L’esprit en mouvement : Le Canada et les Jeux paralympiques

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Par Sali Lafrenie

Puisque les Jeux olympiques tirent à leur fin et que les Jeux paralympiques débuteront dans deux semaines, il est temps de jeter un œil sur ces derniers. Les Jeux paralympiques de 2024 auront eux aussi lieu à Paris, du 28 août au 8 septembre, et comprendront 22 sports :

  • Basket fauteuil
  • Boccia (semblable au jeu de boules et à la pétanque)
  • Cécifoot
  • Escrime fauteuil
  • Goalball
  • Para athlétisme
  • Para aviron
  • Para badminton
  • Para canoë
  • Para cyclisme
  • Para équitation
  • Para haltérophilie
  • Para judo
  • Para natation
  • Para taekwondo
  • Para tennis de table
  • Para tir à l’arc
  • Para tir sportif
  • Para triathlon
  • Rugby fauteuil (anciennement appelé « murderball »)
  • Tennis fauteuil
  • Volleyball assis

Si les Jeux olympiques modernes remontent à 1896, les Jeux paralympiques ont une histoire bien différente. Les Jeux paralympiques tels que nous les connaissons remontent à 1984. De 1960 à 1980, ils ont porté un autre nom, les « Jeux internationaux de Stoke Mandeville ».

Les Jeux internationaux de Stoke Mandeville

Bien que les Jeux internationaux de Stoke Mandeville aient débuté en 1960, leur origine remonte à 1948, à l’hôpital de Stoke Mandeville, un village d’Angleterre. Tout comme les Jeux interalliés et les Jeux Invictus, les Jeux de Stoke Mandeville visaient à favoriser la réadaptation des personnes vivant avec un handicap et des anciens combattants. Ces jeux se sont finalement transformés en une compétition sportive à grande échelle.

Au départ, les Jeux ne comptaient que des athlètes en fauteuil roulant. Toutefois, au fil du temps, ils ont accueilli des athlètes d’autres pays, ce qui les a rendus internationaux, ainsi que des athlètes avec divers handicaps, ce qui a conduit à l’inclusion d’autres sports.

Si les Jeux internationaux de Stoke Mandeville sont considérés comme le précurseur des Jeux paralympiques, il existe et a existé de nombreuses compétitions sportives pour les athlètes handicapés, comme les World Abilitysport Games, les Olympiques spéciaux, les Jeux parapanaméricains et les Jeux olympiques des sourds (dont la première édition a eu lieu à Paris, en 1924).

Les photos suivantes montrent des athlètes aux Jeux internationaux de Stoke Mandeville de 1972 dans des sports tels que le tir à l’arc, la natation et le basketball en fauteuil roulant.

Photographie en noir et blanc d’un archer en fauteuil roulant prêt à tirer une flèche, qui porte un t-shirt orné d’une feuille d’érable.

Tir à l’arc, 21e Jeux internationaux de Stoke Mandeville, à Heidelberg, en Allemagne, du 1er au 10 août 1972. (e011783300)

Photographie en noir et blanc de paranageurs dans l’eau, se tenant aux blocs de départ.

Natation, 21e Jeux internationaux de Stoke Mandeville, à Heidelberg, en Allemagne, du 1er au 10 août 1972. (e011783302)

Photographie en noir et blanc de deux équipes de basketball en fauteuil roulant au moment de la mise au jeu.

Basketball, 21e Jeux internationaux de Stoke Mandeville, à Heidelberg, en Allemagne, du 1er au 10 août 1972. (e011783301)

Le Canada et les Jeux paralympiques

Les athlètes paralympiques canadiens ont une longue et brillante histoire aux Jeux paralympiques, auxquels ils participent depuis plus de 50 ans. On peut affirmer sans risque que les athlètes paralympiques canadiens ont tendance à gagner souvent, puisqu’ils se classent au quatrième rang au tableau des médailles des Jeux d’été paralympiques. L’équipe du Canada a établi des records dans les sports suivants : paranatation, para-athlétisme, paracyclisme et basketball en fauteuil roulant. Benoît Huot, Michelle Stilwell, Chantal Petitclerc et Richard Peter figurent parmi les athlètes les plus connus dans ces sports.

Tous ces athlètes ont marqué l’histoire du parasport, chacun à sa manière. Benoît Huot l’a fait aux Jeux de Rio de 2016 en remportant sa 20e médaille paralympique; il a ainsi officiellement égalé le record du deuxième plus grand nombre de médailles paralympiques récoltées en natation. Michelle Stilwell a laissé sa marque dans deux sports différents, le basketball en fauteuil roulant et la course en fauteuil roulant, en remportant au moins une médaille d’or dans les deux sports. La sénatrice Chantal Petitclerc, peut-être l’un des noms les plus connus dans le milieu du parasport canadien avec Rick Hansen, a représenté le Canada à cinq Jeux paralympiques et a remporté 21 médailles. Richard Peter a compétitionné dans cinq Jeux paralympiques, en basketball en fauteuil roulant et en parabadminton. Il a remporté plusieurs médailles avec l’équipe de basketball en fauteuil roulant tout au long de sa carrière. La série documentaire Chiefs and Champions, qui met en vedette des athlètes autochtones représentant le Canada dans le domaine du sport, lui a consacré un épisode.

Photographie en couleurs d’athlètes portant des vestes rouges d’Équipe Canada, l’un serrant la main du premier ministre à l’avant-plan et une autre parlant à une femme à l’arrière-plan.

L’athlète paralympique Benoît Huot à une cérémonie de reconnaissance sur la Colline du Parlement, avec le premier ministre Stephen Harper. Crédit : Jason Ransom. (MIKAN 5586583)

Photographie en couleurs d’athlètes portant des vestes rouges d’Équipe Canada, assis dans des fauteuils roulants et se déplaçant en file pour serrer la main de députés.

Les athlètes paralympiques Michelle Stilwell et Jason Crone à une cérémonie de reconnaissance sur la Colline du Parlement, avec le premier ministre Stephen Harper. Crédit : Jill Thompson. (MIKAN 5609841)

Photographie en couleurs d’athlètes; trois d’entre eux assis à l’avant dans des fauteuils roulants et portant des médailles paralympiques, et sept autres assis sur des bancs à l’arrière.

Les athlètes paralympiques Tyler Miller, Marco Dispaltro et Richard Peter à une cérémonie de reconnaissance sur la Colline du Parlement, avec le premier ministre Stephen Harper. Crédit : Jason Ransom. (MIKAN 5609841)

Temple de la renommée paralympique canadien

L’influence des Canadiens sur les Jeux paralympiques va bien au-delà de la compétition elle-même. Le Temple de la renommée paralympique canadien compte actuellement 42 personnes intronisées, réparties en trois catégories : les bâtisseurs, les entraîneurs et les athlètes.

Parmi les bâtisseurs importants, le Dr Robert W. Jackson, un chirurgien orthopédique, a fondé l’Association canadienne des sports en fauteuil roulant et a été l’un des plus ardents défenseurs du parasport. Bien que l’héritage du Dr Jackson réside avant tout dans ses contributions au domaine médical en tant que pionnier de la chirurgie arthroscopique, il a laissé également sa marque dans le monde du sport. En dehors de son travail de promotion du parasport, le Dr Jackson a travaillé avec des athlètes professionnels de deux ligues majeures : la Ligue canadienne de football (Argonauts de Toronto) et la National Basketball Association (Mavericks de Dallas). En 1976, il a été chargé d’organiser les Jeux paralympiques de Toronto, également connus sous le nom de « Torontolympiades ». Tous ces éléments, et bien d’autres, sont décrits dans le fonds du Dr Jackson ici même, à Bibliothèque et Archives Canada.

Un autre intronisé notoire du Temple de la renommée est Eugene Reimer. Il a fait partie de la première équipe paralympique canadienne et s’est avéré un athlète dominant en fauteuil roulant. Tout au long de sa carrière sportive, Reimer a remporté 10 médailles lors de quatre Jeux paralympiques, et plus de 50 médailles lors de compétitions nationales et internationales. Il a également été nommé athlète masculin canadien de l’année pour ces réalisations. Véritable compétiteur, Eugene Reimer était un athlète complet, aux multiples talents, qui a joué pour l’équipe de basketball en fauteuil roulant des Vancouver Cable Cars, la même équipe dont ont fait partie Rick Hansen et Terry Fox en Colombie-Britannique. Voyez au centre de la photo suivante Reimer à la compétition de para-archerie aux Jeux de 1972.

Photographie en noir et blanc d’une rangée d’archers assis dans leurs fauteuils roulants.

Eugene Reimer du Canada, tir à l’arc, 21e Jeux internationaux de Stoke Mandeville, à Heidelberg, en Allemagne, du 1er au 10 août 1972. (e011783299)

Athlètes et sports à suivre

Pour en revenir à Paris 2024, penchons-nous maintenant sur quelques athlètes et sports à surveiller!

Compte tenu des succès du Canada en paranatation, il est logique de commencer par là. Cette année, le Canada envoie 20 paranageurs et paranageuses à Paris. Même s’il y a certains nouveaux visages, il y a aussi plusieurs athlètes que nous connaissons bien, comme Aurélie Rivard, Nicholas Bennett et Katarina Roxon, qui participera à ses cinquièmes Jeux paralympiques.

Bien que beaucoup de sports soient communs aux Jeux olympiques et aux Jeux paralympiques, ces derniers se démarquent grâce à des disciplines qui leur sont propres, comme le goalball. Si vous n’avez jamais regardé du goalball, attendez-vous à vivre un moment passionnant… et si vous avez déjà regardé un match, vous savez exactement ce que je veux dire! L’équipe féminine canadienne de goalball a connu beaucoup de succès récemment et historiquement, assurant sa place à Paris en remportant la médaille d’or aux Jeux parapanaméricains de 2023.

Tout comme les Jeux olympiques, les Jeux paralympiques sont en constante évolution. Cette évolution se traduit parfois par l’ajout ou l’élimination de sports, et parfois par l’atteinte d’une plus grande parité entre les athlètes et les prix en argent. Au cours des 16 dernières années, les Jeux paralympiques ont ajouté cinq sports à leur liste : le para-aviron, le paratriathlon, le paracanoë, le parabadminton et le parataekwondo. C’est une période passionnante pour les amateurs de sport, et si les Jeux paralympiques vous passionnent et que vous voulez en savoir plus, consultez cette liste des 50 choses à savoir sur les Jeux paralympiques. Bons Jeux, et que les meilleurs gagnent!

Ressources complémentaires

  • Athlètes olympiques canadiens, 2012-09-19, Bibliothèque et Archives Canada (MIKAN 5609841)
  • Jeux panaméricains de Toronto, 2015-07-10, Bibliothèque et Archives Canada (MIKAN 5610897)
  • Des athlètes époustouflants : au cœur des Jeux paralympiques par Marie-Claude Ouellet et Jacques Goldstyn (OCLC 1236883625)

Sali Lafrenie est archiviste de portefeuille à la Direction générale des archives privées de Bibliothèque et Archives Canada.

Plus vite, plus haut, plus fort : le Canada aux Jeux olympiques d’été

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Par Sali Lafrenie

Ça y est, c’est parti : les Jeux olympiques sont ouverts! C’est le moment idéal pour se replonger dans la couverture des Jeux olympiques, ici à Bibliothèque et Archives Canada. Bien que le Canada soit souvent considéré comme un chef de file des sports d’hiver, nos athlètes ont remporté plus de médailles aux Jeux d’été qu’aux Jeux d’hiver. À ce jour, le Canada a remporté un total de 326 médailles aux Jeux olympiques d’été et s’est particulièrement illustré dans les domaines suivants : athlétisme, sports aquatiques (natation, natation artistique et plongeon) et sports de pagaie (canoë-kayak et aviron).

Dans cet article de notre série sur les Jeux olympiques, nous revenons sur ces sports populaires et sur quelques autres disciplines.

Cinq timbres-poste canadiens représentant différents sports olympiques, comme le plongeon, le cyclisme, la natation, l’athlétisme et la gymnastique.

Timbres-poste canadiens qui représentent des moments marquants des Jeux olympiques de 1992. (e003576364)

Les « Matchless Six » : Amsterdam 1928

Les « Matchless Six », dont on se souvient pour leurs performances exceptionnelles aux Jeux olympiques de 1928, ont formé la première équipe féminine olympique du Canada. Mais pourquoi ont-elles été les premières? Et qu’ont-elles accompli?

Les Jeux olympiques modernes ont débuté en 1896, mais les femmes n’ont été autorisées à participer à des compétitions d’athlétisme qu’en 1928. L’équipe des « Matchless Six », composée de Fanny Rosenfeld, Jean Thompson, Myrtle Cook, Florence Jane Bell, Ethel Smith et Ethel Catherwood, est passée à l’histoire en remportant quatre médailles dans quatre épreuves. Sa performance exceptionnelle est d’autant plus impressionnante qu’à l’époque les femmes ne pouvaient participer qu’à cinq épreuves d’athlétisme.

Les « Matchless Six » ont ouvert les portes de l’athlétisme aux générations futures de Canadiennes. Toutes ont depuis été intronisées à de multiples temples de la renommée du Canada et ont été inscrites au registre des personnages historiques nationaux de Parcs Canada.

Photographie montrant six femmes vêtues d’une veste et d’une jupe blanches. On peut voir quatre autres personnes à l’arrière-plan.

Les « Matchless Six », l’équipe féminine canadienne d’athlétisme aux Jeux olympiques d’été de 1928, à Amsterdam. (a151001)

Une famille d’athlètes olympiques : 1912, 1960-1968

Après s’être qualifié et avoir participé aux Jeux olympiques de 1912, John « Army » Howard est devenu le premier athlète olympique noir à représenter le Canada (le premier athlète olympique noir né au Canada à remporter une médaille a été Raymond Lewis, en 1932). Sa carrière d’athlète a été mise en veilleuse pendant son service au sein du Corps expéditionnaire canadien lors de la Première Guerre mondiale, mais Howard a eu l’occasion de représenter une dernière fois le Canada aux Jeux interalliés de 1919, où il a remporté la médaille de bronze au 100 mètres. Vous trouverez des photos des Jeux interalliés de 1919 dans notre collection.

Le flambeau a été repris par ses petits-enfants, Valerie et Harry Jerome, qui ont tous deux participé aux Jeux olympiques dans les années 1960. Le tandem frère-sœur, qui a fait ses débuts olympiques à Rome en 1960, a marqué les esprits aussi bien sur la piste que hors piste. Valerie et Harry Jerome ont tous deux remporté de nombreuses médailles aux championnats nationaux, aux Jeux panaméricains et aux Jeux du Commonwealth. De son côté, Harry a participé à plusieurs Jeux olympiques, et a remporté une médaille de bronze au 100 mètres. La famille a laissé une empreinte durable sur l’athlétisme canadien, ayant compté parmi les premiers athlètes noirs au sein d’Équipe Canada.

Photographie de trois athlètes franchissant la ligne d’arrivée d’une course aux Jeux olympiques.

Harry Jerome aux Jeux olympiques d’été de 1968, à Mexico. (a209764k)

Les disettes de médailles : 1912-1984 et 1936-2024?

Si des disettes de médailles se produisent parfois, on se souvient surtout du moment où elles se terminent. Le Canada a connu deux disettes de médailles notables, en particulier en natation et au basketball. Pendant des décennies, les nageurs canadiens ont été exclus de la plus haute marche du podium. Tout ce temps, George Hodgson est resté notre seul médaillé d’or, après avoir remporté deux médailles d’or et établi quatre records du monde en 1912. Lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté, Hodgson a mis sa carrière d’athlète sur pause pour servir en tant que sous-lieutenant d’aviation du Royal Naval Air Service. En 1984, la disette de 72 ans a pris fin de façon spectaculaire grâce aux médailles d’or remportées par Alex Baumann, Anne Ottenbrite (la première femme à remporter l’or en natation pour le Canada) et Victor Davis.

Photographie d’un homme en maillot de bain.

George Hodgson. (a050291)

Au basketball, les équipes canadiennes travaillent d’arrache-pied pour mettre fin à une disette de 88 ans. Toutefois, grâce au succès qu’elles ont récemment obtenu à la Coupe du monde de la FIBA et aux Jeux panaméricains, les équipes masculine et féminine seront toutes deux présentes aux Jeux olympiques pour la première fois en plus de vingt ans. On trouve plus de joueurs canadiens que jamais dans la NBA et l’on entend de plus en plus parler de la mise sur pied d’une équipe de la WNBA au Canada en 2026. Alors, 2024 sera-t-elle l’année où la disette de médailles en basketball prendra fin pour le Canada?

Photographie d’un homme et d’une femme se tenant debout.

Alisha Tatham, membre de l’équipe féminine de basketball aux Jeux olympiques de Londres en 2012. Il s’agissait de la première participation de l’équipe depuis les Jeux de Sydney, en 2000. Crédit : Jason Ransom. (MIKAN 5609841)

Pagayer jusqu’au podium : 1992-1996 et 2004-2012

Équipe Canada a une longue histoire de réussites en sports de pagaie, comme en fait foi son impressionnant total de 69 médailles aux Jeux d’été en aviron (une discipline olympique depuis les Jeux de Paris de 1900) et en kayak (une discipline olympique depuis les Jeux de Paris de 1924). Il n’est donc pas surprenant que l’aviron se classe au troisième rang des disciplines dans lesquelles les athlètes du Canada ont connu le plus de succès aux Jeux olympiques d’été, le kayak se classant en quatrième position.

Les athlètes canadiens les plus performants dans ces sports, Marnie McBean, Kathleen Heddle et Adam van Koeverden, ont chacun remporté quatre médailles. McBean et Heddle ont participé aux Jeux de Barcelone, en 1992, et d’Atlanta, en 1996, où elles ont remporté quatre médailles en tout et ont raflé le titre de triples médaillées d’or. Aujourd’hui député fédéral, le kayakiste van Koeverden a remporté quatre médailles en trois Jeux et est souvent considéré comme le pagayeur canadien ayant connu le plus de succès.

Les exploits en or de McBean et de Heddle leur ont valu d’être intronisées au Temple de la renommée olympique du Canada et au Panthéon des sports canadiens, une reconnaissance que van Koeverden devrait lui aussi recevoir.

Photographie de deux hommes qui sourient en se serrant la main.

Adam van Koeverden rencontre le premier ministre Stephen Harper après les Jeux olympiques de Londres de 2012. Crédit : Jason Ransom. (MIKAN 5609841)

Des participations consécutives : 2000-2004 et 2020-2024

En participant à l’épreuve de water-polo féminin à Paris 2024, l’équipe canadienne en sera à sa quatrième participation aux Jeux d’été. L’équipe féminine de water-polo, qui s’est qualifiée aux Jeux olympiques de façon spectaculaire au début de l’année, veut faire des vagues. Nous attendons avec impatience de voir le résultat qu’elle obtiendra. D’ici là, revenons sur l’équipe de Sydney 2000 et sur sa remarquable cocapitaine, Waneek Horn-Miller.

Connue pour ses capacités athlétiques et ses discours motivateurs, Waneek Horn-Miller est l’une des femmes les plus influentes du milieu du sport canadien. Elle est également la première femme mohawk à avoir revêtu l’uniforme du Canada aux Jeux olympiques. Elle a été cocapitaine de la première équipe olympique féminine de water-polo en 2000, qui a obtenu le meilleur résultat de son histoire à ces jeux. Elle a également participé aux Jeux panaméricains de 1999 et aux Championnats du monde de la FINA de 2001. Horn-Miller ne participe plus à des compétitions, mais elle continue de partager son amour du sport et de la communauté en tant que commentatrice sportive, ambassadrice de marque et conférencière. En plus de parler de son expérience de la crise d’Oka, Waneek est directrice du projet Storyboot et a été chef de mission adjointe aux Jeux panaméricains de 2015, à Toronto.

Photographie de nombreux athlètes marchant derrière un homme qui agite un grand drapeau du Canada.

Équipe Canada à la cérémonie d’ouverture des Jeux panaméricains de 2015, à Toronto. On voit Waneek Horn-Miller au premier plan, les bras grand ouverts. Crédit : Deborah Ransom. (MIKAN 5603894)

Tandis que la chasse au podium se poursuit dans des sports populaires comme le hockey, le soccer, le volleyball et le basketball, des sports plus récents comme la planche à roulettes, l’escalade de compétition et le breakdance en seront à leurs débuts. Qu’est-ce qui attend Équipe Canada? Quels sports avez-vous le plus envie de regarder? Et qui sera porte-drapeau à la cérémonie de clôture?

Ressources complémentaires


Sali Lafrenie est archiviste de portefeuille à la Direction générale des archives privées de Bibliothèque et Archives Canada.

En avance d’un siècle : Les Jeux olympiques de Paris de 1924

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Par Sali Lafrenie

Imaginez la scène.

Paris, 1924.

Vous êtes aux Jeux olympiques d’été, entouré de quelque 3 000 autres athlètes.

Quel sport pratiquez-vous? Le tennis? Peut-être le soccer? Le basketball? Oh, attendez. Est-ce un sport aquatique? L’athlétisme, peut-être? Non? La boxe? Quoi qu’il en soit, je parie que vous êtes enthousiasmé. Et, avec raison! L’équipe canadienne n’a envoyé que 65 athlètes, et c’est la première fois que les Jeux seront diffusés en direct à la radio!

Photographie panoramique en noir et blanc d’un stade extérieur dans lequel se trouvent des centaines d’athlètes.

Vue générale du stade de Colombes au début des Jeux olympiques de 1924 (e011783298).

Considérés comme le plus grand succès des Jeux olympiques modernes, les Jeux d’été de 1924 à Paris sont très différents des Jeux tels que nous les connaissons aujourd’hui. Tout d’abord, seuls 17 sports y sont représentés. Cinq sports ont été retirés depuis l’édition précédente de 1920, et d’autres ne sont inclus qu’à titre de sport de démonstration.

En 2024, 338 athlètes du Canada participeront aux compétitions à Paris, qui accueillera les Jeux pour la troisième fois. Les Jeux compteront 32 sports, soit deux fois plus que lors des Jeux olympiques de 1924.

En l’honneur de ce centenaire, plongeons dans les Jeux olympiques de 1924!

Jeux olympiques d’hiver de 1924

Saviez-vous que, lorsque la France s’est portée candidate pour accueillir les Jeux olympiques d’été de 1924, elle a accidentellement lancé une nouvelle tendance? Cette tendance, c’était les Jeux olympiques d’hiver.

En effet, la pratique consistant à tenir les Jeux d’été et d’hiver la même année, et parfois dans le même pays, s’est poursuivie jusqu’en 1992, lorsque le Comité international olympique a décidé d’alterner les Jeux tous les deux ans.

Avant 1924, les Jeux olympiques ne comprenaient que des sports d’été et il n’y avait pas d’équivalent pour les sports d’hiver. Cependant, cette situation allait bientôt changer. Organisés à Chamonix, en France, du 25 janvier au 5 février 1924, les premiers Jeux d’hiver accueillent 260 athlètes qui participent à 16 épreuves. Cela signifie que 2024 marquera également le 100e anniversaire des Jeux olympiques d’hiver.

Bien que le Canada n’ait envoyé que 12 athlètes à ces Jeux et n’ait remporté qu’une seule médaille, l’histoire ne s’arrête pas là. Les Jeux olympiques de Chamonix ont marqué le début d’une nouvelle ère pour ces athlètes et pour l’équipe olympique canadienne d’hiver, qui regroupait 215 athlètes en 2022.

Charles « Charlie » Gorman, Néo-Brunswickois et vétéran de la Première Guerre mondiale, figurait parmi ces athlètes. Il fait ses débuts aux Olympiques à l’épreuve du patinage de vitesse, alors que le sport n’en est encore qu’à ses balbutiements. Bien qu’il obtienne un résultat décevant aux Jeux de 1924, Charlie remporte des médailles pour l’équipe canadienne dans plusieurs autres compétitions, notamment les championnats des États-Unis, ceux du Canada et les championnats du monde.

Photographie en noir et blanc d’un homme faisant du patinage de vitesse et regardant directement l’appareil photo.

Photo de Charles Gorman faisant du patinage de vitesse (a050382).

Cecil Smith Hedstrom passe également à l’histoire lors de ces Jeux en devenant la première femme à représenter le Canada aux Jeux olympiques. Elle participe à trois Jeux olympiques en patinage artistique et réalise plusieurs exploits inédits qui propulsent le patinage artistique canadien sur la scène mondiale. Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, Smith est intronisée au Temple de la renommée de Patinage Canada en 1991.

En remportant la seule médaille de l’équipe canadienne aux Jeux de Chamonix, les Granites de Toronto obtiennent la première médaille d’or du Canada aux Jeux olympiques d’hiver. Les Granites poursuivent ainsi la série de médailles olympiques décrochées par le Canada au hockey sur glace, lancée en 1920 par les Falcons de Winnipeg, qui avaient remporté l’or aux Jeux d’Anvers. Le hockey sur glace avait fait ses débuts aux Jeux olympiques d’Anvers, mais ce fut la première et la dernière fois que ce sport allait faire partie des Jeux d’été. Le Canada est donc le seul pays à avoir remporté une médaille d’or au hockey sur glace aux Jeux olympiques d’été et d’hiver.

Photographie en noir et blanc d’une équipe de hockey masculine tenant des bâtons de hockey, debout sur la glace.

Les Falcons de Winnipeg, champions olympiques (a049622).

Jeux olympiques d’été de 1924

Si tous les Jeux olympiques sont importants, les Jeux d’été de 1924 rayonnent particulièrement : ils sont diffusés en direct à la radio, ils se dotent pour la première fois du Village olympique et lancent la devise olympique « Plus vite, plus haut, plus fort ». Les Jeux modernes annoncent une ère nouvelle de compétitions sportives internationales qui, depuis 1924, ne cessent de prendre de l’ampleur et du panache.

L’une des plus grandes réussites des Jeux olympiques de 1924 est attribuée à un groupe d’athlètes qui, techniquement, ne participait pas aux Jeux : les Grads d’Edmonton. Bien qu’à l’époque, le basketball n’était pas officiellement inclus dans les Jeux olympiques (le basketball masculin le sera en 1936 et le basketball féminin, en 1976), la Fédération sportive féminine internationale (FSFI) décide d’organiser ses propres parties en marge des Jeux d’été.

À domicile comme à l’étranger, c’est une équipe difficile à battre. Elle remporte environ 95 % de toutes les parties qu’elle joue et gagne les tournois de basketball féminin de la FSFI en 1924, en 1928 et en 1936.

Deux photographies en noir et blanc d’un groupe d’athlètes féminines. La première photographie représente neuf femmes en file, dont l’une tient un ballon de basketball. La seconde photographie montre neuf femmes placées en deux rangs, un homme se tenant au milieu du rang arrière.

Photos de l’équipe des Grads d’Edmonton en 1924 et 1936 (a050440) et (a050442).

Lors de sa première participation aux Jeux olympiques, le coureur de haies canadien Warren « Monty » Montabone se hisse sur la scène mondiale à Paris en 1924, puis à Amsterdam en 1928. Entre deux participations aux Jeux olympiques, Monty établit également un record canadien, qui reste imbattu pendant 58 ans, à l’épreuve du 110 mètres haies. Sa carrière sportive, qui a débuté bien avant les Jeux olympiques, commence à l’époque où il est étudiant-athlète à Loyola et athlète amateur au sein de la Montreal Amateur Athletic Association.

Victor Pickard, sauteur à la perche et lanceur de javelot, est un autre athlète qui fait ses débuts aux Jeux olympiques de 1924. Il représente le Canada à deux éditions des Jeux olympiques (1924 et 1928) et remporte une médaille d’or en saut à la perche aux Jeux de l’Empire britannique en 1930. C’est aux Jeux olympiques que Pickard réussit le meilleur saut de sa carrière sportive : 3,45 mètres. Son record personnel est toutefois de 4,15 mètres. Aujourd’hui, le record canadien de saut à la perche est de 6,00 mètres et le record mondial est établi à 6,24 mètres.

Deux photographies en noir et blanc d’un sauteur à la perche. La première montre un homme sautant par-dessus une barre à l’aide d’une perche. La seconde montre un homme tenant une perche à l’horizontale avant de se mettre à courir.

Victor Pickard aux Jeux olympiques de 1924 (a151000) et (a151014).

Même si tous les Jeux olympiques diffèrent, deux choses s’y retrouvent à tout coup : l’enthousiasme et l’excellence. Qu’il s’agisse d’établir de nouveaux records, d’annoncer son soutien pour une cause politique ou d’encourager un athlète dans le besoin, tout le monde trouve son compte aux Jeux olympiques. De nos jours, les Jeux symbolisent bien plus que l’esprit sportif, l’athlétisme et l’identité nationale. Il s’agit d’un phénomène culturel. Les Jeux réunissent les gens dans les restaurants, dans les salons et dans les écoles. Leur histoire est en train de s’écrire et ce n’est que le début.

Ressources complémentaires


Sali Lafrenie est archiviste de portefeuille à la Direction générale des archives privées de Bibliothèque et Archives Canada.

Des secrets bien gardés : les Jeux olympiques de Montréal en 1976

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Par Brittany Long

Les années 1960 et 1970 ont connu des turbulences à l’échelle mondiale, alors que des attaques terroristes, des détournements d’avions et des enlèvements faisaient régulièrement les manchettes. Dans ce climat d’incertitude, la planification de la sécurité des Jeux olympiques d’été de 1976, à Montréal, a constitué un défi de taille pour les organismes canadiens chargés de la sécurité. La Gendarmerie royale du Canada (GRC), les Forces armées canadiennes et les autorités locales ont uni leurs forces pour protéger les athlètes et le public venus des quatre coins du monde.

Photographie en noir et blanc d’un groupe de personnes dansant au Stade olympique de Montréal lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’été de 1976.

Cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Montréal, 17 juillet 1976. Photo : Paul Taillefer. (e004923376)

En plus de la reine Elizabeth II grandement attendue pour l’ouverture officielle des Jeux, Montréal devait accueillir 6 084 athlètes olympiques de 92 pays. Personne ne souhaitait voir se répéter la tragédie des Jeux olympiques de Munich en 1972, où 11 athlètes avaient été tués lors d’un attentat terroriste.

Comme les Jeux de 1976 se déroulaient en pleine guerre froide, les organismes de sécurité ont dû redoubler d’efforts pour évaluer les menaces possibles, cibler les vulnérabilités et assurer la sécurité de tous les sites. Les mesures de sécurité ont dû être planifiées dans les moindres détails et gardées confidentielles avant et pendant l’événement afin de protéger la population canadienne, les visiteurs internationaux et les athlètes. Absolument tout, jusqu’au déplacement de la Reine de son lieu d’hébergement au stade, devait être rigoureusement planifié.

Les préparatifs ont commencé des mois avant les Jeux, alors que le niveau d’alerte était à son maximum, surtout pour le ministère des Affaires étrangères, la GRC et la Défense nationale. Les organismes et ministères fédéraux impliqués ont créé des montagnes de documents qui reflètent les efforts déployés pour assurer la sécurité dans le cadre de cet événement d’envergure.

Par la suite, certains de ces documents ont été transférés à Bibliothèque et Archives Canada. Plusieurs fonds d’archives contiennent des documents sur les Jeux olympiques de 1976. Le fonds du ministère des Affaires étrangères, par exemple, contient au moins neuf boîtes de documents à ce sujet et les archives de la GRC en contiennent environ 170.

Photo en noir et blanc montrant une foule de personnes descendant une rampe au Stade olympique de Montréal.

Foule descendant la rampe d’accès au stade lors des Jeux olympiques de Montréal en 1976. Photo : Paul Taillefer. (e004923378)

Comme les documents touchent à la sécurité, la plupart d’entre eux ont été classés confidentiels, secrets et parfois très secrets à leur création et cette classification a été maintenue lors de leur transfert à BAC. Bon nombre de ces documents sont encore classifiés près de 50 ans après la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de 1976, ce qui empêche leur consultation depuis tout ce temps. Pire encore : il n’y a aucun moyen de savoir exactement quels documents sont classifiés. Pourquoi?

À cette époque, les protocoles de conservation et de transfert de documents étaient très différents. Les listes des documents transférés à BAC ne comportaient souvent aucune indication quant à leur classification de sécurité. Ainsi, pour déterminer s’il y a lieu de maintenir la classification des documents sur les Jeux olympiques de Montréal, nous devons d’abord les repérer dans nos collections. Une fois que c’est fait, nous devons les examiner pour vérifier leur classification. C’est un processus fastidieux.

À l’été et au début de l’automne 2023, nous avons analysé le contenu de neuf boîtes de documents concernant les Jeux olympiques de Montréal dans le fonds du ministère des Affaires étrangères, une sélection de documents relativement petite par rapport à d’autres séries qui font partie des collections dont BAC a la garde. Il a fallu des jours pour passer au peigne fin le contenu de ces boîtes et ainsi déterminer la portion qui demeurait classifiée. Ce processus a révélé qu’environ un tiers des documents de cette série sont encore classifiés.

Photo en noir et blanc d’un groupe de femmes dansant en robe blanche lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques d’été de Montréal. Un homme nu traverse le terrain.

Cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Montréal. Quelque 500 jeunes femmes dansent alors qu’un homme nu court parmi elles, 1er août 1976. Photo : Paul Taillefer. (e004923381)

Après examen des boîtes et des renseignements contenus dans les documents, un rapport d’analyse a été rédigé. Selon le principe fondamental de la déclassification, l’auteur ou l’autrice d’un document est la seule personne à pouvoir modifier la classification. Nous avons donc soumis les résultats de notre analyse aux ministères concernés, à qui la décision revient.

Les documents classifiés concernant les mesures de sécurité lors des Jeux olympiques de Montréal en 1976 ne sont pas les seuls à conserver leur classification des décennies après leur création. L’équipe de déclassification de la Direction générale de l’accès à l’information et de la protection des renseignements personnels de BAC collabore étroitement avec d’autres ministères pour faciliter l’accès de toute la population canadienne aux documents historiques. Nous souhaitons ainsi mettre en lumière notre passé collectif et transmettre au public de précieux renseignements historiques.

Ressources complémentaires


Brittany Long est une archiviste qui s’occupe de la déclassification au sein de la Direction générale de l’accès à l’information et de la protection des renseignements personnels de Bibliothèque et Archives Canada.

Anne Heggtveit : rien comme une bonne nuit de sommeil pour remporter une médaille d’or olympique!

Par Dalton Campbell

Remontons le temps jusqu’en 1960 : Anne Heggtveit remporte la toute première médaille d’or olympique du Canada en ski alpin.

Elle participe alors aux VIIIe Jeux olympiques d’hiver à l’endroit nommé aujourd’hui Palisades Tahoe, en Californie. Elle termine 12e lors des deux premières épreuves, le slalom géant et la descente chez les femmes. La veille de la troisième épreuve, le slalom, les autres participantes tentent de se familiariser avec le parcours, mais Anne choisit plutôt de retourner dans sa chambre pour dormir. Elle dévoilera plus tard avoir eu l’impression que si elle avait étudié le parcours ce soir-là, elle se serait sentie nerveuse et n’aurait pas bien dormi. Sa décision est la bonne : elle termine au premier rang et remporte la médaille d’or au slalom, avec une avance de plus de trois secondes sur la médaillée d’argent.

Une jeune femme portant un manteau d’hiver tient une médaille dans sa main gauche.

Anne Heggtveit montrant fièrement sa médaille d’or olympique en ski alpin, remportée en 1960. Avec un diamètre de 55 mm, la médaille est l’une des plus petites ayant été décernées aux Jeux d’hiver. En comparaison, la plus petite médaille attribuée à ces jeux depuis 2000 avait un diamètre de 85 mm. (a209759)

À la suite d’une éclatante victoire aux Jeux olympiques, Anne Heggtveit surprend le monde du sport en annonçant sa retraite du ski en mars 1960. Lors d’une entrevue accordée au Globe and Mail plus tard la même année, elle mentionne que le sport et ses amitiés lui manqueront, mais précise que les années de préparation en vue de la participation aux Jeux olympiques de 1964 seraient pour elle une source de tension émotionnelle excessive. Elle parle aussi de l’importance de trouver un juste équilibre entre la confiance et l’imprudence en faisant du ski. Elle explique également que lorsqu’on se trouve au départ d’un parcours au sommet, on peut éprouver une peur bleue, avoir un sentiment d’indifférence à l’égard de ce qui peut arriver ou, encore, soudainement sentir le mélange parfait d’émotions qui peut mener à une descente de championnat.

Bien que surprenante, l’annonce de sa retraite n’est pas sans rappeler la situation similaire vécue par sa coéquipière Lucile Wheeler en 1958; cette dernière avait pris sa retraite la même année, après avoir remporté les titres mondiaux en slalom et en descente. Lors d’une entrevue accordée à L’Encyclopédie canadienne en 2019, Anne Heggtveit décrit le rôle de pionnière qu’a joué Lucile Wheeler en figurant parmi les premiers athlètes canadiens à s’entraîner en Europe. Anne s’est grandement inspirée de Lucile et a beaucoup appris de cette dernière aux Jeux olympiques d’hiver de 1956 à Cortina d’Ampezzo, en Italie. Lucile Wheeler avait remporté une médaille de bronze en descente; de son côté, Anne avait terminé parmi les 30 meilleures dans trois descentes.

Grâce à ses résultats aux Jeux olympiques de 1960, Anne Heggtveit remporte la médaille d’or de la Fédération internationale de ski (FIS) et la médaille d’or au combiné en ski alpin. À l’époque, la FIS ne tient pas de championnats distincts pendant une année olympique; elle remet plutôt des médailles selon les résultats obtenus aux Jeux olympiques. Il s’agit alors du deuxième titre d’Anne au combiné en ski alpin de la FIS, ayant également gagné en 1959.

En 1960, Anne reçoit le trophée Lou Marsh à titre d’athlète canadienne par excellence de l’année et est intronisée au Panthéon des sports canadiens. Sa victoire est aussi considérée comme l’histoire sportive de l’année au Canada. Sa médaille est l’une des quatre remportées par l’équipe canadienne.

Le père d’Anne Heggtveit immigre au Canada de la Norvège alors qu’il est encore jeune. Champion canadien de ski de fond en 1934, il n’est cependant pas en mesure de recueillir de l’argent pour participer aux Jeux olympiques de 1936 à Garmisch-Partenkirchen, en Allemagne. Anne commence à skier à l’âge de deux ans et participe à sa première course à cinq ans. Dès l’âge de huit ans, elle se fixe un but précis : remporter une médaille d’or olympique.

Au cours de sa carrière, Anne Heggtveit a reçu à deux reprises le prix Bobbie Rosenfeld remis à l’athlète féminine canadienne de l’année (1959 et 1960). Elle a été intronisée au Temple de la renommée olympique du Canada en 1971, puis décorée de l’Ordre du Canada en 1976. Après son départ à la retraite, elle s’est mariée, a fondé une famille et enseigné le ski, entre autres activités. En 1988, elle a été porte-drapeau du Canada aux Jeux olympiques de Calgary.

Recherches complémentaires


Dalton Campbell est archiviste à la section Sciences, environnement et économie dans la Division des archives privées.

Hockey féminin : elle lance… et compte!

English version

Par Ellen Bond

Remporter une compétition internationale et entendre son hymne national dans l’aréna, c’est le rêve de bien des hockeyeurs canadiens. En janvier 2020, le Canada s’est couvert d’or en défaisant la Russie en finale du Championnat mondial junior de la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF). Chaudement disputé, le tournoi masculin a été suivi par des millions de personnes dans le monde entier. Pourtant, à peine quelques jours plus tôt, c’est un auditoire beaucoup plus petit qui a regardé le duel entre le Canada et les États-Unis au Championnat du monde de hockey sur glace féminin des moins de 18 ans.

Contrairement au basketball, où l’on réduit la taille du ballon pour les femmes, et au volleyball, où l’on abaisse le filet, le hockey se pratique de la même façon chez les deux sexes. Certes, les femmes jouent « sans contact », mais on ne change ni le format de la patinoire, ni les dimensions des buts, ni la taille ou le poids de la rondelle. D’ailleurs, si le hockey a vu le jour au début des années 1870, les femmes ont adopté ce sport à peine deux décennies plus tard. Une question s’impose donc : comment se fait-il que le hockey féminin, après des débuts prometteurs, n’ait pas progressé comme le hockey masculin?

: Photographie noir et blanc, prise à l’extérieur, montrant des femmes en jupe longue.

Groupe de femmes réunies pour jouer au hockey, Ottawa (Ontario), 1906. (PA-042256)

Enfant, tout ce que je voulais faire, c’était de jouer au hockey. Je me souviens d’avoir regardé mon frère jouer sur la glace avec plein d’autres garçons. Ils installaient de longs boyaux sur les lignes rouge et bleues pour diviser la patinoire en trois petites surfaces de jeu. Je voulais me joindre à eux, mais on ne laissait pas les filles jouer. Les choses ont toutefois changé dans les années 1970, quand nous avons déménagé à Campbellford, en Ontario. Un jour, au début de l’automne, un homme s’est présenté chez moi et a demandé à mon père s’il voulait être l’entraîneur de l’équipe des filles. Mon père a dit oui, et au début de ma huitième année scolaire, j’ai commencé à jouer dans une ligue.

Photographie sépia d’une équipe de jeunes hockeyeuses portant un chandail où l’on peut lire « Campbellford Minor Hockey ».

Mon équipe la première année où j’ai eu le droit de jouer au hockey. Nous avons remporté le championnat. Je suis la troisième à partir de la gauche dans la rangée du haut; on voit mon père à droite et mon frère accroupi devant lui. (Photo fournie par l’auteure)

Une question m’est donc venue en tête : si les femmes et les hommes ont commencé à pratiquer ce sport à la fin du 19e siècle, pourquoi n’avais-je pas eu le droit de jouer avant mon arrivée à Campbellford, même si j’ai grandi dans une ville relativement grande?

Photographie noir et blanc d’une femme vêtue d’une jupe pour une partie de hockey en plein air.

« La reine de la glace ». Une femme en patins de figure sur une patinoire avec un bâton de hockey dans les mains, 1903. (C-3192610)

Selon l’Association de hockey féminin de l’Ontario, la première partie opposant des femmes a eu lieu en 1891 à Ottawa, en Ontario. À l’époque, l’Université de Toronto, l’Université Queen’s et l’Université McGill avaient des équipes féminines, mais celles-ci étaient tenues de jouer à l’abri des regards masculins. En effet, mis à part les arbitres, aucun homme ne pouvait assister à la partie. En 1914, le premier championnat provincial féminin s’est déroulé à Picton, en Ontario. Il a mis aux prises six équipes, dont certaines représentaient des universités. Ensuite, en 1921, l’Université de Toronto a vaincu l’Université McGill pour remporter le premier championnat universitaire féminin au Canada. Grâce à ces équipes et à d’autres, le sport a continué de croître, bien que de façon irrégulière, pendant les années 1920 et 1930.

Puis, tout s’est arrêté net. Peut-être était-ce parce qu’on jugeait le hockey trop violent pour les filles, comme l’a affirmé Clarence Campbell, président de la Ligue nationale de hockey, en 1946. Ou parce qu’à certains endroits, il était interdit de regarder les femmes jouer. Ou parce qu’on trouvait la chose frivole, ou les joueuses trop passionnées. Ou encore, comme l’avance Wayne Norton dans le livre Women on Ice : The Early Years of Women’s Hockey in Western Canada, parce qu’à l’issue d’un vote en 1923, l’Association canadienne de hockey amateur s’est opposée à la reconnaissance officielle du hockey féminin. Dans le livre Too Many Men on the Ice : Women’s Hockey in North America, Joanna Avery et Julie Stevens soutiennent que la participation du Canada à la Seconde Guerre mondiale a entraîné le déclin du hockey féminin. Quand la majorité des hommes sont partis combattre, beaucoup de femmes se sont mises à travailler dans les usines, ce qui leur laissait peu de temps pour s’amuser. Bref, quelle que fût la raison, notre sport de prédilection a été difficilement accessible aux femmes et aux filles pendant plusieurs décennies, et bon nombre d’entre elles n’ont jamais eu l’occasion de jouer au hockey.

Photographie noir et blanc d’une hockeyeuse professionnelle.

Mademoiselle Eva Ault. Quand la Première Guerre mondiale a conduit les hommes en Europe, les femmes ont eu leur première chance de jouer au hockey dans un contexte professionnel. Eva Ault est devenue une favorite de la foule, mais la fin de la guerre a marqué la fin de la carrière des pionnières du hockey professionnel féminin. (PA-043029)

Photographie noir et blanc d’une équipe de hockey féminin. Les huit joueuses, en uniforme, sont placées côte à côte et tiennent leur bâton la palette vers le haut.

Une équipe de hockey féminin de Gore Bay, sur l’île Manitoulin (Ontario), 1921. Le nom des joueuses figure dans la notice. (PA-074583)

J’ai pu jouer au hockey de la huitième à la treizième année, aussi bien dans un cadre communautaire que scolaire à Peterborough, en Ontario. J’ai aussi eu la chance de faire partie des équipes universitaires à McMaster et à Queen’s. C’est le plus près que je me suis approchée du niveau professionnel. On nous fournissait l’équipement, une patinoire pour les entraînements et les parties, et le transport pour chaque affrontement. À l’Université McMaster, le budget total de mon équipe était inférieur à ce que l’équipe masculine dépensait juste pour les bâtons, mais je me considérais chanceuse de pouvoir représenter mon université et de jouer avec et contre certaines des meilleures hockeyeuses au monde.

Parmi ces athlètes d’exception, il y avait Margot (Verlaan) Page et Andria Hunter. Toutes deux ont représenté le Canada aux championnats du monde. J’ai joué avec Margot pendant trois ans à l’Université McMaster. C’était la capitaine et la meilleure sur la glace. À l’époque, c’était le plus haut niveau qu’il lui était possible d’atteindre. Elle a par la suite défendu les couleurs du Canada aux championnats du monde de l’IIHF de 1987 (événement non sanctionné), 1990, 1992 et 1994. Puis, de 2000 à 2007, elle a dirigé les équipes féminines canadiennes aux championnats de l’IIHF et aux Jeux olympiques. Aujourd’hui, Margot est entraîneuse en chef de l’équipe féminine des Badgers de l’Université Brock. Quant à Andria, je l’ai rencontrée lorsque nous vivions toutes deux à Peterborough. Je travaillais comme monitrice au camp Quin-Mo-Lac alors qu’elle était campeuse. Comme nous vivions dans une petite ville, nous nous croisions souvent. J’ai demandé à Andria comment se sont déroulés ses débuts au hockey. Voici son histoire, traduite en français :

J’ai commencé à jouer au hockey en 1976. C’était plutôt rare, à l’époque, de voir des filles pratiquer ce sport. J’ai eu la chance de me trouver à Peterborough au moment où le hockey féminin commençait à se développer. À ce moment-là, bien des petites villes n’avaient aucune équipe féminine. La première année, j’ai joué avec des garçons dans une ligue locale, mais par la suite, j’ai toujours pu jouer avec des filles.

Toute mon enfance, j’ai rêvé de jouer au niveau universitaire, parce que c’était le plus haut niveau à l’époque. Il n’y avait pas d’équipe nationale, donc il fallait évidemment oublier les championnats du monde et les Jeux olympiques. J’ai toutefois été très chanceuse que le hockey féminin connaisse des changements majeurs au bon moment pour moi.

Je me suis retrouvée dans une équipe universitaire américaine grâce à une bourse d’études;c’était une des premières fois aux États-Unis qu’une femme étrangère recevait une bourse pour jouer au hockey J’ai aussi pu faire partie d’Équipe Canada en 1992 et en 1994! Je me suis toujours dit que si j’étais née à peine cinq ans plus tôt, je n’aurais possiblement pas vécu ces merveilleuses expériences.

De 1990 à 1996, j’ai joué à l’Université de Toronto, où je faisais mes études supérieures. C’était une période de transition tumultueuse pour le programme. À ma première année, nous rangions notre équipement dans un petit casier. Les parties se divisaient en trois périodes de seulement quinze minutes, et la surfaceuse passait une seule fois. Puis, pendant la saison 1993-1994 (j’étais alors partie jouer en Suisse), le programme de hockey féminin a failli être éliminé, mais de nombreuses personnes se sont ralliées pour le sauver. À mon retour à l’Université de Toronto, l’année suivante, le hockey féminin était devenu un sport de haute performance. Nous avions maintenant quatre entraînements de deux heures par semaine, et nous ne rangions plus notre équipement dans des casiers!

J’ai aussi joué dans la Ligue nationale de hockey féminin (LNHF) à ses débuts. Quand je portais le chandail des Ice Bears de Mississauga, notre propriétaire enthousiaste a trouvé le moyen de nous faire jouer au Hershey Centre [aujourd’hui le Paramount Centre], où nous avions même notre propre vestiaire. Malheureusement, nous n’attirions pas assez de spectateurs pour rester dans un aréna aussi cher, ce qui a entraîné notre déménagement à Oakville après deux saisons.

Depuis que j’ai quitté la LNHF, en 2001, le hockey féminin a poursuivi sa croissance. Aujourd’hui, la société voit assurément le sport féminin d’un bien meilleur œil que lorsque j’étais enfant. Le niveau de jeu est rehaussé parce que les filles ont plus d’occasions de se développer. La qualité des entraîneurs, le degré de compétitivité et le temps de glace au niveau amateur y sont certainement aussi pour quelque chose. Il y a également plus d’équipes universitaires au Canada et aux États-Unis, et plus de ressources pour les joueuses. Malheureusement, on a encore de la difficulté à attirer les foules, et les débouchés professionnels sont limités. Heureusement, il y a de plus en plus de place pour les femmes derrière les bancs.

Photographie noir et blanc d’une équipe de hockey féminin. Les joueuses portent des chandails d’équipe et tiennent chacune un bâton.

Photographie de l’équipe de hockey féminin de l’Université Queen’s, 1917. Certains noms figurent dans la notice. (PA-127274)

Comme l’a dit Andria, les filles qui veulent jouer au hockey aujourd’hui ont maintes possibilités. Il y a beaucoup d’équipes partout au Canada. Les jeunes hockeyeuses peuvent viser de nombreuses équipes universitaires, la première division de la National Collegiate Athletic Association (NCAA), aux États-Unis, et des équipes dans plusieurs pays d’Europe. Elles peuvent rêver de représenter leur pays aux Jeux olympiques et aux championnats du monde. Des millions de téléspectateurs ont pu voir l’élite des joueuses canadiennes et américaines s’affronter à 3 contre 3 pendant le week-end des étoiles de la LNH à Saint-Louis, au Missouri. À mesure que le hockey féminin poursuivra sa croissance, les rivalités entre pays se développeront. Et qui sait, la LNH lancera peut-être un jour une division féminine?

Dans tous les cas, l’avenir s’annonce prometteur pour les jeunes filles qui rêvent de jouer au hockey. Margot, Andria et moi avons tiré bien des leçons de vie de ce sport dans notre jeunesse, et nous sommes enchantées pour les filles d’aujourd’hui quand nous voyons toutes les perspectives que leur réserve le merveilleux sport qu’est le hockey.


Ellen Bond est assistante de projet à la Division du contenu en ligne de Bibliothèque et Archives Canada.

John Armstrong Howard, premier athlète olympique noir à représenter le Canada

Par Judith Enright-Smith

Les Jeux olympiques d’été de 1912, tenus du 5 mai au 27 juillet à Stockholm, en Suède, sont le théâtre de plusieurs « premières ». En effet, cette cinquième olympiade, qui rassemble 2 408 athlètes provenant de 28 pays, est la première à présenter des compétitions féminines de nage et de plongeon, ainsi que le pentathlon masculin. Ce sont les premières olympiades à faire appel au chronométrage électronique; c’est aussi la première fois qu’une équipe de l’Asie (le Japon) participe aux jeux. Pour le Canada, ces Olympiques d’été 1912 marquent l’histoire pour une autre raison : c’est la première fois qu’un athlète noir représente le Canada à des Jeux olympiques.

John Armstrong Howard est né à Winnipeg, au Manitoba, le 6 octobre 1888. Howard est un mécanicien spécialisé et un joueur de baseball pour le club Crescent Creamery de Winnipeg; avec ses 6 pieds 3 pouces, c’est aussi un remarquable sprinteur. Il se qualifie facilement pour les Olympiques de 1912 et on le considère, tant dans les milieux sportifs que les médias canadiens, comme le meilleur espoir du Canada pour remporter une médaille d’or.

Walter Knox est alors l’entraîneur de l’équipe olympique canadienne d’athlétisme. Pendant l’entraînement, Knox et Howard sont souvent en désaccord et se confrontent à plusieurs reprises. Knox disait d’Howard qu’il était emporté et désobéissant et, à une époque où la discrimination envers les athlètes noirs était courante, il recommande son expulsion de l’équipe pour « insubordination ». Ce n’est que grâce à l’intervention de l’Amateur Athletic Union of Canada qu’Howard a pu demeurer au sein de l’équipe.

En route pour la Suède, Howard est traité de manière discriminatoire et préjudiciable, un affront que subissaient régulièrement les personnes de couleur à l’époque. Avant de quitter Montréal par bateau, on lui interdit l’accès à l’hôtel où logeaient les autres athlètes, et lorsqu’il est à bord du navire, il doit prendre ses repas à l’écart de ses coéquipiers.

Une fois rendu à Stockholm, il souffre de graves maux d’estomac, sans doute causés par le stress accumulé en raison de sa relation difficile avec Knox. Pendant les Jeux, les problèmes de santé d’Howard compromettent sérieusement ses efforts et il est éliminé en demi-finale du 100 mètres et du 200 mètres. Cependant, de retour au pays, Howard se rachète lors des Canadian Outdoor Championships de 1913 : il remporte toutes les courses auxquelles il participe.

Après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, Howard est envoyé outre-mer en 1917 au sein du Corps expéditionnaire canadien. Il travaille comme brancardier dans divers hôpitaux militaires britanniques. Son dossier de service montre qu’il a souffert d’affections pulmonaires chroniques. Lorsqu’il est en Europe, Howard fait la connaissance d’Edith Lipscomb. En 1920, ils rentrent ensemble à Winnipeg, où ils se marient. Ils tentent de s’établir à Sainte-Rose du Lac, mais ils se heurtent à beaucoup d’hostilité et de préjugés parce qu’ils forment un couple interracial. La petite-fille d’Howard, Valerie Jerome, raconte comment des gens lançaient des pierres sur leur automobile pour les faire partir. Ils finissent par s’installer près de la réserve indienne de Crane River, sur la rive nord-ouest du lac Manitoba. Le couple aura trois filles, mais leur mariage ne durera pas. Howard mourra d’une pneumonie à l’âge de 48 ans.

Une photographie noir et blanc d’un groupe de coureurs à la ligne de départ. Un d’entre eux porte un maillot blanc orné d’une feuille d’érable sur le devant.

John Armstrong Howard aux Jeux interalliés, stade Pershing, Paris, juillet 1919 (a006650)

Une photographie noir et blanc d’un homme portant une tenue d’athlétisme, entouré d’autres hommes vêtus de la même manière ou en uniformes, recevant une médaille d’un homme âgé vêtu d’un uniforme militaire.

Le roi du Monténégro remet à John Armstrong Howard la médaille de bronze qu’il a remportée à l’épreuve du 100 mètres aux Jeux interalliés, stade Pershing, Paris, juillet 1919 (a006626)

L’héritage sportif de John Armstrong Howard se perpétue. Deux de ses petits-enfants sont des athlètes canadiens. Valerie Jerome est une sprinteuse qui a participé aux Jeux olympiques d’été de 1960. Son frère, Harry Jerome, a participé aux Olympiques d’été de 1960, de 1964 et de 1968, remportant une médaille de bronze en 1964 à l’épreuve du 100 mètres.


Judith Enright-Smith est archiviste adjointe à la Division des affaires autochtones et sociales, Direction des archives privées, Bibliothèque et Archives Canada.

Coup d’envoi des XXIes Jeux olympiques d’été le 17 juillet 1976 à Montréal

Par Dalton Campbell

Photographie en couleur représentant deux jeunes personnes debout sur une plateforme surélevée dans un stade bondé. D’une main, chacun d’eux tient bien haut le flambeau. À côté d’eux se trouve une grande vasque cérémoniale enflammée.

La vasque olympique est allumée durant la cérémonie d’ouverture des XXIes Jeux olympiques d’été à Montréal, le 17 juillet 1976. ©Comité olympique canadien

En 1970, les délégués olympiques ont voté, après un deuxième tour, pour que la ville de Montréal (Québec) tienne les Jeux. Après le premier décompte des bulletins de vote, Moscou devançait Montréal, 28 votes contre 25. De fait, Los Angeles, qui arrivait au troisième rang, a été automatiquement éliminée de la course. La proposition de Montréal a hérité de la majeure partie des appuis qui allaient, au départ, vers Los Angeles, et la ville québécoise a été nommée ville hôte.

Photographie en couleur de l’intérieur du Stade olympique, à Montréal. Les athlètes représentant les pays en compétition se réunissent dans le champ intérieur du stade. Les drapeaux des pays en compétition sont suspendus aux chevrons.

Rassemblement des délégations des pays participants pendant la cérémonie d’ouverture des XXIes Jeux olympiques d’été, à Montréal, le 17 juillet 1976. ©Comité olympique canadien

La construction des installations olympiques a été lente à cause d’une conception architecturale complexe, de la hausse rapide du taux d’inflation et de la réticence des gouvernements à s’engager financièrement. En janvier 1976, on a dû suspendre la construction à cause de la température exceptionnellement froide. Lors du coup d’envoi des Jeux, 19 des 21 installations étaient prêtes; toutefois, le Stade olympique, l’élément principal, n’était pas achevé lorsque les Jeux ont commencé.

Nadia Comaneci, une gymnaste de 14 ans de Roumanie, a probablement été la plus grande vedette des Jeux de Montréal. Dès les premiers jours, elle a mérité une note parfaite de 10 pour sa routine aux barres asymétriques, un exploit sans précédent dans les annales olympiques. Cependant, puisque le tableau indicateur n’était doté que de trois chiffres, les juges — qui se retrouvaient en territoire inconnu — ont saisi la note de « 1.00 ».

Photographie en couleur d’une jeune femme sur un podium saluant la foule. Elle porte un survêtement blanc sur lequel est écrit « Romania » (Roumanie). Il y a, derrière elle, en bas du podium, deux autres jeunes femmes.

La Roumaine Nadia Comaneci (au centre) salue la foule après avoir remporté la médaille d’or aux barres asymétriques durant la compétition de gymnastique aux XXIes Jeux olympiques d’été. Elle a poursuivi sa lancée en remportant cinq médailles, dont trois d’or. La médaille d’argent est remise à Teodora Ungureanu de Roumanie (à gauche) et celle de bronze à Márta Egervári de Hongrie (à droite). Montréal, juillet 1976. ©Comité olympique canadien

Il semble que l’on aurait discuté, lors d’une réunion précédant les Olympiques de 1976, de la possibilité d’utiliser des cadrans à quatre chiffres. On a décidé d’installer des cadrans à trois chiffres puisqu’il était impossible d’obtenir une note parfaite de 10.

Michel Vaillancourt, sur sa monture Branch County, a été le premier Canadien à gagner une médaille en compétitions individuelles (sports équestres) aux Olympiques. Né dans le nord-est de Montréal, il a donc réalisé sa performance qui lui a valu sa médaille d’argent en saut d’obstacles individuel devant la foule partisane de sa ville.

Photographie en couleur d’un homme à cheval qui franchit un obstacle durant une compétition équestre. En arrière-plan, des spectateurs sont assis.

Michel Vaillancourt du Canada monte Branch County lors d’une compétition équestre aux XXIes Jeux olympiques d’été, à Montréal, juillet 1976. ©Comité olympique canadien

Le dernier jour des Jeux, la compétition de saut en hauteur s’est déroulée sous la pluie. Le détenteur du record mondial, Dwight Stones des États-Unis, était le favori. Après une entrevue au cours de laquelle il aurait critiqué les installations et la ville hôte, il s’est fait huer par la foule. M. Stones, qui détestait sauter dans des conditions humides, a heurté la barre et a été éliminé. L’athlète qui a suivi, Greg Joy du Canada,  a survolé la barre, suscitant par le fait même une ovation de la foule composée de près de 70 000 personnes. M. Joy recevra la médaille d’argent, celle d’or ayant été décernée à Jacek Wszola de Pologne.

Photographie en couleur d’un homme participant à une compétition en saut en hauteur. Sur la photographie, on peut le voir dans les airs, en approche de la barre. Des photographes sont postés derrière le matelas. En arrière-plan, on voit la foule assise.

Greg Joy du Canada participe aux compétitions en saut en hauteur aux XXIes Jeux olympiques d’été, à Montréal, juillet 1976. ©Comité olympique canadien

Même si aucun Canadien n’a remporté de médaille d’or aux Jeux de 1976, la foule a encouragé et honoré Greg Joy comme s’il en avait gagné une. Il a été nommé porte-drapeau pour la cérémonie de clôture. Plus tard la même année, on lui a décerné la Lionel Conacher Award en tant qu’athlète masculin de l’année au Canada, devant le jockey Sandy Hawley et la grande vedette de hockey, Guy Lafleur. Pendant de nombreuses années par la suite, chaque soir, on a présenté dans tout le pays son célèbre saut et la célébration qu’il a soulevée; il s’agissait de l’avant-dernière séquence de la vidéo Ô Canada présentée par le réseau de Radio-Canada immédiatement avant la fin des émissions pour la nuit.

Photographie en couleur d’un homme vêtu d’une culotte courte et d’un maillot sans manches, debout, les bras dans les airs. En arrière-plan, des personnes portant des imperméables.

Greg Joy après avoir remporté la compétition de saut en hauteur aux XXIes Jeux olympiques d’été, à Montréal, juillet 1976. ©Comité olympique canadien

La cérémonie de clôture s’est déroulée le 1er août 1976. Le Canada avait remporté cinq médailles d’argent et six médailles de bronze, plus que le double du nombre de médailles gagnées par le Canada en 1968 ou en 1972.

Ressources supplémentaires


Dalton Campbell est archiviste à la section Science, environnement et économie dans la division des Archives privées.