Par Dalton Campbell
Remontons le temps jusqu’en 1960 : Anne Heggtveit remporte la toute première médaille d’or olympique du Canada en ski alpin.
Elle participe alors aux VIIIe Jeux olympiques d’hiver à l’endroit nommé aujourd’hui Palisades Tahoe, en Californie. Elle termine 12e lors des deux premières épreuves, le slalom géant et la descente chez les femmes. La veille de la troisième épreuve, le slalom, les autres participantes tentent de se familiariser avec le parcours, mais Anne choisit plutôt de retourner dans sa chambre pour dormir. Elle dévoilera plus tard avoir eu l’impression que si elle avait étudié le parcours ce soir-là, elle se serait sentie nerveuse et n’aurait pas bien dormi. Sa décision est la bonne : elle termine au premier rang et remporte la médaille d’or au slalom, avec une avance de plus de trois secondes sur la médaillée d’argent.

Anne Heggtveit montrant fièrement sa médaille d’or olympique en ski alpin, remportée en 1960. Avec un diamètre de 55 mm, la médaille est l’une des plus petites ayant été décernées aux Jeux d’hiver. En comparaison, la plus petite médaille attribuée à ces jeux depuis 2000 avait un diamètre de 85 mm. (a209759)
À la suite d’une éclatante victoire aux Jeux olympiques, Anne Heggtveit surprend le monde du sport en annonçant sa retraite du ski en mars 1960. Lors d’une entrevue accordée au Globe and Mail plus tard la même année, elle mentionne que le sport et ses amitiés lui manqueront, mais précise que les années de préparation en vue de la participation aux Jeux olympiques de 1964 seraient pour elle une source de tension émotionnelle excessive. Elle parle aussi de l’importance de trouver un juste équilibre entre la confiance et l’imprudence en faisant du ski. Elle explique également que lorsqu’on se trouve au départ d’un parcours au sommet, on peut éprouver une peur bleue, avoir un sentiment d’indifférence à l’égard de ce qui peut arriver ou, encore, soudainement sentir le mélange parfait d’émotions qui peut mener à une descente de championnat.
Bien que surprenante, l’annonce de sa retraite n’est pas sans rappeler la situation similaire vécue par sa coéquipière Lucile Wheeler en 1958; cette dernière avait pris sa retraite la même année, après avoir remporté les titres mondiaux en slalom et en descente. Lors d’une entrevue accordée à L’Encyclopédie canadienne en 2019, Anne Heggtveit décrit le rôle de pionnière qu’a joué Lucile Wheeler en figurant parmi les premiers athlètes canadiens à s’entraîner en Europe. Anne s’est grandement inspirée de Lucile et a beaucoup appris de cette dernière aux Jeux olympiques d’hiver de 1956 à Cortina d’Ampezzo, en Italie. Lucile Wheeler avait remporté une médaille de bronze en descente; de son côté, Anne avait terminé parmi les 30 meilleures dans trois descentes.
Grâce à ses résultats aux Jeux olympiques de 1960, Anne Heggtveit remporte la médaille d’or de la Fédération internationale de ski (FIS) et la médaille d’or au combiné en ski alpin. À l’époque, la FIS ne tient pas de championnats distincts pendant une année olympique; elle remet plutôt des médailles selon les résultats obtenus aux Jeux olympiques. Il s’agit alors du deuxième titre d’Anne au combiné en ski alpin de la FIS, ayant également gagné en 1959.
En 1960, Anne reçoit le trophée Lou Marsh à titre d’athlète canadienne par excellence de l’année et est intronisée au Panthéon des sports canadiens. Sa victoire est aussi considérée comme l’histoire sportive de l’année au Canada. Sa médaille est l’une des quatre remportées par l’équipe canadienne.
Le père d’Anne Heggtveit immigre au Canada de la Norvège alors qu’il est encore jeune. Champion canadien de ski de fond en 1934, il n’est cependant pas en mesure de recueillir de l’argent pour participer aux Jeux olympiques de 1936 à Garmisch-Partenkirchen, en Allemagne. Anne commence à skier à l’âge de deux ans et participe à sa première course à cinq ans. Dès l’âge de huit ans, elle se fixe un but précis : remporter une médaille d’or olympique.
Au cours de sa carrière, Anne Heggtveit a reçu à deux reprises le prix Bobbie Rosenfeld remis à l’athlète féminine canadienne de l’année (1959 et 1960). Elle a été intronisée au Temple de la renommée olympique du Canada en 1971, puis décorée de l’Ordre du Canada en 1976. Après son départ à la retraite, elle s’est mariée, a fondé une famille et enseigné le ski, entre autres activités. En 1988, elle a été porte-drapeau du Canada aux Jeux olympiques de Calgary.
Recherches complémentaires
- Fonds de l’Office national du film du Canada
- Fonds Ted Grant
- The Complete Book of the Winter Olympics, par David Wallechinsky et Jaime Loucky (OCLC 434559498)
- Alpine Skiing, par Blaine Wiseman (OCLC 421752767)
Dalton Campbell est archiviste à la section Sciences, environnement et économie dans la Division des archives privées.