Par Ashley Dunk
Dans sa série de blogues sur les récipiendaires de la Croix de Victoria canadienne, Bibliothèque et Archives Canada souligne les actes d’héroïsme de soldats posés il y a exactement 100 ans sur un champ de bataille. Aujourd’hui, nous rendons hommage au lieutenant Thomas Dinesen et à la bravoure dont il a fait preuve pendant la bataille d’Amiens, en France, le 12 août 1918.

Le lieutenant Thomas Dinesen, sans date. Source : Wikimedia
Né le 9 août 1892 dans une riche famille d’aristocrates à Rungsted, au Danemark, Thomas Fasti Dinesen est ingénieur civil lorsqu’il essaie de s’enrôler dans l’armée de divers pays. Les armées française, britannique et américaine le refusent tour à tour. Ce n’est que le 26 juin 1917 qu’il réussit enfin à s’enrôler dans la 2e Compagnie de renfort du Corps expéditionnaire canadien. Dinesen sert dans le 20e Bataillon de réserve avant d’être muté au 42e Bataillon (Royal Highlanders of Canada), aussi connu sous le nom de Black Watch of Canada.
Dans la nuit du 11 au 12 août 1918, le 42e Bataillon est envoyé en renfort auprès de l’ancienne ligne de front britannique dans le secteur de Parvillers, en France. La progression des Alliés est bloquée à cet endroit par la présence de fils barbelés impénétrables séparant les anciennes lignes britanniques et allemandes. L’objectif est de s’emparer de Parvillers en pilonnant le secteur et en capturant la tranchée allemande âprement défendue. Le 12 août, vers 10 h du matin, des hommes sont envoyés deux par deux et à intervalles irréguliers au point de départ situé du côté nord de la route Rouvroy-Fouquescourt, pour ne pas alerter l’ennemi. L’attaque est déjà bien lancée lorsque les Allemands tentent de barrer la route aux Canadiens. Au milieu de l’après-midi, sur un signal donné, les soldats canadiens s’engouffrent dans les tranchées ennemies, où ils rencontrent de la résistance. Les Allemands subissent de nombreuses pertes et les Canadiens capturent plusieurs mitrailleuses.

Annexe du journal de guerre du 42e Bataillon d’infanterie canadien décrivant l’offensive du 11 et du 12 août 1918, p. 26 (en anglais) (e001110175).
Ce sont les faits d’armes du soldat Dinesen durant l’offensive des Alliés connue sous le nom de bataille d’Amiens qui lui valent sa Croix de Victoria. Le dernier jour de la bataille, il brave seul de violentes contre-attaques allemandes et réduit au silence des mitrailleuses hostiles. Armé de sa baïonnette et de grenades, Dinesen se livre à des combats corps à corps et tue 12 soldats ennemis. Ses vaillants efforts pendant plus de dix heures permettent de reprendre plus de 1,5 kilomètre de tranchées allemandes ardemment défendues à Parvillers.
En reconnaissance de ses actes de bravoure, le gouvernement français décerne la Croix de Guerre à Dinesen. En novembre 1918, il est nommé officier et il se hissera plus tard au grade de lieutenant.

Des Canadiens se reposant dans un trou d’obus créé par leur propre artillerie, août 1918 (a002859).
Dinesen meurt à Leerbaek, au Danemark, le 10 mars 1979. Sa Croix de Victoria est exposée dans la salle Ashcroft du Musée impérial de la guerre (en anglais seulement).
Après la guerre, Dinesen rédige et publie plusieurs livres en danois, dont ses mémoires relatant ses tentatives d’enrôlement et les événements qui lui ont valu sa Croix de Victoria, No Man’s Land : En Dansker Med Canadierne Ved Vestfronten. En 1930, l’ouvrage est traduit en anglais : Merry Hell! : A Dane with the Canadians. Une copie de cette traduction anglaise peut être consultée sur place à Bibliothèque et Archives Canada.
Bibliothèque et Archives Canada conserve le dossier de service numérisé du lieutenant Thomas Dinesen.
Ashley Dunk est assistante de projet à la Division du contenu en ligne de la Direction générale des services au public.