Marion Meadmore, Mary Guilbault et Dorothy Betz : le leadership des femmes autochtones et le Mouvement des centres d’amitié

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Par Karyne Holmes

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique qui pourraient être considérés comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

En 1978, Marion Meadmore (née Ironquill) marque l’histoire : elle devient la première avocate autochtone admise au barreau au Canada. C’est le point culminant d’un héritage édifié depuis plus de deux décennies. En effet, Marion s’est déjà imposée comme une dirigeante de premier plan, grâce à son travail pour que les communautés autochtones en milieu urbain aient accès à du soutien et des services.

Marion est originaire de la Nation Peepeekisis, en Saskatchewan. Pendant sa jeunesse, elle fréquente un pensionnat pendant dix ans. Puis, au début des années 1950, elle s’installe à Winnipeg pour poursuivre ses études à l’Université du Manitoba. À l’époque, la ville ne compte aucune organisation destinée aux nouveaux résidents d’ascendance autochtone. C’est cette expérience qui incitera Marion à militer pour la création d’endroits où les populations autochtones peuvent se réunir et s’entraider. Elle devient alors une ardente défenseure à ce chapitre.

En 1954, elle s’associe à d’autres militants des Premières Nations et de la Nation métisse, dont Mary Guilbault, pour créer l’Urban Indian Association. Ce regroupement veut cerner et combler les besoins des Autochtones en milieu urbain. Ensemble, Marion et Mary ciblent les difficultés précises auxquelles la communauté est confrontée. Leurs principaux objectifs : aider les personnes à obtenir un logement, un emploi et des soins de santé, ainsi que leur offrir un lieu de rassemblement. Elles s’efforcent particulièrement d’aider les jeunes, nombreux à s’installer à Winnipeg à leur sortie des pensionnats.

L’Urban Indian Association a pour ambition de créer un lieu pouvant accueillir les personnes dans le besoin, et leur fournir de l’aide et de l’information. Pour y parvenir, elle organise notamment des collectes de fonds et rencontre divers organismes gouvernementaux afin d’obtenir leur soutien.

Quatre femmes discutent autour d’une table basse, tenant des stylos et du papier.

Membres du comité de planification de l’Indian and Métis Conference à Winnipeg. De gauche à droite : Marion Meadmore, Mme Ronald Robinson, Gladys Bear et Dorothy Betz, 1961. (e011052439)

En juin 1958, Marion et Mary participent à l’Indian and Métis Conference. Cette réunion, qui se tient tous les ans, est parrainée par le conseil de planification sociale (Welfare Planning Council) de Winnipeg. Mary y présente une motion visant à créer un centre d’aiguillage pour les populations autochtones à Winnipeg, afin de leur fournir orientation et conseils en matière d’emploi, de logement, d’éducation et de services communautaires. Une résolution est adoptée le jour même à cet effet, et on crée sans délai un comité de planification pour établir un tel centre.

L’année suivante, en 1959, l’Urban Indian Association atteint enfin son objectif : un premier Centre d’amitié pour les Autochtones et les Métis ouvre ses portes au 376, rue Donald. C’est l’Indian and Metis Friendship Centre. Parmi les personnes ayant le plus contribué à cette réussite figurent Marion et Mary, ainsi que Dorothy Betz. À l’époque, on estime à 5 000 le nombre d’Autochtones vivant à Winnipeg.

Mais qui est Dorothy Betz? Membre de la Première Nation de Pine Creek, Dorothy (née Nepinak) voit le jour en 1929. Orpheline de parents et de grands-parents dès l’enfance, elle passe 15 ans dans un pensionnat. En 1948, elle prend le train pour Winnipeg, en quête d’un emploi. Seule dans cette ville étrangère, elle arpente la rue Main, où on lui a dit qu’elle trouverait toujours « quelqu’un de la famille ». De fait, elle reconnaît deux cousins dans un café, qui accepteront de la loger.

Dorothy sait trop bien ce que l’on ressent quand une situation nous dépasse. Elle consacrera donc de nombreuses années à venir en aide à ses semblables. « Avant le Centre d’amitié, se souvient-elle, nous n’avions pas d’endroit à nous. Tout ce que nous avions, c’était la rue Main. Ce n’était pas fameux, loin de là! »

Sept femmes en train de discuter. Au-dessus d’elles se trouve une banderole soulignant le premier anniversaire de l’Indian and Metis Friendship Centre.

Célébration du premier anniversaire du Centre d’amitié pour les Autochtones et les Métis (Indian and Metis Friendship Centre). De gauche à droite : Harriet Mason, Marlene Brant, Ethel Blacksmith, Pauline Vanier, Dorothy MacKay, Mary Guilbault et Dorothy Betz (1960). (MIKAN 23956)

L’ouverture du Centre d’amitié pour les Autochtones et les Métis à Winnipeg correspond à la naissance du Mouvement des centres d’amitié, la plus importante infrastructure de prestation de services aux Autochtones hors réserve au Canada. Les centres d’amitié sont des organisations caritatives à but non lucratif ayant pour mission de répondre aux besoins des populations autochtones urbaines en leur fournissant des ressources et des services adaptés à leur culture. Ils sont reconnus pour leur éventail de programmes dans plusieurs domaines, dont la culture, la famille, les loisirs, la langue, le logement, la santé, la justice, l’éducation et l’emploi.

Dès ses premières années, le Centre d’amitié à Winnipeg place les programmes de groupe au cœur de sa mission. Les premiers programmes populaires sont axés sur des activités récréatives; on y retrouve par exemple des groupes de couture, ainsi qu’un comité sur l’éducation et les bibliothèques (Education and Library Committee). Ce dernier organise des conférences sur l’histoire et met sur pied une bibliothèque de ressources sur les expériences, les savoirs et les cultures autochtones.

De nos jours, le centre poursuit son travail sous le nom de Winnipeg Indigenous Friendship Centre. Au total, on compte plus de 120 centres d’amitié dans tout le pays.

Mais l’ouverture de ce premier centre ne signifie pas la fin de l’engagement pour Marion, Mary et Dorothy, qui continuent de s’impliquer activement à Winnipeg.

En 1961, Marion Meadmore cofonde le Conseil national des Indiens, la première organisation nationale vouée à la reconnaissance des besoins et des droits des membres inscrits et non inscrits des Premières Nations. Le Conseil est l’ancêtre de l’Assemblée des Premières Nations et du Congrès des peuples autochtones. Puis Marion reprend ses études à l’Université du Manitoba et obtient son diplôme de droit. Elle ouvre à Winnipeg le premier cabinet composé entièrement d’avocates, en plus de cofonder l’Association du Barreau autochtone du Canada.

Groupe composé d’une femme et de cinq hommes se tenant côte à côte et regardant l’objectif.

Comité temporaire du nouveau Conseil national des Indiens du Canada. De gauche à droite : Telford Adams, George Manuel, A.H. Brass, Marion Meadmore, David Knight et Joe Keeper (1961). (e011373501)

Quant à Mary Guilbault, elle se dévouera 26 ans en tant qu’assistante sociale au sein du ministère de la Santé et des Services sociaux du Manitoba. Elle joue un rôle important dans la création de la Fédération Métisse du Manitoba, en 1967, dont elle siège au conseil d’administration jusqu’en 1974, s’intéressant particulièrement au portefeuille des programmes éducatifs.

Pendant sept ans, Dorothy Betz travaille bénévolement au Centre d’amitié, puis gère le programme judiciaire de l’organisation. Elle est nommée déléguée canadienne pour le cinquième Congrès des Nations Unies à Genève, en Suisse, où elle attire l’attention de la communauté internationale sur la discrimination et les obstacles auxquels sont confrontés les Autochtones dans le système judiciaire.

Avant de mourir, le père de Dorothy lui avait adressé ses dernières paroles en anishinabemowin. Il invitait sa petite fille de 7 ans à devenir « une personne gentille et généreuse, toujours prête à aider les autres et à pardonner ». Déterminée à aider la communauté autochtone urbaine de Winnipeg, Dorothy s’est forgé une réputation inégalée d’optimisme, de gentillesse et de générosité. Parlant couramment l’anishinabemowin, elle a servi d’interprète et aidé de nombreuses personnes à comprendre leurs droits. Elle a aussi participé à l’élaboration du premier Programme d’assistance parajudiciaire du Manitoba.

Photo d’un homme et d’une femme qui sourient devant l’objectif.

Percy Bird et Dorothy Betz. (OCLC 35881259, page 8)

Dans ce blogue, nous vous avons présenté quelques-unes des réalisations de trois grandes femmes. Mais ce n’est qu’une fraction du travail extraordinaire qu’elles ont accompli. Ensemble, elles ont joué un rôle déterminant dans la naissance du Mouvement des centres d’amitié à Winnipeg, et travaillé sans compter leurs heures à titre de membres de conseils d’administration, de bénévoles et de conseillères pour des organisations locales et nationales, tout en élevant leurs familles. Leur force, leur action et leur sagesse reflètent celles des nombreuses Autochtones urbaines remarquables de l’ensemble du Canada qui, aujourd’hui comme hier, soutiennent chaque jour leur communauté.

Ressources supplémentaires :


Karyne Holmes est conservatrice à la Division des expositions et des prêts. Elle a aussi été archiviste pour le projet Nous sommes là : Voici nos histoires, visant à numériser les documents relatifs aux Autochtones conservés à Bibliothèque et Archives Canada.

L’adoption du syllabaire cri

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À gauche, Tatânga Mânî [chef Walking Buffalo] [George McLean] monte à cheval et porte son costume traditionnel des Premières Nations. Au centre, Iggi et une fille échangent un « kunik », un baiser traditionnel dans la culture inuit. À droite, le guide métis Maxime Marion tient un fusil. À l’arrière-plan, il y a une carte du Haut et du Bas-Canada, ainsi qu’un texte de la collection Red River Settlement [colonie de la rivière Rouge].

Ce blogue fait partie de notre programme De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada. Pour lire ce billet de blogue en syllabique crie et orthographe romaine normalisée, visitez le livrel.

De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada est gratuit et peut être téléchargé sur Apple Books (format iBooks) ou sur le site Web de BAC (format EPUB). On peut aussi consulter une version en ligne au moyen d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un navigateur Web mobile; aucun module d’extension n’est requis.

Par Samara mîkiwin Harp

Photo montrant les touches d’une machine à écrire manuelle. Les touches sont noires, et sur chacune sont inscrits deux caractères syllabiques blancs.

Machine à écrire utilisant le syllabaire cri, créée par des érudits cris, des experts en linguistique de l’ancien ministère des Affaires indiennes et du Nord, et Olivetti Canada Limited.
Source : Olivetti Canada Limited, Olivetti News Magazine, juin-juillet 1973, p. 2. (e011303083)

L’origine du syllabaire cri fait toujours l’objet de débats. Une chose est sûre, cependant : ce système d’écriture syllabique s’est rapidement répandu chez les nêhiyawak (membres de la Nation crie). En effet, il offrait une représentation fidèle des phonèmes du nêhiyawêwin (la langue crie), et les nêhiyawak s’en sont approprié l’enseignement de base.

À l’hiver 1841, des chasseurs et trappeurs nêhiyaw partant de Norway House (dans l’actuel Manitoba) pour faire du commerce apportent avec eux des hymnes imprimés en écriture syllabique crie. Par la suite, il faut moins de dix ans pour que ce système d’écriture se répande tant à l’ouest qu’à l’est, et que des milliers de nêhiyawak maîtrisent ce syllabaire. La plupart des nêhiyawak apprennent à lire et à écrire le syllabique cri sans l’aide de missionnaires, en se fiant au tableau du syllabaire qui se transmet alors entre partenaires de négoce, parents et amis. Selon certains chercheurs, le taux d’alphabétisme des nêhiyawak surpasse à l’époque celui des colons français et anglais. De toute évidence, le syllabaire réussit bien à représenter les phonèmes du nêhiyawêwin.

Dessin à la plume et à l’encre montrant un homme en blouson et en pantalons, debout près d’un bouleau. L’homme donne des explications en tenant un petit livre à la main gauche et en pointant de la main droite plusieurs rangées de symboles gravés sur le tronc de l’arbre. Un groupe d’hommes lui fait face, assis par terre avec les jambes croisées. Certains sont vêtus de chapeaux, de couvertures à motifs, de manteaux en peau de daim ou de chemises avec un bandana autour du cou. Un autre homme, vêtu d’une veste et tenant son chapeau à la main, se tient debout de l’autre côté de l’arbre et regarde l’homme donnant des explications.

Le révérend James Evans présente le tableau du syllabaire cri et l’hymnaire en langue crie qu’il a mis au point avec la collaboration d’Autochtones. (MIKAN 2899009)

Il est bien établi que James Evans a créé les caractères d’imprimerie de l’écriture syllabique crie et qu’il a contribué à les faire connaître en imprimant un tableau du syllabaire cri et des hymnaires l’utilisant. James Evans, avec l’aide de son équipe de traducteurs, a publié en 1841 un livre intitulé Cree Syllabic Hymn Book (hymnaire en langue syllabique crie).

Malheureusement, ni James Evans ni les chercheurs contemporains n’ont reconnu à leur juste valeur la contribution des Autochtones qui ont collaboré avec le révérend Evans, une omission qui a été corrigée cent cinquante ans plus tard par Lorena Sekwan Fontaine :

« Une grande part du succès de cette édition indépendante revient à l’équipe de traducteurs de James Evans. Ces traducteurs étaient pour la plupart d’ascendance autochtone et étaient généralement bilingues ou même multilingues. Par exemple, Thomas Hassell (un Chippewa) parlait couramment le cri, le français et l’anglais; Henry Bird Steinhauer (un Ojibwa) avait fréquenté une école de missionnaires du Haut-Canada et connaissait le grec, l’hébreu et l’anglais, en plus du cri; John Sinclair, fils d’un agent de la Compagnie de la Baie d’Hudson et d’une mère crie, parlait couramment le cri. » (1) [Traduction]

Image d’une page de livre dont la moitié supérieure contient une image rectangulaire verticale gris pâle contenant des caractères syllabiques de couleur noire. La moitié inférieure de la page contient un tableau comptant huit colonnes et douze rangées de mots, pour la plupart cris, imprimés à l’encre noire. Deux phrases en anglais sont imprimées au bas de la page.

Copie publiée en 1841 tirée de l’original du Cree Syllabic Hymn Book de James Evans, Norway House (dans l’actuel Manitoba), p. 23. (OCLC 1152061)

Page de livre sur laquelle sont reproduites 11 lignes de caractères syllabiques écrits à la main à l’encre noire. Deux traits horizontaux séparent les sept premières lignes des quatre dernières. Le tiers inférieur de la page contient dix lignes de texte en anglais, en caractères noirs. Deux traits horizontaux séparent les six premières lignes des quatre dernières.

Copie d’un hymne tiré de l’ouvrage original de James Evans intitulé Cree Syllabic Hymn Book, Norway House (dans l’actuel Manitoba), 1841. Publié par la Société bibliographique du Canada, Toronto, 1954. (OCLC 1152061)

Pour accéder à une version entièrement numérisée du Cree Syllabic Hymn Book publié par James Evans en 1841, visiter la collection Peel’s Prairie Provinces des bibliothèques de l’Université de l’Alberta.

Quatre lettres individuelles écrites au crayon sur des feuilles de papier. Elles contiennent des lignes d’écriture syllabique. La signature des auteurs figure sous ces lignes, en alphabet latin, de même qu’une phrase en anglais.

Ensemble de lettres écrites en cri, avec des passages en anglais, par le chef William Charles et les conseillers Isaac Bird et Benjamin Bird au sujet du Traité no 6, en février 1889. Avant de recevoir le premier versement prévu par le Traité, les dirigeants cris de Montreal Lake (dans l’actuelle Saskatchewan) ont écrit à la reine Victoria pour lui demander de faire preuve de compassion à l’égard de leur peuple et lui transmettre leurs demandes, à savoir de l’argent, de la nourriture, des vêtements, des outils, des ustensiles ménagers, du bétail, des semences et des médicaments. (MIKAN 2058802)

Pour en savoir davantage sur ces lettres et leur traduction en anglais, consulter la publication de Merle Massie « An 1889 Cree Syllabic Letter » (en anglais).

L’usage de l’écriture syllabique a continué de se répandre au fil du temps, p. ex. dans les organes gouvernementaux, sur des panneaux de circulation et dans la correspondance privée. Une machine à écrire utilisant le syllabaire cri a même été produite, comme le montre l’image figurant en tête de cet essai. Elle a été conçue par Olivetti, en collaboration avec des représentants de différentes organisations de l’Ouest du Canada et du Québec. Selon le recensement de 2016, le nêhiyawêwin figure parmi les langues autochtones comptant le plus de locuteurs au Canada.

En plus de se répandre largement chez les nêhiyawak et dans le nêhiyânâhk (pays des Cris), le syllabaire cri a aussi été adopté, avec quelques adaptations, par les locuteurs d’autres langues, comme l’anishinaabemowin, l’inuktitut et certaines langues dénées (voir l’essai Publications en inuktut dans le livrel De Nations à Nations : voix autochtones à Bibliothèque et Archives Canada).

Photo d’un panneau rectangulaire blanc cloué à un mur en bois. Le nom d’une entreprise de construction est imprimé en noir sur le panneau, en anglais, en écriture syllabique et en français. On voit le logo de l’entreprise à la gauche du panneau. Le numéro 355 est écrit sous le panneau, à droite, en gros caractères noirs.

Panneau de la Compagnie de construction Cris (Québec) Ltée, lieu inconnu, vers 1978-1988. Crédit : George Mully. (e011218399)

Photo en plan rapproché d’un mur de briques gris pâle. Deux panneaux blancs rectangulaires sont fixés au mur. On voit quatre lignes d’écriture syllabique sur le panneau supérieur et cinq lignes d’écriture syllabique sur le panneau inférieur. Les deux panneaux sont écrits à l’encre noire. Une échelle est déposée à l’horizontale au pied du mur.

Panneau de la Direction générale de la foresterie, ministère de l’Intérieur, rédigé en cri. Lieu et date inconnus. (e010752312)

Il est pour le moins douteux que le révérend méthodiste James Evans ait créé le syllabaire. Selon plusieurs indices, il ne connaissait pas bien le nêhiyawêwin. Il est donc difficile de croire qu’il aurait créé un syllabaire qui soit aussi bien adapté à cette langue. L’histoire établie admet généralement la théorie selon laquelle James Evans est l’inventeur du syllabaire cri, mais je n’ai pas été en mesure de trouver d’indices concrets pour étayer cette idée. Le seul fait solide que j’ai pu confirmer est qu’il a créé les caractères physiques permettant d’imprimer en écriture syllabique. L’archidiacre Horsefield, qui a traduit l’hymnaire cri de 1841, commente ainsi les aptitudes en langue crie de James Evans :

« Le vocabulaire de l’auteur est relativement riche, mais sa syntaxe est déficiente : il associe des noms pluriels à des verbes singuliers et vice-versa, fait des erreurs dans l’ordre des mots et ne maîtrise pas certaines des conjugaisons les plus complexes des verbes cris, ce qui est quelque peu excusable étant donné leur exceptionnelle et formidable étrangeté. » (2) [Traduction]

Un chercheur du nom de Louis (Buff) Parry, qui a lu les journaux et lettres de James Evans, n’y a trouvé aucun indice sur le processus par lequel il aurait inventé « son » syllabaire, ni sur la période où il l’aurait fait (3). Par ailleurs, les églises chrétiennes avaient tout intérêt à s’approprier l’invention du syllabaire, qui leur permettait de répandre l’évangile en prétextant avoir fait un don précieux aux nêhiyawak.

Au fil du temps, l’Église et l’État se sont ligués pour créer le système de pensionnats indiens. Dès 1894, les enfants âgés de 6 à 16 ans étaient contraints de fréquenter ces pensionnats. Une partie de ces efforts de colonisation comprenait des règles restreignant l’utilisation des langues autochtones. Bon nombre des enfants issus de survivants des pensionnats indiens ont été privés de leur langue en raison des violences physiques et émotionnelles que leurs parents ont subies dans le système scolaire colonial.

Les nêhiyawak ont prouvé leur résilience en adoptant en un tournemain de nouvelles façons d’écrire, de lire et d’enseigner leur langue. Nous sommes un peuple habile et ingénieux, qui possédait déjà des méthodes d’enregistrer le savoir avant l’arrivée des Européens. Ces méthodes ne cadraient pas nécessairement avec les modèles eurocentriques, mais existaient néanmoins, et je ne doute pas qu’ils ont joué un bien plus grand rôle dans la création du syllabaire cri que ne le rapportent les livres d’histoire. J’ai bon espoir que nous puissions continuer à redynamiser notre langue et parvenir à réparer les préjudices causés par les pensionnats, les dossiers historiques inexacts et la colonisation.

Références

  1. Lorena Sekwan Fontaine, « Our Languages are Sacred: Finding Constitutional Space for Aboriginal Language Rights », thèse de doctorat, Université du Manitoba (Winnipeg), 2018, p. 62.
  2. James Evans, Cree Syllabic Hymn Book, Norway House, Territoires du Nord-Ouest : Rossville Mission Press, 1841, p. 9.
  3. Lesley Crossingham, « Cultural director says missionaries didn’t invent syllabics, Indians did », Windspeaker, vol. 5, no 42, 1987, p. 2.

Numéros numérisés de Windspeaker à Bibliothèque et Archives Canada

Ressources additionnelles sur l’écriture et les caractères syllabiques cris


Samara mîkiwin Harp était archiviste avec l’initiative Nous sommes là : Voici nos histoires à Bibliothèque et Archives Canada. Elle travaille maintenant à la revitalisation de la langue crie de Woods et poursuit des études en archivistique. Samara a grandi à Winnipeg, au Manitoba, et a des racines cries dans les régions de Southend et de Pelican Narrows du Traité 6, dans le nord de la Saskatchewan. Les premiers membres de la famille de son père sont arrivés en Ontario dans les années 1800 en provenance d’Irlande et d’Angleterre.

Un manuscrit retrouvé : le premier journal de John Norton (Teyoninhokarawen)

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Par Isabelle Charron

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique qui pourraient être considérés comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

Photo d’une page d’un journal écrit à la main.

Première page du journal de John Norton (pièce no. 6251788)

Image d’une peinture sur ivoire de forme ovale.

Portrait de John Norton par Mary Ann Knight, 1805 (e010933319)

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) vient d’acquérir un journal autographe inédit de John Norton (Teyoninhokarawen) (1770-1827), accompagné de lettres (fonds John Norton Teyoninhokarawen*). Cette acquisition a été rendue possible grâce à la contribution de la Fondation de Bibliothèque et Archives Canada. L’existence du journal était attestée dans de la correspondance du début du 19e siècle, mais son emplacement était inconnu jusqu’à tout récemment. Ces documents constituent un important maillon de la vie et de la production littéraire de Norton, un personnage fascinant, ainsi que des témoignages essentiels pour comprendre l’histoire des Six Nations (Haudenosaunee), du Canada et de l’Amérique du Nord.

Né en Écosse, Norton avait des origines autochtones : son père était un Cherokee, emmené en Grande-Bretagne par un officier britannique à la suite de la guerre anglo-cherokee, et sa mère était Écossaise. Son ascendance familiale façonna son étonnant parcours. De plus, dès son jeune âge, il fut marqué par la vie militaire. Son père, soldat dans l’armée britannique, participa à plusieurs campagnes en Amérique du Nord, au cours desquelles sa famille l’aurait suivi. Norton indique d’ailleurs dans une lettre que l’un de ses premiers souvenirs a été la bataille de Bunker Hill (Boston, 17 juin 1775) (pièce 6252667). De retour en Écosse à une date inconnue, il y reçut une excellente instruction.

Norton et ses parents étaient à Québec en 1785. Comme son père, il se joignit à l’armée mais il déserta en 1787, au fort Niagara. Par la suite, il voyagea et vécut peut-être au sein de la nation Cayuga. En 1791, il travailla comme instituteur dans la communauté mohawk de Tyendinaga (baie de Quinte, Ontario). Il participa ensuite à des combats dans la vallée de l’Ohio avec différentes nations autochtones alliées contre les forces américaines. Il fut aussi impliqué dans le commerce des fourrures pour le compte du marchand John Askin, de Detroit, avant d’être embauché comme interprète par le département des Affaires indiennes. Il vécut ensuite auprès des Six Nations (Haudenosaunee), à la rivière Grand (Ontario), et devint un proche du chef mohawk Joseph Brant (Thayendanegea). Ce dernier l’adopta comme neveu en 1797 et, en 1799, il devint chef de la diplomatie et de la guerre pour les Six Nations. Il reçut alors le nom mohawk de Teyoninhokarawen.

Le journal de Norton acquis par BAC compte 275 pages (pièce 6251788). Ce dernier l’a rédigé à la rivière Grand entre 1806 et 1808 sous la forme de lettres à un ami. Il y relate son voyage en Angleterre et en Écosse en 1804-1805. C’est à la demande de Brant qu’il avait effectué ce voyage afin de clarifier des questions relatives à la propriété foncière des Six Nations aux abords de la rivière Grand, en lien avec la Proclamation de Haldimand (25 octobre 1784). Sa mission diplomatique échoua car son autorité était contestée par certains, dont William Claus, le surintendant des Affaires indiennes. Sur le plan personnel, Norton put néanmoins renouer avec sa famille maternelle et devint une personnalité très populaire auprès de l’élite politique, commerçante, religieuse, intellectuelle et aristocratique. Il participa à des événements mondains, assista à des conférences scientifiques et à des débats à la Chambre des communes. Il se fit de précieux amis, dont le brasseur Robert Barclay, le révérend John Owen et le second duc de Northumberland (Hugh Percy), également ami de Brant. Lors de ce séjour, Norton traduisit l’Évangile selon saint Jean en Kanien’kehá (langue mohawk), publié par la British and Foreign Bible Society dès 1804 (numéro OCLC 47861587). À Londres, en 1805, l’artiste Mary Ann Knight peignit son portrait, qui se trouve aujourd’hui dans la collection de BAC (pièce 2894984).

Pages d’un journal écrit à la main.

Les pages 183 à 185 du journal de John Norton (e011845717)

En 1808, Norton expédia son journal à Robert Barclay, en Angleterre, qui prévoyait le publier avec les lettres qui l’accompagnaient. Ce projet, auquel travailla aussi le révérend Owen, ne s’est cependant jamais concrétisé et les documents demeurèrent dans la famille Barclay. Dans son journal, Norton décrit ses rencontres et les lieux qu’il visite. Il se prononce sur une variété de sujets typiques de son époque et touchant la réalité coloniale, tels que l’armée britannique, l’indépendance des États-Unis (et ses conséquences sur les nations autochtones de part et d’autre de la frontière), la liberté, l’esclavage (il est abolitionniste), l’éducation, le statut de la femme chez les Autochtones, l’agriculture, le commerce (dont celui des fourrures), l’industrie et l’exploration du territoire. Il envisage plusieurs projets pour les Haudenosaunee et se préoccupe de l’éducation des jeunes. Il remet en question l’image des Haudenosaunee véhiculée par certains auteurs et insiste sur le raffinement de leur langue. Le christianisme revêt aussi une grande importance pour Norton.

La correspondance de Norton révèle certains détails de sa biographie et sur sa famille (pièces 6252667 et 6258811). Il y évoque son retour à la rivière Grand en 1806, les divisions au sein de sa communauté et sa volonté de participer à des campagnes avec l’armée britannique (pièce 6251790). Il parle de différentes nations autochtones et de leurs relations avec les autorités coloniales britanniques (pièces 6251794 et 6252528, par exemple). Il promeut d’ailleurs l’alliance entre les Autochtones et la Grande-Bretagne, mais est fort critique à l’égard du département des Affaires indiennes. Cette alliance s’avérera d’ailleurs essentielle lors de la guerre de 1812, au cours de laquelle Norton se distinguera en dirigeant des groupes de guerriers autochtones. Il évoque ce conflit dans ses lettres (pièce 6258793), ainsi que son voyage chez les Cherokees en 1809-1810 (pièce 6258679). L’ensemble comprend également une transcription d’une lettre des chefs des Six Nations adressée à Francis Gore, lieutenant-gouverneur du Haut-Canada (pièce 6252665). Enfin, une lettre d’un proche de Barclay confirme que George Prevost, gouverneur en chef de l’Amérique du Nord britannique, tenait Norton en haute estime (pièce 6258814).

Il est à noter que Norton a écrit un second journal, alors qu’il se trouvait en Angleterre en 1815-1816, qui porte sur son voyage chez les Cherokees, sur la guerre de 1812 et sur l’histoire des Six Nations. Toujours conservé dans les archives du duc de Northumberland, au château d’Alnwick, en Angleterre, ce journal a été publié en 1970, 2011 et, la partie sur la guerre de 1812, en 2019 (voir les références ci-dessous).

Grand voyageur, polyglotte, auteur, traducteur, épistolier, diplomate, politicien, guerrier, militant, commerçant, fermier, père, Écossais, Cherokee, Haudenosaunee… tant d’épithètes caractérisent John Norton qui, de son vivant, fascinait déjà. Il aurait d’ailleurs servi d’inspiration pour le personnage principal du roman Wacousta, un classique de la littérature canadienne publié par John Richardson en 1832. Richardson avait connu Norton et était le petit-fils de John Askin, le marchand de fourrures pour lequel Norton avait travaillé dans sa jeunesse.

Nous espérons que ces documents nouvellement acquis par BAC, qui constituent d’importants ajouts à notre collection, susciteront beaucoup d’intérêt et permettront de jeter un nouvel éclairage sur la vie et l’œuvre de Norton, ainsi que sur l’histoire des Haudenosaunee et du Canada au début du 19e siècle.

Bonne exploration!

Pour en savoir plus

  • Alan James Finlayson, « Emerging from the Shadows: Recognizing John Norton », Ontario History, vol. 110, no 2, automne 2018.
  • John Norton, A Mohawk Memoir from the War of 1812. John Norton – Theyoninhokarawen, Carl Benn, éd., Toronto, les Presses de l’Université de Toronto, 2019 (OCLC 1029641748).
  • John Norton, The Journal of Major John Norton, 1816, Carl F. Klink, James J. Talman, éd., introduction de la réédition et notes complémentaires par Carl Benn, Toronto, The Champlain Society, vol. 72, 2011 (1970) (OCLC 281457).
  • Carl F. Klinck, « Norton, John », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, University of Toronto/Université Laval, 2003 (1987).
  • Cecilia Morgan, Travellers Through Empire: Indigenous Voyages from Early Canada, Montréal et Kingston, les Presses universitaires McGill-Queen’s, 2017 (OCLC 982091587).
  • Conservateur invité : Shane McCord, le blogue de Bibliothèque et Archives Canada, publié le 14 septembre 2017.

* Puisque ces documents ont été créés en anglais, leurs descriptions à la pièce sont également dans cette langue.


Isabelle Charron est archiviste principale à la Direction générale des archives privées et du patrimoine publié de Bibliothèque et Archives Canada.

Cinquante ans après l’Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie : naviguer dans les archives (partie 3)

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Par Elizabeth Kawenaa Montour

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certains pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

L’Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie (EPVM), également appelée commission Berger, a été promulguée il y a cinquante ans, en 1974, par le gouvernement canadien. Bibliothèque et Archives Canada (BAC) conserve la collection des documents originaux de la commission, gérée par la Division des archives gouvernementales.

Ce dernier de trois billets de blogue sur l’EPVM précise comment faire des recherches par groupes de documents sur le sujet à l’aide de l’outil Recherche dans la collection.

Découvrir les documents numérisés de la collection sur l’EPVM

Les documents de l’EPVM ont été transférés aux Archives publiques du Canada en février 1978. Tous les documents de l’EPVM sont accessibles au public à des fins de recherche, mais ils ne sont pas tous disponibles sous forme numérique en ligne. Si un document est accessible en format numérique, une image du document en question s’affiche en haut de la notice descriptive lorsqu’on l’ouvre avec l’outil Recherche dans la collection. Les documents peuvent être demandés et consultés sur place à BAC.

Procès-verbal dactylographié de discussions concernant l’enquête, au sujet d’une carte, avec explications de Phoebe Nahanni (carte appelée pièce justificative C-184), montrant des pistes pour la chasse, le piégeage et les déplacements. Le numéro 2459 est visible en haut à droite de la page. Chaque ligne de texte est numérotée verticalement de 1 à 30.

Transcription numéro C24 – Trout Lake et Nahanni Butte, T.N.-O. à partir des transcriptions des audiences tenues auprès des collectivités. Date : le 24 août 1975. Page 71 sur 80 (e011412138).

Procès-verbal dactylographié de discussions concernant l’enquête : John Ballem, c.r., pour les sociétés productrices, contre-interrogé par Glen W. Bell pour la Fraternité des Indiens des Territoires du Nord-Ouest. Comprend un commentaire du commissaire. Le numéro 17836 est visible en haut à droite de la page. Chaque ligne de texte est numérotée verticalement de 1 à 30.

Transcription numéro 117 – Inuvik, T.N.-O. à partir des transcriptions des audiences officielles. Date : le 26 janvier 1976. Page 83 de 164 (e011412099).

Ressources pour la recherche de documents

Passons maintenant aux conseils plus spécifiques sur la recherche de documents de l’EPVM.

Le sous-fonds principal s’intitule Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie [supports multiples]. Vous pouvez également le trouver en entrant le terme de recherche « Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie » dans l’outil Recherche dans la collection. Vous obtenez alors le résultat « Référence : R216-165-X-F, RG126. Date : 1970-1977 ». Les mots-clés à utiliser pour effectuer des recherches peuvent inclure « Commission Berger » ou « Enquête Berger ».

Le sous-fonds de l’EPVM contient trois grands groupes de documents au niveau de la série : les transcriptions des séances et des témoignages (numérisés), les pièces justificatives présentées lors de l’enquête (numérisées) et les dossiers de travail et d’administration (non numérisés).

Chaque document peut contenir un lien électronique vers un instrument de recherche connexe. Ce lien est fourni dans la section « Notice descriptive – Détails » sous « Instrument de recherche : Afficher les détails ».

1 – Transcriptions des séances et des témoignages – Référence : R216-3841-6-F, RG126

Remarque : Les raccourcis permettant de localiser les dossiers de « transcription d’audiences officielles » et de « transcription d’audiences tenues auprès des collectivités » à l’aide de l’outil Recherche dans la collection sont indiqués après la section 3 – Dossiers de travail et d’administration.

Pour les transcriptions des audiences officielles (référence R216-172-7-F, RG126, date : 1974-1976, numérisées) :

La sous-série comprend 217 dossiers de transcription numérisés, identifiés par leur numéro et leur emplacement. La majorité des audiences officielles se sont tenues à Yellowknife et les autres à Inuvik (Territoires du Nord-Ouest), Whitehorse (Yukon) ou Ottawa (Ontario).

L’instrument de recherche 126-5 est une liste vérifiée des transcriptions d’audiences officielles indiquant le numéro de la transcription, le titre du dossier (le lieu), la date et le numéro de volume permanent.

Pour les transcriptions des audiences tenues auprès des collectivités (référence R216-169-7-F, RG126, date : 1975-1976, numérisées) :

La sous-série comprend 77 dossiers de transcription numérisés. Les transcriptions sont identifiées par leur numéro et leur emplacement. Les numéros de transcription des audiences tenues auprès des collectivités sont précédés de la lettre « C ».

L’instrument de recherche 126-8 est une liste vérifiée des transcriptions des audiences tenues auprès des collectivités, qui comprend le numéro de la transcription, le titre du dossier (le lieu), la partie, la date et le numéro de volume permanent.

L’instrument de recherche 126-3, aux pages 111 à 120, est une liste des témoins lors des audiences de l’enquête tenues auprès des collectivités, qui comprend les numéros de transcription. Pour trouver une des transcriptions de ces audiences, ajoutez la lettre « C » devant le numéro. Par exemple, pour trouver un texte sur « Antoine Abalon », entrez les termes de recherche « Mackenzie C-18 ». Le résultat est Transcription numéro C18 – Fort Good Hope, T.N.-O. Faites défiler la liste des noms jusqu’à Antoine Abalon, p. 1795.

2 – Pièces justificatives présentées lors de l’enquête – Référence : R216-3840-4-F, RG126. Date : 1972-1977

La sous-série pièces justificatives présentées lors des audiences tenues auprès des collectivités (référence R216-168-5-F, RG126, date : 1975-1976) comprend 700 dossiers numérisés. Les pièces sont identifiées par la mention « Submission » suivie d’un numéro avec le préfixe « C » (par exemple, Submission C585). La sous-série contient 627 dossiers numérisés. Les 73 autres dossiers qu’elle contient n’ont pas été numérisés, soit parce qu’ils étaient vides ou pour des raisons de droits d’auteur.

La sous-série pièces justificatives présentées lors des audiences tenues à Vancouver (référence R216-173-9-F, RG126, date : 1976, non numérisée) comprend des pièces justificatives présentées lors des audiences de l’EPVM à Vancouver, qui ont eu lieu en mai et juin 1976. Les numéros CV1 et CV22 indiquent chacun une pièce justificative présentée lors des audiences tenues auprès des collectivités avec une description, le nom de la personne qui l’a présentée et la date. Des audiences ont également eu lieu dans neuf autres centres du sud du Canada (RG126, Vol. 9).

La sous-série pièces justificatives présentées lors des audiences officielles (référence R216-171-5-F, RG126, date : 1975-1977) comprend 906 pièces justificatives et n’est pas numérisée.

Les documents supplémentaires sur l’EPVM qui ne sont pas inclus dans les trois grands groupes décrits ci-dessus sont les suivants :

Pour les documents photographiques, recherchez « Exhibits presented to the Mackenzie Valley Pipeline Inquiry » (référence : RG126, R216, 1978-115 NPC, numéro de boîte : 3929, date 1974-1975). L’acquisition comprend 165 photographies en noir et blanc et 819 photographies couleur. Elles ne sont pas numérisées. L’acquisition se compose de photographies illustrant la planification et la réalisation du pipeline de la vallée du Mackenzie qui ont été soumises comme pièces justificatives dans le cadre de l’enquête. Les sujets abordés sont, entre autres, l’état des terres, le terrain, la faune, la construction, les perturbations de la toundra, les forêts, les formations géologiques, l’île d’Ellesmere, les caribous empêtrés dans des câbles, l’île Banks, les rapports sismiques, l’habitat du bœuf musqué et les risques environnementaux liés au gazoduc.

Pour les cartes, recherchez « Exhibits by special interest and northern community groups to the Mackenzie Valley Pipeline Inquiry » (référence : RG126M 78903/14, 78903/14 CA, date : 1972-1976). L’acquisition n’est pas numérisée. L’acquisition se compose de documents cartographiques qui ont été présentés par des groupes d’intérêt et des communautés du Nord en tant que pièces justificatives dans le cadre de l’EPVM. Elle comprend des détails techniques relatifs à la construction du pipeline, des cartes d’évaluation des répercussions sur l’environnement et des séries de cartes d’utilisation des sols. L’acquisition comprend également des cartes montrant les corridors des gazoducs et les tracés actuels des gazoducs proposés par la Canadian Arctic Gas Pipeline Ltd. et Foothills Pipeline Ltd.

3 – Dossiers de travail et d’administration – Référence : R216-174-0-F, RG126. Vol. 72. Date : 1970-1977

La série comprend des enregistrements textuels, des enregistrements sonores et des images en mouvement. Elle n’est pas numérisée. La série comprend de la correspondance avec le public, les participants et les membres du personnel sur tous les aspects du travail de l’enquête; des dossiers sur les arrangements administratifs concernant le fonctionnement de l’enquête; des mémorandums du juge Thomas Berger à l’intention des diverses parties; des discours prononcés par Thomas Berger; des éditions française et anglaise des rapports finaux; des calendriers des événements; des résumés des procédures; des index; des affiches et des listes de documents. La série comprend six descriptions de niveau inférieur : Committee for Original People’s Entitlement, Correspondence – General, Canadian Broadcasting Corporation, Canadian Arctic Gas Pipelines LTD, Canadian Arctic Resources Committee – Northern Assessment Group et Canadian Arctic Resources Committee.

Naviguer dans les documents à l’aide de raccourcis

Les méthodes de recherche proposées ici ne sont pas conventionnelles. Elles sont adaptées à la manière dont les données ont été entrées dans le système pour faciliter le travail des chercheurs. Elles sont donc limitées à cet usage spécifique et ne peuvent pas être appliquées à l’ensemble de la base de données.

Raccourcis pour trouver les transcriptions des audiences tenues auprès des collectivités :

Pour chercher une transcription par lieu

Si vous connaissez le lieu de l’audience tenue auprès des collectivités, entrez les termes de recherche « Mackenzie transcripts [emplacement] » dans l’outil Recherche dans la collection (filtre : dans Archives). Veuillez prendre note que « transcripts » doit être au pluriel. Par exemple, « Mackenzie transcripts Aklavik ».

Les résultats comprendront toutes les transcriptions des audiences qui ont eu lieu à cet endroit.

Par exemple, avec la recherche « Mackenzie transcripts Aklavik », on obtient les résultats suivants : Transcript Number C40 – Aklavik, NWT, Transcript Number C3 – Aklavik, NWT et Transcript Number C1 – Aklavik, NWT.

Pour chercher une transcription par date

Entrez les termes de recherche « transcript JJ-MOIS-AAAA » dans l’outil Recherche dans la collection (filtre : dans Archives).

Remarque : La date doit être saisie dans cet ordre et le mois doit absolument être écrit en lettres. Par exemple, « transcript 5 August 1975 ».

Le résultat obtenu est le suivant : Transcript Number C-18 – Fort Good Hope, NWT.

Pour connaître la date d’une audience tenue auprès des collectivités

Entrez les termes de recherche « community hearings transcript » dans l’outil Recherche dans la collection (filtre : dans Archives).

Allez ensuite à « Notice descriptive – Détails ». Cliquez sur « Instrument de recherche : Afficher les détails ».

L’instrument de recherche 126-8 est une liste vérifiée des transcriptions des audiences tenues auprès des collectivités, qui comprend le numéro de la transcription, le titre du dossier (le lieu), la partie, la date et le numéro de volume permanent.

Pour chercher une transcription à l’aide du numéro de transcription

Entrez les termes de recherche « Mackenzie C-numéro » dans l’outil Recherche dans la collection (filtre : dans Archives). Par exemple, « Mackenzie C-18 » (avec ou sans trait d’union).

Le résultat obtenu est le suivant : Transcript Number C18 – Fort Good Hope, NWT.

Pour chercher l’enregistrement sonore d’une audience particulière

Entrez les termes de recherche « Date [AAAA-MM-JJ] Mackenzie » dans l’outil Recherche dans la collection (filtre : dans Archives).

Remarque : La date numérique doit être saisie dans cet ordre.

Il faut accéder à l’enregistrement sonore sur place à BAC.

Raccourcis pour trouver les transcriptions d’audiences officielles :

Pour connaître la date d’une audience officielle

Entrez les termes de recherche « community hearings transcript » dans l’outil Recherche dans la collection (filtre : dans Archives).

Allez à « Notice descriptive – Détails ». Cliquez sur « Instrument de recherche : Afficher les détails ».

L’instrument de recherche 126-5 est une liste vérifiée des transcriptions d’audiences officielles, qui comprend le numéro de transcription, le titre du dossier (le lieu), la partie, la date et le numéro de volume permanent.

Pour chercher une transcription par date

Entrez les termes de recherche « transcription JJ MOIS AA » dans l’outil Recherche dans la collection (filtre : dans Archives).

Remarque : La date doit être saisie dans cet ordre et le mois doit absolument être écrit en lettres. Par exemple, « transcription 8 April 1975 ».

Le résultat obtenu est le suivant : Transcript Number 25 – Yellowknife, NWT.

Pour chercher une transcription à l’aide du numéro de transcription

Entrez les termes de recherche « transcript numéro » dans l’outil Recherche dans la collection (filtre : dans Archives). Par exemple, « Transcript 35 ».

Le résultat obtenu est le suivant : Transcript Number 35 – Yellowknife, NWT.

Lettre manuscrite de trois paragraphes, écrite en cursive à l’encre bleue, par Mme Annie George à M. Berger, datée de juillet 1975. Elle écrit [TRADUCTION] : « M. Berger, je suis maintenant âgée et il n’y a personne de plus âgé que moi à Fort McPherson. Les animaux qui s’occupent de leurs petits dans leur tanière ou leur nid sont comme moi, qui m’occupe de mes enfants et petits-enfants. J’ai peur pour mes proches lorsque j’entends parler du passage du pipeline. Je prie Dieu tous les jours pour que le pipeline ne passe pas. » Estampillé : Enquête sur la vallée du Mackenzie, pièce C46, le 10 juillet 1975, Mme Annie George, présentée par : (illisible).

Pièce justificative C46, RG126, volume numéro : 3. Lettre de Mme Annie George, Aînée, à M. Berger, commissaire de l’EVPM. Date : juillet 1975. Pièce justificative présentée dans le cadre de l’enquête lors des auditions tenues auprès des collectivités (e011407938).

Ressources complémentaires


Elizabeth Kawenaa Montour est archiviste à la Division des archives gouvernementales de la Direction générale des documents gouvernementaux de Bibliothèque et Archives Canada.

Les Amis de BAC et les trésors trouvés à la librairie Le Recoin/Cubby

English version

Par Evan Dalrymple

Nombreux sont ceux qui connaissent l’Association des amis de la Bibliothèque publique d’Ottawa et ses librairies à Ottawa, mais les Amis de Bibliothèque et Archives Canada et leur librairie Le Recoin sont l’un des secrets les mieux gardés du 395, rue Wellington. Pour ceux qui connaissent, c’est un vrai trésor!

Deux fois l’image d’un livre représentant une personne. Le livre ouvert constitue la tête, et deux mains tiennent les coins inférieurs de la couverture. Au-dessus de l’image de gauche, on peut lire « The Cubby Friends of LAC BOOKSTORE gently used books ». Sous l’image de droite, on peut lire « Le Recoin LIBRAIRIE Les Amis de BAC livres légèrement usagés ».

Le logo de la librairie des Amis de Bibliothèque et Archives Canada, dérivé de la murale d’Alfred Pellan intitulée La Connaissance/Knowledge. La fresque originale se trouve dans la salle Pellan de l’édifice des Archives nationales et de la Bibliothèque nationale, au 395, rue Wellington, à Ottawa (MIKAN 4932244).

La librairie Le Recoin est ouverte tous les mardis de 10 h à 15 h dans la salle 185 au rez-de-chaussée de l’édifice des Archives nationales et de la Bibliothèque nationale. Je vous invite à visiter Le Recoin en personne ou en ligne pour trouver la prochaine perle à ajouter à votre bibliothèque personnelle.

Histoire des « Amis » à Ottawa

Du début des années 1980 jusqu’au milieu des années 1990, les associations d’amis prolifèrent dans les bibliothèques, les archives et les musées du Canada. À Ottawa en particulier, des associations d’amis voient le jour au Musée des beaux-arts du Canada (1958), au Musée canadien de la guerre (1988) et à la succursale principale de la Bibliothèque publique d’Ottawa (1982), laquelle est sans doute la plus connue de ces associations.

L’association des Amis de la Bibliothèque nationale du Canada est fondée en 1991 par Marianne Scott, ancienne bibliothécaire nationale du Canada (de 1984 à 1999) et actuelle présidente des Amis de Bibliothèque et Archives Canada.

En 2003, les Amis de la Bibliothèque nationale du Canada et les Amis des Archives nationales du Canada fusionnent pour former une seule organisation – les Amis de Bibliothèque et Archives Canada ou Amis de BAC – en prévision de la fusion des Archives nationales avec la Bibliothèque nationale, qui s’est produite en mai 2004 avec la proclamation officielle de la Loi sur la Bibliothèque et les Archives du Canada.

Le bulletin des Amis de la Bibliothèque nationale du Canada, Entre Amis, publié de 1992 à 2008, montre clairement que les ventes de livres, les boutiques et les ventes aux enchères de livres anciens ont été des moyens extrêmement efficaces de communiquer avec le grand public et d’enrichir la collection de la Bibliothèque nationale.

Couvertures d’un bulletin et d’un dépliant comportant de l’écriture et un logo.

Le bulletin Entre Amis et le dépliant The Friends of the National Library of Canada (OCLC 1082162430 et OCLC 61127762).

La promotion des dons et des cadeaux de trésors et la collecte de fonds pour des acquisitions spéciales sont au cœur de la mission des Amis.

De son côté, l’association des Amis des Archives nationales est constituée en 1995, alors sous la direction de Jean-Pierre Wallot (de 1985 à 1997), et publie son propre bulletin aussi intitulé Entre Amis. Les Archives nationales disposent elles aussi d’une boutique, mais on en sait moins sur ses activités.

Les grandes ventes de livres et les ventes aux enchères de livres anciens des Amis de BAC

La vente gigantesque annuelle de livres de la Bibliothèque publique d’Ottawa est bien connue, mais saviez-vous que les Amis de Bibliothèque et Archives Canada organisaient jadis leur propre « grande vente de livres », qui connaissait un énorme succès? Ces ventes de livres, en plus de celles des associations d’amis de la Bibliothèque publique de Nepean, de la Bibliothèque publique de Kanata, de la Bibliothèque publique de Cumberland et de libraires locales, attirent les foules à Ottawa depuis plus d’une décennie. Même avant leur regroupement en 2003 pour créer l’Association des amis de la Bibliothèque publique d’Ottawa, les associations d’amis étaient florissantes dans plusieurs bibliothèques publiques du Grand Ottawa.

Photographie de personnes feuilletant des livres placés sur des tables dans un centre commercial.

La première vente de livres au centre commercial St. Laurent, photo tirée de la publication Entre Amis, volume 4, no 1, hiver 1995 (OCLC 1082162430).

La première grande vente de livres se déroule du 23 au 25 septembre 1995 au centre commercial St. Laurent. Selon le comité de vente de livres, l’événement connaît un succès retentissant à tous points de vue. Il permet de récolter 17 164,49 $, et 423 livres sont donnés à la Bibliothèque nationale. Les années suivantes, les Amis parviennent souvent à doubler, voire à tripler cette somme.

Les Amis de Bibliothèque et Archives Canada lancent leur première vente aux enchères de livres anciens à l’hiver 2000 et poursuivent cette activité jusqu’aux environs de 2008. Comme c’est le cas aujourd’hui, tous les dons de livres canadiens sont mis de côté et examinés par un membre du personnel de la Bibliothèque nationale avant d’être intégrés à la collection. Les Amis réservent leurs livres les plus rares pour les ventes aux enchères de livres anciens. Aujourd’hui, les Amis de BAC présentent une sélection de livres dans leur boutique en ligne. Les offres sont irrésistibles, alors, laissez-vous tenter!

L’histoire de la librairie Le Recoin

Initialement connue sous le nom de « Boutique des Amis », la librairie Le Recoin démarre en 1993 sous la forme d’une boutique éphémère dans le hall d’entrée de l’édifice des Archives nationales et de la Bibliothèque nationale. Elle était ouverte de 11 h à 15 h tous les jours du 1er juin à la fin du mois d’août.

Page d’un catalogue portant le titre « Boutique des Amis », une photo qui montre de la marchandise en haut à droite, des descriptions de la marchandise et un formulaire de commande dans le bas.

Merci d’être un Ami! Le catalogue de l’automne 1996 présente la nouvelle Boutique des Amis qui vend des articles intéressants (OCLC 1082162430).

La boutique est tenue par deux bénévoles qui font également des visites guidées de la Bibliothèque nationale en anglais et en français. La boutique propose un choix remarquable d’articles, notamment des cartes postales, des affiches, des CD de musiciens canadiens célèbres, ainsi que des bandes magnétiques de la Division de la musique de la Bibliothèque nationale. Les t-shirts et les sweatshirts portant l’inscription « WOW », pour Wellington Street West, sont particulièrement recherchés. Un grand nombre de ces articles populaires sont encore vendus à la librairie Le Recoin. De plus, des cartes de membre des Amis de Bibliothèque et Archives Canada sont disponibles – n’hésitez pas à devenir membre dès aujourd’hui!

En 2014, la division des ventes de livres des Amis déménage dans la salle 185 du 395, rue Wellington, attenante à la salle de réunion Morley-Callaghan. Le sous-sol abrite désormais un vaste espace d’entreposage dédié au tri d’une vaste collection de livres, ainsi qu’un bureau où le personnel de Bibliothèque et Archives Canada peut évaluer méticuleusement chaque don.

En 2017, la librairie des Amis de Bibliothèque et Archives Canada, affectueusement appelée Le Recoin, fait ses débuts. Le Recoin propose des livres d’occasion, et les recettes servent à financer l’acquisition de documents sur le Canada pour BAC. Le magasin, ouvert trois jours par semaine, renforce sa renommée en organisant une grande vente annuelle de livres et en ouvrant ses portes au public lors d’occasions spéciales, notamment la fête du Canada.

En 2019, la librairie Le Recoin dispose de plus de dix bénévoles et d’un fonds de 3 000 $, qui lui permet d’acheter des ouvrages importants comme l’édition rare du livre Adventures of a Field Mouse, de Catharine Parr Traill, et l’ouvrage le plus connu de Stephen Leacock, Sunshine Sketches of a Little Town, dans son édition américaine avec la jaquette d’origine.

En 2020, la pandémie de COVID-19 entraîne la fermeture de la librairie Le Recoin, mais qu’à cela ne tienne, les Amis de BAC se tournent vers la vente en ligne de livres anciens. Alors, soumettez vos offres!

Trésors trouvés à la librairie Le Recoin

Dans la salle principale de la librairie Le Recoin se trouve une section dédiée au Canada français, y compris un espace consacré à l’histoire du Canada français, dont une grande partie des ouvrages provient de Jean-Pierre Wallot, ancien archiviste national du Canada, de 1985 à 1997. Jean-Pierre Wallot était un bibliophile passionné qui avait lui-même constitué une impressionnante collection de livres.

À ma deuxième journée de travail à Bibliothèque et Archives Canada, j’ai découvert par hasard le livre Les imprimés dans le Bas-Canada, 1801-1810, par John Ellis Hare et Jean-Pierre Wallot (OCLC 231788329) à la librairie Le Recoin. L’exemplaire est même signé par Jean-Pierre Wallot! Cette trouvaille revêt pour moi une importance particulière, car elle s’ajoute à une autre édition que j’ai chez moi, annotée par John Ellis Hare.

Vous pouvez acheter un exemplaire du livre Les imprimés dans le Bas-Canada dès aujourd’hui à la boutique en ligne de la librairie Le Recoin.

Découverte incroyable, sur un chariot à l’extérieur de la librairie Le Recoin, j’ai trouvé Dollard est-il un mythe? autographié par le chanoine Lionel Groulx et dédicacé à Jean-Pierre Wallot (OCLC 299866171)! Cela a ajouté une nouvelle couche à ma compréhension de l’histoire du Canada français.

Couverture de livre portant le nom de l’auteur, « Chanoine Lionel Groulx », le titre Dollard est-il un mythe? et l’image du buste d’un homme aux cheveux longs.

Dollard est-il un mythe? autographié par le chanoine Lionel Groulx et dédicacé à Jean-Pierre Wallot (OCLC 299866171).

Les travaux de Jean-Pierre Wallot ont été fortement influencés par l’École historique de Montréal, et l’idéologie de Lionel Groulx témoigne de la richesse du discours historique de l’époque.

Enfin, dans la section de Jean-Pierre Wallot, j’ai depuis recueilli des livres de l’École historique de Montréal, des ouvrages de Michel Brunet, Maurice Séguin et Guy Frégault, qui tous portent la signature de Jean-Pierre Wallot et contiennent ses remarques et corrections personnelles.

Les imprimés dans le Bas-Canada a valu au duo Hare et Wallow la Médaille Marie-Tremaine de la Société bibliographique du Canada en 1973. Les deux historiens sont ainsi les premiers à avoir reçu ce prix prestigieux après celle qui lui a donné son nom, Marie Tremaine elle-même.

Photographie d’étagères remplies de livres.

La section Jean-Pierre Wallot, ancien archiviste national du Canada, dans la librairie Le Recoin. Photo gracieuseté de l’auteur, Evan Dalrymple.

Il existe des fonds d’archives à BAC portant sur John Ellis Hare et Jean-Pierre Wallot, ainsi que sur la conceptrice de la médaille Marie-Tremaine, Dora de Pédery-Hunt (MIKAN 4699607 / MIKAN 192150).

John Ellis Hare et Jean-Pierre Wallot n’étaient pas seulement de grands lecteurs et d’éminents collectionneurs de livres, mais aussi des historiens qui ont défendu l’idée que les imprimés, les journaux et les livres devaient être considérés comme des sources historiques primaires (se reporter aux articles « Reflexions on Making a Bibliography » et « Society and Imprints » [en anglais]).

Certains ouvrages de littérature canadienne-française de ma collection personnelle ne font pas partie des collections de BAC et ne sont pas disponibles dans d’autres librairies ou bibliothèques. Beaucoup de livres de ma collection sont des exemplaires idéaux; ils sont souvent signés ou marqués par l’auteur et sont en excellent état, souvent avec la jaquette d’origine ou une reliure de qualité.

Au Recoin, je trouve souvent des livres parfaits pour enrichir ma collection personnelle. La majeure partie des documents de ma collection d’histoire canadienne-française comprend des ex-libris de John Ellis Hare ou de Jean-Pierre Wallot.

Dons aux Amis de Bibliothèque et Archives Canada

Au fil des ans, j’ai fait don de livres à des bibliothèques de collections spéciales comme Archives et collections spéciales à l’Université d’Ottawa, et j’ai préservé ma collection avec l’aide de certains membres de Bibliothèque et archives Jean-Léon-Allie et de catalogueurs de l’Université d’Ottawa. De fait, de nombreux trésors de la salle des livres rares de Bibliothèque et Archives Jean-Léon-Allie contiennent également des ex-libris de John Ellis Hare.

J’achève le catalogage de ma collection et j’envisage de faire un don important à la Bibliothèque nationale et à la librairie Le Recoin des Amis de Bibliothèque et Archives Canada.

Le prochain chapitre de la librairie Le Recoin/Cubby

À Ādisōke, une installation partagée par la Bibliothèque publique d’Ottawa et Bibliothèque et Archives Canada, la construction avance à grands pas. Ādisōke est un mot anishinaabemowin qui signifie « raconter des histoires », et l’endroit promet d’être une plaque tournante pour notre communauté. La question est de savoir ce qu’il adviendra de notre librairie Le Recoin.

S’agira-t-il d’une charmante boutique éphémère comme elle l’a été autrefois, avec ses « grandes ventes de livre » et ses ventes aux enchères, ou tracera-t-on une nouvelle voie? Le regroupement de la Bibliothèque publique d’Ottawa et de Bibliothèque et Archives Canada pourrait voir renaître l’esprit de collaboration dont nous nous souvenons bien.

Alors qu’un nouveau chapitre s’ouvre pour les Amis de BAC et que nous découvrons le nouvel espace de rassemblement qui verra le jour à Ādisōke, nous avons hâte de découvrir les nouveaux trésors qui nous attendent.

Pour conclure, trouvez vos propres trésors lors de la grande vente de livres de la librairie Le Recoin qui aura lieu à BAC pendant l’événement Portes ouvertes Ottawa, les 1er et 2 juin 2024. Cela marquera également 31 ans de vente de livres – alors, rendez-vous au Recoin!

Pour communiquer avec la librairie Le Recoin, envoyez un courriel à amis-friends@bac-lac.gc.ca ou composez le 613-992-8304.

Pour en savoir plus


Evan Dalrymple est bibliothécaire de référence à la Direction générale de l’accès et des services de Bibliothèque et Archives Canada, au 395, rue Wellington, à Ottawa.

À la découverte de mon grand-père, Robert Roy Greenhorn : sa vie au Canada (partie 4)

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Groupe de garçons travaillant dans un champ à la ferme école de la Philanthropic Society

Par Beth Greenhorn

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certains pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

J’ai conclu la troisième partie de cette série sur mon grand-père, Robert Roy Greenhorn, en évoquant son départ pour la maison Fairknowe à Brockville, en Ontario, au printemps 1889. Il s’agit du foyer, exploité par le philanthrope écossais William Quarrier, qui assurait la répartition des enfants au Canada.

Feuille de papier à en-tête en noir et blanc comportant deux rangées de texte anglais en lettres majuscules noires dans la partie supérieure indiquant : « Maison de répartition pour les enfants écossais et orphelinat canadien, Fairknowe, Brockville (Ontario) ». Il y a une illustration d’une maison à deux étages avec une grande véranda au milieu. L’image est encadrée par un texte dactylographié en noir en écriture cursive. Un cachet indiquant la date de réception de la lettre est apposé dans le coin supérieur droit. La date d’envoi de la lettre figure en bas à droite.

En-tête de lettre de la maison Fairknowe, Brockville, Ontario, Direction de l’immigration, RG 76, vol. 46, dossier 1381, partie 6, Dossiers du service central, 1892-1950. Source : Immigration Program : Headquarters central registry files – Image 378 – Héritage (canadiana.ca).

Avant que les groupes de jeunes ne quittent l’Écosse, des familles de l’Ontario faisaient une demande pour obtenir un enfant aux orphelinats de Quarrier. Lors de la cérémonie d’adieu organisée à l’occasion du départ de mon grand-père, à Glasgow, William Quarrier a assuré aux personnes présentes que l’on avait pris soin de « choisir des foyers convenables pour [les enfants] dans le nouveau pays. Les garçons et les filles étaient encadrés jusqu’à leurs 18 ans. » (sans titre [iriss.org.uk], p. 23, 15 mars 1889, North British Daily Mail (en anglais)).

Sur le formulaire de demande (en anglais), les familles avaient la possibilité de choisir un garçon ou une fille, ainsi qu’une tranche d’âge. Si la demande concernait un garçon, une section était consacrée à des informations comme le type d’exploitation agricole de la famille, le nombre d’heures de travail par jour, la superficie de la terre ainsi que le nombre de vaches à traire. En outre, chaque demandeur devait fournir les noms de cinq personnes de référence : son ministre du culte, son préfet, son médecin et deux autres personnes influentes.

Le placement des enfants était régi par des contrats d’engagement juridiquement contraignants. Selon une exposition en ligne du Musée canadien de l’histoire, les formulaires d’engagement :

… établissaient clairement les responsabilités du foyer d’accueil, de l’enfant, du maître et de la maîtresse. Pour un enfant de moins de dix ans, le maître ou la maîtresse recevait 5 $ par mois de l’agence pour loger, nourrir, scolariser et habiller l’enfant, qui devait effectuer de menus travaux à la maison et à la ferme. De 11 à 14 ans, les enfants ne recevaient en échange de leur travail que le gîte, le couvert et un peu d’éducation. De 14 ans à la fin de l’engagement, soit 18 ans, les enfants étaient censés effectuer le travail d’un adulte à temps plein et avaient donc droit à une rémunération. (Civilisations.ca – À la croisée des cultures – Instruments de musique (museedelhistoire.ca)).

Feuille de papier blanche avec du texte anglais dactylographié en noir. Sur le côté gauche supérieur de la lettre se trouve un cachet noir indiquant la date de sa réception.

Formulaire d’engagement, estampillé par le ministère de l’Intérieur, 24 mars 1900, Direction de l’immigration, RG 76, vol. 46, dossier 1532, partie 1. Source : Immigration Program : Headquarters central registry file – Image 379 – Héritage (canadiana.ca).

Mon grand-père, comme la majorité des enfants du foyer, venait d’une zone urbaine industrielle du Royaume-Uni. Il avait sans doute effectué quelques tâches quotidiennes pendant son séjour à l’orphelinat situé à Bridge of Weir. Cependant, cela ne l’avait sûrement pas préparé à la vie sur une ferme de l’Ontario ni aux rudes hivers canadiens (Société historique de l’immigration canadienne [cihs-shic.ca] (en anglais)). Si certains ont vécu des expériences positives et ont été traités comme des membres de la famille, d’autres ont connu de grandes souffrances, notamment des abus physiques et sexuels et de la négligence (Compensation offered for surviving British Home Children and Child Migrants | Ups and Downs – British Home Children in Canada [wordpress.com] (en anglais)). Les organismes d’émigration, y compris les orphelinats de William Quarrier, devaient effectuer des visites annuelles pour s’assurer que les enfants recevaient des soins adéquats. Selon un livret souvenir de 1907 publié par l’organisation de Quarrier, les enfants qui émigraient au Canada étaient « sous une supervision attentive [leur permettant] de devenir de dignes citoyens de la grande colonie » (William Quarrier – Brockville, Ont., 7,200 immigrated – BRITISH HOME CHILDREN IN CANADA [weebly.com], diapositive 2 (en anglais)).

Mais, comme l’a fait remarquer la regrettée Sandra Joyce, auteure et cofondatrice du British Home Child Group International :

C’est à ce moment-là que le système commençait à s’effondrer. Les frères et sœurs étaient séparés dès leur arrivée et, bien que certains fermiers se souciaient sincèrement des enfants, beaucoup les considéraient simplement comme une main-d’œuvre bon marché. D’autres leur faisaient subir des sévices atroces. Le suivi des enfants placés était généralement laissé au hasard (British Home Children – SANDRA JOYCE (en anglais)).

Chaque année, des inspecteurs de l’enfance étaient chargés de vérifier la situation de plus de 2 000 enfants dans le sud de l’Ontario, une tâche pratiquement impossible. (Société historique de l’immigration canadienne [cihs-shic.ca] (en anglais)).

À leur arrivée au Canada, mon grand-père et son frère ont été confiés à deux familles d’agriculteurs différentes. Le recensement du Canada de 1891 indique que mon grand-oncle, John, âgé de 15 ans, travaillait comme domestique pour Robert et Mary Parker dans une ferme près de Brockville, en Ontario. Selon ma tante Anna, Robert a ensuite perdu la trace de John, qui est parti vers le nord et s’est finalement installé dans l’Ouest canadien. J’ai trouvé sur Ancestry la notice nécrologique d’un certain John Greenhorn, né vers 1877 en Écosse, et décédé le 31 mars 1961 à l’âge de 84 ans à Victoria, en Colombie-Britannique. Je crois qu’il s’agit de mon grand-oncle.

Comme je l’ai fait remarquer dans la troisième partie de la série, j’espérais trouver des documents concernant mon grand-père après son arrivée à la maison Fairknowe, à Brockville. Malheureusement, ces documents ont été détruits. En discutant avec mon père, Ralph, j’ai appris que son père avait d’abord vécu chez une famille habitant près du hameau de Philipsville, en Ontario, à environ 46 kilomètres de Brockville. Je ne sais pas combien de temps mon grand-père a vécu avec cette famille. J’ai cependant cru comprendre qu’il y avait été maltraité, avant d’être recueilli par les King, qui habitaient sur une ferme voisine. En 1891, mon grand-père, âgé de 12 ans, était enregistré comme domestique et vivait avec Aulga (sic) [Auldjo] et Mary (Ann) King ainsi que leurs enfants adultes, William et Christine (Recensement du Canada de 1891). Lors du recensement du Canada de 1901, Robert vivait toujours avec Anldfo (sic) [Auldjo] et Mary Ann King, ainsi que leur petite-fille, Gladys Marshall. J’ai été soulagée de savoir que sa relation avec les King avait changé : il n’était plus un domestique, mais avait été adopté par la famille King. Ma tante Anna se souvient que Robert parlait en termes élogieux des King qui, selon lui, « ont toujours été bons avec [lui] ». (conversation, 22 août 2023) Les données du recensement du Canada de 1901, combinées aux souvenirs de ma tante, laissent penser que le sort de mon grand-père s’est amélioré et qu’il a vécu dans une famille bienveillante.

La partie suivante peut sembler hors sujet, mais je vous assure qu’elle concerne aussi l’histoire de mon grand-père. J’ai vécu ma plus belle expérience d’emploi étudiant durant deux étés, au début des années 1980. J’ai notamment eu l’occasion de participer à un projet de recherche historique sur les bâtiments patrimoniaux et les familles des cantons de Bastard et de South Burgess, qui comprennent le hameau de Philipsville. Le projet, mené par l’historienne Diane Haskins, a abouti à la publication de My Own Four Walls: heritage buildings and the family histories in Bastard and South Burgess Township (en anglais), en 1985. Cet emploi m’a permis de passer une semaine aux Archives nationales du Canada, aujourd’hui Bibliothèque et Archives Canada (BAC), pour effectuer des recherches sur les documents de recensement de l’Ontario conservés sur microfilms. Je ne me doutais pas alors que je travaillerais à BAC un jour, mais je m’écarte du sujet. Revenons à l’histoire de mon grand-père.

En août 2023, ma tante Anna m’a montré son exemplaire de My Own Four Walls. Le chapitre consacré à Philipsville comprend une photographie de la meunerie et scierie de Reuben Haskin, prise vers 1900. L’homme en haut à gauche, agenouillé sur une poutre avec une hache à la main, est identifié comme étant Bill Greenhorn. Je me souvenais avoir vu cette photographie lors de mes recherches en tant qu’étudiante, mais je n’avais pas fait le lien. J’avais supposé que la personne qui avait inscrit les noms des personnes sur cette photographie avait mal identifié l’homme tenant la hache et s’était trompée de nom de famille. À ma connaissance, il n’y avait que trois personnes dénommées Greenhorn dans le Sud-Est de l’Ontario au début du siècle : mon grand-père, Robert, et ses frères, John et Norval. En fait, avant 2018, je n’avais jamais vu de portrait de jeune homme de mon grand-père. C’est ma cousine Joyce Madsen, la fille de ma tante Jenny, qui m’avait alors montré une photo lors d’une visite. Lorsque j’ai commencé à travailler sur l’histoire de notre grand-père, Joyce m’a généreusement donné le portrait de Robert pris au début de sa vingtaine (voir partie 1).

Groupe composé de sept hommes, de deux femmes et de deux enfants posant sur le sol, sur une poutre et sur une échelle devant un bâtiment ouvert en bois.

Meunerie et scierie de Reuben Haskin, Philipsville (Ontario), vers 1900. Dernière rangée, de gauche à droite : Robert Greenhorn et deux autres hommes non identifiés. Rangée centrale, de gauche à droite : Joe Halladay, Kenneth Haskin, un enfant non identifié, Allan Haskin et Philo Haskin. Première rangée, de gauche à droite : Helen Haskin, Bertha Haskin, Miss Shire et M. McCollum. Fournie gracieusement par Bruce Haskins. (OCLC 16752352, p. 96)

En travaillant sur la présente série, j’ai appris, grâce aux données du recensement du Canada de 1911, que mon grand-père était employé comme ouvrier dans une scierie et qu’il logeait chez Reuben et Bertha Haskin à Philipsville. Je n’aurais jamais fait le lien si ma tante Anna ne m’avait pas remis en mémoire cette photographie publiée dans My Own Four Walls.

Le 14 juillet 1916, les registres d’accès au cadastre de l’Ontario pour le comté de Leeds indiquent qu’Auldjo et Mary Ann King ont concédé à Robert des parties des lots 21 et 22, les terres voisines de leur ferme, pour 10 $, selon certaines conditions non spécifiées liées à l’espérance de vie de Mary Ann. Deux mois plus tard, le 16 septembre 1916, Robert a épousé ma grand-mère, Blanche Carr (Ancestry.ca -Mariages, Ontario, Canada, 1826 à 1939). Née en mai 1898, elle était de 19 ans la cadette de mon grand-père, mais elle l’avait connu toute sa vie, puisqu’elle avait grandi juste à côté de la ferme des King.

Mes grands-parents possédaient une ferme laitière et bovine ainsi qu’une érablière, que ma famille appelle affectueusement « la ferme ». Ils ont eu huit enfants, dont sept ont survécu jusqu’à l’âge adulte : Jennie, Roy, Josephine (Jo), John, Jean, Arnold et mon père, Ralph. Nellie, née en 1924, est décédée l’année suivante. Elle est enterrée avec mes grands-parents au cimetière Halladay à Elgin, en Ontario.

Un groupe composé d’hommes, de femmes et d’enfants, sur deux rangées, debout sur la neige en tenue d’intérieur devant un bâtiment à ossature en bois, à droite, et un arbre, à gauche.

Devant la maison de ferme, à Philipsville (Ontario), vers 1940. Première rangée, de gauche à droite : mon oncle Arnold, Alex Morrison (le mari de ma tante Jo), ma grand-mère Blanche, ma tante Jo, ma tante Jean, mon grand-père Robert et mon oncle John. Deuxième rangée, de gauche à droite : mon oncle Roy, Mary et Hugh (les enfants de ma tante Jo) et mon père, Ralph. Fournie gracieusement par l’auteure du billet de blogue, Beth Greenhorn.

La vie de mes grands-parents n’était pas facile, surtout durant les premières années de leur mariage. Leur première maison, située à quelques propriétés de la ferme familiale des King, présentait son lot de défis. Ma tante Anna se souvient que la sage-femme de Blanche a décrit leur maison comme étant « une pauvre cabane », dans laquelle des seaux recueillaient les eaux de pluie qui traversaient le toit (courriel d’Anna Greenhorn à Beth Greenhorn, 19 janvier 2024). Après avoir reçu le courriel de ma tante, j’ai relu les mémoires non publiés de mon père. Il y évoque brièvement Margaret (Meg) Nolan, la sage-femme qui a mis au monde tous les enfants de Blanche. Au moment du recensement du Canada de 1931, Margaret Nolan, âgée de 62 ans, était employée comme infirmière auxiliaire et vivait toujours à Philipsville.

Le recensement du Canada de 1921 indique que Blanche et Robert Greenham (sic) avaient acheté un terrain à côté de celui de la famille King, où ils ont finalement construit leur maison. Robert était agriculteur. Le couple avait trois enfants : Jennie, âgée de cinq ans, Roy, âgé de trois ans et Jo, âgée de deux ans à l’époque.

Lors d’une conversation avec tante Anna en août dernier, elle m’a raconté la façon dont mes grands-parents ont d’abord construit la grange pour loger la famille pendant la construction de la maison. La priorité était de subvenir à leurs besoins et il leur fallait un abri pour traire les vaches. Dès que la construction de la maison le permit, ma grand-mère et mes tantes, Jennie et Jo, et peut-être Nellie et Jean, s’y sont installées. Mon grand-père et mes oncles, Roy et John, ont continué à dormir dans la grange jusqu’à ce que la maison ait des cloisons intérieures offrant plus d’intimité. Mon père m’a dit que la famille n’a pas eu d’électricité avant qu’il soit en dixième ou onzième année, c’est-à-dire au milieu des années 1940.

L’agriculture était, et est toujours, un travail difficile, nécessitant de longues heures de travail 365 jours par an. La famille entière était mise à contribution. Bien qu’il n’y ait jamais eu d’argent pour s’offrir du luxe, mon père disait qu’il y avait toujours de la nourriture en abondance sur la table, le repas du midi étant le plus copieux de la journée. Il se composait généralement de purée de pommes de terre et de sauce, de plusieurs sortes de légumes et de rôti de bœuf ou de jambon, et il se terminait toujours par une grosse part de tarte aux fruits. La plupart des aliments étaient cultivés à « la ferme » (mémoires non publiés, p. 7 et 8).

Formulaire de recensement comportant 17 colonnes et montrant les noms de 11 personnes écrits à la main à l’encre noire sur des lignes individuelles.

Recensement de 1931, Robert et Blanche et leurs sept enfants. Ils vivaient à proximité de William King, le fils d’Auldjo et de Mary Ann King. Daniel Beach, le père âgé de Mary Ann King, logeait chez la famille. Source : Recensement de 1931 (bac-lac.gc.ca), compté de Leeds, sous district Bastard et Burgess, no 4, page 2 de 13.

La quête de l’histoire de mon grand-père, Robert Roy Greenhorn, a été une belle expérience teintée d’amertume par moments. Je ne peux qu’imaginer à quel point il a dû être terrifiant d’arriver dans un nouveau pays à l’âge de 9 ans et d’être séparé de son frère aîné. J’ai été bouleversée d’apprendre que mon grand-père avait été maltraité par sa première famille d’accueil. J’ai cependant pu trouver du réconfort dans le fait qu’il a ensuite été recueilli par un couple bienveillant, à qui il témoignait de l’affection.

Portrait réalisé en studio d’un jeune homme présenté dans un cadre ovale sur panneau rectangulaire noir. Le jeune homme porte un costume trois pièces et un chapeau melon, tient un document roulé et appuie son coude sur le dossier d’une chaise.

Robert Roy Greenhorn, photographe et lieu inconnus, vers la fin des années 1890. Photo offerte gracieusement par Pat Greenhorn.

Cette photo de mon grand-père a probablement été prise alors qu’il avait une vingtaine d’années. Se faire tirer le portrait à la fin du XIXe siècle était un événement important. Mon grand-père est vêtu de son plus beau costume, probablement le seul qu’il possède. Son gilet semble être rendu un peu trop petit pour lui. Il tient un document roulé, un accessoire indiquant qu’il sait lire et écrire. Son regard franc traduit la confiance en soi. Son langage corporel est empreint d’assurance. Bien que mon grand-père n’ait pas connu une ascension sociale fulgurante, son histoire est marquée par la résilience et la détermination.

Ressources complémentaires


Beth Greenhorn est gestionnaire de contenu en ligne à la Direction générale de la diffusion et de l’engagement de Bibliothèque et Archives Canada.

Bibliothèque et Archives Canada fait l’acquisition d’un livre ancien

English version

Par Meaghan Scanlon

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) a récemment fait l’acquisition d’un exemplaire du livre Relation de ce qvi s’est passé en la mission des pères de la Compagnie de lésvs aux Hurons, pays de la Nouuelle France, és années 1648. & 1649, grâce au soutien de la Fondation de Bibliothèque et Archives Canada.

Publié à Paris en 1650, ce livre fait partie d’une série de publications connues sous le nom de Relations des jésuites. Il s’agit de rapports écrits par des missionnaires jésuites établis en Nouvelle-France. Publiés annuellement de 1632 à 1673, ces rapports renseignaient les supérieurs des missionnaires, en France, sur les progrès des missions. Les Relations ainsi publiées ont rejoint un vaste lectorat et ont contribué à renforcer l’appui de la population française aux efforts des jésuites en Nouvelle‑France. Même si les Relations doivent être interprétées dans le contexte colonial de l’époque, elles n’en demeurent pas moins des documents importants qui relatent l’histoire de la Nouvelle-France. Elles constituent une source d’information précieuse – bien que partiale et revue en profondeur – sur les peuples autochtones qui vivaient dans la région alors appelée la Nouvelle‑France, ainsi que sur leurs premières interactions avec les missionnaires colonisateurs venus d’Europe.

L’ouvrage acheté par BAC est la première édition de la Relation de ce qui s’est passé en 1648 et 1649. On attribue sa rédaction à Paul Ragueneau, le supérieur de la mission jésuite dans le territoire du peuple huron-wendat. Le rapport traite d’événements historiques notables, notamment le conflit entre les Haudenosaunee (Iroquois) et les Hurons, qui a entraîné la destruction de la mission des jésuites sur le territoire huron (Wendake) par les Haudenosaunee, ainsi que de la mort des jésuites Jean de Brébeuf et Gabriel Lalemant, par la suite canonisés par l’Église catholique.

La collection de livres rares de BAC est principalement constituée d’ouvrages Canadiana publiés avant 1867. (BAC définit Canadiana comme des publications produites au Canada, portant sur le Canada ou créées par des personnes originaires du Canada ou ayant des liens avec le Canada.) La collection de livres rares de BAC comprend une collection exceptionnelle d’environ 65 numéros des Relations des jésuites. Bien que BAC n’ait pas d’exemplaire du premier rapport, publié en 1632, il possède au moins un exemplaire de chaque édition pour presque chacune des années qui ont suivi.

Les Relations des jésuites sont aujourd’hui considérées comme des livres rares « importants ». Toutefois, lors de leur publication, ils relevaient probablement davantage de la littérature de masse. Cette perception historique découle de la façon dont les exemplaires de la collection de BAC sont reliés. La reliure de plusieurs livres est en vélin souple . Contrairement à la reliure à couverture rigide qui est collée sur un carton, la reliure souple ne contient pas de carton. Le livre ancien à reliure souple est en quelque sorte l’ancêtre du livre de poche, à la différence que sa couverture est généralement faite de peau d’animal plutôt que de papier. La plupart des exemplaires des Relations des jésuites que BAC possède ont une couverture faite de peau de vélin, d’où le terme vélin souple.

Tout comme les livres de poche modernes coûtent habituellement moins cher que ceux à couverture rigide, les reliures souples constituaient une option plus modique pour les acheteurs de livres du XVIIe siècle. La plupart des exemplaires des Relations des jésuites de la collection de BAC sont également modestes et dénués de décoration, outre le titre écrit à la main à l’encre sur le dos, un autre détail qui laisse penser qu’ils étaient peu coûteux. De plus, ils étaient généralement très petits, mesurant quelque 20 centimètres de hauteur.

En fait, la nouvelle acquisition est si légère que la personne qui l’a livrée à BAC avait l’impression que la boîte était vide! Sa reliure est elle aussi faite de vélin souple. Fait intéressant à souligner, la couverture en vélin a été fabriquée à partir d’une ancienne partition qui semble dater du XVIe ou du XVIIe siècle. À l’époque, il était courant pour les relieurs d’utiliser des matériaux mis au rebut, comme des pages de vieux manuscrits. Bien sûr, le recyclage permet de réduire les coûts, et une couverture faite de vélin réutilisé est un autre signe que le livre en question était considéré comme un article « bon marché ».

Certains signes laissent toutefois croire que cette reliure ne date pas de l’époque de la publication du livre. En effet, les pages de garde sont faites d’un papier différent et plus récent que celui utilisé pour le cahier (pages du texte). Les marges des pages sont également très étroites, ce qui indique que les pages ont été rognées, vraisemblablement lorsque le livre a été relié de nouveau.

Les modifications précises qui ont été apportées à ce livre au fil du temps sont un mystère que les restaurateurs de livres de BAC tenteront d’élucider. Cependant, si le livre a été relié à neuf à un certain moment au cours des quelque 400 ans qui se sont écoulés depuis sa publication, comme cela semble être le cas, la personne qui a fait le travail s’est efforcée d’utiliser des matériaux et des techniques fidèles à ceux qui étaient en usage lorsque le livre a été initialement publié.

Photographie montrant un petit livre relié avec un morceau de vélin sur lequel sont écrites des notes de musique à l’encre rouge et noire dans un style calligraphique. Le vélin semble dater du XVIe ou du XVIIe siècle.

Couverture du deuxième exemplaire détenu par BAC du livre Relation de ce qvi s’est passé en la mission des pères de la Compagnie de lésvs aux Hurons, pays de la Nouuelle France, és années 1648. & 1649, publié à Paris par l’éditeur Sébastien Cramoisy en 1650 (OCLC 1007175731).

Ressources complémentaires


Meaghan Scanlon est bibliothécaire principale des collections spéciales à la Division des acquisitions publiées de Bibliothèque et Archives Canada.

À la découverte de mon grand-père Robert Roy Greenhorn : sa vie dans les Orphan Homes of Scotland (partie 3)

English version

Groupe de garçons travaillant dans un champ à la ferme école de la Philanthropic SocietyPar Beth Greenhorn

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certains pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

Je tiens à remercier Mary Munk (collègue à la retraite du secteur de la généalogie et de l’histoire familiale de Bibliothèque et Archives Canada), ma tante Anna Greenhorn, ma cousine Pat Greenhorn et Steven Schwinghamer (Quai 21) pour l’aide qu’ils m’ont apportée dans la rédaction des parties 3 et 4 de cette série.

Au moment d’écrire ce troisième article sur mon grand-père Robert Roy Greenhorn, je n’avais toujours trouvé aucun document relatif à son émigration au Canada. J’ai contacté Quarriers Records Enquiry, mais selon le site British Home Children in Canada, les rapports conservés par Quarrier Orphan Homes of Scotland sur les progrès des enfants dans leurs foyers canadiens ont été détruits, semble-t-il à la suite d’une erreur de communication lors de la fermeture de l’établissement canadien en 1938. J’espérais également retrouver des documents concernant son placement dans les deux familles d’accueil avec lesquelles il a vécu après son arrivée à la maison de répartition Fairknowe, à Brockville, en Ontario, en 1889, mais je n’ai pas eu cette chance jusqu’à présent.

À ce jour, je n’ai pu mettre la main que sur deux documents se rapportant expressément à mon grand-père.

Le premier est ce portrait de groupe pris en mars 1889, peu après son arrivée à la maison Fairknowe. Robert et son frère John figurent tous deux sur cette photo. Tous les garçons sont nommés sous l’image, dans l’ordre alphabétique de leurs prénoms. Comme je n’ai jamais vu de photo de mon grand-père lorsqu’il était enfant, je suis incapable de le reconnaître. Selon ma tante Anna Greenhorn (la femme de mon oncle John), mon grand-père était très petit pour son âge. Je sais que, d’après la liste de passagers sur laquelle il figure, il était l’un des plus jeunes garçons de son groupe. Je me demande s’il ne fait pas partie des plus petits, au premier rang.

Photo en noir et blanc d’un grand groupe de garçons et de plusieurs hommes et femmes se tenant debout sur le parterre, l’escalier et la galerie d’un bâtiment en stuc blanc.

Le groupe d’arrivants du navire Siberian, 26 mars 1889, maison Fairknowe, Brockville, Ontario. Photo : William Quarrier – Brockville, Ont. 7 200 immigrés – « BRITISH HOME CHILDREN IN CANADA » (weebly.com)

La deuxième référence est une brève déclaration figurant à la page 43 du document Narrative of Facts, le rapport annuel de William Quarrier pour 1894. On peut y lire : [traduction] « […] un garçon de neuf ans, frère des deux enfants amenés au Canada précédemment, qui se portent bien. Celui-ci habitait avec une sœur mariée, mais il devenait incontrôlable et, malgré son jeune âge, il a volé, etc. » [Source : sans titre (iriss.org.uk)] Le garçon de neuf ans est Norval, le plus jeune frère de mon grand-père, et Jeanie, alors mariée, est sa sœur. Norval a quitté l’Écosse le 29 mars 1894. Il est arrivé à Halifax, en Nouvelle-Écosse, le 16 avril 1894, avant de rejoindre la maison Fairknowe à Brockville, en Ontario.

À la fin de la partie 2 de cette série, j’ai interrompu mon récit au moment où mon grand-père et son frère John ont été transférés du City Orphan Home, à Glasgow, à l’Orphan Homes of Scotland, situé à Bridge of Weir, à environ 25 kilomètres. Ils ont déménagé lorsque des lits se sont libérés à la suite de l’émigration annuelle de garçons vers le Canada. C’était le 11 juin 1886. L’Orphan Homes of Scotland allait héberger Robert et John pendant près de trois ans.

Lorsque mon grand-père et son frère arrivent à l’Orphan Homes of Scotland, cet orphelinat, d’abord constitué de deux maisons de campagne pouvant accueillir chacune de 20 à 30 enfants, est devenu une communauté autonome comptant près de 600 enfants (source, p. 37). Appelée « The Village », la communauté se compose de 16 maisons de campagne, d’une blanchisserie, d’ateliers et de fournils, d’un magasin et d’un bureau de poste, d’une écurie et d’une étable, d’un poulailler, d’une serre, de l’église Mount Zion, de salles de classe et d’une maison destinée au surintendant de l’établissement. Le bâtiment central abrite la salle principale, les salles de classe et les logements des enseignants. Il y a aussi le James Arthur, un navire enclavé destiné à l’entraînement des garçons qui allaient travailler dans la marine.

Le 14 mars 1889, une réunion spéciale est tenue au Village pour dire adieu aux garçons qui partent pour le Canada. Robert et John, ainsi que 128 autres garçons, quittent l’Écosse dès le lendemain. Des résidents de Glasgow et de Paisley sont invités à la réception. Selon un article paru dans le Glasgow Herald intitulé « Orphan Homes of Scotland: Departure of Children for Canada » (15 mars 1889, p. 8), plusieurs centaines de véhicules ont convergé vers la gare de Bridge of Weir, transportant des gens venus dire adieu aux petits immigrés. Je ne saurai jamais si la sœur aînée de Robert et John, Jeanie, qui travaillait à Paisley en 1885, faisait partie des invités. Si elle était présente, j’espère qu’elle a eu l’occasion de voir ses jeunes frères une dernière fois et de les serrer tous les deux dans ses bras.

Chaque garçon et fille qui émigrait au Canada recevait un coffre en bois portant l’initiale de son prénom et son nom de famille. Ma cousine Pat Greenhorn a hérité du coffre de notre grand-père, seul souvenir de son enfance. Comme je l’ai mentionné dans la partie 1 de cette série, chaque enfant était appelé à travailler. Les filles étaient généralement employées comme domestiques, et les garçons, comme ouvriers agricoles. Les coffres contenaient donc des vêtements de travail adaptés aux saisons canadiennes, une tenue pour la messe, des articles de toilette, du nécessaire pour recoudre les chaussettes et les vêtements, ainsi qu’une bible. En outre, les enfants recevaient un exemplaire du livre The Pilgrim’s Progress (le voyage du pèlerin) de John Bunyan, une allégorie religieuse racontant l’histoire d’un homme nommé Christian. Honteux et habité par le péché, Christian quitte la Cité de la destruction pour la Cité céleste en quête de la rédemption. Ce livre populaire a sans aucun doute été choisi pour les enseignements religieux et moraux qu’il renferme, afin d’encourager les enfants dans leur parcours et leur nouvelle vie au Canada.

Photo d’un coffre en bois marron. Un nom est inscrit au pochoir en lettres majuscules blanches du côté droit, et un autre nom en petites majuscules noires est visible dans le coin inférieur gauche.

Le coffre de Robert Greenhorn fourni par Quarrier Orphan Homes of Scotland. Photo : gracieuseté de Pat Greenhorn.

Robert et John ont voyagé sur le navire à vapeur S.S. Siberian, exploité par la compagnie de transport maritime Allan Line. Bibliothèque et Archives Canada (BAC) ne possède pas d’images numérisées de ce navire, mais détient une carte postale du S.S. Sardinian, qui a amené de petits immigrés au Canada à partir de 1875. Il est semblable au navire sur lequel mon grand-père a voyagé. Le Sardinian figure également sur le timbre-poste canadien de 2010 commémorant les petits immigrés anglais (voir la partie 1).

Photo en couleur d’un navire aux flancs noirs avec une bande rouge dans la partie inférieure et une cheminée rouge, noir et blanc. Un plus petit bateau blanc avec quatre rames et une cheminée qui fume est ancré à tribord, devant. Le nom du navire est écrit en lettres rouges dans le coin supérieur droit de l’image.

Le S.S. Sardinian, exploité par Allan Line, vers 1875-1917 (a212769k).

BAC possède la liste des passagers, y compris les garçons des orphelinats Quarrier et le reste des passagers de cabine, qui sont partis de Glasgow et de Liverpool pour se diriger vers le Canada sur le Siberian en mars 1889. Mon grand-père, inscrit sous le nom de Rob Greenhorn, figure parmi les garçons âgés de neuf ans.

À l’instar de tous les groupes d’émigrants des orphelinats Quarrier, mon grand-père a voyagé vers le Canada dans l’entrepont. Il s’agissait des places les moins chères sur les longs voyages en bateau à vapeur. Si l’on en croit les descriptions, ces quartiers d’habitation et de couchage étaient misérables. Installés dans la partie la plus basse du navire, l’espace contenant les machines, les passagers de l’entrepont étaient entassés et disposaient de peu d’air frais, ce qui provoquait une puanteur insupportable (Entrepont – Wikipédia). Dans son rapport annuel de 1889, William Quarrier remercie Allan Line pour la commodité et le confort des installations, qui étaient (traduction) « comme d’habitude très généreuses et satisfaisantes » [1889, p. 24, sans titre (iriss.org.uk)]. Les souvenirs qu’a conservés mon grand-père de ce voyage diffèrent de ceux de William Quarrier. L’été dernier, ma tante Anna m’a raconté l’expérience de Robert sur le Siberian. D’après mon grand-père, les garçons étaient entassés comme des sardines. Ils étaient 14 dans une cabine où l’air était lourd et nauséabond (source : Conversation entre Anna Greenhorn et Beth Greenhorn, 22 août 2023).

Mon grand-père est arrivé à Halifax, en Nouvelle-Écosse, le 26 mars 1889, neuf jours après son départ. Une fois débarqués du navire, les garçons étaient pris en charge par des fonctionnaires de l’immigration dans l’entrepôt du quai 2. Cette photo des archives de la Nouvelle-Écosse montre cet entrepôt avant qu’un incendie ne le détruise en 1895.

Photo en noir et blanc d’un long bâtiment en brique d’un étage sur un quai en bois. Plusieurs voiliers se trouvent devant le quai, et un grand bâtiment en brique portant le nom de l’entreprise en lettres blanches se trouve derrière, du côté gauche.

L’entrepôt du Quai 2 avec l’élévateur à grains de l’Intercolonial Railway à l’arrière-plan, port d’Halifax, avant 1895. Photo : fonds Harry et Rachel Morton, numéro d’acquisition 2005-004/004, album Longley, partie 1, numéro 40, Archives de la Nouvelle-Écosse.

Avant 1892, la Direction de l’immigration relevait du ministère de l’Agriculture. Les installations d’Halifax vouées aux immigrants étaient rudimentaires. En janvier 1889, trois mois avant l’arrivée de mon grand-père, le sous-ministre de l’agriculture, John Lowe, a inspecté l’entrepôt du quai 2. Il a conclu que celui-ci n’était pas adéquat. Dans une note datée du 23 avril 1889, il écrit :

[Traduction]
À l’heure actuelle, les immigrants sont reçus dans le hangar à marchandises du Chemin de fer Intercolonial, dans le port en eau profonde. Une petite pièce située à l’angle de ce bâtiment est destinée à abriter les femmes et les enfants, mais sa capacité d’accueil est tout à fait insuffisante compte tenu du nombre d’immigrants qui arrivent. Des désagréments importants surviennent […] dans le hangar à marchandises, et lorsqu’un grand nombre de personnes arrivent et doivent attendre pendant plusieurs heures […] les épreuves que subissent les immigrants sont très dures, et dans certains cas, des enfants fragiles tombent gravement malades. Pour les raisons mentionnées ci-dessus, il est absolument nécessaire et urgent de mettre à la disposition des immigrants arrivant à Halifax des locaux adéquats. Il ne faudrait pas qu’un autre hiver se passe sans que l’on érige de telles structures d’accueil. [RG17, vol. 610, dossier 69092]

Après l’inspection faite par les agents d’immigration, mon grand-père et son groupe sont montés à bord d’un train du Chemin de fer Intercolonial à destination de la maison Fairknowe, située à Brockville, en Ontario. La distance entre Halifax et Brockville est de 1 730 kilomètres (1 074 milles). Cela a dû être un autre voyage épuisant, d’une durée de plusieurs jours.

Dans le quatrième et dernier article de cette série, l’histoire de Robert Roy Greenhorn nous mènera au Canada, plus précisément à la maison Fairknowe à Brockville, en Ontario, et plus tard à Philipsville, en Ontario, où il vivra jusqu’à la fin de sa vie.

Ressources complémentaires


Beth Greenhorn est gestionnaire de l’équipe du contenu en ligne à la Direction générale de la diffusion et de l’engagement de Bibliothèque et Archives Canada.

 

Cinquante ans après l’Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie : écouter les voix (partie 2)

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Par Elizabeth Kawenaa Montour

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certains pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

L’Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie (EPVM), également appelée commission Berger, est ouverte il y a cinquante ans, en 1974, par le gouvernement du Canada. Elle consiste à faire enquête sur les répercussions possibles du pipeline et à présenter des conclusions, pour orienter la prise de mesures appropriées. Le rapport final (volume un et volume deux) est publié en 1977. Bibliothèque et Archives Canada (BAC) conserve la collection des documents originaux de l’enquête, qui sont gérés par la Division des archives gouvernementales.

Voici le deuxième de trois billets de blogue sur l’EPVM. Il met en lumière deux personnes qui ont joué un rôle central dans l’exécution rigoureuse du processus d’enquête, et propose des méthodes supplémentaires pour trouver des documents sur l’enquête.

La première partie décrivait les populations et les terres du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest touchées par le projet de pipeline de la vallée du Mackenzie, et les événements qui ont conduit le gouvernement du Canada à réclamer une enquête. La troisième et dernière partie présentera des techniques de recherche approfondies permettant de trouver des documents sur l’EPVM.

Le commissaire Thomas R. Berger et l’interprète et animateur inuit Abraham Okpik

L’enquête chargée d’étudier les incidences environnementales et socioéconomiques potentielles du projet de pipeline est menée par le juge Thomas R. Berger. Ancien juge de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, il possède une expérience juridique des questions relatives aux Premières Nations. Il vient de représenter les Nisga’a dans Calder et al. c. Procureur général de la Colombie-Britannique, [1973] R.C.S. 313. Cette affaire conduit à l’arrêt Calder de 1973 de la Cour suprême du Canada, qui reconnaît que les titres ancestraux sur des terres existaient avant la colonisation et que ceux des Nisga’a n’ont jamais été abolis.

Abraham « Abe » Okpik, né dans le delta du fleuve Mackenzie, sert d’interprète pendant l’enquête, en 1974. Il agit également à titre de représentant linguistique auprès de la CBC (le pendant anglophone de la Société Radio-Canada) pour qu’elle puisse rendre compte des audiences de l’enquête. Grâce aux compétences linguistiques et à l’expérience de vie de M. Okpik, la commission d’enquête arrive à établir une communication avec les différentes communautés de l’Arctique et à favoriser la compréhension.

En 1965, M. Okpik est le premier Inuit à siéger au Conseil des Territoires du Nord-Ouest. À l’époque, son nom de famille légal est « W3-554 », car le gouvernement du Canada identifie les résidents du Nord par des numéros de disque. M. Okpik finit par choisir son nouveau nom de famille et est chargé de diriger le projet « Noms de famille » en 1970. Il se rend alors dans des campements et des communautés inuit du nord du Québec et des Territoires du Nord-Ouest pour enregistrer les noms de famille qui remplaceront les numéros d’identification. En 1976, M. Okpik est nommé membre de l’Ordre du Canada en reconnaissance de sa contribution à la préservation du mode de vie inuit et de son travail dans le cadre de la commission Berger.

Photographie en couleur d’Abe Okpik, debout à l’intérieur, et vêtu d’un parka inuit noir avec broderie florale rouge, jaune et vert sur un empiècement blanc avec frange rouge. Il porte des gants noirs en fourrure.

Abe Okpik, 1962 (e011212361).

Conclusions de la commission Berger

Le commissaire Berger résume ses réflexions dans son article de novembre 1978 sur l’EPVM (en anglais), qui inclut des commentaires sur l’industrialisation, le gaspillage énergétique, la création de parcs naturels et de sanctuaires pour les baleines, et la nécessité pour l’humanité de réfléchir à l’exploitation des ressources. Il reconnaît que le Nord constitue la dernière frontière et que ses territoires vierges et inhabités constituent un habitat essentiel pour de nombreuses créatures et leur survie. Il explique que son rapport sur l’EPVM fait état de deux ensembles d’attitudes et de valeurs contradictoires : « le pouvoir croissant des innovations techniques, l’exploitation des ressources naturelles et les répercussions des transformations rapides », opposés à « l’intensification de la conscience écologique et une préoccupation grandissante pour la nature sauvage, les ressources fauniques et la législation environnementale » (traduction).

L’enquête conclut qu’un pipeline longeant la vallée du Mackenzie jusqu’à l’Alberta est réalisable, mais qu’il faut d’abord mener une étude plus approfondie et régler les revendications territoriales autochtones. Par conséquent, un moratoire de dix ans est décrété sur la construction.

Des voix s’élèvent pour défendre la terre et la vie

La commission Berger adopte une approche des plus avant-gardistes en consultant directement la population, notamment en invitant les communautés touchées par le projet à participer à des audiences. Elles comprennent que le pipeline apportera des changements et perturbera leur relation avec les animaux et la terre. Elles parlent de leur mode de vie et des connaissances qui leur ont été transmises. Les enregistrements audio de ces témoignages oraux ont une valeur culturelle inestimable. Les connaissances de l’époque sont préservées et mises à la disposition des générations futures.

Photographie en noir et blanc d’un troupeau de caribous se déplaçant sur une rivière gelée dans un paysage enneigé.

Des caribous visés par le projet canadien sur les caribous traversent le fleuve Mackenzie, 1936 (a135777).

Fred Betsina, un Déné de 35 ans du village de Detah, dans les Territoires du Nord-Ouest, explique lors de l’audience tenue dans la communauté de Detah pourquoi il s’oppose à la construction d’un pipeline. Il sait, pour avoir piégé et chassé le caribou, que ce dernier est incapable de sauter par-dessus un conduit de 48 pouces, car il ne peut sauter plus haut que 12 pouces, et qu’il doit donc contourner tout obstacle lui barrant la route. Il dit souhaiter que les revendications territoriales soient réglées avant la construction d’un pipeline. En conclusion, il dit ceci : « … nous, les Indiens. Nous n’avons pas d’argent à la banque… Notre argent à la banque, c’est ce qu’on tire de la nature… C’est là que nous trouvons notre viande, et le poisson, c’est notre argent… c’est ce qu’on appelle une banque ici… » Il défend la faune, son peuple et les besoins de sa famille.

Le rassemblement de personnes issues de communautés éloignées les unes des autres permet également de nouer de nouvelles amitiés et de renforcer les alliances. La commission Berger offre un espace de discussion informelle sur des sujets économiques et politiques.

Découvrir le matériel de la collection de l’EPVM

Les documents de l’EPVM ont été transférés aux archives publiques du Canada en février 1978. Tous les documents de l’EPVM sont accessibles au public à des fins de recherche, mais ils ne sont pas tous disponibles sous forme numérique.

Capture d’écran de la page d’information sur les documents – Recherche dans la collection montrant trois barres horizontales foncées contenant du texte : Notice descriptive – Brève, Notice descriptive – Détails et Pour réserver ou commander des documents.

Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie (supports multiples) R216-165-X-F, RG126. Date : 1970-1977 (MIKAN 799).

Autres sources et conseils pour la recherche de documents

Voici des conseils pratiques pour trouver des documents sur l’EPVM avec l’outil Recherche dans la collection.

La page d’information sur les documents Enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie (référence : R216-165-X-F, RG126) comporte trois sections : Note descriptive – Brève, Note descriptive – Détails et Pour réserver ou commander des documents.

Si vous ouvrez la deuxième section (Note descriptive – Détails), vous trouverez un lien intitulé « Voir description(s) de niveau inférieur ». En cliquant sur ce lien, vous ouvrirez les trois principales séries de documents : Transcriptions des séances et des témoignages, Pièces justificatives présentées lors de l’enquête et Dossiers de travail et d’administration

En ouvrant l’une des trois séries de documents ci-dessus, vous accéderez à la page d’information sur les documents de la série en question. Pour consulter les notices de niveau inférieur de chaque série, ouvrez la section « Notice descriptive – Détails » et cliquez sur le lien « Voir description(s) de niveau inférieur ».

Dans le document Transcriptions des séances et des témoignages (R216-3841-6-F, RG126), vous trouverez deux descriptions de niveau inférieur :

Dans le document Pièces justificatives présentées lors de l’enquête (R216-3840-4-F, RG126), vous trouverez quatre descriptions de niveau inférieur :

Dans le document Dossiers de travail et d’administration (R216-174-0-F, RG126), vous trouverez six descriptions de niveau inférieur :

* Veuillez noter que certains documents de l’EPVM ne sont pas disponibles en ligne sous forme numérique. Les dossiers de l’EPVM qui ne sont pas accessibles numériquement en ligne doivent être demandés et consultés sur place à BAC. Dans le cas d’un document accessible numériquement, l’image numérisée du document s’affiche en haut de la page d’information connexe.

La troisième partie de cette série proposera des stratégies précises sur la recherche de documents.


Elizabeth Kawenaa Montour est archiviste à la Division des archives gouvernementales de la Direction générale des documents gouvernementaux de Bibliothèque et Archives Canada.

La tarte à la patate douce : une valeur sûre depuis 1909

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Bannière Cuisinez avec Bibliothèque et Archives CanadaPar Dylan Roy

Vous ne me connaissez probablement pas, mais si vous avez lu les blogues d’Ariane Gauthier, vous avez déjà vu mes mains! Je lui ai servi de modèle pour les photos de cette série culinaire, que vous devez absolument lire si ce n’est déjà fait. Aux côtés de cette cuisinière passionnée et beaucoup plus compétente que moi, j’ai découvert l’univers complexe et fascinant de la cuisine… et c’est (presque) en solo que je me suis lancé dans la recette de tarte à la patate douce que je vous présente aujourd’hui.

Suivre une recette peu détaillée m’inquiétait un brin : après tout, c’était mon premier projet de cuisine. Malgré mes craintes, le résultat fut tout à fait satisfaisant. Je vous recommande vivement d’essayer cette tarte vous aussi. Mais avant de mettre la main à la pâte, voyons d’où vient la recette.

L’ouvrage Culinary landmarks or Half-hours with Sault Ste. Marie housewives, publié en 1909, est l’œuvre des auxiliatrices de Saint-Luc, dans la région de Sault Ste. Marie (Ontario). C’est la troisième édition du Handy Cook Book, deux éditions revues et augmentées ayant été publiées après le grand succès de la première mouture.

Pour un novice comme moi, la première question est de savoir par où commencer. J’ai trouvé ma réponse avec cette recette de tarte à la patate douce, trouvée dans un livre déniché sur Aurora, le catalogue de bibliothèque de Bibliothèque et Archives Canada (BAC).

Recette proposée par madame P. T. Rowland.

Recette de tarte à la patate douce tirée du livre Culinary landmarks or Half-hours with Sault Ste. Marie housewives (OCLC 53630417).

Rien de compliqué pour la garniture : une livre de patates douces, trois quarts de livre de beurre, autant de sucre, six œufs, de la muscade, un soupçon de whisky et du zeste de citron.

Avez-vous remarqué que la recette n’explique pas comment faire la croûte? Fort heureusement, un des premiers blogues de la série est venu à ma rescousse; nous reparlerons de cette étape plus loin.

Une livre de beurre, une bouteille de whisky, un sac de farine, un sac de sucre, un citron, un pot de muscade, une boîte d’œufs et une patate douce.

Ingrédients utilisés par l’auteur pour la recette de tarte à la patate douce tirée de Culinary landmarks or Half-hours with Sault Ste. Marie housewives. Photo gracieuseté d’Ariane Gauthier.

Pour la garniture, il faut d’abord faire bouillir les patates douces avec leur pelure. N’en faisant qu’à ma tête, j’ai décidé de les éplucher.

Étape suivante : piler les patates encore chaudes dans une passoire. Ça demande un peu d’huile de bras, mais vous avez votre entraînement du jour!

Mosaïque de trois images : des tranches de patates douces sont déposées dans un chaudron d’eau bouillante; des patates douces sont écrasées à l’aide d’une spatule; et la purée de patates passe à travers les trous d’une passoire.

Faire bouillir et piler les patates douces. Photo gracieuseté d’Ariane Gauthier.

Il faut ensuite battre six œufs dans un bol, puis les réserver. On crème ensuite le beurre et le sucre, et on intègre les patates douces sans arrêter de battre. Enfin, on ajoute les œufs et on mélange jusqu’à ce que le tout soit homogène.

Mosaïque de quatre images. Dans les deux premières, du sucre est versé dans le bol d’un batteur sur socle contenant déjà le beurre. Dans la troisième image, les patates douces pilées sont incorporées dans le bol; dans la quatrième image, on ajoute les œufs.

Battage du mélange de beurre, de sucre, de patates douces et d’œufs. Photo gracieuseté d’Ariane Gauthier.

Le mélange ne m’a pas semblé très ragoûtant, mais s’il y a une chose que j’ai apprise avec cette recette, c’est qu’il faut garder confiance et persévérer jusqu’au bout! J’ai donc réservé mon jugement pour le résultat final.

J’ai ajouté les assaisonnements : muscade, whisky et zeste de citron, des ingrédients essentiels pour rehausser le goût. J’ai commencé par une once de whisky, une pincée de zeste et une pincée de muscade, mais ce n’était pas assez. Tout en continuant à mélanger, j’ai rajouté du zeste et de la muscade, un petit peu à la fois. Après quelques minutes, le résultat était parfait. Voilà pour la garniture!

Pour ce qui est de la croûte, je l’ai fait cuire environ 5 minutes avant d’y verser la garniture. Je vous laisse essayer pour savoir si l’idée est bonne ou mauvaise…

Deux images côte à côte : le whisky est versé dans un bol contenant la garniture; et la garniture est versée dans la croûte.

Ajout d’une once de whisky à la garniture, et versement de la garniture dans la croûte. Photo gracieuseté d’Ariane Gauthier.

Une cuisson d’environ 30 minutes à 400 °F semble adéquate. Cependant, la garniture a beaucoup gonflé : on aurait dit un ballon prêt à exploser. Un peu inquiet, j’ai tout de même poursuivi la cuisson.

Avec les retailles de pâte, j’ai ajouté des décorations sur le dessus de la tarte. J’ai même pu faire un pouding avec le restant de garniture. Ma collègue Ariane a aussi fait sa propre tarte. Et voici le résultat :

Deux tartes aux patates douces décorées avec des retailles de pâte; un pouding aux patates douces; et une paire de mitaines de four rouges.

Deux tartes aux patates douces et un pouding. La tarte de l’auteur est à droite, et celle d’Ariane, à gauche. Photo gracieuseté d’Ariane Gauthier.

Pour une première expérience, je suis assez fier du résultat. Ma tarte était délicieuse, en tout cas selon mes collègues. Et grâce aux leçons apprises en préparant la première tarte, j’ai mieux réussi ma deuxième, malgré quelques faux pas. Je vous recommande vivement d’essayer cette recette et de nous raconter comment s’est passé votre voyage au siècle dernier.

Je termine en vous offrant un cadeau : ce petit poème sur les pâtisseries, tiré du livre de cuisine.

Poème en anglais dont voici une adaptation : « La Reine de Cœur fit des tartes, Par un beau jour d’été; Le Valet de cœur mangea une tarte, Et puis, tout étonné; Se sentit perdre la carte – Son cœur s’était arrêté. »

Poème tiré du livre Culinary landmarks or Half-hours with Sault Ste. Marie housewives (OCLC 53630417).

La Reine de Cœur fit des tartes
Par un beau jour d’été;
Le Valet de cœur mangea une tarte
Et puis, tout étonné
Se sentit perdre la carte –
Son cœur s’était arrêté.
[Traduction]

Si vous essayez cette recette, n’hésitez pas à partager les photos de vos résultats avec nous en utilisant le mot-clic #CuisinezAvecBAC et en étiquetant nos médias sociaux : FacebookInstagramX (Twitter)YouTubeFlickr et LinkedIn.


Dylan Roy est archiviste de référence à la Direction générale de l’accès et des services à Bibliothèque et Archives Canada.