L’éducation dans les externats sous le régime de la Loi sur les Indiens : quelles conséquences pour les enfants inuit et métis?

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Par William Benoit et Alyssa White

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique qui pourraient être considérés comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

Des années 1860 aux années 1990, le gouvernement fédéral a exploité près de 700 externats indiens fédéraux dans tous les territoires et toutes les provinces (à l’exception de Terre-Neuve-et-Labrador), avec la collaboration des églises presbytérienne, unie, anglicane et catholique. Contrairement aux pensionnats indiens, les externats fonctionnaient seulement durant le jour. Leur but était cependant le même : assimiler les enfants des Premières Nations, inuit et de la Nation Métisse à la société « blanche » en effaçant en eux les langues et les cultures autochtones.

Maison de bois blanche avec un toit en croupe, derrière une clôture de fil de fer supportée par des poteaux en bois. La porte métallique de la clôture est ouverte.

Externat de Fishing Lake près de Wadena (Saskatchewan), vers 1948. (e011080261)

De nombreux élèves autochtones ont subi des abus verbaux, physiques et sexuels dans les externats. De plus, les communautés n’avaient pas leur mot à dire sur les programmes d’étude et le fonctionnement de ces établissements. Dans les années 1970, 1980 et 1990, le gouvernement fédéral a commencé à céder le contrôle sur les externats aux Premières Nations et aux Inuit, et les communautés ont enfin pu gérer – du moins en partie – l’enseignement donné à leurs enfants.

Selon Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada, de 180 000 à 210 000 élèves ont fréquenté les externats fédéraux entre 1923 et 1994 (une estimation fondée sur les données historiques et l’expertise statistique du Ministère). Les trois groupes autochtones n’ont pas été touchés de la même façon, les élèves des Premières Nations étant plus nombreux que les élèves inuit et métis. Chaque groupe avait une relation particulière avec le gouvernement fédéral, et des problèmes distincts concernant les services d’éducation que le gouvernement prétendait offrir. Par exemple, le gouvernement accepterait-il d’assumer ses responsabilités en matière d’éducation et de financement pour les Inuit et les Métis? Les documents concernant les divers groupes n’étaient pas conservés avec le même soin et la même cohérence non plus.

Le présent article aborde les répercussions des externats fédéraux sur les Inuit et la Nation Métisse, dont les expériences divergent de celles des Premières Nations et ne sont généralement pas aussi bien documentées.

Enfants de la Nation Métisse dans les externats indiens fédéraux : des chiffres impossibles à déterminer

La présence d’enfants métis dans les externats ne fait aucun doute, mais connaître leur nombre est pratiquement mission impossible. On peut raisonnablement présumer que les élèves métis et indiens non inscrits qui vivaient dans la zone d’implantation d’un externat le fréquentaient, surtout s’il n’y avait pas d’école provinciale ou religieuse à proximité.

Le gouvernement fédéral s’est davantage préoccupé des personnes assujetties à la Loi sur les Indiens – c’est-à-dire les Indiens inscrits –, aux dépens des personnes considérées comme Métis et Indiens non inscrits. Il faut en tenir compte quand on aborde la question de la fréquentation des externats. Cela rend compte de la difficulté pour les Métis d’obtenir des services gouvernementaux, par exemple en santé et en éducation. En fait, les Métis et les Indiens non inscrits tombaient dans une sorte de vide juridique : les gouvernements provinciaux et fédéral se renvoyaient la balle, chacun refusant d’assumer ses responsabilités et son pouvoir législatif.

La Loi sur les Indiens

L’enjeu plus global du statut d’Indien défini dans la Loi mérite également notre attention, notamment en ce qui concerne ses répercussions sur l’identité des Autochtones.

Sous le régime de la Loi, les Indiens inscrits sont sous la protection du gouvernement canadien. Cette relation juridique paternaliste découle d’une vision impérialiste considérant les Autochtones comme des enfants auxquels il faut montrer un mode de vie colonial « civilisé ». Le gouvernement a créé les externats et les pensionnats indiens fédéraux afin de contrôler ses pupilles.

La Loi sur les Indiens ne s’applique qu’aux Indiens inscrits. Les Inuit et les Métis n’étant pas considérés comme des Indiens, ils ont été privés des droits que confère ce statut, même s’ils étaient Autochtones et contribuaient à former la nation canadienne.

Contexte historique entourant l’identification des enfants de la Nation Métisse

Pour qu’on sache avec précision le nombre d’élèves ayant fréquenté les externats parmi les Indiens non inscrits (Premières Nations), les Inuit et les Métis, il aurait fallu que le gouvernement fédéral reconnaisse sa responsabilité juridique à leur égard. Dans le cas des Inuit, on considère généralement que l’obligation juridique du gouvernement a commencé en 1939, quand la Cour suprême a tranché la question de savoir si les « Esquimaux » étaient des « Indiens » (1). Pour ce qui est des Métis et des Indiens non inscrits, la date communément admise est 2016, année où la Cour suprême a statué que ces groupes doivent légalement être considérés comme des « Indiens » au sens de la Loi constitutionnelle (2).

Les documents du gouvernement fédéral témoignent d’une triste réalité : très peu de données ont été recueillies lorsqu’il n’y avait aucune obligation légale de servir ces communautés. Par conséquent, les documents sur les externats produits entre les années 1860 et 1990 n’identifient pas les élèves métis et non inscrits. On peut dire la même chose des Inuit avant 1939. Les sources gouvernementales ne permettent donc pas de connaître avec précision le nombre d’enfants métis ayant fréquenté les externats.

Enfants inuit dans les externats indiens fédéraux : loin de leur famille et de leur foyer

Quatre régions forment actuellement l’Inuit Nunangat : la région désignée des Inuvialuit (dans le nord des Territoires du Nord-Ouest), le Nunavut, le Nunavik (dans le nord du Québec) et le Nunatsiavut (dans le nord du Labrador). Les premiers externats fédéraux ont été ouverts dans le sud du Canada au début des années 1860. Il a fallu attendre la fin des années 1940 et le milieu des années 1950 pour que des externats soient ouverts au Nunavut.

Carte montrant la mer en bleu et la terre en vert pâle. Les noms des communautés sont écrits en caractères syllabiques inuktitut, et suivis des noms inuit et anglais.

Carte de l’Inuit Nunangat (territoire des Inuit), gracieuseté d’Inuit Tapiriit Kanatami.

Parmi les externats les plus proches des enfants inuit, mentionnons ceux à Old Crow Village (Yukon), Fort Simpson (Territoires du Nord-Ouest), Churchill (Manitoba), Fort Severn (Ontario) et Fort George (Québec). Certains de ces établissements éloignés fermaient parfois leurs portes pendant plusieurs années.

Contrairement aux élèves des pensionnats indiens (ou foyers fédéraux), hébergés pendant des mois loin de leurs familles, les élèves des externats pouvaient rentrer chez eux le soir. Mais les besoins des communautés inuit étaient largement ignorés puisque les externats étaient souvent construits dans les communautés des Premières Nations (ou à proximité), une situation qui a perduré jusqu’aux années 1940.

Les externats avaient pour but d’éviter les séparations. Pourtant, les enfants inuit étaient emmenés loin de chez eux, parfois sans avertissement. Leur nouveau milieu différait par le climat, l’écosystème, la culture sociale et la langue. Même la faune et la flore étaient méconnaissables. Parler d’un choc serait bien en deçà de la vérité pour décrire leur expérience.

La photo ci-dessous semble montrer un moment heureux : deux garçons souriants profitent d’une journée en plein air avec leurs familles pour aller voir un avion dans le hameau d’Iglulik. Ce que l’image ne dit pas, c’est qu’ils ignorent qu’on les embarquera dans quelques minutes à bord de cet avion qui les transportera à 800 kilomètres de là, à l’externat fédéral Sir Joseph Bernier, à Igluligaarjuk (Chesterfield Inlet). (3)

Deux garçons debout sur la rive regardent l’objectif.

Kutik (Richard Immaroitok) et Louis Tapadjuk, Iglulik (Nunavut), 1958. (e004923422)

Comme la présence à l’école est devenue obligatoire dans les années 1920, le contrôle du gouvernement fédéral sur l’éducation des enfants inuit imposait certainement un stress et des craintes aux familles.

Les externats nordiques étaient de petites installations comprenant généralement d’une à trois classes ainsi qu’une résidence pour le personnel. Selon leur emplacement, ils pouvaient accueillir de 8 à 20 élèves environ. Lorsqu’un externat était comblé, les autres enfants de la région étaient envoyés dans un autre établissement, au sud ou à l’ouest.

Deux bâtiments en bois de plain-pied, peints en vert pâle, sur un terrain rocailleux. On voit à l’arrière-plan une haute colline couverte d’arbres. À gauche se trouve une pancarte blanche avec du texte en noir, fixée sur des poteaux de bois.

Externat de Qunngilaaq (anciennement Reindeer Station, Territoires du Nord-Ouest), entre 1950 et 1960. (e011864959)

Les enfants qui n’avaient pas accès à un externat local étaient envoyés dans un pensionnat, une pension de famille ou un foyer d’accueil, à plusieurs centaines ou milliers de kilomètres de leur famille et de leur milieu de vie, confiés à de parfaits étrangers dans des lieux qu’ils ne connaissaient pas et qu’ils n’avaient pas le droit de quitter. Les distances et les coûts des déplacements empêchaient souvent toute visite familiale. Résultat : certains enfants inuit étaient séparés de leur famille pendant des années.

Des externats ont été construits partout au pays dans les années 1940 à 1980, comme ceux dans le Grand Nord, pour servir les communautés isolées sur la rive sud de l’île d’Ellesmere et de Resolute Bay (Nunavut).

Pour donner une idée de la répartition des externats au Canada et des difficultés des communautés éloignées, sur les 699 externats connus, seulement 75 devaient servir le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut et le nord du Québec. À peine 7 d’entre eux existaient avant les années 1940 (au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest); les 68 autres furent construits entre 1940 et 1969.

Le projet sur les externats

Le projet sur les externats vise à repérer, décrire, numériser et rendre accessibles des documents gouvernementaux sur les externats indiens fédéraux. À terme, le public pourra consulter ces documents.

Les documents numérisés comprennent des listes nominatives d’externats, des documents sur les pensions de famille, les foyers d’accueil et autres foyers, des demandes et autorisations de transfert ainsi que des documents sur les adoptions ou les départs des externats. Ils peuvent servir à retracer le parcours de nombreux enfants autochtones dans les externats et les divers types de foyers.

Soulignons toutefois que l’accès à la plupart des documents sur les externats est restreint selon la loi. Pour les consulter, il faut avoir recours aux lois sur l’accès à l’information et la protection des renseignements personnels. Malgré ces embûches, le projet vise à jeter les bases qui faciliteront autant que possible l’accès aux documents. Pour cela, il faut notamment rendre les procédures et les ressources plus faciles à comprendre et à utiliser. Les descriptions détaillées des archives sont un pas dans cette direction. Pour plus de renseignements sur la façon d’accéder aux documents numérisés grâce au projet, consultez l’aperçu du projet et son guide de recherche.

Les Premières Nations, les Inuit et la Nation Métisse doivent avoir accès à leur histoire pour guérir, apaiser leurs souffrances et aller de l’avant. Le public canadien doit aussi y avoir accès, pour mieux comprendre comment le pays s’est construit et former un avenir meilleur pour tout le monde.

Le chemin vers la réconciliation est long. L’accès à l’information et la sensibilisation du public seront essentiels pour progresser. La souveraineté des Autochtones sur leurs données et l’accès communautaire aux documents sont deux des principaux obstacles qu’il reste à franchir.

Autres ressources de Bibliothèque et Archives Canada

Ressources externes

Références

  1. Reference as to whether “Indians” includes “Eskimo”,1939 CanLII 22, [1939] SCR 104. Cette décision de la Cour suprême du Canada porte sur la reconnaissance constitutionnelle des Inuit au Canada. L’affaire porte sur le paragraphe 91(24) de la Loi constitutionnelle de 1867, qui s’appelait alors Acte de l’Amérique du Nord britannique, 1867. Cette disposition conférait au gouvernement fédéral une compétence législative sur « les Indiens et les terres réservées aux Indiens ». La Cour suprême considérait qu’aux fins du paragraphe 91(24), les Inuit devaient être considérés comme des Indiens.
  2. Daniels c. Canada (Affaires indiennes et du Nord canadien), 2016 SCC 12, [2016] 1 SCR 99. Cette décision de la Cour suprême du Canada porte sur la reconnaissance constitutionnelle des Métis et des Indiens non inscrits au Canada. Ceux-ci sont également considérés comme des « Indiens » au sens du paragraphe 91(24). La Cour estime que c’est le gouvernement fédéral et non les gouvernements provinciaux qui ont la responsabilité juridique de légiférer sur les enjeux qui concernent les Métis et les Indiens non inscrits. Le paragraphe 91(24) de l’Acte constitutionnel, 1867 traite des compétences exclusives du gouvernement fédéral.
    Le statut d’Indien (personne des Premières Nations) au sens de l’Acte constitutionnel n’est pas le même que le statut d’Indien inscrit défini dans la Loi sur les Indiens. Cette décision de la Cour suprême n’accorde donc pas le statut d’Indien aux Métis et aux Indiens non inscrits. Elle pourrait cependant engendrer de nouvelles discussions et négociations, voire des litiges contre le gouvernement fédéral au sujet des revendications territoriales et de l’accès à l’éducation, aux soins de santé et à d’autres services gouvernementaux.
  3. Greenhorn, Beth. « The Story behind Project Naming at Library and Archives Canada », dans Atiquput: Inuit Oral History and Project Naming, Carol Payne, Beth Greenhorn, Deborah Kigjugalik Webster et Christina Williamson (directrices de publication), 70-71. Montréal et Kingston: Presses de l’Université McGill-Queen’s, 2022.

William Benoit est un conseiller autochtone pour le projet sur les externats.
Alyssa White est adjointe en archivistique pour le projet sur les externats.

Comprendre les documents sur les externats à Bibliothèque et Archives Canada

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Par Marc St. Dennis

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique qui pourraient être considérés comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

Le projet sur les externats de Bibliothèque et Archives Canada vise à repérer, numériser et décrire les documents sur le système des externats indiens fédéraux, afin de les rendre plus accessibles aux survivants, à leurs familles et aux chercheurs. De nombreux enfants inuit, des Premières Nations et de la Nation Métisse ont fréquenté ces écoles, qui s’inscrivaient dans un ensemble de politiques d’assimilation coloniales. Les premiers externats financés par le gouvernement fédéral ont vu le jour dans les années 1870; les derniers ont fermé leurs portes (ou ont été cédés à des communautés) au début des années 2000. Quant au projet sur les externats, il a commencé en 2022 et devrait se conclure en 2026.

Une carte, un plan technique et cinq photos noir et blanc sur du papier jauni.

Plan du site, plan technique et photographies de l’externat d’Aiyansh, près de Terrace (Colombie-Britannique), 1967. RG22, boîte no 10, dossier no 2909. (e011814153)

En tant qu’archiviste affecté à ce projet, j’ai passé des journées à éplucher des documents historiques, certains banals, d’autres fascinants, et d’autres encore portant le poids du passé. Si vous vous demandez ce qu’ils contiennent, vous êtes au bon endroit.

La recherche sur les externats est en quelque sorte un travail de détective. On ouvre un dossier en espérant trouver une réponse claire, mais on se retrouve avec des rapports administratifs, des documents financiers ou des dossiers médicaux. Il y a souvent des surprises, comme le plan d’une école dessiné à la main au dos d’une vieille note de service. Pour s’y retrouver, il faut absolument savoir ce que les divers types de documents peuvent nous apprendre.

À la recherche des injustices

Même les documents courants peuvent révéler de profondes injustices. Les externats faisaient partie d’un système visant à assimiler les enfants inuit, des Premières Nations et de la Nation Métisse. Une discipline sévère, des ressources insuffisantes et une indifférence pour le bien-être des élèves étaient monnaie courante. Contrairement aux élèves des pensionnats, ceux des externats quittaient l’école le soir (pour aller chez leurs parents ou ailleurs), mais ils n’échappaient pas aux mauvais traitements, à la négligence et aux abus.

Six enfants debout dans la neige, vêtus d’un parka bleu, blanc ou rouge, regardent une scène de la Nativité en bois devant une maquette de bâtiment.

Enfants inuit devant une scène de la Nativité, externat de Pangnirtung, Nunavut, entre 1950 et 1960. Fonds Joseph Vincent Jacobson et famille. (e011864991)

De nombreux élèves se rappellent avoir subi des abus physiques, émotionnels et même sexuels. Certains dossiers contiennent des preuves de ces sévices, comme des plaintes de parents, des documents sur les châtiments infligés ou des rapports internes sur des cas de mauvaise conduite. En outre, il ne faut pas oublier que les documents témoignent des préjugés institutionnels du personnel et du gouvernement fédéral. En général, les administrateurs des écoles, les enseignants et les fonctionnaires documentaient les mesures disciplinaires pour justifier leur propre comportement et non pour reconnaître les torts infligés aux élèves. Certains rapports diminuent ou nient carrément les abus allégués. Les termes employés dans les documents officiels reflètent souvent les préjugés de l’époque. Les élèves autochtones n’étaient alors pas considérés comme des victimes de maltraitance systémique, mais comme des cas problématiques ou difficiles.

Les événements et les politiques pouvaient eux aussi être présentés sous un jour avantageux pour le gouvernement, faisant l’impasse sur les véritables expériences des élèves. Par exemple, on pouvait dire qu’il suffisait d’améliorer les conditions de vie dans les écoles pour remédier à une négligence systémique, même si les élèves continuaient de souffrir. Les chercheurs doivent faire preuve d’esprit critique et se rappeler que les mots ne correspondent pas toujours à la réalité. Le contexte est essentiel; il faut lire entre les lignes, comparer les sources et écouter les survivants pour avoir une meilleure idée des injustices de l’époque.

Page noire sur laquelle sont collées deux rangées de quatre photographies noir et blanc. Il y a une légende tapuscrite sous chaque photo.

Photographies prises à Tetl’it Zheh (anciennement Fort McPherson), à Tsiigehtchic (anciennement Arctic Red River) et dans les environs de Thunder River, dans les Territoires du Nord-Ouest. Ancien ministère des Affaires indiennes, R216, RG85, volume 14980, album 37, page 95. (e010983667)

Contenu des documents

Nous travaillons avec des documents provenant de ministères, d’administrateurs d’écoles et d’autres fonctionnaires impliqués dans l’exploitation des externats au Canada. Les dossiers brossent un portrait détaillé des écoles, de leur fonctionnement, des élèves et des défis auxquels ceux-ci sont confrontés.

Feuille lignée jaunie sur laquelle sont collées huit photos noir et blanc en trois rangées. Un plan architectural est dessiné à la main à la fin de la troisième rangée. Une légende écrite à l’encre bleue se trouve sous chaque photographie.

Externat de Big Eddy, The Pas (Manitoba), vers l’été 1947. Ancien ministère des Affaires indiennes et du Nord. (e011078102)

Les documents montrent la complexité de la vie quotidienne dans les externats. Les rapports sur les présences et les plans de cours donnent une idée de la vie en classe, alors que les bulletins montrent les progrès réalisés par les élèves, ainsi que les biais du système. Les dossiers médicaux et les documents sanitaires décrivent les conditions de vie souvent difficiles des enfants. Quant aux grands livres sur les finances, ils nous apprennent comment les ressources étaient attribuées (ou non), influençant ainsi la qualité des soins et de l’éducation.

Les lettres et les notes de service témoignent de relations tendues entre le personnel des écoles, les représentants du gouvernement et les familles. Les accords entre les gouvernements et les directeurs des écoles montrent la fluctuation des responsabilités et l’absence d’imputabilité. Quant aux lettres de démission, elles laissent imaginer un roulement élevé au sein du personnel enseignant. Enfin, les rapports d’entretien documentent la détérioration des bâtiments, et les documents sur la fréquentation scolaire expliquent comment les élèves étaient surveillés et punis, souvent sévèrement.

Précisons que le dossier d’un élève en particulier ne comprend pas nécessairement tous ces types de documents.

L’ensemble de ces documents décrit le contexte qu’il faut absolument connaître pour comprendre les expériences et la réalité quotidienne des élèves inuit, des Premières Nations et de la Nation Métisse, ainsi que les injustices systémiques.

Des documents qui favorisent la vérité et la réconciliation

Pour mener à bien la réconciliation, il faut absolument comprendre ce qui s’est passé dans les externats. Les survivants ont raconté leur histoire, et les documents prouvent leurs dires. Les dossiers sont essentiels à plus d’un titre :

  • Réclamations : Les survivants qui ont fait des réclamations dans le cadre du recours collectif concernant les externats indiens fédéraux ont utilisé ces documents pour confirmer leur présence dans un externat particulier et leurs expériences.
  • Histoire familiale : Les descendants des élèves apprennent beaucoup de choses sur l’éducation donnée à leurs parents et sur leurs expériences dans les externats.
  • Recherche : Les chercheurs et les historiens qui étudient les répercussions de ces écoles sur les communautés autochtones consultent les documents pour découvrir des politiques, des écarts de financement et des exemples de maltraitance systémique.
  • Sensibilisation : L’accessibilité des documents évite que le public canadien oublie ce chapitre douloureux de son histoire, et accroît la compréhension et la responsabilisation.

Si vous effectuez des recherches sur les externats pour l’une ou l’autre des raisons ci-dessus, ces documents sont irremplaçables. Cependant, la recherche dans les archives demande beaucoup de patience. Certains documents sont incomplets, les notes manuscrites ne sont pas toujours faciles à déchiffrer et le jargon gouvernemental n’était pas plus facile à comprendre à l’époque.

Mais nous pouvons vous aider! L’équipe du projet sur les externats s’emploie à décrire les dossiers pour en faciliter l’accès. Les lois sur la protection de la vie privée nous empêchent d’inclure les noms des élèves ou du personnel de l’école dans les descriptions. Toutefois, lorsque les dossiers comprennent des noms, nous le précisons dans une note à l’intention des chercheurs. Les descriptions donnent les noms des écoles et des communautés, énumèrent les types de documents et indiquent s’il y a des photographies, des dessins, des cartes ou des plans. Toute l’information est interrogeable. Notre priorité est que les chercheurs connaissent le contenu des documents et puissent utiliser ceux-ci.

Alors si vous vous retrouvez empêtrés dans la correspondance sur la réparation d’une chaudière, ne vous inquiétez pas. Vous êtes sur la bonne voie!

Autres ressources à Bibliothèque et Archives Canada

Ressources à l’extérieur de Bibliothèque et Archives Canada


Marc St. Dennis a travaillé comme archiviste pour le projet sur les externats à Bibliothèque et Archives Canada, de janvier 2024 à mars 2025.

Série des dossiers relatifs aux écoles, 1879-1953

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) conserve des documents créés par le gouvernement fédéral sur l’administration des pensionnats autochtones.

La Série des dossiers relatifs aux écoles (référence archivistique RG10 B 3 d) du sous fonds des Affaires indiennes et inuites contient des documents créés entre 1879 et 1953 sur les pensionnats et externats autochtones.

Cette série contient des documents sur l’admission d’élèves dans des pensionnats et le renvoi de certains, ainsi que des fichiers sur l’établissement de différentes écoles.

La Série des dossiers relatifs aux écoles a été numérisée et est accessible à partir de la section Numérisation de microforme du site Web de BAC.

Nos spécialistes de la référence recommandent une liste de volumes et de bobines de la série qui traitent d’écoles précises. On peut consulter cette liste à la section Aide à la recherche de la version numérisée de la série. Elle est très utile pour naviguer dans la Série des dossiers relatifs aux écoles.

Ressources additionnelles

• Pour obtenir des renseignements additionnels sur la façon de faire une recherche dans la section Numérisation de microforme, consultez la section Aide à la recherche.

• Voyez la description de cette série dans Recherche de fonds d’archives pour en savoir plus.

Vous avez des questions ou des commentaires? N’hésitez pas à communiquer avec nous!