Nouveau balado! Écoutez notre plus récente émission, « L’œuvre de Mary Riter Hamilton réalisée sur les champs de bataille »

Notre plus récent balado est en ligne! Écoutez « L’œuvre de Mary Riter Hamilton réalisée sur les champs de bataille ».

Image en couleur d’un tableau représentant deux postes d’artilleurs devant une forêt calcinée. Deux sépultures, chacune surmontée d’une croix blanche, se trouvent à l’avant-plan. Le tableau porte une signature en bas à gauche : Mary Riter Hamilton 1919.

Bois de Farbus, emplacements de fusils, Plateau de Vimy [e000000656]

Qu’est-ce qui a bien pu pousser une artiste de renom à quitter sa vie confortable au Canada pour aller endurer des conditions pénibles sur les champs de bataille de France et de Belgique après la Première Guerre mondiale? Mary Riter Hamilton accepte une mission spéciale pour Les Amputés de guerre : de 1919 à 1922, elle peint les lieux ravagés où les soldats canadiens ont combattu et péri.

Ses toiles expriment la douleur de la guerre, mais aussi l’espoir et le renouveau. Sacrifiant sa santé, l’artiste crée l’une des rares séries de peintures authentiques qui représentent l’Europe déchirée par le conflit. C’est son cadeau au Canada. D’ailleurs, en 1926, elle donne la majorité de ses toiles aux Archives publiques du Canada, maintenant Bibliothèque et Archives Canada.

Nous discutons avec Kathryn Young, professeure adjointe d’histoire à l’Université du Manitoba, maintenant retraitée. Nous recevons aussi Sarah McKinnon, ancienne vice-présidente de l’École d’art et de design de l’Ontario et ancienne conservatrice à l’Université du Manitoba.

Pour voir les images associées à ce balado, voici un lien vers notre album Flickr.

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La bataille de la crête de Vimy – artistes de guerre

Bannière avec deux photos: une montrant une photo de la bataille de la crête de Vimy qui transitione vers une image plus contemporaine montrant le mémorial de VimyPar Katie Cholette
La bataille de la crête de Vimy a frappé l’imagination de nombreux artistes, tant professionnels qu’amateurs. Certains de ces artistes étaient des soldats et participèrent à la bataille. D’autres, qui n’étaient pas présents sur les lieux, ont peint les champs de bataille après l’événement ou les ont imaginés. Des artistes canadiens et d’origine britannique, masculins et féminins, ont représenté dans un large éventail de styles et de médias, de nombreuses facettes de la bataille : l’héroïsme des soldats, le nombre incroyable de morts et de blessés, la destruction massive des bâtiments et la dévastation des paysages.

Une lithographie en couleur d’un paysage dévasté montrant un large cratère au milieu duquel se trouve une croix dessinée avec des pierres blanches. En haut et en bas du cratère, il y a deux autres croix de pierre : une catholique et une celtique. Des fils barbelés encerclent le cratère et des chicots d’arbres calcinés se profilent au loin.

Un cratère de mine – Un cimetière dans le vieux « no man’s land » sur la crête de Vimy, 1917, une lithographie de Frederick Thwaites Bush (Bibliothèque et Archives Canada – MIKAN 4014020)

Le soldat canadien Frederick Thwaites Bush, natif de Grande-Bretagne, a créé quelques-unes des images les plus évocatrices de la bataille. Architecte de formation avant la guerre, Bush servit comme lieutenant dans le 29e bataillon et avec les ingénieurs canadiens. Alors qu’il était en Belgique et en France, il dessina plusieurs des sites de combat, notamment Ypres, Passchendaele et la crête de Vimy. Réalisée à partir d’un dessin au crayon esquissé sur les lieux, cette lithographie couleur d’un cratère de mine et cimetière placé au milieu d’un paysage dévasté dégage une impression de désolation et de perte.

Une gravure représentant un groupe de soldats entourant un canon tiré par deux chevaux devant les ruines d’une maison de ferme.

La ferme Berthonval par le lieutenant C. H. Barraud, vers 1917-1918 (Bibliothèque et Archives Canada – MIKAN 4936627)

Le lieutenant Cyril Henry Barraud travaillait comme artiste et graphiste avant la Première Guerre mondiale. Né en Angleterre, Barraud émigra au Canada en 1913. Quand la guerre éclata, il s’enrôla dans les Grenadiers de Winnipeg. Il fut envoyé outremer en août 1915 avec le 43e bataillon, et en novembre 1917, il fut engagé officiellement comme artiste de guerre. Alors qu’il était en France et en Belgique, Barraud réalisa des dessins sur la ligne de front. À partir de ces dessins, il exécuta plus tard de nombreuses gravures pour le Fond de souvenirs de guerre canadiens. Des images telles que La ferme de Berthonval sont représentatives de son style, caractérisé par une composition soignée, associant des bâtiments détruits par la guerre à des paysages romantiques. Cette œuvre d’art a été présentée à Londres en 1919, lors de la Canadian War Memorials Exhibition.

Une aquarelle représentant un mur de briques et de ciment dont les débris jonchent une petite colline, avec à l’arrière-plan des arbres brisés et des avions volant au-dessus.

Position allemande détruite durant la bataille de Vimy, 1917 par Reuben Alvin Jukes, 1917 (Bibliothèque et Archives Canada – MIKAN 3838519)

Reuben Alvin Jukes (Jucksch) est né à Hanover, en Ontario. Il s’enrôla dans le 20e bataillon canadien en 1914, indiquant comme profession qu’il était artiste. Il fut transporté en Angleterre pour s’y entraîner et envoyé au front en janvier 1916. Même s’il n’était pas officiellement artiste de guerre, un commandant compréhensif lui accorda du temps pour peindre des scènes alors qu’il était au front. En raison d’un épisode de ce qu’on appelait alors un traumatisme dû aux bombardements, Jukes n’a pu participer à la bataille de la crête de Vimy; cependant, il reprit du service en mai 1917. Plus tard, il peignit plusieurs aquarelles extrêmement détaillées, presque surréalistes, telles que Position allemande détruite durant la bataille de Vimy, 1917, représentant les lendemains de la bataille.

Une peinture en couleur de quelques croix ornées de fleurs au milieu d’un trou dans un mur de pierre écroulé. À l’arrière, il y a une structure brune; le ciel est bleu avec des nuages blancs.

Emplacements de canons, bois de Farbus, crête de Vimy par Mary Riter Hamilton, 1919 (Bibliothèque et Archives Canada – MIKAN 2836031)

Certaines des peintures les plus expressives de la crête de Vimy ont été réalisées par Mary Riter Hamilton, une artiste professionnelle née au Canada. Bien qu’elle n’ait pas réussi à se faire engager officiellement comme artiste de guerre, l’Association des amputés de guerre de Colombie-Britannique lui a commandé des illustrations pour le magazine The Gold Stripe, destiné aux vétérans. Mary Riter Hamilton avait hâte de peindre les sites où tant d’hommes étaient morts, avant que ne soient entrepris les travaux de reconstruction. Elle se rendit donc en Europe peu après la fin de la guerre pour y peindre. De 1919 à 1922, elle réalisa plus de 300 tableaux, notamment Emplacements de canons, bois de Farbus, crête de Vimy et Petit Vimy et le village de Vimy vus de la route entre Lens et Arras. Dans ces deux œuvres, le style spontané et léger de l’artiste, et une palette de couleurs claires témoignent d’un certain optimisme malgré les circonstances. Hamilton refusa de vendre ses peintures de guerre. Elle les exposa plusieurs fois lors d’activités de financement organisées pour venir en aide aux hommes qui ont combattu, et à leurs familles. En 1926, elle offrit 227 peintures, dessins et gravures aux Archives publiques du Canada (maintenant Bibliothèque et Archives Canada).

Une peinture en couleur d’une route bordée d’arbres cassés, descendant vers une petite ville. Au loin, on aperçoit d’autres villages et des collines.

Petit Vimy et le village de Vimy vus de la route entre Lens et Arras par Mary Riter Hamilton, 1919 (Bibliothèque et Archives Canada – MIKAN 2836011)

Une peinture en couleur représentant un groupe de soldats donnant l’assaut en lançant des grenades dans diverses postures. Quelques soldats s’avancent armés de fusils et de baïonnettes, alors que d’autres sont étendus au sol, morts. Le tableau se décline en couleurs pastel très douces et les soldats sont peints avec beaucoup de délicatesse.

Cede Nullis, les grenadiers du 8e bataillon d’infanterie du Canada sur la crête de Vimy, 9 avril 1917 par Lady Elizabeth Southerden Butler, 1918 (Bibliothèque Archives Canada – MIKAN 2883480)

La bataille de la crête de Vimy a capté l’imagination d’une autre artiste professionnelle, Lady Elizabeth Southerden Butler. Lady Butler (née Elizabeth Thompson) était une artiste anglaise diplômée en art, spécialiste de la peinture réaliste des champs de bataille. À la fin du 19e siècle, elle jouit d’une grande popularité grâce à ses représentations romantiques et héroïques de la guerre de Crimée et des guerres napoléoniennes. Semblable à ses œuvres antérieures, au point de vue du style, Les grenadiers du 8e bataillon d’infanterie du Canada sur la crête de Vimy, 9 avril 1917 représente le 8e bataillon de la 3e division d’infanterie du Canada le jour où les Canadiens se sont emparés de la crête. L’aquarelle a été peinte alors que l’artiste vivait en Irlande; elle fut exposée en mai 1919 à Londres. L’œuvre fut achetée lors d’une vente aux enchères en 1989.

La victoire à la bataille de la crête de Vimy est l’un des événements les plus marquants de l’histoire canadienne. Immortalisés par des œuvres d’art, le courage des soldats et les sacrifices consentis lors de cette bataille font partie intégrante de notre mythologie nationale.

Biographie

Katie Cholette détient un baccalauréat en histoire de l’art, une maîtrise en histoire de l’art canadien et un doctorat en études canadiennes. Elle a travaillé auparavant comme conservatrice des acquisitions et chercheuse au Musée du portrait du Canada; elle a obtenu deux bourses de recherche en art canadien au Musée des beaux-arts du Canada et enseigne en histoire de l’art, en études canadiennes et en lettres et sciences humaines depuis 14 ans à l’Université Carleton. Elle a aussi réalisé plusieurs projets de conservation et de recherche en tant que travailleuse autonome, et elle siège au comité de rédaction de la revue Underhill Review.

Ce blogue a été créé dans le cadre d’une entente de collaboration entre The National Archives et Bibliothèque et Archives Canada.

Mary Riter Hamilton, première peintre militaire non officielle du Canada

Quatre‑vingt‑dix ans ont passé depuis que Mary Riter Hamilton a fait don de ses œuvres aux Archives publiques du Canada (maintenant Bibliothèque et Archives Canada) : 180 peintures à l’huile et des dizaines de dessins réalisés à la craie, au pastel et au crayon qui représentent la dévastation en Europe après la Première Guerre mondiale. Les œuvres de Riter Hamilton ne sont pas joyeuses; elles traitent presque toutes de la destruction engendrée par la guerre. Elles montrent des tranchées boueuses, des paysages dévastés, des tombes, des cimetières, et des églises et des villages détruits par des bombardements.

Monument commémoratif de la Deuxième division canadienne dans un cratère de mine près de Neuville Saint Vaast.

Monument commémoratif de la Deuxième division canadienne dans un cratère de mine près de Neuville Saint Vaast (c105221k)

Mary Riter Hamilton voit le jour en 1873 à Teeswater (Ontario) et grandit à Clearwater (Manitoba), où sa famille s’est établie pour exploiter une ferme. Elle marie Charles W. Hamilton à 18 ans et devient veuve à 23 ans. Peu avant la mort de son époux, Mary commence à suivre des cours d’art à Toronto. La plupart de ses enseignants formés en Europe remarquent son talent et l’encouragent vivement à poursuivre ses études à Paris. Mary étudie d’abord en Allemagne, puis elle déménage à Paris, où elle vivra et étudiera pendant huit ans. Mary retourne s’installer au Manitoba pendant un an en 1906, puis elle s’y établit de nouveau en 1911 et y habite pendant huit ans. Pendant cette période, les œuvres de Mary sont présentées dans des musées de Montréal, Ottawa, Toronto, Winnipeg et Calgary.

Peinture montrant une route avec des arbres détruit aux abors.

La mélancolie de la Somme (c104799k)

Toujours désireuse de retourner en Europe, Mary obtient sa chance en 1919, alors qu’elle vit et travaille sur la côte Ouest du Canada. L’Amputation Club de la Colombie‑Britannique lui demande de créer des œuvres pour The Gold Stripe, un magazine destiné aux anciens combattants. Mary part immédiatement « peindre les endroits où d’innombrables Canadiens courageux ont combattu et donné leur vie ». [traduction] Pendant trois ans, Riter Hamilton travaille sans arrêt en France et en Belgique d’après‑guerre, où elle peint des champs de bataille comme la crête de Vimy, la Somme, Ypres et Passchendaele. Les conditions sont difficiles : elle travaille dans des abris de fortune et doit endurer le mauvais temps et les maigres rations, si bien qu’elle revient au Canada dans un état d’épuisement physique et émotionnel. Riter Hamilton refuse de vendre ses tableaux et choisit plutôt de les donner aux Archives publiques du Canada. Elle meurt, pauvre et atteinte de cécité, en 1954.

À l’aube du centenaire de la Première Guerre mondiale, ces œuvres deviennent encore plus touchantes. Mary Riter Hamilton n’a jamais été une « peintre de guerre » officielle, mais son courage, son talent, sa détermination inébranlable, la sombre beauté et l’aspect lugubre de sa collection forment un récit durable des ravages causés par la guerre.

Peinture montrant un crat`re rempli de fleurs de pavots.

Tranchées sur la Somme (c104747k)

Pour en savoir plus sur Mary Riter Hamilton, admirer ses œuvres ou voir les documents de la collection de BAC, vous pouvez consulter les sites suivants :

Résumé des commentaires reçus en anglais entre le 1er avril 2014 et le 30 juin 2014

  • Un client commente que Mary Riter Hamilton était vraiment une personne extraordinaire à une époque où les femmes n’allaient pas au front. Elle a documenté les séquelles de l’enfer et fait figure de pionnière.