Un manuscrit retrouvé : le premier journal de John Norton (Teyoninhokarawen)

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Par Isabelle Charron

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique qui pourraient être considérés comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

Photo d’une page d’un journal écrit à la main.

Première page du journal de John Norton (pièce no. 6251788)

Image d’une peinture sur ivoire de forme ovale.

Portrait de John Norton par Mary Ann Knight, 1805 (e010933319)

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) vient d’acquérir un journal autographe inédit de John Norton (Teyoninhokarawen) (1770-1827), accompagné de lettres (fonds John Norton Teyoninhokarawen*). Cette acquisition a été rendue possible grâce à la contribution de la Fondation de Bibliothèque et Archives Canada. L’existence du journal était attestée dans de la correspondance du début du 19e siècle, mais son emplacement était inconnu jusqu’à tout récemment. Ces documents constituent un important maillon de la vie et de la production littéraire de Norton, un personnage fascinant, ainsi que des témoignages essentiels pour comprendre l’histoire des Six Nations (Haudenosaunee), du Canada et de l’Amérique du Nord.

Né en Écosse, Norton avait des origines autochtones : son père était un Cherokee, emmené en Grande-Bretagne par un officier britannique à la suite de la guerre anglo-cherokee, et sa mère était Écossaise. Son ascendance familiale façonna son étonnant parcours. De plus, dès son jeune âge, il fut marqué par la vie militaire. Son père, soldat dans l’armée britannique, participa à plusieurs campagnes en Amérique du Nord, au cours desquelles sa famille l’aurait suivi. Norton indique d’ailleurs dans une lettre que l’un de ses premiers souvenirs a été la bataille de Bunker Hill (Boston, 17 juin 1775) (pièce 6252667). De retour en Écosse à une date inconnue, il y reçut une excellente instruction.

Norton et ses parents étaient à Québec en 1785. Comme son père, il se joignit à l’armée mais il déserta en 1787, au fort Niagara. Par la suite, il voyagea et vécut peut-être au sein de la nation Cayuga. En 1791, il travailla comme instituteur dans la communauté mohawk de Tyendinaga (baie de Quinte, Ontario). Il participa ensuite à des combats dans la vallée de l’Ohio avec différentes nations autochtones alliées contre les forces américaines. Il fut aussi impliqué dans le commerce des fourrures pour le compte du marchand John Askin, de Detroit, avant d’être embauché comme interprète par le département des Affaires indiennes. Il vécut ensuite auprès des Six Nations (Haudenosaunee), à la rivière Grand (Ontario), et devint un proche du chef mohawk Joseph Brant (Thayendanegea). Ce dernier l’adopta comme neveu en 1797 et, en 1799, il devint chef de la diplomatie et de la guerre pour les Six Nations. Il reçut alors le nom mohawk de Teyoninhokarawen.

Le journal de Norton acquis par BAC compte 275 pages (pièce 6251788). Ce dernier l’a rédigé à la rivière Grand entre 1806 et 1808 sous la forme de lettres à un ami. Il y relate son voyage en Angleterre et en Écosse en 1804-1805. C’est à la demande de Brant qu’il avait effectué ce voyage afin de clarifier des questions relatives à la propriété foncière des Six Nations aux abords de la rivière Grand, en lien avec la Proclamation de Haldimand (25 octobre 1784). Sa mission diplomatique échoua car son autorité était contestée par certains, dont William Claus, le surintendant des Affaires indiennes. Sur le plan personnel, Norton put néanmoins renouer avec sa famille maternelle et devint une personnalité très populaire auprès de l’élite politique, commerçante, religieuse, intellectuelle et aristocratique. Il participa à des événements mondains, assista à des conférences scientifiques et à des débats à la Chambre des communes. Il se fit de précieux amis, dont le brasseur Robert Barclay, le révérend John Owen et le second duc de Northumberland (Hugh Percy), également ami de Brant. Lors de ce séjour, Norton traduisit l’Évangile selon saint Jean en Kanien’kehá (langue mohawk), publié par la British and Foreign Bible Society dès 1804 (numéro OCLC 47861587). À Londres, en 1805, l’artiste Mary Ann Knight peignit son portrait, qui se trouve aujourd’hui dans la collection de BAC (pièce 2894984).

Pages d’un journal écrit à la main.

Les pages 183 à 185 du journal de John Norton (e011845717)

En 1808, Norton expédia son journal à Robert Barclay, en Angleterre, qui prévoyait le publier avec les lettres qui l’accompagnaient. Ce projet, auquel travailla aussi le révérend Owen, ne s’est cependant jamais concrétisé et les documents demeurèrent dans la famille Barclay. Dans son journal, Norton décrit ses rencontres et les lieux qu’il visite. Il se prononce sur une variété de sujets typiques de son époque et touchant la réalité coloniale, tels que l’armée britannique, l’indépendance des États-Unis (et ses conséquences sur les nations autochtones de part et d’autre de la frontière), la liberté, l’esclavage (il est abolitionniste), l’éducation, le statut de la femme chez les Autochtones, l’agriculture, le commerce (dont celui des fourrures), l’industrie et l’exploration du territoire. Il envisage plusieurs projets pour les Haudenosaunee et se préoccupe de l’éducation des jeunes. Il remet en question l’image des Haudenosaunee véhiculée par certains auteurs et insiste sur le raffinement de leur langue. Le christianisme revêt aussi une grande importance pour Norton.

La correspondance de Norton révèle certains détails de sa biographie et sur sa famille (pièces 6252667 et 6258811). Il y évoque son retour à la rivière Grand en 1806, les divisions au sein de sa communauté et sa volonté de participer à des campagnes avec l’armée britannique (pièce 6251790). Il parle de différentes nations autochtones et de leurs relations avec les autorités coloniales britanniques (pièces 6251794 et 6252528, par exemple). Il promeut d’ailleurs l’alliance entre les Autochtones et la Grande-Bretagne, mais est fort critique à l’égard du département des Affaires indiennes. Cette alliance s’avérera d’ailleurs essentielle lors de la guerre de 1812, au cours de laquelle Norton se distinguera en dirigeant des groupes de guerriers autochtones. Il évoque ce conflit dans ses lettres (pièce 6258793), ainsi que son voyage chez les Cherokees en 1809-1810 (pièce 6258679). L’ensemble comprend également une transcription d’une lettre des chefs des Six Nations adressée à Francis Gore, lieutenant-gouverneur du Haut-Canada (pièce 6252665). Enfin, une lettre d’un proche de Barclay confirme que George Prevost, gouverneur en chef de l’Amérique du Nord britannique, tenait Norton en haute estime (pièce 6258814).

Il est à noter que Norton a écrit un second journal, alors qu’il se trouvait en Angleterre en 1815-1816, qui porte sur son voyage chez les Cherokees, sur la guerre de 1812 et sur l’histoire des Six Nations. Toujours conservé dans les archives du duc de Northumberland, au château d’Alnwick, en Angleterre, ce journal a été publié en 1970, 2011 et, la partie sur la guerre de 1812, en 2019 (voir les références ci-dessous).

Grand voyageur, polyglotte, auteur, traducteur, épistolier, diplomate, politicien, guerrier, militant, commerçant, fermier, père, Écossais, Cherokee, Haudenosaunee… tant d’épithètes caractérisent John Norton qui, de son vivant, fascinait déjà. Il aurait d’ailleurs servi d’inspiration pour le personnage principal du roman Wacousta, un classique de la littérature canadienne publié par John Richardson en 1832. Richardson avait connu Norton et était le petit-fils de John Askin, le marchand de fourrures pour lequel Norton avait travaillé dans sa jeunesse.

Nous espérons que ces documents nouvellement acquis par BAC, qui constituent d’importants ajouts à notre collection, susciteront beaucoup d’intérêt et permettront de jeter un nouvel éclairage sur la vie et l’œuvre de Norton, ainsi que sur l’histoire des Haudenosaunee et du Canada au début du 19e siècle.

Bonne exploration!

Pour en savoir plus

  • Alan James Finlayson, « Emerging from the Shadows: Recognizing John Norton », Ontario History, vol. 110, no 2, automne 2018.
  • John Norton, A Mohawk Memoir from the War of 1812. John Norton – Theyoninhokarawen, Carl Benn, éd., Toronto, les Presses de l’Université de Toronto, 2019 (OCLC 1029641748).
  • John Norton, The Journal of Major John Norton, 1816, Carl F. Klink, James J. Talman, éd., introduction de la réédition et notes complémentaires par Carl Benn, Toronto, The Champlain Society, vol. 72, 2011 (1970) (OCLC 281457).
  • Carl F. Klinck, « Norton, John », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, University of Toronto/Université Laval, 2003 (1987).
  • Cecilia Morgan, Travellers Through Empire: Indigenous Voyages from Early Canada, Montréal et Kingston, les Presses universitaires McGill-Queen’s, 2017 (OCLC 982091587).
  • Conservateur invité : Shane McCord, le blogue de Bibliothèque et Archives Canada, publié le 14 septembre 2017.

* Puisque ces documents ont été créés en anglais, leurs descriptions à la pièce sont également dans cette langue.


Isabelle Charron est archiviste principale à la Direction générale des archives privées et du patrimoine publié de Bibliothèque et Archives Canada.

Les journaux au service des généalogistes

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Par Emily Potter

Les journaux constituent une mine de renseignements pour les historiens, mais vous serez peut-être surpris de voir à quel point ils peuvent aussi être utiles aux généalogistes. Bibliothèque et Archives Canada (BAC) possède une vaste collection qui ne demande qu’à être explorée.

Voici quelques façons de vous servir des journaux pour faire votre généalogie.

Annonces de naissance, de mariage et de décès

Les certificats de naissance, de mariage et de décès figurent parmi les sources généalogiques les plus populaires. Cependant, l’accès aux dossiers d’état civil est limité pendant une période plus ou moins longue, pouvant aller jusqu’à 110 ans dans certaines provinces. Les annonces de naissance, de mariage et de décès parues dans les journaux permettent de trouver le même type d’information dans des documents librement accessibles. Elles contiennent non seulement la date et le lieu des événements clés dans la vie d’un ancêtre, mais aussi le nom des parents et d’autres membres de la famille.

Voici quelques conseils :

  • Dans le cas de la mort d’un ancêtre, il arrive qu’un court avis de décès soit publié dans un journal, mais qu’un article nécrologique beaucoup plus étoffé paraisse quelques jours plus tard dans le même organe.
  • Si vous faites des recherches sur un événement plus récent, de nombreux journaux mettent leurs articles nécrologiques en ligne. Essayez de chercher le nom de votre ancêtre entre guillemets et ajoutez le nom de la ville et l’année, si vous les connaissez. Exemple : article nécrologique ‟Beaulieu, Kevin” Moncton 2005.
  • Les annonces de naissance détaillées ne sont devenues populaires que dans la deuxième moitié du 20e siècle, alors que celles sur les mariages et les décès sont publiées depuis plus longtemps.
  • De nombreuses annonces parues dans les journaux ont été indexées dans des outils accessibles au public. Si vous ne connaissez pas la date d’un événement, mais pensez qu’il pourrait avoir fait l’objet d’une annonce dans un journal local, essayez une recherche dans le catalogue de la bibliothèque de BAC, Aurora. Vous pourriez y trouver un index pertinent. Cherchez des mots-clés comme généalogie, index et le nom du journal.
Trois colonnes de texte tirées de journaux contenant de l’information sur des décès et des mariages.

« Died », Montreal Gazette, 10 mai 1830, p. 3 (OCLC 20173495)
« Mariage à la basilique », Le Droit [Ottawa], 1er avril 1913, p. 4 (OCLC 1081128098)
« Married », The palladium [Charlottetown], 5 avril 1845, p. 163 (OCLC 18249106)
« Died », The palladium [Charlottetown], 5 avril 1845, p. 163 (OCLC 18249106)

Accidents et crimes

De nombreux chercheurs ont entendu des récits de famille sur des ancêtres qui ont été impliqués dans des accidents, des crimes ou des événements inhabituels, mais ce n’est pas toujours facile d’en confirmer l’authenticité. Heureusement, bon nombre d’événements de cette nature sont couverts par des journaux locaux. Si vous avez une idée du moment et de l’endroit où l’événement s’est produit, passer en revue le journal local pourrait s’avérer utile. Certains événements sont également mentionnés dans les index des journaux publiés.

Deux colonnes de texte tirées de journaux, dont les titres sont « Imprisonment for Libel » et « Killed by Lightning ».

« Imprisonment for libel », The palladium [Charlottetown], 22 février 1845, p. 114 (OCLC 18249106)
« Killed by Lightning », The Phoenix [Saskatoon], 22 août 1906, p. 6 (OCLC 16851731)

Arrivées de navires

Quand mon ancêtre est-il arrivé au Canada? C’est une question courante en généalogie. Par chance, BAC détient les listes de passagers de 1865 à 1935. Toutefois, la majorité des listes dressées avant 1865 ont disparu, et il peut s’avérer difficile de trouver de l’information sur l’immigration de ses ancêtres. Les grands journaux et ceux des villes côtières peuvent constituer une solution puisqu’ils annoncent parfois les arrivées et les départs de navires. Dans de rares cas, même les noms des passagers sont inclus. La probabilité de dénicher une référence à son ancêtre est plus élevée si cette personne était jugée importante. Les informations de ce genre se trouvaient souvent dans la section affaires d’un journal, sous la rubrique des nouvelles ou des renseignements maritimes.

Le site Web The Ships List est une excellente source d’information sur les navires à passagers. Il comprend certaines listes de noms trouvées dans des journaux.

Une colonne de texte d’un journal, intitulée « Port of Quebec ».

« Port of Quebec », Montreal Gazette, 10 mai 1830, p. 3 (OCLC 20173495)

Nouvelles sociales

De nombreux journaux contenaient des nouvelles locales, annonçant parfois la visite d’un membre de la famille d’un résident ou les voyages de ce dernier à l’étranger. Bien que ces notes n’incluent pas toujours de l’information généalogique, il peut être intéressant de savoir ce que faisaient vos ancêtres. Dans les grandes villes, les journaux se concentraient principalement sur la haute société.

Deux colonnes de texte de journaux, intitulées « Granby » et « Compton », qui donnent des renseignements sur les résidents de ces villes.

« Granby », Sherbrooke Daily Record, 5 juin 1905, p. 3 (OCLC 12266676)
« Dans les Cantons de l’Est : Compton », La Tribune [Sherbrooke], 25 mai 1910, p. 4 (OCLC 16390877)

Si vous avez l’intention de rendre visite à BAC, utilisez Aurora pour faire une recherche et commander des journaux avant d’arriver. Vous pouvez aussi consulter la liste géographique des journaux de BAC sur microfilm (des notes indiquent quelles références sont accessibles en ligne). De plus, vous pouvez demander à votre bibliothèque locale si vous pouvez emprunter des journaux pour vos recherches.


Emily Potter est conseillère en généalogie à la Division des services de référence de la Direction générale des services au public de Bibliothèque et Archives Canada.

Faits saillants des journaux personnels de sir Sandford Fleming

Par Andrew Elliott

Comme je l’ai mentionné dans un billet antérieur, sir Sandford Fleming, inventeur de l’heure normale internationale, créateur du tout premier timbre-poste du Canada, arpenteur et cartographe, est un membre productif de la société canadienne au 19e siècle. Il a le temps de faire bien des choses, notamment de consigner ses activités dans divers journaux personnels. C’est un écrivain passionné. Il n’écrit peut-être pas de roman, mais il note tout ce qu’il voit et vit dans ce monde. Il combine observations écrites et esquisses au crayon faites à l’occasion en s’inspirant de paysages, de personnes, de tâches quotidiennes et de travaux d’ingénierie.

Fait remarquable, sir Fleming tient ces journaux pendant la majeure partie de sa longue vie, de l’âge de 15 ans, en 1843, à son décès, en 1914. Sir Fleming pense également à la perception qu’on aura de lui dans l’avenir. Vers la fin de sa vie, il transcrit donc les parties les plus importantes de ses journaux personnels dans trois journaux condensés. En outre, il tient différents carnets pour consigner les nombreux voyages spéciaux qu’il fait au Canada, en Angleterre et aux États-Unis. Tous ces récits figurent dans le fonds d’archives de sir Sandford Fleming, à Bibliothèque et Archives Canada. Consultez en particulier ses journaux personnels, ses carnets de voyage et divers autres journaux et cahiers.

Les journaux personnels de sir Fleming, surtout ceux qu’il a écrits au début de sa vie, contiennent beaucoup d’éléments intéressants. Dans l’un de ceux-ci remontant à 1843, il inscrit ses pensées et ses observations sur la vie d’un écolier à Kirkcaldy, en Écosse. S’y trouvent aussi de nombreuses esquisses de navires et d’une église ainsi qu’un diagramme de patins à roulettes anciens.

Deux autres journaux personnels illustrent le voyage fait par sir Fleming en 1845 – principalement par navire – de Kirkcaldy, en Écosse, à Peterborough dans le Haut-Canada. Le premier journal comprend des notes manuscrites datant de la fin avril au début juin 1845. Le deuxième journal, lequel présente le reste du parcours, couvre la période de juin à août 1845. Ce journal décrit le voyage au moyen d’images, car il s’agit d’un périple effectué avant l’arrivée de la photographie. On y trouve l’Écosse vue à partir du navire, des esquisses de navires passant tout près, des esquisses de la cabine de sir Fleming et d’autres passagers, la première terre ferme aperçue en Amérique du Nord, la ville de Québec, une esquisse des écluses de Bytown (maintenant Ottawa), les chutes Niagara et plusieurs esquisses de bâtiments de Peterborough.

Esquisse au crayon montrant une personne qui lit sur le pont d’un navire, et un autre navire en arrière-plan.

Esquisse d’une partie d’un navire, 1845. (MIKAN 4938907)

À son arrivée au Canada, sir Fleming a des compétences précieuses (dessin, dessin technique, arpentage et gravure) dont il se sert pour gagner sa vie. Pour lui, le journal personnel constitue une façon de consigner ses déplacements, les principaux événements vécus et, en particulier, ses activités familiales. Souvent, il n’inscrit rien si la journée est routinière. Ses journaux personnels renferment des notes brèves et irrégulières sur les réunions d’un conseil, des activités sociales, l’arrivée et le départ de personnages importants, la santé et la fortune de membres de sa famille et d’amis, de même que des voyages au Canada et à l’étranger. Le récit de ses voyages est particulièrement marquant. Au départ, sir Fleming s’établit à Toronto, mais il doit voyager énormément pour son travail. Ainsi, dans les années 1840 et 1850, il couvre une région presque aussi grande que le Grand Toronto même s’il voyage en diligence, en traîneau et en navire à vapeur. Plus tard, lorsqu’il s’installe à Halifax et à Ottawa, il fait de nombreux voyages en train pour se rendre dans des régions éloignées de l’Ontario, du Québec, des Maritimes et de l’Ouest canadien.

Deux pages d’un journal. Sur la première page figure l’esquisse d’un campement dans une vallée fluviale avec une forêt et des montagnes en arrière-plan, ainsi qu’un texte manuscrit en dessous. Sur la deuxième page se trouve l’esquisse d’une tente devant laquelle une personne, assise, entretient un feu.

Extrait du journal traitant de l’arpentage du chemin de fer Intercolonial, 1864. (MIKAN 107736)

Au début des années 1870, sir Fleming et d’autres personnes effectuent une expédition d’arpentage. Le dossier numérisé de cette expédition se trouve dans Master-Works of Canadian Authors: Ocean to Ocean.

Un journal personnel de 1885 comprend une pochette dans laquelle il y a un récit manuscrit de six pages sur un voyage en train effectué en novembre, au Canada. Sir Fleming y donne ses impressions sur la cérémonie du 7 novembre tenue à Craigellachie, en Colombie-Britannique. Cette cérémonie vise à souligner la pose du « dernier crampon », laquelle marque la fin de la construction du chemin de fer du Canadien Pacifique.

Sir Fleming tient aussi une liste de ses voyages en navire dans l’océan Atlantique. Ci-dessous se trouve une liste de ses voyages des années 1840 aux années 1880, comme celui du 17 mai 1863 vers l’Angleterre à bord du navire à vapeur United Kingdom.

Liste manuscrite de dates, de destinations et de noms de navires, collée sur du papier ligné.

Liste des voyages effectués par sir Fleming de 1845 à 1883, laquelle inclut la destination et le nom des navires. (MIKAN 107736)

Sir Fleming raconte aussi sa vie personnelle et familiale. Voici des exemples de phrases figurant dans ses journaux des années 1850 et 1860 (l’orthographe est celle qu’il a utilisée) :

[Traduction]

  • 31 décembre 1859 : « Une autre année est sur le point de finir. Me voici au sein de la famille de M. Halls, à Peterboro, avec ma tendre épouse tout près, deux mignons petits garçons et une petite fille qui dort profondément dans un lit […]. »
  • 6 juin 1861 : Sir Fleming écrit que son épouse « a donné naissance à [leur] deuxième petite fille aujourd’hui vers 12 h (midi), à Davenport. Elle ne se sentait pas très bien au petit déjeuner, et j’ai pensé que je devais à tout prix aller chercher l’infirmière et le médecin. »
  • 9 septembre 1863 : « Messieurs Tilly et Tupper m’ont informé avoir décidé (à la condition que leur gouvernement approuve leur décision) de me nommer arpenteur au nom de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick […], afin que je fasse immédiatement les travaux d’arpentage. » Voici une image numérisée d’un texte que sir Fleming a écrit sur l’arpentage du chemin de fer Intercolonial :
Textes écrits au crayon sur deux jours.

Extrait de deux textes que sir Fleming a écrits dans son journal les 14 et 15 décembre 1863. Ces textes décrivent les activités réalisées dans le cadre de l’arpentage du chemin de fer Intercolonial. (MIKAN 107736)

[Traduction]

  • 1er janvier 1864 : « Train du matin pour Collingwood, diligence vers Craigleith — père et mère étaient avec tous leurs enfants […]. Ils pensaient que j’étais au Nouveau-Brunswick, alors ils ont été très étonnés et contents de me voir […]. Le temps était très froid et une tempête faisait rage. »
  • 28 février 1866 : Sir Fleming raconte le décès de son fils de trois mois : « Ce matin, vers 4 h, après avoir pris un peu le dessus […], notre enfant chéri s’est enfin doucement éteint […]. C’est le premier décès qui me touche vraiment de près – une partie de nous est vraiment rendue dans un autre monde. »
  • 29 juin 1867 : « Je me prépare à la célébration de la Confédération des provinces qui aura lieu lundi prochain. »
  • 1er juillet 1867 (fête du Dominion) : « J’étais debout à 5 h. Le temps était très nuageux et pluvieux […]. On a hissé les drapeaux, etc. Le ciel s’est dégagé. Halifax était très joyeuse; il y avait une mer parfaite de drapeaux. C’était une belle journée. La démonstration s’est très bien déroulée. »

Sir Fleming a été au cœur de la modernisation du Canada, mais les centaines de détails banals qu’il a consignés révèlent également certaines facettes du monde dans lequel il a vécu. Un large éventail de renseignements sont fournis pour quiconque souhaite les lire et déchiffrer l’écriture de sir Fleming.


Andrew Elliott est archiviste à la division Science, Gouvernance et Politique de Bibliothèque et Archives Canada.

Pourquoi consulter des journaux sur microfilm?

Nous vous avons déjà expliqué comment trouver un journal canadien sur microfilm; mais vous vous êtes peut-être demandé pourquoi il fallait, au départ, avoir recours à des microfilms. Ces journaux ne sont-ils pas accessibles en ligne?

En fait, seulement certains journaux le sont (*). La plupart des éditions de journaux mises en ligne gratuitement sont limitées dans leur contenu, et on n’y retrouve que les numéros publiés à partir des années 1980. Si vous recherchez du contenu pleine page et les mises en page d’origine, ou si vous avez besoin de numéros plus anciens, certains grands quotidiens, comme le Globe and Mail, le Toronto Star et le Winnipeg Free Press, offrent, moyennnant des frais, les versions originales en format PDF. Il se peut aussi que votre bibliothèque locale soit abonnée au quotidien concerné, ou vous pourriez également acheter un droit d’accès personnel.

En revanche, vous avez aussi la possibilité de consulter les journaux sur microfilms de Bibliothèque et Archives Canada. Grâce à notre vaste collection, vous aurez accès au matériel suivant :

  • de grands journaux, des journaux régionaux, ainsi que des journaux publiés par des syndicats, des groupes ethniques et des regroupements étudiants;
  • certains éléments tels que le graphisme, la mise en page et les publicités, qu’on ne retrouve pas dans les versions électroniques;
  • le contenu retiré des versions électroniques, y compris les photographies, les petites annonces et les notices nécrologiques.

Passez nous voir à Ottawa pour consulter nos journaux sur microfilms et découvrir notre collection, ou communiquez avec nous pour obtenir plus de renseignements.

* Voici quelques exemples de journaux numérisés que l’on peut consulter gratuitement :

Vous avez des questions ou des commentaires? N’hésitez pas à communiquer avec nous!

Résumé des commentaires reçus en anglais jusqu’au 30 septembre 2013

  • Un usager demande comment il pourra consulter les journaux sur microfilm autrement qu’en visitant BAC, une fois que le prêt entre bibliothèques ne sera plus disponible. BAC a indiqué que le prêt ne serait plus disponible après le 15 février 2013 et que diverses options seraient offertes. D’autres usagers ont exprimé leur désappointement sur la fermeture de ce service.