Hutcheson, Knight, Metcalf, Peck et Young, récipiendaires de la Croix de Victoria

Par Andrew Horrall

Bellenden Seymour Hutcheson

Bellenden Seymour Hutcheson naît à Mount Carmel, en Illinois, le 16 décembre 1883. Il devient médecin après des études à la Northwestern University, près de Chicago. Ses cheveux blancs et ses yeux d’un bleu perçant lui donnent une allure remarquable. Comme de nombreux autres Américains, Hutcheson décide de s’enrôler au Canada. Le 6 novembre 1915, il se joint au Corps de santé de l’Armée canadienne à Hamilton, en Ontario, et est affecté au 75e Bataillon.

Photo noir et blanc d’un soldat ayant des cheveux très pâles et regardant droit vers l’objectif.

Le capitaine B. S. Hutcheson, du Corps de santé de l’Armée canadienne, récipiendaire de la Croix de Victoria. Source : Direction de l’histoire et du patrimoine

Le 2 septembre 1918, près de Cagnicourt, en France, Hutcheson s’avance en terrain découvert avec son bataillon. « [S]ans hésitation et au mépris total de sa propre sécurité, il reste sur le champ de bataille jusqu’à ce que tous les soldats blessés aient reçu des soins. Il panse les blessures d’un officier grièvement blessé, sous les tirs intenses des mitrailleuses et des projectiles et, avec l’aide de prisonniers et de ses propres hommes, il réussit à l’évacuer en lieu sûr, même si les brancardiers subissent de lourdes pertes. Immédiatement après, il s’élance à nouveau, complètement à découvert et sous les tirs intenses de mitrailleuses et de fusils, pour s’occuper d’un sergent blessé. Après l’avoir installé dans un trou d’obus, il panse ses blessures. » (London Gazette, n° 31067, 14 décembre 1918,en anglais. Traduction : Défense nationale et Forces canadiennes)

En plus de la Croix de Victoria, Hutcheson reçoit la Croix militaire pour d’autres actes de bravoure.

Après la guerre, Hutcheson épouse une femme de la Nouvelle-Écosse et retourne pratiquer la médecine en Illinois. Au fil des ans, il visite souvent le Canada, notamment pour participer à des retrouvailles de son bataillon. Il parlera très rarement de son expérience de la guerre. Il meurt à Cairo, en Illinois, le 9 avril 1954. Sa Croix de Victoria est exposée au Musée du Toronto Scottish Regiment.

Sources

« VC from Illinois modestly declines to details exploits », The Globe and Mail, 6 mars 1930, p. 13 (en anglais)

« ’Six-bits’ reunion is first since war », The Globe and Mail, 13 avril 1931, p. 14 (en anglais)

 

Arthur George Knight

Arthur George Knight naît à Haywards Heath, en Angleterre, le 26 juin 1886. En 1911, il immigre au Canada et devient menuisier. Il s’enrôle dans le Corps expéditionnaire canadien en décembre 1914 et sert dans le 10e Bataillon. Il reçoit la Croix de guerre belge en novembre 1917.

Photo noir et blanc prise dans un studio et montrant un soldat en uniforme, debout, les mains derrière le dos.

Le sergent A. G. Knight, récipiendaire de la Croix de Victoria, sans date. (a006724)

Le 2 septembre 1918, près de Cagnicourt, en France, Knight « prend la tête d’une section de bombardement et, s’avançant sous un feu nourri, engage avec l’ennemi un combat rapproché. Constatant que son détachement est toujours stoppé, il fonce seul en avant, passant à la baïonnette plusieurs mitrailleurs et servants de mortier ennemis, et obligeant le reste de la troupe à battre en retraite dans la confusion. » Alors que son peloton poursuit les Allemands en retraite, Knight « aperçoit une trentaine de soldats ennemis qui pénètrent dans un tunnel conduisant hors des tranchées. Il se rue tout seul sur eux et, après avoir abattu un officier et deux sous-officiers, il capture 20 militaires du rang. Plus tard, il met en déroute, sans aide, un autre détachement ennemi qui s’oppose à l’avance de son peloton. » (London Gazette, n° 31012, 15 novembre 1918, en anglais. Traduction : Défense nationale et Forces canadiennes]

Knight est grièvement blessé durant cette bataille et succombe à ses blessures le jour suivant. Sa Croix de Victoria est exposée au Musée Glenbow de Calgary.

 

William Henry Metcalf

Photo noir et blanc d’un soldat debout vêtu d’un kilt.

Le lieutenant-caporal W. H. Metcalf, récipiendaire de la Croix de Victoria, sans date. (a006727)

William Henry Metcalf naît dans le canton de Waite, dans le Maine, le 29 janvier 1885. Barbier de profession, il se rend à Fredericton, au Nouveau-Brunswick, pour s’enrôler dans le Corps expéditionnaire canadien le 15 août 1914. Il devient alors signaleur au sein du 16e Bataillon. Metcalf reçoit la Médaille militaire pour les gestes courageux qu’il pose pendant la bataille de la Somme, en septembre 1916. En effet, il se porte volontaire pour fournir de l’aide médicale à un camarade gravement blessé en zone neutre. Il lui sauve la vie puis, au péril de la sienne, il s’expose aux tirs nourris de l’ennemi pour réparer des fils téléphoniques. La citation pour sa médaille mentionne entre autres que « pendant ses vingt mois de service sur le terrain, il a toujours fait preuve de bravoure et de dévouement au devoir, et ce, avec enthousiasme. » [Traduction] (London Gazette, n° 29893, 6 janvier 1917, en anglais)

Metcalf reçoit la Médaille militaire une deuxième fois pour ses actes du 8 août 1918 pendant la bataille d’Amiens. Au début des premières attaques, il installe des fils téléphoniques en zone neutre puis demeure sous les tirs intenses d’obus pour s’assurer que ceux-ci ne sont pas endommagés. (London Gazette, n° 31142, 24 janvier 1919, en anglais)

Metcalf obtient ensuite la Croix de Victoria pour la bravoure dont il fait preuve le 2 septembre 1918 près de Cagnicourt, en France. Lorsque la progression de son bataillon ralentit, il « s’élance vers un char qui passe à sa gauche, sous le feu nourri d’une mitrailleuse. Brandissant un drapeau de signalisation, il marche à l’avant du char et le dirige le long de la tranchée [allemande], pour qu’il enfile des balles et des bombes. Les positions des mitrailleuses sont éliminées, de lourdes pertes sont infligées aux ennemis et il vient ainsi à bout d’une situation très critique. » (London Gazette, n° 31012, 15 novembre 1918, en anglais. Traduction : Défense nationale et Forces canadiennes)

Metcalf meurt le 8 août 1968 à Lewiston, dans le Maine. Sa Croix de Victoria est exposée au Musée du Canadian Scottish Regiment à Victoria, en Colombie-Britannique.

 

Cyrus Wesley Peck

Cyrus Wesley Peck naît à Hopewell Hill, au Nouveau-Brunswick, le 26 avril 1871. Malgré une formation de soldat, il ne réussit pas à s’enrôler pour la guerre d’Afrique du Sud. Lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, Peck dirige une conserverie de saumon en Colombie-Britannique en plus de servir dans la milice. Le 8 novembre 1914, il s’enrôle en tant que major dans le 30e Bataillon. À la fin de 1916, il est promu lieutenant-colonel et chargé du commandement du 16e Bataillon (Canadian Scottish Regiment).

Photo noir et blanc d’un homme moustachu vêtu d’un pantalon écossais, d’une ceinture Sam Browne et d’une casquette, passant des grilles ornementales avec un bâton de marche. À sa droite, une foule regarde vers les grilles.

Le lieutenant-colonel Cyrus W. Peck, récipiendaire de la Croix de Victoria et de l’Ordre du service distingué, 16e Bataillon, à sa sortie du palais de Buckingham. (a006720)

Blessé par deux fois lors du conflit, Peck reçoit l’Ordre du service distingué ainsi que cinq mentions à l’ordre du jour. Lors des élections fédérales de décembre 1917, il est élu député de la circonscription de Skeena; baptisées « les élections kaki », ce sont les premières auxquelles des soldats en service actif peuvent participer. Son rôle n’empêche pas Peck de poursuivre sa carrière militaire en France.

Au premier abord, Peck n’a pas l’allure d’un héros. Malgré son impressionnante moustache qui lui donne un air militaire, il est plutôt âgé (47 ans) et petit (1,75 m), et pèse un bon 113 kg. Néanmoins, le 2 septembre 1918, près de Cagnicourt, en France, Peck s’aperçoit que la progression de son bataillon est freinée. Alors, « sous les tirs intenses des mitrailleuses et des tireurs embusqués, il effectue personnellement une reconnaissance sur une parcelle de terrain fortement balayée par les tirs. Une fois cette tâche accomplie, il revient sur ses pas, réorganise son bataillon et, fort des renseignements qu’il a obtenus, il pousse la progression de ses troupes et prend les mesures requises pour protéger ses flancs. Il sort ensuite, sous une pluie de tirs d’artillerie et de mitrailleuses, intercepte ses chars, leur donne les directives nécessaires, pointant du doigt l’endroit où ils doivent se diriger, et ouvre ainsi la voie à la progression d’un bataillon d’infanterie canadien. Par la suite, il procure à ce bataillon l’appui dont il a besoin. Ce remarquable courage dont il a fait preuve et ses grandes qualités de leader ont permis de poursuivre la progression, malgré les tirs intenses d’artillerie et de mitrailleuses, et ils ont largement contribué au succès de l’attaque menée par la brigade. » (London Gazette, n° 31012, 15 novembre 1918, en anglais. Traduction : Défense nationale et les Forces canadiennes)

Aux élections de 1921, Peck perd son siège à la Chambre des communes. Il siège à l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique de 1924 à 1933 et meurt à Sidney, dans la même province, le 27 septembre 1956. Sa Croix de Victoria est exposée au Musée canadien de la guerre.

Sources

« Won VC in 1918 while a member of parliament », The Globe and Mail, 28 septembre 1956, p. 7 (en anglais)

 

John Francis Young

John Francis Young naît à Kidderminster, en Angleterre, le 14 janvier 1893, et immigre au Canada peu avant le déclenchement de la guerre. Le 20 octobre 1915, il s’enrôle à Montréal, en tant que brancardier dans le 87e Bataillon. En novembre de l’année suivante, il est blessé à la Somme.

Photo noir et blanc d’un soldat souriant, debout, les mains derrière le dos.

Le soldat J. F. Young, récipiendaire de la Croix de Victoria, sans date. Source : Direction de l’histoire et du patrimoine.

Young reçoit la Croix de Victoria pour ses actes du 2 septembre 1918 près de Dury, en France. Lorsque l’artillerie et les mitrailleuses allemandes fauchent sa compagnie, il passe plus d’une heure à soigner ses camarades blessés, au mépris du danger puisqu’il se trouve alors bien en vue de l’ennemi. Il retourne fréquemment aux lignes canadiennes pour s’approvisionner en fournitures médicales, mais n’abandonne jamais les hommes blessés. Young supervise ensuite les brancardiers qui transportent les blessés en lieu sûr. (London Gazette n° 31067, 14 décembre 1918, en anglais)

Young est gazé dans une bataille subséquente, et ses poumons subissent des dommages permanents et débilitants. Il meurt à Sainte-Agathe-des-Monts, au Québec, le 7 novembre 1929. Sa Croix de Victoria est exposée au Musée canadien de la guerre.

Sources

« John F. Young, VC, is dead in Quebec », The Globe and Mail, 8 novembre 1929, p. 1 (en anglais)

 

Bibliothèque et Archives Canada conserve les dossiers de service de Bellenden Seymour Hutcheson, Arthur George Knight, William Henry Metcalf, Cyrus Wesley Peck et John Francis Young.


Andrew Horrall est archiviste principal à la Division des archives privées de Bibliothèque et Archives Canada.

Claude Nunney, VC

Par Andrew Horrall

Lorsque Claude Joseph Patrick Nunney s’enrôle dans le 38e Bataillon le 8 mars 1915, il affirme être né à Dublin, en Irlande, le 24 décembre 1892. Il semble que ces renseignements ne soient pas exacts, quoiqu’on ignore pourquoi Nunney a voulu dissimuler ses origines. Selon certaines archives, Nunney serait bien né ce jour-là, mais à Hastings, en Angleterre, et son nom serait Stephen Sargent Claude Nunney. Il ne fait par contre aucun doute qu’il était un jeune orphelin quand il a été envoyé de l’autre côté de l’Atlantique, à Ottawa, pour y être adopté par Mme D. J. MacDonald, de North Lancaster, en Ontario. Au moment où il s’enrôle, il vit avec la famille Calder du comté de Glengarry, en Ontario, qu’il décrit comme ses plus proches parents et à qui il remettra une partie de sa solde chaque mois.

Nunney est un soldat exceptionnel qui recevra la Médaille de conduite distinguée pour les actes qu’il accomplit en avril 1917 lors de la bataille de la crête de Vimy : « […] malgré deux blessures et l’anéantissement de sa section, il poursuit son avancée, transportant son fusil et ses munitions, et il réussit seul à mettre fin à une attaque de plus de 200 ennemis. Il continue son devoir pendant trois jours en faisant preuve d’une audace incroyable et en effectuant un travail formidable. » [traduction] (London Gazette, n° 30234, 16 août 1917 – en anglais seulement) Peu après, il reçoit la Médaille militaire pour un autre acte de bravoure.

Photo noir et blanc d’un soldat assis tenant sa casquette et sa badine sur ses genoux.

Le soldat Claude Nunney, VC, du 38e Bataillon (a006859)

La promotion de Nunney au grade de sergent en juin 1917 témoigne de son leadership et de son courage sur les champs de bataille. Cependant, au mois d’avril suivant, il est traduit en cour martiale pour avoir frappé un officier supérieur. L’incident est décrit dans les documents de la cour martiale sur Nunney conservés par BAC. Les faits parlent d’eux-mêmes, quoique deux officiers témoignent pour sa défense, dont un qui affirme même que Nunney est l’un des meilleurs combattants de première ligne du bataillon. Nunney est condamné et rétrogradé au grade de soldat. Sa peine d’une année de travaux forcés est toutefois rapidement réduite en raison de « ses bons services rendus ».

Le soldat Nunney reçoit la Croix de Victoria de manière posthume pour ses actes du 1er et du 2 septembre 1918 pendant la bataille de la ligne Drocourt-Quéant, en France. Lors de l’attaque des Allemands, « Nunney, qui se trouvait alors au poste de commandement de sa compagnie, franchit le barrage et se rend jusqu’à la ligne d’avant-poste. Il se déplace d’une position à l’autre et encourage ses camarades en prêchant par son exemple d’intrépidité. L’ennemi est repoussé et la situation devient moins critique. Au cours de l’attaque du 2 septembre, il se retrouve continuellement devant ses camarades, grâce à sa rapidité. Son intrépidité exemplaire a sans aucun doute inspiré grandement sa compagnie dans la poursuite de ses objectifs. » [traduction de Défense nationale et les Forces canadiennes] (London Gazette, n° 31067, 14 décembre 1918 – en anglais seulement) 

Nunney est gravement blessé en posant ces actes de bravoure et il succombe à ses blessures le 18 septembre 1918. Il lègue tous ses effets personnels, y compris ses médailles, à la famille Calder. Lorsque les récipiendaires canadiens de la Croix de Victoria se rassemblent à Toronto en 1938, Mme Calder, alors veuve, est trop âgée pour participer à l’événement. Elle demande à une amie d’Alexandria, qui milite en faveur du bien-être des anciens combattants, de porter les médailles de Nunney au rassemblement. L’orphelin irlandais avait été adopté par une communauté entière. Sa Croix de Victoria est exposée au manège militaire de Cornwall. Bibliothèque et Archives Canada détient son dossier de service.

Sources

« Spirit of war hero marches on in VC », The Globe and Mail, 2 août 1938, p. 5, en anglais seulement


Andrew Horrall est archiviste principal à la Division des archives privées de Bibliothèque et Archives Canada.

William Hew Clark-Kennedy, VC

Par Andrew Horrall

William Hew Clark-Kennedy naît à Dunskey, en Écosse, le 3 mars 1880, et obtient un emploi à la Compagnie d’assurance Standard Life à 16 ans. Il sert dans un régiment de la cavalerie britannique pendant la guerre d’Afrique du Sud avant de déménager au Canada en 1902 pour y travailler au bureau montréalais de la Standard Life. C’est là qu’il rencontre sa future épouse Katherine « Kate » Reford.

Le 23 septembre 1914, Clark-Kennedy s’enrôle dans le 13e Bataillon (Royal Highlanders of Canada) à Valcartier, au Québec. Il débarque en France au mois de février suivant. Le 24 avril 1915, un obus d’artillerie s’écrase près de lui et de deux autres hommes. Les compagnons de Clark-Kennedy sont tués sur le coup, et lui se retrouve enfoui sous la terre et la boue. Les autres soldats, croyant qu’il avait lui aussi péri et que son corps avait été désintégré ou enterré, le déclarent mort au combat. Mais Clark-Kennedy n’a subi que des blessures mineures et, à l’insu de tous, il réussit à se dégager du sol et à retourner sur le champ de bataille. Il a fallu quelques jours à l’armée pour corriger l’erreur et permettre à Clark-Kennedy d’envoyer un télégramme à sa famille pour la rassurer.

Photo noir et blanc d’un officier devant un bâtiment; il porte une casquette d’officier et tient un bâton de marche dans sa main droite.

Le lieutenant-colonel Clark-Kennedy, VC, OC, 24e Bataillon. Photo prise en janvier 1919 (a003909)

Clark-Kennedy reçoit la Croix de Victoria pour ses actes du 27 et du 28 août 1918 alors qu’il commande le 24e Bataillon pendant la bataille d’Arras. Un extrait de la London Gazette décrit sa bravoure exceptionnelle : « Dès le début, la brigade, au centre de laquelle se trouve le 24e Bataillon, est la cible d’intenses tirs d’artillerie et de mitrailleuses; les pertes sont nombreuses, surtout parmi les chefs. Les unités sont en partie désorganisées et l’avance est freinée. Reconnaissant à quel point il est important que le front de la brigade soit dirigé par le centre et nullement découragé par les tirs d’anéantissement, le Lcol Clark-Kennedy, grâce à sa personnalité et à son initiative, devient une source d’inspiration pour ses hommes et les fait avancer. À plusieurs reprises, il leur donne un exemple hors du commun en les menant tout droit vers les nids de mitrailleuses qui les empêchent d’avancer et surmonte ces obstacles. En contrôlant l’orientation des unités avoisinantes et en rassemblant les hommes qui n’ont plus de chef, il s’avère très utile pour le renforcement de la ligne et permet à tout le front de la brigade d’avancer. » [traduction de Défense nationale et les Forces canadiennes]

Le lendemain, Clark-Kennedy fait preuve d’autant de courage malgré la grave blessure par balle qu’il a subie au genou droit. Sa citation se termine par la déclaration suivante : « On ne saurait surestimer les résultats obtenus grâce à la bravoure et au leadership de cet officier. » London Gazette, n° 31067, 14 décembre 1918 (en anglais seulement)

En plus de la Croix de Victoria, Clark-Kennedy reçoit à quatre reprises une citation à l’ordre du jour et à deux reprises l’Ordre du service distingué. La France lui décerne également une Croix de Guerre, et il est nommé Compagnon de l’Ordre de Saint-Michel et Saint‑Georges.

Photo noir et blanc de deux officiers devant une voiture dans laquelle le conducteur est assis. Ils portent tous deux une casquette d’officier et un pardessus.

Le lieutenant-colonel W.H. Clark-Kennedy (à droite), VC, CMG, DSO et barrette de médaille, et le brigadier-général J.H. MacBrien, DSO et barrette de médaille, CB (a006743)

De retour au Canada après la guerre, Clark-Kennedy reprend son emploi à la Standard Life, où il accédera éventuellement au poste de directeur de l’entreprise. Il meurt à Montréal le 25 octobre 1961. La famille de Clark-Kennedy conserve toujours sa Croix de Victoria. Bibliothèque et Archives Canada détient son dossier de service.

Sources

« Officer, feared dead, continued to fight », The Globe and Mail, 27 octobre 1961, p. 31, en anglais seulement

« Lt.-Col.Clark-Kennedy VC, dies here in 83rd year », Montreal Gazette, 27 octobre 1961, p. 4, en anglais seulement


Andrew Horrall est archiviste principal à la Division des archives privées de Bibliothèque et Archives Canada.

Charles Smith Rutherford, VC

Par Ashley Dunk

Dans la série des récipiendaires canadiens de la Croix de Victoria, Bibliothèque et Archives Canada souligne les actes posés par des soldats sur les champs de bataille il y a 100 ans. Aujourd’hui, nous rendons hommage à Charles Smith Rutherford, récipiendaire de la Croix de Victoria pour ses gestes de bravoure.

Photo noir et blanc d’un officier debout, tenant une canne.

Lieutenant Charles S. Rutherford, VC, vers 1914-1919 (a006703)

Né le 9 janvier 1892 à Colborne, en Ontario, Rutherford est fermier avant la guerre. Le 2 mars 1916, il s’enrôle à Toronto, en Ontario, et joint le 83e Bataillon du Corps expéditionnaire canadien comme soldat. Il arrive en France le 10 juin 1916. Rutherford obtient plusieurs décorations, dont la Médaille militaire le 23 février 1918 et la Croix militaire le 11 janvier 1919. Il est promu lieutenant le 28 avril 1918. Le 26 août 1918, lors de la cinquième bataille de la Scarpe, près de Monchy, en France, Rutherford dirige un groupe d’assaut. Devançant largement ses hommes, il aperçoit des ennemis à l’extérieur d’une casemate. Armé de son revolver, Rutherford leur fait signe de venir vers lui. Les soldats ennemis lui répondent qu’il doit plutôt s’approcher d’eux. Grâce à un mensonge habile, les soldats ennemis sont convaincus qu’ils sont entourés. Le groupe de 45 hommes, qui comprend deux officiers et trois mitrailleuses, se rend alors.

Photo noir et blanc de trois personnes debout, prenant la pose : une femme vêtue d’un manteau de fourrure, un officier avec une canne et un soldat avec une canne et un béret.

Lieutenant C. S. Rutherford, VC (centre), vers 1914-1919 (a006705)

Après avoir capturé ce groupe d’hommes, il convainc l’un des officiers ennemis de neutraliser une mitrailleuse à proximité, permettant aux troupes de Rutherford de se rendre jusqu’à lui. Rutherford s’aperçoit alors qu’une partie de son groupe d’assaut est ralenti par des tirs nourris d’une mitrailleuse se trouvant dans une autre casemate. Avec l’aide du reste de ses hommes, il attaque la casemate avec une section de mitrailleuses Lewis, réussissant à capturer 35 autres prisonniers ainsi que leurs mitrailleuses. Grâce à son leadership, son groupe d’assaut peut poursuivre sur sa lancée. Deux mois plus tard, la London Gazette rapporte ce qui suit :

Les gestes audacieux et courageux de cet officier ont concrètement contribué à la saisie de l’objectif principal. Il a fortement inspiré des militaires de tous grades à pousser l’attaque sur un emplacement très fortifié.

London Gazette, n° 31012, 12 novembre 1918

Le 20 mars 1919, Rutherford obtient son congé dans le cadre d’une démobilisation générale. Il s’éteint à Ottawa, en Ontario, le 11 juin 1989 à l’âge de 97 ans.

Photo noir et blanc d’un officier en tenue de cérémonie.

Capitaine Charles S. Rutherford, VC, sergent d’armes, Assemblée législative de l’Ontario, 1937 (a053785)

Bibliothèque et Archives Canada conserve le dossier de service numérisé du lieutenant Charles Smith Rutherford.


Ashley Dunk est adjointe de projet à la Division des expositions et du contenu en ligne de la Direction générale des services au public de Bibliothèque et Archives Canada.

Sergent Robert Spall, VC

Dans sa série de blogues sur les récipiendaires de la Croix de Victoria canadienne, Bibliothèque et Archives Canada présente un portrait de valeureux soldats à l’occasion du 100e anniversaire du jour où ils ont accompli les actes de bravoure pour lesquels ils ont reçu cette distinction. Aujourd’hui, nous nous souvenons du sergent Robert Spall, qui a fait preuve les 12 et 13 août 1918 d’un courage et d’une abnégation de soi dignes de la Croix de Victoria.

Une photographie en noir et blanc d’un soldat.

Le sergent Robert Spall, VC, sans date. Source : Wikimedia

Né à Ealing, dans l’Essex, en Angleterre, le 5 mars 1890, Spall immigre au Canada avec ses parents, qui s’installent à Winnipeg, au Manitoba. Avant la guerre, il est courtier en douanes et membre de la milice active. Le 28 juillet 1915, Spall s’enrôle à Winnipeg dans le 90e bataillon du Corps expéditionnaire canadien (CEC). Il débarque en France avec les Winnipeg Rifles le 13 février 1916 à l’âge de 26 ans. Plus tard, le 90e bataillon sera intégré au 11e bataillon de réserve pour prêter main-forte au CEC. Éventuellement, Spall aboutira avec le Princess Patricia’s Canadian Light Infantry (PPCLI).

Le 12 août 1918, une pluie d’obus allemands s’abat sur le PPCLI ainsi que sur les 116e et 42e bataillons canadiens, les obligeant à se terrer dans leurs tranchées respectives. L’objectif leur est transmis à midi : conjointement avec le 42e bataillon, le PPCLI devra repousser les Allemands de Parvillers à partir du sud. Le plan consiste à avancer jusqu’aux positions tenues par le 9e bataillon canadien d’infanterie au sud de Parvillers et à s’en servir comme point de départ, tout en bombardant les tranchées sur l’ancienne ligne de front allemande et les tranchées menant à Parvillers.

Cependant, lorsque la compagnie arrive aux positions qui lui ont été assignées, elle découvre que le 9e bataillon d’infanterie ne les contrôle pas, et qu’elles sont toujours aux mains des Allemands. En dépit de ce contretemps, l’attaque est lancée. À 20 h, les Canadiens ont fait peu de progrès après avoir rencontré une forte résistance. Mais les pertes s’alourdissent chez les Allemands à mesure que la compagnie gagne du terrain, avec une section de bombardiers s’avançant dans la tranchée allemande.

Une page d’un document textuel avec, à gauche, des trous de poinçon déchirés.

Journal de guerre du PPCLI décrivant l’attaque durant laquelle Spall tira sur des soldats allemands qui chargeaient, en août 1918, page 18 (en anglais seulement) (MIKAN 2005881)

À 6 h, le 13 août 1918, les Allemands contre-attaquent en force à partir de Parvillers et Damery; surgissant des bois en formation serrée, ils avancent à découvert. Cette soudaine et vigoureuse offensive force la compagnie à battre en retrait en direction de l’ancienne ligne de front allemande. Dans le chaos qui s’ensuit, deux pelotons sont séparés de la compagnie.

Spall participe vraisemblablement à cet assaut et contribue à dégager son peloton de sa fâcheuse position. Isolé avec son peloton du reste de la compagnie, Spall grimpe sur le parapet armé d’un fusil-mitrailleur Lewis et tire sur les soldats allemands qui s’approchent. De retour dans la tranchée, il entraîne ses hommes vers une sape à 75 verges seulement de l’ennemi. Il grimpe de nouveau sur le parapet et continue son assaut. C’est à ce moment-là qu’il est tué. Sa bravoure et son dévouement exceptionnels ont permis à ses hommes de rejoindre les autres, et son habileté à manier le fusil-mitrailleur Lewis a entraîné de lourdes pertes chez les Allemands.

Un document beige avec des cases séparées par des lignes, marqué d’une coche rouge et estampillé « Vimy Memorial » en violet.

Inscription du sergent Robert Spall dans les Registres de sépultures de guerre du Commonwealth, vol. 31830_B034454, page 845, 22 août 1918.

Sa citation se lit comme suit :

[…] dans le cadre d’une contre-attaque ennemie, lorsque son peloton se retrouve isolé. Le Sgt Spall s’empare d’une mitrailleuse Lewis et, debout sur le parapet, il fait feu sur l’ennemi qui progresse, lui infligeant de lourdes pertes. Il descend ensuite dans la tranchée et dirige ses hommes vers une sape à 75 verges de l’ennemi. S’emparant d’une autre mitrailleuse Lewis, ce brave sous-officier monte de nouveau sur le parapet et réussit, grâce à ses tirs, à contenir l’adversaire. C’est en accomplissant ce geste qu’il est tué.

Le Sgt Spall a délibérément fait le sacrifice de sa vie pour sortir son peloton d’une situation très difficile et c’est grâce à sa bravoure que ses hommes ont été sauvés. [traduction du ministère de la Défense et des Forces canadiennes]

London Gazette, numéro 30975, 25 octobre 1918 (en anglais seulement)

Le corps du sergent Spall n’a jamais été retrouvé. Son nom est inscrit sur le Mémorial national du Canada à Vimy ainsi que sur un monument commémoratif du Parc du patrimoine militaire de Barrie, en Ontario.

Bibliothèque et Archives Canada possède le dossier de service numérisé du sergent Robert Spall.

Le lieutenant Thomas Dinesen

Par Ashley Dunk

Dans sa série de blogues sur les récipiendaires de la Croix de Victoria canadienne, Bibliothèque et Archives Canada souligne les actes d’héroïsme de soldats posés il y a exactement 100 ans sur un champ de bataille. Aujourd’hui, nous rendons hommage au lieutenant Thomas Dinesen et à la bravoure dont il a fait preuve pendant la bataille d’Amiens, en France, le 12 août 1918.

Photo noir et blanc d’un soldat.

Le lieutenant Thomas Dinesen, sans date. Source : Wikimedia

Né le 9 août 1892 dans une riche famille d’aristocrates à Rungsted, au Danemark, Thomas Fasti Dinesen est ingénieur civil lorsqu’il essaie de s’enrôler dans l’armée de divers pays. Les armées française, britannique et américaine le refusent tour à tour. Ce n’est que le 26 juin 1917 qu’il réussit enfin à s’enrôler dans la 2e Compagnie de renfort du Corps expéditionnaire canadien. Dinesen sert dans le 20e Bataillon de réserve avant d’être muté au 42e Bataillon (Royal Highlanders of Canada), aussi connu sous le nom de Black Watch of Canada.

Dans la nuit du 11 au 12 août 1918, le 42e Bataillon est envoyé en renfort auprès de l’ancienne ligne de front britannique dans le secteur de Parvillers, en France. La progression des Alliés est bloquée à cet endroit par la présence de fils barbelés impénétrables séparant les anciennes lignes britanniques et allemandes. L’objectif est de s’emparer de Parvillers en pilonnant le secteur et en capturant la tranchée allemande âprement défendue. Le 12 août, vers 10 h du matin, des hommes sont envoyés deux par deux et à intervalles irréguliers au point de départ situé du côté nord de la route Rouvroy-Fouquescourt, pour ne pas alerter l’ennemi. L’attaque est déjà bien lancée lorsque les Allemands tentent de barrer la route aux Canadiens. Au milieu de l’après-midi, sur un signal donné, les soldats canadiens s’engouffrent dans les tranchées ennemies, où ils rencontrent de la résistance. Les Allemands subissent de nombreuses pertes et les Canadiens capturent plusieurs mitrailleuses.

Copie noir et blanc d’un document textuel comprenant quatre paragraphes ainsi que le chiffre « 2 » inscrit à la main en haut de la page.

Annexe du journal de guerre du 42e Bataillon d’infanterie canadien décrivant l’offensive du 11 et du 12 août 1918, p. 26 (en anglais) (e001110175).

Ce sont les faits d’armes du soldat Dinesen durant l’offensive des Alliés connue sous le nom de bataille d’Amiens qui lui valent sa Croix de Victoria. Le dernier jour de la bataille, il brave seul de violentes contre-attaques allemandes et réduit au silence des mitrailleuses hostiles. Armé de sa baïonnette et de grenades, Dinesen se livre à des combats corps à corps et tue 12 soldats ennemis. Ses vaillants efforts pendant plus de dix heures permettent de reprendre plus de 1,5 kilomètre de tranchées allemandes ardemment défendues à Parvillers.

En reconnaissance de ses actes de bravoure, le gouvernement français décerne la Croix de Guerre à Dinesen. En novembre 1918, il est nommé officier et il se hissera plus tard au grade de lieutenant.

Photo noir et blanc de six soldats portant un casque, assis dans un large trou creusé dans la boue. Certains mangent, d’autres tiennent leur fusil faisant dos au photographe.

Des Canadiens se reposant dans un trou d’obus créé par leur propre artillerie, août 1918 (a002859).

Dinesen meurt à Leerbaek, au Danemark, le 10 mars 1979. Sa Croix de Victoria est exposée dans la salle Ashcroft du Musée impérial de la guerre (en anglais seulement).

Après la guerre, Dinesen rédige et publie plusieurs livres en danois, dont ses mémoires relatant ses tentatives d’enrôlement et les événements qui lui ont valu sa Croix de Victoria, No Man’s Land : En Dansker Med Canadierne Ved Vestfronten. En 1930, l’ouvrage est traduit en anglais : Merry Hell! : A Dane with the Canadians. Une copie de cette traduction anglaise peut être consultée sur place à Bibliothèque et Archives Canada.

Bibliothèque et Archives Canada conserve le dossier de service numérisé du lieutenant Thomas Dinesen.


Ashley Dunk est assistante de projet à la Division du contenu en ligne de la Direction générale des services au public.

James Edward Tait, VC

Par John Morden 

Aujourd’hui, nous rendons hommage dans notre blogue au lieutenant James Edward Tait, récipiendaire de la Croix de Victoria pour les gestes de bravoure qu’il a posés sur le champ de bataille français il y a 100 ans, en août 1918.

Photo noir et blanc d’un officier portant un ceinturon-baudrier, les mains derrière le dos.

Lieutenant James Edward Tait, récipiendaire de la Croix de Victoria, sans date (a006775)

Né le 27 mai 1888 à Dumfries, en Écosse, James Edward Tait immigre plus tard à Winnipeg, au Manitoba. Avant la guerre, il est ingénieur civil et fait partie de la milice du 100e Régiment (Winnipeg Grenadiers). Il a déjà servi cinq ans dans l’Imperial Yeomanry, quatre ans dans un régiment d’éclaireurs et un an dans un escadron anonyme. Le 22 janvier 1916, il s’enrôle auprès du 100e Bataillon du Corps expéditionnaire canadien. À l’hiver 1917, on le transfère au 78e Bataillon. Il sera blessé trois fois : le 1er avril et le 16 septembre 1917, ainsi que le 21 avril 1918. Il recevra la Médaille militaire le 16 août 1917.

Photo noir et blanc d’un groupe de soldats entourant un combattant ennemi récemment capturé.

Prisonnier allemand capturé par le 78e Bataillon lors d’un raid nocturne, mai 1918 (a002628)

Description manuscrite des conditions météo et des événements de la journée.

Journal de guerre du 78e Bataillon d’infanterie du Canada : page du 18 août 1917 décrivant la capture d’un soldat allemand par James Edward Tait. Tait est également mentionné dans l’entrée du 17 septembre (MIKAN 1883274)

Tait se mérite la Croix de Victoria à titre posthume pour ses actes de bravoure du 11 août 1918. À cette date, les Alliés ont déjà commencé l’offensive des Cent-Jours, leur dernier effort en vue de percer le front occidental. Le 8 août, premier jour de la bataille d’Amiens, les forces britanniques et canadiennes font des avancées considérables; les commandants allemands qualifieront d’ailleurs ce moment de « jour de deuil de l’armée allemande ».

Les jours suivants, la résistance allemande s’intensifie. L’unité de Tait affronte des positions ennemies réorganisées et solidifiées dans la forêt de Beaucourt, en France. C’est là que le 78e Bataillon est ralenti par des tirs de mitrailleuses. Tait continue de faire avancer ses hommes malgré les tirs nourris. Une mitrailleuse allemande empêchant toujours leur progression, il s’élance en sa direction, abat le mitrailleur et réussit à rassembler ses hommes. Son geste héroïque figure dans la London Gazette de septembre 1918 :

« Pour un acte de bravoure remarquable et pour son initiative à l’assaut. La progression de sa compagnie étant arrêtée par les tirs nourris des mitrailleuses, le lieutenant Tait rassemble sa compagnie et la fait avancer avec grande habileté et beaucoup d’audace, malgré la pluie de projectiles. Toutefois, une mitrailleuse ennemie embusquée continue de causer de lourdes pertes. S’emparant d’un fusil et d’une baïonnette, le lieutenant Tait charge, seul, et tue l’artilleur ennemi. Inspirés par son exemple, ses hommes attaquent la position allemande, saisissent 12 mitrailleuses et font 20 prisonniers. Ce courageux fait d’armes ouvre la voie à son bataillon, qui peut ainsi poursuivre sa route. » [Traduction]

Malheureusement, plus tard ce jour-là, un obus allemand inflige une blessure mortelle à Tait, qui continuera néanmoins de diriger ses hommes jusqu’à son dernier souffle. Tait est enterré au cimetière britannique Fouquescourt, près de la Somme, en France. Sa Croix de Victoria est aujourd’hui exposée au Musée Glenbow, à Calgary.

Bibliothèque et Archives Canada conserve le dossier de service numérisé du lieutenant James Edward Tait.


John Morden est étudiant émérite en histoire à l’Université Carleton et stagiaire à la Division des expositions et du contenu en ligne de Bibliothèque et Archives Canada.

Alexander Picton Brereton, Frederick George Coppins, John Bernard Croak et Raphael Louis Zengel : récipiendaires de la Croix de Victoria

Par John Morden

Aujourd’hui, nous honorons quatre Canadiens ayant obtenu la Croix de Victoria pendant la dernière campagne menée sur le front occidental, connue sous le nom de l’offensive des Cent-Jours : Alexander Picton Brereton, Frederick George Coppins, John Bernard Croak et Raphael Louis Zengel.

Alexander Picton Brereton

Photo noir et blanc d’un soldat assis, portant un uniforme et une casquette.

Le sergent Alexander Picton Brereton, VC, 8e Bataillon, sans date (a006962)

Alexander Picton Brereton est né le 13 novembre 1892 à Oak River, au Manitoba. Avant de s’enrôler dans le 144e Bataillon du Corps expéditionnaire canadien le 31 janvier 1916, il est barbier et sert dans la milice. En avril 1917, il est muté au 8e Bataillon. Brereton reçoit la Croix de Victoria pour ses actes accomplis le 9 août 1918 près de Warvillers, en France. Pendant une attaque lancée contre les forces allemandes, Brereton et ses hommes se font prendre à découvert et sont cloués au sol par le feu nourri des mitrailleuses allemandes. Dans un acte de bravoure remarquable (en anglais seulement), Brereton, constatant que son unité n’a guère de chance de s’en sortir, s’élance seul vers une mitrailleuse allemande et s’en empare. L’audace de Brereton incite ses hommes à capturer d’autres nids de mitrailleuses allemands. Brereton survit à la Première Guerre mondiale et est démobilisé de l’armée le 10 avril 1919. Il meurt le 10 janvier 1976 à Calgary, en Alberta, et il est enterré au cimetière Elnora.

 

Frederick George Coppins

Photo noir et blanc d’un soldat en uniforme, debout, les mains derrière le dos.

Le sergent Frederick George Coppins, VC, sans date (a006765)

Né le 25 octobre 1889 à Londres, en Angleterre, Frederick George Coppins sert dans le Royal West Kent Regiment avant d’immigrer au Canada. Il s’enrôle dans le Corps expéditionnaire canadien bien avant la plupart des autres soldats canadiens. Il se joint au 19e Alberta Dragoons le 23 septembre 1914. À l’été 1918, au moment où les Alliés s’apprêtent à lancer leur dernière offensive qui les mènera à la victoire, Coppins est un vétéran aguerri. Il est promu caporal et muté au 8e Bataillon, l’unité de Brereton. Coppins se verra attribuer la Croix de Victoria pour les événements du 9 août 1918. Tout comme Brereton, Coppins et ses hommes sont immobilisés par des tirs de mitrailleuses allemandes. Analysant la situation, il rassemble une poignée d’hommes pour attaquer un poste de mitrailleuse allemand. Durant l’attaque, Coppins est blessé et ses compagnons tués. Cela ne l’empêche pourtant pas de persister et de s’emparer du poste (extrait de la London Gazette du 28 septembre 1918, en anglais seulement), faisant prisonniers plusieurs soldats ennemis. Malgré ses blessures, Coppins demeure sur le champ de bataille jusqu’à l’atteinte des objectifs canadiens. Il survit miraculeusement à quatre années de service militaire et est démobilisé de l’armée le 30 avril 1919. Il meurt le 30 mars 1963 à Livermore, en Californie, à 73 ans.

 

John Bernard Croak

Photo noir et blanc d’un soldat prise sur le vif à l’extérieur.

Le soldat John Bernard Croak, VC, sans date. Source : Direction de l’histoire et du patrimoine (Défense nationale et Forces canadiennes)

John Bernard Croak est né le 18 mai 1892 à Little Bay, à Terre-Neuve. Il déménage ensuite avec sa famille à Glace Bay, en Nouvelle-Écosse. Avant le déclenchement de la guerre, à l’été 1914, Croak travaille comme manœuvre. Il se joint au Corps expéditionnaire canadien le 7 août 1915 et est affecté au 55e Bataillon. En avril 1916, il est muté au 13e Bataillon. Croak obtient la Croix de Victoria pour les actes qu’il accomplit le 8 août 1918, lors de la bataille d’Amiens. Ce jour-là, dans le feu de l’offensive canadienne, Croak se retrouve séparé de son unité. Il tombe sur un poste de mitrailleuse allemand et capture à lui seul l’ensemble de l’équipe de tir. Il demeure sur le champ de bataille malgré les blessures subies par la suite. Après avoir retrouvé son unité, Croak découvre l’emplacement de plusieurs mitrailleuses allemandes. Devant cette menace, il s’élance une fois de plus à l’attaque du poste ennemi, suivi de près par ses compagnons d’armes. L’attaque réussit, et ils capturent trois mitrailleuses et les soldats allemands qui les opéraient. De nouveau blessé grièvement, Croak succombe quelques minutes plus tard, après avoir posé un acte de bravoure qui est « une inspiration pour tous » (extrait du London Gazette du 24 septembre 1918, en anglais seulement). Il est enterré au cimetière britannique du bois de Hangard, près de la Somme, en France.

 

Raphael Louis Zengel

Photo noir et blanc du buste d’un soldat portant en bandoulière une ceinture pâle de sous-officier, des balles sur la poitrine.

Le sergent Raphael Louis Zengel, VC, 5e Bataillon, 1914 (a006796)

Né à Faribault, au Minnesota, le 11 novembre 1894, Raphael Louis Zengel est l’un des nombreux Américains récipiendaires de la Croix de Victoria. Enfant, il déménage avec sa mère à Plunkett, en Saskatchewan. Avant la guerre, il travaille comme ouvrier agricole. En décembre 1914, peu après le déclenchement des hostilités, Zengel s’enrôle dans le 45e Bataillon du Corps expéditionnaire canadien. Il est ensuite muté au 5e Bataillon. Le 17 octobre 1917, il est promu au grade de sergent.

Zengel obtient la Croix de Victoria pour les faits survenus le 9 août 1918, pendant la bataille d’Amiens. Alors qu’il dirige son peloton durant une attaque, il remarque une brèche sur son flanc. Zengel, sous une rafale de tirs, s’élance devant son unité et s’empare d’un poste de mitrailleuses allemand. Plus tard ce jour-là, il est atteint par un obus allemand et il perd connaissance. À son réveil, il continue de mener ses hommes. Ses « efforts pendant l’attaque étaient exceptionnels » (extrait du London Gazette du 24 septembre 1918, en anglais seulement). Malgré les blessures subies en septembre, Zengel survit à la guerre qui prend fin le jour même de son 24e anniversaire. Il est démobilisé le 24 avril 1919. Le 27 février 1977, il s’éteint à Errington, en Colombie-Britannique, à l’âge de 82 ans.

Bibliothèque et Archives Canada conserve les dossiers de service numérisés de Brereton, de Coppins, de Croak et de Zengel.


John Morden est un étudiant spécialisé en histoire de l’Université Carleton faisant un stage au sein de la Division des expositions et du contenu en ligne de Bibliothèque et Archives Canada.

Lieutenant Jean Brillant, caporal Herman James Good et caporal Harry Garnet Bedford Miner

Par John Morden

Aujourd’hui, la série Hommage aux récipiendaires canadiens de la Croix de Victoria se souvient des trois premiers soldats ayant obtenu la Croix de Victoria pendant la campagne des cent jours du Canada : Jean Brillant, Herman James Good et Harry Garnet Bedford Miner.

Lieutenant Jean Brillant

Photo noir et blanc d’un soldat en uniforme regardant directement vers l’appareil photo. Il se tient derrière deux autres hommes en uniforme dont les visages sont partiellement visibles au premier plan. On aperçoit un arbre en arrière-plan.

Lieutenant Jean (John) Brillant, VC, MC, juin 1918 (c009271)

Né le 15 mars 1890 à Assemetquaghan, au Québec, le lieutenant Jean Brillant se joint à la milice canadienne et occupe un poste de télégraphiste avant de s’enrôler dans le 189e Bataillon du Corps expéditionnaire canadien le 11 janvier 1916. Brillant est ensuite transféré au 22e Bataillon canadien-français. En mai 1918, il dirige avec succès un raid qui lui vaut la Croix militaire (MC). Au début de la bataille d’Amiens, la première grande mesure de guerre de l’offensive des Cent-Jours, Brillant se mérite la Croix de Victoria pour ses actes d’héroïsme menés du 8 au 9 août 1918, à l’extérieur de Meharicourt, en France. Pendant cette bataille, Brillant, dont la compagnie est immobilisée par une mitrailleuse, réussit à assaillir l’ennemi et à capturer l’arme allemande. Malgré ses blessures, il rassemble deux pelotons et, ensemble, ils capturent une autre position de mitrailleuse allemande. Cent cinquante soldats allemands sont capturés et quinze mitrailleuses sont saisies. Brillant subit de nouveau des blessures. Lorsqu’une pièce d’artillerie allemande attaque les unités de Brillant, ce dernier mène encore une fois ses hommes vers la position ennemie. Il est blessé pour la troisième fois et s’effondre, souffrant d’épuisement et d’une importante perte de sang. Brillant succombe à ses blessures le jour suivant, le 10 août 1918. Lisez la description de ses actes dans la London Gazette. Brillant est enterré au cimetière militaire de Villers-Bretonneux, près de Somme, en France.

Caporal Herman James Good

Photo noir et blanc d’un soldat en uniforme regardant directement vers l’appareil photo et portant un grand béret.

Caporal Herman James Good, VC, sans date (a006663)

Le caporal Herman James Good est né le 29 novembre 1887 à Bathurst, au Nouveau-Brunswick. Avant la Première Guerre mondiale, Good est fermier. Il se joint au 55e Bataillon du Corps expéditionnaire canadien le 29 juin 1915. Good est ensuite transféré au 13e Bataillon des Royal Highlanders du Canada le 15 avril 1916. Même s’il souffre d’un traumatisme dû au bombardement, il continue de servir dans l’armée jusqu’à la fin de la guerre. Le 8 août 1918, Good obtient la Croix de Victoria pour ses actions menées le premier jour de la bataille d’Amiens. Pendant cette bataille, l’unité de Good est ralentie par trois mitrailleuses allemandes. En réaction à ce problème, Good décide d’assaillir la position ennemie. Il tue plusieurs soldats allemands et capture ceux qui sont toujours en vie. Plus tard ce jour-là, Good tombe sur une batterie d’artillerie allemande. En compagnie de trois autres hommes, il capture les artilleurs et leurs armes. Good survit à la guerre et ne décède qu’à l’âge de 81 ans, le 18 avril 1969, dans sa ville natale de Bathurst.

Caporal Harry Garnet Bedford Miner

Photo noir et blanc d’un soldat en uniforme assis sur une chaise, les mains croisées, regardant vers l’appareil photo.

Caporal Harry Garnet Bedford Miner, VC, sans date. Source : Direction – Histoire et patrimoine (http://www.cmp-cpm.forces.gc.ca/dhh-dhp/index-fra.asp)

Né le 24 juin 1891 à Cedar Springs, en Ontario, le caporal Harry Garnet Bedford Miner travaille comme fermier avant le déclenchement de la guerre à l’été 1914. En novembre 1915, Miner se joint au 142e Bataillon du Corps expéditionnaire canadien. Il est ensuite transféré au 58e Bataillon, unité dans laquelle il se trouvera jusqu’à la fin de son service. Miner obtient la Croix de guerre française en 1917 pour ses actions lors d’une mission menée à partir de Lens, en France. Les actes de Miner sur le champ de bataille le 8 août 1918 lui valent la Croix de Victoria. Ce jour-là, malgré une blessure grave, Miner attaque et capture un nid de mitrailleuses allemandes, tue les soldats qui s’y trouvent et commence à tirer sur l’ennemi. Plus tard, avec deux autres hommes, il capture une autre position de mitrailleuse allemande ainsi qu’un poste de bombardement. Malheureusement, Miner succombe à ses blessures au cours de la journée. Miner est enterré au cimetière britannique de Crouy, près de Somme, en France.

Bibliothèque et Archives Canada possède les dossiers de service complets du lieutenant Jean Brillant, du caporal Herman James Good et du caporal Harry Garnet Bedford Miner. Trouvez les membres de votre famille ayant combattu pendant la Première Guerre mondiale en consultant la base de données des dossiers du personnel de la Première Guerre mondiale.


John Morden est un étudiant émérite en histoire de l’Université Carleton faisant un stage au sein de la Division des expositions et du contenu en ligne de Bibliothèque et Archives Canada. 

Le chemin vers la paix : les cent jours du Canada

Par Emily Monks-Leeson

Après des années de guerre de tranchées statique, les Alliés ont pu, grâce à leur offensive des cent derniers jours de la Première Guerre mondiale, traverser la ligne de tranchées pour forcer les belligérants à combattre en terrain découvert. Une rapide série de victoires des Alliés a enfin permis de repousser les Allemands hors de la France, derrière la Ligne Hindenburg, menant à l’armistice du 11 novembre 1918.

À la suite de sa victoire à la crête de Vimy, le Corps canadien ne perd aucune autre opération offensive importante durant la Première Guerre mondiale. Les soldats, ayant mérité leur réputation de « troupes de choc », sont envoyés dans les combats les plus difficiles. Comme le premier ministre britannique David Lloyd George l’écrit plus tard dans ses mémoires : « Les Allemands se préparaient au pire dès l’arrivée du Corps canadien. » De fait, entre le 8 août et le 11 novembre 1918, les quatre divisions canadiennes, composées d’environ 100 000 hommes, mènent à la défaite ou au retrait de 47 divisions allemandes, soit le quart des forces de combat de l’Allemagne au front occidental. Les Canadiens se battent à Amiens, à Arras, à la Ligne Hindenburg, au Canal du Nord, à Bois de Bourlon, à Cambrai, à Denain et à Valenciennes. Ces batailles, qui jouent un rôle central dans la défaite de l’armée allemande, seront connues sous le nom des « cent jours du Canada ». Pendant le dernier mois de la guerre, du 10 au 11 novembre 1918, les troupes canadiennes poursuivent les forces allemandes sur plus de 70 kilomètres dans une série de combats prenant fin à Mons, en Belgique. L’emplacement de cette dernière bataille est hautement symbolique pour les Alliés. En effet, c’est à Mons que les Anglais ont combattu les Allemands pour la première fois le 23 août 1914.

Photo noir et blanc montrant un large groupe de soldats allemands rassemblés entre un village et une rivière ou un canal. Les bâtiments à l’arrière-plan sont en bonne partie détruits.

Des prisonniers allemands capturés par les Canadiens à la suite de la bataille d’Amiens, août 1918 (a002858)

Bien que le succès des Canadiens ait été largement reconnu, il a mené à des pertes importantes : 20 % des hommes canadiens tombés au combat ont perdu la vie au cours de ces 100 derniers jours. Les décès et les victoires sur le champ de bataille des cent jours du Canada sont honorés aux monuments commémoratifs de Le Quesnel, de Dury et de Bois de Bourlon. La libération de Mons par le Canada est soulignée par une plaque installée à l’hôtel de ville de Mons.

Photo noir et blanc de brancardiers et de personnel médical s’occupant de soldats blessés alors que d’autres soldats sont debout en arrière-plan.

Des blessés arrivent à une infirmerie de campagne canadienne, bataille d’Amiens, août 1918 (a002930)

Pendant les cent jours du Canada, trente soldats canadiens obtiennent la Croix de Victoria, décoration militaire la plus prestigieuse du Commonwealth reconnaissant la bravoure devant l’ennemi. La série Centenaire de la Première Guerre mondiale – hommage aux récipiendaires canadiens de la Croix de Victoria du blogue de Bibliothèque et Archives Canada rend hommage aux récipiendaires de la Croix de Victoria. Chacun d’entre eux sera honoré au cours des 100 prochains jours, soit jusqu’au 11 novembre, jour de l’Armistice.


Emily Monks-Leeson est archiviste pour le service des Opérations numériques à Bibliothèque et Archives Canada.