrez les termes de recherche « Mackenzie C-numéro » dans l’outil Recherche dans la collection (filtre : dans Archives). Par exemple, « Mackenzie C-18 » (avec ou sans trait d’union).

Le résultat obtenu est le suivant : Transcript Number C18 – Fort Good Hope, NWT.

Pour chercher l’enregistrement sonore d’une audience particulière

Entrez les termes de recherche « Date [AAAA-MM-JJ] Mackenzie » dans l’outil Recherche dans la collection (filtre : dans Archives).

Remarque : La date numérique doit être saisie dans cet ordre.

Il faut accéder à l’enregistrement sonore sur place à BAC.

Raccourcis pour trouver les transcriptions d’audiences officielles :

Pour connaître la date d’une audience officielle

Entrez les termes de recherche « community hearings transcript » dans l’outil Recherche dans la collection (filtre : dans Archives).

Allez à « Notice descriptive – Détails ». Cliquez sur « Instrument de recherche : Afficher les détails ».

L’instrument de recherche 126-5 est une liste vérifiée des transcriptions d’audiences officielles, qui comprend le numéro de transcription, le titre du dossier (le lieu), la partie, la date et le numéro de volume permanent.

Pour chercher une transcription par date

Entrez les termes de recherche « transcription JJ MOIS AA » dans l’outil Recherche dans la collection (filtre : dans Archives).

Remarque : La date doit être saisie dans cet ordre et le mois doit absolument être écrit en lettres. Par exemple, « transcription 8 April 1975 ».

Le résultat obtenu est le suivant : Transcript Number 25 – Yellowknife, NWT.

Pour chercher une transcription à l’aide du numéro de transcription

Entrez les termes de recherche « transcript numéro » dans l’outil Recherche dans la collection (filtre : dans Archives). Par exemple, « Transcript 35 ».

Le résultat obtenu est le suivant : Transcript Number 35 – Yellowknife, NWT.

Lettre manuscrite de trois paragraphes, écrite en cursive à l’encre bleue, par Mme Annie George à M. Berger, datée de juillet 1975. Elle écrit [TRADUCTION] : « M. Berger, je suis maintenant âgée et il n’y a personne de plus âgé que moi à Fort McPherson. Les animaux qui s’occupent de leurs petits dans leur tanière ou leur nid sont comme moi, qui m’occupe de mes enfants et petits-enfants. J’ai peur pour mes proches lorsque j’entends parler du passage du pipeline. Je prie Dieu tous les jours pour que le pipeline ne passe pas. » Estampillé : Enquête sur la vallée du Mackenzie, pièce C46, le 10 juillet 1975, Mme Annie George, présentée par : (illisible).

Pièce justificative C46, RG126, volume numéro : 3. Lettre de Mme Annie George, Aînée, à M. Berger, commissaire de l’EVPM. Date : juillet 1975. Pièce justificative présentée dans le cadre de l’enquête lors des auditions tenues auprès des collectivités (e011407938).

Ressources complémentaires


Elizabeth Kawenaa Montour est archiviste à la Division des archives gouvernementales de la Direction générale des documents gouvernementaux de Bibliothèque et Archives Canada.

Cinquante ans après l’Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie : écouter les voix (partie 2)

English version

Par Elizabeth Kawenaa Montour

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certains pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

L’Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie (EPVM), également appelée commission Berger, est ouverte il y a cinquante ans, en 1974, par le gouvernement du Canada. Elle consiste à faire enquête sur les répercussions possibles du pipeline et à présenter des conclusions, pour orienter la prise de mesures appropriées. Le rapport final (volume un et volume deux) est publié en 1977. Bibliothèque et Archives Canada (BAC) conserve la collection des documents originaux de l’enquête, qui sont gérés par la Division des archives gouvernementales.

Voici le deuxième de trois billets de blogue sur l’EPVM. Il met en lumière deux personnes qui ont joué un rôle central dans l’exécution rigoureuse du processus d’enquête, et propose des méthodes supplémentaires pour trouver des documents sur l’enquête.

La première partie décrivait les populations et les terres du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest touchées par le projet de pipeline de la vallée du Mackenzie, et les événements qui ont conduit le gouvernement du Canada à réclamer une enquête. La troisième et dernière partie présentera des techniques de recherche approfondies permettant de trouver des documents sur l’EPVM.

Le commissaire Thomas R. Berger et l’interprète et animateur inuit Abraham Okpik

L’enquête chargée d’étudier les incidences environnementales et socioéconomiques potentielles du projet de pipeline est menée par le juge Thomas R. Berger. Ancien juge de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, il possède une expérience juridique des questions relatives aux Premières Nations. Il vient de représenter les Nisga’a dans Calder et al. c. Procureur général de la Colombie-Britannique, [1973] R.C.S. 313. Cette affaire conduit à l’arrêt Calder de 1973 de la Cour suprême du Canada, qui reconnaît que les titres ancestraux sur des terres existaient avant la colonisation et que ceux des Nisga’a n’ont jamais été abolis.

Abraham « Abe » Okpik, né dans le delta du fleuve Mackenzie, sert d’interprète pendant l’enquête, en 1974. Il agit également à titre de représentant linguistique auprès de la CBC (le pendant anglophone de la Société Radio-Canada) pour qu’elle puisse rendre compte des audiences de l’enquête. Grâce aux compétences linguistiques et à l’expérience de vie de M. Okpik, la commission d’enquête arrive à établir une communication avec les différentes communautés de l’Arctique et à favoriser la compréhension.

En 1965, M. Okpik est le premier Inuit à siéger au Conseil des Territoires du Nord-Ouest. À l’époque, son nom de famille légal est « W3-554 », car le gouvernement du Canada identifie les résidents du Nord par des numéros de disque. M. Okpik finit par choisir son nouveau nom de famille et est chargé de diriger le projet « Noms de famille » en 1970. Il se rend alors dans des campements et des communautés inuit du nord du Québec et des Territoires du Nord-Ouest pour enregistrer les noms de famille qui remplaceront les numéros d’identification. En 1976, M. Okpik est nommé membre de l’Ordre du Canada en reconnaissance de sa contribution à la préservation du mode de vie inuit et de son travail dans le cadre de la commission Berger.

Photographie en couleur d’Abe Okpik, debout à l’intérieur, et vêtu d’un parka inuit noir avec broderie florale rouge, jaune et vert sur un empiècement blanc avec frange rouge. Il porte des gants noirs en fourrure.

Abe Okpik, 1962 (e011212361).

Conclusions de la commission Berger

Le commissaire Berger résume ses réflexions dans son article de novembre 1978 sur l’EPVM (en anglais), qui inclut des commentaires sur l’industrialisation, le gaspillage énergétique, la création de parcs naturels et de sanctuaires pour les baleines, et la nécessité pour l’humanité de réfléchir à l’exploitation des ressources. Il reconnaît que le Nord constitue la dernière frontière et que ses territoires vierges et inhabités constituent un habitat essentiel pour de nombreuses créatures et leur survie. Il explique que son rapport sur l’EPVM fait état de deux ensembles d’attitudes et de valeurs contradictoires : « le pouvoir croissant des innovations techniques, l’exploitation des ressources naturelles et les répercussions des transformations rapides », opposés à « l’intensification de la conscience écologique et une préoccupation grandissante pour la nature sauvage, les ressources fauniques et la législation environnementale » (traduction).

L’enquête conclut qu’un pipeline longeant la vallée du Mackenzie jusqu’à l’Alberta est réalisable, mais qu’il faut d’abord mener une étude plus approfondie et régler les revendications territoriales autochtones. Par conséquent, un moratoire de dix ans est décrété sur la construction.

Des voix s’élèvent pour défendre la terre et la vie

La commission Berger adopte une approche des plus avant-gardistes en consultant directement la population, notamment en invitant les communautés touchées par le projet à participer à des audiences. Elles comprennent que le pipeline apportera des changements et perturbera leur relation avec les animaux et la terre. Elles parlent de leur mode de vie et des connaissances qui leur ont été transmises. Les enregistrements audio de ces témoignages oraux ont une valeur culturelle inestimable. Les connaissances de l’époque sont préservées et mises à la disposition des générations futures.

Photographie en noir et blanc d’un troupeau de caribous se déplaçant sur une rivière gelée dans un paysage enneigé.

Des caribous visés par le projet canadien sur les caribous traversent le fleuve Mackenzie, 1936 (a135777).

Fred Betsina, un Déné de 35 ans du village de Detah, dans les Territoires du Nord-Ouest, explique lors de l’audience tenue dans la communauté de Detah pourquoi il s’oppose à la construction d’un pipeline. Il sait, pour avoir piégé et chassé le caribou, que ce dernier est incapable de sauter par-dessus un conduit de 48 pouces, car il ne peut sauter plus haut que 12 pouces, et qu’il doit donc contourner tout obstacle lui barrant la route. Il dit souhaiter que les revendications territoriales soient réglées avant la construction d’un pipeline. En conclusion, il dit ceci : « … nous, les Indiens. Nous n’avons pas d’argent à la banque… Notre argent à la banque, c’est ce qu’on tire de la nature… C’est là que nous trouvons notre viande, et le poisson, c’est notre argent… c’est ce qu’on appelle une banque ici… » Il défend la faune, son peuple et les besoins de sa famille.

Le rassemblement de personnes issues de communautés éloignées les unes des autres permet également de nouer de nouvelles amitiés et de renforcer les alliances. La commission Berger offre un espace de discussion informelle sur des sujets économiques et politiques.

Découvrir le matériel de la collection de l’EPVM

Les documents de l’EPVM ont été transférés aux archives publiques du Canada en février 1978. Tous les documents de l’EPVM sont accessibles au public à des fins de recherche, mais ils ne sont pas tous disponibles sous forme numérique.

Capture d’écran de la page d’information sur les documents – Recherche dans la collection montrant trois barres horizontales foncées contenant du texte : Notice descriptive – Brève, Notice descriptive – Détails et Pour réserver ou commander des documents.

Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie (supports multiples) R216-165-X-F, RG126. Date : 1970-1977 (MIKAN 799).

Autres sources et conseils pour la recherche de documents

Voici des conseils pratiques pour trouver des documents sur l’EPVM avec l’outil Recherche dans la collection.

La page d’information sur les documents Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie (référence : R216-165-X-F, RG126) comporte trois sections : Note descriptive – Brève, Note descriptive – Détails et Pour réserver ou commander des documents.

Si vous ouvrez la deuxième section (Note descriptive – Détails), vous trouverez un lien intitulé « Voir description(s) de niveau inférieur ». En cliquant sur ce lien, vous ouvrirez les trois principales séries de documents : Transcriptions des séances et des témoignages, Pièces justificatives présentées lors de l’enquête et Dossiers de travail et d’administration

En ouvrant l’une des trois séries de documents ci-dessus, vous accéderez à la page d’information sur les documents de la série en question. Pour consulter les notices de niveau inférieur de chaque série, ouvrez la section « Notice descriptive – Détails » et cliquez sur le lien « Voir description(s) de niveau inférieur ».

Dans le document Transcriptions des séances et des témoignages (R216-3841-6-F, RG126), vous trouverez deux descriptions de niveau inférieur :

Dans le document Pièces justificatives présentées lors de l’enquête (R216-3840-4-F, RG126), vous trouverez quatre descriptions de niveau inférieur :

Dans le document Dossiers de travail et d’administration (R216-174-0-F, RG126), vous trouverez six descriptions de niveau inférieur :

* Veuillez noter que certains documents de l’EPVM ne sont pas disponibles en ligne sous forme numérique. Les dossiers de l’EPVM qui ne sont pas accessibles numériquement en ligne doivent être demandés et consultés sur place à BAC. Dans le cas d’un document accessible numériquement, l’image numérisée du document s’affiche en haut de la page d’information connexe.

La troisième partie de cette série proposera des stratégies précises sur la recherche de documents.


Elizabeth Kawenaa Montour est archiviste à la Division des archives gouvernementales de la Direction générale des documents gouvernementaux de Bibliothèque et Archives Canada.

Cinquante ans après l’Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie : répercussions environnementales dans le nord-ouest (partie 1)

English version

Par Elizabeth Kawenaa Montour

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certains pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

L’Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie (EPVM), également appelée commission Berger, est ouverte il y a cinquante ans, en 1974, par le gouvernement du Canada. Elle consiste à faire enquête et à présenter des conclusions, pour orienter la prise de mesures appropriées. Le rapport final (volume un et volume deux) est publié en 1977. Bibliothèque et Archives Canada (BAC) conserve la collection des documents originaux de l’enquête, qui sont gérés par la Division des archives gouvernementales.

Voici le premier de trois billets de blogue. Il porte sur les événements qui ont précédé l’enquête et sur les secteurs touchés par le projet proposé. La deuxième partie sera consacrée aux personnes qui ont participé à l’enquête. La troisième précisera comment faire des recherches dans les documents de l’EPVM.

Machine Caterpillar avec système de levage et grappin soulevant un pipeline directement au-dessus du fossé où il sera déposé. Le fossé est bordé de neige. Plusieurs ouvriers se tiennent dans la neige et un autre est debout sur le grappin. Deux grands arbres, du côté gauche de l’image, ont des branches courtes sans feuilles.

Machine à enduire ou machine rubaneuse utilisée pour la pose d’un pipeline de 24 po dans un fossé, dans le cadre d’un projet de construction. Photographie présentée comme élément de preuve pendant l’Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie par G. L. Williams, les 21 et 22 avril 1975 (MIKAN 3238077).

Le fleuve Mackenzie est appelé « Dehcho » (grande rivière) par les Slavey (Dénés), « Kuukpak » (grand fleuve) par les Inuvialuit et « Nagwichoonjik » (fleuve traversant un grand pays) par les Gwich’in (Dénés). Le nom colonial « Mackenzie » a été donné au fleuve à la suite de la visite de l’explorateur Alexander Mackenzie dans la région en 1789.

Le fleuve Mackenzie serpente à travers les Territoires du Nord-Ouest vers le nord-ouest, jusqu’au delta du Mackenzie. À mi-chemin, d’immenses falaises de calcaire, connues sous le nom de Fee Yee (The Ramparts ou « les remparts »), se dressent sur le bord du fleuve Mackenzie. Le cours d’eau poursuit sa course jusqu’à la baie Mackenzie, la mer de Beaufort et l’océan Arctique. La chaîne des monts Mackenzie, prolongement septentrional des montagnes Rocheuses, s’étend de l’ouest du fleuve, dans les Territoires du Nord-Ouest, jusqu’au Yukon.

Photographie en noir et blanc de falaises aux parois verticales abruptes sur la rive droite d’un fleuve. La couche supérieure des falaises abrite des arbres et de la végétation. Sur le côté gauche et plus loin à l’horizon se trouve un élément géologique similaire. Le fleuve coule entre les deux.

Fee Yee (les remparts), fleuve Mackenzie. Titre original : The Ramparts, Mackenzie River (e011368927).

Traité no 11

Bien avant l’arrivée des visiteurs coloniaux, les Dénés avaient déjà donné le nom « Le Gohlini » (là où se trouve le pétrole) à l’endroit où se dresserait la ville de Norman Wells. On utilisait d’ailleurs du goudron fabriqué à partir de petites quantités de pétrole provenant de suintements pour imperméabiliser les canots. S’appuyant sur les connaissances des Dénés concernant les suintements de pétrole, la société Imperial Oil a mené un programme de forage en 1919 et 1920. En 1920, du pétrole a été découvert dans la région de Tutil’a (là où les rivières se rencontrent, en déné du Sahtu; Fort Norman, en anglais), et la construction d’une petite raffinerie de pétrole a suivi. Ces activités ont conduit à la signature du Traité no 11 en 1921 et 1922 par la Couronne et les représentants des peuples Tłı̨chǫ, Gwich’in, du Dehcho et du Sahtu. La zone visée couvre 950 000 km2 dans le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut d’aujourd’hui. L’interprétation du Traité no 11 par le gouvernement du Canada a permis à la Couronne d’obtenir la propriété de ces terres, alors que les Dénés considéraient le traité comme un accord de paix et d’amitié.

Quatre photographies gélatino-argentiques en noir et blanc montées sur une feuille de papier, dont trois montrent des bateaux sur une rivière et des scènes de rivage, et une montre des réservoirs de stockage de pétrole brut sur la rive.

Le navire à vapeur Mackenzie River à Norman Wells, le navire à vapeur Distributor en voie d’être chargé de barils d’essence, le cargo à moteur Radium King à Norman Wells, et les réservoirs de la société Imperial Oil Ltd. à Norman Wells, Territoires du Nord-Ouest. Date : 1938 (e010864522).

En 1968, une grève massive des travailleurs du pétrole à Prudhoe Bay, en Alaska, incite les investisseurs du secteur de l’énergie à élaborer des propositions pour acheminer le pétrole et le gaz naturel vers les marchés du sud, aux États-Unis et au Canada. La même année, le groupe de travail sur l’exploitation du pétrole dans le Nord est créé. Viennent ensuite les lignes directrices sur les pipelines dans le Nord, la politique officielle du gouvernement fédéral, élaborées en 1970 et élargies en 1972.

Une proposition d’Arctic Gas prévoit la construction d’un pipeline qui partirait de Prudhoe Bay, en Alaska, sur la mer de Beaufort, traverserait le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et l’Alberta, et permettrait le transport de ressources gazières supplémentaires rajoutées en chemin jusqu’aux États-Unis.

Carte en couleurs des caractéristiques physiques des terres et des eaux comportant les noms des provinces, des territoires et des États américains. Les noms des compagnies pipelinières sont inscrits et les sections de pipeline qui leur sont affiliées sont indiquées par des lignes pleines ou des lignes noires discontinues.

Tracé proposé du pipeline de la vallée du Mackenzie. Carte incluse dans le document suivant : Le Nord : terre lointaine, terre ancestrale : rapport de l’Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie : vol. I / M. le juge Thomas R. Berger, 1977. Publication avec carte.
Bibliothèque et Archives Canada/OCLC 1032858257, p. 6

La planification et la construction de l’infrastructure nécessaire pour soutenir et construire le pipeline constituent une entreprise complexe, tout comme la détermination des effets du pipeline sur l’environnement, la faune et la flore et les habitants de la région. On prévoit également que le pipeline entraînera un développement industriel d’une ampleur inconnue. En conséquence, le pipeline de la vallée du Mackenzie ne sera jamais construit, même si de nouveaux projets auront été proposés en lieu et place.

Découvrir les documents numérisés de la collection sur l’EPVM

Les documents sur l’EPVM ont été transférés aux archives publiques du Canada en février 1978. Ils sont tous accessibles au public à des fins de recherche, mais certains ne sont pas numérisés. La recherche peut aussi s’effectuer à partir des mots-clés « commission Berger » ou « enquête Berger ».

Pour vous familiariser avec l’outil Recherche dans la collection et chercher des documents sur l’EPVM, suivez le lien suivant :

La collection sur l’EPVM comprend les transcriptions numérisées suivantes :


Elizabeth Kawenaa Montour est archiviste à la Division des archives gouvernementales de la Direction générale des documents gouvernementaux de Bibliothèque et Archives Canada.

La dernière charge de cavalerie canadienne

English version

Par Ethan M. Coudenys

Près du bois de Moreuil, les mitrailleuses crachent le feu et les obus s’abattent sur le champ de bataille, enterrant les hennissements des chevaux. C’est la dernière charge de cavalerie de la Grande Guerre sur le front occidental. Les défenses ennemies étant enfoncées, le feld-maréchal Douglas Haig demande à la brigade de cavalerie canadienne (plus précisément au Lord Strathcona’s Horse) de s’introduire dans la brèche et de pénétrer plus profondément dans le territoire contrôlé par les Allemands. Cette attaque désastreuse est la dernière charge de cavalerie de l’histoire militaire canadienne.

Deux rangs de chevaux de la brigade de cavalerie canadienne chargent l’ennemi.

Sir Alfred Munnings
La charge de l’escadron de Flowerdew
MCG 19710261-0443
Collection Beaverbrook d’art militaire
Musée canadien de la guerre

L’attaque a lieu le 30 mars 1918, au milieu d’une campagne de 100 jours pendant laquelle les Alliés réalisent des avancées considérables dans le territoire contrôlé par les Allemands, sur le front occidental. C’est le début de la phase finale de la Première Guerre mondiale. Au bois de Moreuil, les généraux estiment que l’infanterie et l’artillerie ont brisé la ligne de défense allemande. Pour la première fois depuis 1914, la brigade de cavalerie canadienne se lance à l’assaut.

Entre janvier 1915 et le début de 1918, les cavaliers assument pratiquement le rôle de soldats d’infanterie. Ils travaillent dans les mêmes tranchées et adoptent les mêmes tactiques défensives et offensives. Ils doivent néanmoins transporter le matériel de cavaliers en tout temps : harnachement, provisions pour leur monture et pour eux-mêmes; munitions; etc. Pourtant, ils n’ont pas droit au même sac à dos que les troupes d’infanterie. Leur sacoche de selle peut transporter une partie du matériel lourd, mais elle ne suffit pas pour transporter la totalité de l’équipement.

Groupe de soldats à cheval.

Le Lord Strathcona’s Horse en déplacement derrière le front, en 1916 (a000119).

Après les premiers mois du conflit, la cavalerie disparaît presque du front de l’Ouest. Toutefois, les planificateurs des offensives alliées ne perdent pas confiance en elle pour autant. En Grande-Bretagne, l’état-major général de la planification (General Planning Staff) est composé en grande partie d’officiers de cavalerie, comme Douglas Haig. Cette force est donc jugée essentielle pour vaincre l’Empire allemand. Elle est cependant rarement utilisée comme une véritable troupe de cavalerie, et la dernière charge au bois de Moreuil prouve une fois pour toutes que sa valeur stratégique est extrêmement limitée dans le contexte d’une guerre moderne.

Lors de ce jour fatidique, le lieutenant Gordon Muriel Flowerdew mène deux charges contre les positions défensives allemandes avec la compagnie C du groupe de cavalerie Lord Strathcona’s Horse. Ses hommes sont accueillis par 300 soldats d’infanterie allemands retranchés. À l’aide de la terrifiante mitrailleuse lourde MG-08 et de la nouvelle mitrailleuse légère, les défenseurs fauchent la cavalerie en quelques minutes. Le seul cavalier survivant se rappelle avoir entendu le lieutenant Flowerdew crier : « It’s a charge, boys! It’s a charge! » (À l’attaque, les gars! À l’attaque!) L’escadron atteint les troupes allemandes au triple galop, sans toutefois parvenir à prendre la position.

Pour son héroïsme, Flowerdew reçoit à titre posthume la Croix de Victoria, la plus haute récompense du Commonwealth britannique pour un acte de bravoure. Son histoire connaît cependant une triste fin puisqu’un seul homme de son escadron échappe à la mort.

De nos jours, un petit monument installé au bois de Moreuil commémore le sacrifice consenti par la compagnie C du Lord Strathcona’s Horse. Les restes des cavaliers canadiens, de leurs montures et de soldats allemands jonchent le champ de bataille. C’est la dernière charge de la brigade de cavalerie canadienne. Après la Deuxième Guerre mondiale, celle-ci se transforme en grande partie en corps blindé et motorisé. Quelques cavaliers se voient attribuer des rôles protocolaires au sein de l’Armée royale canadienne.

Malheureusement, aucun photographe n’a pu immortaliser cette dernière charge. Par contre, un célèbre peintre britannique, sir Alfred Munnings, a peint dans les années 1920 un tableau à l’huile qui est aujourd’hui conservé au Musée canadien de la guerre.

Autres ressources


Ethan M. Coudenys est conseiller en généalogie à Bibliothèque et Archives Canada.

Soldats autochtones de la Première Guerre mondiale : à la recherche d’anciens combattants oubliés

À la gauche de l’image, Tatânga Mânî (le chef Walking Buffalo, aussi appelé George McLean) est à cheval dans une tenue cérémonielle traditionnelle. Au centre, Iggi et une fillette font un kunik, une salutation traditionnelle dans la culture inuite. À droite, le guide métis Maxime Marion se tient debout, un fusil à la main. À l’arrière-plan, on aperçoit une carte du Haut et du Bas-Canada et du texte provenant de la collection de la colonie de la Rivière-rouge.Par Ethan M. Coudenys

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certaines personnes pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

Pour de nombreux chercheurs autochtones, dont je fais partie, il est essentiel de comprendre le point de vue des premiers habitants du territoire sur la Première Guerre mondiale. Il faut parfois chercher des heures et des heures pour savoir si un ancien combattant de la Grande Guerre était bel et bien autochtone. Nous avons d’excellentes ressources sur quelques militaires bien connus des Premières Nations, des Inuit et de la Nation Métisse, mais ce domaine de la recherche historique cache encore bien des mystères.

Le présent blogue ne vise pas à raconter l’histoire générale des Autochtones qui ont servi pendant la Première Guerre mondiale. Je ne tenterai pas non plus de synthétiser l’expérience de ces militaires dans un seul billet de blogue. Je vais plutôt raconter les histoires de deux personnes fort différentes et présenter des méthodes de recherche pour trouver de l’information sur les Autochtones qui ont servi pendant la Grande Guerre.

L’histoire de John Shiwak

Deux photos du même homme assis en uniforme militaire.

John Shiwak du Royal Newfoundland Regiment, no 1735. The Rooms, Item E 29-45.

John Shiwak est né en 1889 à Rigolet, au Labrador. Membre d’une communauté inuite, il est un chasseur-trappeur expérimenté lorsqu’il se joint au First Newfoundland Regiment (qui deviendra le Royal Newfoundland Regiment) le 24 juillet 1915. Il est encore à l’entraînement lorsque le régiment sort de la tranchée Saint John’s Road à Beaumont-Hamel, le 1er juillet 1916, pour lancer la bataille de la Somme. Quand Shiwak rejoint le régiment en France trois semaines plus tard, le 24 juillet, il constate, comme bien d’autres, à quel point le régiment a été ravagé pendant les 45 minutes de son combat sur la Somme. En avril 1917, Shiwak est promu au grade de caporal suppléant. Malheureusement, en novembre, soit moins d’un an avant la fin des combats, John Shiwak est atteint par un obus pendant la bataille de Masnières (dans le cadre de la première bataille de Cambrai). Il y trouve la mort avec six compagnons de son unité.

Groupe de cinq hommes assis ou debout.

Membres de la Légion des pionniers (avant 1915); John Shiwak est debout à gauche. The Rooms, Item IGA 10-25.

De telles histoires sont courantes pendant la Première Guerre mondiale. L’homme inuk a été tué dans l’exercice de ses fonctions, au milieu de ses frères d’armes. Ce qui ajoute à la tristesse de la tragédie, c’est que le lieu de sépulture de ces sept courageux hommes n’a jamais été retrouvé. Une hypothèse veut qu’une école ait été construite alors que l’on ignorait la présence des corps de sept soldats de la Grande Guerre à cet endroit. Cependant, comme tous les hommes tués dont le lieu de sépulture demeure inconnu, Shiwak ne tombera pas dans l’oubli. Son nom restera à jamais gravé sur les plaques de bronze au Mémorial terre-neuvien à Beaumont-Hamel, en France, et sur un monument semblable à St. John’s, à Terre-Neuve-et-Labrador.

L’histoire d’Angus Edwardson

Le soldat Angus Edwardson m’intéresse particulièrement, car il est mon arrière-arrière-grand-père. Il a combattu à Passchendaele. Il est né en 1894 à Lac-Barrière, environ 300 kilomètres au nord-ouest d’Ottawa, dans une communauté nordique en grande partie algonquine anishinaabe. Selon son formulaire d’enrôlement, Edwardson et sa famille vivaient à Oskélanéo, au Québec. Pendant très longtemps, notre famille ignorait qu’il était Autochtone et ne connaissait pas les détails de son séjour dans les tranchées.

Heureusement, mon domaine de travail m’amène à faire des découvertes extrêmement intéressantes. Le recensement de 1921 m’a appris qu’il était un ancien soldat. J’ai ensuite pu trouver ses feuilles d’engagement.

L’histoire d’Edwardson n’est pas aussi remarquable que celle de Shiwak, mais elle donne une idée des difficultés que doivent surmonter les chercheurs qui s’intéressent à des Autochtones ayant fait partie du Corps expéditionnaire canadien (CEC) ou des Forces armées britanniques en général.

Feuilles d’engagement d’Angus Edwardson, sur deux pages.

Feuilles d’engagement d’Angus Edwardson (matricule 1090307).

Selon l’agent de recrutement qui remplit les feuilles d’engagement, Edwardson a le teint pâle, les yeux bleus et les cheveux foncés, une description qui ne correspond pas à l’idée qu’on se fait généralement d’un Autochtone. Il ne dit pas non plus qu’Edwardson fait partie des Premières Nations en écrivant le mot « Indien », fréquemment employé à l’époque, dans la section réservée aux marques distinctives, aux particularités congénitales et aux signes d’anciennes maladies.

Son dossier nous apprend qu’Edwardson est membre du 253e bataillon d’infanterie (Université Queen’s), mais qu’il sert dans plusieurs bataillons et régiments pendant son passage au front. Le 28 août 1918, alors membre du 213e Bataillon, il est blessé à la main gauche par une balle.

Difficultés pour les chercheurs

Comme je l’ai mentionné, ne pas savoir si un membre du CEC est Autochtone constitue un sérieux obstacle pour les chercheurs. Les dossiers d’engagement demeurent parfois entièrement muets à ce sujet. C’est même très courant pendant les dernières années de la Première Guerre mondiale. Aucun des deux hommes dont j’ai parlé n’est désigné comme un « Indien » sur son formulaire d’engagement. Nous devons donc nous fier à d’autres sources pour savoir s’ils étaient bien Autochtones.

Les recensements, souvent négligés, constituent la première de ces sources. Ils procurent des renseignements essentiels sur les personnes recherchées. Et les renseignements personnels améliorent considérablement les chances de réussite lorsqu’on cherche des Autochtones ayant fait partie du CEC ou du Royal Newfoundland Regiment. J’ai découvert qu’Edwardson était Autochtone parce qu’il est inscrit comme tel dans le recensement de 1921. Dans le cas de Shiwak, j’ai dû suivre un tout autre chemin, parsemé d’embûches. J’ai fini par trouver ses origines ethniques dans les mémoires de Sydney Frost, un capitaine du Royal Newfoundland Regiment, intitulés A Blue Puttee at War. Il existe encore d’autres sources confirmant que Shiwak était Autochtone.

Liste de noms dans le recensement de 1921, avec le sexe, l’âge et l’origine de chacun.

Déclaration de recensement d’Angus Edwardson et de sa famille, 1921 (e003065155).

Les sources secondaires sur la Première Guerre mondiale sont innombrables. Il suffit de chercher le nom de Shiwak pour en trouver plusieurs. Mais quand il s’agit de membres autochtones du CEC moins connus, ce n’est pas si simple. L’excellent livre For King and Kanata: Canadian Indians and the First World War, par Timothy Winegard, explique comment nous pourrions améliorer nos techniques pour chercher des individus et des groupes autochtones au sein du CEC. L’auteur souligne implicitement le rôle des communautés, qui décidaient d’envoyer des hommes s’enrôler. Cependant, cette piste n’est pas facile à suivre. Ça vaut la peine de communiquer avec des sociétés de généalogie locales ou des communautés autochtones pour qu’elles nous aident à trouver des listes de noms. Elles peuvent aussi nous donner une petite idée du nombre d’hommes de cette communauté qui ont servi dans l’armée.

Les dernières sources d’information très utiles pour des recherches de cette nature sont ce qu’on appelait les « Registres des Indiens ». Ces archives dressent des listes de membres de nombreuses bandes. Il s’agit d’une excellente source si vos recherches portent sur une bande précise et si vous pouvez vous rendre dans les locaux de Bibliothèque et Archives Canada, à Ottawa. Par contre, la difficulté reste entière pour les chercheurs qui ne connaissent pas le nom de la bande et qui ignorent si le sujet est mort pendant la guerre. Chercher un Inuk ou un Métis est encore plus difficile, car très peu de sources primaires ont été produites durant les années qui ont immédiatement suivi la Grande Guerre. Il est parfois possible de trouver un Inuk ou un Métis ayant fait partie du CEC ou du Royal Newfoundland Regiment grâce à des sources secondaires, mais c’est un processus long et ardu.

Conclusion

Le caporal suppléant John Shiwak (Inuk) et le soldat Angus Edwardson (Premières Nations) ont tous deux combattu pendant la Première Guerre mondiale. Les deux exemples montrent les obstacles à surmonter pour trouver de l’information sur des Autochtones qui ont fait partie du CEC ou du Royal Newfoundland Regiment. Les multiples défis peuvent poser des difficultés considérables. Il existe néanmoins des ressources, comme les archives (notamment les recensements), les communautés autochtones locales et les sources propres à certains peuples autochtones conservées à Bibliothèque et Archives Canada. Ces solutions possibles ne permettent cependant pas de résoudre tous les problèmes pour les chercheurs qui s’intéressent aux Autochtones ayant participé à la Première Guerre mondiale.

Autres ressources


Ethan M. Coudenys est conseiller en généalogie à Bibliothèque et Archives Canada. Fier de ses origines innues, il est aussi le descendant d’une personne ayant survécu aux pensionnats autochtones.