Données bilingues des recensements : une meilleure expérience de recherche pour la population canadienne

Bannière pour la série "Le recensement de 1931". À gauche, le texte "Le recensement de 1931". À droite, un train en marche qui passe à côté d'une gare.Par Julia Barkhouse

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certaines personnes pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner l’identité de genre ou des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) est le gardien du passé lointain et de l’histoire récente du Canada. L’institution conserve les résultats des anciens recensements du Canada, dont certains de Terre-Neuve et d’autres remontant à la Nouvelle-France. Nous avons indexé certains recensements datant de 1825 à 1926, qui peuvent être consultés en ligne via l’outil Recherche dans les recensements.

Avant la Confédération, les recensements étaient généralement effectués en anglais ou en français, selon le lieu. Le Bureau fédéral de la statistique (aujourd’hui Statistique Canada) a introduit progressivement des formulaires bilingues après la Confédération en 1867.

Exemple d’un formulaire bilingue du recensement de 1921, rempli en anglais et en français :

Feuille de recensement du recensement de 1921. Cette image particulière figure à la page 6 pour le sous-district de Scots Bay dans le district de Kings, en Nouvelle-Écosse.

Recensement de 1921 rempli en anglais (e002910991).

Feuille de recensement du recensement de 1921. Cette image particulière figure à la page 19 pour le sous-district de Wolfestown (canton) dans le district de Richmond-Wolfe, au Québec.

Recensement de 1921 rempli en français (e003096782).

La langue dans laquelle sont consignées les réponses aux questions du recensement peut refléter la préférence linguistique du recenseur ou la langue dans laquelle les réponses ont été fournies. Les données historiques des recensements dont nous disposons reflètent la dualité linguistique de notre pays. Les recensements du Québec et de certaines parties du Nouveau-Brunswick et du Manitoba sont remplis en français, alors que dans le reste du Canada, ils sont remplis en anglais.

Lorsque nos partenaires, notamment Ancestry et FamilySearch, ont indexé les recensements de 1825 à 1926, nous avons produit une mine de données comportant des noms de personnes, leur sexe, leur état civil, etc. Nous étions cependant aux prises avec un défi de taille : les données des recensements pouvaient avoir été recueillies en anglais ou en français, selon les préférences personnelles du recenseur. Comment avons-nous géré cette situation?

La vie d’un recenseur

Retournons en arrière un instant pour examiner le parcours du recenseur. Les recenseurs étaient des Canadiens embauchés par le Bureau fédéral de la statistique pour recueillir des données de recensement dans un ou plusieurs sous-districts. Ils recevaient un manuel d’instructions (comme celui-ci pour le recensement de 1921) qui décrivait les renseignements à inscrire sur le formulaire selon les réponses fournies. On leur remettait un cahier de formulaires de recensement et des instructions sur les sous-districts à recenser. Cette personne disposait ensuite d’un nombre de jours donné pour recenser la population d’un certain nombre de sous-districts et renvoyer les formulaires au ministère concerné. Imaginez-vous cette personne faire du porte-à-porte dans une calèche ou, en 1921, à bord d’une des premières automobiles (peut-être une Ford modèle T)!

Le recenseur frappait à la porte et demandait à parler au chef de ménage (généralement le père ou le mari). Il était parfois invité à prendre place à la table de la cuisine pour poser ses questions. Si la famille était absente, le recenseur pouvait laisser à la porte une carte de visite précisant ses coordonnées et demandant aux résidents de faire un suivi avant une certaine date afin d’être pris en compte dans le recensement.

Selon la province au pays, le recenseur consignait les renseignements dans la langue de la personne à laquelle il s’adressait ou dans sa langue de préférence. Il est donc possible que des régions francophones du Canada au Québec, au Nouveau-Brunswick et au Manitoba aient été recensées en anglais, en français ou dans les deux langues, selon la préférence personnelle du recenseur.

Revenons à nos moutons! Les données saisies sur ces formulaires ont été transcrites par nos partenaires environ 92 ans après le recensement, et publiées en ligne.

Barrières linguistiques

Lorsque BAC a publié ces bases de données en ligne, nous avons constaté que nous disposions de données dans les deux langues. Si vous souhaitez trouver votre ancêtre, vous devez faire vos recherches dans la langue du recenseur. Ce dernier a-t-il consigné les renseignements concernant votre grand-mère en anglais ou en français? Votre nom comporte-t-il un accent (é, è…) qui aurait pu être mal entendu (ou omis) par le recenseur? Le nom de votre oncle comporte-t-il un « h » muet qui aurait pu être omis? Cette barrière linguistique nuit aux chercheurs qui souhaitent retrouver certaines personnes, mais ne parlent pas la langue utilisée à l’époque. Certains chercheurs francophones doivent effectuer des recherches en anglais pour retrouver leurs ancêtres francophones. L’expérience de recherche n’est donc pas la même pour les Canadiens qui accèdent à notre interface Recherche dans les recensements en français.

Création de l’outil Recherche dans les recensements

En novembre dernier, l’équipe Agile des Services numériques a réorganisé les 17 bases de données du recensement pour les regrouper dans l’outil Recherche dans les recensements, afin d’offrir une meilleure expérience de recherche à l’ensemble de la population canadienne. Notre objectif était de fournir la même expérience de recherche aux francophones qu’aux anglophones, de sorte que nos usagers utilisant l’interface en français puissent effectuer une recherche et obtenir les mêmes résultats que s’ils effectuaient une recherche en anglais.

Comment y parvenir? Comment traduire des renseignements comme le sexe, l’état civil, l’origine ethnique et la profession pour plus de 44 millions de personnes afin d’offrir une expérience identique à tout le monde? C’était en fait très simple. La solution? Un nettoyage des données.

Coup d’œil sous le capot

Jetons un coup d’œil en coulisses pour comprendre comment les données de recensement sont sauvegardées. L’outil Recherche dans les recensements est l’interface publique que les usagers de BAC peuvent utiliser pour effectuer des recherches. Les données de recensement pour chaque personne enregistrée sont sauvegardées dans un tableau principal appelé EnumAll.

Les données de recensement sont sauvegardées dans un tableau dans SQL Management Server.

Capture d’écran du tableau principal (Census.EnumAll ) produit à l’aide du logiciel SQL Management Server (Bibliothèque et Archives Canada).

Dans ce tableau, chaque rangée représente une personne. Les données saisies concernant cette personne sont séparées en colonnes. Lorsque nous ne disposons pas de données pour une colonne, il est indiqué NULL.

Création de bassins de données communes

Census.EnumAll sert de tableau principal. À partir de ce tableau, nous avons créé des ensembles de données communes. Autrement dit, nous avons copié une des colonnes (sexe, état civil, origine ethnique, religion, etc.) dans un tableau distinct. Un tel tableau comprend uniquement une liste de sexes ou d’options d’état civil, par exemple. C’est ce que nous appelons un bassin de données communes : un tableau qui ne contient qu’un seul type de données.

Le tableau de données communes sépare les données (p. ex., « Homme » ou « Femme ») de la personne. Si vous examinez 44 millions de personnes, vous constaterez que les mêmes données se répètent, par exemple chaque fois que le recenseur a indiqué « Homme » ou « Marié ». Dans un tableau commun, vous ne verrez « Homme » qu’une seule fois, avec une valeur indiquant le nombre de personnes correspondant à ce renseignement (ce que nous appelons un attribut).

C’est là que la magie opère.

Tableau des sexes du côté serveur de l’outil Recherche dans les recensements. Il convient de noter qu’il existe des variations (Homme et H, Femme et F) de même que deux colonnes intitulées TextLongEn (affichage en anglais) et TextLongFr (affichage en français).

Capture d’écran du tableau des sexes (T_Gender) produit à l’aide du logiciel SQL Management Server (Bibliothèque et Archives Canada).

Comme vous pouvez le constater dans ce tableau distinct de données communes, nous pouvons effectuer d’autres opérations. Dans le présent exemple, les codes permettent d’établir une façon uniforme de désigner chaque sexe. C’est ce qu’on appelle une autorité. Nous procédons ensuite à un nettoyage afin que toutes les variations (par exemple « Homme » et « H ») renvoient à cette autorité unique.

Une fois cette autorité établie, nous créons des colonnes selon la façon dont nous voulons afficher les renseignements dans l’outil Recherche dans les recensements. Nous créons un affichage en anglais (TextLongEn) et un affichage en français (TextLongFr). Nous ajoutons ensuite la traduction bilingue une seule fois, et elle s’applique à tout. Dans ce cas, nous avons traduit « Male » par « Homme », et cette traduction s’applique à l’ensemble des 20 163 488 personnes qui se sont identifiées comme « Homme » dans les 17 recensements.

Nous avons ensuite regroupé tous les tableaux et indexé les données pour les afficher dans l’outil Recherche dans les recensements. Ainsi, l’interface et les données elles-mêmes seront traduites dans la langue de votre choix.

Interface de Recherche dans les recensements en anglais affichant le menu déroulant des sexes avec les valeurs « Female », « Male » et « Unknown », à côté de l’interface de Recherche dans les recensements en français affichant le même menu déroulant des sexes avec les valeurs « Femme », « Homme » et « Inconnu ».

Captures d’écran de l’interface de Recherche dans les recensements en anglais et en français (Bibliothèque et Archives Canada).

Maintenant, lorsque je cherche mon arrière-grand-père Henry D. Barkhouse dans les recensements, les données générées sont traduites.

Deux captures d’écran, l’une en anglais et l’autre en français, d’un recensement de 1911 pour Henry D. Barkhouse, avec des flèches indiquant où les données sont traduites.

Affichage en français et en anglais du recensement de 1911 pour Henry D. Barkhouse (e001973146).

Évaluation de l’état d’avancement

Comme vous pouvez l’imaginer, le nettoyage et la traduction de nos données sont des opérations qui prennent du temps. Notre priorité a été de créer des menus déroulants pour le sexe et l’état civil dans l’outil Recherche dans les recensements. Désormais, si vous effectuez une recherche dans l’un de ces champs, une courte liste de termes traduits, dans les deux langues officielles, s’affiche à l’écran. Dans le cadre de la poursuite de ce travail, nous nous penchons actuellement sur les champs origine ethnique et lieu de naissance et avons effectué de 60 à 70 % de ce travail. Nos usagers pourront donc découvrir de nouvelles options dans l’outil Recherche dans les recensements en 2024. Nous poursuivrons ensuite l’exercice avec les autres champs comme la religion, le lien avec le chef du ménage, la profession, etc.

Conclusion

Le regroupement des 17 recensements en une seule et même plateforme, Recherche dans les recensements, nous a permis de créer un affichage bilingue pour nos données de recensement en nettoyant les données. Depuis son lancement, notre plateforme offre une expérience de recherche plus uniforme dans la langue de votre choix. Je vous encourage à l’essayer et à nous dire si votre expérience de recherche s’est améliorée.

Comme toujours, nous sommes ravis de recevoir vos commentaires et vos idées par courriel. Vous pouvez également vous inscrire à une séance de rétroaction de 10 minutes.


Julia Barkhouse travaille à Bibliothèque et Archives Canada dans le domaine de la qualité des données, de la gestion des bases de données et de l’administration depuis 14 ans. Elle occupe actuellement le poste d’analyste de données pour les collections au sein de l’équipe Agile des Services numériques.

Création de l’outil Recherche dans les recensements

Par Julia Barkhouse

Tout le monde aime les recensements. Les données des recensements sont notre principale ressource généalogique pour retrouver des ancêtres, parce qu’elles contiennent des informations fiables sur tous les Canadiens, comme leur lieu de résidence, leur âge, leur profession et d’autres renseignements utiles. Un recensement nous donne un instantané de la population à un moment et à un endroit donnés.

J’adore les recensements, parce qu’ils m’ont permis de suivre le parcours de mon arrière-grand-père, Henry D. Barkhouse. Ce dernier a inspiré le travail récent de mon équipe, l’équipe Agile des services numériques, pour créer et lancer notre outil Recherche dans les recensements (bêta) en novembre 2022.

Permettez-moi de vous décrire tout le processus de la recherche que j’ai menée sur la vie de mon ancêtre dans les données des recensements. Henry D. est né en 1864 et est mort en 1947 en Nouvelle-Écosse. Mon père ne l’a pas connu, parce qu’il est décédé avant sa naissance. Henry D. était un homme très grand. Il a épousé mon arrière-grand-mère, Samantha Udora (Dora) Butler, en 1899, à Scots Bay, en Nouvelle-Écosse, avec qui il a eu huit enfants. Henry D. était fermier, et sa ferme a été transmise de génération en génération jusqu’à aujourd’hui. À part ces informations de base, je savais très peu de choses sur lui.

Photo de Henry D. Barkhouse et Samantha Udora (Dora) Butler à leur ferme.

Henry D. Barkhouse (1864-1947) et Samantha Udora (Dora) Butler à la ferme des Barkhouse à Scots Bay, en Nouvelle-Écosse (vers 1930-1947). Image courtoisie de l’auteure, Julia Barkhouse.

Avant de commencer ma recherche, j’ai noté toutes les informations que je possédais sur Henry D. :

  • Nom de famille : Barkhouse
  • Prénom : Henry D.
  • Genre : Homme
  • Dates : 1864-1947
  • Occupation : Fermier
  • Province : Nouvelle-Écosse (je ne savais pas dans quel district ou sous-district)

Avec ces informations, je m’attendais à trouver Henry D. dans les recensements de 1871 à 1921. Les données des recensements de 1931 et de 1941 ne sont pas encore accessibles.

J’ai donc entrepris ma recherche, et j’ai trouvé Henry D. dans le recensement de 1871.

Une page du recensement du Canada de 1871 présentant des informations sur Henry Barkhouse.

Page du recensement du Canada, 1871 (Numéro d’item : 3150873)

J’ai appris de nouvelles choses sur lui dès les premiers résultats. Les dossiers du recensement ont confirmé qu’il était né en 1864 et qu’il avait sept ans au moment du recensement de 1871. Je sais maintenant dans quels district et sous-district de Scots Bay il vivait. Je sais aussi quelle était sa religion. En regardant l’image, je peux obtenir plus d’informations sur son éducation et savoir s’il avait une infirmité. Je peux aussi consulter les informations sur ses parents (James et Rebecca) et ses frères et sœurs. J’ai maintenant plus d’informations pour trouver mon ancêtre dans d’autres recensements, et je peux mettre à jour mon arbre généalogique.

J’ai réalisé à cette étape-ci que j’allais devoir refaire la même recherche dans d’autres bases de données sur les recensements du Canada. J’ai décidé de répéter ma recherche dans les recensements de 1881, 1891, 1901, 1911 et 1921. Je savais que refaire ma recherche encore cinq fois allait me prendre beaucoup de temps, et que tout cela allait être (oserais-je dire) assez frustrant.

Il m’est donc venu une idée : Et si je regroupais tous les recensements dans une seule base de données principale? De cette façon, je pourrais effectuer une seule recherche sur mon ancêtre avec les mêmes paramètres et obtenir tous les résultats de toutes les bases de données sur les recensements d’un seul coup. Je pourrais afficher les résultats de 1871 à 1921 sur un seul écran, et utiliser nos outils intégrés pour enregistrer ces résultats dans Ma recherche afin de pouvoir y revenir plus tard. En procédant de cette manière, le temps nécessaire pour effectuer des recherches sur chaque ancêtre serait grandement réduit.

J’ai dû penser fort à mon approche, parce que chaque recensement présente de légères différences. On pourrait penser que tous les recensements fournissent des informations similaires, mais en fait, les premiers recensements (avant la Confédération) sont très différents de ceux réalisés après 1867. De plus, des recensements portaient seulement sur certaines provinces (Ontario et Manitoba) et sur les Prairies (anciennement appelées « les territoires »). J’ai dû me poser un certain nombre de questions, surtout : Qu’est-ce qui se passe quand on place une telle quantité de données dans une même base de données?

Cette recherche représentait un défi de taille. Bibliothèque et Archives Canada compte 17 recensements canadiens qui contiennent près de 44 millions de noms. Chaque nom correspond à un dossier dans nos bases de données. Le travail a commencé par une analyse détaillée de chaque recensement afin de comparer le contenu des bases de données. Dans le cadre de cette analyse, mon équipe a établi un plan de travail et cerné plusieurs améliorations à apporter ou questions à régler après le lancement. Notre première version, Recherche dans les recensements (bêta), combine les bases de données de 17 recensements en une seule interface. Nous avons qualifié cette version de « bêta » pour indiquer que le produit est presque final et que des améliorations y sont encore apportées aux deux semaines. Nos critères d’approbation pour le lancement de la version bêta étaient les suivants :

  • une interface de recherche avec tous les champs actuellement disponibles dans nos bases de données individuelles, plus quelques champs additionnels en fonction des commentaires de nos clients (genre, origine ethnique, lieu de naissance, religion, occupation, etc.);
  • la possibilité de filtrer les résultats de recherche par province, année de recensement, district et sous-district;
  • un affichage montrant les objets numériques dans notre afficheur harmonisé ainsi que la liste complète des champs disponibles (nom, genre, âge, etc.).

Une fois les résultats des recensements migrés et disponibles dans Recherche dans les recensements, nous avons pu améliorer l’expérience de recherche globale de nos clients. On peut maintenant agrandir les images avec l’afficheur harmonisé ou les afficher en plein écran. On peut aussi télécharger et exporter ses résultats de recherche dans divers formats (HTML, XML, CSV et JSON). On peut sauvegarder des dossiers dans Ma recherche et y revenir plus tard. On peut ajouter des transcriptions ou des commentaires dans Co-Lab pour étiqueter ou traduire les images. Enfin, on peut suggérer des corrections à apporter à un dossier et contribuer à améliorer les données des recensements.

Capture d’écran de Recherche dans les recensements montrant les paramètres prénom, nom de famille et province (Nouvelle-Écosse) pour obtenir des informations sur l’arrière-grand-père de Julia Barkhouse.

Capture d’écran de Recherche dans les recensements (Site web de Bibliothèque et Archives Canada)

La première version de Recherche dans les recensements a demandé beaucoup de travail, et nous sommes très heureux de ce que nous avons accompli. Nous avons aussi un plan pour les améliorations que nous voulons y apporter au fil du temps. Maintenant que le lancement initial a eu lieu, nous avons un certain nombre de questions et de problèmes que nous souhaitons étudier et pour lesquels nous voulons trouver des solutions viables. Ces améliorations seront déployées dans Recherche dans les recensements à mesure que nous sortirons de la phase bêta. Nos objectifs sont les suivants :

  • regrouper les images pour que les utilisateurs puissent passer à la page suivante et voir les personnes ou familles qui sont mentionnées au bas d’une page et dont les informations se poursuivent sur la page suivante;
  • programmer l’interface de recherche pour qu’elle s’ajuste avec du texte grisé ou des messages dans des fenêtres contextuelles dans les cas où tous les recensements ne fournissent pas des données pour tous les champs (origine ethnique, lieu de naissance, religion, etc.);
  • assurer un suivi des changements géographiques dans le pays avec le temps – une fois les données regroupées, nous voulons permettre le suivi des changements dans les provinces, les territoires, les districts et les sous-districts;
  • trouver un moyen d’isoler une personne et de la trouver dans chaque recensement, ou d’établir les relations d’une personne avec d’autres;
  • ajouter toutes les annexes supplémentaires (par exemple, les annexes agricoles) dans Recherche dans les recensements, et indiquer si ces annexes contiennent des informations additionnelles sur une personne;
  • nettoyer les données et créer des dictionnaires de données historiques qui permettent de mettre en contexte les termes employés à une autre époque (par exemple, « ethnicité »);
  • trier les résultats de recherche afin de regrouper les personnes par année de recensement ou par ordre alphabétique (croissant ou décroissant).

Alors, quels sont les résultats, maintenant, pour mon arrière-grand-père? Eh bien, quand je cherche Henry D. dans Recherche dans les recensements, j’obtiens les informations qui le concernent de 1871 à 1921. Je peux enregistrer ces informations sous forme de liste dans Ma recherche pour y revenir plus tard, et effectuer des recherches sur d’autres membres de la famille. Avec les améliorations que nous comptons apporter à notre outil, je serai en mesure de parcourir les recensements et de voir les informations sur les membres de la famille de mon ancêtre sur deux pages, si ces personnes sont mentionnées. Je pourrai voir si on parle de Henry D. dans les annexes agricoles, puisqu’il était fermier. Peut-être que j’apprendrai quelle était la taille de sa ferme et s’il élevait des poulets, des porcs ou des vaches.

Capture d’écran des résultats de Recherche dans les recensements enregistrés dans Ma recherche.

Capture d’écran des résultats de Recherche dans les recensements enregistrés dans Ma recherche (Site web de Bibliothèque et Archives Canada)

La création de Recherche dans les recensements a été toute une aventure, et le projet ne fait que commencer. Comme vous pouvez le constater, nous avons de nombreuses améliorations et fonctionnalités à mettre en œuvre pour rendre l’expérience des utilisateurs plus agréable. Regrouper les 17 bases de données en une seule n’était que la première étape. Nous espérons que vous nous aiderez à améliorer cette ressource gratuite pour vous. Vous pouvez nous envoyer vos commentaires par courriel. Vous pouvez aussi vous inscrire à une séance de rétroaction de 10 minutes avec nous.


Julia Barkhouse travaille à Bibliothèque et Archives Canada depuis 14 ans dans les domaines de la qualité des données et de la gestion et de l’administration de bases de données. Elle est actuellement analyste des données pour les collections au sein de l’équipe Agile des services numériques.

Servir malgré la ségrégation : 2e Bataillon de construction

English version

Par Andrew Horrall

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) détient la plus grande collection de documents sur le 2e Bataillon de construction, une unité ségrégée du Corps expéditionnaire canadien (CEC). Ils veulent alors se battre, mais les attitudes racistes des dirigeants politiques et militaires – ainsi que de la société en général – les empêchent de servir en première ligne. Au lieu de cela, le 2e Bataillon de construction est affecté au Corps forestier canadien. Les hommes passent la guerre dans les Alpes françaises, où ils abattent des arbres, transforment des troncs bruts en bois fini et transportent le bois jusqu’au chemin de fer. À l’époque, le travail est vital, puisque d’énormes quantités de bois sont nécessaires pour construire et renforcer les défenses de première ligne, mais il est loin du type de service que les hommes avaient espéré.

Dessin noir et blanc d’un insigne en forme de bouclier. Au sommet se trouvent une couronne royale et une bannière indiquant « Canada Overseas ». En dessous se trouvent les mots « No. 2 » au-dessus d’une autre bannière avec le mot « Construction ». Des feuilles d’érable ornent les côtés de l’insigne. Un pont en bois sous la couronne et un outil sous la deuxième bannière symbolisent que les membres de l’unité étaient des bâtisseurs.

Le badge de casquette du 2e Bataillon de construction (e011395922)

Dossiers de service du Corps expéditionnaire canadien – Les membres sont identifiés par la mention « No. 2 Construction Battalion » (2e Bataillon de construction) dans le champ Unité de la base de données. Les dossiers de service de plus de 800 militaires donnent la 2e Compagnie de construction comme unité. Cependant, bon nombre de ces hommes ont plutôt servi au sein d’autres unités du Corps expéditionnaire canadien. Les raisons expliquant les écarts entre les dossiers du personnel et ceux des unités ne sont pas claires. Il est possible que des besoins pressants aient forcé les autorités militaires canadiennes à envoyer des hommes dans d’autres unités, même si elles avaient l’intention de les affecter à la 2e Compagnie de construction au départ. Il est également possible que la guerre se soit terminée avant que certains hommes n’aient le temps de se joindre à la compagnie.

C’est en juillet 1916 que l’unité est mobilisée à Truro, en Nouvelle-Écosse. Elle recrute alors dans les communautés noires établies dans les Maritimes et le sud-ouest de l’Ontario, ainsi qu’ailleurs au Canada, dans les Caraïbes et aux États-Unis. Au moins deux membres viennent de beaucoup plus loin, soit Cowasjee Karachi (matricule 931759), originaire de l’actuel Yémen, et Valdo Schita (matricule 931643), né près de Johannesburg, en Afrique du Sud.

Photo noir et blanc montrant 21 soldats posant en toute décontraction, en plein air, assis ou debout sur une pile de longues planches de bois. Huit des hommes semblent porter des uniformes russes, et les autres – dont deux Noirs – sont des Canadiens.

Le lieutenant F. N.  Ritchie, le lieutenant Courtney et quelques-uns des hommes enrôlés du Corps forestier canadien en France. Il s’agit de la seule photo de l’unité conservée dans la collection à BAC (a022752).

Si l’unité est composée d’hommes noirs, les officiers sont Blancs, à l’exception de l’aumônier, le capitaine William « Andrew » White.

L’unité est désignée à la fois par les termes « bataillon » et « compagnie » dans les documents d’archives et les sources publiées. Créée à l’origine comme un bataillon dans le Corps expéditionnaire canadien, elle est composée d’environ 1 000 hommes. Lorsque seulement quelque 600 hommes arrivent en Angleterre en 1917, les autorités militaires la renomme « compagnie », ce qui reflète mieux sa taille.

L’unité rentre au Canada à la fin de la guerre et est officiellement dissoute en septembre 1920. Au fil du temps, l’histoire du 2e Bataillon de construction s’estompe jusqu’à ce que les familles, les membres de la communauté et les historiens commencent à la faire renaître au début des années 1980. Il ne reste alors plus qu’une poignée de membres survivants.

Note sur les termes utilisés dans les documents

De nombreux documents relatifs à la 2e Compagnie de construction contiennent des termes qui étaient couramment utilisés pendant la Première Guerre mondiale, mais qui ne sont plus acceptables aujourd’hui. BAC a remplacé ces termes dans les descriptions, mais on les trouve encore dans de nombreux documents originaux. L’utilisation de ces termes par les autorités militaires est une preuve du racisme subi par les hommes de l’unité.


Andrew Horrall, archiviste à Bibliothèque et Archives Canada, a rédigé le billet de blogue. Il a aussi recensé les documents relatifs au 2e Bataillon de construction, avec l’aide d’Alexander Comber et de Mary Margaret Johnston-Miller.

Le 100e anniversaire du légendaire Bluenose

Par Valerie Casbourn

L’année 2021 marque le 100e anniversaire des premiers exploits de course du Bluenose, la légendaire goélette de pêche de Lunenburg, en Nouvelle-Écosse. Mis à l’eau en mars 1921, ce voilier a remporté l’International Fishermen’s Cup Race en octobre suivant, gagnant les cœurs et marquant les esprits des gens de la Nouvelle-Écosse et d’ailleurs. Pas étonnant que cette remarquable goélette soit rapidement devenue un symbole canadien reconnu.

La première édition de l’International Fishermen’s Cup Race a lieu à l’automne 1920; le trophée remis au vainqueur est un don du Halifax Herald. Pour concourir, les embarcations doivent être des goélettes de pêche en activité, ayant à leur actif au moins une saison de pêche dans les Grands Bancs. Les courses éliminatoires pour déterminer le concurrent de chaque pays se déroulent au large d’Halifax, en Nouvelle-Écosse, et de Gloucester, au Massachusetts. Les deux finalistes s’affrontent ensuite dans un deux de trois pour le trophée. Le concurrent américain, l’Esperanto, file avec la victoire.

Un groupe de la Nouvelle-Écosse riposte en construisant une nouvelle goélette, baptisée d’après le surnom de longue date des Néo-Écossais, « Bluenosers ». Un architecte naval de la province, William Roué, conçoit le Bluenose afin d’en faire un voilier à la fois rapide pour la course et pratique pour la pêche. Celui-ci est construit sur le chantier naval Smith and Rhuland, à Lunenburg. Et le 26 mars 1921, devant une foule enthousiaste, il est mis à l’eau.

Photo noir et blanc de la goélette Bluenose à la ligne d’arrivée d’une course.

La goélette Bluenose traversant la ligne d’arrivée, W. R. MacAskill, 1921. (PA-030802)

Le 15 avril 1921, le Bluenose est inscrit au registre d’immatriculation des bâtiments de Lunenburg, où sont consignés le propriétaire, le type, les dimensions et le moyen de propulsion des embarcations. Bibliothèque et Archives Canada conserve des archives de ports d’immatriculation de partout au pays. Bon nombre d’anciens documents sont indexés dans la base de données « Immatriculation des navires (1787-1966); on y trouve le célèbre Bluenose de Lunenburg (1921) ainsi que six autres navires portant le même nom.

Certains registres plus anciens sont accessibles sur bobines de microfilms numérisées, sur le site d’une organisation partenaire, Canadiana Héritage. L’inscription du Bluenose se trouve à la page 34 du registre d’immatriculation des bâtiments de Lunenburg de 1919 à 1926 (RG42, volume 1612 [anciennement volume 399]), dont une copie numérisée figure sur la bobine de microfilm C-2441 (en anglais). Le Bluenose avait pour numéro officiel le 150404, et son propriétaire inscrit était la Bluenose Schooner Company Limited de Lunenburg, en Nouvelle-Écosse.

Deux pages montrant l’inscription du Bluenose dans le registre d’immatriculation des bâtiments de Lunenburg, en Nouvelle-Écosse.

Page d’inscription du Bluenose datant de 1921, dans les archives du registre d’immatriculation des bâtiments de Lunenburg, Nouvelle-Écosse. (Bobine C-2441, image 615; RG42, volume 1612 [anciennement volume 399], page 34, en anglais)

Le Bluenose prend le large pour sa première saison de pêche, dirigé par le capitaine Angus Walters et son équipage. Puis, en octobre 1921, il s’inscrit à la deuxième édition de l’International Fishermen’s Cup Race. (Une description de la course se trouve dans le rapport annuel 1921-1922 de la Direction de la pêche du ministère de la Marine et des Pêcheries.)

Le Bluenose remporte les éliminatoires, devenant ainsi le concurrent canadien. À deux reprises, il se mesure ensuite à la goélette américaine Elsie, gagnant chaque fois. Les courses se déroulent au large d’Halifax, le samedi 22 octobre et le lundi 24 octobre, suscitant un vif intérêt et attirant de nombreux visiteurs (documents parlementaires du Dominion du Canada, 1923, volume 59, numéro 6, document parlementaire numéro 29, page 38, en anglais). Le rapport annuel décrit ainsi la deuxième et dernière course :

Lors de la deuxième course, le lundi 24 octobre, l’Elsie a encore une fois été le premier à franchir la ligne de départ, à 9 h 00 et 32 secondes, suivi du Bluenose, à 9 h 01 et 52 secondes. Pendant près de trois heures, la goélette de Gloucester a été talonnée par celle de Lunenburg, mais le Bluenose a montré de quoi il est capable au retour, franchissant la ligne d’arrivée à 14 h 21 et 41 secondes, soit dix minutes avant l’Elsie.

Les courses ont attiré énormément de spectateurs, et mèneront sans aucun doute à la conception de goélettes bien adaptées à la pêche aux poissons d’eau salée et d’eau douce. [Traduction]

Photo noir et blanc de voiliers au départ d’une course.

Début de la course éliminatoire, W. R. MacAskill, 1921. (PA-030801)

La victoire du Bluenose insuffle une profonde fierté et un grand intérêt en Nouvelle-Écosse, des sentiments qui font rapidement boule de neige au-delà des frontières de la province. L’année suivante, l’International Fishermen’s Cup Race se déroule au large de Gloucester, au Massachusetts. Le Bluenose y participe, accompagné d’une délégation de la Nouvelle-Écosse. Le gouvernement du Canada y envoie également un représentant, George Kyte, député de Cap-Breton-Sud et de Richmond, escorté du NCSM Patriot. Le premier ministre Mackenzie King avait écrit à Kyte le 23 septembre 1922 pour lui annoncer la nouvelle, une décision entérinée par un décret du Conseil privé. (PC 1922-1937)

Page du décret PC 1922-1937 du Conseil privé datée du 21 septembre 1922.

Décret PC 1922-1937 du Conseil privé nommant George Kyte (député de Cap-Breton-Sud et de Richmond) représentant du gouvernement du Canada à l’International Fishermen’s Cup Race de 1922. (Bobine C-2246, image 211; MG26-J1, volume 75, page 64113, en anglais)

 

Le Bluenose remporte de nouveau l’International Fishermen’s Cup Race en 1922. Il concourt dans les trois éditions suivantes, soit en 1923, 1931 et 1938, et sa renommée ne cesse de grandir.

En 1928, le ministère des Postes commence à représenter des éléments canadiens sur les timbres réguliers. Le Bluenose est alors choisi pour représenter la pêche, la construction navale et le matelotage de la Nouvelle-Écosse. Le 6 janvier 1929, moins de dix ans après la mise à l’eau de la goélette, le ministère des Postes émet le timbre de 50 cents du Bluenose, une conception composite inspirée de photos de Wallace R. MacAskill illustrant le Bluenose dans une course au large du port d’Halifax.

Timbre de 50 cents de Postes Canada montrant la goélette Bluenose sous deux angles différents.

Timbre de 50 cents du Bluenose, émis le 6 janvier 1929. Droit d’auteur : Société canadienne des postes (s000218k)

Le Bluenose continue d’être utilisé pour pêcher le long des côtes de l’Atlantique Nord; son équipage rapporte même la plus grosse prise de Lunenburg. Il représente aussi la Nouvelle-Écosse et le Canada sur la scène internationale : en 1933, il navigue vers Chicago pour l’exposition universelle, et en 1935, il se rend en Angleterre pour le jubilé d’argent du roi George V.

Mais les temps changent, et la célèbre goélette est vendue en 1942. Malheureusement, elle coule quatre ans plus tard, en 1946, après avoir heurté un récif au large d’Haïti.

Surnommé « la reine de l’Atlantique Nord », le Bluenose est resté gravé dans les mémoires, et on le célèbre encore de diverses façons. Par exemple, le capitaine Angus Walters et l’architecte naval William J. Roué ont tous deux un timbre commémoratif à leur effigie, émis respectivement en 1988 et en 1998. La goélette apparaît quant à elle sur les pièces de dix cents depuis 1937, et est mentionnée dans une chanson du chanteur folk canadien Stan Rogers. Et le Bluenose II, une réplique du navire original ancrée au port de Lunenburg, vogue toujours comme ambassadeur de la province.

Autres ressources

Exposition virtuelle des Archives de la Nouvelle-Écosse : Le Bluenose, symbole canadien

Musée canadien de l’histoire : Articles de la collection de William James Roué

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Valerie Casbourn est archiviste à la Division des services de référence du bureau d’Halifax de Bibliothèque et Archives Canada.

Les drapeaux oubliés

Par Forrest Pass

L’année 2015 marquait le 50e anniversaire du drapeau national du Canada, reconnaissable à son emblématique feuille d’érable rouge. La collection de Bibliothèque et Archives Canada contient des documents liés au débat houleux qui a mené à l’adoption de l’unifolié, en 1965, mais elle jette aussi une lumière sur d’anciens drapeaux canadiens moins connus, où figurait également la feuille d’érable. Si ces drapeaux proposés en 1870 étaient toujours utilisés, on soulignerait cette année leurs 150 ans.

Les peintures de six anciens drapeaux subsistent dans les archives du Conseil privé, où elles sont rattachées à un décret de 1870. Cinq de ces drapeaux, qui sont basés sur celui de l’Union royale (le Union Jack), étaient utilisés à titre personnel par le gouverneur général et les lieutenants-gouverneurs des quatre provinces originales : l’Ontario, le Québec, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick. Le sixième, qui réunit sur fond bleu le drapeau britannique et un écusson représentant le Canada, faisait office de pavillon pour les navires du gouvernement fédéral, par exemple les bateaux de pêche.

Peinture d’un drapeau bleu comprenant le Union Jack dans le coin supérieur gauche et des armoiries dans le coin inférieur droit. Des inscriptions manuscrites figurent à la droite et en dessous du drapeau.

Proposition de drapeau bleu, 1870 (e011309109)

Sur le drapeau du gouverneur général est illustrée une couronne de feuilles d’érable; c’est la première fois que cette feuille orne un drapeau officiel du Canada. La couronne accueille en son centre un écusson où figurent les armoiries des quatre provinces originales. Premier emblème héraldique national, cet écusson est l’œuvre du Collège des hérauts, à Londres; il reçoit la proclamation de la reine Victoria en 1868.

Peinture d’un drapeau qui consiste en une représentation du Union Jack au centre duquel sont superposées des armoiries entourées d’une couronne de feuilles d’érable. Des inscriptions manuscrites figurent à la droite et en dessous du drapeau.

Proposition de drapeau pour le gouverneur général, 1870 (e011309110)

Les drapeaux des lieutenants-gouverneurs des provinces portent les armoiries nouvellement redessinées de leur province respective, entourées dans chaque cas d’une guirlande de feuilles d’érable. Les armoiries de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick demeurent inchangées à ce jour, mais le temps a légèrement altéré la couleur du drapeau proposé pour le lieutenant-gouverneur de l’Ontario. L’artiste, anonyme, avait possiblement coloré la partie supérieure des armoiries (appelée le « chef ») avec de la peinture faite d’argent véritable. Celle-ci s’est ternie au fil des ans pour prendre une teinte gris foncé. De nos jours, la plupart des artistes héraldiques utilisent de la peinture blanche pour représenter l’argent afin d’éviter une telle altération.

Peinture d’un drapeau qui consiste en une représentation du Union Jack au centre duquel sont superposées des armoiries cernées d’une couronne de feuilles d’érable. Des inscriptions manuscrites figurent à la droite et en dessous du drapeau.

Proposition de drapeau pour le lieutenant-gouverneur de l’Ontario, 1870 (e011309113)

Peinture d’un drapeau qui consiste en une représentation du Union Jack au centre duquel se trouvent des armoiries entourées d’une couronne de feuilles d’érable. Des inscriptions manuscrites figurent à la droite et en dessous du drapeau.

Proposition de drapeau pour le lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick, 1870 (e011309111)

La fleur de lis, le léopard et les feuilles d’érable sur les armoiries du Québec représentent trois périodes de l’histoire de la province : le Régime français, le Régime britannique et la Confédération. Le gouvernement provincial utilise encore aujourd’hui ces armoiries, mais il y a ajouté une fleur de lis et a modifié légèrement les couleurs en 1939 pour accentuer l’allusion visuelle aux anciennes armoiries royales de France.

Peinture d’un drapeau qui consiste en une représentation du Union Jack au centre duquel se trouvent des armoiries entourées d’une couronne de feuilles d’érable. Des inscriptions manuscrites figurent à la droite et en dessous du drapeau.

Proposition de drapeau pour le lieutenant-gouverneur du Québec, 1870 (e011309114)

Les armoiries sur le drapeau utilisé en 1870 par le lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse diffèrent des armoiries actuelles de la province et rappellent un malentendu. Les armoiries que nous connaissons aujourd’hui résultent de la tentative infructueuse, menée par sir William Alexander dans les années 1620, de fonder une colonie écossaise en Amérique du Nord. En 1868, les hérauts anglais, qui ne connaissaient possiblement pas l’existence des armoiries d’inspiration écossaise, en ont dessiné de toutes nouvelles, où figuraient trois chardons écossais ainsi qu’un saumon symbolisant les pêcheries de la province. Ce sont donc ces nouvelles armoiries qui se sont retrouvées sur le drapeau du lieutenant-gouverneur. En 1929, à la demande des gouvernements provincial et fédéral, le Collège des hérauts a restauré les armoiries originales de la Nouvelle-Écosse.

Peinture d’un drapeau qui consiste en une représentation du Union Jack au centre duquel se trouvent des armoiries entourées d’une couronne de feuilles d’érable. Des inscriptions manuscrites figurent à la droite et en dessous du drapeau.

Proposition de drapeau pour le lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse, 1870 (e011309112)

Comme le suggère le choix des emblèmes, ce n’est pas le Canada mais la Grande-Bretagne qui est à l’origine de ces drapeaux. En 1869, la reine Victoria a autorisé le gouverneur de chaque colonie britannique à utiliser comme drapeau personnel distinctif un Union Jack portant l’emblème de la colonie. Au Canada, un artiste inconnu du ministère de la Marine et des Pêcheries a réalisé les peintures présentées dans ce billet à la demande du Cabinet fédéral.

Les Canadiens n’ont pas vu ces drapeaux très souvent; à l’origine, ceux-ci n’étaient déployés que sur des navires. En 1911, le lieutenant-gouverneur de la Saskatchewan a jugé qu’il n’avait pas besoin d’un drapeau officiel parce que sa province n’avait pas accès à la mer. Au fil du temps, les gouvernements fédéral et provinciaux ont adopté, pour le gouverneur général et les lieutenants-gouverneurs, de nouveaux drapeaux qui évoquent moins le statut de colonies. Ces drapeaux flottent chaque jour sur les résidences officielles des représentants en question, et sur d’autres édifices quand ces personnes s’y trouvent. Les peintures préservées dans nos archives rappellent les origines britanniques de certains de nos emblèmes nationaux et provinciaux.


Forrest Pass travaille comme conservateur au sein de l’équipe des expositions de Bibliothèque et Archives Canada.

Voix maritimes : Alistair MacLeod

Par Leah Rae

À environ 360 kilomètres du centre-ville d’Halifax, sur la côte ouest de l’île du Cap-Breton, se trouve la petite collectivité de Dunvegan. Trop petite pour être une ville, Dunvegan est un carrefour sur la route entre Inverness et Margaree Harbour. C’est ici, dans une petite cabane construite à la main et surplombant l’océan Atlantique (avec vue sur l’Île-du-Prince-Édouard, au loin), que l’écrivain Alistair MacLeod passait ses vacances d’été. C’est dans cette cabane qu’il a écrit quelques-unes des plus grandes nouvelles en langue anglaise et son seul et unique roman, No Great Mischief.

Une première page manuscrite de The Boat.

Page couverture du manuscrit de la nouvelle The Boat, par Alistair MacLeod. © Succession d’Alistair MacLeod

Comme bien d’autres résidents de l’île du Cap-Breton, Alistair MacLeod a passé sa jeunesse à travailler comme mineur et bûcheron. Ses revenus lui ont permis de payer ses études et d’obtenir son diplôme de premier cycle et son diplôme d’enseignement de l’Université Saint-Francis-Xavier à Antigonish, en Nouvelle-Écosse. M. MacLeod a fait carrière comme professeur d’anglais et de création littéraire à l’Université de Windsor, en Ontario. Entre les exigences d’un poste de professeur à temps plein et celles liées à son rôle de père de six enfants, il trouvait difficile de consacrer du temps à l’écriture pendant l’année scolaire. Toutefois, les vacances d’été lui donnaient l’occasion de retourner avec sa famille à la maison familiale de Dunvegan (nommée en l’honneur de Dun Bheagan sur l’île de Skye, en Écosse), où il avait tout le loisir de se concentrer sur ses écrits. Le travail de M. MacLeod portait sur les luttes quotidiennes des résidents de l’île du Cap-Breton. Ce qui donne à l’écriture d’Alistair MacLeod son pouvoir et sa majesté, c’est son lyrisme : l’écrivain lisait souvent son travail à voix haute afin de parfaire la cadence de chaque ligne. C’était un écrivain lent et méthodique qui examinait attentivement chaque mot. Bien qu’il ait produit un très petit nombre d’œuvres au cours de sa vie, la qualité de son travail est exceptionnelle.

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) a la chance d’être le dépositaire du fonds Alistair MacLeod. Au début des années 2000, BAC a acquis environ 4,5 mètres de matériel (textuel et graphique) créé par Alistair MacLeod en Ontario et en Nouvelle-Écosse. Le matériel couvre toute sa carrière d’écrivain et d’enseignant. Le fonds comprend des manuscrits, de la correspondance, des essais, des notes de thèse, des coupures de presse, des photos d’Alistair MacLeod, et plus encore.

Photographie en noir et blanc d’un homme debout devant un bâtiment. Une falaise et un littoral spectaculaires sont visibles en arrière-plan.

Alistair MacLeod assis dans une cabane. Photo prise par Chuck Clark (e011213686)

L’examen des manuscrits originaux d’Alistair MacLeod nous donne un aperçu fascinant de son processus d’écriture. Dans le milieu littéraire canadien, il était reconnu comme un perfectionniste, et cela se voit dans ses manuscrits. La première version de sa nouvelle The Boat est rédigée à la main dans un livret d’examen de l’Université Notre Dame, où il a obtenu son doctorat. La version publiée du premier paragraphe de cette nouvelle — peut-être l’un des plus beaux paragraphes de la littérature anglaise — est presque identique à la version préliminaire de l’auteur.

Alistair MacLeod a continué d’écrire à la main tout au long de sa carrière (de nos jours, une pratique sans doute perçue comme étant très rétrograde par de nombreux écrivains!). Il a aussi écrit à la main une partie du manuscrit pour son roman No Great Mischief. Il est tout à fait inusité de voir une œuvre de ce calibre écrite à la main plutôt que sous forme de mots dactylographiés sur une page, comme nous sommes habitués à le voir de nos jours. Cela donne une impression très personnelle d’Alistair MacLeod travaillant avec diligence pendant ses quelques précieuses heures de temps libre, admirant les magnifiques falaises du cap Breton qui surplombent la mer.


Leah Rae est archiviste à la Division des services régionaux et de l’AIPRP de Bibliothèque et Archives Canada, à Halifax.

Images de la Nouvelle-Écosse maintenant sur Flickr

La Nouvelle-Écosse est l’une des trois provinces maritimes du Canada, avec le Nouveau-Brunswick au nord-ouest et l’Île-du-Prince-Édouard au nord, de l’autre côté du détroit de Northumberland. Les  Micmacs constituent le principal groupe de Premières Nations dans la région; leur présence sur le territoire remonte à environ 10 000 ans.

Au début de la traite des fourrures, les interactions entre les groupes de Premières Nations et les colons français étaient généralement positives; la Nouvelle-Écosse faisait alors partie d’une région appelée l’Acadie. Cependant, au cours du 18e siècle, les Britanniques s’emparèrent de toutes les possessions françaises en Amérique du Nord et renommèrent ces colonies. Après la guerre civile américaine, la migration des loyalistes vers le nord y amena une population coloniale britannique; les colons ayant reçu des concessions réclamaient leurs terres et repoussaient les Micmacs aux limites de leur territoire.

Une photo noir et blanc de deux femmes et un homme au bord d’une falaise  avec une vue de l’océan.

Touristes avec le bus de Mike Sullivan admirant le paysage au Parc national des Hautes-Terres-du-Cap-Breton (Nouvelle-Écosse) (MIKAN 3265746)

La Nouvelle-Écosse obtint un gouvernement responsable en 1848, avant les autres colonies britanniques, et participa à la mise sur pied de la Confédération. Sous la direction de Charles Tupper, un ardent défenseur de la Confédération, elle devint, en 1867, l’une des premières provinces canadiennes. Toutefois, un grand nombre de Néoécossais étaient opposés à cette idée et portèrent au pouvoir un gouvernement anti-confédération lors de l’élection provinciale suivante.

Le saviez-vous?

  • La Nouvelle-Écosse fut ainsi nommée en référence aux premiers colons écossais venus s’y installer durant la période coloniale britannique.
  • La Nouvelle-Écosse abrita le plus important établissement de Noirs libres en Amérique du Nord, des loyalistes ayant migré vers le nord après la révolution américaine.

Visitez l’album Flickr maintenant!

Portia White : en l’honneur du 75e anniversaire de ses débuts à Toronto

Par Joseph Trivers           

Au cours du 20e siècle, de très grands chanteurs lyriques ont marqué la scène culturelle canadienne, de Raoul Jobin à Gerald Finley et Measha Brueggergosman, en passant par Maureen Forrester et Jon Vickers. À l’image des personnages qu’ils ont interprétés à l’opéra, ces artistes ont souvent eu une vie dramatique et inspirante. La contralto néo-écossaise Portia White ne fait pas exception. Admirée pour sa voix magnifique et constante, ainsi que pour sa présence sur scène empreinte de noblesse et de dignité, elle est la première cantatrice afro-canadienne à obtenir une reconnaissance internationale. Le 7 novembre 2016 marque le 75e anniversaire de ses débuts triomphaux à Toronto, une occasion en or de décrire brièvement son parcours, ses réalisations et sa carrière.

« J’ai fait mes véritables débuts à Toronto, en novembre 1941. C’était mon quatrième engagement professionnel, mais le tout premier dans une grande ville. Le lendemain, on m’a offert un contrat. J’ai toujours considéré que c’est Toronto qui m’a découverte. » – Portia White [traduction]

Les réflexions de Portia White concernant ses débuts à Toronto pourraient donner l’impression qu’elle a connu le succès rapidement. Pourtant, ce concert de 1941 et le contrat qui en a découlé sont le fruit de nombreuses années de travail acharné, d’un peu de chance et du soutien indéfectible de sa famille, de ses concitoyens et des gouvernements de la ville d’Halifax et de la Nouvelle-Écosse.

Jeunesse et éducation

Dès sa naissance, Portia semble destinée à manifester un tempérament fort et résolu et à faire carrière dans les arts de la scène. En effet, un ami de la famille lui donne le nom de Portia, d’après une héroïne du Marchand de Venise de Shakespeare. Dans cette pièce, Portia réalise son rêve d’épouser le prétendant de son choix, à force d’intelligence, de grâce et de tranquille détermination. On ne peut affirmer que ce nom présage les mêmes traits de personnalité chez Portia White, mais son éducation a certainement favorisé leur développement.

Ses parents sont eux-mêmes des gens remarquables. Son père, le révérend William A. White, est le fils d’esclaves affranchis de Virginie; il est le deuxième Afro-Canadien admis à l’Université Acadia et le premier à recevoir un doctorat en théologie de cette université. Il sera aussi le seul aumônier noir dans l’armée britannique durant la Première Guerre mondiale. La mère de Portia, une descendante de loyalistes noirs installés en Nouvelle-Écosse, lui donne ses premières leçons de musique. La famille de Portia déménage de Truro (Nouvelle-Écosse) à Halifax après la Première Guerre mondiale. De retour au pays, son père devient pasteur de l’église baptiste sur la rue Cornwallis.

La vie de la famille White gravite autour de l’église; il n’est donc pas surprenant qu’une grande partie de l’éducation musicale de Portia se passe dans ce milieu. C’est ainsi qu’elle commence à chanter dans la chorale de l’église dirigée par sa mère. Elle étudie en enseignement à l’Université Dalhousie, puis devient professeure dans les communautés noires de Nouvelle-Écosse, notamment à Lucasville et Africville. Ce travail l’aide à payer ses cours de musique. Durant les années 1930, elle suit les cours de chant de Bertha Cruikshanks au Conservatoire de musique d’Halifax. En 1939, elle reçoit une bourse qui lui permet d’étudier au même conservatoire avec le professeur italien Ernesto Vinci. C’est ce dernier qui l’aide à perfectionner sa voix de contralto.

Toronto et au-delà

Portia White est d’abord reconnue et acclamée en Nouvelle-Écosse, où elle se produit dans des festivals et des concerts-bénéfice ainsi qu’à l’émission radiophonique de son père, diffusée une fois par semaine. Elle gagne la coupe d’argent Helen Kennedy au festival de musique d’Halifax en 1935, 1937 et 1938. De nouvelles possibilités s’offrent à elle lorsque Edith Read, la directrice de Branksome Hall, une école privée pour filles de Toronto, l’entend chanter pour la première fois. Madame Read était alors en vacances en Nouvelle-Écosse, sa province natale. C’est grâce au soutien du Branksome Ladies Club que Portia White a pu chanter au Eaton Hall à Toronto, le 7 novembre 1941.

Le concert de Toronto est un tel succès que Portia se voit immédiatement offrir un contrat des Presses de l’Université Oxford pour une série de concerts et de tournées. Elle quitte alors son poste d’enseignante pour se consacrer à la musique. En 1942 et 1943, elle se produit dans plusieurs villes du Canada, ce qui accroît sa renommée au pays, et chante même devant le gouverneur général à l’occasion d’un concert privé. Elle donne son premier concert aux États-Unis au Town Hall de New York, en mars 1944; sa prestation est accueillie avec enthousiasme. Portia s’installe à New York pour se rapprocher de ses gérants et reçoit le soutien financier de la ville d’Halifax et du gouvernement de la Nouvelle-Écosse par l’intermédiaire du Nova Scotia Talent Trust. C’est la première fois que deux paliers de gouvernement s’unissent pour soutenir la carrière d’un artiste. Portia White signe un contrat avec Columbia Concerts Incorporated et entreprend une tournée au Canada, aux États-Unis, dans les Caraïbes, en Amérique centrale et en Amérique du Sud.

Fin de carrière et héritage

La vie en tournée devenant de plus en plus frénétique, Portia White n’arrive plus à se reposer suffisamment entre les concerts et les déplacements. Elle éprouve des problèmes de voix de plus en plus fréquents, au point où certains critiques le lui reprochent. Dans de telles circonstances, auxquelles s’ajoutent des différends avec ses gérants, elle décide de ne plus se produire en public. Portia s’installe à Toronto, où elle suit des cours de chant au Conservatoire royal de musique auprès de la soprano Gina Cigna. Elle donne elle-même des cours de chant au Branksome Hall, ainsi que des cours particuliers. Elle offre quelques rares concerts durant les décennies 1950 et 1960. À l’occasion d’un de ces concerts, elle chante pour la reine Élisabeth le 6 octobre 1964, lors du passage de la souveraine au Centre des arts de la Confédération de Charlottetown (Île-du-Prince-Édouard). Moins de quatre ans plus tard, en février 1968, Portia White s’éteint à Toronto, des suites d’un cancer.

Célèbre pour sa polyvalence et son répertoire varié, Portia White était aussi à l’aise avec les chants religieux que les arias d’opéras italiens, les lieds allemands ou les mélodies françaises. De son vivant, elle n’enregistra aucune œuvre destinée au marché commercial. Cependant, Bibliothèque et Archives Canada a pu acquérir, auprès de la famille White, quelques enregistrements sonores de concerts offerts à Moncton (Nouveau-Brunswick) et à New York. Certains enregistrements commerciaux furent diffusés à titre posthume, dont l’album Think on me en 1968, deux chansons sous étiquette Analekta dans la série Great Voices of Canada (volume 5), ainsi que l’album First You Dream en 1999 (tous se trouvent dans la collection de BAC). Un documentaire intitulé Portia White: Think on Me fut réalisé par Sylvia Hamilton et diffusé en 1999.

L’héritage de Portia White perdure encore aujourd’hui grâce à un fonds créé et géré par le Nova Scotia Talent Trust : la bourse annuelle Portia White, offerte à une jeune personne démontrant un « potentiel vocal exceptionnel ». Le gouvernement du Canada inscrivit Portia White sur la liste des personnes d’importance historique nationale en 1995 et lui rendit hommage en 1999 par l’émission d’un timbre du millénaire à son effigie.

Timbre-poste en couleur montrant, au premier plan, une jeune femme en train de chanter, et à l’arrière-plan, le visage en gros plan de la même femme, les yeux clos. Une partition contenant des notes de musique et des paroles apparaît en surimpression sur la moitié inférieure du timbre.

Portia White : talent et persévérance [document philatélique], timbre-poste canadien de 46 cents, collection du millénaire (MIKAN 2266861)


Joseph Trivers est bibliothécaire aux acquisitions (musique) au sein de la Direction générale du patrimoine publié à Bibliothèque et Archives Canada.