En direct de la salle Lowy : une quarantaine productive

Par Michael Kent

Comme bien des gens, j’ai eu des moments de frustration lorsque nous sommes entrés en confinement, au printemps 2020. Il est extrêmement épuisant d’être coupé de sa famille et de ses amis et de voir ses habitudes mises en suspens. Pour m’occuper (et garder le moral), je me suis attelé à des projets professionnels que j’avais toujours voulu entreprendre, mais qui étaient constamment retardés en raison d’autres priorités.

L’un d’eux, lié à mon perfectionnement professionnel, consistait à étudier d’importants documents de référence anciens dans mon domaine, la bibliothéconomie judaïque. Nous avons la chance d’avoir, dans la collection Jacob-M.-Lowy, plusieurs volumes de littérature hébraïque du début de l’ère moderne. Ces livres ont donné naissance aux domaines de la bibliographie hébraïque et de l’histoire des livres juifs. Bien que j’utilise toujours des documents de référence beaucoup plus modernes, ces ouvrages influencent mon travail au quotidien. J’étais donc ravi de pouvoir enfin étudier les débuts de l’histoire de ma profession.

Photo couleur montrant des livres de différentes couleurs sur une étagère en bois. De petits morceaux de papier blanc dépassent du haut des livres.

Certains des premiers documents de référence bibliographique hébraïque de la collection Jacob-M.-Lowy. Photo : Michael Kent

En faisant des recherches à la maison, pendant le confinement, j’ai eu la surprise de découvrir que l’un des livres sur lesquels je travaillais avait sa propre histoire de quarantaine. Il s’agit de Shem ha-Gedolim, rédigé en 1774 par le rabbin Chaim Yosef David Azulai (également appelé le Ḥida). Nous avons la chance d’avoir une première édition dans notre collection. Cet ouvrage, dont nous pourrions traduire le titre par « Le nom des grands », comprend une bibliographie de savants juifs et une description de leurs contributions à la littérature hébraïque. En écrivant ce livre, Azulai est devenu l’un des pères de l’érudition bibliographique juive.

Azulai est né à Jérusalem en 1724. Il descendait d’une famille d’éminents rabbins qui vivait en Espagne avant que ce pays n’expulse sa population juive. En tant qu’érudit, il était reconnu pour sa curiosité intellectuelle dans le traitement des sujets religieux et mystiques. Il a écrit de nombreux livres sur divers sujets concernant le droit, l’histoire et le folklore juifs, ainsi que son propre journal et ses carnets de voyage. Il est l’auteur de plus de 120 ouvrages, dont 50 ont été publiés de son vivant.

En plus de ses études, Azulai a servi d’émissaire de la communauté juive de la terre d’Israël lors de visites dans des communautés en Italie, en Allemagne, aux Pays-Bas, en France, en Angleterre et dans toute l’Afrique du Nord. Au cours de ses voyages, il visitait des bibliothèques publiques et privées, s’intéressant de près aux manuscrits rares et aux premiers livres imprimés. Ces recherches ont jeté les bases de l’ouvrage Shem ha-Gedolim.

Photo couleur d’une page d’un livre, rédigée en hébreu.

L’exemplaire de la première édition de Shem ha-Gedolim faisant partie de la collection Jacob-M.-Lowy. Photo : Michael Kent

C’est pendant l’un de ces voyages qu’a eu lieu la quarantaine dont j’ai parlé précédemment. En 1774, lors d’une mission de collecte de fonds, Azulai arrive dans le port de Livourne, en Italie. À sa descente du bateau, il est contraint de rester dans un camp de quarantaine pendant 40 jours. Il s’agit alors d’une exigence imposée à tous les visiteurs de la ville, par crainte des épidémies. Il consacre son séjour dans le camp à l’écriture du livre Shem ha-Gedolim. Une fois la quarantaine terminée, il collabore avec des membres de la communauté juive locale pour faire publier son ouvrage. Pendant son voyage en Italie, il poursuit activement le processus de publication, recevant et corrigeant des épreuves.

Savoir que le rabbin Azulai a pu écrire un livre au cours de sa quarantaine me rend certainement plus humble quant à mes propres réalisations pendant les confinements dus à la COVID-19. La découverte de cette histoire de quarantaine pendant la pandémie est vraiment un heureux hasard. En plus, cette occasion de faire des recherches m’a aidé à jeter un nouveau regard sur les origines de mon domaine.


Michael Kent est le conservateur de la collection Jacob-M.-Lowy à Bibliothèque et Archives Canada.

La bataille d’Ortona

Décembre 1943. Alors que l’offensive alliée en Italie stagne sur le front ouest devant Cassino, la Huitième armée britannique, qui comprend la Première division canadienne, progresse sur le front est. Les Canadiens reçoivent alors l’ordre d’effectuer une percée et de libérer la ville portuaire d’Ortona.

Du 6 au 8 décembre, des régiments canadiens traversent la rivière Moro; ils ne sont plus qu’à trois kilomètres de la route menant à Ortona. Vient ensuite un obstacle de taille : un ravin longe l’axe routier. Les unités canadiennes subiront de nombreuses pertes en tentant de le franchir à maintes reprises. Le 13 décembre, la compagnie C du Royal 22e Régiment, soutenue par des chars Sherman de l’Ontario Regiment, traverse le ravin et fonce vers la route reliant Rome et Ortona. Sous le feu allemand, les survivants se replient en direction de la Casa Berardi. Ils défendront âprement leur position. Le capitaine Paul Triquet, qui commande la compagnie C, se verra décerner la Croix de Victoria pour le leadership et la bravoure dont il a fait preuve au cours de cette action.

Malgré la brèche, les forces canadiennes se butent aux défenseurs allemands qui occupent de nombreuses positions tout au long du ravin. Par contre, la prise d’un carrefour stratégique par le Royal Canadian Regiment le 19 décembre pave la voie à la poussée finale vers Ortona.

Le 21 décembre, les troupes du Loyal Edmonton Regiment et du Seaforth Highlanders of Canada, appuyées par les chars du Régiment de Trois-Rivières, se lancent à l’assaut de la ville d’Ortona. L’état-major canadien croyait que les parachutistes allemands évacueraient la ville au moment de l’assaut; ils vont, au contraire, défendre farouchement la cité.

Les Canadiens vont finalement conquérir Ortona le 27 décembre. La ville, en ruine, sera surnommée le petit Stalingrad. L’hiver italien s’installant, c’est là que s’arrête leur avancée. Les troupes canadiennes quittent le front de l’Adriatique fin avril et sont déplacées au sud de Cassino en vue de l’offensive dans la vallée de la Liri.

La collection de Bibliothèque et Archives Canada contient de nombreux documents textuels, photographiques, audiovisuels et publiés concernant la bataille d’Ortona. Vous pouvez aussi consulter le livre Ortona: Canada’s Epic World War II Battle (en anglais seulement) de Mark Zuehlke pour en apprendre davantage sur le sujet.

N’oubliez pas non plus d’aller voir notre album Flickr sur la bataille d’Ortona et de lire notre précédent billet « Comprendre la campagne d’Italie », si ce n’est pas déjà fait!

Comprendre la campagne d’Italie (1943-1945)

Cette année marque le 70e anniversaire des batailles livrées par les Canadiens sur le sol italien durant la Deuxième Guerre mondiale. Pourquoi l’Italie? En 1942, les Soviétiques réclament l’ouverture d’un second front à l’ouest pour réduire la pression de l’assaut des Allemands sur leur territoire. Estimant les ressources disponibles insuffisantes pour envisager une invasion de la France, les Américains se rallient à une proposition britannique, et organisent un débarquement sur les côtes de l’Afrique du Nord française le 8 novembre 1942 (opération Torch). La campagne visant à chasser les Allemands du continent africain se termine le 13 mai 1943 en Tunisie. L’offensive se poursuit en Italie, considérée comme étant le maillon faible de la défense allemande en Europe.

Sous le commandement de la huitième armée britannique, la première division canadienne débarque le 10 juillet 1943 sur les plages siciliennes. La prise de Messine par les Américains le 18 août conclut la conquête de la Sicile. Le 3 septembre, les forces canadiennes posent le pied sur le sol de l’Italie continentale. L’absence d’opposition permet un déploiement rapide des brigades. La capitulation de l’Italie, le 8 septembre, est suivie du débarquement américano-britannique sur les côtes du golfe de Salerne le lendemain.

Trois batailles sont à jamais gravées dans l’historiographie militaire canadienne : Ortona, la percée de la ligne Hitler (vallée de la Liri) et celle de la ligne Gothique. La campagne d’Italie se poursuivra jusqu’au printemps de 1945, mais les Canadiens ne participeront pas à la victoire finale, puisqu’après 18 mois de combats acharnés, les forces canadiennes sont retirées du front fin janvier 1945 et redéployées aux Pays-Bas.

L’attention portée au débarquement de Normandie et à la campagne du Nord-Ouest européen font souvent oublier l’importance du front italien et des soldats alliés qui y ont combattu. Le nombre de Canadiens qui ont servi en Italie s’élève à 92 757. De ce nombre, 5 764 y ont perdu la vie, 19 486 ont été blessés et 1 004 ont été faits prisonniers. La collection de Bibliothèque et Archives Canada contient de nombreux documents textuels, photographiques et audiovisuels, ainsi que des publications concernant la campagne d’Italie.

Voici quelques sites à consulter pour en apprendre davantage :

Résumé des commentaires reçus en anglais entre le 1er octobre 2013 et le 31 décembre 2013

  • Un usager félicite BAC pour l’excellent sommaire de la campagne italienne.

Vos ancêtres viennent-ils de l’Italie?

Vous aimeriez savoir qui était votre premier ancêtre italien, et quand il ou elle a quitté l’Italie et est arrivé au Canada? Êtes-vous curieux de connaître vos origines italiennes?

Si oui, le site Web de BAC est un endroit idéal pour commencer votre recherche. Vous y trouverez une page consacrée à la recherche généalogique sur les Italiens.  Cette page vous offre de l’information historique, du matériel publié et des documents d’archives préservés à BAC, ainsi que des liens vers d’autres sites Web et organismes.

Si votre ancêtre est arrivé entre 1865 et 1935, vous trouverez peut-être son nom dans les listes de passagers.

Astuce :
Retracer vos ancêtres italiens au Canada constitue la première étape.  Joindre les rangs d’une société de généalogie est aussi une excellence façon de commencer votre recherche généalogique.

Vous avez des questions ou des commentaires? N’hésitez pas à communiquer avec nous!