Qu’y a-t-il dans un nom : les Carnegie

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Par Sali Lafrenie

« Quel voyage! C’était comme si j’avais été propulsé dans un tunnel temporel, des champs de Willowdale à un champ de rêves. Les nombreux fils de ma vie se sont tous réunis pour produire une magnifique tapisserie. » (traduction)

Herb Carnegie, A Fly in a Pail of Milk: The Herb Carnegie Story (OCLC 1090850248)

Herb Carnegie (1919-2012) était un athlète d’exception, qui a cumulé plusieurs titres de champion de golf et a mené une carrière impressionnante au hockey s’étendant sur plus d’une décennie. Au cours de sa carrière de joueur, il a parcouru de nombreuses villes, évoluant aux niveaux amateur et semi-professionnel au sein d’équipes telles que les Observers de Toronto, les Young Rangers de Toronto, les Flyers de Perron, les Buffalo Ankerites de Timmins, les Cataractes de Shawinigan, les Randies de Sherbrooke (également connus sous le nom des Saints), les As de Québec et, à sa dernière saison, les Mercurys d’Owen Sound. Surnommé « Swivel Hips » (« Hanches pivotantes ») en raison de son agilité et de son style de jeu, Herb Carnegie a marqué l’histoire du sport en remportant trois fois de suite le titre du joueur le plus utile (MVP) dans la Ligue senior de hockey du Québec (LSHQ) et en figurant dans le premier trio d’attaquants composé entièrement de joueurs noirs du hockey semi-professionnel depuis la Colored Hockey League.

Photographie en noir et blanc de trois joueurs de hockey noirs alignés, leurs bâtons posés sur la glace.

Photo du célèbre trio composé entièrement de joueurs noirs : Herb Carnegie, Ossie Carnegie et Manny McIntyre (Bibliothèque et Archives Canada/e011897004).

Après sa retraite du hockey, Herb Carnegie devient un homme d’affaires prospère et le premier conseiller financier noir canadien employé par l’Investors Group. Il mène une carrière de 32 ans au sein de cette entreprise, qui crée en 2003 un prix en son honneur : le Herbert H. Carnegie Community Service Award (en anglais). Carnegie était bien plus qu’un modèle de réussite en affaires. Il était un leader communautaire et un brillant entrepreneur. Il a fondé l’une des premières écoles de hockey au Canada, inventé un tableau magnétique et conçu un jeu de société destiné à aider les gens à mieux comprendre le hockey et à accroître leur connaissance de ce sport. Carnegie a aussi fondé la fondation Future Aces (en anglais), ainsi qu’une philosophie éducative portant le même nom, avec sa femme Audrey et leur fille Bernice. On peut constater son influence dans de nombreux domaines : il a été représenté dans des bandes dessinées, intronisé dans plusieurs temples de la renommée, et des prix portent son nom. De plus, de nombreuses écoles ont adopté le credo des Future Aces, et il y a même une école qui porte fièrement son nom.

Deux photographies couleur de documents liés à Herb Carnegie. La première est une feuille encadrée d’un motif bleu complexe, sur laquelle est imprimée une série d’affirmations commençant par « Je ». La seconde est une carte professionnelle verte verticale portant le logo en relief Investors Millionaire, le nom Herbert H. Carnegie imprimé au centre, et les coordonnées de l’entreprise au bas.

Credo des Future Aces et carte Investors Millionaire (Bibliothèque et Archives Canada/e011897005 et e011897007).

Qu’y a-t-il dans un nom?

Je ne suis pas de l’avis de Shakespeare. Du moins, pas dans ce cas précis. Je crois que les noms possèdent une force intrinsèque. Ils portent en eux des histoires, des legs, et peuvent même s’apparenter à des points de repère sur une carte. Le nom Carnegie résonne avec force dans les domaines du sport, de l’entrepreneuriat, des affaires, du travail et des soins infirmiers.

Herb Carnegie, dont l’agilité, le style de jeu distinctif et l’origine ethnique ont attiré l’attention, peut nous apprendre bien plus encore si l’on prend le temps de se poser quelques questions :

  • En quoi l’expérience de Herb Carnegie dans le hockey reflète-t-elle les dynamiques sociales et les défis propres à la société canadienne de l’époque?
  • Si des joueurs noirs pratiquaient le hockey dès 1895, pourquoi la Ligue nationale de hockey (LNH) n’a-t-elle éliminé la barrière raciale qu’en 1958 avec Willie O’Ree?
  • Sur quels fondements repose aujourd’hui l’ascension des joueurs de hockey issus de communautés de couleur?

S’il est vrai que Herb Carnegie est souvent célébré pour ses compétences exceptionnelles au hockey et considéré comme le meilleur joueur noir à n’avoir jamais accédé à la LNH, son impact en dehors de la glace a été tout aussi considérable. Il mérite d’être honoré non seulement pour ses exploits sportifs, mais aussi pour toutes ses contributions et pour toutes les façons dont lui et sa famille ont travaillé pendant des générations pour améliorer leur communauté.

Nous n’avons qu’à nous tourner vers sa sœur, Bernice Isobel Carnegie Redmon, pour découvrir une autre figure pionnière. En effet, elle est devenue en 1945 la première infirmière de santé publique noire au Canada, et a été la première femme noire nommée dans l’Ordre des infirmières de Victoria au Canada (VON). Pour mieux comprendre le contexte des soins infirmiers et de la question raciale au Canada, posons-nous ces quelques questions :

  • Comment Bernice Redmon est-elle devenue la première infirmière de santé publique noire au Canada en 1945?
  • Qu’est-ce qui empêchait les femmes noires d’entrer dans ce domaine avant la Deuxième Guerre mondiale?
  • À quel moment le premier programme canadien de formation en soins infirmiers a-t-il vu le jour?

Une recherche rapide nous apprend que Bernice Redmon a dû se rendre aux États-Unis pour devenir infirmière, car il a été interdit aux femmes noires de suivre cette formation au Canada jusqu’au milieu des années 1940. Et si l’organisme Les infirmières de l’Ordre de Victoria du Canada est fondé en 1897, le premier programme canadien de formation infirmière ne voit le jour qu’en 1919.

Bernice Redmon ne reste toutefois pas seule longtemps (en anglais). Dans les années qui suivent, d’autres pionnières comme Ruth Bailey, Gwen Barton, Colleen Campbell, Marian Overton, Frieda Parker-Steele, Cecile Wright-Lemon, Marisse Scott (en anglais) et Clotilda Douglas-Yakimchuk (en anglais) viennent ajouter leur nom aux rangs des infirmières noires au Canada. Malgré les obstacles, comme des quotas ou des politiques discriminatoires, le visage de la médecine et des soins infirmiers évolue progressivement dans les années 1940 et 1950. Cette année marque le 80ᵉ anniversaire de l’exploit de Bernice Redmon.

Une affiche promotionnelle en noir et blanc montre un chapeau d’infirmière et un sac de matériel médical.

Affiche des Infirmières de l’Ordre de Victoria (Bibliothèque et Archives Canada/e011897008).

En passant à la génération suivante des Carnegie, nous faisons la connaissance de Bernice Yvonne Carnegie, la fille de Herb. Historienne autoproclamée de sa famille et fervente leader dans le monde du hockey, Bernice a cofondé la Future Aces Foundation avec ses parents et lancé l’Initiative Carnegie (en anglais) en 2021. À l’instar de son père, elle œuvre avec dévouement pour soutenir sa communauté et promouvoir une plus grande diversité dans le monde du hockey. Depuis plus de dix ans, elle y contribue au moyen de programmes éducatifs basés sur la philosophie des Future Aces, de bourses et par son travail de conférencière. Elle a également été membre du groupe BIPOC qui a acquis l’équipe de hockey des Six de Toronto (en anglais).

En 2019, Bernice a enrichi les mémoires de son père, A Fly in a Pail of Milk, en y ajoutant ses propres réflexions sur la vie de Herb, les leçons qu’elle en a tirées et la manière dont elle poursuit le travail qu’il a commencé. Il est difficile de s’arrêter à la lecture des mémoires de Herb Carnegie et des ajouts de Bernice. À mon avis, ces mémoires révèlent des liens profonds entre la famille Carnegie et l’histoire du Canada, et cette réflexion m’amène à me poser de nouvelles questions :

  • Quels métiers étaient accessibles aux hommes noirs entre 1900 et 1950?
  • Quel était le salaire moyen dans une entreprise minière? Qu’en était-il pour les joueurs de hockey?
  • Comment peut-on définir l’héritage multigénérationnel de la famille Carnegie?

L’innovation est exaltante, mais il est essentiel de se rappeler que ceux qui ont fait tomber les barrières raciales et la ségrégation dans les institutions et qui ont plaidé pour leur propre inclusion étaient avant tout des êtres humains. Au-delà de leurs réalisations exceptionnelles se trouvaient des obstacles importants, du racisme omniprésent et souvent des traumatismes infligés par les mêmes institutions qu’ils admiraient. Tenter d’évoluer dans des institutions majoritairement blanches n’était jamais chose facile, et le coût personnel était considérable. Être le premier, ou l’un des rares, représentait un défi constant.

Nous ne prenons pas suffisamment le temps de réfléchir à la manière dont l’histoire collective s’entrelace dans nos vies et nos propres récits familiaux. Je ne doute pas qu’il existe d’autres familles au Canada dont le parcours et les racines généalogiques tracent un sillon tout aussi unique dans le paysage national que celui des Carnegie. Des noms comme les Nurse, les Grizzle, les Crowley et les Newby me viennent immédiatement à l’esprit.

Alors, qu’y a-t-il dans un nom? Une tapisserie complexe. Une histoire riche. Une archive précieuse.

Ressources supplémentaires


Sali Lafrenie est archiviste au sein de la Direction générale des archives privées et du patrimoine publié à Bibliothèque et Archives Canada.

Réflexions sur mon parcours en photographie

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Par Ellen Bond

La photographie fait partie de notre quotidien : qu’il s’agisse d’images encadrées sur les murs, de publicités sur la route ou de passants qui prennent un égoportrait, les photos sont partout. Pour souligner la Journée mondiale de la photographie, je vais expliquer comment cet art a façonné ma vie.

La photographie me rend heureuse. Je me souviens encore de l’appareil-photo Polaroid de mes parents. J’étais tout excitée de voir une photo sortir de l’appareil et apparaître comme par magie au contact de l’air! Même si les appareils à pellicule offraient des images de meilleure qualité, j’aimais voir le résultat instantanément, un peu comme avec les téléphones d’aujourd’hui.

Une femme et quatre hommes à bord d’un navire. Quatre des cinq personnes ont un appareil-photo dans les mains.

Des personnes montrant divers types d’appareils-photo, 1904 (a148285)

À la fin de mes études en photographie, je prenais des photos pour un journal communautaire à Ottawa. Pour rédiger ma chronique, j’allais assister à des événements, je me rendais dans des boutiques locales et j’interviewais et photographiais des habitants de la région. Au cours de l’été qui a suivi ma première année d’étude, j’ai pris des milliers de photos dans la région d’Ottawa. À la fin de mon premier semestre, ma classe a visité le Centre de préservation de Bibliothèque et Archives Canada (BAC). J’ai tout de suite su que c’est là que je voulais travailler!

Une femme avec un appareil-photo dans les mains est debout devant une cabane en bois sur laquelle se trouve une pancarte avec le texte « Shilly Shally ».

Rosemary Gilliat Eaton tient un appareil-photo à deux objectifs. BAC conserve de nombreuses photos de cette photographe. Crédit : Rosemary Gilliat Eaton (e010950230)

Ce rêve est devenu réalité après que j’ai obtenu mon diplôme, à l’été 2016. J’ai commencé par contribuer au projet de BAC visant à numériser les dossiers des plus de 622 000 Canadiens qui ont servi dans le Corps expéditionnaire canadien pendant la Première Guerre mondiale. (En passant, vous pouvez maintenant interroger par noms la base de données des dossiers du personnel de la Première Guerre mondiale.) J’ai numérisé une vaste gamme de documents : des cartes; des certificats; des rayons X; des formulaires de paie; des formulaires médicaux; des feuilles d’engagement; de la correspondance personnelle; et beaucoup trop de dossiers portant les mentions « disparu au combat » ou « tué au combat ».

J’ai appris à connaître BAC petit à petit, puis je me suis jointe à l’équipe du Contenu en ligne. Dans ce poste, j’ai rédigé des billets de blogue, participé à des émissions de baladodiffusion et trouvé des photos pour garnir des albums Flickr. J’ai aussi commencé à travailler sur le projet Un visage, un nom, dont on m’a confié la gestion depuis. L’idée est de diffuser des photographies historiques liées aux Premières Nations, aux Inuit et à la Nation métisse afin d’identifier les personnes dont les noms demeurent inconnus.

Une photo utilisée dans le cadre du projet Un visage, un nom avec du texte invitant le public à transmettre des renseignements sur la personne photographiée.

Une femme haïda tient un flotteur de pêche en verre japonais, Skidegate, Haida Gwaii (Colombie-Britannique), vers 1959. La dame sur cette photo a été identifiée : il s’agit de Flossie Yelatzie, de Masset. Crédit : Richard Harrington. (e011307893)

Le projet aide à mieux décrire les photographies conservées à BAC. Ses comptes de médias sociaux diffusent des photos trois fois par semaine. Quand nous recevons des noms ou d’autres renseignements, les documents sont mis à jour pour que les personnes photographiées soient connues des générations à venir. Pour remercier les personnes qui nous aident, nous leur remettons gratuitement une copie à haute résolution de la photo en question. Ajouter le nom de quelqu’un dans la base de données pour qu’il soit découvrable à long terme est la partie de mon travail que je préfère.

À l’extérieur de BAC, je continue de peaufiner mes talents de photographe en travaillant pour des équipes sportives collégiales et des théâtres de la région, un journal local, d’autres équipes sportives et divers événements qui se déroulent à Ottawa. L’année dernière, j’ai pris des photos de la Ligue professionnelle de hockey féminin pour la revue The Hockey News. Ce travail m’a ouvert des portes pour être photographe au Championnat du monde de hockey féminin de 2024 organisé par la Fédération internationale de hockey sur glace, au cours duquel le Canada a vaincu les États-Unis pour remporter la médaille d’or. J’espère que je pourrai un jour donner mes photos sur le hockey à BAC afin de documenter la première année d’existence de la Ligue féminine, la médaille d’or du Canada et d’autres grandes étapes dans l’histoire du hockey féminin.

Des joueuses de hockey célèbrent leur victoire sur la patinoire devant une foule en liesse.

Le moment où la victoire du Canada contre les États-Unis a été confirmée, lors du match pour la médaille d’or au Championnat du monde de 2024 de la Fédération internationale de hockey sur glace. Photo : Ellen Bond.

Les joueuses de l’équipe photographiées sur la patinoire avec leur médaille d’or, la bannière du championnat et un trophée.

Équipe Canada, championne du monde en 2024. Photo : Ellen Bond.

J’ai bien hâte de voir ce que l’avenir me réserve en tant que photographe!


Ellen Bond est gestionnaire de projet au sein de l’équipe du Contenu en ligne de Bibliothèque et Archives Canada.

En avance d’un siècle : Les Jeux olympiques de Paris de 1924

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Par Sali Lafrenie

Imaginez la scène.

Paris, 1924.

Vous êtes aux Jeux olympiques d’été, entouré de quelque 3 000 autres athlètes.

Quel sport pratiquez-vous? Le tennis? Peut-être le soccer? Le basketball? Oh, attendez. Est-ce un sport aquatique? L’athlétisme, peut-être? Non? La boxe? Quoi qu’il en soit, je parie que vous êtes enthousiasmé. Et, avec raison! L’équipe canadienne n’a envoyé que 65 athlètes, et c’est la première fois que les Jeux seront diffusés en direct à la radio!

Photographie panoramique en noir et blanc d’un stade extérieur dans lequel se trouvent des centaines d’athlètes.

Vue générale du stade de Colombes au début des Jeux olympiques de 1924 (e011783298).

Considérés comme le plus grand succès des Jeux olympiques modernes, les Jeux d’été de 1924 à Paris sont très différents des Jeux tels que nous les connaissons aujourd’hui. Tout d’abord, seuls 17 sports y sont représentés. Cinq sports ont été retirés depuis l’édition précédente de 1920, et d’autres ne sont inclus qu’à titre de sport de démonstration.

En 2024, 338 athlètes du Canada participeront aux compétitions à Paris, qui accueillera les Jeux pour la troisième fois. Les Jeux compteront 32 sports, soit deux fois plus que lors des Jeux olympiques de 1924.

En l’honneur de ce centenaire, plongeons dans les Jeux olympiques de 1924!

Jeux olympiques d’hiver de 1924

Saviez-vous que, lorsque la France s’est portée candidate pour accueillir les Jeux olympiques d’été de 1924, elle a accidentellement lancé une nouvelle tendance? Cette tendance, c’était les Jeux olympiques d’hiver.

En effet, la pratique consistant à tenir les Jeux d’été et d’hiver la même année, et parfois dans le même pays, s’est poursuivie jusqu’en 1992, lorsque le Comité international olympique a décidé d’alterner les Jeux tous les deux ans.

Avant 1924, les Jeux olympiques ne comprenaient que des sports d’été et il n’y avait pas d’équivalent pour les sports d’hiver. Cependant, cette situation allait bientôt changer. Organisés à Chamonix, en France, du 25 janvier au 5 février 1924, les premiers Jeux d’hiver accueillent 260 athlètes qui participent à 16 épreuves. Cela signifie que 2024 marquera également le 100e anniversaire des Jeux olympiques d’hiver.

Bien que le Canada n’ait envoyé que 12 athlètes à ces Jeux et n’ait remporté qu’une seule médaille, l’histoire ne s’arrête pas là. Les Jeux olympiques de Chamonix ont marqué le début d’une nouvelle ère pour ces athlètes et pour l’équipe olympique canadienne d’hiver, qui regroupait 215 athlètes en 2022.

Charles « Charlie » Gorman, Néo-Brunswickois et vétéran de la Première Guerre mondiale, figurait parmi ces athlètes. Il fait ses débuts aux Olympiques à l’épreuve du patinage de vitesse, alors que le sport n’en est encore qu’à ses balbutiements. Bien qu’il obtienne un résultat décevant aux Jeux de 1924, Charlie remporte des médailles pour l’équipe canadienne dans plusieurs autres compétitions, notamment les championnats des États-Unis, ceux du Canada et les championnats du monde.

Photographie en noir et blanc d’un homme faisant du patinage de vitesse et regardant directement l’appareil photo.

Photo de Charles Gorman faisant du patinage de vitesse (a050382).

Cecil Smith Hedstrom passe également à l’histoire lors de ces Jeux en devenant la première femme à représenter le Canada aux Jeux olympiques. Elle participe à trois Jeux olympiques en patinage artistique et réalise plusieurs exploits inédits qui propulsent le patinage artistique canadien sur la scène mondiale. Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, Smith est intronisée au Temple de la renommée de Patinage Canada en 1991.

En remportant la seule médaille de l’équipe canadienne aux Jeux de Chamonix, les Granites de Toronto obtiennent la première médaille d’or du Canada aux Jeux olympiques d’hiver. Les Granites poursuivent ainsi la série de médailles olympiques décrochées par le Canada au hockey sur glace, lancée en 1920 par les Falcons de Winnipeg, qui avaient remporté l’or aux Jeux d’Anvers. Le hockey sur glace avait fait ses débuts aux Jeux olympiques d’Anvers, mais ce fut la première et la dernière fois que ce sport allait faire partie des Jeux d’été. Le Canada est donc le seul pays à avoir remporté une médaille d’or au hockey sur glace aux Jeux olympiques d’été et d’hiver.

Photographie en noir et blanc d’une équipe de hockey masculine tenant des bâtons de hockey, debout sur la glace.

Les Falcons de Winnipeg, champions olympiques (a049622).

Jeux olympiques d’été de 1924

Si tous les Jeux olympiques sont importants, les Jeux d’été de 1924 rayonnent particulièrement : ils sont diffusés en direct à la radio, ils se dotent pour la première fois du Village olympique et lancent la devise olympique « Plus vite, plus haut, plus fort ». Les Jeux modernes annoncent une ère nouvelle de compétitions sportives internationales qui, depuis 1924, ne cessent de prendre de l’ampleur et du panache.

L’une des plus grandes réussites des Jeux olympiques de 1924 est attribuée à un groupe d’athlètes qui, techniquement, ne participait pas aux Jeux : les Grads d’Edmonton. Bien qu’à l’époque, le basketball n’était pas officiellement inclus dans les Jeux olympiques (le basketball masculin le sera en 1936 et le basketball féminin, en 1976), la Fédération sportive féminine internationale (FSFI) décide d’organiser ses propres parties en marge des Jeux d’été.

À domicile comme à l’étranger, c’est une équipe difficile à battre. Elle remporte environ 95 % de toutes les parties qu’elle joue et gagne les tournois de basketball féminin de la FSFI en 1924, en 1928 et en 1936.

Deux photographies en noir et blanc d’un groupe d’athlètes féminines. La première photographie représente neuf femmes en file, dont l’une tient un ballon de basketball. La seconde photographie montre neuf femmes placées en deux rangs, un homme se tenant au milieu du rang arrière.

Photos de l’équipe des Grads d’Edmonton en 1924 et 1936 (a050440) et (a050442).

Lors de sa première participation aux Jeux olympiques, le coureur de haies canadien Warren « Monty » Montabone se hisse sur la scène mondiale à Paris en 1924, puis à Amsterdam en 1928. Entre deux participations aux Jeux olympiques, Monty établit également un record canadien, qui reste imbattu pendant 58 ans, à l’épreuve du 110 mètres haies. Sa carrière sportive, qui a débuté bien avant les Jeux olympiques, commence à l’époque où il est étudiant-athlète à Loyola et athlète amateur au sein de la Montreal Amateur Athletic Association.

Victor Pickard, sauteur à la perche et lanceur de javelot, est un autre athlète qui fait ses débuts aux Jeux olympiques de 1924. Il représente le Canada à deux éditions des Jeux olympiques (1924 et 1928) et remporte une médaille d’or en saut à la perche aux Jeux de l’Empire britannique en 1930. C’est aux Jeux olympiques que Pickard réussit le meilleur saut de sa carrière sportive : 3,45 mètres. Son record personnel est toutefois de 4,15 mètres. Aujourd’hui, le record canadien de saut à la perche est de 6,00 mètres et le record mondial est établi à 6,24 mètres.

Deux photographies en noir et blanc d’un sauteur à la perche. La première montre un homme sautant par-dessus une barre à l’aide d’une perche. La seconde montre un homme tenant une perche à l’horizontale avant de se mettre à courir.

Victor Pickard aux Jeux olympiques de 1924 (a151000) et (a151014).

Même si tous les Jeux olympiques diffèrent, deux choses s’y retrouvent à tout coup : l’enthousiasme et l’excellence. Qu’il s’agisse d’établir de nouveaux records, d’annoncer son soutien pour une cause politique ou d’encourager un athlète dans le besoin, tout le monde trouve son compte aux Jeux olympiques. De nos jours, les Jeux symbolisent bien plus que l’esprit sportif, l’athlétisme et l’identité nationale. Il s’agit d’un phénomène culturel. Les Jeux réunissent les gens dans les restaurants, dans les salons et dans les écoles. Leur histoire est en train de s’écrire et ce n’est que le début.

Ressources complémentaires


Sali Lafrenie est archiviste de portefeuille à la Direction générale des archives privées de Bibliothèque et Archives Canada.

L’arrivée des réfugiés ougandais d’origine asiatique au Canada en 1972

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Par Sheyfali Saujani

Photo noir et blanc d’une grande salle relativement bondée. Des valises et bagages divers jonchent le sol. Sur le mur, un drapeau canadien est surmonté d’une banderole disant « Bienvenue, Welcome ».

Arrivée de réfugiés ougandais d’origine asiatique à la base des Forces canadiennes de Longue-Pointe, au Québec (e011052358)

En septembre 1972, le Canada accueille les premiers de quelque 7 500 réfugiés ougandais d’origine asiatique. (À l’époque, les personnes qui émigraient depuis le sous-continent indien étaient désignées par le terme « Asiatiques » plutôt que « Sud-Asiatiques ».) C’est la première arrivée massive d’immigrants non européens au Canada depuis qu’une série de changements ont été apportés à la politique sur l’immigration, à partir de 1962, dans le but d’éliminer les barrières d’ordre racial à l’immigration. Ma famille a eu la chance de faire partie du lot.

Mes parents sont tous les deux nés en Afrique. Ma mère, Shanta Saujani, est née à Durban, en Afrique du Sud. Elle y est retournée en 1964 lorsqu’elle est tombée enceinte de moi, son premier enfant, pour être avec sa mère. Mon père, Rai Saujani, est quant à lui né en Ouganda, où son père s’est installé aux alentours de 1914.

À l’instar des Européens qui émigrent dans diverses colonies britanniques (dont le Canada), des Asiatiques de partout dans l’Empire se rendent dans les colonies africaines, et ce pour des raisons assez similaires : perspectives économiques, soif d’aventure et besoin de changement.

Or, tous ne sont pas traités équitablement dans le monde colonial, et les divisions établies sous le régime impérial subsistent – et sont parfois même exacerbées – quand les colonies deviennent indépendantes. En Afrique du Sud, les Asiatiques (du sous-continent indien) sont victimes de ségrégation raciale, au même titre que les Africains noirs assujettis à la fameuse politique d’apartheid. Les personnes désignées comme « blanches » peuvent circuler librement partout, tandis que les personnes « noires », « brunes » ou « de couleur » ne peuvent se déplacer, vivre, étudier et travailler où elles le veulent. Même si ma mère et moi sommes toutes les deux nées là-bas, je n’avais pas droit à la citoyenneté parce que mon père était citoyen ougandais.

En Ouganda, les divisions raciales n’étaient pas enchâssées dans la loi, mais la séparation des écoles et des services sociaux faisait obstacle au mélange des cultures. Sous la domination coloniale, il était difficile pour les Africains noirs d’obtenir des permis d’entreprise ou d’autres avantages qui les auraient mis en concurrence avec les entrepreneurs asiatiques, lesquels contrôlaient d’importants secteurs de l’économie.

Les Asiatiques constituaient donc une classe moyenne relativement privilégiée, situation qui suscitait le ressentiment de certains Africains. Beaucoup d’Asiatiques, comme mon père, ont obtenu leur citoyenneté ougandaise pour servir leur pays, mais de nombreux autres, craignant de perdre leur citoyenneté britannique, ont pris une autre décision.

En 1971, le général Idi Amin renverse le gouvernement ougandais par un coup d’État militaire. L’année suivante, il déclare que les Asiatiques, citoyens ou non, n’ont plus leur place en Ouganda. Il ordonne l’expulsion des quelque 80 000 Asiatiques du pays en août 1972, leur donnant 90 jours pour partir.

Photographie noir et blanc d’un groupe d’enfants en train de manger par terre.

Groupe d’enfants récemment arrivés au Canada (e011052361)

Ce fut une période terrifiante pour nous. Mes frères et moi étions trop jeunes pour saisir l’ampleur des tensions politiques, mais nous avons vite constaté à quel point les choses risquaient de dégénérer lorsque des membres de notre famille se sont retrouvés en prison.

À la suite d’une altercation dans l’une des nombreuses files d’attente pour obtenir les documents du gouvernement, l’armée a arrêté trois de mes oncles. À l’époque, mon père était chef adjoint pour la police ougandaise, et il profité de ses contacts pour faire libérer mes oncles. Je revois encore clairement leurs dos violacés des coups dont on les a roués en prison.

Mes oncles étaient maintenant libres, mais les officiers qui les avaient arrêtés se sont mis à la recherche de mon père. Nous avons donc passé nos dernières semaines en Ouganda à nous cacher, cherchant désespérément un pays qui nous donnerait asile.

En réponse à la crise des réfugiés causée par l’ordre d’expulsion du général Amin, le Canada a offert d’accueillir immédiatement 5 000 personnes ayant besoin d’un nouveau foyer (il en arrivera finalement davantage). Le Canada a aussi envoyé une équipe spéciale de conseillers en immigration en Ouganda pour accélérer la sélection des réfugiés et le traitement de leur dossier.

Photographie noir et blanc d’un homme en uniforme qui regarde un papier, devant un homme tenant des documents et vêtu d’une chemise foncée sous une veste claire, un jeune garçon, et une femme aux cheveux attachés en queue de cheval.

Un fonctionnaire canadien et une famille ougandaise d’origine asiatique tout juste arrivée au Canada (e011052346)

Ces conseillers nous ont dit que nous pourrions peut-être entrer au Canada plus rapidement en tant que réfugiés parrainés. Ma famille a alors contacté une de mes tantes, qui avait quitté la Tanzanie pour le Canada quelques années auparavant et vivait à Hamilton avec son mari et leurs trois filles.

Pour pouvoir parrainer des réfugiés, il fallait donner la preuve d’un certain revenu. La famille de ma tante n’atteignait pas tout à fait ce montant, et craignait de ne pas pouvoir nous aider. Mais un aimable conseiller en immigration a demandé à ma tante si elle recevait les allocations familiales de l’époque. Ces maigres chèques mensuels remis par le gouvernement aidaient ma tante à subvenir aux besoins de mes trois cousines; ils ont permis d’atteindre le seuil requis pour nous parrainer.

Photographie noir et blanc d’un homme en uniforme en train de servir de la nourriture à une femme qui porte un jeune enfant dans ses bras.

De la nourriture est servie aux nouveaux réfugiés ougandais (e011052348)

Photographie noir et blanc d’une femme portant un tablier et un calot de cuisine qui tend un verre en carton à un homme souriant en complet-veston, accompagné d’une femme portant un foulard et tenant un biscuit ainsi qu’un verre de carton.

Nouveaux réfugiés ougandais se faisant servir une boisson (e011052353)

Le jour de notre arrivée au Canada, nous avons ressenti un mélange d’épuisement, de soulagement et d’euphorie; ce fut probablement pareil pour les personnes que l’on voit sur ces photos.

C’est lors de la belle et fraîche journée d’automne du 28 septembre 1972, au casernement militaire près de Montréal, que des officiers ont accueilli les familles réfugiées. Mon frère et moi nous souvenons avoir été surpris par le froid : l’Afrique équatoriale ne nous y avait pas vraiment préparés! Heureusement, les conseillers en immigration s’étaient assurés qu’on puisse obtenir des vêtements d’hiver. Mon frère se rappelle que c’est la première fois qu’il a vu les emblématiques couleurs de la Compagnie de la Baie d’Hudson (vert, rouge, jaune et indigo) sur certains manteaux. Nous nous souvenons aussi tous les deux du magnifique coloris du feuillage automnal.

Le plus beau souvenir reste toutefois celui de ma mère. Elle relate qu’il y avait 11 téléviseurs noir et blanc répartis un peu partout dans la pièce où on traitait nos documents. Tout d’un coup, les fonctionnaires, soldats et employés de cafétéria se sont tous mis à sauter et crier de joie et à se serrer dans leurs bras. Ce que nous ignorions – mais avons bientôt découvert –, c’est que c’était le jour du dernier match de la Série du siècle opposant le Canada à l’URSS, et que Paul Henderson venait de marquer le but gagnant. Ma mère s’est alors dit « mais quelle journée chanceuse pour notre arrivée ici! ». Nous sommes extrêmement reconnaissants d’avoir eu le Canada comme terre d’asile et la chance de devenir citoyens d’un pays pacifique qui se veut inclusif.

Pour voir d’autres images de l’arrivée au Canada des réfugiés ougandais d’origine asiatique en 1972, consultez l’album Flickr de Bibliothèque et Archives Canada.

©  Sheyfali Saujani


Écrivaine et réalisatrice vivant à Toronto, Sheyfali Saujani a réalisé des émissions radiophoniques à CBC Radio pendant 30 ans.

Hockey féminin : elle lance… et compte!

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Par Ellen Bond

Remporter une compétition internationale et entendre son hymne national dans l’aréna, c’est le rêve de bien des hockeyeurs canadiens. En janvier 2020, le Canada s’est couvert d’or en défaisant la Russie en finale du Championnat mondial junior de la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF). Chaudement disputé, le tournoi masculin a été suivi par des millions de personnes dans le monde entier. Pourtant, à peine quelques jours plus tôt, c’est un auditoire beaucoup plus petit qui a regardé le duel entre le Canada et les États-Unis au Championnat du monde de hockey sur glace féminin des moins de 18 ans.

Contrairement au basketball, où l’on réduit la taille du ballon pour les femmes, et au volleyball, où l’on abaisse le filet, le hockey se pratique de la même façon chez les deux sexes. Certes, les femmes jouent « sans contact », mais on ne change ni le format de la patinoire, ni les dimensions des buts, ni la taille ou le poids de la rondelle. D’ailleurs, si le hockey a vu le jour au début des années 1870, les femmes ont adopté ce sport à peine deux décennies plus tard. Une question s’impose donc : comment se fait-il que le hockey féminin, après des débuts prometteurs, n’ait pas progressé comme le hockey masculin?

: Photographie noir et blanc, prise à l’extérieur, montrant des femmes en jupe longue.

Groupe de femmes réunies pour jouer au hockey, Ottawa (Ontario), 1906. (PA-042256)

Enfant, tout ce que je voulais faire, c’était de jouer au hockey. Je me souviens d’avoir regardé mon frère jouer sur la glace avec plein d’autres garçons. Ils installaient de longs boyaux sur les lignes rouge et bleues pour diviser la patinoire en trois petites surfaces de jeu. Je voulais me joindre à eux, mais on ne laissait pas les filles jouer. Les choses ont toutefois changé dans les années 1970, quand nous avons déménagé à Campbellford, en Ontario. Un jour, au début de l’automne, un homme s’est présenté chez moi et a demandé à mon père s’il voulait être l’entraîneur de l’équipe des filles. Mon père a dit oui, et au début de ma huitième année scolaire, j’ai commencé à jouer dans une ligue.

Photographie sépia d’une équipe de jeunes hockeyeuses portant un chandail où l’on peut lire « Campbellford Minor Hockey ».

Mon équipe la première année où j’ai eu le droit de jouer au hockey. Nous avons remporté le championnat. Je suis la troisième à partir de la gauche dans la rangée du haut; on voit mon père à droite et mon frère accroupi devant lui. (Photo fournie par l’auteure)

Une question m’est donc venue en tête : si les femmes et les hommes ont commencé à pratiquer ce sport à la fin du 19e siècle, pourquoi n’avais-je pas eu le droit de jouer avant mon arrivée à Campbellford, même si j’ai grandi dans une ville relativement grande?

Photographie noir et blanc d’une femme vêtue d’une jupe pour une partie de hockey en plein air.

« La reine de la glace ». Une femme en patins de figure sur une patinoire avec un bâton de hockey dans les mains, 1903. (C-3192610)

Selon l’Association de hockey féminin de l’Ontario, la première partie opposant des femmes a eu lieu en 1891 à Ottawa, en Ontario. À l’époque, l’Université de Toronto, l’Université Queen’s et l’Université McGill avaient des équipes féminines, mais celles-ci étaient tenues de jouer à l’abri des regards masculins. En effet, mis à part les arbitres, aucun homme ne pouvait assister à la partie. En 1914, le premier championnat provincial féminin s’est déroulé à Picton, en Ontario. Il a mis aux prises six équipes, dont certaines représentaient des universités. Ensuite, en 1921, l’Université de Toronto a vaincu l’Université McGill pour remporter le premier championnat universitaire féminin au Canada. Grâce à ces équipes et à d’autres, le sport a continué de croître, bien que de façon irrégulière, pendant les années 1920 et 1930.

Puis, tout s’est arrêté net. Peut-être était-ce parce qu’on jugeait le hockey trop violent pour les filles, comme l’a affirmé Clarence Campbell, président de la Ligue nationale de hockey, en 1946. Ou parce qu’à certains endroits, il était interdit de regarder les femmes jouer. Ou parce qu’on trouvait la chose frivole, ou les joueuses trop passionnées. Ou encore, comme l’avance Wayne Norton dans le livre Women on Ice : The Early Years of Women’s Hockey in Western Canada, parce qu’à l’issue d’un vote en 1923, l’Association canadienne de hockey amateur s’est opposée à la reconnaissance officielle du hockey féminin. Dans le livre Too Many Men on the Ice : Women’s Hockey in North America, Joanna Avery et Julie Stevens soutiennent que la participation du Canada à la Seconde Guerre mondiale a entraîné le déclin du hockey féminin. Quand la majorité des hommes sont partis combattre, beaucoup de femmes se sont mises à travailler dans les usines, ce qui leur laissait peu de temps pour s’amuser. Bref, quelle que fût la raison, notre sport de prédilection a été difficilement accessible aux femmes et aux filles pendant plusieurs décennies, et bon nombre d’entre elles n’ont jamais eu l’occasion de jouer au hockey.

Photographie noir et blanc d’une hockeyeuse professionnelle.

Mademoiselle Eva Ault. Quand la Première Guerre mondiale a conduit les hommes en Europe, les femmes ont eu leur première chance de jouer au hockey dans un contexte professionnel. Eva Ault est devenue une favorite de la foule, mais la fin de la guerre a marqué la fin de la carrière des pionnières du hockey professionnel féminin. (PA-043029)

Photographie noir et blanc d’une équipe de hockey féminin. Les huit joueuses, en uniforme, sont placées côte à côte et tiennent leur bâton la palette vers le haut.

Une équipe de hockey féminin de Gore Bay, sur l’île Manitoulin (Ontario), 1921. Le nom des joueuses figure dans la notice. (PA-074583)

J’ai pu jouer au hockey de la huitième à la treizième année, aussi bien dans un cadre communautaire que scolaire à Peterborough, en Ontario. J’ai aussi eu la chance de faire partie des équipes universitaires à McMaster et à Queen’s. C’est le plus près que je me suis approchée du niveau professionnel. On nous fournissait l’équipement, une patinoire pour les entraînements et les parties, et le transport pour chaque affrontement. À l’Université McMaster, le budget total de mon équipe était inférieur à ce que l’équipe masculine dépensait juste pour les bâtons, mais je me considérais chanceuse de pouvoir représenter mon université et de jouer avec et contre certaines des meilleures hockeyeuses au monde.

Parmi ces athlètes d’exception, il y avait Margot (Verlaan) Page et Andria Hunter. Toutes deux ont représenté le Canada aux championnats du monde. J’ai joué avec Margot pendant trois ans à l’Université McMaster. C’était la capitaine et la meilleure sur la glace. À l’époque, c’était le plus haut niveau qu’il lui était possible d’atteindre. Elle a par la suite défendu les couleurs du Canada aux championnats du monde de l’IIHF de 1987 (événement non sanctionné), 1990, 1992 et 1994. Puis, de 2000 à 2007, elle a dirigé les équipes féminines canadiennes aux championnats de l’IIHF et aux Jeux olympiques. Aujourd’hui, Margot est entraîneuse en chef de l’équipe féminine des Badgers de l’Université Brock. Quant à Andria, je l’ai rencontrée lorsque nous vivions toutes deux à Peterborough. Je travaillais comme monitrice au camp Quin-Mo-Lac alors qu’elle était campeuse. Comme nous vivions dans une petite ville, nous nous croisions souvent. J’ai demandé à Andria comment se sont déroulés ses débuts au hockey. Voici son histoire, traduite en français :

J’ai commencé à jouer au hockey en 1976. C’était plutôt rare, à l’époque, de voir des filles pratiquer ce sport. J’ai eu la chance de me trouver à Peterborough au moment où le hockey féminin commençait à se développer. À ce moment-là, bien des petites villes n’avaient aucune équipe féminine. La première année, j’ai joué avec des garçons dans une ligue locale, mais par la suite, j’ai toujours pu jouer avec des filles.

Toute mon enfance, j’ai rêvé de jouer au niveau universitaire, parce que c’était le plus haut niveau à l’époque. Il n’y avait pas d’équipe nationale, donc il fallait évidemment oublier les championnats du monde et les Jeux olympiques. J’ai toutefois été très chanceuse que le hockey féminin connaisse des changements majeurs au bon moment pour moi.

Je me suis retrouvée dans une équipe universitaire américaine grâce à une bourse d’études;c’était une des premières fois aux États-Unis qu’une femme étrangère recevait une bourse pour jouer au hockey J’ai aussi pu faire partie d’Équipe Canada en 1992 et en 1994! Je me suis toujours dit que si j’étais née à peine cinq ans plus tôt, je n’aurais possiblement pas vécu ces merveilleuses expériences.

De 1990 à 1996, j’ai joué à l’Université de Toronto, où je faisais mes études supérieures. C’était une période de transition tumultueuse pour le programme. À ma première année, nous rangions notre équipement dans un petit casier. Les parties se divisaient en trois périodes de seulement quinze minutes, et la surfaceuse passait une seule fois. Puis, pendant la saison 1993-1994 (j’étais alors partie jouer en Suisse), le programme de hockey féminin a failli être éliminé, mais de nombreuses personnes se sont ralliées pour le sauver. À mon retour à l’Université de Toronto, l’année suivante, le hockey féminin était devenu un sport de haute performance. Nous avions maintenant quatre entraînements de deux heures par semaine, et nous ne rangions plus notre équipement dans des casiers!

J’ai aussi joué dans la Ligue nationale de hockey féminin (LNHF) à ses débuts. Quand je portais le chandail des Ice Bears de Mississauga, notre propriétaire enthousiaste a trouvé le moyen de nous faire jouer au Hershey Centre [aujourd’hui le Paramount Centre], où nous avions même notre propre vestiaire. Malheureusement, nous n’attirions pas assez de spectateurs pour rester dans un aréna aussi cher, ce qui a entraîné notre déménagement à Oakville après deux saisons.

Depuis que j’ai quitté la LNHF, en 2001, le hockey féminin a poursuivi sa croissance. Aujourd’hui, la société voit assurément le sport féminin d’un bien meilleur œil que lorsque j’étais enfant. Le niveau de jeu est rehaussé parce que les filles ont plus d’occasions de se développer. La qualité des entraîneurs, le degré de compétitivité et le temps de glace au niveau amateur y sont certainement aussi pour quelque chose. Il y a également plus d’équipes universitaires au Canada et aux États-Unis, et plus de ressources pour les joueuses. Malheureusement, on a encore de la difficulté à attirer les foules, et les débouchés professionnels sont limités. Heureusement, il y a de plus en plus de place pour les femmes derrière les bancs.

Photographie noir et blanc d’une équipe de hockey féminin. Les joueuses portent des chandails d’équipe et tiennent chacune un bâton.

Photographie de l’équipe de hockey féminin de l’Université Queen’s, 1917. Certains noms figurent dans la notice. (PA-127274)

Comme l’a dit Andria, les filles qui veulent jouer au hockey aujourd’hui ont maintes possibilités. Il y a beaucoup d’équipes partout au Canada. Les jeunes hockeyeuses peuvent viser de nombreuses équipes universitaires, la première division de la National Collegiate Athletic Association (NCAA), aux États-Unis, et des équipes dans plusieurs pays d’Europe. Elles peuvent rêver de représenter leur pays aux Jeux olympiques et aux championnats du monde. Des millions de téléspectateurs ont pu voir l’élite des joueuses canadiennes et américaines s’affronter à 3 contre 3 pendant le week-end des étoiles de la LNH à Saint-Louis, au Missouri. À mesure que le hockey féminin poursuivra sa croissance, les rivalités entre pays se développeront. Et qui sait, la LNH lancera peut-être un jour une division féminine?

Dans tous les cas, l’avenir s’annonce prometteur pour les jeunes filles qui rêvent de jouer au hockey. Margot, Andria et moi avons tiré bien des leçons de vie de ce sport dans notre jeunesse, et nous sommes enchantées pour les filles d’aujourd’hui quand nous voyons toutes les perspectives que leur réserve le merveilleux sport qu’est le hockey.


Ellen Bond est assistante de projet à la Division du contenu en ligne de Bibliothèque et Archives Canada.

Le hockey et la Première Guerre mondiale

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Par Ellen Bond

Au début des années 1900, le hockey forge des soldats. Les qualités du bon hockeyeur – force, endurance, patience et robustesse – sont recherchées par l’armée. Ce sport rude et intense est donc perçu comme une préparation au combat. De nombreux hockeyeurs se portent volontaires pour aller au front pendant la Grande Guerre et deviennent souvent des soldats d’exception.

Allan McLean « Scotty » Davidson est de ceux-là. Né le 6 mars 1891 à Kingston, en Ontario, il entreprend son parcours de hockeyeur avec l’équipe junior des Frontenacs, dans sa ville natale. Il remporte le championnat junior de l’Association de hockey de l’Ontario en 1910 et 1911 à titre de capitaine. Il déménage ensuite à Calgary pour rallier l’équipe senior Athletic Club. Celle-ci gagne la Coupe de l’Alberta en 1911-1912 et accède au Championnat canadien de hockey senior, mais ne parvient pas à ravir la Coupe Allan aux Victorias de Winnipeg.

En 1912, Davidson fait ses débuts professionnels avec les Blueshirts de Toronto (qui deviendront les Maple Leafs) dans l’Association nationale de hockey. L’année suivante, il est capitaine et premier marqueur de son équipe. Puis, en 1914, il mène ses troupes à leur premier sacre de la Coupe Stanley. En deux saisons avec les Blueshirts, Davidson inscrit 46 buts en 44 rencontres. Aux dires d’Edward Allan, chroniqueur de hockey pour le journal torontois The Mail and Empire, il patine plus vite à reculons que la plupart des joueurs vers l’avant.

Photographie en noir et blanc des Blueshirts de Toronto en 1914.

Les Blueshirts de Toronto, champions de la Coupe Stanley en 1914. Scotty Davidson est assis au centre de la première rangée. Source : Musée McCord

En tant que joueur étoile, Davidson a toutes les qualités que l’armée recherche. En septembre 1914, il devient possiblement le premier hockeyeur professionnel à s’enrôler dans le Corps expéditionnaire canadien. Il se porte volontaire comme « lanceur de bombes » (le soldat chargé d’envoyer les grenades sur l’ennemi). Des journaux racontent son séjour dans l’armée et font état de sa bravoure devant le danger.

Scotty Davidson tombe au combat le 16 juin 1915. Son dossier de service indique qu’il a été tué instantanément par un obus qui a atterri dans sa tranchée et l’a pratiquement réduit en charpie. Un journal qui rapporte sa mort affirme que Davidson se serait vu décerner la Médaille de conduite distinguée ou la Croix de Victoria s’il avait survécu à la bataille. Le capitaine George Richardson, son frère d’armes habitant lui aussi à Kingston, le présente comme l’un des hommes les plus braves de sa compagnie. C’est un soldat courageux et dévoué, toujours prêt à secourir ses camarades. Le nom de Davidson est gravé à jamais sur le Mémorial national du Canada à Vimy, en France.

Une page du dossier de service de Scotty Davidson décrivant sa mort au combat.

Une page du dossier de service numérisé de Scotty Davidson décrivant sa mort au combat. (Bibliothèque et Archives Canada, CEC 280738).

Scotty Davidson est un patineur fluide, un excellent marqueur et un grand meneur d’hommes; le type d’athlète que j’aurais beaucoup aimé voir jouer. En 1925, la revue Maclean’s le choisit comme premier ailier droit de son équipe de rêve. Ernie Hamilton, l’entraîneur d’une équipe adverse, affirme que Davidson possède le tir le plus puissant qu’il a jamais vu. Si nous jouissons aujourd’hui de la liberté, c’est grâce à des héros comme lui, un athlète illustre dont la vie a été fauchée beaucoup trop tôt.

Scotty Davidson est intronisé au Temple de la renommée du hockey en 1950. Le Mémorial virtuel de guerre du Canada honore son sacrifice.


Ellen Bond est adjointe de projet au sein de l’équipe du contenu en ligne de Bibliothèque et Archives Canada.

Pourquoi une équipe refuserait-elle la coupe Stanley?

Par J. Andrew Ross

L’an dernier, la Ligue nationale de hockey (LNH) a célébré le 125e anniversaire de la coupe Stanley. Il ne fait aucun doute que cette année de célébration a été retenue parce que l’année 2017 marquait aussi le centenaire de la LNH, car bien qu’on ait, 125 ans plut tôt (soit le 18 mars 1892), annoncé que le gouverneur général Frederick Arthur Stanley, 1er baron Stanley souhaitait faire don d’une coupe pour le championnat de hockey du Dominion du Canada, celle‑ci n’est arrivée au Canada que l’année suivante. D’autant, l’équipe qui devait recevoir la coupe Stanley l’a refusée; elle n’a été persuadée d’en prendre possession qu’en 1894.

Mis à part les anniversaires, l’histoire de la coupe Stanley, qui allait devenir l’emblème sportif le plus sacré au Canada, est racontée par la collection de Bibliothèques et Archives Canada.

Lorsque sa coupe est finalement arrivée au Canada, Stanley était déjà retourné en Angleterre. Il y était retourné avant la fin de son mandat en tant que gouverneur général, étant devenu le 16e comte de Derby après la mort de son frère. Stanley a nommé l’éditeur du Evening Journal d’Ottawa, Philip Dansken (« P.D. ») Ross, un des fiduciaires du trophée, le laissant dicter les règles de la compétition.

Sur la page du dimanche 23 avril 1893 du journal de Ross, il est noté qu’il s’est assis ce jour‑là pour rédiger les nouvelles règles, lesquelles ont été imprimées dans l’édition du 1er mai 1893 du Evening Journal.

Coupure de journal granuleuse d’un article portant le titre « “The Stanley Cup.” His Excellency’s gift to the hockey associations. »

Extrait de « The Stanley Cup », Evening Journal (Ottawa), le 1er mai 1893, page 5. (AMICUS 7655475)

Bien qu’il ait déjà été gravé « Dominion Hockey Challenge Cup » sur la coupe, Ross a immédiatement fait valoir qu’elle devrait s’appeler « coupe Stanley » en l’honneur de son donateur. Il a confirmé qu’elle serait pour la première fois remise aux vainqueurs en titre de la ligue de hockey élite de l’époque, la Amateur Hockey Association of Canada (AHAC), avec l’intention qu’ils tentent de la disputer contre les vainqueurs de l’Ontario Hockey Association. Ross a fait en sorte que la coupe Stanley soit présentée à l’équipe de l’Association des athlètes amateurs de Montréal (MAAA) en tant que vainqueur en titre de la AHAC, jusqu’au championnat de la AHAC devant avoir lieu l’année suivante (c.‑à‑d. en 1894), lorsque la coupe serait remise à l’équipe gagnante.

Le 15 mai 1893, le shérif John Sweetland d’Ottawa, l’autre fiduciaire de la coupe Stanley, s’est rendu à Montréal pour remettre le trophée à l’occasion de l’assemblée annuelle de la MAAA. Lorsqu’il est arrivé avec la coupe Stanley – qui n’était alors qu’un simple bol sur un socle en bois – il a appris que les hauts dirigeants de l’équipe de hockey avaient refusé d’assister à la cérémonie. Dans le procès‑verbal de la réunion, que l’on trouve dans le fonds MAAA (et qui est disponible en ligne), on note ce qui suit : « Le shérif Sweetland a alors procédé à la remise de la coupe, qui a été acceptée par M. Taylor [président de la MAAA] en raison de l’absence inévitable de M. Stewart, le président du Montreal Hockey Club, au nom de l’association et du club susmentionnés [TRADUCTION]. »

Note manuscrite expliquant qui a remis la Hockey Challenge Cup (qui allait devenir la coupe Stanley) et qui l’a acceptée et pourquoi.

Extrait du cahier de compte rendu de la MAAA de l’assemblée annuelle du 15 mai 1893, page 315, MG28 I 351, Bibliothèques et Archives Canada.

On ne peut clairement établir si Sweetland s’est rendu compte que la coupe et lui‑même avaient été rejetés, mais l’absence des membres du club de hockey n’était pas « inévitable ». Ces derniers ont délibérément boycotté l’événement lorsqu’ils ont appris que la coupe allait être décernée à la direction de la MAAA, et non à l’équipe – et que la mention « Montreal AAA/1893 » avait été gravée sur un anneau autour du socle en bois du bol. Le conflit aurait découlé du ressentiment que nourrissaient les membres du club de hockey à l’idée d’être connus sous le nom « MAAA », plutôt que Montreal Hockey Club (Montreal HC). C’était un point d’honneur plutôt mesquin puisque les joueurs du club de hockey portaient l’emblème de la MAAA – la roue ailée – sur leurs uniformes. Toutefois, c’était clairement un point d’honneur de grande importance pour ces fiers joueurs de hockey.

Photographie en noir et blanc montrant un groupe d’hommes debout, assis ou allongés. La plupart portent un uniforme d’équipe et des patins de hockey.

MAAA 1890 (Montreal Hockey Club) (Temple de la renommée du hockey/Bibliothèques et Archives Canada/PA 050689). Crédit : Temple de la renommée du hockey.

Ce n’est qu’après près d’un an de négociations litigieuses – la MAAA a éventuellement menacé de retourner la coupe aux fiduciaires! – que le Montreal HC a, en mars 1894, finalement accepté de prendre possession de la coupe Stanley. Quelques semaines plus tard, le club a remporté le championnat de la AHAC, ce qui a fait d’eux les premiers vainqueurs (par opposition à de simples détenteurs) de la coupe. Cette fois, l’équipe s’est chargée elle-même de faire graver la coupe, prenant soin d’y faire inscrire « Montreal 1894 ». Comme il n’y avait aucune référence à la MAAA, leur honneur était préservé.

La saison suivante, le Montreal HC est devenu la première équipe à défendre le trophée avec succès lors de la première série de la coupe Stanley. On pourrait arguer que son acharnement à y faire graver son nom en valait la peine, même si son refus prolongé d’accepter le trophée a bien failli estomper toute son importance. Mais la coupe Stanley a enfin été décernée, et le reste appartient à l’histoire.


Andrew Ross est archiviste à la Division des archives gouvernementales et auteur de Joining the Clubs: The Business of the National Hockey League to 1945.

Le hockey en temps de guerre : Le 228e Bataillon

Jusqu’au 22 janvier, Bibliothèque et Archives Canada présente l’exposition Le hockey en temps de guerre au 395, rue Wellington à Ottawa. C’est l’occasion pour les visiteurs d’en apprendre plus sur la contribution des joueurs de hockey canadiens à l’effort de guerre : des hommes qui se sont enrôlés et ont servi outre-mer lors de la Première Guerre mondiale, sans oublier les femmes qui ont pris le relais et récupéré la rondelle à la maison!

L’émergence de très bonnes équipes militaires de hockey est une histoire particulièrement fascinante. Saviez-vous qu’en 1916, le 61Bataillon de Winnipeg (en anglais seulement) remporta la prestigieuse Coupe Allan lors du championnat canadien de hockey senior? Et que le 87e Bataillon de Montréal fut assez bon pour disputer une partie amicale (en anglais seulement) contre une équipe professionnelle de Montréal comptant des joueurs des Canadiens?

Mais aucune équipe ne fut aussi populaire que celle du 228e Bataillon, comme le révèle la riche collection de documents gouvernementaux de Bibliothèque et Archives Canada. Connu sous le nom de Northern Fusiliers, le 228e Bataillon était basé à North Bay, en Ontario, et placé sous le commandement du lieutenant-colonel Archie Earchman. Les Fusiliers recrutèrent tellement de bons joueurs qu’à l’automne 1916, ils furent invités à joindre les rangs de l’Association nationale du hockey, la principale ligue professionnelle de ce sport et l’ancêtre de la Ligue nationale de hockey.

Photo en noir et blanc d’un homme debout, vêtu d’un uniforme, d’une casquette et d’un ceinturon-baudrier, une canne à la main.

Le lieutenant-colonel Earchman, D.S.O., Toronto, Ontario (date non précisée) (MIKAN 3215233)

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L’évolution de notre sport national d’hiver : innovations dans le monde du hockey

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Premiers arénas dotés de glace artificielle au Canada

En 1911, Frank et Lester Patrick, joueurs de hockey et entrepreneurs, construisent les deux premières patinoires à glace artificielle au Canada : l’aréna Denman à Vancouver et l’aréna Victoria à Victoria. À l’époque, l’aréna Denman était le plus grand au Canada et pouvait accueillir 10 500 spectateurs. Conçues dans le but d’être le principal théâtre des matches de la nouvelle Pacific Coast Hockey Association, les patinoires ont été créées par les frères Patrick afin d’instaurer le hockey professionnel dans l’Ouest canadien et de faire concurrence à l’Association nationale de hockey (l’ancêtre de la Ligue nationale de hockey).

Reproduction en couleur d’une photographie colorisée d’un jeune homme vêtu d’un gilet rouge et blanc arborant, bien en vue au milieu de la poitrine, un « R » rouge.

Carte de hockey pour Frank Patrick, vers 1910-1912. (MIKAN 4876354)

Selon la base de données de Bibliothèque et Archives Canada Brevets canadiens, 1869-1919, Frank Patrick dépose une demande de brevet auprès de la division des brevets canadiens concernant le système de réfrigération de ses patinoires en 1913. Le brevet semble avoir été accordé en juin 1914, bien que l’on eût apposé sur le formulaire de demande une estampille d’annulation (« cancelled »).

Reproduction en noir et blanc d’un croquis illustrant le mécanisme de refroidissement d’une surface glacée pour jouer au hockey.

Demande de brevet d’une patinoire de glace. (numéro de brevet 156325)

Reconnus comme les chefs de file dans le développement des patinoires de hockey sur glace artificielle au Canada, on accorde aussi à Frank et à Lester Patrick le crédit d’avoir élaboré de nombreux règlements du jeu, encore en vigueur de nos jours.

Création et évolution du filet de hockey

Les premiers buts de hockey étaient formés de deux roches et par la suite de poteaux qui étaient placés à chaque extrémité de la patinoire. Au départ, les poteaux des buts étaient placés à huit pieds d’écart, distance que l’on a ensuite réduite à six pieds, cette mesure étant toujours de mise.

Une photo noir et blanc montrant des joueurs de hockey lors d’une partie sur une patinoire extérieure

Match de hockey à l’université McGill. (MIKAN 3332330)

Page dactylographiée faisant état des règlements au hockey

Règlements de l’Ontario Hockey Association, tels qu’ils sont énoncés dans le document intitulée Hockey: Canada’s Royal Winter Game. (« Hockey : le jeu hivernal royal au Canada ») (disponible en anglais seulement)

À compter des années 1890, différentes ligues de hockey ont mis à l’essai des filets de pêcheur que l’on attachait aux poteaux dans le but d’éviter tout malentendu sur la validité des buts accordés. En 1899, la toute nouvelle Canadian Amateur Hockey League adoptait officiellement l’usage de filets de hockey durant leurs matches. Les buts étaient composés d’un filet attaché à une corde reliée au sommet de chacun des poteaux des buts.

Une reproduction en noir et blanc d’un cahier de note écrit à la main avec le titre « championnat intermédiaire » [Intermediate Championship]

Procès-verbal de la réunion annuelle de la Canadian Amateur Hockey League, le 9 décembre 1899. (en anglais seulement) (MIKAN 100095 ou sur le site Web Héritage, image 95)

En 1911, Percy LeSueur, l’un des meilleurs gardiens de but à l’époque et des plus novateurs a déposé une demande de brevet afin d’améliorer le filet de hockey. En vertu de cette demande, la revendication avait pour but de permettre une plus grande précision quant à l’attribution des buts marqués. Le filet proposé par M. LeSueur visait à améliorer la conception des buts alors en usage dont la barre de soutien supérieure était en retrait de quelques pouces par rapport à la ligne de but. De fait, si un joueur de hockey faisait un tir au but de courte portée d’un angle ascendant très prononcé, la rondelle sortait du filet, même si elle avait traversé la ligne de but. Le brevet a été accordé à M. LeSueur en 1912 et le concept associé à son brevet demeure à la base du but de hockey que l’on utilise encore aujourd’hui.

Photographie en noir et blanc de portraits en médaillon de 12 hommes disposés au centre, autour d’un encadré blanc.

Photo de groupe du Ottawa Hockey Club en 1914 où figure Percy LeSueur (range du haut, au centre). (MIKAN 3386140)

Reproduction en noir et blanc d’une illustration détaillée du filet d’un but, mesures comprises.

Demande de brevet de M. LeSueur, dessin illustrant les améliorations apportées au filet d’hockey. (numéro de brevet 139387)

Pour obtenir de plus amples renseignements sur la Canadian Amateur Hockey League Association, veuillez consulter le fonds Montreal Amateur Athletic Association conservé à Bibliothèque et Archives Canada.

Le masque des gardiens de but

En novembre 1959, un autre remarquable gardien de but, Jacques Plante, allait changer le monde du hockey en portant un masque sur une base régulière. Auparavant, les gardiens de but ne portaient pas de masque protecteur. Parmi les rares exceptions dignes de mention, il y avait eu Elizabeth Graham qui avait porté un masque d’escrime lors d’un match de hockey en 1927 et le gardien de but de la Ligue nationale de hockey (LNH) Clint Benedict, qui a eu recours à un masque de cuir le temps de quelques matchs en 1929. M. Plante, joueur des Canadiens de Montréal, a expérimenté le port de cet équipement au milieu des années 1950 en employant différents masques durant des entraînements et des parties hors-concours afin de se protéger des rondelles et des bâtons.

Photographie en noir et blanc d’un homme appuyé contre les bandes d’une patinoire et tenant un masque transparent dans les mains.

Jacques Plante montre un masque « Louch », qu’il a expérimenté pendant les entraînements avant 1959. (MIKAN 4814214)

Le 1er novembre 1959, après avoir subi une fracture du nez et des lacérations au visage durant un match de la LNH contre les Rangers de New York, il revient du vestiaire avec un masque conçu par un spécialiste de la fibre de verre, Bill Burchmore.

En janvier 1960, Jacques Plante commence à porter un nouveau masque plus léger, communément appelé le « bretzel », fabriqué par M. Burchmore à partir de 540 fils en fibre de verre tissés.

Photographie en noir et blanc d’un gardien de but masqué défendant son but. Derrière lui, d’autres joueurs (sans casque) qui tombent sur la glace, tentant de s’emparer de la rondelle.

Jacques Plante en action portant un second type de masque le 17 janvier 1960. (MIKAN 4814205)

Photographie en noir et blanc d’un homme qui enlève son masque de gardien de but.

Jacques Plante relevant son masque de hockey. (MIKAN 3628632)

D’autres gardiens de but suivront son exemple et le masque ne tarde pas à devenir une pièce d’équipement courante pour cette position. Jacques Plante continuera d’améliorer les masques de gardien de but et il créera sa propre entreprise de fabrication de masques vers la fin de sa carrière de hockeyeur.

Pour obtenir de plus amples renseignements sur Jacques Plante et ses innovations, consulter le fonds Jacques et Caroline Raymonde Plante conservé à Bibliothèque et Archives Canada.

Images du hockey dans la vie quotidienne maintenant sur Flickr

Le hockey est si populaire au Canada que de nombreuses villes se vantent d’avoir inventé ce sport, dont Halifax, Windsor et Kingston.

Certaines des premières rencontres sont connues, comme la partie de hockey intérieur disputée en 1875 à la patinoire de Victoria, à Montréal, et le tournoi de hockey du carnaval d’hiver de Montréal, en 1883, qui oppose des équipes d’Ottawa et de Québec. Il y a même des associations amateurs qui se forment pour faire la promotion du sport au Canada.