La vie du carabinier Sulo W. Alanen

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Par Ariane Gauthier

Photographie sépia de Sulo W. Alanen, âgé d’environ 30 ans, publiée dans un journal finlandais annonçant son décès.

Photo de Sulo W. Alanen telle qu’elle est parue dans un journal finlandais annonçant son décès. (Source : Mémorial virtuel de guerre du Canada)

L’histoire de Sulo W. Alanen prend racine dans le village nord-ontarien de Nolalu, une petite localité près de Thunder Bay, qui a vu le jour grâce à l’arrivée des colons finlandais dans la région. Ceux-ci ont sans doute été attirés par l’industrie florissante du bois, le potentiel pour les exploitations agricoles, et la commodité du chemin de fer traversant Nolalu.

Matti Alanen, originaire de Jurva, en Finlande, faisait partie de ces immigrants qui ont bravé le sort en s’embarquant vers le Canada en 1904, poussés par la promesse d’une vie meilleure. Comme beaucoup de compatriotes, il s’installe à Nolalu, une communauté finlandaise en pleine croissance, fondée seulement quatre ans plus tôt. Il y trouve une certaine familiarité dans un pays étranger, entouré de voisins serviables finlandais. Matti choisit l’agriculture comme principal moyen de subsistance. En 1908, Hilma Lehtiniemi, originaire d’Ikaalinen, en Finlande, rejoint sa famille au Canada. À son arrivée à Nolalu, elle rencontre et épouse Matti, probablement vers 1910, comme le confirme le dossier militaire de Sulo, qui mentionne leur mariage en avril 1910 à Port Arthur, en Ontario.

Sulo, le troisième enfant et garçon du couple, est né le 13 mai 1914 à Silver Mountain, en Ontario, une petite localité minière près de Nolalu. La ferme familiale des Alanen semble avoir été située quelque part entre ces deux communautés, puisque le dossier de service de Sulo indique parfois qu’il réside à Silver Mountain, parfois à Nolalu.

Photographie en noir et blanc datant de 1888, montrant le village minier de Silver Mountain, entouré d’une vaste forêt et d’un paysage rural.

Village minier de Silver Mountain, 1888. (Source : a045569)

Sulo était l’enfant du milieu d’une fratrie de cinq. Le recensement de 1931 donne un aperçu de son enfance, en révélant que sa langue maternelle est le finnois. Cela n’a rien d’étonnant, étant donné que Nolalu était une communauté principalement finlandaise, où la majorité des colons partageaient cette même langue. Les déclarations de recensements des foyers voisins confirment cette réalité : presque tous les chefs de famille étaient originaires de Finlande et leur première langue était le finnois.

Extrait du recensement de 1931 pour Nolalu, présentant les membres de la famille Alanen, leur âge, leur sexe et leur lieu de naissance.

Capture d’écran du recensement de 1931 montrant la famille Alanen. Le nom de Sulo figure à la ligne 42 de la 5e page. (Source : e011639213)

L’anglais est venu plus tard pour Sulo, ses frères et sa sœur, probablement du simple fait qu’ils vivaient au Canada, puisqu’aucun d’eux n’a fréquenté l’école ni appris à écrire. Une grande partie de l’enfance de Sulo a été consacrée à travailler à la ferme familiale. À l’âge adulte, Sulo continue à travailler à la ferme de son père jusqu’à son enrôlement dans l’armée durant la Seconde Guerre mondiale. Son dossier de service mentionne également qu’il travaillait occasionnellement comme bûcheron pour accroître ses revenus.

Sulo est contraint de servir au 102ᵉ camp d’entraînement de base canadien à Fort William, conformément à la Loi sur la mobilisation des ressources nationales, adoptée en 1941 par le gouvernement King dans la volonté d’un compromis visant à éviter une conscription généralisée. Cette loi oblige les hommes valides à contribuer à la défense et à la sécurité nationale du Canada. Après avoir terminé les 30 jours de service exigés par ce programme, Sulo prend une décision déterminante pour la suite : il s’enrôle volontairement, le 4 mai 1943.

Son enrôlement dans l’Armée canadienne coïncide avec les préparatifs essentiels des Alliés pour les débarquements du jour J, planifiés pour l’été 1944. De sa formation initiale au Camp Shilo, au Manitoba, jusqu’à son embarquement pour l’Angleterre, Sulo a un objectif clair : se préparer en vue de l’assaut sur Juno Beach.

Le navire à bord duquel il voyage arrive en Angleterre le 11 avril 1944, seulement deux mois avant l’opération Overlord. Le 27 avril, Sulo est affecté aux Royal Winnipeg Rifles, précisément au 2ᵉ groupe canadien de renfort de base. Cette affectation signifie qu’il n’est pas destiné à participer à la première vague d’assaut. En tant que membre de la compagnie C, il doit rejoindre les Royal Winnipeg Rifles après que ceux-ci auront percé le mur de l’Atlantique.

Le journal de guerre des Royal Winnipeg Rifles nous donne un aperçu de ce que fut le jour J pour Sulo et ses camarades. Les troupes sont informées à 21 h, la veille, que l’opération Overlord est lancée, et toutes accueillent cette nouvelle avec un certain enthousiasme. Le journal note : « Il régnait une atmosphère d’attente et un sentiment d’aventure sur tous les navires cette nuit-là. Nous étions à la veille du jour pour lequel nous nous sommes entraînés si durement et si longtemps en Angleterre. »

La longue journée commence à 4 h du matin par une tasse de thé et une collation froide. Le ciel est couvert; la mer agitée. À 5 h 15, les chalands de débarquement sont abaissés du navire Llangibby Castle, encore à environ 15 kilomètres de la côte. À 6 h 55, la marine royale et le soutien aérien commencent à bombarder la côte française. Les chalands atteignent la plage vers 7 h 49, et les compagnies B et D débarquent en premier. Comme le note sombrement le journal de guerre : « Le bombardement n’ayant tué aucun Allemand ni réduit au silence une seule arme, ces compagnies durent attaquer leurs positions “à froid” – et le firent sans hésiter. »

Les compagnies A et C touchent terre un peu plus tard, vers 9 h. La compagnie C débarque sur les secteurs Mike et Love de Juno Beach, où la plage et les dunes environnantes sont sous l’intense feu des mortiers. Cloués sur place pendant environ deux heures, les soldats parviennent finalement à se regrouper et, aux côtés de la compagnie A, avancent vers leur objectif, Banville. En chemin, ils affrontent plusieurs îlots de résistance qu’ils parviennent à neutraliser, jusqu’au sud de Banville, où l’ennemi s’est solidement retranché dans une position stratégique.

Carte de Juno Beach illustrant les mouvements de la 3e Division d’infanterie canadienne le jour J. Les parties agrandies indiquent le secteur de débarquement et le trajet de la compagnie C des Royal Winnipeg Rifles.

Carte de Juno Beach montrant les mouvements de la 3e Division d’infanterie canadienne le jour J. (Source : e999922605-u)

La première journée de la bataille de Normandie conduit les membres survivants des Royal Winnipeg Rifles jusqu’à Creully, vers 17 h, achevant ainsi la phase II de l’opération Overlord. Peu de temps de repos leur est accordé, en particulier à la compagnie C, qui doit repousser une attaque de patrouille ennemie à 2 h du matin. Les soldats parviennent à contrer l’assaut et font 19 prisonniers allemands, ce qui leur permet de bénéficier d’un court répit jusqu’à 6 h 15, heure à laquelle ils reçoivent l’ordre d’avancer à nouveau. Leur prochain objectif est la ligne OAK à Putot-en-Bessin.

Cet épisode marque le début de l’expérience éprouvante des Royal Winnipeg Rifles dans les jours suivant le débarquement, marqués par l’une des résistances allemandes les plus féroces et acharnées.

Photographie prise par le lieutenant Bell, photographe militaire, montrant de l’artillerie canadienne camouflée avec des branchages, Carpiquet, France, 4 juillet 1944.

Numérotations militaires 35899-36430 – Europe du Nord-Ouest — Album 75 de 110. (Source : e011192295)

Le 5 juillet, les Royal Winnipeg Rifles atteignent péniblement le village de Marcelet, où ils se livrent à la bataille de Carpiquet. Bien que le dossier de service de Sulo ne donne pas de détails précis sur les blessures qui ont mis fin à sa vie ce jour-là, le journal de guerre rapporte que son régiment est constamment soumis aux bombardements ennemis et aux mitraillages aériens tout au long de la journée. Dans ce chaos, Sulo aurait été soit touché par des éclats d’obus, soit enseveli sous les décombres de bâtiments effondrés. Sulo n’est pas retrouvé immédiatement et est signalé comme disparu. Son corps est enfin retrouvé après une légère accalmie dans les combats le 5 juillet, et il est officiellement déclaré tué au combat.

Comme de nombreux Canadiens qui ont donné leur vie lors du débarquement et de la bataille de Normandie, Sulo W. Alanen repose au cimetière de guerre canadien de Bény-sur-Mer dans le Calvados, en France. Il y est enterré dans la parcelle XV. G. 16, où son nom restera gravé à jamais.

Pour en savoir plus sur le sujet :


Ariane Gauthier est archiviste de référence à la Direction générale de l’accès et des services à Bibliothèque et Archives Canada.

La vie du soldat Marcel Gauthier (partie 2)

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Par Ariane Gauthier

J’ai appris l’existence de Marcel Gauthier il y a quelques années, alors que je visitais le cimetière militaire canadien de Bény-sur-Mer, en France. Bien que nous ayons le même nom de famille, Marcel n’est pas mon ancêtre. J’ai cependant toujours conservé le souvenir de ce jeune homme – l’unique Gauthier reposant dans ce grand cimetière. Avec le lancement du recensement de 1931, j’ai enfin eu l’occasion d’en apprendre plus sur lui. Je souhaite maintenant vous faire découvrir comment les multiples ressources de Bibliothèque et Archives Canada (BAC) permettent de reconstituer la vie d’une personne, par exemple un ancêtre ou encore un soldat.

Cette deuxième partie du blogue traitera de la vie de Marcel Gauthier, de son enrôlement militaire jusqu’à sa mort.

Photo noir et blanc d’un jeune homme vêtu de son uniforme militaire.

Photo du soldat Marcel Gauthier alors âgé de 21 ans, publiée dans un journal d’Ottawa pour annoncer son décès outremer (Mémorial virtuel de guerre du Canada).

Le soldat Marcel Gauthier (Joseph Jean Marcel Gauthier)

  • C/102428
  • Le Régiment de la Chaudière, R.C.I.C.
  • Date de naissance : 18 novembre 1922
  • Date de décès : 15 juillet 1944
  • Âge au moment du décès : 21 ans

Son dossier militaire est disponible à BAC sur la base de données des Dossiers de service des victimes de guerre, 1939 à 1947.

Peu de temps après s’être enrôlé, le 29 janvier 1943, Marcel quitte Ottawa pour commencer son entraînement à Cornwall, sans se douter qu’il ne reverra jamais sa ville natale.

Malgré les convictions qui l’ont poussé à s’engager dans l’armée, Marcel n’est pas un soldat modèle. À Cornwall, il quitte son lieu d’affectation, l’hôpital du camp, sans permission officielle. Son absence de sept jours fait qu’on lui impose des mesures disciplinaires sous forme de sanctions pécuniaires, soit la perte de trois jours de salaire, pour avoir été AWOL (absent without official leave ou « absent sans permission officielle »). Le reste de son entraînement se déroule sans autre incident. Le 1er avril 1943, Marcel est transféré à la base de Valcartier, où il intègre l’unité d’infanterie des Voltigeurs de Québec. Le 11 juillet 1943, Marcel embarque sur un bateau à destination de l’Angleterre, où il va s’entraîner aux côtés de 14 000 autres soldats canadiens en prévision du débarquement de Normandie. Le 3 septembre 1943, il est transféré au Régiment de la Chaudière avec lequel il prendra d’assaut Juno Beach, en ce jour fatidique du 6 juin 1944.

L’entraînement en prévision du débarquement de Normandie est très bien documenté, grâce surtout aux journaux de guerre. Ces documents produits par chacun des régiments de l’armée canadienne permettent de suivre leurs faits et gestes. Par exemple, le journal de guerre du Régiment de la Chaudière nous apprend que peu de temps après l’affectation de Marcel, soit le 4 septembre 1943, l’ordre a été donné de se déplacer au camp Shira, en Écosse, pour effectuer des exercices en vue du débarquement. En ce même mois, le journal de guerre décrit l’entraînement et le progrès des quatre différentes compagnies du Régiment, les Cies A, B, C et D, pour atteindre leurs cibles, ainsi que les incidents survenus en chemin.

Le journal du Régiment de la Chaudière inclut également les ordres régimentaires, assez précis pour tracer le parcours de Marcel au moment du débarquement et pendant la bataille de Normandie, puisqu’on y donne sa compagnie et ses déplacements. Selon les ordres régimentaires de septembre 1943, Marcel a été affecté à la Cie D. Le jour J, Marcel va donc rester sur la barge d’assaut jusqu’à ce que les Cies A et B atteignent leurs objectifs dans le secteur Nan White, avant de débarquer sur la plage en renfort. À cet effet, le journal donne le syllabus d’entraînement et décrit les exercices effectués en prévision du débarquement.

Le 6 juin 1944, Marcel embarque avec la Cie D sur le vaisseau Clan Lamont qui s’apprête à faire la traversée de la Manche. Le dernier déjeuner est pris à 4 h 30 et ensuite, dès 6 h 20, tous sont à bord de du vaisseau qui se lance sur les flots houleux en direction de Bernières-sur-Mer. Plusieurs sont malades, un mélange d’angoisse et de mal de mer. À 8 h 30, le Régiment de la Chaudière débarque pour se joindre au combat dans lequel est déjà engagé le régiment des Queen’s Own Rifles. Mais une tempête, la veille au soir, qui a déréglé les courants de marée, combinée à la résistance farouche des Allemands, a retardé l’arrivée et la progression des Queen’s Own Rifles. Alors qu’ils auraient dû avoir déjà pris Bernières-sur-Mer avant l’arrivée du Régiment de la Chaudière, ils sont coincés sur la plage sous le feu de l’artillerie ennemie, incapables d’avancer.

Plan rapproché d’une carte de Juno Beach, divisée en secteurs.

Détail d’une carte des environs de Juno Beach (e011297133). Le Régiment de la Chaudière est débarqué dans le secteur Nan White, à la hauteur de Bernières-sur-Mer.

Finalement, la défense allemande cède sous la pression, permettant ainsi à l’armée canadienne de pénétrer Bernières-sur-Mer et de sécuriser les environs. À la fin de la journée, les compagnies du Régiment de la Chaudière se regroupent à Colomby-sur-Thaon. Elles contribuent ainsi à l’établissement d’une tête de pont pour les Alliés en France. C’est une importante victoire, mais elle ne marque que le début de la bataille de Normandie qui durera plus de deux mois encore et fauchera beaucoup d’autres vies.

Les avancées se poursuivent tout au long du mois de juin. Le Régiment de la Chaudière se rapproche peu à peu de la ville de Caen, en vue de sa prise. Cependant, il reste un objectif vital à conquérir : Carpiquet. Ce village muni d’un aérodrome a été fortifié par les Allemands qui en dépendent largement pour résister aux Alliés. Prendre Carpiquet et son aérodrome correspondrait à démanteler le point stratégique de la force aérienne des Allemands à proximité des Alliés. Cela ouvrirait aussi les portes pour la conquête de Caen.

L’offensive sur Carpiquet commence le 4 juillet à 5 h. Les Cies B et D font partie du premier groupe d’assaut des Alliés, avançant sous le couvert d’un énorme barrage fourni par 428 canons et les canons de 16 pouces des cuirassés HMS Rodney et HMS Roberts de la Royal Navy. En revanche, la défense ennemie est féroce. Les Allemands sont mieux placés et mieux organisés; ils ont même eu le temps de fortifier leurs positions avec des murs de béton d’au moins six pieds d’épaisseur. Ce matin-là, ils font pleuvoir un véritable déluge d’obus d’artillerie et de bombes de mortier. Cette première journée fait beaucoup de morts et de blessés au sein du Régiment de la Chaudière.

Des soldats canadiens assistent à un breffage dans l’aérodrome de Carpiquet.

Breffage de fantassins canadiens près d’un hangar à l’aérodrome de Carpiquet, en France, le 12 juillet 1944 (a162525). Cette photo prise après la conquête de ce point vital révèle les ravages de ce combat sanglant.

Le 8 juillet 1944, Marcel Gauthier est atteint par les éclats d’un obus. L’explosion le laisse gravement blessé à la tête, et son régiment le mène rapidement au poste de secours du Corps médical de l’armée canadienne le plus près. On le confie à la 22e Ambulance de campagne canadienne, on l’envoie ensuite au poste d’évacuation sanitaire no 34, et il est finalement admis au 81e Hôpital général britannique. Malgré les efforts du personnel, Marcel succombe à ses blessures le 15 juillet 1944. Pour ses services rendus, une médaille lui sera attribuée à titre posthume : l’Étoile France-Allemagne.

Des soldats embarquent un soldat blessé sur une civière dans une ambulance militaire.

Un soldat du Régiment de la Chaudière blessé le 8 juillet 1944 lors de la bataille de Carpiquet est pris en charge par la 14e Ambulance de campagne du Corps médical de l’armée canadienne (a162740). Il ne s’agit pas de Marcel Gauthier, mais d’un de ses confrères.

Marcel Gauthier repose dans le lot IX.A.11 du cimetière militaire canadien de Bény-sur-Mer. Sur sa pierre tombale on peut lire l’inscription soumise par son père Henri : « Notre cher Marcel si loin de nous à toi on pense toujours repose en paix », là où son nom restera vivant pour toutes les générations.

Autres ressources


Ariane Gauthier est archiviste de référence au sein de la Direction générale des Accès et des services à Bibliothèque et Archives Canada.

Liste de lectures sur le recensement de 1931

Bannière pour la série "Le recensement de 1931". À gauche, le texte "Le recensement de 1931". À droite, un train en marche qui passe à côté d'une gare.Aujourd’hui, des membres du personnel de Bibliothèque et Archives Canada, qui se sont récemment plongés dans la lecture pour se préparer à la publication de ce recensement, vous présentent des documents qui ont piqué leur curiosité.

Le défi de déchiffrer l’écriture cursive (en lettres attachées) vous intéresse? Les instructions ci-dessus ne pourront malheureusement pas vous aider à cet égard, mais elles contiennent des renseignements fort utiles pour comprendre les questionnaires de recensement. Elles vous apprendront par exemple que la mention « (ab) » signifie « absent », et que certaines personnes sont considérées comme un membre de la famille, alors que d’autres, non. Ces instructions constituent donc une source idéale pour savoir ce que les énumérateurs (recenseurs) avaient ordre de consigner, et comment. Notre collègue Sara Chatfield, dans un récent blogue intitulé « Comment s’effectuait un recensement en 1931? », montre que les instructions données aux énumérateurs cette année-là comprenaient quelques nouveautés.

Soulignons que le Bureau fédéral de la statistique a publié des instructions distinctes pour le recensement de 1931 dans les Territoires du Nord-Ouest, certaines parties du Yukon, la côte est de la baie d’Hudson au nord de la rivière de la Grande Baleine et la côte sud du détroit d’Hudson, y compris la baie d’Ungava. En effet, le recensement dans ces régions était effectué à l’aide d’un formulaire différent (le formulaire I-N.W.T.). Il a aussi été réalisé plus tôt pour des raisons logistiques, soit au moment qui convenait le mieux entre le 1er octobre 1930 et le 1er juin 1931, plutôt qu’à partir du 1er juin 1931.

Page tapuscrite portant des titres et un emblème.

Page couverture des Instructions aux énumérateurs : Recensement des Territoires du Nord-Ouest [et de quelques autres régions nordiques], 1931 (Bibliothèque et Archives Canada/CS98-1931I-1-fra, page titre)

Rapport administratif sur le septième recensement du Canada, 1931 (Septième recensement du Canada, 1931 – Volume I : Sommaire)

Le rapport administratif est fort intéressant pour les personnes qui se demandent ce qui arrivait aux déclarations de recensement acheminées à Ottawa, en provenance de l’ensemble du pays. En effet, la section « Nouvelles machines pour le recensement – Classicompteur et vérificateur » (pages 58 à 62) montre comment le Bureau fédéral de la statistique traitait l’information manuscrite de ces déclarations, qui sont préservées à Bibliothèque et Archives Canada.

Pour trier les résultats et les compiler sous forme de tableaux, le personnel du Bureau devait perforer une carte appelée « fiche générale » pour chaque personne mentionnée dans le recensement. Autrement dit, il a fallu perforer plus de dix millions de cartes. Parviendrez-vous à déchiffrer l’information sur l’exemple suivant? Vous trouverez la réponse à la page 59 du rapport!

Fiche rectangulaire divisée en 20 sections irrégulières formant des colonnes. Chaque section comprend des chiffres ou des lettres, parfois perforés. Les numéros 1 à 24 sont inscrits au bas de chaque colonne.

Fiche générale utilisée par le Bureau fédéral de la statistique pour trier et compiler des statistiques dans le cadre du recensement de 1931 (OCLC 796971519)

Quant à la fiche pour la famille et l’occupation, elle « a servi à compiler […] des statistiques concernant le foyer canadien et la famille » (page 59).

Carte à perforer rectangulaire de 80 colonnes. Certains groupes de colonnes portent un titre anglais comme ménage, famille privée, description personnelle, occupation et gains, ou chômage.

Fiche pour la famille et l’occupation employée par le Bureau fédéral de la statistique pour trier et compiler des statistiques dans le cadre du recensement de 1931 (OCLC 796971519)

Le triage, le comptage et l’enregistrement s’effectuaient mécaniquement. Pour le recensement de 1931, le Bureau fédéral de la statistique a inventé un classicompteur, qui offre, « au point de vue de l’analyse en série, une capacité plusieurs milliers de fois supérieure à l’ancienne » (page 60). Le rapport administratif explique comment fonctionne cette machine (aussi appelée tabulateur-assortisseur). Les pages 72 et 73 comportent des photos de cette machine et d’autres appareils, comme le vérificateur de cartes et le poinçonneur multible.

Une grande salle au plafond élevé dans laquelle 80 employées assises face à l’objectif (presque exclusivement des femmes) poinçonnent de l’information enregistrée sur un grand rouleau placé devant leur machine. Il y a six colonnes de bureaux, chacune ayant environ douze rangées s’étendant jusqu’à l’horizon. À l’avant-plan, des tiroirs de fiches sont minutieusement disposés sur d’autres bureaux. Plus loin, une femme debout observe une femme assise à une machine de poinçonnage. Tout au fond à droite, d’autres employés (pour la plupart des hommes) marchent ou sont assis à des rangées de bureaux.

Du personnel traite le recensement de 1931 dans la salle de poinçonnage du Bureau fédéral de la statistique. Source : Margaret Morris, version HTML en ligne de l’ouvrage de Statistique Canada intitulé Jouer dans la cour des grands – Histoire de Statistique Canada : 1970 à 2008

Une autre section du rapport administratif, intitulée « Opération du recensement » (pages 51 à 56), montre l’ampleur du travail nécessaire pour recenser chaque personne vivant au pays. De plus, elle précise le nombre exact d’énumérateurs (13 886) et les professions les plus courantes parmi ces employés embauchés temporairement :

Partie d’une page tapuscrite.

Liste des « occupations les plus en évidence » parmi les énumérateurs du recensement de 1931, selon le rapport administratif sur le septième recensement du Canada (OCLC 1007482313)

Le rapport administratif a été republié en 1936. Il constituait la première partie du rapport du Bureau fédéral de la statistique sur le Septième recensement du Canada, 1931 – Volume I : Sommaire (Ottawa, imprimeur de Sa Très Excellente Majesté le Roi : 1936).

Appareils de radio, 1931

Grande nouveauté dans le recensement de 1931 : une question sur les appareils de radio! Un bulletin publié en 1932 par le Bureau fédéral de la statistique, intitulé Radio sets in Canada, 1931 (en anglais seulement) présente sous forme de tableaux les résultats préliminaires. Le nombre de propriétaires de radios est divisé par provinces, districts de recensement et centres urbains de plus de 5 000 habitants. À Montréal, la plus grande ville canadienne de l’époque (818 577 habitants), on compte 70 164 appareils de radio. C’est cependant dans le deuxième plus grand centre urbain, Toronto (631 207 habitants), que l’on trouve le plus grand nombre d’appareils avec 91 656.

Un homme vêtu d’un tricot et fumant la pipe est assis à un bureau. Autour de lui se trouvent une bibliothèque, une lanterne et une radio.

Richard Finnie tapant des notes sur une machine à écrire à Kugluktuk (Nunavut); on voit une radio à l’arrière-plan (a100695)

Soulignons cependant que nos lectures n’ont pas toujours été agréables. La lecture des publications des années 1930 rappelle les diverses manières dont le racisme, le sexisme et le colonialisme se manifestaient à cette époque. Ces attitudes ont influencé le processus de recensement, et ont laissé un héritage durable jusqu’à aujourd’hui.

Nous n’avons présenté ici qu’un échantillon des nombreuses publications qui ont servi à préparer le recensement de 1931 ou qui en ont découlé. En général, le Bureau fédéral de la statistique publiait ses décomptes et ses sommaires aussitôt que possible, comme ce fut le cas avec le bulletin « Radio sets in Canada, 1931 ». Il a publié ses conclusions et analyses définitives dans un rapport officiel en plusieurs volumes sur le recensement de 1931. De 1933 à 1936, des statistiques ont été publiées dans les volumes 1 à 11. Des analyses thématiques ont paru en 1942, dans les volumes 12 et 13, sur des sujets comme le logement au Canada et la dépendance prolongée de la jeunesse.

Bibliothèque et Archives Canada conserve des exemplaires de ces publications, et bien d’autres, dans ses collections de la bibliothèque. Un certain nombre d’entre elles ont été numérisées par Statistique Canada et peuvent être consultées sur le site Internet Archive ou dans le catalogue des publications du gouvernement du Canada.

Nous vous invitons à parcourir le patrimoine publié sur le recensement de 1931. Et bonne chance aux personnes courageuses qui tenteront de déchiffrer l’écriture cursive des déclarations de recensement remplies!

Pourquoi les déclarations du recensement de 1931 sont-elles organisées géographiquement?

À Bibliothèque et Archives Canada (BAC), nous recevons souvent des questions sur les raisons pour lesquelles les documents de nos collections sont organisés comme ils le sont.

En ce qui concerne les déclarations de recensement, nous expliquons généralement qu’en tant que dépôt d’archives, nous les acquérons telles qu’elles sont – même lorsque l’écriture est floue ou illisible – puisque ce sont des documents historiques. Nous nous efforçons également de maintenir l’ordre et le contexte de création des documents.

Ce n’est pas très compliqué de maintenir le classement d’origine des déclarations du recensement de 1931, car nous avons reçu 187 bobines de microfilm plutôt que 234 678 feuilles de papier. Sur les microfilms, les images des déclarations de recensement sont classées par province (d’est en ouest), puis par région nordique (d’ouest en est). L’explication est simple : le Bureau fédéral de la statistique a microfilmé les déclarations de recensement dans l’ordre des numéros de district du recensement et, à l’intérieur de chaque district, dans l’ordre des numéros de sous-district.

Quand BAC a numérisé ces documents d’archives, nous nous sommes assurés de respecter autant que possible le classement d’origine et le contexte de création. Par exemple, les images numérisées ont été regroupées en fonction des fiches de titre présentes dans les microfilms. Pour chaque groupe d’images numérisées, BAC a ajouté des métadonnées extraites de listes, compilées par le Bureau fédéral de la statistique, qui accompagnaient les déclarations du recensement.

Une fiche écrite à la main.

Exemple de fiche de titre qui a servi à classer les déclarations du recensement de 1931 sur microfilm. Cette fiche de titre concerne les huit pages de déclarations pour le sous-district 10 du district 3 (Queens) de l’Île-du-Prince-Édouard (MIKAN 5788729).

Cependant, cette explication ne répond pas à la question d’origine : pourquoi les déclarations du recensement de 1931 ont-elles été classées géographiquement (par districts et sous-districts de recensement) au départ?

Pour éclairer notre lanterne, tournons-nous vers le rapport administratif du Bureau fédéral de la statistique inclus dans le Septième recensement du Canada, 1931 – Volume 1 : Sommaire.

Premier élément de réponse : la finalité initiale du recensement du Canada. Les déclarations du recensement sont classées géographiquement parce que le recensement décennal déterminait la représentation à la Chambre des communes :

« Au Canada, le recensement a pour raison d’être immédiate et légale de déterminer la représentation à la Chambre des Communes fédérale. En vertu des dispositions de [la Constitution], la province de Québec doit toujours avoir le même nombre fixe de 65 représentants […] tandis que le nombre des députés attribués aux autres provinces est au prorata, en prenant comme base le chiffre de la population fixé par le recensement […] Le recensement canadien a donc pour objet essentiel de permettre au Parlement d’adopter une loi de remaniement des circonscriptions électorales. » [Page 32; c’est nous qui soulignons]

Ici, des précisions quelque peu techniques s’imposent. Au début du 20e siècle, des projets de loi sur la répartition modifient le nombre et les limites des circonscriptions fédérales, à la lumière des changements observés depuis le dernier recensement décennal et d’autres facteurs prévus dans la législation.

Carte des circonscriptions électorales fédérales dans les provinces des Prairies. Les frontières sont représentées par d’épais traits bleus, tandis que les noms sont écrits en lettres majuscules bleues. Les circonscriptions sont dessinées sur une carte montrant les cours d’eau, les lacs, les chemins de fer, les villes et les lignes du quadrillage.

Carte des circonscriptions électorales fédérales du Manitoba, de la Saskatchewan et de l’Alberta, tirée d’un atlas créé en 1924 par le ministère de l’Intérieur (e011315903)

Les nouvelles limites des circonscriptions électorales fédérales ont influencé les frontières des districts utilisés lors du recensement décennal suivant. Autrement dit, le lien entre une circonscription électorale fédérale et un district de recensement ressemble un peu à celui entre l’œuf et la poule.

L’œuf : Les limites des circonscriptions électorales fédérales établies dans la Loi sur la représentation de 1924.

La Loi sur la représentation de 1924, parfois appelée Loi sur la répartition, définit les circonscriptions pour l’élection fédérale suivante. La nouvelle répartition des circonscriptions est en partie fondée sur le dénombrement de la population et sur la répartition établie dans le plus récent recensement décennal (dans le cas présent, le sixième recensement du Canada, en 1921).

La Loi sur la représentation décrit les frontières officielles des circonscriptions électorales fédérales, sans les dessiner sur des cartes.

  • Pour lire ces descriptions, veuillez consulter la section « Élections et candidats » de la 17e législature sur le site de la Bibliothèque du Parlement. Il suffit de cliquer sur le nom de la circonscription désirée pour les élections générales du 28 juillet 1930, puis de défiler vers le bas jusqu’à la section « Information », et de lire la sous-section « S.C. 1924, c.63 », qui fait référence à la Loi sur la représentation.
  • Si la Loi sur la représentation ne comprend aucune carte, le ministère de l’Intérieur a réuni dans un atlas en 12 volumes les cartes des nouvelles circonscriptions électorales fédérales. Il y a deux manières de consulter les images numérisées de l’atlas : d’abord, la notice de catalogue sur les cartes des circonscriptions électorales fédérales de 1924, qui affiche des vignettes des cartes; ensuite, un outil de recherche dans les cartes du recensement de 1931, qui comprend des liens vers des cartes en haute résolution.

La poule : Les districts de recensement utilisés au recensement de 1931

Les districts de recensement de 1931 qui ont servi au dénombrement correspondent généralement aux circonscriptions électorales fédérales établies dans la Loi sur la représentation de 1924 :

« Pour les fins du recensement, la Loi de la statistique exige que le pays soit d’abord divisé en “districts de recensement” correspondant, autant que possible, aux circonscriptions électorales fédérales de l’époque, étant donnée l’association du recensement avec la représentation parlementaire. » [Page 51]

Par contre, au moins huit circonscriptions électorales sont « trop vastes ou d’une nature physique ou économique trop variée » pour que le dénombrement soit réalisable. Chacune d’entre elles a donc été divisée en deux ou trois districts de recensement (au Québec, Charlevoix-Saguenay, Gaspé, Labelle et Pontiac; en Ontario, Port Arthur-Thunder Bay; en Alberta, Peace River; et en Colombie-Britannique, Cariboo et Comox-Alberni). D’autres régions à dénombrer ne faisaient partie d’aucune circonscription électorale fédérale (par exemple les Territoires du Nord-Ouest et les navires de la Marine royale canadienne).

La population dénombrée grâce au septième recensement du Canada, en 1931, a ensuite servi à déterminer la nouvelle répartition des circonscriptions électorales fédérales.

L’œuf : Circonscriptions électorales fédérales établies dans la Loi sur la représentation, 1933

C’est en raison de cette influence mutuelle – l’œuf ou la poule! – que BAC remplace souvent des cartes de districts de recensement par des cartes de circonscriptions électorales fédérales quand vient le temps de consulter les déclarations de recensement du début du 20e siècle. Pour le recensement de 1931, les cartes des circonscriptions électorales fédérales fixées dans la Loi sur la représentation de 1924 sont utilisées. En 2028, nous nous servirons probablement des cartes des circonscriptions fédérales électorales établies dans la Loi sur la représentation, 1933 pour parcourir les déclarations du recensement réalisé en 1936 dans les provinces des Prairies, une fois ces déclarations transférées à BAC.

Second élément de réponse : La logistique était une autre raison de classer géographiquement les déclarations de recensement.

Comme la plupart des recensements de la population, celui du Canada de 1931 visait à dénombrer une seule fois chaque personne vivant à l’intérieur des frontières du pays. À cette fin, le territoire du Dominion du Canada et les navires de la Marine ont été divisés en 15 167 unités de dénombrement. Une unité géographique de dénombrement, appelée sous-district de recensement, était affectée à un seul énumérateur (dans la plupart des cas) chargé de dénombrer chaque personne vivant dans ce sous-district de recensement.

Quatre personnes interagissent dans un paysage hivernal.

Réalisation du dénombrement en 1961 : un membre de la GRC discute avec trois personnes d’une communauté inuite pour recueillir des renseignements pour le recensement (e011177562)

« [L’énumérateur est] le seul fonctionnaire du recensement qui soit en contact direct avec la population. Il [ou elle] va de maison en maison et de ferme en ferme. C’est lui [ou elle] qui est responsable, en premier lieu, des renseignements inscrits sur les formules du recensement. Afin qu’un travail suffisant mais pas trop accablant soit confié à chaque énumérateur (l’expérience a démontré que la population à recenser doit être de 600 à 800 âmes dans les régions rurales ordinaires, et de 1,200 à 1,800 dans les agglomérations urbaines), […] il faut s’écarter en plusieurs cas des limites électorales […] et les arrondissements de scrutin ne conviennent pas toujours pour les fins des sous-districts de recensement. Dans tous ces cas, cependant, la division est effectuée de façon à permettre la compilation des résultats sous la forme requise pour les fins de la loi. » [Page 51]

L’établissement des frontières géographiques n’est pas une mince tâche :

« La délimitation et la définition des districts et sous-districts de recensement représentent un labeur considérable; cette tâche est entreprise environ deux ans avant la date du dénombrement. On ne se contente pas des conditions révélées par le recensement antérieur, mais on consulte les fonctionnaires locaux afin que nulle région habitée ne soit oubliée ou laissée sans l’organisation qui lui convient le mieux. » [Page 51]

La tâche de trouver une déclaration particulière 92 ans après le recensement de 1931 peut sembler intimidante, surtout dans des déclarations classées géographiquement (par districts et sous-districts de recensement). Pour vous donner un coup de main, les billets de blogue « Les sous-districts du recensement de 1931 : comment s’y retrouver? » (partie 1 et partie 2) décrivent les approches utilisées à BAC pour parcourir les 15 167 sous-districts utilisés pour le dénombrement lors du recensement de 1931.

Les sous-districts du recensement de 1931 : comment s’y retrouver? – partie 2

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certaines personnes pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

Le présent blogue est la partie 2 de la série Les sous-districts du recensement de 1931 : comment s’y retrouver? Si ce n’est pas déjà fait, nous vous encourageons vivement à lire la partie 1 de ce billet de blogue. Elle vous fournira différents outils qui vous aideront à trouver le district de recensement dans lequel se trouvait peut-être votre lieu d’intérêt en 1931.

En guise de rappel, pour trouver les déclarations de recensement de 1931 liées à un lieu d’intérêt particulier, vous devez affiner les résultats de votre recherche en respectant l’ordre suivant :

  1. la province ou le territoire;
  2. le district de recensement ou la circonscription électorale fédérale;
  3. le sous-district de recensement.

Dans le présent billet de blogue, nous examineront de plus près la troisième étape.

ÉTAPE 3. Déterminer le sous-district de recensement

Chaque district du recensement de 1931 était divisé en de nombreux sous-districts (de 3 à 148 sous-districts) aux fins de recensement. La majorité des districts de recensement étaient divisés en au moins 50 sous-districts.

Cependant, à ce que l’on sache, il n’existe aucune carte précisant les limites des sous-districts du recensement de 1931. Pour déterminer dans quel sous-district un lieu d’intérêt a été recensé, il est nécessaire d’utiliser un des outils ci-dessous :

  1. les répertoires de rues (de 11 grandes villes);
  2. les instruments de recherche de « réserves indiennes » (Premières Nations);
  3. les descriptions écrites des limites des sous-districts.

Si le lieu qui vous intéresse ne se trouvait pas dans une grande ville ou une réserve des Premières Nations en 1931, passez directement au troisième outil, c’est-à-dire les descriptions écrites des limites des sous-districts.

Outil 1 : Répertoires de rues

Des répertoires sont offerts pour Halifax (N.-É.), Saint John (N.-B.), Québec (Qc), Montréal (Qc), Toronto (Ont.), Hamilton (Ont.), London (Ont.), Winnipeg (Man.), Edmonton (Alb.), Calgary (Alb.) et Vancouver (C.-B.). Les répertoires de rues recensent les noms de rue et indiquent dans quels districts et sous-district(s) de recensement ces rues ont été recensées.

Les répertoires d’Hamilton et de Calgary sont propres au recensement de 1931. Les répertoires des autres villes s’étendent sur de nombreuses années de recensement. Dans ces répertoires, si vous souhaitez seulement trouver les numéros de districts du recensement de 1931, consultez seulement les entrées qui commencent par « 31 ». Les numéros qui suivent sont les numéros du district et du sous-district, respectivement, pour le recensement de 1931. Par exemple, si nous cherchons un lieu d’intérêt qui se trouve sur le chemin de la Côte-des-Neiges à Montréal, dans le district de recensement de Mont-Royal (district de recensement no 84), nous trouvons :

Entrées dactylographiées du district de la « Côte des Neiges » extraites du répertoire des rues de Montréal.

Extrait du répertoire de rues de Montréal (instrument de recherche 31-80)

Les numéros sur la première ligne de l’image ci-dessus – « 31–84–39, 40, 41, 43, 44, 45 » – indiquent que, en 1931, le chemin de la Côte-des-Neiges était recensé dans le district de recensement no 84 ainsi que les sous-districts no 39 à 41 et 43 à 45.

Remarque : les noms des rues dans les répertoires sont historiques, c’est-à-dire qu’ils ont généralement été écrits par le recenseur à l’époque.

Attention : certaines rues ont été écrites de diverses façons et apparaissent donc dans différentes parties du répertoire de rues, qui est classé en ordre alphabétique. Dans le cas du chemin de la CôtedesNeiges à Montréal, les entrées se trouvent dans trois parties séparées du répertoire de Montréal puisque le nom de la rue a été écrit des trois façons suivantes : « Côte-des-Neiges », « Côte des Neiges » et « Cote des Neiges ».

Outil 2 : Instrument de recherche de « réserves indiennes » (Premières Nations)

Une liste de réserves classées selon leurs districts et sous-districts du recensement de 1931 est accessible. Cet instrument de recherche non vérifié pourrait être utile si votre lieu d’intérêt se trouvait dans une réserve des Premières Nations ou était une réserve des Premières Nations en 1931. Nous travaillons actuellement à adapter l’instrument de recherche préexistant afin d’inclure une terminologie respectueuse.

Outil 3 : Descriptions écrites des limites des sous-districts

Les descriptions écrites des limites des sous-districts ont été compilées par le Bureau fédéral de la statistique. Ces descriptions ont été transcrites dans des instruments de recherche pour chaque province et territoire : Î.-P.-É., N.-É., N.-B., Qc, Ont., Man., Sask., Alb., C.-B., Yn, T.N.-O.

Remarque : d’autres transcriptions de descriptions de sous-districts de certaines grandes villes pourraient suivre.

Vous pourriez commencer par rechercher des mots-clés liés à votre lieu d’intérêt dans l’instrument de recherche d’une province ou d’un territoire. Par exemple, dans l’instrument de recherche des descriptions de sous-districts du Manitoba, si vous cherchez le mot « Birtle », vous obtiendrez trois résultats dans le district de recensement « Marquette » : le sous-district no 25 de « Birtle (Town) » [Birtle (Ville)], le sous-district no 24 « Township 17 in range 26 west of the principal meridian exclusive of town of Birtle » [Comté no 17 dans le rang 26 à l’ouest du méridien principal exclusif de la ville de Birtle] et le sous-district no 63 du pensionnat du même nom. Vous pourriez aussi choisir d’examiner un district de recensement en particulier (comme « Marquette »), puis de parcourir toutes les descriptions de sous-districts compris dans ce district de recensement.

Extrait d’un instrument de recherche pour le Manitoba. L’extrait comprend plusieurs noms et descriptions de sous-districts qui font partie du district de recensement « Marquette ». Deux occurrences du mot « Birtle » sont surlignées.

Extrait de l’instrument de recherche des déclarations du recensement de 1931 du Manitoba (instrument de recherche 31–80)

La caractérisation des sous-districts de recensement varie énormément. Les descriptions peuvent référer à des cantons, à des municipalités, à des quartiers municipaux, à des sections de vote, à des réserves, à des paroisses, à des méridiens, à des rangs, à des lots, à des routes, à des îles, à des rivières, etc. Pour comprendre les descriptions, il sera peut-être nécessaire de consulter des cartes locales de l’époque ou de se renseigner sur les géographies locales, provinciales ou fédérales utilisées dans le cadre du recensement de 1931 (p. ex. les limites municipales pourraient avoir été établies conformément à des lois provinciales contemporaines).

Parfois, les descriptions des sous-districts ne nous permettent pas de limiter la recherche à un seul sous-district. Pour bien illustrer ce que l’on entend par cela, nous pouvons examiner les descriptions de sous-districts du district de recensement de Mont-Royal.

Une carte dactylographiée énumérant les rangs des sous-districts du district de Mont-Royal, au Québec, en 1931.

La description de travail du Bureau fédéral de la statistique des sous-districts du district no 84 de Mont-Royal (tiré de documents inclus dans le transfert des déclarations du recensement de 1931 à Bibliothèque et Archives Canada). Bibliothèque et Archives Canada/Fonds de Statistique Canada/District 84, Mont-Royal, Québec, 1931

Les descriptions des sous-districts de Mont-Royal font en sorte qu’il est difficile de cerner un seul sous-district pertinent. Si vous vous trouvez dans cette situation, vous avez les deux options suivantes :

  1. parcourir les déclarations du recensement pour trouver tous les sous-districts pertinents;
  2. filtrer les résultats en utilisant d’autres outils de travail comme des annuaires de ville, qui pourraient comprendre des listes de quartiers, ou en utilisant des outils supplémentaires comme des répertoires de rues, ce qui pourrait s’avérer être la meilleure approche dans le cas de Montréal.

Il arrive parfois que des descriptions supplémentaires des sous-districts se trouvent sur la petite carte qui précède les déclarations du recensement du sous-district. Des versions numérisées des descriptions de travail originales des sous-districts du Bureau fédéral de la statistique sont offertes en ligne, et, bien qu’elles soient complexes, elles peuvent être utilisées aux fins de dépannage. Pour examiner ces versions numérisées, ouvrez la description archivistique des déclarations de recensement du Canada de 1931 dans la recherche de collections, faites afficher les détails, ouvrez la section des instruments de recherche et faites défiler l’écran vers le bas.

Autres ressources

  • Pour en apprendre plus sur le réseau de cantons, de rangs et de méridiens utilisé dans les trois provinces des prairies et la ceinture ferroviaire de la Colombie-Britannique, consultez la section intitulée Description du système d’arpentage des terres de l’Ouest canadien sur la page d’accueil de notre base de données sur les Concessions des terres de l’Ouest canadien.
  • Le blogue intitulé Trouver Royalton : une recherche dans le Recensement de 1921 décrit la façon dont une employée trouve de petits hameaux ruraux ou des villages non constitués. Le contenu du blogue offre des renseignements et des idées sur la meilleure façon de surmonter des impasses.
  • Si vous avez déjà trouvé votre lieu d’intérêt parmi les déclarations du recensement du Canada de 1921 ou du recensement des provinces des Prairies de 1926, songez à consulter les descriptions de sous-districts de ces recensements dans l’outil Recherche dans les recensements. Cela pourrait vous aider à vous retrouver dans les descriptions de sous-districts du Recensement de 1931.

Nous souhaitons à tous la meilleure des chances dans vos recherches de personnes et d’endroits du passé.

Comme toujours, n’oubliez pas que nous pouvons vous aider! Communiquez avec notre équipe de généalogie en remplissant notre formulaire Poser une question de généalogie.

Les sous-districts du recensement de 1931 : comment s’y retrouver? – partie 1

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certaines personnes pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

Nous, les chercheurs – notamment les employés de Bibliothèque et Archives Canada (BAC) – , devons parfois faire des recherches dans les déclarations de recensement archivées en respectant la façon dont elles sont organisées, c’est-à-dire par sous-district de recensement. Cela dit, la plupart du temps, nous n’avons pas à procéder de cette manière, car nous avons l’outil Recherche dans les recensements, notre base de données à guichet unique pour la généalogie. Une fois toutes les quelques années, la navigation par sous-district est nécessaire pendant que nous travaillons à ajouter de nouveaux documents de recensement dans notre base de données.

Lorsque nous commençons notre travail de recherche – épineux par moment – dans les déclarations de recensement archivées par lieu géographique, nous utilisons généralement une approche « par étape » pour affiner les résultats dans lesquels se trouverait notre lieu d’intérêt par :

  1. province ou territoire;
  2. district de recensement ou circonscription électorale fédérale;
  3. sous-district de recensement.

Cette approche rend la recherche plus efficace, car il y a beaucoup de sous-districts de recensement : 15 167 sous-districts dans le recensement de 1931, pour être exact.

Cette série de billets de blogue propose cinq outils pour vous aider à trouver le lieu qui vous intéresse parmi les déclarations de recensement. Préparez-vous à apprendre comment explorer géographiquement les déclarations du recensement de 1931!

Carte du Canada (sans certaines régions nordiques) sur laquelle chaque province et territoire est de couleur différente. Les principaux chemins de fer sont représentés par une épaisse ligne noire. Les principales routes de transport maritime sont représentées par une ligne rouge pointillée indiquant le nom des deux villes reliées ainsi que la distance qui les sépare.

« Map of the Dominion of Canada (Exclusive of Northern Regions) » [Carte du Dominion du Canada, sans les régions du Nord] parue dans The Canada Year Book, 1931 (OCLC 300543070) du Bureau fédéral de la statistique

ÉTAPE 1. Déterminer la province ou le territoire

Rappels :

    • Les limites des Territoires du Nord-Ouest en 1931 étaient différentes de celles d’aujourd’hui.
    • Terre-Neuve-et-Labrador est devenue une province du Canada en 1949; sa population n’est donc pas comptée dans le septième recensement du Canada. (On trouve de l’information sur les recensements distincts réalisés à Terre-Neuve et au Labrador en 1921, en 1935 et en 1945 sur la page Terre-Neuve et Labrador : Recensements et dénombrements de notre site Web).
Timbre-poste vert et blanc d’un cent de Terre-Neuve.

Carte de Terre-Neuve et du Labrador, juillet 1931, sur un timbre d’un cent de Terre-Neuve, Perkins, Bacon & Company, © Postes Canada (s001670k)

ÉTAPE 2. Déterminer le district du recensement de 1931

Scénarios chanceux qui vous permettent de sauter l’étape 2

Il existe quelques scénarios dans lesquels vous pouvez passer directement à l’étape 3 (présentée dans le prochain billet de blogue). Ces scénarios en question peuvent survenir lorsque votre lieu d’intérêt est :

  • situé sur une rue dans une grande ville pour laquelle des Répertoires des rues ont été préparés;
  • une « réserve indienne » (Premières Nations) indiquée dans l’instrument de recherche pertinent;
  • indiqué dans la description* des limites des sous-districts.

* Vous pouvez chercher rapidement les mots-clés dans l’instrument de recherche pour chaque province afin de trouver les descriptions des sous-districts : instruments de recherche pour l’Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, le Québec, l’Ontario, le Manitoba, la Saskatchewan, l’Alberta et la Colombie-Britannique.

Si votre lieu d’intérêt se trouve dans les territoires, prenez note que :

  • le Yukon était le district de recensement no241;
  • les Territoires du Nord-Ouest étaient le district de recensement no 242. 

Vous pouvez maintenant passer directement à l’étape 3 (présentée dans le prochain billet de blogue).

Si vous ne pouvez pas sauter l’étape 2, votre recherche commence alors en choisissant votre outil de prédilection parmi ceux présentés ci-dessous.

À BAC, nous utilisons principalement cinq outils en ligne pour nous aider à déterminer à quel district du recensement de 1931 appartenait notre lieu d’intérêt. Le choix de l’outil en ligne est souvent une question de préférence personnelle. En effet, certaines personnes aiment les listes; d’autres aiment scruter de vieilles cartes; certaines personnes aiment partir du présent et remonter le temps; d’autres encore préfèrent une recherche rapide dans une base de données; et enfin, certaines personnes connaissent déjà les noms des comtés.

Outil 1 : outil de recherche dans les cartes du recensement de 1931

Cet outil de recherche énumère les districts du recensement de 1931. Il comprend aussi des liens menant à des cartes approximatives de chaque district de recensement. Cet outil est très utile dans une situation où un ou deux noms de districts de recensement ressortent comme candidats probables.

Remarque : Cet outil de recherche ne comprend pas les districts de recensement des Territoires du Nord-Ouest, le district de Patricia (Nord de l’Ontario) ou le territoire non organisé (Nord) du Québec.

Outil 2 : atlas des cartes des circonscriptions électorales fédérales, 1924

Pour avoir une idée générale des limites des districts du recensement de 1931 de chaque province, consultez les cartes générales de chaque province dans l’atlas numérisé de 12 volumes montrant les cartes des circonscriptions électorales fédérales, préparé par le ministère de l’Intérieur en 1924.

  • Pourquoi consulter les circonscriptions électorales fédérales? Les limites des districts du recensement de 1931 correspondent presque toujours aux limites des circonscriptions fédérales établies par la Loi sur la députation de 1924. (Apprenez pourquoi dans notre blogue à venir « Pourquoi les documents du recensement de 1931 sont-ils organisés géographiquement? »)

Une carte montrant les circonscriptions électorales fédérales de la Colombie-Britannique. Les limites sont représentées par d’épaisses lignes bleues, et les noms sont indiqués en caractères bleus. La carte a été élaborée à partir d’une carte générique de la Colombie-Britannique sur laquelle étaient indiqués les chaînes de montagnes, les cours d’eau et les villes. Des détails supplémentaires sont fournis dans deux cartes en médaillon, en l’occurrence Vancouver et ses districts et la ville de Victoria.

« Map of British Columbia showing the federal electoral districts » [Carte montrant les circonscriptions électorales fédérales de la Colombie-Britannique] de 1924, tirée de l’atlas des cartes des circonscriptions électorales fédérales, préparé par le ministère de l’Intérieur en 1924 (e011315905)

Vous pouvez consulter des images miniatures à chargement rapide des cartes de l’atlas; celles qui représentent chaque province sont les 11 premières de l’atlas. Si vous avez besoin d’une image à plus haute résolution, consultez plutôt les cartes générales de l’Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, du Québec, de l’Ontario, du Manitoba, de la Saskatchewan, du Sud de l’Alberta, du Nord de l’Alberta et de la Colombie-Britannique.

Les cartes générales numérisées sont parfois difficiles à lire, mais si votre lieu d’intérêt y est déchiffrable, elles peuvent vous aider à déterminer la circonscription électorale fédérale, et donc (généralement) le district de recensement. Si la carte générale est trop difficile à lire, pensez à regarder les images miniatures pour l’ensemble du volume de la province dans l’atlas des cartes des circonscriptions électorales fédérales de 1924. Vous pouvez consulter la série d’images miniatures pour chaque atlas provincial dans l’outil de recherche dans les cartes du recensement de 1931 (« No d’article de l’image numérisée »). Cet outil de recherche fournit également des liens vers des images à plus haute résolution de chaque carte.

Si vous souhaitez obtenir plus de détails sur les limites d’une circonscription électorale fédérale particulière (et donc, habituellement, sur celles du district de recensement) dans une province ou au Yukon, consultez la carte de cette circonscription électorale fédérale dans l’atlas numérisé. Vous pouvez consulter une image à plus haute résolution de toute circonscription électorale fédérale particulière dans l’atlas en utilisant l’outil de recherche dans les cartes du recensement de 1931.

Une page tirée d’un atlas auparavant relié montre une carte en noir et blanc de la circonscription électorale de Mont-Royal et un paragraphe décrivant la circonscription.

Carte du district électoral de Mont-Royal au Québec, tirée d’un atlas de cartes des circonscriptions fédérales produit en 1924 (e011315941)

Remarque : Si vous cherchez un lieu dans le Nord de l’Ontario ou du Québec, sachez que le district de Patricia était le district de recensement no 244, et que les régions du Nord du Québec faisaient partie du district de recensement no 245.

Outil 3 : Liste en ligne des circonscriptions de la Bibliothèque du Parlement

Cette ressource en ligne vous permet de faire ce qui suit :

  • Voir une liste des circonscriptions fédérales à l’époque du recensement de 1931. Consultez la ressource en ligne de la Bibliothèque du Parlement « Élections et candidats » pour le 17eParlement afin de voir les noms des circonscriptions à l’élection générale du 28 juillet 1930.
  • Consulter la liste des circonscriptions représentées à la Chambre des communes de 1867 à aujourd’hui. Vous pouvez choisir de :
    • commencer par la circonscription fédérale actuelle pour ensuite remonter le temps jusqu’en 1931. (Remarque : Vous pouvez trouver une circonscription fédérale actuelle dans le Service d’information à l’électeur d’Élections Canada.) À partir de la liste des circonscriptions fédérales actuelles, cliquez sur le nom d’une circonscription. Sur la page de cette circonscription, cliquez sur les circonscriptions antérieures. Lorsque vous atteignez une circonscription qui existait en 1931, cherchez sa description sous Information, sous la rubrique « S.C. 1924, c.63 » (qui renvoie à la Loi sur la députation de 1924);
    • chercher d’anciennes circonscriptions. Sur la page d’accueil de la Bibliothèque du Parlement pour la liste des circonscriptions, dans le coin supérieur droit du tableau, remplacez le filtre par défaut à « Actuellement en vigueur » en cochant « Sélectionner tout » pour voir les circonscriptions actuelles et antérieures.

Habituellement, le nom de la circonscription électorale fédérale qui existait en 1931 est très semblable au nom du district du recensement de 1931. Vous pouvez choisir de vérifier la correspondance entre une circonscription fédérale et un district de recensement à l’aide de l’outil de recherche dans les cartes du recensement de 1931.

Outil 4 : Base de données Bureaux et maîtres de poste

S’il est probable qu’un bureau de poste se trouvait dans votre lieu d’intérêt en 1931, voyez ce que vous pourriez trouver dans notre base de données Bureaux et maîtres de poste, qui comprend les circonscriptions électorales fédérales. Essayez la recherche par mots-clés.

Outil 5 : Carte des comtés (et entités semblables)

Essayez de chercher dans les comtés (ou autres entités semblables) créés par les provinces. Utilisez cette option seulement si votre lieu d’intérêt est situé en Ontario, au Québec ou dans une province de l’Atlantique.

  • Pourquoi les comtés? Au début du 20esiècle, en Ontario et dans les provinces de l’est du Canada, les districts de recensement ont souvent, mais pas toujours, pris la forme des comtés (ou autres entités semblables) déjà établis par les provinces. Certains comtés (et autres entités semblables) ont été regroupés en un seul district de recensement, tandis que d’autres ont été divisés en plusieurs districts de recensement. Quoi qu’il en soit, bien des noms de comtés figurent dans les noms des districts de recensement.

Une carte muette du Canada, de ses provinces et du Yukon. Chaque province est sous-divisée, et chaque sous-division est numérotée.

« Index map showing the counties and census divisions as organized at the census of 1931 » [Carte-index montrant les comtés et les divisions de recensement tels qu’ils ont été organisés lors du recensement de 1931], Bureau fédéral de la statistique, 1937, Illiteracy and school attendance [Analphabétisme et fréquentation scolaire] de Murdoch C. MacLean, p. 16 (OCLC 1007622268)

Tout d’abord, déterminez le nom du comté. Pour ce faire, consultez le document intitulé « Key to Index Map » [clé de la carte-index] ci-dessous ou encore cette carte-index de très haut niveau des comtés (si vous avez besoin d’agrandir). Puis, portez attention au nom du comté (les numéros ne sont pas importants pour notre recherche). Si vous trouvez un nom de comté, faites une recherche par mot-clé pour ce nom de comté dans l’outil de recherche dans les cartes du recensement de 1931. Si vous obtenez un seul résultat dans la liste des districts du recensement de 1931, vous êtes prêt à passer à l’étape 3 (dans le prochain billet de blogue). Vous pouvez toujours vérifier que vous avez le bon district de recensement en utilisant le même outil de recherche pour consulter la carte pertinente. Si la consultation de la carte-index des comtés pose problème pour y situer votre lieu d’intérêt en Ontario ou dans une province de l’est du Canada, laissez tomber vos recherches dans l’index des comtés.

  • Attention : La carte des comtés ci-dessus ne nous aide pas à trouver des districts de recensement utilisés pour organiser les déclarations de recensement dans les provinces des Prairies ou en Colombie-Britannique.
  • Attention : Les districts de recensement utilisés pour recueillir les déclarations de recensement étaient parfois différents des divisions de recensement utilisées pour mettre en tableaux et publier les résultats du recensement.
Un tableau dactylographié énumère les noms des comtés de l’Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, du Québec et de l’Ontario, ainsi que le numéro correspondant à chaque comté sur la carte.

Liste des comtés (ce ne sont pas des districts de recensement!), « Key to Index Map », Bureau fédéral de la statistique, 1937, Illiteracy and school attendance, Murdoch C. MacLean, p. 16 (OCLC 1007622268)

N’oubliez pas que nous pouvons vous aider! Communiquez avec notre équipe de généalogie en remplissant notre formulaire en ligne Poser une question de généalogie.

La partie 2 de ce blogue sera publiée sous peu. Entre-temps, nous vous souhaitons beaucoup de succès dans vos recherches sur les personnes et les lieux du passé!

Recensement de 1931 : coup d’œil sur la numérisation

English version

Par Melissa Beckett et François Deslauriers

Incursion dans la salle des microfilms

Deux photos du numériseur Eclipse Rollfilm de nextScan. À gauche, le numériseur complet; à droite, un gros plan d’une bobine dont la pellicule passe autour de deux rouleaux.

Numériseur Eclipse Rollfilm de nextScan. Crédit : François Deslauriers

Dans une salle faiblement éclairée, deux spécialistes de l’imagerie sont assis dans des coins opposés. Chacun fixe son écran, où défilent en permanence des images. Le son rythmé des numériseurs de microfilms est parfois interrompu par le long sifflement du rembobinage, qui s’achève par un bruit sourd.

Les mains gantées de blanc, une spécialiste retire une bobine d’un numériseur et la remet dans sa cartouche métallique, qu’elle replace à son tour dans une boîte d’archivage. Puis elle prend une nouvelle cartouche, scellée par un ruban qu’elle découpe avec un canif. Elle en retire une bobine et la monte sur le numériseur, faisant passer la pellicule autour de plusieurs rouleaux jusqu’à une autre bobine en plastique.

De son côté, son collègue a stoppé les machines. Il doit modifier certains paramètres pour uniformiser la luminosité : les images qu’il vient d’examiner sont beaucoup plus claires que les précédentes. Il ajuste les valeurs d’exposition dans le logiciel, jusqu’à obtenir un résultat satisfaisant. Puis il numérise une courte section de la pellicule et l’ouvre dans un logiciel de vérification. Il examine attentivement l’un des documents en taille réelle avant de rembobiner la pellicule jusqu’au début, recommençant ainsi tout le processus de numérisation.

Le recensement de 1931

Pour mener à bien le projet du recensement de 1931, l’équipe des Services de numérisation a numérisé pas moins de 187 bobines de microfilm, pour un total de 234 678 images.

Tout au long du projet, les bobines du recensement de 1931 ont été conservées selon un protocole de sécurité bien précis. En effet, elles étaient toujours sous le sceau du secret statistique en vertu de la loi. Seul le personnel désigné ayant prêté le serment de confidentialité de Statistique Canada était autorisé à consulter le matériel. Lors de leur numérisation, les bobines ont donc été conservées sous clé dans une salle sécurisée, et tout le travail a été fait hors ligne.

Chaque bobine du recensement de 1931 contient environ 1 200 images sur pellicule de polyester noir et blanc 35 mm. Pour éviter toute détérioration des originaux, les spécialistes de l’imagerie procèdent à partir de copies appelées « copies maîtresses ».

Les microfilms sont un excellent moyen pour conserver des renseignements pendant de longues périodes : les bobines peuvent durer 500 ans! On peut y stocker de grandes quantités d’informations dans un format compact. Et puisqu’on n’a pas besoin de manipuler les originaux à répétition, ceux-ci sont mieux protégés.

Dernier point, mais non le moindre : en numérisant les microfilms, on crée un support de préservation supplémentaire pour les documents et on les rend accessibles au public, qui peut les consulter en ligne, n’importe où et n’importe quand.

La numérisation

Photo du numériseur Eclipse Rollfilm de nextScan, avec les principales parties identifiées : bobine de microfilm original, rouleaux stationnaires, guides de film, objectif de la caméra et bobine de réception.

Les principales parties du numériseur Eclipse Rollfilm de nextScan. Crédit : François Deslauriers

Les dossiers du recensement de 1931 ont été numérisés avec le numériseur Eclipse Rollfilm de nextScan. On utilise cet appareil, conçu pour les bobines 16 mm et 35 mm, de pair avec un ordinateur hors réseau.

À partir de la bobine originale, on enfile la pellicule jusqu’à une bobine de réception, en la faisant passer par des rouleaux stationnaires et des guides. On abaisse ensuite d’autres rouleaux pour maintenir la pellicule en place tout en ajustant automatiquement sa tension. Puis on fait défiler la pellicule devant un objectif macro surmonté d’un capteur numérique. Simultanément, le dessous de la pellicule est éclairé par un rayon de lumière rouge.

Ces manipulations sont toujours faites avec le plus grand soin : les spécialistes de l’imagerie portent des gants de coton et ne touchent que les bords de la pellicule. À l’aide du logiciel NextStarPLUS® Capture, ils règlent la résolution et choisissent le type de pellicule (16 ou 35 mm), la polarité (négative ou positive) ainsi que le facteur de réduction. Ce dernier, indiqué sur la pellicule, permet de reproduire les images à leur taille réelle (rapport de 1:1).

Avant de lancer la numérisation, les spécialistes s’assurent également que l’exposition est correcte et que la mise au point est adéquate, afin d’obtenir des images bien nettes. Toutes leurs interventions sont visibles en direct à l’écran. Pour guider leur travail, ils peuvent aussi zoomer sur une charte de mise au point et sur les indications du fabricant, imprimées à intervalles réguliers le long de la pellicule.

Les spécialistes peuvent aussi se fier aux rayures ou aux poussières visibles pour déterminer le degré de netteté d’un document. Cependant, pour faire la mise au point à partir du document comme tel, celui-ci doit avoir été photographié de façon parfaitement nette au départ.

Une fois la numérisation lancée, une fenêtre de prévisualisation permet de voir s’il faut réajuster certains paramètres en cours de route. Par exemple, l’éclairage et l’exposition peuvent varier d’une photo à l’autre sur une même bobine. Résultat : certaines images sont plus claires, et d’autres plus sombres. Pour que la majorité du contenu soit lisible, les spécialistes procèdent donc aux ajustements requis. Ce travail se fait sur l’ensemble de la pellicule, puisqu’on ne peut retoucher les images individuelles.

Une fois la numérisation terminée, on rembobine la pellicule et on replace la bobine dans sa cartouche.

Photo d’une bobine de microfilm 16 mm placée sur une bobine 35 mm. À côté, on voit une loupe et une cartouche avec couvercle contenant une bobine 35 mm.

Bobines de microfilms 16 mm et 35 mm. Crédit : François Deslauriers

La vérification

Chaque bobine numérisée se présente sous la forme d’un long fichier image appelé « bande image » (un fichier non compressé en nuances de gris). Les spécialistes en imagerie les traitent à l’aide du logiciel NextStarPLUS® Auditor. Ce dernier cible et sélectionne chaque document dans la bande image, ce qui permet de les exporter individuellement.

Plus précisément, le logiciel génère un rectangle de couleur autour de chaque document détecté. On fait ensuite défiler la bande image pour repérer les documents « oubliés ». On en profite aussi pour ajuster les rectangles lorsque ceux-ci ne contiennent qu’une partie du document.

Étape supplémentaire dans le contrôle de la qualité : on procède à une deuxième vérification, où le contenu des rectangles s’affiche en noir grâce à un paramètre d’occultation. Les parties non repérées la première fois apparaissent en blanc, ce qui indique aux spécialistes à quels endroits faire les derniers ajustements.

Une fois la numérisation terminée, chaque document du recensement reçoit un numéro d’identification électronique permettant de trier les images par endroit.

Les images obtenues du recensement de 1931 ont d’abord été exportées en fichiers TIFF de 10 mégaoctets. Il s’agit d’un format sans perte, c’est-à-dire sans compression de l’image. Pour les besoins du projet, on a ensuite créé des fichiers dérivés en format JPEG, un format qui entraîne des pertes, mais qui est plus accessible et exige moins d’espace de stockage. L’équipe de la TI a créé un script pour convertir efficacement les fichiers TIFF en JPEG.

Autre avantage des fichiers JPEG : ils sont plus faciles à relier aux districts et aux sous-districts du recensement. Ils sont également plus faciles à utiliser pour les partenaires externes travaillant dans le domaine de l’intelligence artificielle.

D’hier à demain

À Bibliothèque et Archives Canada, travailler dans le domaine de la numérisation signifie améliorer constamment les processus et explorer de nouvelles techniques et technologies pour créer des images de la meilleure qualité possible. Le recensement de 1931 n’a pas fait exception à la règle. En tant que spécialistes en imagerie, nous sommes heureux de jouer un petit rôle afin de préserver l’histoire du Canada et la rendre accessible au public.


Melissa Beckett est spécialiste en imagerie par intérim et François Deslauriers est gestionnaire par intérim de la Reprographie. Tous deux travaillent à la Division des services de numérisation de Bibliothèque et Archives Canada.

Les raisons de notre engouement pour le recensement de 1931

Par Sara Chatfield

Bienvenue à la série de billets de blogue portant sur le recensement de 1931, publiés par Bibliothèque et Archives Canada. La publication des dossiers de ce septième recensement de l’histoire du Canada offre une occasion exceptionnelle d’en apprendre davantage sur notre pays. Conformément à la loi, il faut qu’il s’écoule 92 ans avant la publication des renseignements personnels recueillis dans le cadre du recensement. Ce délai étant échu, la vie de plus de 10 millions de personnes vivant au Canada en 1931 sera très bientôt dévoilée. Nous attendons ce moment depuis longtemps, et la date de publication approche à grand pas.

Une page dactylographiée sur laquelle on peut voir les mots Bureau national de la statistique et « Canada » dans la partie supérieure et un emblème.

La page couverture de la publication officielle du septième Recensement du Canada, 1931 (OCLC 796971519)

Il reste encore plusieurs étapes à franchir avant de pouvoir publier en ligne les 234 678 images du recensement de 1931. Ces étapes sont brièvement mentionnées sur le site Préparation du recensement de 1931. Cette série de billets de blogue nous permettra de clarifier quelques détails et contribuera à insuffler une vie au recensement. Elle servira notamment à répondre aux questions sur le mode de compilation des données, les questions que comportaient le recensement et la façon dont nous mettons celui-ci à la disposition des utilisateurs, en plus de traiter d’autres sujets qui éveilleront davantage notre conscience collective à toute l’importance que revêtent les recensements pour les générations présente et futures.

Les résultats de recensements sont des outils de recherche très utiles pour les généalogistes, les historiens, les universitaires et tous les Canadiens qui souhaitent explorer le passé. À l’origine, le recensement contribuait à déterminer la représentation parlementaire en fonction de la population. Toutefois, leur utilité dépasse largement ce rôle. Ces documents fournissent des informations sur la composition du Canada, l’histoire des familles canadiennes et les changements sociaux qui s’opéraient à l’époque.

Les données de recensement se rapportant à un ménage donnent un aperçu des vies des Canadiens à l’époque. Chaque page relate deux histoires. D’abord, elle révèle l’histoire d’une famille : les noms des personnes qui la constituent, leurs âges, leur religion et d’autres aspects de leur identité. Ensuite, les autres données dressent le portrait de son histoire au Canada : le quartier, le logement, la profession, la situation d’emploi et la communauté. Le recensement de 1931 révèle non seulement le lieu d’habitation des gens, mais aussi le mode de vie : dans une maison en famille élargie, en milieu immigrant, dans une maison de chambres ou dans un établissement.

Une carte du Canada sur laquelle on peut voir des points noirs de différentes tailles.

Une carte tirée du compte rendu administratif du septième Recensement du Canada, 1931 (OCLC 1007482727)

Les données du recensement de 1931 montrent également qu’il s’agissait d’une période marquée par les déplacements au pays. Des gens immigraient au Canada à la recherche d’emploi et de stabilité, et les Canadiens déménageaient partout au pays pour aller habiter en ville ou à l’autre bout du pays, souvent en raison de la conjoncture économique difficile durant la Grande Dépression.

Même si vous n’êtes pas un passionné de la généalogie, le recensement de 1931 a de quoi vous intéresser malgré tout. Vous pouvez en apprendre davantage sur votre ville ou province, notamment sur les industries qui s’y trouvaient ou les tendances d’emploi dans une région donnée. Les recensements peuvent même servir de source d’informations complémentaires aux chercheurs qui souhaitent se renseigner sur des groupes particuliers. Ils peuvent donner des indices concernant l’identité des personnes ayant vécu à une adresse à un moment donné ainsi que des informations sur leur situation, y compris des précisions permettant de savoir si elles parlaient le français ou l’anglais, si elles pouvaient lire et écrire ou si elles sont allées à l’école. Le recensement de 1931 contenait également une nouvelle question : « Le ménage possède-t-il une radio? ». Cette question présentera un grand intérêt pour les personnes qui souhaitent en savoir plus sur l’apparition des télécommunications au Canada. Elle permet aussi de déterminer la rapidité avec laquelle les informations pouvaient être diffusées ainsi que l’ampleur de la diffusion. Vous pourrez être aux premières loges des débuts d’une nouvelle forme de culture populaire en expansion. Fantastique, n’est-ce pas?

Nous nous doutons qu’un bon nombre de Canadiens éminents figureront dans ce recensement. Toutefois, nous ne pouvons le savoir avec certitude tant que nous n’aurons pas l’index complet à notre disposition. Dès la publication de l’index plus tard cette année, vous pourrez effectuer des recherches par nom de personnes comme le militant syndical devenu juge de la citoyenneté Stanley Grizzle, la militante kanien’kehá:ka Mary Two-Axe Earley, les comédiens William Shatner et Gordon Pinsent, l’artiste Pauline Julien, la chanteuse La Bolduc, le peintre Kazuo Nakamura, et la militante noire Viola Desmond. Vous pourrez peut-être en apprendre davantage sur leurs débuts dans la vie.

Joignez-vous à nous pour découvrir à quoi ressemblaient les ménages canadiens le lundi 1er juin 1931.

Nous vous invitons donc à rester à l’affût des prochains billets de blogue sur la publication de ce recensement important.


Sara Chatfield est gestionnaire de projet à la Division des services à la clientèle de Bibliothèque et Archives Canada.

Charlie Chaplin s’en va-t-en guerre, partie 2 : Aller au-delà d’un dossier de la Première Guerre mondiale pour vos recherches généalogiques

Par Emily Potter

Dans la première partie de ce billet de blogue, nous avons vu comment lancer une recherche généalogique à partir d’un dossier de la Première Guerre mondiale. Pour l’exercice, j’avais choisi au hasard le dossier de William Charles Chaplin dans la base de données Dossiers du personnel de la Première Guerre mondiale de Bibliothèque et Archives Canada. En le parcourant, nous avons trouvé les renseignements généalogiques suivants :

  • Date et lieu de naissance : 23 juin 1870, Chatham, Kent, Angleterre
  • Date et lieu du mariage : Inconnus
  • Date et lieu du décès : 5 octobre 1957, lieu inconnu
  • Nom de la mère : Inconnu
  • Nom du père : Inconnu
  • Nom de l’épouse : Eliza Agnes Turton, fille d’Agnes Eliza; décédée avant le 2 mars 1916
  • Noms des enfants : Miriam, James, Richard, George, Agnes, William et Celia

Voyons maintenant si nous pouvons combler certaines lacunes en cherchant dans d’autres sources généalogiques de Bibliothèque et Archives Canada.

Cartes de décès des combattants

Commençons par la fin et voyons si nous pouvons trouver le lieu du décès de Chaplin dans les cartes de décès des combattants. Créées par Anciens Combattants Canada, ces fiches comprennent des renseignements sur les militaires décédés qui ont pris part à la Première Guerre mondiale, comme la date et le lieu du décès ainsi que le nom du plus proche parent. Habituellement, elles indiquent aussi si le décès de la personne découle d’une quelconque façon de son service militaire.

Quoique fort utile, cet outil a aussi des limites. Puisqu’Anciens Combattants Canada n’était pas toujours informé des décès, les vétérans n’ont pas tous une carte. De plus, il n’y a pas de cartes pour les décès survenus après le milieu des années 1960.

En suivant ces instructions et ces conseils, j’ai pu trouver la carte de décès de William Charles Chaplin :

Nous savons que c’est la bonne carte, puisque le numéro de régiment et la date du décès sont les mêmes que ceux indiqués sur l’enveloppe du dossier de Chaplin. (Nous avons vu cette enveloppe dans la première partie du blogue.)

On y apprend que Chaplin est décédé à Toronto. L’indication Death not [Décès : non] signifie que sa mort ne résulte pas de son service militaire.

Recensements

Explorons maintenant un autre outil important pour les recherches généalogiques : les dossiers des recensements. Ces documents du gouvernement dénombrent la population du pays et sont une source inestimable de renseignements. Pour chaque personne d’un ménage, on y trouve par exemple l’âge, le pays ou la province de naissance, l’origine ethnique, la profession, la religion et, parfois, l’année d’immigration.

Nous savons déjà que Chaplin, né en Angleterre, était au Canada au déclenchement de la Première Guerre mondiale. Le Recensement de 1911 peut nous aider à savoir quand il a immigré ici.

Après quelques tentatives, j’ai trouvé une référence à Chaplin et à sa famille en utilisant les termes de recherche qu’on peut voir dans l’image ci-dessous.

Écran de la base de données de Bibliothèque et Archives Canada pour le Recensement de 1911.

Écran de recherche de la base de données du Recensement de 1911.

Page des résultats pour « W Charles Chaplain », tirée de la base de données de Bibliothèque et Archives Canada pour le Recensement de 1911.

Base de données du Recensement de 1911, « W Charles Chaplain ».

Le nom de Chaplin y est orthographié « Chaplain » (« W Charles Chaplain »). C’est un bon exemple des variantes orthographiques qu’on retrouve souvent dans les vieux documents. Vous avez de la difficulté à trouver une référence à vos ancêtres dans un recensement? Consultez nos conseils de recherche par nom et par lieu.

Regardons de plus près l’image qui nous intéresse.

Formulaire de recensement, avec des colonnes et des entrées manuscrites.

Recensement de 1911, Toronto, quartier no 4, page 7. (e002028460)

On y apprend que la famille de Chaplin a immigré au Canada en 1904. Comme nous l’avons vu dans la partie 1 du blogue, l’aînée des enfants, Miriam (ou Marian), est née vers 1898. Or, le recensement fait plutôt référence à une enfant du nom d’Annie ou Amia. Si l’on se fie à l’année de naissance, il s’agit probablement de Miriam. Annie (ou Amia) aurait pu être un deuxième prénom, un surnom ou une erreur; et nous savons déjà à quel point il est courant de voir des variations de noms dans les anciens dossiers!

Quoi qu’il en soit, d’après ce recensement, nous constatons qu’Annie/Amia/Miriam/Marian est née en Angleterre, comme ses frères James et Richard. Agnes, William, Charles et George sont quant à eux nés en Ontario. Nous pouvons en déduire que William et Agnes se sont très probablement mariés en Angleterre. Comme leur premier enfant est vraisemblablement né en 1898, ils se sont sans doute mariés cette année-là ou avant.

Listes de passagers

Toujours selon le Recensement de 1911, la famille Chaplin a immigré au Canada en 1904. Pouvons-nous confirmer ce renseignement?

Bibliothèque et Archives Canada possède plusieurs bases de données sur l’immigration, toutes répertoriées sur sa page Web Recherche d’ancêtres. Ici, nous utiliserons la base de données Listes de passagers pour le port de Québec et pour d’autres ports, 1865-1922.

Sur l’écran de recherche, j’ai d’abord entré le premier prénom et le nom de famille de Chaplin. J’ai décidé de ne pas indiquer d’année d’arrivée, pour ratisser aussi large que possible.

Heureusement pour moi, il n’y avait que huit résultats, et le premier faisait référence à notre William Chaplin.

Écran montrant la fiche de William Chaplin, tirée de la base de données Listes de passagers pour le port de Québec et pour d’autres ports, Listes de passagers pour le port de Québec et pour d’autres ports, 1865-1922.

Page de référence pour William Chaplin, tirée de la base de données Listes de passagers pour le port de Québec et pour d’autres ports, 1865-1922.

Comme on peut le voir, la famille est arrivée en 1905 et non en 1904. Rien de surprenant : comme nous l’avons appris dans la partie 1 du blogue, c’est tout à fait normal de voir des différences d’un ancien dossier à l’autre.

Détail agrandi d’un écran où l’on voit la famille Chaplin sur une liste de passagers.

Extrait d’une liste de passagers où l’on voit l’arrivée de William Chaplin sur le S. S. Dominion à Halifax, fonds RG76, bobine de microfilm T-499.

On peut lire les noms de William Chaplin, de son épouse Agnes et de leurs trois enfants. Une fois de plus, on trouve une variante du nom de Miriam, qui ressemble à « Amy ». Amy serait née en 1898. Cela concorde avec ce que nous avons vu pour Miriam dans le Recensement de 1911 et dans le dossier de la Première Guerre mondiale de son père.

Mis à part la variante de nom supplémentaire, la liste des passagers n’a rien ajouté à notre liste de renseignements manquants. Elle a cependant confirmé la date à laquelle la famille a immigré.

  • Date et lieu de naissance : 23 juin 1870, Chatham, Kent, Angleterre
  • Date et lieu du mariage : Angleterre, probablement 1898 ou avant
  • Date et lieu du décès : 5 octobre 1957, Toronto (Ontario)
  • Nom de la mère : Inconnu
  • Nom du père : Inconnu
  • Nom de la conjointe : Eliza Agnes Turton, fille d’Agnes Eliza; décédée avant le 2 mars 1916
  • Noms des enfants : Miriam, James, Richard, George, Agnes, William et Celia

En revoyant notre liste de renseignements sur William Charles Chaplin, nous constatons que nous y avons ajouté son lieu de décès – Toronto, en Ontario – et qu’il s’est probablement marié en Angleterre, en 1898 ou avant. Nous en avons aussi appris davantage sur sa famille, notamment les dates de naissance approximatives, le pays et la province de naissance de chaque membre, ainsi que la date à laquelle la famille a immigré au Canada.

Cela dit, il nous manque encore des renseignements clés sur Chaplin, et notamment celui-ci : qui étaient ses parents?

Jusqu’ici, nous avons fouillé dans les principales sources généalogiques de Bibliothèque et Archives Canada. Cependant, d’autres institutions offrent plusieurs sources fort utiles. Nous ne ferons pas ces recherches ici, mais je vais vous expliquer comment vous pourriez procéder.

Registres de l’état civil

Pour connaître les noms des parents de Chaplin, je chercherais d’abord son dossier de mariage. En effet, les registres de l’état civil sont des sources généalogiques extrêmement utiles : les dossiers de naissance et de mariage indiquent habituellement ces informations.

Nous connaissons le nom de l’épouse de Chaplin, ce qui est fort utile : nous pourrons ainsi nous assurer que nous avons trouvé dossier du bon William Charles Chaplin (et non celui d’un autre homme ayant le même nom).

Nous savons que Chaplin s’est marié en Angleterre; nous devrions donc chercher dans les archives anglaises.

Les dossiers britanniques pour les naissances, les mariages et les décès sont conservés au General Register Office en Angleterre. Les index, classés par année, sont accessibles à la recherche sur différents sites Web, notamment FreeBMD.

Nous pourrions aussi trouver plus d’information en cherchant les dossiers de chaque membre de la famille Chaplin dans les registres de l’état civil. Au Canada, les dossiers de naissances, de mariages et de décès relèvent des provinces et des territoires. Bibliothèque et Archives Canada ne les conserve pas, puisqu’il est une institution fédérale. Pour savoir où trouver ces dossiers et comment y accéder, consultez notre page Lieux, où vous trouverez des sources pour chaque province et territoire.

Nous pourrions sûrement pousser plus loin les recherches généalogiques sur William Chaplin et sa famille. Mais après avoir lu ces deux billets de blogue, je parie que vous avez hâte de commencer les vôtres!

Prêt à donner le coup d’envoi à vos propres recherches généalogiques? Rendez-vous sur notre page Comment débuter.

Enfin, n’oubliez pas la base de données Dossiers du personnel de la Première Guerre mondiale : vous pourrez y chercher des références sur le service militaire de vos ancêtres au sein du Corps expéditionnaire canadien.

Merci d’avoir pris le temps de me lire!


Emily Potter est consultante en généalogie à la Direction générale des services au public de Bibliothèque et Archives Canada.

Découvrir le 2e Bataillon de construction

English version

Par Andrew Horrall

Note sur les termes utilisés dans les documents

De nombreux documents relatifs à la 2e Compagnie de construction contiennent des termes qui étaient couramment utilisés pendant la Première Guerre mondiale, mais qui ne sont plus acceptables aujourd’hui. L’utilisation de ces termes par les autorités militaires est une preuve du racisme subi par les hommes de l’unité.

Comme il est décrit dans le billet de blogue, « Servir malgré la ségrégation », le 2e Bataillon de construction a été la première et la seule unité ségrégée du Corps expéditionnaire canadien (CEC) pendant la Première Guerre mondiale. Bibliothèque et Archives Canada (BAC) a répertorié et numérisé les documents relatifs à l’unité afin de faciliter l’exploration et la compréhension de son histoire et des histoires individuelles des hommes qui en faisaient partie.

Formulaire imprimé rempli par les hommes s’engageant dans le Corps expéditionnaire canadien. Le formulaire comprend 12 questions sur la personne, y compris son nom, sa date de naissance et son plus proche parent. En bas, on trouve une déclaration et un serment prêtés et signés par l’homme, ainsi que la déclaration et la signature d’un magistrat confirmant son engagement.

Page d’attestation pour Arthur Bright, RG 150, versement 1992-93/166, boîte 1066 – 39

Expériences individuelles

Les documents d’archives contiennent des détails sur les personnes ayant servi dans le 2e Bataillon de construction. Chaque histoire est unique et évocatrice.

Vous pouvez trouver les dossiers individuels des hommes en recherchant leur nom, ou en entrant « No. 2 Construction Battalion » (note : il faut insérer les mots-clés en anglais) dans le champ « Unité » de notre base de données, dans le menu déroulant Afficher les options de recherche avancées. Chaque dossier a été entièrement numérisé et comprend des renseignements détaillés sur la vie de la personne, sa famille et son service militaire.

Des amis et des familles servant ensemble

Les dossiers du personnel peuvent également raconter des histoires collectives. Nous savons que les hommes se sont souvent engagés en petits groupes de famille, d’amis ou de collègues de travail dans l’espoir de servir ensemble.

Voici deux stratégies pour trouver et explorer ces petits groupes au sein de l’unité. Commencez par déterminer l’identité de tous les hommes, en entrant « No. 2 Construction Battalion » (note : il faut insérer les mots-clés en anglais) dans le champ « Unité » de notre Base de données, dans le menu déroulant Afficher les options de recherche avancées. Par la suite :

  • Trier la liste par ordre alphabétique. Vous verrez que de nombreux noms de famille apparaissent plus d’une fois. Ouvrez les dossiers individuels des hommes portant le même nom et examinez leur lieu de naissance, leur adresse et leur parent le plus proche (souvent un parent) pour déterminer leur lien de parenté, le cas échéant.

Par exemple, nous pouvons voir que ces deux hommes étaient frères :

Tableau répertoriant 2 soldats avec le nom de famille Bright.

  • Trier la liste par matricule. Ces numéros ont été attribués aux hommes dans l’ordre numérique. En triant la liste de cette façon, on peut recréer les lignes d’hommes au moment de leur enrôlement dans une station de recrutement. Ouvrez les dossiers individuels pour voir si un homme s’est engagé seul ou avec un groupe.

Par exemple, nous savons que les frères Bright se sont engagés ensemble parce qu’on leur a attribué des matricules séquentiels. Nous découvrons également que les hommes portant les matricules précédents et suivants — qui se seraient trouvés à côté d’eux dans le bureau de recrutement en 1916 — avaient tous à peu près le même âge, exerçaient des métiers similaires et vivaient à moins d’un kilomètre les uns des autres à St. Catharines. Comment se connaissaient-ils?

Tableau répertoriant 5 soldats avec des numéros de régiment allant de 931537-931541Suivez les hommes dans la vie civile

Pour explorer plus largement l’histoire des Canadiens noirs, vous pouvez également découvrir la vie civile de bon nombre de ces hommes en entrant leurs noms dans d’autres bases de données de BAC dans la section « Recherche d’ancêtres » de notre site Web :

  • Les Recensements canadiens de 1911, 1916 et 1921. Par exemple, le recensement de 1921 indique qu’Arthur et Norman Bright vivent ensemble comme locataires au 3 Brown’s Lane, dans le centre-ville de Toronto. Ni l’un ni l’autre n’est alors marié, et tous deux travaillent comme ouvriers.
  • Les Listes de passagers montrent quand, où et avec qui les personnes ont immigré au Canada.
  • Les Dossiers du personnel de la Première Guerre mondiale peuvent ouvrir la voie à l’exploration de la communauté noire du Canada du début du 20esiècle et de ce que signifiait servir dans le 2e Bataillon de construction.
Deux pages d’un journal personnel. La date est imprimée en haut de chaque page, les 30 et 31 octobre. En dessous, le capitaine White a écrit des observations générales sur le temps, les lettres qu’il a écrites et reçues, et la vie au camp.

Deux pages du journal personnel du capitaine William « Andrew » White, l’aumônier de l’unité (e011183038)

La vie quotidienne au sein de l’unité

Deux documents numérisés vous permettent d’explorer les activités quotidiennes de l’unité :

  • Journal personnel de William « Andrew » White; l’aumônier du 2eBataillon de construction; nous pensons qu’il s’agit du seul récit personnel et témoignage direct écrit par un membre de l’unité.
  • Journal de guerre; les unités en service actif devaient tenir un compte rendu quotidien de leurs activités. Bien que les journaux de guerre ne se concentrent pas sur les personnes, ils décrivent les événements qui se sont déroulés chaque jour.

Comment l’armée canadienne a géré l’unité

BAC a numérisé environ la moitié des documents administratifs, organisationnels et historiques relatifs au 2e Bataillon de construction. Ces documents donnent une idée de la façon dont l’armée canadienne gérait l’unité et les hommes qui en faisaient partie.

Ressources numérisées documentant la 2e Compagnie de construction conservées à BAC

Renseignements de base sur l’unité

Autres photographies représentant des soldats noirs

Notez que BAC détient de nombreuses autres photos montrant des soldats noirs. Ces photos ne peuvent toutefois pas être trouvées lors d’une simple recherche, car cette information n’était pas incluse dans le titre original.

Affiche de recrutement

Documents textuels

Cour martiale

Les dossiers numérisés des cours martiales impliquant des membres de la Compagnie de construction no 2 et d’autres hommes noirs sont disponibles sur Canadiana.org (Veuillez noter que la liste ci-dessous peut ne pas être complète).


Andrew Horrall, archiviste à Bibliothèque et Archives Canada, a rédigé le billet de blogue. Il a aussi recensé les documents relatifs au bataillon, avec l’aide d’Alexander Comber et de Mary Margaret Johnston-Miller.