Perspectives des porteurs noirs : Donner une voix au personnel du service ferroviaire pendant et après la Seconde Guerre mondiale

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Par Stacey Zembrzycki

Cette série de billets de blogue en quatre parties est inspirée par un ensemble d’images saisissantes et obsédantes conservées dans les archives du ministère de la Défense nationale (MDN), numéro d’acquisition 1967-052. Ces photographies sont un témoignage du service à la nation pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Présentant différentes perspectives, elles révèlent les intersections de classes, de races et de fonctions.

Une femme blanche se tient entre un homme noir à gauche et un homme blanc à droite.

La princesse Alexandra représente la Couronne britannique en sol canadien lors de sa tournée royale en 1954. (e011871943)

Les soldats volontaires et conscrits qui partent au combat et en reviennent nous révèlent les réalités de la préparation à la guerre, du déploiement sur des fronts lointains et du retour à la maison.

Photographies côte à côte d’un porteur de voiture-lit noir allumant une cigarette pour un soldat blanc, blessé et allongé sur un lit dans un train, et d’un porteur de voiture-lit noir serrant la main d’un soldat blanc.

Image de gauche : Un porteur de voiture-lit et un soldat blessé dans le train-hôpital du Lady Nelson. Image de droite : Le porteur Jim Jones, de Calgary, serre la main du soldat Harry Adams, membre du Royal Canadian Regiment d’Halifax, tandis que les unités des forces spéciales de l’armée canadienne arrivent à Fort Lewis, dans l’État de Washington, pour l’entraînement des forces de la brigade. (e011871940 et e011871942)

Toutes les photographies montrent des hommes noirs, souvent identifiés comme des membres du personnel ferroviaire dans les descriptions des images. Ils sont le fil conducteur de ces moments historiques. Leur travail essentiel, comme cuisiniers ou porteurs de voitures-lits, a rendu les voyages en train possibles, voire luxueux, en temps de guerre comme en temps de paix. S’il a souvent été passé sous silence et négligé dans nos récits nationaux, leur service est indéniablement manifeste dans ces images.

Comment pouvons-nous commencer à reconstituer les expériences captées dans ces images? Nous pouvons entre autres nous tourner vers la collection de Stanley G. Grizzle, notamment les interviews qu’il a menées en 1986 et en 1987 avec d’anciens porteurs de voitures-lits des chemins de fer du Canadien National (CN) et du Canadien Pacifique (CP). Grizzle a cherché à documenter les conditions abusives imposées par ces compagnies ferroviaires aux hommes noirs jusqu’au milieu du vingtième siècle, ainsi que la lutte longue et complexe qui a abouti à leur syndicalisation. En même temps, il a laissé à ses narrateurs la possibilité de raconter des moments mémorables de leur vie sur les chemins de fer. En les écoutant attentivement, nous arrivons à construire un récit et à replacer les images du MDN en contexte. Comme le passé, cependant, ces souvenirs restent fugaces et fragmentaires, et de nombreux ont sombré dans l’oubli.

Cinq interviews tirées de la collection de Stanley Grizzle donnent un aperçu du travail des porteurs pendant la Seconde Guerre mondiale. Si ces échanges fournissent peu de détails sur les images ci-dessus, ils donnent une idée des conditions de travail des porteurs et des responsabilités supplémentaires qui leur incombaient en temps de guerre. Écoutons ce que ces bribes de conversations révèlent de leurs expériences :

Vous pouvez lire la transcription de ce clip sonore ici. (ISN 417383, fichier 1, 34:30)

Vous pouvez lire la transcription de ce clip sonore ici. (ISN 417397, fichier 2, 09:26)

Vous pouvez lire la transcription de ce clip sonore ici. (ISN 417379, fichier 1, 17:18)

Vous pouvez lire la transcription de ce clip sonore ici. (ISN 417379, fichier 1, 05:56)

Vous pouvez lire la transcription de ce clip sonore ici. (ISN 417386, fichier 1, 32:12)

L’expérience de ces hommes, les personnes qu’ils ont servies et leurs sentiments à l’égard des tâches supplémentaires qui leur ont été confiées en raison de la Seconde Guerre mondiale offrent des informations précieuses qui contribuent à humaniser le rôle de porteur. Pour George Forray, le recours accru au service ferroviaire en temps de guerre lui a permis, comme à beaucoup d’autres, d’obtenir un emploi à temps plein et d’acquérir une sécurité financière pendant cette période turbulente. Bill Overton, tout en expliquant les gains syndicaux qu’il a contribué à obtenir, au prix de luttes acharnées, raconte avoir été submergé alors qu’il devait nourrir 83 cadets de l’armée de l’air affamés. Même s’il y avait dans le train des employés blancs qui n’étaient pas en service, il explique qu’il était difficile de leur demander de l’aide. Grâce à son récit, nous comprenons mieux les subtilités et les malentendus qui entourent le paiement des heures supplémentaires à cette époque, ainsi que les structures racialisées qui régissaient et divisaient les travailleurs du chemin de fer.

Dans l’un des récits de guerre les plus clairs et les plus concis de la collection de Grizzle, un narrateur inconnu raconte – malgré des coupures audibles dans l’enregistrement sonore – les détails du transport de prisonniers de guerre allemands. S’il décrit l’environnement physique des voitures-lits et les repas servis, il laisse le reste à l’imagination, ne parlant pas de la façon dont les porteurs percevaient ces responsabilités ni les dangers auxquels ils étaient confrontés. Ces perspectives se sont en grande partie perdues dans l’histoire. Eddie Green poursuit sur ce sujet en parlant de l’évolution de la technologie ferroviaire au début du vingtième siècle. La remise en service de voitures obsolètes pour répondre aux besoins en temps de guerre a amené son lot de défis importants et de dangers physiques pour les porteurs, qui ont dû faire face à ces risques tout en s’occupant d’un plus grand nombre de passagers. Le stress devait être énorme.

À bien des égards, le dernier extrait de l’interview boucle la boucle. Joseph Morris Sealy explique comment la forte demande à l’égard des services ferroviaires en temps de guerre a ouvert la voie à d’importantes avancées syndicales. Les augmentations salariales soutenues par le gouvernement ont servi de point de départ à la négociation de la première convention collective entre la Fraternité internationale des porteurs de wagons-lits et le CP en 1945. Il n’était plus question de revenir à la situation d’avant la guerre. La circulation ininterrompue des personnes et des marchandises par la voie ferrée s’est avérée essentielle au maintien d’une économie stable et fonctionnelle. Les porteurs, pleinement conscients du rôle essentiel qu’ils jouaient, se sont battus pour obtenir un traitement équitable et une juste rémunération.

S’il n’est pas possible de reconstituer les informations contextuelles des images ci-dessus, les récits qui les accompagnent contiennent suffisamment de renseignements pour révéler ce qui a pu se passer avant et après la prise des photographies. Ils donnent une voix aux porteurs, mettant en lumière leurs expériences et les complexités de leur travail pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Cependant, comme pour toutes les sources historiques, ces témoignages oraux et photographiques soulignent les défis que pose la reconstitution du passé : nous devons travailler avec les fragments dont nous disposons. Malgré leurs limites, ces sources nous obligent à repenser fondamentalement notre récit national et le rôle central qu’y joue la main-d’œuvre noire.

Autres ressources


Stacey Zembrzycki est une historienne primée, spécialiste de l’histoire orale et publique portant sur les expériences des immigrants, des réfugiés, des minorités ethniques et des personnes racialisées. Elle est membre du corps enseignant du Département d’histoire et de lettres classiques au Collège Dawson.

Perspectives des porteurs noirs : l’éclairage des documents militaires

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Par Rebecca Murray

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) possède plus de 30 millions d’images sur divers supports, comme des images numériques, des négatifs et des photographies. Une seule photo d’archives peut en dire long sur la mode, le climat, la technologie, les coutumes et la culture d’une époque! Pourtant, ces thèmes importants sont souvent négligés dans les descriptions archivistiques, la priorité étant accordée aux principaux sujets photographiés.

Chaque fois que je vois une image dans les collections, je constate qu’elle vaut effectivement 1000 mots. Prenons l’exemple de cette photo relativement simple montrant deux personnes sur un fond pratiquement noir. On y trouve néanmoins une foule de détails et de renseignements historiques qui portent à réfléchir. Que nous révèlent les uniformes des deux hommes? Un bâtiment ou un paysage à l’arrière-plan nous aurait-il permis de déterminer où la photo a été prise?

Un porteur de voitures-lits (à gauche) serre la main d’un soldat.

1967-052, pièce Z-6244-4 : Arrivée des membres du Royal Canadian Regiment au fort Lewis : des unités de la Force spéciale de l’Armée canadienne équivalant à une brigade viennent de déménager au fort Lewis (Washington) et commenceront bientôt leur instruction. Parmi les nouveaux arrivants se trouve un des nombreux membres de la Force spéciale venant de Halifax. Ci-dessus, le porteur Jim Jones de Calgary souhaite bonne chance au soldat Harry Adams. (e011871942)

J’ai vu cette image pour la première fois en parcourant l’acquisition 1967-052 du ministère de la Défense nationale à la recherche de femmes militaires, qui sont très peu représentées dans les photos de l’armée (il n’y en a d’ailleurs aucune ici). Les documents visuels, en effet, ne nous renseignent pas seulement sur leur sujet principal : ils peuvent apporter un éclairage sur de nombreux éléments secondaires ou moins connus, comme l’histoire des porteurs de voitures-lits. Malgré mon diplôme en histoire canadienne, c’est dans des livres comme Bluebird, de Genevieve Graham, et Le porteur de nuit, de Suzette Mayr, que j’ai récemment découvert l’existence des porteurs et leurs réalités.

Pour trouver des images de porteurs de voitures-lits à BAC, vous ne commenceriez probablement pas par les fonds du ministère de la Défense nationale, mais par ceux du ministère des Transports (RG12) ou de la Compagnie des chemins de fer nationaux (RG30). Dans le cas qui nous occupe, ni les porteurs ni le chemin de fer (ni même la guerre de Corée) ne sont mentionnés dans la description de la sous-sous-série « préfixe Z – CA ». Ce n’est pas étonnant, car on y trouve environ 7 500 images documentant des événements au fil de plusieurs décennies, dont la Deuxième Guerre mondiale. Moins de 15 % des images de cette sous-sous-série sont décrites au niveau de la pièce (ou photographie) dans la base de données. La plupart sont cependant décrites en détail dans les instruments de recherche (c’est-à-dire des listes de pièces) joints à la description en format numérisé au niveau de la sous-sous-série.

La description complète de l’image Z-6244-4 n’existe que sur l’enveloppe originale; elle doit être commandée et consultée en personne. Elle fait état de la présence du porteur et, à ma grande surprise, donne même son nom : il s’agit de Jim Jones, de Calgary. J’ai rarement vu ce type de renseignements au sujet des images consultées au cours de ma recherche. Je me demande d’ailleurs pourquoi cette photo est beaucoup mieux décrite que les autres. N’ayant pas de liste complète des légendes et des notes des photographes, nous ne pouvons pas tirer de grandes conclusions.

Il ne faut pas hésiter à s’éloigner temporairement de nos intentions de recherche quand on peut jumeler des images à leurs descriptions complètes, surtout si elles comprennent les noms et d’autres renseignements sur les personnes photographiées. Les histoires méconnues que cachent ces photos méritent bien plus qu’une courte description de base.

Ce processus s’appelle la description réparatrice. Il consiste à rectifier les pratiques et à corriger les données qui ont pour effet d’exclure, de réduire au silence ou de mal décrire des personnes ou des récits dans les archives. Il peut être mené à grande échelle ou sur une seule photographie à la fois et se poursuivra indéfiniment. Quand j’ai découvert des images de porteurs et d’autres employés noirs des chemins de fer de l’époque de la Deuxième Guerre mondiale, j’ai transmis mes notes à mes collègues du balado de Bibliothèque et Archives Canada Voix dévoilées : Confidences de porteurs. Nous avons ensuite pu compter sur la collaboration d’autres collègues s’intéressant à cette période, à la présence de porteurs sur des photos du ministère de la Défense nationale et à la façon dont ils sont représentés dans la collection.

Ne manquez pas la suite de cette série de blogues!


Rebecca Murray est conseillère en programmes littéraires au sein de la Direction générale de la diffusion et de l’engagement à Bibliothèque et Archives Canada.

Connaissez-vous Léo Major, le libérateur de Zwolle?

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Par Gilles Bertrand

Le soldat canadien-français Léo Major est un héros de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée. Plusieurs fois décoré, il est reconnu aux Pays-Bas pour l’exploit d’avoir à lui seul libéré la ville néerlandaise de Zwolle de l’occupation allemande le 14 avril 1945. Il est le seul Canadien à avoir reçu deux fois la Médaille de conduite distinguée (DCM) pour ses actions dans deux guerres différentes.

Photo d’un homme qui porte un manteau militaire

Sgt Léo Major, DCM avec barrette, en Corée, 1952 (e011408966)

Né le 23 janvier 1921 à New Bedford, dans l’État américain du Massachusetts, Léo Major, dont la famille déménage au Canada un an après sa naissance, grandit à Montréal.

À la fin des années 1930, après avoir travaillé dans différents domaines de la construction, il est employé comme apprenti plombier. Il se retrouve au chômage en 1940 et décide de s’enrôler dans l’Armée canadienne. Les années 1940 à 1944 représentent pour lui une période intensive de formation et d’entrainement militaires, au Nouveau-Brunswick la première année, puis en Europe les trois années suivantes.

C’est le 6 juin 1944 qu’a lieu son baptême du feu; il débarque en Normandie sur Juno Beach avec Le Régiment de la Chaudière. Le jour même, Léo capture un véhicule de transport de troupes blindé semi-chenillé allemand Hanomag.

Deux jours plus tard, lors d’une mission de reconnaissance, Léo et quatre autres soldats tombent sur une patrouille de cinq soldats d’élite allemands. Ils engagent et remportent le combat, mais Léo perd l’usage de son œil gauche lorsqu’un soldat ennemi mortellement blessé lance une grenade au phosphore près de lui. Cela vaudra à Léo le surnom de « one-eyed ghost » (fantôme borgne). Malgré sa blessure, il refuse de retourner en Angleterre et continue d’agir comme éclaireur et tireur d’élite en se servant seulement de son œil droit.

Lors de la bataille de l’Escaut à l’automne 1944, Léo part à la recherche d’un groupe de soldats qui tarde à revenir de patrouille au sud des Pays-Bas. Sur son chemin, il fait 93 prisonniers allemands à lui seul.

Il subit d’importantes blessures au dos en février 1945 lorsque le camion qui le ramène au camp explose sur une mine, tuant tous les autres passagers à bord. Il refuse à nouveau d’être évacué et, après un mois de repos, il repart au front.

Le 13 avril 1945, Léo et son ami le caporal Willie Arseneault se portent volontaires pour une mission de reconnaissance. Ils se rendent en pleine nuit aux abords de Zwolle, une ville néerlandaise de 50 000 habitants qui est occupée par des troupes allemandes. Le caporal Arseneault y perd la vie sous les tirs ennemis.

Déterminé à venger son ami, Léo poursuit sa route, seul, avec des grenades et des mitraillettes et attaque la ville occupée par les nazis. Il repère un bar où se trouvent des officiers allemands et y entre. Il désarme un haut gradé, qui parle français, et le convainc de quitter la ville avec ses hommes en prétendant que Zwolle est entièrement encerclée par les troupes canadiennes.

Il reprend sa course dans la ville, tirant partout pour faire croire à une offensive canadienne, et met même le feu au quartier général de la Gestapo. Les Allemands se retirent.

Le 14 avril 1945 au matin, grâce à Léo Major, la ville de Zwolle était libérée des troupes allemandes et sauvée de l’attaque destructrice de la division d’artillerie qui devait avoir lieu en début de journée. Pour cet exploit et pour sa bravoure, Léo Major se voit décerner la Médaille de conduite distinguée (DCM) et obtient la reconnaissance de la population de la ville de Zwolle.

Une page dactylographiée avec les mots War Diary or Intelligence Summary en haut et un tableau contenant de l’information secrète.

Extrait d’une page du journal de guerre d’avril 1945 du Régiment de la Chaudière. RG24-C-3, Volume : 15181, Dossier : 743 (e011388179, article 6, image 7)

De retour à la vie civile après la guerre, il travaille comme plombier. Contre toute attente, malgré ses blessures et sa perte de vision à un œil, Léo se porte volontaire pour la guerre de Corée en août 1950 et s’enrôle dans le 2e bataillon du Royal 22e Régiment.

En novembre 1951, les troupes canadiennes du Royal Canadian Regiment, du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry et du Royal 22e Régiment sont envoyées dans un nouveau secteur occupé à ce moment par les Américains, sur la ligne de front qui longe les collines 355 et 227. La colline 355 représente une position stratégique importante grâce à son point de vue idéal sur la région. Surnommée « Little Gibraltar », elle est hautement convoitée par les deux camps qui s’affrontent et change de main plusieurs fois.

Les troupes canadiennes font face à une forte attaque des forces chinoises, qui ont alors repris la colline. Léo Major reçoit l’ordre d’attaquer la colline 355 pour réduire la pression sur les troupes canadiennes qui sont presque encerclées par la 64e armée chinoise. Avec un groupe de 18 éclaireurs, Léo part en pleine nuit et parvient à surprendre les Chinois derrière leurs propres lignes. Il reprend le contrôle de la colline 355 et de sa voisine, la colline 227. Il guide lui-même les tirs des batteries de mortiers par radio sur les assaillants chinois qui tentent de reprendre la colline le jour suivant. Les soldats canadiens résistent aux assauts des troupes chinoises, bien supérieures en nombre, et tiennent leur position pendant trois jours avant d’être remplacés par des troupes américaines. Pour avoir pris et défendu cette position stratégique, Léo Major obtient la DCM une seconde fois.

Photocopie de l’extrait d’un livre décrivant les actions de Léo Major et ses citations pour ses deux médailles DCM

Extrait du livre de George Brown, For distinguished conduct in the field: The register of the Distinguished Conduct Medal, 1939-1992 (OCLC 32387704)

Léo Major était un homme d’action et de grand courage qui ne reculait pas devant les obstacles. Il avait une tête forte et contestait parfois certains ordres (refusant par exemple de retourner en Angleterre après avoir subi de graves blessures ou d’abandonner sa position sur la colline 355) parce que la liberté des gens lui tenait à cœur. Il n’a fait que son devoir dirait-il, mais de façon exemplaire, pourrions-nous ajouter. Ce héros, décédé le 12 octobre 2008, à Montréal, ne sera jamais oublié.

Ressources supplémentaires :


Gilles Bertrand est archiviste de référence à la Division des services de référence de Bibliothèque et Archives Canada.

La guerre de Corée

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la péninsule de la Corée est divisée en deux parties le long du 38e parallèle, le Nord étant sous l’occupation de l’Union soviétique et le Sud, sous celle des États-Unis. Après l’élection d’un gouvernement communiste au Nord, en 1948, la guerre ouverte éclate rapidement : le 25 juin 1950, les troupes nord-coréennes envahissent le Sud.

Face à cette situation, le Conseil de sécurité des Nations Unies vote une résolution approuvant l’envoi de troupes pour défendre la Corée du Sud; plusieurs pays, dont le Canada, contribuent en fournissant des troupes.

Le peloton de mortiers du 22e Royal Régiment est prêt à tirer. De gauche à droite : les soldats Daniel Primeau, Raymond Romeo et Julien Blondin, tous originaires de Montréal (Québec).

Convoy Le peloton de mortiers du 22e Royal Régiment est prêt à tirer. De gauche à droite : les soldats Daniel Primeau, Raymond Romeo et Julien Blondin, tous originaires de Montréal (Québec). Source

Plus de 26 000 soldats canadiens participent à la guerre de Corée. Ils combattent les troupes communistes sur le terrain, tandis que la Marine royale canadienne — avec huit navires de guerre — participe au contrôle des côtes coréennes. Pour sa part, l’Aviation royale canadienne veille au transport des troupes et du matériel. Quelques pilotes prennent part aux combats aux commandes d’avions de chasse américains.

Photographie en noir et blanc de deux tireurs d’élite canadiens visant une cible inconnue.

Deux tireurs d’élite . Source

Le 27 juillet 1953, un accord d’armistice est signé à Panmunjom, mettant un terme à trois années de combats.

En tout, 516 Canadiens ont perdu la vie durant ce conflit armé. Leur nom est inscrit dans Les Livres du Souvenir… La Guerre de Corée, qui sont exposés à la Tour de la Paix, à Ottawa et qui sont également accessibles en ligne. Ces registres nous rappellent l’importante contribution et les sacrifices énormes consentis par ces Canadiens.

La collection de Bibliothèque et Archives Canada est très riche en documents relatifs à cette guerre, dont on souligne le 60e anniversaire de l’armistice en 2013. En voici quelques exemples :

Une partie du journal de guerre (War Diary, 1951) des troupes du Commonwealth, incluant les troupes canadiennes (en anglais seulement) :

Aussi, le journal de guerre (1950-1951) du détachement d’avant-garde (en anglais seulement) :

Pour voir plus de photographies, veuillez consulter notre album Flickr.

Pour plus de renseignements sur comment commander des dossiers de service militaire, veuillez lire notre article de blogue sur ce sujet.

Rassembler les familles au moyen de la numérisation

Dans le cadre du projet de mobilisation communautaire et d’identification de photos Un visage, un nom, qui a pour objectif de permettre aux Inuits de renouer avec leur passé, Bibliothèque et Archives Canada (BAC) a entrepris la numérisation d’une série de photos de la collection d’Affaires autochtones et Développement du Nord Canada. Ces albums ont été le point de départ de la formidable histoire d’une famille du Nunavut.

Dans cette collection figurent un certain nombre d’images de la famille Weetaltuk, prises au cours de l’été 1949 sur les îles Cape Hope, au Nunavut. Les légendes originales accompagnant les photos fournissaient des informations de base sur ces dernières. Heureusement, les enregistrements de notre base de données concernant ces images sont maintenant plus complets depuis que plusieurs membres de la famille Weetaltuk ont communiqué avec BAC afin de fournir les noms de parents et d’autres informations pertinentes concernant ces photos.

Qui plus est, ces personnes ont pu corriger le nom de la famille Weetaltuk ainsi que des noms de communautés qui avaient été incorrectement enregistrés. Nous savions, d’après les légendes originales, que George Weetaltuk était le chef d’une communauté, un habile chasseur et un expert de la construction de bateaux. Des membres de sa famille ont décrit le processus détaillé que suivait George pour construire ses bateaux, comme on peut le voir sur une photo de lui où il travaille, en compagnie de son fils William et de son fils adoptif Simon Aodla, à la construction d’un bateau de 11,58 m (38 pi).

La famille Weetaltuk a également pu corriger l’enregistrement de cette photo de groupe prise devant une cabane en rondins. La légende dit que la photo a été prise sur les îles Cape Hope. Nous savons maintenant qu’elle a probablement plutôt été prise sur l’île Charlton, située à proximité, dans la baie James où, pendant de nombreuses années, George et sa famille ont résidé alors qu’il était employé saisonnier pour la Compagnie de la Baie d’Hudson. Outre ces informations, la famille a aussi pu identifier cinq personnes apparaissant sur la photo et fournir des liens généalogiques.

Photo de la famille Weetaltuk. Adla (extrême gauche), mariée à William, fils aîné de George (2e à partir de la gauche), George (centre) et sa première femme, Ugugak (4e à partir de la gauche). Rangée à l’avant : Alaku (extrême gauche) et Tommy (assis par terre), tous deux fils de George. (PA-099605)

Photo de la famille Weetaltuk. Adla (extrême gauche), mariée à William, fils aîné de George (2e à partir de la gauche), George (centre) et sa première femme, Ugugak (4e à partir de la gauche). Rangée à l’avant : Alaku (extrême gauche) et Tommy (assis par terre), tous deux fils de George. (PA-099605). Source

De plus, un autre des fils de George, Edward, était membre du régiment canadien d’infanterie légère de la Princesse Patricia. Il a été le premier Inuit canadien à participer à un combat militaire au sein de l’Armée canadienne pendant la guerre de Corée. Après ses 15 ans de service, il commença à écrire ses mémoires. Selon un article de presse, Edward (Eddy) Weetaltuk [traduction] « souhaitait montrer aux jeunes Inuits que l’éducation était importante et que les Inuits peuvent faire tout ce qu’ils veulent et même devenir célèbres, si c’est ce qu’ils désirent » (Nunatsiaq Online, 16 juillet 2009).

Bien qu’Eddy ait commencé à écrire E9-422: Un Inuit, de la toundra à la guerre de Corée en 1974, cet ouvrage n’a été publié qu’en 2009, quelques jours à peine avant sa mort.

Grâce à ces liens familiaux et au dialogue que nous avons établi avec la communauté, nos collections photographiques sont constamment améliorées et enrichies pour les générations à venir.

Si vous désirez en savoir plus sur le projet Un visage, un nom, nous vous invitons à lire le billet paru le 9 mai 2013 sur notre blogue et à écouter notre fichier balado Un visage, un nom et le Nord canadien.