Par Laura Brown
Le 13 août 1941, après de nombreux mois de campagnes en tous terrains dans les premiers temps de la Deuxième Guerre mondiale, les femmes ont pu s’enrôler dans l’Armée canadienne. À l’instar de l’Aviation royale canadienne, qui avait accueilli une Division féminine un mois auparavant, l’armée a compris que les femmes pouvaient jouer des rôles de non-combattantes et libérer plus d’hommes pour qu’ils puissent se battre outre-mer. Au départ, le Service féminin de l’Armée canadienne (CWAC) ne faisait pas officiellement partie de l’armée et ses activités étaient plutôt menées en tant qu’organisation auxiliaire. Toutefois, le 13 mars 1942, le CWAC était officiellement intégré dans l’Armée canadienne. Les femmes militaires ou les « CWAC », comme on les appelait couramment, ont reçu des uniformes et des armoiries, dont un insigne illustrant le personnage d’Athéna.

Affiche de recrutement de la Deuxième Guerre mondiale, « Shoulder to Shoulder – Canadian Women’s Army Corps – An Integral Part of the Canadian Army » (« Côte à côte – Service féminin de l’Armée canadienne – Partie intégrante de l’Armée canadienne »), vers 1944 (MIKAN 2917721)
Même si de nombreux Canadiens étaient favorables aux femmes en uniforme kaki, d’autres étaient inquiets, voire craintifs, car ils percevaient l’acceptation de soldates dans l’armée comme un écart dérangeant par rapport aux rôles traditionnels liés au sexe dans la société. En 1943, le gouvernement a lancé une campagne publicitaire de grande envergure afin de s’attaquer à de telles préoccupations et d’encourager l’enrôlement. Le matériel servant au recrutement, comme l’affiche ci-dessus, et le film Proudest Girl in the World (La fille la plus fière au monde) présentaient les femmes recrues comme des personnes professionnelles, respectables et féminines, en plus d’être aptes à assumer divers types d’emploi.
Avant d’entreprendre leur entraînement de base dans l’un des centres d’entraînement régionaux du Canada, les recrues devaient passer un test pour déterminer l’emploi qui leur conviendrait le mieux. En 1941, elles avaient accès à 30 différents emplois ou « métiers » et, à la fin de la guerre, ce nombre avait presque doublé. Certains des postes offerts aux CWAC étaient rarement occupés par des femmes dans le secteur civil à l’époque (notamment la mécanique), quoique les métiers les plus courants fussent rattachés aux tâches traditionnellement féminines, dont la cuisine, la buanderie et la dactylographie.

Le personnel du Service féminin de l’Armée canadienne au Centre d’entraînement (de base) des CWAC no 3, le 6 avril 1944 (MIKAN 3207287)
Durant leur service actif, bon nombre de CWAC espéraient être affectées à l’extérieur du Canada, bien que seulement quelques milliers d’entre elles soient parvenues à obtenir de tels postes. Parmi celles-ci, mentionnons Molly Lamb Bobak, la première artiste de guerre du Canada. Outre ses peintures et ses esquisses dessinées pour documenter les contributions du CWAC, Mme Bobak a tenu un journal personnel illustré, dont Bibliothèque et Archives Canada (BAC) assume aujourd’hui la garde et qui est disponible en format numérisé. Empreinte d’autodérision et d’humour, l’œuvre présente une vision honnête et amusante de la vie militaire. Vous pouvez en apprendre davantage sur Mme Bobak en consultant ce blogue.

Sous-lieutenant Molly Lamb Bobak, Service féminin de l’Armée canadienne, à Londres, en Angleterre, le 12 juillet 1945 (MIKAN 3191978)
Des trois armées — élément Terre, élément Air et élément Mer —, l’armée de terre a enrôlé le plus grand nombre de Canadiennes durant la Deuxième Guerre mondiale, soit un total de 21 624 recrues. Les multiples documents liés au CWAC et gardés dans la collection de BAC, dont certains sont répertoriés ci‑après, mettent en valeur les services importants rendus par les premières Canadiennes militaires.
Ressources connexes
Laura Brown est une archiviste militaire au sein de la Division des archives gouvernementales à Bibliothèque et Archives Canada.
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