Réflexions sur mon parcours en photographie

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Par Ellen Bond

La photographie fait partie de notre quotidien : qu’il s’agisse d’images encadrées sur les murs, de publicités sur la route ou de passants qui prennent un égoportrait, les photos sont partout. Pour souligner la Journée mondiale de la photographie, je vais expliquer comment cet art a façonné ma vie.

La photographie me rend heureuse. Je me souviens encore de l’appareil-photo Polaroid de mes parents. J’étais tout excitée de voir une photo sortir de l’appareil et apparaître comme par magie au contact de l’air! Même si les appareils à pellicule offraient des images de meilleure qualité, j’aimais voir le résultat instantanément, un peu comme avec les téléphones d’aujourd’hui.

Une femme et quatre hommes à bord d’un navire. Quatre des cinq personnes ont un appareil-photo dans les mains.

Des personnes montrant divers types d’appareils-photo, 1904 (a148285)

À la fin de mes études en photographie, je prenais des photos pour un journal communautaire à Ottawa. Pour rédiger ma chronique, j’allais assister à des événements, je me rendais dans des boutiques locales et j’interviewais et photographiais des habitants de la région. Au cours de l’été qui a suivi ma première année d’étude, j’ai pris des milliers de photos dans la région d’Ottawa. À la fin de mon premier semestre, ma classe a visité le Centre de préservation de Bibliothèque et Archives Canada (BAC). J’ai tout de suite su que c’est là que je voulais travailler!

Une femme avec un appareil-photo dans les mains est debout devant une cabane en bois sur laquelle se trouve une pancarte avec le texte « Shilly Shally ».

Rosemary Gilliat Eaton tient un appareil-photo à deux objectifs. BAC conserve de nombreuses photos de cette photographe. Crédit : Rosemary Gilliat Eaton (e010950230)

Ce rêve est devenu réalité après que j’ai obtenu mon diplôme, à l’été 2016. J’ai commencé par contribuer au projet de BAC visant à numériser les dossiers des plus de 622 000 Canadiens qui ont servi dans le Corps expéditionnaire canadien pendant la Première Guerre mondiale. (En passant, vous pouvez maintenant interroger par noms la base de données des dossiers du personnel de la Première Guerre mondiale.) J’ai numérisé une vaste gamme de documents : des cartes; des certificats; des rayons X; des formulaires de paie; des formulaires médicaux; des feuilles d’engagement; de la correspondance personnelle; et beaucoup trop de dossiers portant les mentions « disparu au combat » ou « tué au combat ».

J’ai appris à connaître BAC petit à petit, puis je me suis jointe à l’équipe du Contenu en ligne. Dans ce poste, j’ai rédigé des billets de blogue, participé à des émissions de baladodiffusion et trouvé des photos pour garnir des albums Flickr. J’ai aussi commencé à travailler sur le projet Un visage, un nom, dont on m’a confié la gestion depuis. L’idée est de diffuser des photographies historiques liées aux Premières Nations, aux Inuit et à la Nation métisse afin d’identifier les personnes dont les noms demeurent inconnus.

Une photo utilisée dans le cadre du projet Un visage, un nom avec du texte invitant le public à transmettre des renseignements sur la personne photographiée.

Une femme haïda tient un flotteur de pêche en verre japonais, Skidegate, Haida Gwaii (Colombie-Britannique), vers 1959. La dame sur cette photo a été identifiée : il s’agit de Flossie Yelatzie, de Masset. Crédit : Richard Harrington. (e011307893)

Le projet aide à mieux décrire les photographies conservées à BAC. Ses comptes de médias sociaux diffusent des photos trois fois par semaine. Quand nous recevons des noms ou d’autres renseignements, les documents sont mis à jour pour que les personnes photographiées soient connues des générations à venir. Pour remercier les personnes qui nous aident, nous leur remettons gratuitement une copie à haute résolution de la photo en question. Ajouter le nom de quelqu’un dans la base de données pour qu’il soit découvrable à long terme est la partie de mon travail que je préfère.

À l’extérieur de BAC, je continue de peaufiner mes talents de photographe en travaillant pour des équipes sportives collégiales et des théâtres de la région, un journal local, d’autres équipes sportives et divers événements qui se déroulent à Ottawa. L’année dernière, j’ai pris des photos de la Ligue professionnelle de hockey féminin pour la revue The Hockey News. Ce travail m’a ouvert des portes pour être photographe au Championnat du monde de hockey féminin de 2024 organisé par la Fédération internationale de hockey sur glace, au cours duquel le Canada a vaincu les États-Unis pour remporter la médaille d’or. J’espère que je pourrai un jour donner mes photos sur le hockey à BAC afin de documenter la première année d’existence de la Ligue féminine, la médaille d’or du Canada et d’autres grandes étapes dans l’histoire du hockey féminin.

Des joueuses de hockey célèbrent leur victoire sur la patinoire devant une foule en liesse.

Le moment où la victoire du Canada contre les États-Unis a été confirmée, lors du match pour la médaille d’or au Championnat du monde de 2024 de la Fédération internationale de hockey sur glace. Photo : Ellen Bond.

Les joueuses de l’équipe photographiées sur la patinoire avec leur médaille d’or, la bannière du championnat et un trophée.

Équipe Canada, championne du monde en 2024. Photo : Ellen Bond.

J’ai bien hâte de voir ce que l’avenir me réserve en tant que photographe!


Ellen Bond est gestionnaire de projet au sein de l’équipe du Contenu en ligne de Bibliothèque et Archives Canada.

L’esprit en mouvement : Le Canada et les Jeux paralympiques

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Par Sali Lafrenie

Puisque les Jeux olympiques tirent à leur fin et que les Jeux paralympiques débuteront dans deux semaines, il est temps de jeter un œil sur ces derniers. Les Jeux paralympiques de 2024 auront eux aussi lieu à Paris, du 28 août au 8 septembre, et comprendront 22 sports :

  • Basket fauteuil
  • Boccia (semblable au jeu de boules et à la pétanque)
  • Cécifoot
  • Escrime fauteuil
  • Goalball
  • Para athlétisme
  • Para aviron
  • Para badminton
  • Para canoë
  • Para cyclisme
  • Para équitation
  • Para haltérophilie
  • Para judo
  • Para natation
  • Para taekwondo
  • Para tennis de table
  • Para tir à l’arc
  • Para tir sportif
  • Para triathlon
  • Rugby fauteuil (anciennement appelé « murderball »)
  • Tennis fauteuil
  • Volleyball assis

Si les Jeux olympiques modernes remontent à 1896, les Jeux paralympiques ont une histoire bien différente. Les Jeux paralympiques tels que nous les connaissons remontent à 1984. De 1960 à 1980, ils ont porté un autre nom, les « Jeux internationaux de Stoke Mandeville ».

Les Jeux internationaux de Stoke Mandeville

Bien que les Jeux internationaux de Stoke Mandeville aient débuté en 1960, leur origine remonte à 1948, à l’hôpital de Stoke Mandeville, un village d’Angleterre. Tout comme les Jeux interalliés et les Jeux Invictus, les Jeux de Stoke Mandeville visaient à favoriser la réadaptation des personnes vivant avec un handicap et des anciens combattants. Ces jeux se sont finalement transformés en une compétition sportive à grande échelle.

Au départ, les Jeux ne comptaient que des athlètes en fauteuil roulant. Toutefois, au fil du temps, ils ont accueilli des athlètes d’autres pays, ce qui les a rendus internationaux, ainsi que des athlètes avec divers handicaps, ce qui a conduit à l’inclusion d’autres sports.

Si les Jeux internationaux de Stoke Mandeville sont considérés comme le précurseur des Jeux paralympiques, il existe et a existé de nombreuses compétitions sportives pour les athlètes handicapés, comme les World Abilitysport Games, les Olympiques spéciaux, les Jeux parapanaméricains et les Jeux olympiques des sourds (dont la première édition a eu lieu à Paris, en 1924).

Les photos suivantes montrent des athlètes aux Jeux internationaux de Stoke Mandeville de 1972 dans des sports tels que le tir à l’arc, la natation et le basketball en fauteuil roulant.

Photographie en noir et blanc d’un archer en fauteuil roulant prêt à tirer une flèche, qui porte un t-shirt orné d’une feuille d’érable.

Tir à l’arc, 21e Jeux internationaux de Stoke Mandeville, à Heidelberg, en Allemagne, du 1er au 10 août 1972. (e011783300)

Photographie en noir et blanc de paranageurs dans l’eau, se tenant aux blocs de départ.

Natation, 21e Jeux internationaux de Stoke Mandeville, à Heidelberg, en Allemagne, du 1er au 10 août 1972. (e011783302)

Photographie en noir et blanc de deux équipes de basketball en fauteuil roulant au moment de la mise au jeu.

Basketball, 21e Jeux internationaux de Stoke Mandeville, à Heidelberg, en Allemagne, du 1er au 10 août 1972. (e011783301)

Le Canada et les Jeux paralympiques

Les athlètes paralympiques canadiens ont une longue et brillante histoire aux Jeux paralympiques, auxquels ils participent depuis plus de 50 ans. On peut affirmer sans risque que les athlètes paralympiques canadiens ont tendance à gagner souvent, puisqu’ils se classent au quatrième rang au tableau des médailles des Jeux d’été paralympiques. L’équipe du Canada a établi des records dans les sports suivants : paranatation, para-athlétisme, paracyclisme et basketball en fauteuil roulant. Benoît Huot, Michelle Stilwell, Chantal Petitclerc et Richard Peter figurent parmi les athlètes les plus connus dans ces sports.

Tous ces athlètes ont marqué l’histoire du parasport, chacun à sa manière. Benoît Huot l’a fait aux Jeux de Rio de 2016 en remportant sa 20e médaille paralympique; il a ainsi officiellement égalé le record du deuxième plus grand nombre de médailles paralympiques récoltées en natation. Michelle Stilwell a laissé sa marque dans deux sports différents, le basketball en fauteuil roulant et la course en fauteuil roulant, en remportant au moins une médaille d’or dans les deux sports. La sénatrice Chantal Petitclerc, peut-être l’un des noms les plus connus dans le milieu du parasport canadien avec Rick Hansen, a représenté le Canada à cinq Jeux paralympiques et a remporté 21 médailles. Richard Peter a compétitionné dans cinq Jeux paralympiques, en basketball en fauteuil roulant et en parabadminton. Il a remporté plusieurs médailles avec l’équipe de basketball en fauteuil roulant tout au long de sa carrière. La série documentaire Chiefs and Champions, qui met en vedette des athlètes autochtones représentant le Canada dans le domaine du sport, lui a consacré un épisode.

Photographie en couleurs d’athlètes portant des vestes rouges d’Équipe Canada, l’un serrant la main du premier ministre à l’avant-plan et une autre parlant à une femme à l’arrière-plan.

L’athlète paralympique Benoît Huot à une cérémonie de reconnaissance sur la Colline du Parlement, avec le premier ministre Stephen Harper. Crédit : Jason Ransom. (MIKAN 5586583)

Photographie en couleurs d’athlètes portant des vestes rouges d’Équipe Canada, assis dans des fauteuils roulants et se déplaçant en file pour serrer la main de députés.

Les athlètes paralympiques Michelle Stilwell et Jason Crone à une cérémonie de reconnaissance sur la Colline du Parlement, avec le premier ministre Stephen Harper. Crédit : Jill Thompson. (MIKAN 5609841)

Photographie en couleurs d’athlètes; trois d’entre eux assis à l’avant dans des fauteuils roulants et portant des médailles paralympiques, et sept autres assis sur des bancs à l’arrière.

Les athlètes paralympiques Tyler Miller, Marco Dispaltro et Richard Peter à une cérémonie de reconnaissance sur la Colline du Parlement, avec le premier ministre Stephen Harper. Crédit : Jason Ransom. (MIKAN 5609841)

Temple de la renommée paralympique canadien

L’influence des Canadiens sur les Jeux paralympiques va bien au-delà de la compétition elle-même. Le Temple de la renommée paralympique canadien compte actuellement 42 personnes intronisées, réparties en trois catégories : les bâtisseurs, les entraîneurs et les athlètes.

Parmi les bâtisseurs importants, le Dr Robert W. Jackson, un chirurgien orthopédique, a fondé l’Association canadienne des sports en fauteuil roulant et a été l’un des plus ardents défenseurs du parasport. Bien que l’héritage du Dr Jackson réside avant tout dans ses contributions au domaine médical en tant que pionnier de la chirurgie arthroscopique, il a laissé également sa marque dans le monde du sport. En dehors de son travail de promotion du parasport, le Dr Jackson a travaillé avec des athlètes professionnels de deux ligues majeures : la Ligue canadienne de football (Argonauts de Toronto) et la National Basketball Association (Mavericks de Dallas). En 1976, il a été chargé d’organiser les Jeux paralympiques de Toronto, également connus sous le nom de « Torontolympiades ». Tous ces éléments, et bien d’autres, sont décrits dans le fonds du Dr Jackson ici même, à Bibliothèque et Archives Canada.

Un autre intronisé notoire du Temple de la renommée est Eugene Reimer. Il a fait partie de la première équipe paralympique canadienne et s’est avéré un athlète dominant en fauteuil roulant. Tout au long de sa carrière sportive, Reimer a remporté 10 médailles lors de quatre Jeux paralympiques, et plus de 50 médailles lors de compétitions nationales et internationales. Il a également été nommé athlète masculin canadien de l’année pour ces réalisations. Véritable compétiteur, Eugene Reimer était un athlète complet, aux multiples talents, qui a joué pour l’équipe de basketball en fauteuil roulant des Vancouver Cable Cars, la même équipe dont ont fait partie Rick Hansen et Terry Fox en Colombie-Britannique. Voyez au centre de la photo suivante Reimer à la compétition de para-archerie aux Jeux de 1972.

Photographie en noir et blanc d’une rangée d’archers assis dans leurs fauteuils roulants.

Eugene Reimer du Canada, tir à l’arc, 21e Jeux internationaux de Stoke Mandeville, à Heidelberg, en Allemagne, du 1er au 10 août 1972. (e011783299)

Athlètes et sports à suivre

Pour en revenir à Paris 2024, penchons-nous maintenant sur quelques athlètes et sports à surveiller!

Compte tenu des succès du Canada en paranatation, il est logique de commencer par là. Cette année, le Canada envoie 20 paranageurs et paranageuses à Paris. Même s’il y a certains nouveaux visages, il y a aussi plusieurs athlètes que nous connaissons bien, comme Aurélie Rivard, Nicholas Bennett et Katarina Roxon, qui participera à ses cinquièmes Jeux paralympiques.

Bien que beaucoup de sports soient communs aux Jeux olympiques et aux Jeux paralympiques, ces derniers se démarquent grâce à des disciplines qui leur sont propres, comme le goalball. Si vous n’avez jamais regardé du goalball, attendez-vous à vivre un moment passionnant… et si vous avez déjà regardé un match, vous savez exactement ce que je veux dire! L’équipe féminine canadienne de goalball a connu beaucoup de succès récemment et historiquement, assurant sa place à Paris en remportant la médaille d’or aux Jeux parapanaméricains de 2023.

Tout comme les Jeux olympiques, les Jeux paralympiques sont en constante évolution. Cette évolution se traduit parfois par l’ajout ou l’élimination de sports, et parfois par l’atteinte d’une plus grande parité entre les athlètes et les prix en argent. Au cours des 16 dernières années, les Jeux paralympiques ont ajouté cinq sports à leur liste : le para-aviron, le paratriathlon, le paracanoë, le parabadminton et le parataekwondo. C’est une période passionnante pour les amateurs de sport, et si les Jeux paralympiques vous passionnent et que vous voulez en savoir plus, consultez cette liste des 50 choses à savoir sur les Jeux paralympiques. Bons Jeux, et que les meilleurs gagnent!

Ressources complémentaires

  • Athlètes olympiques canadiens, 2012-09-19, Bibliothèque et Archives Canada (MIKAN 5609841)
  • Jeux panaméricains de Toronto, 2015-07-10, Bibliothèque et Archives Canada (MIKAN 5610897)
  • Des athlètes époustouflants : au cœur des Jeux paralympiques par Marie-Claude Ouellet et Jacques Goldstyn (OCLC 1236883625)

Sali Lafrenie est archiviste de portefeuille à la Direction générale des archives privées de Bibliothèque et Archives Canada.

Plus vite, plus haut, plus fort : le Canada aux Jeux olympiques d’été

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Par Sali Lafrenie

Ça y est, c’est parti : les Jeux olympiques sont ouverts! C’est le moment idéal pour se replonger dans la couverture des Jeux olympiques, ici à Bibliothèque et Archives Canada. Bien que le Canada soit souvent considéré comme un chef de file des sports d’hiver, nos athlètes ont remporté plus de médailles aux Jeux d’été qu’aux Jeux d’hiver. À ce jour, le Canada a remporté un total de 326 médailles aux Jeux olympiques d’été et s’est particulièrement illustré dans les domaines suivants : athlétisme, sports aquatiques (natation, natation artistique et plongeon) et sports de pagaie (canoë-kayak et aviron).

Dans cet article de notre série sur les Jeux olympiques, nous revenons sur ces sports populaires et sur quelques autres disciplines.

Cinq timbres-poste canadiens représentant différents sports olympiques, comme le plongeon, le cyclisme, la natation, l’athlétisme et la gymnastique.

Timbres-poste canadiens qui représentent des moments marquants des Jeux olympiques de 1992. (e003576364)

Les « Matchless Six » : Amsterdam 1928

Les « Matchless Six », dont on se souvient pour leurs performances exceptionnelles aux Jeux olympiques de 1928, ont formé la première équipe féminine olympique du Canada. Mais pourquoi ont-elles été les premières? Et qu’ont-elles accompli?

Les Jeux olympiques modernes ont débuté en 1896, mais les femmes n’ont été autorisées à participer à des compétitions d’athlétisme qu’en 1928. L’équipe des « Matchless Six », composée de Fanny Rosenfeld, Jean Thompson, Myrtle Cook, Florence Jane Bell, Ethel Smith et Ethel Catherwood, est passée à l’histoire en remportant quatre médailles dans quatre épreuves. Sa performance exceptionnelle est d’autant plus impressionnante qu’à l’époque les femmes ne pouvaient participer qu’à cinq épreuves d’athlétisme.

Les « Matchless Six » ont ouvert les portes de l’athlétisme aux générations futures de Canadiennes. Toutes ont depuis été intronisées à de multiples temples de la renommée du Canada et ont été inscrites au registre des personnages historiques nationaux de Parcs Canada.

Photographie montrant six femmes vêtues d’une veste et d’une jupe blanches. On peut voir quatre autres personnes à l’arrière-plan.

Les « Matchless Six », l’équipe féminine canadienne d’athlétisme aux Jeux olympiques d’été de 1928, à Amsterdam. (a151001)

Une famille d’athlètes olympiques : 1912, 1960-1968

Après s’être qualifié et avoir participé aux Jeux olympiques de 1912, John « Army » Howard est devenu le premier athlète olympique noir à représenter le Canada (le premier athlète olympique noir né au Canada à remporter une médaille a été Raymond Lewis, en 1932). Sa carrière d’athlète a été mise en veilleuse pendant son service au sein du Corps expéditionnaire canadien lors de la Première Guerre mondiale, mais Howard a eu l’occasion de représenter une dernière fois le Canada aux Jeux interalliés de 1919, où il a remporté la médaille de bronze au 100 mètres. Vous trouverez des photos des Jeux interalliés de 1919 dans notre collection.

Le flambeau a été repris par ses petits-enfants, Valerie et Harry Jerome, qui ont tous deux participé aux Jeux olympiques dans les années 1960. Le tandem frère-sœur, qui a fait ses débuts olympiques à Rome en 1960, a marqué les esprits aussi bien sur la piste que hors piste. Valerie et Harry Jerome ont tous deux remporté de nombreuses médailles aux championnats nationaux, aux Jeux panaméricains et aux Jeux du Commonwealth. De son côté, Harry a participé à plusieurs Jeux olympiques, et a remporté une médaille de bronze au 100 mètres. La famille a laissé une empreinte durable sur l’athlétisme canadien, ayant compté parmi les premiers athlètes noirs au sein d’Équipe Canada.

Photographie de trois athlètes franchissant la ligne d’arrivée d’une course aux Jeux olympiques.

Harry Jerome aux Jeux olympiques d’été de 1968, à Mexico. (a209764k)

Les disettes de médailles : 1912-1984 et 1936-2024?

Si des disettes de médailles se produisent parfois, on se souvient surtout du moment où elles se terminent. Le Canada a connu deux disettes de médailles notables, en particulier en natation et au basketball. Pendant des décennies, les nageurs canadiens ont été exclus de la plus haute marche du podium. Tout ce temps, George Hodgson est resté notre seul médaillé d’or, après avoir remporté deux médailles d’or et établi quatre records du monde en 1912. Lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté, Hodgson a mis sa carrière d’athlète sur pause pour servir en tant que sous-lieutenant d’aviation du Royal Naval Air Service. En 1984, la disette de 72 ans a pris fin de façon spectaculaire grâce aux médailles d’or remportées par Alex Baumann, Anne Ottenbrite (la première femme à remporter l’or en natation pour le Canada) et Victor Davis.

Photographie d’un homme en maillot de bain.

George Hodgson. (a050291)

Au basketball, les équipes canadiennes travaillent d’arrache-pied pour mettre fin à une disette de 88 ans. Toutefois, grâce au succès qu’elles ont récemment obtenu à la Coupe du monde de la FIBA et aux Jeux panaméricains, les équipes masculine et féminine seront toutes deux présentes aux Jeux olympiques pour la première fois en plus de vingt ans. On trouve plus de joueurs canadiens que jamais dans la NBA et l’on entend de plus en plus parler de la mise sur pied d’une équipe de la WNBA au Canada en 2026. Alors, 2024 sera-t-elle l’année où la disette de médailles en basketball prendra fin pour le Canada?

Photographie d’un homme et d’une femme se tenant debout.

Alisha Tatham, membre de l’équipe féminine de basketball aux Jeux olympiques de Londres en 2012. Il s’agissait de la première participation de l’équipe depuis les Jeux de Sydney, en 2000. Crédit : Jason Ransom. (MIKAN 5609841)

Pagayer jusqu’au podium : 1992-1996 et 2004-2012

Équipe Canada a une longue histoire de réussites en sports de pagaie, comme en fait foi son impressionnant total de 69 médailles aux Jeux d’été en aviron (une discipline olympique depuis les Jeux de Paris de 1900) et en kayak (une discipline olympique depuis les Jeux de Paris de 1924). Il n’est donc pas surprenant que l’aviron se classe au troisième rang des disciplines dans lesquelles les athlètes du Canada ont connu le plus de succès aux Jeux olympiques d’été, le kayak se classant en quatrième position.

Les athlètes canadiens les plus performants dans ces sports, Marnie McBean, Kathleen Heddle et Adam van Koeverden, ont chacun remporté quatre médailles. McBean et Heddle ont participé aux Jeux de Barcelone, en 1992, et d’Atlanta, en 1996, où elles ont remporté quatre médailles en tout et ont raflé le titre de triples médaillées d’or. Aujourd’hui député fédéral, le kayakiste van Koeverden a remporté quatre médailles en trois Jeux et est souvent considéré comme le pagayeur canadien ayant connu le plus de succès.

Les exploits en or de McBean et de Heddle leur ont valu d’être intronisées au Temple de la renommée olympique du Canada et au Panthéon des sports canadiens, une reconnaissance que van Koeverden devrait lui aussi recevoir.

Photographie de deux hommes qui sourient en se serrant la main.

Adam van Koeverden rencontre le premier ministre Stephen Harper après les Jeux olympiques de Londres de 2012. Crédit : Jason Ransom. (MIKAN 5609841)

Des participations consécutives : 2000-2004 et 2020-2024

En participant à l’épreuve de water-polo féminin à Paris 2024, l’équipe canadienne en sera à sa quatrième participation aux Jeux d’été. L’équipe féminine de water-polo, qui s’est qualifiée aux Jeux olympiques de façon spectaculaire au début de l’année, veut faire des vagues. Nous attendons avec impatience de voir le résultat qu’elle obtiendra. D’ici là, revenons sur l’équipe de Sydney 2000 et sur sa remarquable cocapitaine, Waneek Horn-Miller.

Connue pour ses capacités athlétiques et ses discours motivateurs, Waneek Horn-Miller est l’une des femmes les plus influentes du milieu du sport canadien. Elle est également la première femme mohawk à avoir revêtu l’uniforme du Canada aux Jeux olympiques. Elle a été cocapitaine de la première équipe olympique féminine de water-polo en 2000, qui a obtenu le meilleur résultat de son histoire à ces jeux. Elle a également participé aux Jeux panaméricains de 1999 et aux Championnats du monde de la FINA de 2001. Horn-Miller ne participe plus à des compétitions, mais elle continue de partager son amour du sport et de la communauté en tant que commentatrice sportive, ambassadrice de marque et conférencière. En plus de parler de son expérience de la crise d’Oka, Waneek est directrice du projet Storyboot et a été chef de mission adjointe aux Jeux panaméricains de 2015, à Toronto.

Photographie de nombreux athlètes marchant derrière un homme qui agite un grand drapeau du Canada.

Équipe Canada à la cérémonie d’ouverture des Jeux panaméricains de 2015, à Toronto. On voit Waneek Horn-Miller au premier plan, les bras grand ouverts. Crédit : Deborah Ransom. (MIKAN 5603894)

Tandis que la chasse au podium se poursuit dans des sports populaires comme le hockey, le soccer, le volleyball et le basketball, des sports plus récents comme la planche à roulettes, l’escalade de compétition et le breakdance en seront à leurs débuts. Qu’est-ce qui attend Équipe Canada? Quels sports avez-vous le plus envie de regarder? Et qui sera porte-drapeau à la cérémonie de clôture?

Ressources complémentaires


Sali Lafrenie est archiviste de portefeuille à la Direction générale des archives privées de Bibliothèque et Archives Canada.

En avance d’un siècle : Les Jeux olympiques de Paris de 1924

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Par Sali Lafrenie

Imaginez la scène.

Paris, 1924.

Vous êtes aux Jeux olympiques d’été, entouré de quelque 3 000 autres athlètes.

Quel sport pratiquez-vous? Le tennis? Peut-être le soccer? Le basketball? Oh, attendez. Est-ce un sport aquatique? L’athlétisme, peut-être? Non? La boxe? Quoi qu’il en soit, je parie que vous êtes enthousiasmé. Et, avec raison! L’équipe canadienne n’a envoyé que 65 athlètes, et c’est la première fois que les Jeux seront diffusés en direct à la radio!

Photographie panoramique en noir et blanc d’un stade extérieur dans lequel se trouvent des centaines d’athlètes.

Vue générale du stade de Colombes au début des Jeux olympiques de 1924 (e011783298).

Considérés comme le plus grand succès des Jeux olympiques modernes, les Jeux d’été de 1924 à Paris sont très différents des Jeux tels que nous les connaissons aujourd’hui. Tout d’abord, seuls 17 sports y sont représentés. Cinq sports ont été retirés depuis l’édition précédente de 1920, et d’autres ne sont inclus qu’à titre de sport de démonstration.

En 2024, 338 athlètes du Canada participeront aux compétitions à Paris, qui accueillera les Jeux pour la troisième fois. Les Jeux compteront 32 sports, soit deux fois plus que lors des Jeux olympiques de 1924.

En l’honneur de ce centenaire, plongeons dans les Jeux olympiques de 1924!

Jeux olympiques d’hiver de 1924

Saviez-vous que, lorsque la France s’est portée candidate pour accueillir les Jeux olympiques d’été de 1924, elle a accidentellement lancé une nouvelle tendance? Cette tendance, c’était les Jeux olympiques d’hiver.

En effet, la pratique consistant à tenir les Jeux d’été et d’hiver la même année, et parfois dans le même pays, s’est poursuivie jusqu’en 1992, lorsque le Comité international olympique a décidé d’alterner les Jeux tous les deux ans.

Avant 1924, les Jeux olympiques ne comprenaient que des sports d’été et il n’y avait pas d’équivalent pour les sports d’hiver. Cependant, cette situation allait bientôt changer. Organisés à Chamonix, en France, du 25 janvier au 5 février 1924, les premiers Jeux d’hiver accueillent 260 athlètes qui participent à 16 épreuves. Cela signifie que 2024 marquera également le 100e anniversaire des Jeux olympiques d’hiver.

Bien que le Canada n’ait envoyé que 12 athlètes à ces Jeux et n’ait remporté qu’une seule médaille, l’histoire ne s’arrête pas là. Les Jeux olympiques de Chamonix ont marqué le début d’une nouvelle ère pour ces athlètes et pour l’équipe olympique canadienne d’hiver, qui regroupait 215 athlètes en 2022.

Charles « Charlie » Gorman, Néo-Brunswickois et vétéran de la Première Guerre mondiale, figurait parmi ces athlètes. Il fait ses débuts aux Olympiques à l’épreuve du patinage de vitesse, alors que le sport n’en est encore qu’à ses balbutiements. Bien qu’il obtienne un résultat décevant aux Jeux de 1924, Charlie remporte des médailles pour l’équipe canadienne dans plusieurs autres compétitions, notamment les championnats des États-Unis, ceux du Canada et les championnats du monde.

Photographie en noir et blanc d’un homme faisant du patinage de vitesse et regardant directement l’appareil photo.

Photo de Charles Gorman faisant du patinage de vitesse (a050382).

Cecil Smith Hedstrom passe également à l’histoire lors de ces Jeux en devenant la première femme à représenter le Canada aux Jeux olympiques. Elle participe à trois Jeux olympiques en patinage artistique et réalise plusieurs exploits inédits qui propulsent le patinage artistique canadien sur la scène mondiale. Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, Smith est intronisée au Temple de la renommée de Patinage Canada en 1991.

En remportant la seule médaille de l’équipe canadienne aux Jeux de Chamonix, les Granites de Toronto obtiennent la première médaille d’or du Canada aux Jeux olympiques d’hiver. Les Granites poursuivent ainsi la série de médailles olympiques décrochées par le Canada au hockey sur glace, lancée en 1920 par les Falcons de Winnipeg, qui avaient remporté l’or aux Jeux d’Anvers. Le hockey sur glace avait fait ses débuts aux Jeux olympiques d’Anvers, mais ce fut la première et la dernière fois que ce sport allait faire partie des Jeux d’été. Le Canada est donc le seul pays à avoir remporté une médaille d’or au hockey sur glace aux Jeux olympiques d’été et d’hiver.

Photographie en noir et blanc d’une équipe de hockey masculine tenant des bâtons de hockey, debout sur la glace.

Les Falcons de Winnipeg, champions olympiques (a049622).

Jeux olympiques d’été de 1924

Si tous les Jeux olympiques sont importants, les Jeux d’été de 1924 rayonnent particulièrement : ils sont diffusés en direct à la radio, ils se dotent pour la première fois du Village olympique et lancent la devise olympique « Plus vite, plus haut, plus fort ». Les Jeux modernes annoncent une ère nouvelle de compétitions sportives internationales qui, depuis 1924, ne cessent de prendre de l’ampleur et du panache.

L’une des plus grandes réussites des Jeux olympiques de 1924 est attribuée à un groupe d’athlètes qui, techniquement, ne participait pas aux Jeux : les Grads d’Edmonton. Bien qu’à l’époque, le basketball n’était pas officiellement inclus dans les Jeux olympiques (le basketball masculin le sera en 1936 et le basketball féminin, en 1976), la Fédération sportive féminine internationale (FSFI) décide d’organiser ses propres parties en marge des Jeux d’été.

À domicile comme à l’étranger, c’est une équipe difficile à battre. Elle remporte environ 95 % de toutes les parties qu’elle joue et gagne les tournois de basketball féminin de la FSFI en 1924, en 1928 et en 1936.

Deux photographies en noir et blanc d’un groupe d’athlètes féminines. La première photographie représente neuf femmes en file, dont l’une tient un ballon de basketball. La seconde photographie montre neuf femmes placées en deux rangs, un homme se tenant au milieu du rang arrière.

Photos de l’équipe des Grads d’Edmonton en 1924 et 1936 (a050440) et (a050442).

Lors de sa première participation aux Jeux olympiques, le coureur de haies canadien Warren « Monty » Montabone se hisse sur la scène mondiale à Paris en 1924, puis à Amsterdam en 1928. Entre deux participations aux Jeux olympiques, Monty établit également un record canadien, qui reste imbattu pendant 58 ans, à l’épreuve du 110 mètres haies. Sa carrière sportive, qui a débuté bien avant les Jeux olympiques, commence à l’époque où il est étudiant-athlète à Loyola et athlète amateur au sein de la Montreal Amateur Athletic Association.

Victor Pickard, sauteur à la perche et lanceur de javelot, est un autre athlète qui fait ses débuts aux Jeux olympiques de 1924. Il représente le Canada à deux éditions des Jeux olympiques (1924 et 1928) et remporte une médaille d’or en saut à la perche aux Jeux de l’Empire britannique en 1930. C’est aux Jeux olympiques que Pickard réussit le meilleur saut de sa carrière sportive : 3,45 mètres. Son record personnel est toutefois de 4,15 mètres. Aujourd’hui, le record canadien de saut à la perche est de 6,00 mètres et le record mondial est établi à 6,24 mètres.

Deux photographies en noir et blanc d’un sauteur à la perche. La première montre un homme sautant par-dessus une barre à l’aide d’une perche. La seconde montre un homme tenant une perche à l’horizontale avant de se mettre à courir.

Victor Pickard aux Jeux olympiques de 1924 (a151000) et (a151014).

Même si tous les Jeux olympiques diffèrent, deux choses s’y retrouvent à tout coup : l’enthousiasme et l’excellence. Qu’il s’agisse d’établir de nouveaux records, d’annoncer son soutien pour une cause politique ou d’encourager un athlète dans le besoin, tout le monde trouve son compte aux Jeux olympiques. De nos jours, les Jeux symbolisent bien plus que l’esprit sportif, l’athlétisme et l’identité nationale. Il s’agit d’un phénomène culturel. Les Jeux réunissent les gens dans les restaurants, dans les salons et dans les écoles. Leur histoire est en train de s’écrire et ce n’est que le début.

Ressources complémentaires


Sali Lafrenie est archiviste de portefeuille à la Direction générale des archives privées de Bibliothèque et Archives Canada.

Des secrets bien gardés : les Jeux olympiques de Montréal en 1976

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Par Brittany Long

Les années 1960 et 1970 ont connu des turbulences à l’échelle mondiale, alors que des attaques terroristes, des détournements d’avions et des enlèvements faisaient régulièrement les manchettes. Dans ce climat d’incertitude, la planification de la sécurité des Jeux olympiques d’été de 1976, à Montréal, a constitué un défi de taille pour les organismes canadiens chargés de la sécurité. La Gendarmerie royale du Canada (GRC), les Forces armées canadiennes et les autorités locales ont uni leurs forces pour protéger les athlètes et le public venus des quatre coins du monde.

Photographie en noir et blanc d’un groupe de personnes dansant au Stade olympique de Montréal lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’été de 1976.

Cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Montréal, 17 juillet 1976. Photo : Paul Taillefer. (e004923376)

En plus de la reine Elizabeth II grandement attendue pour l’ouverture officielle des Jeux, Montréal devait accueillir 6 084 athlètes olympiques de 92 pays. Personne ne souhaitait voir se répéter la tragédie des Jeux olympiques de Munich en 1972, où 11 athlètes avaient été tués lors d’un attentat terroriste.

Comme les Jeux de 1976 se déroulaient en pleine guerre froide, les organismes de sécurité ont dû redoubler d’efforts pour évaluer les menaces possibles, cibler les vulnérabilités et assurer la sécurité de tous les sites. Les mesures de sécurité ont dû être planifiées dans les moindres détails et gardées confidentielles avant et pendant l’événement afin de protéger la population canadienne, les visiteurs internationaux et les athlètes. Absolument tout, jusqu’au déplacement de la Reine de son lieu d’hébergement au stade, devait être rigoureusement planifié.

Les préparatifs ont commencé des mois avant les Jeux, alors que le niveau d’alerte était à son maximum, surtout pour le ministère des Affaires étrangères, la GRC et la Défense nationale. Les organismes et ministères fédéraux impliqués ont créé des montagnes de documents qui reflètent les efforts déployés pour assurer la sécurité dans le cadre de cet événement d’envergure.

Par la suite, certains de ces documents ont été transférés à Bibliothèque et Archives Canada. Plusieurs fonds d’archives contiennent des documents sur les Jeux olympiques de 1976. Le fonds du ministère des Affaires étrangères, par exemple, contient au moins neuf boîtes de documents à ce sujet et les archives de la GRC en contiennent environ 170.

Photo en noir et blanc montrant une foule de personnes descendant une rampe au Stade olympique de Montréal.

Foule descendant la rampe d’accès au stade lors des Jeux olympiques de Montréal en 1976. Photo : Paul Taillefer. (e004923378)

Comme les documents touchent à la sécurité, la plupart d’entre eux ont été classés confidentiels, secrets et parfois très secrets à leur création et cette classification a été maintenue lors de leur transfert à BAC. Bon nombre de ces documents sont encore classifiés près de 50 ans après la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de 1976, ce qui empêche leur consultation depuis tout ce temps. Pire encore : il n’y a aucun moyen de savoir exactement quels documents sont classifiés. Pourquoi?

À cette époque, les protocoles de conservation et de transfert de documents étaient très différents. Les listes des documents transférés à BAC ne comportaient souvent aucune indication quant à leur classification de sécurité. Ainsi, pour déterminer s’il y a lieu de maintenir la classification des documents sur les Jeux olympiques de Montréal, nous devons d’abord les repérer dans nos collections. Une fois que c’est fait, nous devons les examiner pour vérifier leur classification. C’est un processus fastidieux.

À l’été et au début de l’automne 2023, nous avons analysé le contenu de neuf boîtes de documents concernant les Jeux olympiques de Montréal dans le fonds du ministère des Affaires étrangères, une sélection de documents relativement petite par rapport à d’autres séries qui font partie des collections dont BAC a la garde. Il a fallu des jours pour passer au peigne fin le contenu de ces boîtes et ainsi déterminer la portion qui demeurait classifiée. Ce processus a révélé qu’environ un tiers des documents de cette série sont encore classifiés.

Photo en noir et blanc d’un groupe de femmes dansant en robe blanche lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques d’été de Montréal. Un homme nu traverse le terrain.

Cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Montréal. Quelque 500 jeunes femmes dansent alors qu’un homme nu court parmi elles, 1er août 1976. Photo : Paul Taillefer. (e004923381)

Après examen des boîtes et des renseignements contenus dans les documents, un rapport d’analyse a été rédigé. Selon le principe fondamental de la déclassification, l’auteur ou l’autrice d’un document est la seule personne à pouvoir modifier la classification. Nous avons donc soumis les résultats de notre analyse aux ministères concernés, à qui la décision revient.

Les documents classifiés concernant les mesures de sécurité lors des Jeux olympiques de Montréal en 1976 ne sont pas les seuls à conserver leur classification des décennies après leur création. L’équipe de déclassification de la Direction générale de l’accès à l’information et de la protection des renseignements personnels de BAC collabore étroitement avec d’autres ministères pour faciliter l’accès de toute la population canadienne aux documents historiques. Nous souhaitons ainsi mettre en lumière notre passé collectif et transmettre au public de précieux renseignements historiques.

Ressources complémentaires


Brittany Long est une archiviste qui s’occupe de la déclassification au sein de la Direction générale de l’accès à l’information et de la protection des renseignements personnels de Bibliothèque et Archives Canada.

Conseils pour les généalogistes en herbe

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Vous voulez découvrir vos racines et dresser votre arbre généalogique, mais vous ne savez pas par où commencer? Aucun souci : nous sommes là pour vous aider! Sur notre page Comment débuter votre recherche généalogique, vous trouverez :

Ce sera peut-être le début d’un passe-temps des plus agréables. Qui sait, vous développerez peut-être une véritable passion qui vous amènera à étudier le Canada et son histoire tout au long de votre vie!

Trois personnes à pied, vues de dos. L’homme à gauche marche derrière une poussette tandis qu’un petit enfant au centre tient la main de la femme à sa droite.

La famille, Toronto (Ontario), vers 1928. Photographe : John Pearson Morris. Bibliothèque et Archives Canada/PA-126728

Poursuivez votre apprentissage dans la section Généalogie et histoire familiale de notre site Web. N’hésitez pas à revenir, car ces ressources sont mises à jour régulièrement. Les plus aventureux consulteront nos outils et guides de A à Z, qui abordent de nombreux sujets liés au Canada.

Si vous arrivez dans une impasse ou avez simplement besoin de conseils, posez-nous une question en généalogie à l’aide de notre formulaire en ligne.

Bonne recherche!

Fonds The Green Interview

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Par Dalton Campbell

En 2008, le communicateur et auteur Silver Donald Cameron et le vidéaste Chris Beckett lancent la série The Green Interview. Ils mènent plus de cent entrevues et produisent six documentaires sur le développement durable, les changements climatiques et d’autres enjeux environnementaux.

Silver Donald Cameron est mort en juin 2020. Les enregistrements et les dossiers de recherche de The Green Interview sont remis à Bibliothèque et Archives Canada (BAC) en 2023. Les transcriptions numérisées sont à la disposition du public en recherchant dans le catalogue de BAC. (Tous les documents sont en anglais.)

Parmi les personnes interviewées figurent Jane Goodall, Chris Turner, Robert Bateman, David Suzuki, Margaret Atwood, Sarika Cullis-Suzuki, James Lovelock et des dirigeants autochtones tels que Edmund Metatawabin, Todd Labrador, Albert Marshall et John Borrows.

Un homme peint un tableau.

Robert Bateman (photographié ici en 1979) participe à The Green Interview en 2010. Fonds du Musée canadien de la poste. Bibliothèque et Archives Canada/Fonds du ministère des Postes/e001217390. Crédit : Norm Lightfoot.

La dernière entrevue, avec nul autre que Silver Donald Cameron, constitue en fait une excellente introduction à la série : M. Cameron y parle de la conception de The Green Interview, de la manière dont il a réalisé les entrevues et de ce qu’il a appris tout au long des enregistrements.

Il explique qu’avec les entrevues on souhaitait montrer comment une personne avec une idée en tête peut arriver à changer les choses, et qu’on voulait présenter un large éventail de solutions aux problèmes environnementaux. M. Cameron dit que la plupart des interviewés se réjouissaient à l’idée de faire une entrevue de fond. Quand quelqu’un a consacré des années à un projet, il est heureux de pouvoir en parler en long et en large.

M. Cameron raconte que l’une des choses les plus importantes qu’il a apprises en réalisant The Green Interview, c’est comment les gens se servent du système juridique et des tribunaux pour résoudre des questions environnementales. En 2012, il s’entretient avec David Boyd, qui a littéralement jeté les bases du droit environnemental. M. Cameron s’est rendu compte qu’il s’agissait là de « la clé. […] Si, en tant que Canadiens, nous avons le droit d’aller en justice et d’attaquer quiconque porte atteinte à nos droits environnementaux, [alors quelqu’un] peut dire : “Je peux prouver que ceci porte atteinte à mon droit à un environnement sain, et vous devez donc y mettre un terme” » (traduction).

Citant Tony Oposa, M. Cameron affirme que devant les tribunaux on raconte une histoire en suivant la procédure légale et en apportant des preuves. Si on n’est pas satisfait de la décision, on peut interjeter appel et reprendre son histoire du début. En un sens, Donald Cameron dit que même si on perd, on a gagné, puisqu’on a pu raconter son histoire dans un cadre formel; l’histoire fait partie des dossiers publics, et quelqu’un d’autre peut s’en inspirer.

M. Cameron a constaté que le droit est un outil qui peut s’appliquer à presque tous les enjeux environnementaux. De nombreuses entrevues portent sur le recours au système juridique dans divers buts : pour mettre fin à la pollution dans la Première Nation Aamjiwnaang près de Sarnia, en Ontario, et à Buenos Aires, en Argentine; pour protéger l’Amazonie; pour mettre en œuvre des politiques de lutte contre les changements climatiques; pour assurer la défense juridique des environnementalistes; pour ajouter les droits environnementaux à la constitution; pour explorer les conséquences juridiques de l’élévation du niveau de la mer dans les nations insulaires qui risquent de disparaître; etc. M. Cameron dit que ces entrevues ont été source d’inspiration et matière première pour la rédaction du livre Warrior Lawyers et la conception du documentaire Green Rights.

Timbres à l’effigie d’un faucon pèlerin.

Pli Premier Jour d’un timbre canadien de 12 cents (1978) montrant une peinture d’un faucon pèlerin. L’œuvre est de Robert Bateman, qui participe à The Green Interview en 2010. Collection philatélique de la Société canadienne des postes. Bibliothèque et Archives Canada/Fonds du ministère des Postes/e002071274.

Le droit et le système juridique ne sont pas les seuls thèmes explorés dans The Green Interview. Dans ce court billet de blogue, on ne peut qu’en mentionner quelques-uns : les changements climatiques et le déni de ces changements; les entreprises durables; la coupe à blanc des forêts; les scientifiques qui étudient les oiseaux et les parcours migratoires, les populations de poissons et la santé des océans; les dirigeants autochtones qui enseignent le savoir traditionnel; les écrivains qui mettent l’accent sur l’espoir et les artistes qui tentent de capturer la beauté du monde naturel.

Dans l’introduction de la dernière entrevue, Chris Beckett raconte que les personnes qu’ils ont interviewées les ont amenés, Don et lui, à « réfléchir à des solutions environnementales d’une manière inédite et novatrice ». Il ajoute : « Nous espérions que The Green Interview resterait une ressource utile et un outil éducatif longtemps après notre départ » (traduction). Les enregistrements, les transcriptions et les dossiers de recherche font désormais partie de la collection permanente de BAC. Les enregistrements sont en cours de traitement puis seront mis à la disposition du public. En attendant, les vidéos sont disponibles sur le site Web et la chaîne YouTube de The Green Interview. Les transcriptions peuvent être consultées en effectuant une recherche dans la collection de BAC.

Recherche complémentaire :

Fonds The Green Interview (MIKAN 5869828)

Fonds d’archives sur l’environnement

  • Fonds Rosalie Bertell (MIKAN 5785830)
  • Fonds James P. Bruce (MIKAN 6260420)
  • Fonds James MacNeill (MIKAN 5673182)
  • Fonds Greenpeace Canada (MIKAN 163472)
  • Fonds du Sierra Club du Canada (MIKAN 185222)
  • Fonds du ministère de l’Environnement (MIKAN 774)
  • Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie (MIKAN 3634452)

Livres de Silver Donald Cameron

  • The living beach: life, death and politics where the land meets the sea (OCLC 957581431)
  • The education of Everett Richardson: the Nova Scotia fishermen’s strike, 1970-71 (OCLC 855272616)
  • Getting wisdom: the transformative power of community service-learning (OCLC 662578649)
  • Ideas, energy, ambition, dreams: stories of community-driven economic initiatives from across Canada (OCLC 50022657)
  • Wind, whales, and whiskey: a Cape Breton voyage (OCLC 28799807)

Dalton Campbell est archiviste à la section Science, environnement et économie de la Division des archives privées de Bibliothèque et Archives Canada.

Un gâteau au chocolat de 1961

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Bannière Cuisinez avec Bibliothèque et Archives CanadaPar Rebecca Murray

Un bon gâteau au chocolat, ça plaît à tout le monde. C’est ce que je me suis dit quand j’ai décidé de relever le défi de préparer une recette tirée d’un livre de cuisine de l’Armée canadienne, paru en 1961.

Livre bleu marine légèrement usé portant le titre « Canadian Army Recipe Book » écrit en lettres majuscules sous les insignes de l’Armée canadienne : la couronne de saint Édouard, un rameau à trois feuilles d’érable et deux épées croisées. Le titre et l’insigne sont d’un gris argenté.

Couverture d’un livre de cuisine de l’Armée canadienne publié par le ministère de la Défense nationale, vers 1961. (OCLC 299227447)

Quand je parcourais les recettes, dont plusieurs ne m’étaient pas inconnues, trois choses m’ont frappée.

D’abord, les quantités. La plupart des recettes offrent un rendement de 100 portions ou plus! J’ai l’habitude de doubler mes recettes ou de les couper de moitié, mais pas de calculer si je dois les diviser par quatre ou par cinq. En général, ma décision dépend du nombre d’œufs, car ils sont plutôt difficiles à diviser en deux! Par ailleurs, tous les ingrédients, dans les recettes, sont donnés en poids plutôt qu’en volume, ce à quoi je suis beaucoup plus habituée. Manifestement, les auteurs de ce livre de cuisine n’étaient pas aux prises avec le rationnement, comme c’était le cas dans le livre de 1943 consulté par ma collègue.

Ensuite, la clarté. Je n’ai jamais vu un livre de cuisine aussi bien organisé. Les descriptions sont détaillées sans être verbeuses. Le chapitre d’introduction définit certains termes, fournit des tables de conversion et explique comment choisir des coupes de viande ou préparer certains ingrédients pour de meilleurs résultats. Comme vous pourrez le constater dans les directives de mon gâteau, il y a aussi des références à d’autres recettes du livre pour éviter les répétitions. La chose n’est pas exceptionnelle, mais dans ce livre, tout est numéroté pour simplifier au maximum les renvois.

Enfin, la simplicité. Ça ne devrait peut-être pas m’impressionner, mais à notre époque où de nombreuses vidéos en ligne présentent des recettes élaborées du type « comment fabriquer un volcan en patates pilées avec de la lave en sauce et des dinosaures », j’étais agréablement surprise de trouver des recettes de base (dans le registre « steak, blé d’Inde, patates », pour les amateurs de La petite vie). On cherche vraiment à optimiser le fruit de nos efforts!

Gâteau au chocolat

 Pain brun

 Fèves au lard

 Beignes

Je pourrais continuer longtemps, mais vous comprenez l’idée. De nombreuses recettes ont des variantes pour les changements de saison ou les fêtes. J’ai aussi copié une section très pratique proposant des « repas à mettre dans un sac à dos », car une mère n’a jamais trop d’idées pour les boîtes à lunch. Mais je m’écarte.

Venons-en à la pièce de résistance : le gâteau au chocolat!

Une page de texte comprenant des notes, des directives et une liste d’ingrédients.

Recette de gâteau au chocolat tirée du livre de cuisine de l’Armée canadienne. (OCLC 299227447)

Il me fallait d’abord choisir un rendement approximatif et ajuster les ingrédients en conséquence. Les plus attentifs remarqueront que j’ai commis une erreur de calcul : la recette prévoit des quantités de sucre et de farine différentes, mais elles sont identiques après ma conversion.

J’ai seulement remarqué l’erreur après avoir mélangé les ingrédients et mis le gâteau au four. Heureusement, cette petite faute n’a eu aucun impact sur le goût. C’est tout de même un bon rappel qu’il vaut mieux vérifier plusieurs fois avant de commencer!

Ingrédient Recette entière Quart de recette
Gras 3 livres, 8 onces ⅞ livre (396 grammes)
Sucre 7 livres 1 ¾ livre (793 grammes)
Œufs 4 ⅔ tasses (environ 24) 6
Vanille 3 cuillères à soupe ¾ cuillère à soupe
Farine à pâtisserie non tamisée 6 livres, 4 onces 1 ¾ livre (793 grammes)
Cacao 1 livre ¼ livre (113 grammes)
Poudre à pâte 5 onces 1 ¼ once
Sel 1 once ¼ once
Lait 2 ½ pintes 2 ½ tasses

Je me suis ensuite lancée dans la préparation des ingrédients. C’était plutôt simple, car ceux-ci sont tout à fait classiques. Pour le corps gras, j’ai choisi du beurre. Je n’ai malheureusement rien vécu qui pourrait justifier la rédaction d’un second billet de blogue sur les emballages de beurre

Ingrédients secs et humides d’un gâteau dans divers récipients sur une nappe verte.

Les ingrédients préparés, de gauche à droite : la farine, la vanille, le sucre, les œufs, le beurre, le mélange de cacao, de poudre à pâte et de sel, et le lait. Photo gracieuseté de l’auteure, Rebecca Murray.

J’ai mélangé certains des ingrédients selon les instructions, puis j’ai incorporé le tout graduellement. Je dois admettre que je n’ai pas l’habitude de suivre rigoureusement les recettes. J’ai tendance à vouloir aller trop vite et j’omets parfois certaines étapes, au début. Je devais aussi composer avec un sous-chef qui n’aimait pas s’arrêter pour prendre des photos et relire la recette! Mais grâce à l’expérience acquise après de nombreux essais et erreurs, je parviens généralement à réussir des recettes simples en atteignant un bon équilibre entre le respect des directives et la petite touche personnelle que j’aime ajouter à mes plats.

J’ai versé la pâte dans trois (oui, trois!) moules à gâteau et j’ai cuit le tout à 350 °F. Ça sentait TRÈS bon! La recette prévoit une cuisson de 30 à 45 minutes. Le gâteau rond était cuit après environ 40 minutes, tandis que le carré a pris près de trois quarts d’heure. Pour le gâteau Bundt, il a fallu attendre entre 50 et 55 minutes. Chaque four est différent, et la présence de trois gâteaux a sûrement eu un effet sur la durée de la cuisson.

Trois gâteaux brun pâle sur des grilles.

Les trois gâteaux cuits en train de refroidir sur le comptoir. Photos gracieuseté de l’auteure, Rebecca Murray.

Sur un des gâteaux, nous avons mis un glaçage maison composé de sucre à glacer, de beurre, d’une touche de lait, d’extrait de menthe et de colorant alimentaire.

Le gâteau sur un plateau en verre.

Vue en coupe du gâteau avec son glaçage. Verdict : il est délicieux! Photo gracieuseté de l’auteure, Rebecca Murray.

Mes cobayes s’entendent pour dire que la recette a bien traversé l’épreuve du temps. J’utilise généralement des préparations du commerce, mais j’ai constaté avec ce gâteau que des recettes à la fois simples et savoureuses ne sont pas beaucoup plus longues à préparer. La prochaine fois, j’essaierai un glaçage plus conventionnel, même si celui à la menthe faisait très bien l’affaire!

Si vous essayez cette recette, n’hésitez pas à partager les photos de vos résultats avec nous en utilisant le mot-clic #CuisinezAvecBAC et en étiquetant nos médias sociaux : FacebookInstagramX (Twitter)YouTubeFlickr et LinkedIn.


Rebecca Murray est conseillère en programmes littéraires au sein de la Direction générale de la diffusion et de l’engagement à Bibliothèque et Archives Canada.

Les Amis de BAC et les trésors trouvés à la librairie Le Recoin/Cubby

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Par Evan Dalrymple

Nombreux sont ceux qui connaissent l’Association des amis de la Bibliothèque publique d’Ottawa et ses librairies à Ottawa, mais les Amis de Bibliothèque et Archives Canada et leur librairie Le Recoin sont l’un des secrets les mieux gardés du 395, rue Wellington. Pour ceux qui connaissent, c’est un vrai trésor!

Deux fois l’image d’un livre représentant une personne. Le livre ouvert constitue la tête, et deux mains tiennent les coins inférieurs de la couverture. Au-dessus de l’image de gauche, on peut lire « The Cubby Friends of LAC BOOKSTORE gently used books ». Sous l’image de droite, on peut lire « Le Recoin LIBRAIRIE Les Amis de BAC livres légèrement usagés ».

Le logo de la librairie des Amis de Bibliothèque et Archives Canada, dérivé de la murale d’Alfred Pellan intitulée La Connaissance/Knowledge. La fresque originale se trouve dans la salle Pellan de l’édifice des Archives nationales et de la Bibliothèque nationale, au 395, rue Wellington, à Ottawa (MIKAN 4932244).

La librairie Le Recoin est ouverte tous les mardis de 10 h à 15 h dans la salle 185 au rez-de-chaussée de l’édifice des Archives nationales et de la Bibliothèque nationale. Je vous invite à visiter Le Recoin en personne ou en ligne pour trouver la prochaine perle à ajouter à votre bibliothèque personnelle.

Histoire des « Amis » à Ottawa

Du début des années 1980 jusqu’au milieu des années 1990, les associations d’amis prolifèrent dans les bibliothèques, les archives et les musées du Canada. À Ottawa en particulier, des associations d’amis voient le jour au Musée des beaux-arts du Canada (1958), au Musée canadien de la guerre (1988) et à la succursale principale de la Bibliothèque publique d’Ottawa (1982), laquelle est sans doute la plus connue de ces associations.

L’association des Amis de la Bibliothèque nationale du Canada est fondée en 1991 par Marianne Scott, ancienne bibliothécaire nationale du Canada (de 1984 à 1999) et actuelle présidente des Amis de Bibliothèque et Archives Canada.

En 2003, les Amis de la Bibliothèque nationale du Canada et les Amis des Archives nationales du Canada fusionnent pour former une seule organisation – les Amis de Bibliothèque et Archives Canada ou Amis de BAC – en prévision de la fusion des Archives nationales avec la Bibliothèque nationale, qui s’est produite en mai 2004 avec la proclamation officielle de la Loi sur la Bibliothèque et les Archives du Canada.

Le bulletin des Amis de la Bibliothèque nationale du Canada, Entre Amis, publié de 1992 à 2008, montre clairement que les ventes de livres, les boutiques et les ventes aux enchères de livres anciens ont été des moyens extrêmement efficaces de communiquer avec le grand public et d’enrichir la collection de la Bibliothèque nationale.

Couvertures d’un bulletin et d’un dépliant comportant de l’écriture et un logo.

Le bulletin Entre Amis et le dépliant The Friends of the National Library of Canada (OCLC 1082162430 et OCLC 61127762).

La promotion des dons et des cadeaux de trésors et la collecte de fonds pour des acquisitions spéciales sont au cœur de la mission des Amis.

De son côté, l’association des Amis des Archives nationales est constituée en 1995, alors sous la direction de Jean-Pierre Wallot (de 1985 à 1997), et publie son propre bulletin aussi intitulé Entre Amis. Les Archives nationales disposent elles aussi d’une boutique, mais on en sait moins sur ses activités.

Les grandes ventes de livres et les ventes aux enchères de livres anciens des Amis de BAC

La vente gigantesque annuelle de livres de la Bibliothèque publique d’Ottawa est bien connue, mais saviez-vous que les Amis de Bibliothèque et Archives Canada organisaient jadis leur propre « grande vente de livres », qui connaissait un énorme succès? Ces ventes de livres, en plus de celles des associations d’amis de la Bibliothèque publique de Nepean, de la Bibliothèque publique de Kanata, de la Bibliothèque publique de Cumberland et de libraires locales, attirent les foules à Ottawa depuis plus d’une décennie. Même avant leur regroupement en 2003 pour créer l’Association des amis de la Bibliothèque publique d’Ottawa, les associations d’amis étaient florissantes dans plusieurs bibliothèques publiques du Grand Ottawa.

Photographie de personnes feuilletant des livres placés sur des tables dans un centre commercial.

La première vente de livres au centre commercial St. Laurent, photo tirée de la publication Entre Amis, volume 4, no 1, hiver 1995 (OCLC 1082162430).

La première grande vente de livres se déroule du 23 au 25 septembre 1995 au centre commercial St. Laurent. Selon le comité de vente de livres, l’événement connaît un succès retentissant à tous points de vue. Il permet de récolter 17 164,49 $, et 423 livres sont donnés à la Bibliothèque nationale. Les années suivantes, les Amis parviennent souvent à doubler, voire à tripler cette somme.

Les Amis de Bibliothèque et Archives Canada lancent leur première vente aux enchères de livres anciens à l’hiver 2000 et poursuivent cette activité jusqu’aux environs de 2008. Comme c’est le cas aujourd’hui, tous les dons de livres canadiens sont mis de côté et examinés par un membre du personnel de la Bibliothèque nationale avant d’être intégrés à la collection. Les Amis réservent leurs livres les plus rares pour les ventes aux enchères de livres anciens. Aujourd’hui, les Amis de BAC présentent une sélection de livres dans leur boutique en ligne. Les offres sont irrésistibles, alors, laissez-vous tenter!

L’histoire de la librairie Le Recoin

Initialement connue sous le nom de « Boutique des Amis », la librairie Le Recoin démarre en 1993 sous la forme d’une boutique éphémère dans le hall d’entrée de l’édifice des Archives nationales et de la Bibliothèque nationale. Elle était ouverte de 11 h à 15 h tous les jours du 1er juin à la fin du mois d’août.

Page d’un catalogue portant le titre « Boutique des Amis », une photo qui montre de la marchandise en haut à droite, des descriptions de la marchandise et un formulaire de commande dans le bas.

Merci d’être un Ami! Le catalogue de l’automne 1996 présente la nouvelle Boutique des Amis qui vend des articles intéressants (OCLC 1082162430).

La boutique est tenue par deux bénévoles qui font également des visites guidées de la Bibliothèque nationale en anglais et en français. La boutique propose un choix remarquable d’articles, notamment des cartes postales, des affiches, des CD de musiciens canadiens célèbres, ainsi que des bandes magnétiques de la Division de la musique de la Bibliothèque nationale. Les t-shirts et les sweatshirts portant l’inscription « WOW », pour Wellington Street West, sont particulièrement recherchés. Un grand nombre de ces articles populaires sont encore vendus à la librairie Le Recoin. De plus, des cartes de membre des Amis de Bibliothèque et Archives Canada sont disponibles – n’hésitez pas à devenir membre dès aujourd’hui!

En 2014, la division des ventes de livres des Amis déménage dans la salle 185 du 395, rue Wellington, attenante à la salle de réunion Morley-Callaghan. Le sous-sol abrite désormais un vaste espace d’entreposage dédié au tri d’une vaste collection de livres, ainsi qu’un bureau où le personnel de Bibliothèque et Archives Canada peut évaluer méticuleusement chaque don.

En 2017, la librairie des Amis de Bibliothèque et Archives Canada, affectueusement appelée Le Recoin, fait ses débuts. Le Recoin propose des livres d’occasion, et les recettes servent à financer l’acquisition de documents sur le Canada pour BAC. Le magasin, ouvert trois jours par semaine, renforce sa renommée en organisant une grande vente annuelle de livres et en ouvrant ses portes au public lors d’occasions spéciales, notamment la fête du Canada.

En 2019, la librairie Le Recoin dispose de plus de dix bénévoles et d’un fonds de 3 000 $, qui lui permet d’acheter des ouvrages importants comme l’édition rare du livre Adventures of a Field Mouse, de Catharine Parr Traill, et l’ouvrage le plus connu de Stephen Leacock, Sunshine Sketches of a Little Town, dans son édition américaine avec la jaquette d’origine.

En 2020, la pandémie de COVID-19 entraîne la fermeture de la librairie Le Recoin, mais qu’à cela ne tienne, les Amis de BAC se tournent vers la vente en ligne de livres anciens. Alors, soumettez vos offres!

Trésors trouvés à la librairie Le Recoin

Dans la salle principale de la librairie Le Recoin se trouve une section dédiée au Canada français, y compris un espace consacré à l’histoire du Canada français, dont une grande partie des ouvrages provient de Jean-Pierre Wallot, ancien archiviste national du Canada, de 1985 à 1997. Jean-Pierre Wallot était un bibliophile passionné qui avait lui-même constitué une impressionnante collection de livres.

À ma deuxième journée de travail à Bibliothèque et Archives Canada, j’ai découvert par hasard le livre Les imprimés dans le Bas-Canada, 1801-1810, par John Ellis Hare et Jean-Pierre Wallot (OCLC 231788329) à la librairie Le Recoin. L’exemplaire est même signé par Jean-Pierre Wallot! Cette trouvaille revêt pour moi une importance particulière, car elle s’ajoute à une autre édition que j’ai chez moi, annotée par John Ellis Hare.

Vous pouvez acheter un exemplaire du livre Les imprimés dans le Bas-Canada dès aujourd’hui à la boutique en ligne de la librairie Le Recoin.

Découverte incroyable, sur un chariot à l’extérieur de la librairie Le Recoin, j’ai trouvé Dollard est-il un mythe? autographié par le chanoine Lionel Groulx et dédicacé à Jean-Pierre Wallot (OCLC 299866171)! Cela a ajouté une nouvelle couche à ma compréhension de l’histoire du Canada français.

Couverture de livre portant le nom de l’auteur, « Chanoine Lionel Groulx », le titre Dollard est-il un mythe? et l’image du buste d’un homme aux cheveux longs.

Dollard est-il un mythe? autographié par le chanoine Lionel Groulx et dédicacé à Jean-Pierre Wallot (OCLC 299866171).

Les travaux de Jean-Pierre Wallot ont été fortement influencés par l’École historique de Montréal, et l’idéologie de Lionel Groulx témoigne de la richesse du discours historique de l’époque.

Enfin, dans la section de Jean-Pierre Wallot, j’ai depuis recueilli des livres de l’École historique de Montréal, des ouvrages de Michel Brunet, Maurice Séguin et Guy Frégault, qui tous portent la signature de Jean-Pierre Wallot et contiennent ses remarques et corrections personnelles.

Les imprimés dans le Bas-Canada a valu au duo Hare et Wallow la Médaille Marie-Tremaine de la Société bibliographique du Canada en 1973. Les deux historiens sont ainsi les premiers à avoir reçu ce prix prestigieux après celle qui lui a donné son nom, Marie Tremaine elle-même.

Photographie d’étagères remplies de livres.

La section Jean-Pierre Wallot, ancien archiviste national du Canada, dans la librairie Le Recoin. Photo gracieuseté de l’auteur, Evan Dalrymple.

Il existe des fonds d’archives à BAC portant sur John Ellis Hare et Jean-Pierre Wallot, ainsi que sur la conceptrice de la médaille Marie-Tremaine, Dora de Pédery-Hunt (MIKAN 4699607 / MIKAN 192150).

John Ellis Hare et Jean-Pierre Wallot n’étaient pas seulement de grands lecteurs et d’éminents collectionneurs de livres, mais aussi des historiens qui ont défendu l’idée que les imprimés, les journaux et les livres devaient être considérés comme des sources historiques primaires (se reporter aux articles « Reflexions on Making a Bibliography » et « Society and Imprints » [en anglais]).

Certains ouvrages de littérature canadienne-française de ma collection personnelle ne font pas partie des collections de BAC et ne sont pas disponibles dans d’autres librairies ou bibliothèques. Beaucoup de livres de ma collection sont des exemplaires idéaux; ils sont souvent signés ou marqués par l’auteur et sont en excellent état, souvent avec la jaquette d’origine ou une reliure de qualité.

Au Recoin, je trouve souvent des livres parfaits pour enrichir ma collection personnelle. La majeure partie des documents de ma collection d’histoire canadienne-française comprend des ex-libris de John Ellis Hare ou de Jean-Pierre Wallot.

Dons aux Amis de Bibliothèque et Archives Canada

Au fil des ans, j’ai fait don de livres à des bibliothèques de collections spéciales comme Archives et collections spéciales à l’Université d’Ottawa, et j’ai préservé ma collection avec l’aide de certains membres de Bibliothèque et archives Jean-Léon-Allie et de catalogueurs de l’Université d’Ottawa. De fait, de nombreux trésors de la salle des livres rares de Bibliothèque et Archives Jean-Léon-Allie contiennent également des ex-libris de John Ellis Hare.

J’achève le catalogage de ma collection et j’envisage de faire un don important à la Bibliothèque nationale et à la librairie Le Recoin des Amis de Bibliothèque et Archives Canada.

Le prochain chapitre de la librairie Le Recoin/Cubby

À Ādisōke, une installation partagée par la Bibliothèque publique d’Ottawa et Bibliothèque et Archives Canada, la construction avance à grands pas. Ādisōke est un mot anishinaabemowin qui signifie « raconter des histoires », et l’endroit promet d’être une plaque tournante pour notre communauté. La question est de savoir ce qu’il adviendra de notre librairie Le Recoin.

S’agira-t-il d’une charmante boutique éphémère comme elle l’a été autrefois, avec ses « grandes ventes de livre » et ses ventes aux enchères, ou tracera-t-on une nouvelle voie? Le regroupement de la Bibliothèque publique d’Ottawa et de Bibliothèque et Archives Canada pourrait voir renaître l’esprit de collaboration dont nous nous souvenons bien.

Alors qu’un nouveau chapitre s’ouvre pour les Amis de BAC et que nous découvrons le nouvel espace de rassemblement qui verra le jour à Ādisōke, nous avons hâte de découvrir les nouveaux trésors qui nous attendent.

Pour conclure, trouvez vos propres trésors lors de la grande vente de livres de la librairie Le Recoin qui aura lieu à BAC pendant l’événement Portes ouvertes Ottawa, les 1er et 2 juin 2024. Cela marquera également 31 ans de vente de livres – alors, rendez-vous au Recoin!

Pour communiquer avec la librairie Le Recoin, envoyez un courriel à amis-friends@bac-lac.gc.ca ou composez le 613-992-8304.

Pour en savoir plus


Evan Dalrymple est bibliothécaire de référence à la Direction générale de l’accès et des services de Bibliothèque et Archives Canada, au 395, rue Wellington, à Ottawa.

À la découverte de mon grand-père, Robert Roy Greenhorn : sa vie au Canada (partie 4)

English version

Groupe de garçons travaillant dans un champ à la ferme école de la Philanthropic Society

Par Beth Greenhorn

Cet article renferme de la terminologie et des contenus à caractère historique que certains pourraient considérer comme offensants, notamment au chapitre du langage utilisé pour désigner des groupes raciaux, ethniques et culturels. Pour en savoir plus, consultez notre Mise en garde – terminologie historique.

J’ai conclu la troisième partie de cette série sur mon grand-père, Robert Roy Greenhorn, en évoquant son départ pour la maison Fairknowe à Brockville, en Ontario, au printemps 1889. Il s’agit du foyer, exploité par le philanthrope écossais William Quarrier, qui assurait la répartition des enfants au Canada.

Feuille de papier à en-tête en noir et blanc comportant deux rangées de texte anglais en lettres majuscules noires dans la partie supérieure indiquant : « Maison de répartition pour les enfants écossais et orphelinat canadien, Fairknowe, Brockville (Ontario) ». Il y a une illustration d’une maison à deux étages avec une grande véranda au milieu. L’image est encadrée par un texte dactylographié en noir en écriture cursive. Un cachet indiquant la date de réception de la lettre est apposé dans le coin supérieur droit. La date d’envoi de la lettre figure en bas à droite.

En-tête de lettre de la maison Fairknowe, Brockville, Ontario, Direction de l’immigration, RG 76, vol. 46, dossier 1381, partie 6, Dossiers du service central, 1892-1950. Source : Immigration Program : Headquarters central registry files – Image 378 – Héritage (canadiana.ca).

Avant que les groupes de jeunes ne quittent l’Écosse, des familles de l’Ontario faisaient une demande pour obtenir un enfant aux orphelinats de Quarrier. Lors de la cérémonie d’adieu organisée à l’occasion du départ de mon grand-père, à Glasgow, William Quarrier a assuré aux personnes présentes que l’on avait pris soin de « choisir des foyers convenables pour [les enfants] dans le nouveau pays. Les garçons et les filles étaient encadrés jusqu’à leurs 18 ans. » (sans titre [iriss.org.uk], p. 23, 15 mars 1889, North British Daily Mail (en anglais)).

Sur le formulaire de demande (en anglais), les familles avaient la possibilité de choisir un garçon ou une fille, ainsi qu’une tranche d’âge. Si la demande concernait un garçon, une section était consacrée à des informations comme le type d’exploitation agricole de la famille, le nombre d’heures de travail par jour, la superficie de la terre ainsi que le nombre de vaches à traire. En outre, chaque demandeur devait fournir les noms de cinq personnes de référence : son ministre du culte, son préfet, son médecin et deux autres personnes influentes.

Le placement des enfants était régi par des contrats d’engagement juridiquement contraignants. Selon une exposition en ligne du Musée canadien de l’histoire, les formulaires d’engagement :

… établissaient clairement les responsabilités du foyer d’accueil, de l’enfant, du maître et de la maîtresse. Pour un enfant de moins de dix ans, le maître ou la maîtresse recevait 5 $ par mois de l’agence pour loger, nourrir, scolariser et habiller l’enfant, qui devait effectuer de menus travaux à la maison et à la ferme. De 11 à 14 ans, les enfants ne recevaient en échange de leur travail que le gîte, le couvert et un peu d’éducation. De 14 ans à la fin de l’engagement, soit 18 ans, les enfants étaient censés effectuer le travail d’un adulte à temps plein et avaient donc droit à une rémunération. (Civilisations.ca – À la croisée des cultures – Instruments de musique (museedelhistoire.ca)).

Feuille de papier blanche avec du texte anglais dactylographié en noir. Sur le côté gauche supérieur de la lettre se trouve un cachet noir indiquant la date de sa réception.

Formulaire d’engagement, estampillé par le ministère de l’Intérieur, 24 mars 1900, Direction de l’immigration, RG 76, vol. 46, dossier 1532, partie 1. Source : Immigration Program : Headquarters central registry file – Image 379 – Héritage (canadiana.ca).

Mon grand-père, comme la majorité des enfants du foyer, venait d’une zone urbaine industrielle du Royaume-Uni. Il avait sans doute effectué quelques tâches quotidiennes pendant son séjour à l’orphelinat situé à Bridge of Weir. Cependant, cela ne l’avait sûrement pas préparé à la vie sur une ferme de l’Ontario ni aux rudes hivers canadiens (Société historique de l’immigration canadienne [cihs-shic.ca] (en anglais)). Si certains ont vécu des expériences positives et ont été traités comme des membres de la famille, d’autres ont connu de grandes souffrances, notamment des abus physiques et sexuels et de la négligence (Compensation offered for surviving British Home Children and Child Migrants | Ups and Downs – British Home Children in Canada [wordpress.com] (en anglais)). Les organismes d’émigration, y compris les orphelinats de William Quarrier, devaient effectuer des visites annuelles pour s’assurer que les enfants recevaient des soins adéquats. Selon un livret souvenir de 1907 publié par l’organisation de Quarrier, les enfants qui émigraient au Canada étaient « sous une supervision attentive [leur permettant] de devenir de dignes citoyens de la grande colonie » (William Quarrier – Brockville, Ont., 7,200 immigrated – BRITISH HOME CHILDREN IN CANADA [weebly.com], diapositive 2 (en anglais)).

Mais, comme l’a fait remarquer la regrettée Sandra Joyce, auteure et cofondatrice du British Home Child Group International :

C’est à ce moment-là que le système commençait à s’effondrer. Les frères et sœurs étaient séparés dès leur arrivée et, bien que certains fermiers se souciaient sincèrement des enfants, beaucoup les considéraient simplement comme une main-d’œuvre bon marché. D’autres leur faisaient subir des sévices atroces. Le suivi des enfants placés était généralement laissé au hasard (British Home Children – SANDRA JOYCE (en anglais)).

Chaque année, des inspecteurs de l’enfance étaient chargés de vérifier la situation de plus de 2 000 enfants dans le sud de l’Ontario, une tâche pratiquement impossible. (Société historique de l’immigration canadienne [cihs-shic.ca] (en anglais)).

À leur arrivée au Canada, mon grand-père et son frère ont été confiés à deux familles d’agriculteurs différentes. Le recensement du Canada de 1891 indique que mon grand-oncle, John, âgé de 15 ans, travaillait comme domestique pour Robert et Mary Parker dans une ferme près de Brockville, en Ontario. Selon ma tante Anna, Robert a ensuite perdu la trace de John, qui est parti vers le nord et s’est finalement installé dans l’Ouest canadien. J’ai trouvé sur Ancestry la notice nécrologique d’un certain John Greenhorn, né vers 1877 en Écosse, et décédé le 31 mars 1961 à l’âge de 84 ans à Victoria, en Colombie-Britannique. Je crois qu’il s’agit de mon grand-oncle.

Comme je l’ai fait remarquer dans la troisième partie de la série, j’espérais trouver des documents concernant mon grand-père après son arrivée à la maison Fairknowe, à Brockville. Malheureusement, ces documents ont été détruits. En discutant avec mon père, Ralph, j’ai appris que son père avait d’abord vécu chez une famille habitant près du hameau de Philipsville, en Ontario, à environ 46 kilomètres de Brockville. Je ne sais pas combien de temps mon grand-père a vécu avec cette famille. J’ai cependant cru comprendre qu’il y avait été maltraité, avant d’être recueilli par les King, qui habitaient sur une ferme voisine. En 1891, mon grand-père, âgé de 12 ans, était enregistré comme domestique et vivait avec Aulga (sic) [Auldjo] et Mary (Ann) King ainsi que leurs enfants adultes, William et Christine (Recensement du Canada de 1891). Lors du recensement du Canada de 1901, Robert vivait toujours avec Anldfo (sic) [Auldjo] et Mary Ann King, ainsi que leur petite-fille, Gladys Marshall. J’ai été soulagée de savoir que sa relation avec les King avait changé : il n’était plus un domestique, mais avait été adopté par la famille King. Ma tante Anna se souvient que Robert parlait en termes élogieux des King qui, selon lui, « ont toujours été bons avec [lui] ». (conversation, 22 août 2023) Les données du recensement du Canada de 1901, combinées aux souvenirs de ma tante, laissent penser que le sort de mon grand-père s’est amélioré et qu’il a vécu dans une famille bienveillante.

La partie suivante peut sembler hors sujet, mais je vous assure qu’elle concerne aussi l’histoire de mon grand-père. J’ai vécu ma plus belle expérience d’emploi étudiant durant deux étés, au début des années 1980. J’ai notamment eu l’occasion de participer à un projet de recherche historique sur les bâtiments patrimoniaux et les familles des cantons de Bastard et de South Burgess, qui comprennent le hameau de Philipsville. Le projet, mené par l’historienne Diane Haskins, a abouti à la publication de My Own Four Walls: heritage buildings and the family histories in Bastard and South Burgess Township (en anglais), en 1985. Cet emploi m’a permis de passer une semaine aux Archives nationales du Canada, aujourd’hui Bibliothèque et Archives Canada (BAC), pour effectuer des recherches sur les documents de recensement de l’Ontario conservés sur microfilms. Je ne me doutais pas alors que je travaillerais à BAC un jour, mais je m’écarte du sujet. Revenons à l’histoire de mon grand-père.

En août 2023, ma tante Anna m’a montré son exemplaire de My Own Four Walls. Le chapitre consacré à Philipsville comprend une photographie de la meunerie et scierie de Reuben Haskin, prise vers 1900. L’homme en haut à gauche, agenouillé sur une poutre avec une hache à la main, est identifié comme étant Bill Greenhorn. Je me souvenais avoir vu cette photographie lors de mes recherches en tant qu’étudiante, mais je n’avais pas fait le lien. J’avais supposé que la personne qui avait inscrit les noms des personnes sur cette photographie avait mal identifié l’homme tenant la hache et s’était trompée de nom de famille. À ma connaissance, il n’y avait que trois personnes dénommées Greenhorn dans le Sud-Est de l’Ontario au début du siècle : mon grand-père, Robert, et ses frères, John et Norval. En fait, avant 2018, je n’avais jamais vu de portrait de jeune homme de mon grand-père. C’est ma cousine Joyce Madsen, la fille de ma tante Jenny, qui m’avait alors montré une photo lors d’une visite. Lorsque j’ai commencé à travailler sur l’histoire de notre grand-père, Joyce m’a généreusement donné le portrait de Robert pris au début de sa vingtaine (voir partie 1).

Groupe composé de sept hommes, de deux femmes et de deux enfants posant sur le sol, sur une poutre et sur une échelle devant un bâtiment ouvert en bois.

Meunerie et scierie de Reuben Haskin, Philipsville (Ontario), vers 1900. Dernière rangée, de gauche à droite : Robert Greenhorn et deux autres hommes non identifiés. Rangée centrale, de gauche à droite : Joe Halladay, Kenneth Haskin, un enfant non identifié, Allan Haskin et Philo Haskin. Première rangée, de gauche à droite : Helen Haskin, Bertha Haskin, Miss Shire et M. McCollum. Fournie gracieusement par Bruce Haskins. (OCLC 16752352, p. 96)

En travaillant sur la présente série, j’ai appris, grâce aux données du recensement du Canada de 1911, que mon grand-père était employé comme ouvrier dans une scierie et qu’il logeait chez Reuben et Bertha Haskin à Philipsville. Je n’aurais jamais fait le lien si ma tante Anna ne m’avait pas remis en mémoire cette photographie publiée dans My Own Four Walls.

Le 14 juillet 1916, les registres d’accès au cadastre de l’Ontario pour le comté de Leeds indiquent qu’Auldjo et Mary Ann King ont concédé à Robert des parties des lots 21 et 22, les terres voisines de leur ferme, pour 10 $, selon certaines conditions non spécifiées liées à l’espérance de vie de Mary Ann. Deux mois plus tard, le 16 septembre 1916, Robert a épousé ma grand-mère, Blanche Carr (Ancestry.ca -Mariages, Ontario, Canada, 1826 à 1939). Née en mai 1898, elle était de 19 ans la cadette de mon grand-père, mais elle l’avait connu toute sa vie, puisqu’elle avait grandi juste à côté de la ferme des King.

Mes grands-parents possédaient une ferme laitière et bovine ainsi qu’une érablière, que ma famille appelle affectueusement « la ferme ». Ils ont eu huit enfants, dont sept ont survécu jusqu’à l’âge adulte : Jennie, Roy, Josephine (Jo), John, Jean, Arnold et mon père, Ralph. Nellie, née en 1924, est décédée l’année suivante. Elle est enterrée avec mes grands-parents au cimetière Halladay à Elgin, en Ontario.

Un groupe composé d’hommes, de femmes et d’enfants, sur deux rangées, debout sur la neige en tenue d’intérieur devant un bâtiment à ossature en bois, à droite, et un arbre, à gauche.

Devant la maison de ferme, à Philipsville (Ontario), vers 1940. Première rangée, de gauche à droite : mon oncle Arnold, Alex Morrison (le mari de ma tante Jo), ma grand-mère Blanche, ma tante Jo, ma tante Jean, mon grand-père Robert et mon oncle John. Deuxième rangée, de gauche à droite : mon oncle Roy, Mary et Hugh (les enfants de ma tante Jo) et mon père, Ralph. Fournie gracieusement par l’auteure du billet de blogue, Beth Greenhorn.

La vie de mes grands-parents n’était pas facile, surtout durant les premières années de leur mariage. Leur première maison, située à quelques propriétés de la ferme familiale des King, présentait son lot de défis. Ma tante Anna se souvient que la sage-femme de Blanche a décrit leur maison comme étant « une pauvre cabane », dans laquelle des seaux recueillaient les eaux de pluie qui traversaient le toit (courriel d’Anna Greenhorn à Beth Greenhorn, 19 janvier 2024). Après avoir reçu le courriel de ma tante, j’ai relu les mémoires non publiés de mon père. Il y évoque brièvement Margaret (Meg) Nolan, la sage-femme qui a mis au monde tous les enfants de Blanche. Au moment du recensement du Canada de 1931, Margaret Nolan, âgée de 62 ans, était employée comme infirmière auxiliaire et vivait toujours à Philipsville.

Le recensement du Canada de 1921 indique que Blanche et Robert Greenham (sic) avaient acheté un terrain à côté de celui de la famille King, où ils ont finalement construit leur maison. Robert était agriculteur. Le couple avait trois enfants : Jennie, âgée de cinq ans, Roy, âgé de trois ans et Jo, âgée de deux ans à l’époque.

Lors d’une conversation avec tante Anna en août dernier, elle m’a raconté la façon dont mes grands-parents ont d’abord construit la grange pour loger la famille pendant la construction de la maison. La priorité était de subvenir à leurs besoins et il leur fallait un abri pour traire les vaches. Dès que la construction de la maison le permit, ma grand-mère et mes tantes, Jennie et Jo, et peut-être Nellie et Jean, s’y sont installées. Mon grand-père et mes oncles, Roy et John, ont continué à dormir dans la grange jusqu’à ce que la maison ait des cloisons intérieures offrant plus d’intimité. Mon père m’a dit que la famille n’a pas eu d’électricité avant qu’il soit en dixième ou onzième année, c’est-à-dire au milieu des années 1940.

L’agriculture était, et est toujours, un travail difficile, nécessitant de longues heures de travail 365 jours par an. La famille entière était mise à contribution. Bien qu’il n’y ait jamais eu d’argent pour s’offrir du luxe, mon père disait qu’il y avait toujours de la nourriture en abondance sur la table, le repas du midi étant le plus copieux de la journée. Il se composait généralement de purée de pommes de terre et de sauce, de plusieurs sortes de légumes et de rôti de bœuf ou de jambon, et il se terminait toujours par une grosse part de tarte aux fruits. La plupart des aliments étaient cultivés à « la ferme » (mémoires non publiés, p. 7 et 8).

Formulaire de recensement comportant 17 colonnes et montrant les noms de 11 personnes écrits à la main à l’encre noire sur des lignes individuelles.

Recensement de 1931, Robert et Blanche et leurs sept enfants. Ils vivaient à proximité de William King, le fils d’Auldjo et de Mary Ann King. Daniel Beach, le père âgé de Mary Ann King, logeait chez la famille. Source : Recensement de 1931 (bac-lac.gc.ca), compté de Leeds, sous district Bastard et Burgess, no 4, page 2 de 13.

La quête de l’histoire de mon grand-père, Robert Roy Greenhorn, a été une belle expérience teintée d’amertume par moments. Je ne peux qu’imaginer à quel point il a dû être terrifiant d’arriver dans un nouveau pays à l’âge de 9 ans et d’être séparé de son frère aîné. J’ai été bouleversée d’apprendre que mon grand-père avait été maltraité par sa première famille d’accueil. J’ai cependant pu trouver du réconfort dans le fait qu’il a ensuite été recueilli par un couple bienveillant, à qui il témoignait de l’affection.

Portrait réalisé en studio d’un jeune homme présenté dans un cadre ovale sur panneau rectangulaire noir. Le jeune homme porte un costume trois pièces et un chapeau melon, tient un document roulé et appuie son coude sur le dossier d’une chaise.

Robert Roy Greenhorn, photographe et lieu inconnus, vers la fin des années 1890. Photo offerte gracieusement par Pat Greenhorn.

Cette photo de mon grand-père a probablement été prise alors qu’il avait une vingtaine d’années. Se faire tirer le portrait à la fin du XIXe siècle était un événement important. Mon grand-père est vêtu de son plus beau costume, probablement le seul qu’il possède. Son gilet semble être rendu un peu trop petit pour lui. Il tient un document roulé, un accessoire indiquant qu’il sait lire et écrire. Son regard franc traduit la confiance en soi. Son langage corporel est empreint d’assurance. Bien que mon grand-père n’ait pas connu une ascension sociale fulgurante, son histoire est marquée par la résilience et la détermination.

Ressources complémentaires


Beth Greenhorn est gestionnaire de contenu en ligne à la Direction générale de la diffusion et de l’engagement de Bibliothèque et Archives Canada.