Par Caitlin Webster
Deux brèves notes dans les ressources documentaires de Bibliothèque et Archives Canada rattachées au pénitencier de la Colombie-Britannique illustrent bien les dangers liés à la supervision de groupes de travail en milieu carcéral dans des régions éloignées. À divers moments durant les 102 ans de présence à l’établissement de New Westminster, le pénitencier a exploité une prison agricole, ainsi qu’un atelier de menuiserie, de transformation des métaux et de maçonnerie. Mais, au début du 20e siècle, on a tenté de mener des opérations forestières et d’exploiter des carrières, hors site, à environ 20 km de l’administration centrale.
En 1903, le pénitencier a acquis l’île Goose par acte de cession à la suite d’un décret du Conseil. Aussi connue sous le nom de l’île Wright, de l’île du Pen et même de l’île des Convict (condamnés), cette propriété de 140 acres est située au centre du lac Pitt, du côté est de la vallée du bas Fraser, en Colombie-Britannique.

Décret du Conseil attribuant l’île Goose au pénitencier de la Colombie-Britannique, approuvé le 4 février 1903 (en anglais seulement). Texte imprimé dans la Gazette du Canada (volume 36, numéro 34, le 21 février 1903, page 4) [en anglais seulement].
L’île Goose étant tellement isolée à l’époque, on envoie chaque semaine aux gardiens de la prison douze pigeons voyageurs pour échanger des missives. Chaque jour, un pigeon part de l’île en direction de l’établissement de New Westminster afin de livrer régulièrement un rapport de la situation. En cas de demande urgente, les gardiens doivent envoyer deux pigeons, l’un après l’autre rapidement et, en cas d’urgence, telle qu’une évasion, il faut alors déployer trois ou quatre pigeons à de courts intervalles.

Page 2 des instructions provisoires du pénitencier de la Colombie-Britannique destinées aux agents responsables du groupe sur l’île Goose (e011193305-v8)
Le 27 mai 1908, une de ces urgences survient au camp. À 15 h 55, des gardiens envoient le premier d’au moins deux pigeons voyageurs, celui-ci arrive au pénitencier à 9 h le lendemain matin avec le message « murderous assault » (« assaut meurtrier ») perpétré par deux détenus. Puis, un message de suivi indiquant que les prisonniers ont été menottés et qu’il n’y a aucun blessé envoyé à 8 h 10 le 28 mai est reçu l’après-midi même à 16 h 30.

Le message confié à un pigeon voyageur de l’île Goose à 8 h 10 le 28 mai 1908, arrivé au pénitencier de la Colombie-Britannique à 16 h 30 la même journée (e011193305-v8)
Outre cette attaque, d’autres évasions et tentatives d’évasion sont survenues au camp. Comme il fallait s’y attendre, les difficultés à surmonter pour superviser un groupe de travail composé de détenus dans un lieu aussi isolé étant tellement grandes, on en vient à cesser les activités sur l’île. En 1919, les cabanes en bois rond sont en piteux état, et le personnel du pénitencier installe des affiches interdisant l’accès à la propriété afin d’éviter le vandalisme. Malgré un certain intérêt occasionnel pour les pierres, le bois et le potentiel récréatif de l’île au cours des années qui suivent, il y aura peu d’activités sur le site jusqu’au moment de sa vente, en 1953.

Des photographies prises par Charles Jennings accompagnant un article daté du 14 juin 1955, rédigé par Jimmie McPhee et publié dans le journal The British Columbian. (e011193303-v8)
Ressources connexes
- Comment accéder aux décrets du Conseil privé conservés à Bibliothèque et Archives Canada?
- Chercher dans la base de données des décrets du Conseil
- Chronique d’un pays : la Gazette du Canada
- Série du pénitencier de la Colombie-Britannique (New Westminster) [en anglais seulement]