Portraits sur fer: ferrotypes de Bibliothèque et Archives Canada – une exposition au Musée des beaux-arts du Canada

Par Jennifer Roger

Mise au point en 1855, la ferrotypie est rapidement devenue un procédé photographique incontournable grâce auquel les gens pouvaient vivre l’expérience de la photographie.

Les ferrotypes sont des images positives directes, ce qui signifie qu’il n’y a pas de négatifs. Réalisés sur une mince feuille de métal recouverte d’un vernis ou d’un émail noir, puis enduite d’une émulsion de collodion, les ferrotypes constituent l’un des procédés photographiques les plus durables. Largement répandus dans les musées et les collections personnelles, ils sont des témoins privilégiés de la vie au XIXe siècle.

Beaucoup moins dispendieux que les daguerréotypes, les ferrotypes sont devenus le choix privilégié des personnes qui souhaitaient se voir immortaliser sur un portrait. Les studios de photographie offraient des ferrotypes pour, tout au plus, quelques sous. La facilité de leur traitement augmentait leur portabilité. Ainsi, de nombreux studios mobiles ont vu le jour et ont pu étendre leurs services dans les foires extérieures et les destinations touristiques. Les ferrotypes étaient utilisés pour illustrer des scènes et événements de la vie à l’extérieur. Ce nouveau support offrait au public un moyen accessible de saisir les ressemblances, et il a servi de catalyseur pour faire entrer la photographie dans la culture populaire.

Portrait en noir et blanc, coloré à la main, d’une femme en position assise.

Portrait d’une femme assise, possiblement de la famille Boivin, milieu du XIXe siècle (MIKAN 3262334)

En raison de leur coût abordable et de leur facilité de production, les ferrotypes étaient attrayants pour la classe moyenne et la classe ouvrière. La transition de l’environnement contrôlé des studios vers les paysages extérieurs a donné lieu à une prolifération de photographies de scènes inédites de la vie au XIXe siècle, y compris des gens au travail, des rues, des immeubles et des structures, et même des images illustrant des scènes de bataille.

Une photographie en noir et blanc montrant cinq hommes en train d’assembler des boîtes en bois à l’intérieur d’un moulin.

Des hommes assemblant des boîtes à fromage à l’intérieur d’un moulin à Maberly (Ontario), milieu du XIXe siècle (MIKAN 3316695)

Une nouvelle exposition au Musée des beaux-arts du Canada présente une sélection de ces objets intrigants. Tirés de la collection de Bibliothèque et Archives Canada, les ferrotypes ont été réalisés tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de studios et offrent un aperçu fidèle de la vie au Canada au XIXe siècle.

L’exposition comporte plusieurs portraits réalisés en studio, notamment celui d’une femme non identifiée prenant la pose devant une toile de fond représentant les chutes Niagara. Les toiles de fond et les accessoires étaient largement utilisés au XIXe siècle dans les studios de photographie, bien sûr pour des raisons esthétiques, mais aussi comme moyens d’expression.

Comme les chutes Niagara étaient l’une des destinations touristiques les plus prisées au XIXe siècle, leur emploi comme toile de fond pouvait servir à exprimer le prestige ou un intérêt personnel à l’égard de l’attraction touristique. Si une personne ne pouvait se rendre sur le site convoité, la toile de fond pouvait représenter une solution de rechange acceptable. Par ailleurs, les toiles de fond nous donnent parfois des indices sur l’identité du studio de photographie.

Portrait en noir et blanc, réalisé en studio, d’une femme non identifiée se tenant debout à côté d’une clôture avec les chutes Niagara en toile de fond.

Portrait en studio d’une femme non identifiée se tenant debout à côté d’une clôture avec les chutes Niagara en toile de fond, milieu du XIXe siècle (MIKAN 3210905)

Les gens prenaient souvent la pose avec des objets personnels ayant une valeur sentimentale ou une importance professionnelle, de manière à refléter leur personnalité ou à bien exprimer ce qui était important à leurs yeux. Les modèles choisissaient des éléments qui, selon eux, les représentaient bien : des outils associés à leur métier, des instruments de musique, du matériel photographique, ou d’autre équipement. Connues sous le nom de portraits de métier, ces images sont des témoins révélateurs et intimes des visages d’autrefois.

Portrait en noir et blanc de deux jeunes hommes en position assise. L’un d’eux tient dans ses mains un violon et l’autre, un violoncelle.

Deux jeunes hommes assis, l’un tenant dans ses mains un violon et l’autre, un violoncelle, milieu du XIXe siècle (MIKAN 3262290)

Pour découvrir d’autres ferrotypes intrigants, visitez l’exposition Portraits sur fer: ferrotypes de Bibliothèque et Archives Canada présentée dans les salles d’art canadien et autochtone du Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa, du 12 décembre 2017 au 6 juillet 2018.


Jennifer Roger est conservatrice au sein de la section des expositions et des prêts de Bibliothèque et Archives Canada.

Les premières photographies canadiennes de voyage – une exposition au Musée des beaux-arts du Canada

Au début du 19e siècle, le tourisme au Canada n’était rien de plus qu’un concept en émergence. Mais grâce à l’amélioration des moyens de transport, tels que le chemin de fer et les navires à passagers, les Canadiens et les visiteurs étrangers ont finalement eu la chance de voir certains des plus beaux paysages de ce pays.

Les sites touristiques les plus populaires reflètent les goûts souvent diamétralement opposés du public, les deux types d’attractions préférées étant la nature pure et sauvage comme les chutes et les montagnes… et les réalisations industrielles modernes telles que les ponts et les chemins de fer.

Vous pourrez découvrir certaines de ces images fascinantes dans une nouvelle exposition présentée au Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa. Ces photographies, tirées des collections de Bibliothèque et Archives Canada, nous montrent comment les visiteurs voyaient le pays, souvent pour la première fois. Elles nous font partager l’émerveillement des voyageurs devant la nature et les nouvelles infrastructures impressionnantes qui se construisaient autour d’eux.

Photographie noir et blanc d’une femme debout au pied d’un immense arbre creux à la base.

Cèdre géant, Parc Stanley, Vancouver, Colombie-Britannique, 1897 (MIKAN 3192504)

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