Les drapeaux oubliés

Par Forrest Pass

L’année 2015 marquait le 50e anniversaire du drapeau national du Canada, reconnaissable à son emblématique feuille d’érable rouge. La collection de Bibliothèque et Archives Canada contient des documents liés au débat houleux qui a mené à l’adoption de l’unifolié, en 1965, mais elle jette aussi une lumière sur d’anciens drapeaux canadiens moins connus, où figurait également la feuille d’érable. Si ces drapeaux proposés en 1870 étaient toujours utilisés, on soulignerait cette année leurs 150 ans.

Les peintures de six anciens drapeaux subsistent dans les archives du Conseil privé, où elles sont rattachées à un décret de 1870. Cinq de ces drapeaux, qui sont basés sur celui de l’Union royale (le Union Jack), étaient utilisés à titre personnel par le gouverneur général et les lieutenants-gouverneurs des quatre provinces originales : l’Ontario, le Québec, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick. Le sixième, qui réunit sur fond bleu le drapeau britannique et un écusson représentant le Canada, faisait office de pavillon pour les navires du gouvernement fédéral, par exemple les bateaux de pêche.

Peinture d’un drapeau bleu comprenant le Union Jack dans le coin supérieur gauche et des armoiries dans le coin inférieur droit. Des inscriptions manuscrites figurent à la droite et en dessous du drapeau.

Proposition de drapeau bleu, 1870 (e011309109)

Sur le drapeau du gouverneur général est illustrée une couronne de feuilles d’érable; c’est la première fois que cette feuille orne un drapeau officiel du Canada. La couronne accueille en son centre un écusson où figurent les armoiries des quatre provinces originales. Premier emblème héraldique national, cet écusson est l’œuvre du Collège des hérauts, à Londres; il reçoit la proclamation de la reine Victoria en 1868.

Peinture d’un drapeau qui consiste en une représentation du Union Jack au centre duquel sont superposées des armoiries entourées d’une couronne de feuilles d’érable. Des inscriptions manuscrites figurent à la droite et en dessous du drapeau.

Proposition de drapeau pour le gouverneur général, 1870 (e011309110)

Les drapeaux des lieutenants-gouverneurs des provinces portent les armoiries nouvellement redessinées de leur province respective, entourées dans chaque cas d’une guirlande de feuilles d’érable. Les armoiries de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick demeurent inchangées à ce jour, mais le temps a légèrement altéré la couleur du drapeau proposé pour le lieutenant-gouverneur de l’Ontario. L’artiste, anonyme, avait possiblement coloré la partie supérieure des armoiries (appelée le « chef ») avec de la peinture faite d’argent véritable. Celle-ci s’est ternie au fil des ans pour prendre une teinte gris foncé. De nos jours, la plupart des artistes héraldiques utilisent de la peinture blanche pour représenter l’argent afin d’éviter une telle altération.

Peinture d’un drapeau qui consiste en une représentation du Union Jack au centre duquel sont superposées des armoiries cernées d’une couronne de feuilles d’érable. Des inscriptions manuscrites figurent à la droite et en dessous du drapeau.

Proposition de drapeau pour le lieutenant-gouverneur de l’Ontario, 1870 (e011309113)

Peinture d’un drapeau qui consiste en une représentation du Union Jack au centre duquel se trouvent des armoiries entourées d’une couronne de feuilles d’érable. Des inscriptions manuscrites figurent à la droite et en dessous du drapeau.

Proposition de drapeau pour le lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick, 1870 (e011309111)

La fleur de lis, le léopard et les feuilles d’érable sur les armoiries du Québec représentent trois périodes de l’histoire de la province : le Régime français, le Régime britannique et la Confédération. Le gouvernement provincial utilise encore aujourd’hui ces armoiries, mais il y a ajouté une fleur de lis et a modifié légèrement les couleurs en 1939 pour accentuer l’allusion visuelle aux anciennes armoiries royales de France.

Peinture d’un drapeau qui consiste en une représentation du Union Jack au centre duquel se trouvent des armoiries entourées d’une couronne de feuilles d’érable. Des inscriptions manuscrites figurent à la droite et en dessous du drapeau.

Proposition de drapeau pour le lieutenant-gouverneur du Québec, 1870 (e011309114)

Les armoiries sur le drapeau utilisé en 1870 par le lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse diffèrent des armoiries actuelles de la province et rappellent un malentendu. Les armoiries que nous connaissons aujourd’hui résultent de la tentative infructueuse, menée par sir William Alexander dans les années 1620, de fonder une colonie écossaise en Amérique du Nord. En 1868, les hérauts anglais, qui ne connaissaient possiblement pas l’existence des armoiries d’inspiration écossaise, en ont dessiné de toutes nouvelles, où figuraient trois chardons écossais ainsi qu’un saumon symbolisant les pêcheries de la province. Ce sont donc ces nouvelles armoiries qui se sont retrouvées sur le drapeau du lieutenant-gouverneur. En 1929, à la demande des gouvernements provincial et fédéral, le Collège des hérauts a restauré les armoiries originales de la Nouvelle-Écosse.

Peinture d’un drapeau qui consiste en une représentation du Union Jack au centre duquel se trouvent des armoiries entourées d’une couronne de feuilles d’érable. Des inscriptions manuscrites figurent à la droite et en dessous du drapeau.

Proposition de drapeau pour le lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse, 1870 (e011309112)

Comme le suggère le choix des emblèmes, ce n’est pas le Canada mais la Grande-Bretagne qui est à l’origine de ces drapeaux. En 1869, la reine Victoria a autorisé le gouverneur de chaque colonie britannique à utiliser comme drapeau personnel distinctif un Union Jack portant l’emblème de la colonie. Au Canada, un artiste inconnu du ministère de la Marine et des Pêcheries a réalisé les peintures présentées dans ce billet à la demande du Cabinet fédéral.

Les Canadiens n’ont pas vu ces drapeaux très souvent; à l’origine, ceux-ci n’étaient déployés que sur des navires. En 1911, le lieutenant-gouverneur de la Saskatchewan a jugé qu’il n’avait pas besoin d’un drapeau officiel parce que sa province n’avait pas accès à la mer. Au fil du temps, les gouvernements fédéral et provinciaux ont adopté, pour le gouverneur général et les lieutenants-gouverneurs, de nouveaux drapeaux qui évoquent moins le statut de colonies. Ces drapeaux flottent chaque jour sur les résidences officielles des représentants en question, et sur d’autres édifices quand ces personnes s’y trouvent. Les peintures préservées dans nos archives rappellent les origines britanniques de certains de nos emblèmes nationaux et provinciaux.


Forrest Pass travaille comme conservateur au sein de l’équipe des expositions de Bibliothèque et Archives Canada.

Chef Poundmaker : réhabiliter la mémoire d’un artisan de la paix

À la gauche de l’image, Tatânga Mânî (le chef Walking Buffalo, aussi appelé George McLean) est à cheval dans une tenue cérémonielle traditionnelle. Au centre, Iggi et une fillette font un kunik, une salutation traditionnelle dans la culture inuite. À droite, le guide métis Maxime Marion se tient debout, un fusil à la main. À l’arrière-plan, on aperçoit une carte du Haut et du Bas-Canada et du texte provenant de la collection de la colonie de la Rivière-rouge.Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certains pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde — terminologie historique.

Anna Heffernan

Pîhtokahanapiwiyin était un chef des Cris des Plaines connu sous le nom de « Chief Poundmaker » en anglais. En 1885, il fut jugé et condamné pour trahison après son implication présumée dans la rébellion/résistance du Nord-Ouest. Le 23 mai 2019, soit 134 ans plus tard, le gouvernement canadien l’a innocenté à titre posthume et a présenté des excuses officielles à la Nation crie Poundmaker de la Saskatchewan, dont font partie un grand nombre de ses descendants. Son peuple ainsi que d’autres Premières Nations des Plaines ayant entretenu sa mémoire gardent le souvenir d’un dirigeant qui a toujours œuvré pour la paix, même dans l’adversité. Après avoir été portée pendant des décennies par sa communauté, l’histoire de Poundmaker est maintenant connue du reste des Canadiens, grâce à la reconnaissance de son innocence. Bibliothèque et Archives Canada possède de nombreux documents et photographies qui relatent son histoire.

Poundmaker naît vers 1842 d’un père de la Nation des Stoneys-Nakodas et d’une mère métisse d’ascendance canadienne-française et crie, près de Battleford, dans l’actuelle Saskatchewan. Au début des années 1870, un chef pied-noir influent, Isapo-Muxika (Pied-de-Corbeau), adopte Poundmaker et lui donne le nom de Makoyi-koh-kin (Loup-aux-Jambes-Frêles), en souvenir d’un fils perdu au combat. Poundmaker retourne chez les Cris après avoir vécu quelque temps parmi les Pieds-Noirs, tout en continuant à entretenir une amitié avec son père adoptif.

Photographie en noir et blanc de Poundmaker debout devant un tipi avec un bonnet de fourrure, une chemise, une veste, une couverture autour de la taille et des mocassins. Sa femme se tient à ses côtés, vêtue d’une robe et d’une couverture jetée sur les épaules

Pîhtokahanapiwiyin (Poundmaker, à droite, avec sa femme, vers 1884 (a066596-v8).

Photographie en noir et blanc d’Isapo-Muxika (Pied-de-Corbeau) assis, tenant un éventail en plumes d’aigle et portant une chemise de peau ornée de fourrure et de perles ou de plumes.

Isapo-Muxika (Pied-de-Corbeau) en 1886 (c001871).

En août 1876, Poundmaker devenu chef participe aux négociations du Traité no 6. Il réussit à faire ajouter au traité une clause sur la famine, par laquelle le gouvernement canadien s’engage à fournir des rations aux nations signataires en cas de pénurie alimentaire. Après avoir établi que la majorité de sa bande était en faveur d’un traité, Poundmaker signe l’accord le 23 août 1876. En 1879, il s’installe avec les siens dans une réserve à environ 65 kilomètres (40 milles) à l’ouest de Battleford.

Malgré les colonies qui ne cessaient de s’étendre dans l’Ouest, amenuisant d’autant les terres et le gibier dont dépendaient les Premières Nations pour survivre, Poundmaker exhorte son peuple à demeurer pacifique. Il fait valoir que la guerre n’est plus une option viable et déclare que « notre unique ressource est notre travail, notre industrie, nos fermes ». En 1883, le gouvernement canadien réduit les rations qu’il fournissait aux Premières Nations, et nombre d’entre elles dénoncent le non-respect des promesses faites dans le traité.

En juin 1884, plusieurs bandes se rendent dans la réserve de Poundmaker pour discuter de la situation, notamment Mistahimaskwa (Big Bear) et ses partisans. Plus de 2 000 Cris réunis tiennent alors une danse de la soif (ou danse du soleil), une cérémonie sacrée dans les traditions de nombreuses Nations des Plaines. La Police à cheval du Nord-Ouest tente de disperser les Cris et d’empêcher la danse de la soif. Poundmaker et Big Bear parviennent à maintenir une paix temporaire, mais il est clair que les tensions entre les Premières Nations et les forces policières sont vives et qu’il est de plus en plus difficile de maîtriser les jeunes guerriers des bandes.

En 1885, des représentants des Métis du district de la Saskatchewan, dans les Territoires du Nord-Ouest, écrivent à Louis Riel, qui vit à l’époque sur le territoire du Montana. Eux aussi souffrent de l’expansion des colonies blanches et du manque de reconnaissance de leurs droits par le gouvernement; ils demandent donc à Riel de revenir dans la région pour les aider. Les dirigeants des Cris et d’autres Premières Nations continuent de se rencontrer pour parler de la dégradation de leurs conditions. Vu le déclin des troupeaux de bisons, la chasse ne constitue plus une source fiable de nourriture. La transition vers l’agriculture est difficile, et tant les fermes des Autochtones que celles des colons de la région ne parviennent pas à produire assez de récoltes. De nombreux Cris sont affamés, et leurs chefs cherchent désespérément une solution.

Aux yeux de la presse coloniale blanche, les mouvements des Métis et des Premières Nations sont du pareil au même. Mais dans les faits, s’ils partagent de nombreux griefs, leurs dirigeants sont loin d’être unis. Poundmaker entend faire pression sur le gouvernement canadien par des moyens pacifiques pour qu’il honore les promesses faites dans le traité. Mais alors que la résistance s’organise parmi les Métis, certains membres de la bande de Poundmaker décident de combattre à leurs côtés. Dans des papiers de Louis Riel saisis à Batoche, on a trouvé les versions française et anglaise d’une lettre de Poundmaker en réponse à Riel. Le courrier de Poundmaker a vraisemblablement été traduit du cri au français à l’intention de Riel.

Lettre rédigée à la main en français.

Traductions de la lettre de Poundmaker à Riel, trouvées dans les papiers de Riel saisis à Batoche. (e011303061)

Lettre rédigée à la main en français.

Traductions de la lettre de Poundmaker à Riel, trouvées dans les papiers de Riel saisis à Batoche. (e011303061)

La lettre n’est pas datée. D’après son contenu, on présume qu’elle a été rédigée à la suite de la bataille de Duck Lake, le premier affrontement de la rébellion/résistance du Nord-Ouest, qui opposait la Police à cheval du Nord-Ouest et les forces métisses du commandant Gabriel Dumont. Dans sa lettre, Poundmaker témoigne son respect à Riel, mais il lui dit aussi clairement qu’il n’entend pas se joindre au combat et qu’il est prêt à négocier avec l’armée. La traduction dit ainsi : « Nous avons tous mis bas les armes et nous voulons que la guerre soit finie entre nous. Lorsque le Général sera arrivé, je suis prêt à m’entendre avec lui avec les plus sincères intentions et la plus entière soumission. »

Poundmaker voit une occasion dans la victoire des Métis à Duck Lake. Il veut tirer profit des conditions incertaines dans lesquelles le gouvernement canadien se trouve pour négocier des provisions et des rations. Son peuple en a désespérément besoin, et le gouvernement est obligé de lui en fournir selon le traité. La bande de Poundmaker ainsi qu’une bande de Stoneys-Nakodas qui campaient à ses côtés se rendent à Battleford pour ouvrir des négociations avec l’agent des Indiens. Les colons blancs avaient déserté la ville et s’étaient réfugiés dans le fort auprès de l’agent. Après une journée d’attente, les membres affamés de la bande pillent les maisons désertées de Battleford à la recherche de nourriture, malgré les tentatives de Poundmaker pour les en empêcher. Bien qu’il ait été largement exagéré par la presse à l’époque, le « pillage de Battleford » était un acte de désespoir, et non une action visant à déclencher un conflit.

Après que l’agent des Indiens eut refusé de rencontrer Poundmaker, la bande quitte la ville et installe son campement à Cut Knife Creek. Certains des guerriers érigent au campement un pavillon pour les combattants, signe que ces derniers ont pris le contrôle de la communauté. Pendant ce temps, le lieutenant-colonel William Otter et sa troupe de soldats se rendent à Battleford. Le 31 avril 1885, il met en branle plus de 300 hommes pour attaquer la bande de Poundmaker, en représailles à l’assaut supposé de Battleford. Ils arrivent à Cut Knife Creek le 2 mai. Poundmaker ne participe pas à la bataille qui dure sept heures, jusqu’au retrait d’Otter. Poundmaker convainc les guerriers de ne pas poursuivre l’armée qui bat en retraite, ce qui épargne bien des vies. À la suite de cette attaque, de nombreux guerriers du camp de Poundmaker rejoignent les rangs des forces métisses à Batoche. Le 12 mai, les forces de Riel sont défaites. Apprenant la nouvelle, Poundmaker envoie un message à Battleford pour offrir de négocier la paix. Le major général Frederick Middleton répond qu’il ne négociera pas et demande la capitulation sans condition de Poundmaker. Le 26 mai, Poundmaker accepte de se rendre et se présente à Battleford, où il est arrêté.

Peinture à l’huile d’une foule de membres des Premières Nations, certains debout et d’autres assis, en demi-cercle, avec des tipis en arrière-plan. Le chef Poundmaker est assis sur le sol au centre, une pipe de cérémonie devant lui. Le général Middleton est assis sur une chaise sur la droite, plusieurs soldats debout à ses côtés.

Poundmaker rendant les armes au major général Middleton à Battleford, Saskatchewan, le 26 mai 1885. Peinture à l’huile de R. W. Rutherford, 1887 (e011165548_s1).

Le 17 août 1885, le procès pour trahison de Poundmaker commence à Regina. Il dure deux jours. Nous possédons dans notre collection un compte rendu écrit du témoignage que livra alors Poundmaker. Ces notes ont été retrouvées parmi divers documents, dans une boîte appartenant au fonds du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien. Malheureusement, l’auteur de ce compte rendu est inconnu.

Page rédigée à la main en anglais.

Compte rendu du témoignage de Poundmaker lors de son procès en 1885 (e011303044).

Poundmaker s’adresse à la cour en cri, mais un interprète traduit ses propos en anglais. Le compte rendu présente ainsi ses mots : « J’ai fait tout ce que j’ai pu pour empêcher un bain de sang. Si j’avais voulu la guerre, je ne serais pas ici maintenant, mais dans la prairie. Vous ne m’avez pas arrêté, je me suis rendu. Vous me détenez parce que je voulais la paix. » Le jury délibère pendant une demi-heure avant de prononcer un verdict de culpabilité. Le juge condamne Poundmaker à trois ans de prison. La décision a un effet immédiatement visible chez ce dernier. Selon l’auteur du compte rendu, après avoir entendu le prononcé de sa peine, Poundmaker déclare : « Pendez-moi maintenant. Je préfère mourir plutôt que d’être enfermé. »

Chez cet homme qui a passé sa vie au grand air à chasser et à guider son peuple, l’incarcération a des conséquences désastreuses. Après seulement une année à la prison de Stony Mountain, Poundmaker est libéré, sa santé s’étant gravement détériorée. Quatre mois plus tard, il meurt d’une hémorragie pulmonaire alors qu’il rend visite à son père adoptif Pied-de-Corbeau dans la réserve des Siksikas.

Rien ne pourra réparer l’injustice de l’emprisonnement de Poundmaker, ni effacer les dommages subis par sa bande et les Cris des Plaines à qui on a ôté un chef. Toutefois, la reconnaissance de cette injustice est une étape vers une meilleure entente entre les peuples autochtones et le reste des Canadiens.

Ce blogue fait partie d’une série portant sur les Initiatives du patrimoine documentaire autochtone. Apprenez-en plus sur la façon dont Bibliothèque et Archives Canada (BAC) améliore l’accès aux collections en lien avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Voyez aussi comment BAC appuie les communautés en matière de préservation d’enregistrements de langue autochtone.


Anna Heffernan est archiviste et chercheure pour Nous sommes là : Voici nos histoires, une initiative de Bibliothèque et Archives Canada visant à numériser le contenu autochtone de ses collections.

Capitaine James Peters : Correspondant de guerre et photographe

De nos jours, la photographie fait partie intégrante de nos vies; nos moindres gestes quotidiens sont captés, qu’il s’agisse d’exploits ou d’actes anodins. Dès les débuts, dans les années 1830, la photographie a servi à relater les faits de guerre. Les premiers photographes devaient déployer tout leur talent pour saisir les rapides mouvements de combat, car l’équipement photographique ne permettait pas d’enregistrer des mouvements. En conséquence, les images de guerre, à l’époque, étaient souvent des reconstitutions des véritables opérations militaires. En général, elles illustraient plutôt les éléments statiques de la guerre, comme des portraits de soldats, la vie dans des camps, les fortifications, l’emplacement de l’artillerie et les champs de bataille, avant et après le déroulement de l’action.

Le capitaine James Peters a capté les événements dramatiques de la Rébellion du Nord-Ouest en tant que photographe et correspondant pour le Quebec Morning Chronicle. La Rébellion du Nord-Ouest est une insurrection contre le gouvernement canadien qui aura duré cinq mois, mettant surtout en cause des citoyens de la nation métisse et leurs alliés des Premières Nations. Avant-gardiste, M. Peters a capté les événements qui se déroulaient dans le champ de bataille.

Le capitaine Peters et la batterie « A » de l’Artillerie canadienne ont quitté la ville de Québec le 28 mars 1885 en direction du nord-ouest. La batterie « A » allait fournir l’appui d’artillerie au major-général Frederick D. Middleton et à la Milice du Canada. M. Peters servira sous Middleton à Fish Creek et à Batoche, ainsi que durant les recherches menées par la milice afin de trouver le leader cri Mistahimaskwa (Big Bear). Lire la suite