Un voyage tragique : 100 ans après le naufrage de l’Empress of Ireland

Le 28 mai 1914, par une belle journée de printemps, l’Empress of Ireland, commandé par le capitaine Henry George Kendall, quitte la ville de Québec à destination de Liverpool (Angleterre) avec 1 477 passagers et membres d’équipage à son bord. Le navire prend du courrier à Rimouski avant de se rendre à la station de pilotage de Pointe au Père. En descendant l’échelle de corde, le pilote qui quitte le navire prédit : « Je pense que vous n’aurez pas beaucoup de brouillard. » S’amorce alors un concours de circonstances tragiques qui entraînera la mort de 1 012 personnes.

Le R.M.S. Empress of Ireland vers 1906.

Le R.M.S. Empress of Ireland vers 1906. (a116389)

Le brouillard
Pendant la nuit du 29 mai, peu après 1 h 30, le capitaine Kendall aperçoit le navire charbonnier norvégien Storstad qui vient vers lui. Tout de suite après, un épais brouillard s’installe. Kendall ordonne alors d’arrêter le navire pour laisser l’autre vaisseau passer en toute sécurité, et les deux navires s’envoient des signaux pour communiquer leurs intentions. Dans son témoignage, le capitaine en second du Storstad mentionnera qu’au moment où le navire est entré dans le banc de brouillard, il ne semblait y avoir aucun risque de collision.

Juste avant 2 h, le charbonnier chargé à pleine capacité émerge du brouillard et se dirige à vive allure vers l’Empress. Le capitaine Kendall essaie désespérément de l’avertir, mais il est trop tard, et le Storstad percute violemment le milieu de l’Empress. Les dommages subis sont irréparables, car les salles des machines sont rapidement inondées. Privé de ses sources d’énergie, le navire ne peut fermer les portes étanches de sa cloison. L’eau continue de submerger l’Empress, qui donne un violent coup de roulis. Les signaux d’alarmes retentissent pour avertir les passagers endormis qu’il faut abandonner le navire.

SOS
Quelques centaines de personnes parviennent jusqu’au pont, mais seulement quatre canots de sauvetage sont mis à la mer avant que le vaisseau chavire. Les passagers et les membres d’équipage sont projetés dans les eaux glacées et, en quelques minutes, l’Empress disparaît vers son dernier lieu de repos, au fond du fleuve Saint Laurent.

La majorité de ceux qui ont perdu la vie cette nuit là se trouvaient loin en dessous du pont et voyageaient en troisième classe. Seulement 473 des 1 477 passagers et membres d’équipage à bord de l’Empress of Ireland ont survécu.

Le Storstad après la collision avec l’Empress of Ireland.

Le Storstad après la collision avec l’Empress of Ireland. (c001945)

Tragédie et blâme
Après la tragédie, bien des cœurs sont brisés et la chasse aux coupables commence. Les équipages des deux navires nient catégoriquement leur responsabilité dans l’accident. Des éditoriaux de l’époque mentionnent qu’à en croire les capitaines, les deux navires étaient immobilisés à plusieurs kilomètres l’un de l’autre. L’enquête attribuera finalement la responsabilité de la collision au capitaine du Storstad.

L’épave de l’Empress of Ireland repose au fond du fleuve Saint Laurent, à 11 kilomètres de Pointe au Père (Québec), sous 40 mètres d’eau. Une bouée de surface indique son emplacement. Cent ans plus tard, la tragédie de l’Empress of Ireland est toujours le plus grand accident maritime survenu dans les eaux canadiennes en temps de paix.

Autres recherches

Découvrez aussi :

Bibliothèque et Archives Canada diffuse son onzième balado : Le Canada sous-marin : Enquêtes sur les naufrages

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) publie sa plus récente émission de baladodiffusion intitulée Le Canada sous-marin : Enquêtes sur les naufrages.

Pour souligner le 100e anniversaire du naufrage de l’Empress of Ireland, Marc-André Bernier, chef du Service d’archéologie subaquatique de Parcs Canada, se joint à nous pour discuter des naufrages, de leur importance dans l’histoire du Canada, et du rôle considérable que joue BAC dans les enquêtes sur les naufrages ainsi que dans la recherche et la découverte des épaves.

Abonnez vous à nos émissions de baladodiffusion sur notre fil RSS ou iTunes, ou consultez le site : Balado – Découvrez Bibliothèque et Archives Canada : votre histoire, votre patrimoine documentaire.

Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec nous par courriel à balados@bac-lac.gc.ca.

Le Canada sous marin : Guide succinct de la recherche sur les naufrages

En tant qu’événements historiques, et parce qu’ils nous ont légué de fascinants objets, les naufrages stimulent l’intérêt que l’on porte au patrimoine maritime canadien. La découverte des épaves du Hamilton et du Scourge, des bateaux de la guerre de 1812 retrouvés dans les années 1970 dans le lac Ontario, ainsi que celle du Titanic retrouvée dans les années 1980, ont aidé à faire connaître l’histoire et l’archéologie sous-marines au grand public.

Que vous soyez un chasseur d’épave sur la piste d’un navire perdu ou un nouveau passionné des naufrages souhaitant étudier des images et des documents qui préservent les récits épiques des événements survenus dans les eaux canadiennes, vous trouverez des documents intéressants à Bibliothèque et Archives Canada (BAC).

Commencer la recherche
La première étape consiste à recueillir le plus d’information possible sur les naufrages qui font l’objet de votre recherche, notamment les renseignements suivants (en ordre d’importance) :

  • Le nom du navire
  • Le lieu de l’accident
  • La date de l’accident
  • Le port d’immatriculation du navire
  • Le numéro matricule du navire
  • L’année de la construction du navire

La Base de données d’immatriculation des navires est une source utile. Elle fournit des renseignements de base sur plus de 78 000 navires immatriculés au Canada entre 1787 et 1966.

Si vous ne réussissez pas à trouver tous ces renseignements, ne vous inquiétez pas! Ils ne sont pas tous nécessaires, mais vous devez absolument connaître le nom du navire, car tous les documents gouvernementaux sur les naufrages sont classés en fonction du nom du navire.

Quelle est l’information accessible?
Sur le site Recherche de fonds d’archives, vous trouverez les types de document suivants :

Photographies

Cartes

  • Dans le champ « Genre de documents » du site Recherche de fonds d’archives, choisissez l’option « Cartes et documents cartographiques » pour restreindre la liste des résultats.

Documents gouvernementaux
Tous les documents mentionnés ci dessous font partie des groupes d’archives RG 42 – Direction de la marine et RG 24 – Transport Canada. Bien que les titres aient été traduits, les documents d’archives sont présentés dans la langue d’origine.

  • Registres de rapports officiels sur les naufrages, 1870 1975
  • Rapports sur les naufrages, 1907 1974
  • Registre d’enquêtes sur les naufrages, 1911 1960
  • Documents d’enquête sur les pertes et les victimes de naufrages, 1887 1980

Important : Les documents gouvernementaux comprennent de l’information sur les naufrages survenus en eaux canadiennes et sur tous les accidents impliquant des navires étrangers en eaux canadiennes.
Remarque : La liste de ressources compilée dans le présent billet n’est pas exhaustive; elle ne comprend que quelques unes des principales sources de documents sur les naufrages qui sont accessibles à BAC.

Conseils utiles
L’exposition virtuelle Enquêtes sur les naufrages comprend un certain nombre de photographies, de cartes et de documents numérisés. Il est particulièrement intéressant de consulter le registre des rapports officiels sur les naufrages qui ont été numérisés dans la base de données pour enquêtes sur les naufrages. Il suffit de vérifier si le nom du navire que vous cherchez se trouve dans la liste.

Les bibliothèques locales constituent une autre excellente source d’information sur les naufrages. De nombreux récits maritimes et bibliographies offrent des points de référence pour commencer une recherche à ce sujet.