« Je vous laisse Éva Gauthier »

Par Isabel Larocque

Lors de la première performance professionnelle d’Éva Gauthier, à la cathédrale Notre-Dame d’Ottawa, personne n’aurait pu prédire que la jeune fille de 17 ans deviendrait l’une des plus grandes cantatrices de l’histoire du Canada.

Nièce de Zoé Lafontaine et de son époux sir Wilfrid Laurier, Éva Gauthier naît en 1885 dans un quartier francophone d’Ottawa. Elle démontre dès son plus jeune âge un talent inné pour la musique; d’ailleurs, son entourage constate très tôt son potentiel et l’encourage à poursuivre dans cette voie. En plus de suivre des cours de chant avec plusieurs enseignants renommés, Éva chante comme soliste à l’église Saint-Patrick d’Ottawa.

Elle a également le privilège de recevoir l’appui financier de son oncle, sir Wilfrid Laurier. C’est ainsi qu’à l’âge de 17 ans, elle part étudier le chant au Conservatoire de Paris avec l’un des professeurs les plus renommés de l’époque, Auguste-Jean Dubulle. Sa tante Zoé, qui croit énormément en son talent, l’accompagne pour ses premiers pas en Europe. Elle tient d’ailleurs le piano lors de l’audition d’Éva pour le Conservatoire.

Photo noir et blanc d’une jeune femme en robe de dentelle blanche, face à l’objectif.

Éva Gauthier, 1906. Photo : William James Topley (a193008)

Durant ses études et dès les débuts de sa carrière, Éva Gauthier a la chance de côtoyer les plus grands musiciens et professeurs de son temps, et ne tarde pas à se faire remarquer. En 1906, la grande interprète Emma Albani, sa mentore, la présente ainsi à son public lors de sa tournée d’adieu : « Comme legs artistique à mon pays, je vous laisse Éva Gauthier. » Avec une telle présentation, nul doute que l’avenir de la jeune Éva est très prometteur!

Photo noir et blanc d’une femme debout face à l’objectif, portant une robe de couleur sombre, un chapeau de fantaisie et une étole en fourrure.

Éva Gauthier, 1906. Photo : William James Topley (a193009)

Malgré sa petite taille, Éva Gauthier est dotée d’une puissance vocale qui fait tourner les têtes. En 1909, elle décroche le rôle de Micaela dans l’opéra Carmen, en Italie, où elle performe avec brio. Mais sa carrière dans ce domaine est très brève : alors qu’elle se prépare pour un deuxième rôle, cette fois au Covent Garden dans l’opéra Lakmé, le directeur la retire de la distribution, craignant que son talent ne vole la vedette à l’interprète principale. Dévastée, Éva Gauthier tourne le dos à l’opéra et décide de quitter l’Europe.

Elle part donc en Indonésie rejoindre Frans Knoot, qui deviendra éventuellement son époux. Elle demeurera quatre ans en Asie, une aventure qui donne un nouveau tournant à sa vie. Durant son séjour, elle étudie la musique javanaise avec des gamelans indonésiens et s’immerge dans une culture et un style musical exotiques qui lui étaient inconnus. Elle donne plusieurs concerts, notamment en Chine et au Japon, où elle reçoit des critiques élogieuses : « Malgré sa stature délicate, cette chanteuse canadienne possède une voix dont la souplesse et la puissance n’ont d’égal que la portée. Toute la soirée fut un véritable enchantement. Les applaudissements, longs et nourris, furent bien mérités. »

Cette expérience en Asie donnera au répertoire d’Éva une sonorité bien particulière ainsi qu’un style unique, qui lui permettront de se démarquer à son retour en Amérique du Nord, où la musique orientale est encore méconnue. Ce refus de s’en tenir aux traditions est d’ailleurs l’un des traits qui caractérisent Éva. Elle ne s’est jamais arrêtée aux conventions, apportant ainsi un renouveau à la culture musicale du 20e siècle.

Photo en noir et blanc d’une femme faisant face à l’appareil photo et portant une robe traditionnelle javanaise.

Éva Gauthier portant un des costumes javanais grâce auxquels elle s’est fait connaître. (ncl002461)

Après son retour en Amérique du Nord, Éva Gauthier, qui profite alors d’une certaine notoriété, donne plusieurs concerts par an. Les plus grands musiciens l’approchent pour qu’elle interprète leurs compositions. Igor Stravinsky ne jure que par elle, et exige qu’elle soit la première à donner vie à toutes ses œuvres. Éva côtoie plusieurs personnalités du milieu musical et se lie d’amitié avec un bon nombre, entre autres avec les pianistes et compositeurs Maurice Ravel et George Gerswhin.

C’est d’ailleurs avec ce dernier qu’elle donne un concert mémorable au Aeolian Hall de New York, en 1923, concert au cours duquel musiques classique et moderne se chevauchent. Gershwin accompagne la chanteuse au piano durant cette première plutôt audacieuse. Éva Gauthier va même jusqu’à intégrer de la musique jazz au programme, un style qu’elle apprécie grandement mais qui est encore mal perçu. Bien que la critique ne soit pas tendre, le public apprécie ce vent de fraîcheur, et l’événement restera ainsi gravé dans l’histoire.

Éva Gauthier donne des centaines de spectacles durant le reste de sa carrière, tant en Amérique qu’en Europe, intégrant plusieurs styles à ses performances toujours très divertissantes. Elle consacre les dernières années de sa vie à l’enseignement du chant, et, malgré son absence de la scène, demeure très active dans le milieu de la musique, agissant à titre de mentore pour une nouvelle génération d’artistes. Sa technique impeccable, son audace et son refus d’adhérer aux conventions ont ouvert la voie aux futurs interprètes et ont contribué à faire d’Éva Gauthier une véritable légende de la musique moderne.

Si vous souhaitez écouter quelques extraits musicaux interprétés par Éva Gauthier, visitez le Gramophone virtuel de Bibliothèque et Archives Canada. Vous y trouverez plusieurs classiques du folklore francophone canadien interprétés par la cantatrice.

Vous pouvez également écouter notre baladodiffusion et parcourir notre album Flickr consacrés à Éva Gauthier.


Isabel Larocque est agente de projet pour l’équipe du Contenu en ligne à Bibliothèque et Archives Canada.

Tommy Burns, le héros de Hanover

Par Isabel Larocque

En 1906, alors que les boxeurs américains s’échangeaient à tour de rôle le titre de champion du monde poids lourds, personne n’aurait pu prédire la victoire du Canadien Tommy Burns. Du haut de ses 170 cm, ce boxeur fut non seulement le plus petit à remporter le titre de champion du monde, mais également le seul Canadien à y parvenir. Souvent sous-estimé par ses adversaires à cause de sa taille, Burns possédait pourtant une technique exemplaire qui lui permettait d’écraser le plus costaud des opposants.

Né Noah Brusso, cet athlète originaire de Hanover, en Ontario, était le douzième d’une famille de treize enfants. Il grandit dans un milieu modeste et, très jeune, se voit retiré de l’école par sa mère à la suite d’une bagarre contre un camarade de classe.

Celle-ci désapprouve totalement la boxe. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’à l’âge adulte, après un combat qui met l’un de ses adversaires dans le coma, Noah choisit de changer de nom. Il croit qu’ainsi, sa mère ne pourra pas suivre ses exploits. Puisque les boxeurs irlandais ont une excellente réputation, il choisit un nom à consonance irlandaise, Tommy Burns, dans l’espoir de propulser sa carrière.

Photo noir et blanc d’un homme portant des gants, un short et des chaussures de boxe.

Le boxeur Tommy Burns, date inconnue. (c014091)

Photo noir et blanc d’un homme portant des gants, un short et des chaussures de boxe.

Le boxeur Tommy Burns, 1912. (c014094)

Dans le ring, Tommy Burns use de stratégie; chacun de ses gestes est calculé. Il insulte ses adversaires afin de les déstabiliser, évite les coups, puis, lorsqu’il passe à l’attaque, parvient à les éliminer grâce à sa rapidité et à son crochet. Ses nombreuses années d’entraînement au hockey et à la crosse lui ont légué de fortes jambes, tandis que ses longs bras lui procurent une portée qui surprend ses adversaires. Sa technique irréprochable lui vaut de nombreuses victoires, puisque la majorité de ses compétiteurs misent seulement sur la force physique.

Burns considère d’ailleurs la technique de la boxe comme une science en soi. Il rédige même un bouquin à ce sujet, intitulé Scientific Boxing and Self Defence (Science de la boxe et de l’autodéfense). Publié en 1908, l’ouvrage fait partie de la collection de Bibliothèque et Archives Canada.

Photo noir et blanc d’une main tenant un livre ouvert à la page de titre.

L’ouvrage rédigé par Tommy Burns, Scientific Boxing and Self Defence (Science de la boxe et de l’autodéfense). Photo : David Knox

Mais ce qui distingue réellement Tommy Burns des boxeurs de son époque, c’est sa volonté d’affronter des adversaires de toutes les nationalités. Alors que la majorité des boxeurs refusent de compétitionner contre des athlètes de différentes origines, Burns voit plutôt cela comme une occasion de prendre de l’expérience et de prouver qu’il est le meilleur de tous. Il sera d’ailleurs le premier champion du monde des poids lourds à défendre son titre contre un Afro-américain.

Durant son ascension vers le sommet, Burns affronte des champions des quatre coins du globe. Devenir le meilleur boxeur blanc ou canadien ne lui suffit pas : il veut être le meilleur au monde. C’est ce qui le pousse à affronter en 1908 Jack Johnson, un boxeur à la stature imposante. Burns perd ce combat, et Johnson devient le premier boxeur noir de l’histoire à remporter le titre de champion du monde. La performance audacieuse de Burns lui vaut une ovation debout lorsqu’il quitte l’arène.

Tommy Burns livrera quelques combats par la suite, mais il ne réussira jamais à reconquérir son titre de champion du monde. Après sa carrière en boxe, il devient promoteur et entraîneur, avant de se tourner vers la religion et de se convertir à l’évangélisme. Il décède en 1955 à Vancouver, des suites d’un malaise cardiaque. Sa confiance et son audace légendaires font de lui l’un des boxeurs les plus renommés de tous les temps.

Si les exploits de Tommy Burns vous intéressent, consultez Le boxeur Tommy Burns : un champion du monde légendaire.


Isabel Larocque est agente de projet pour l’équipe du Contenu en ligne à Bibliothèque et Archives Canada.

Nouveau balado! Écoutez notre plus récente émission, « Les archives canadiennes du canot »

Peinture à l’huile en couleur d’un canot en écorce de bouleau vu de profil, s’avançant en eau calme devant une falaise rocheuse dénudée. Huit hommes pagaient, alors qu’un couple, lui coiffé d’un haut-de-forme noir et elle d’un chapeau bleu pâle, est assis au centre du canot. Un drapeau rouge est partiellement déployé à l’arrière de l’embarcation. La proue et la poupe du canot sont peintes en blanc et ornées de motifs colorés.

Notre plus récent balado est en ligne! Écoutez « Les archives canadiennes du canot ».

Pour bien des Canadiens, le canot est un moyen d’échapper au rythme effréné du quotidien, un moyen de renouer avec la nature, les parents et les amis. Or, des milliers d’années avant l’arrivée des colons européens sur le territoire que nous appelons aujourd’hui le Canada, les lacs et rivières servaient de routes essentielles au commerce pour les peuples autochtones d’ici, et le canot était au cœur de cette activité. Dans cette émission, nous nous rendons au Musée canadien du canot, à Peterborough en Ontario, pour visiter les coulisses de son incroyable collection. Le conservateur Jeremy Ward sera notre guide pour nous faire découvrir cette collection hors pair d’embarcations emblématiques.

Pour voir les images associées à ce balado, voici un lien vers notre album Flickr.

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Nouveau balado! Écoutez notre plus récente émission, « À vos marques, prêts, lisez! (Partie 2) »

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Le Club de lecture d’été TD est le plus important programme de lecture d’été au Canada. Bilingue et gratuit, il est conçu par la Bibliothèque publique de Toronto en collaboration avec Bibliothèque et Archives Canada. Le Club met en vedette des œuvres, des auteurs et des illustrateurs canadiens. Son but : renforcer les aptitudes en lecture chez les enfants de 12 ans et moins en les encourageant à lire pendant la belle saison.

Dans ce deuxième volet de nos entretiens avec les auteurs du Club, nous avons le plaisir de discuter avec l’auteur francophone de 2018, Camille Bouchard. Prolifique auteur jeunesse, on lui doit plus d’une centaine d’œuvres depuis les années 1980! Camille a remporté de nombreux prix, dont le Prix du Gouverneur général de 2006 pour son roman Le Ricanement des hyènes. Un invité surprise se joindra à nous pour la deuxième moitié de l’épisode : un célèbre auteur canadien, officier de l’Ordre du Canada et ancien bibliothécaire national.

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Pour en savoir plus, écrivez-nous à bac.balados-podcasts.lac@canada.ca.

 

Les bibliothèques canadiennes invitent les enfants à la journée À vos marques, prêts, lisez!

L’été est arrivé! Les bibliothèques canadiennes invitent les enfants et leurs familles à savourer pleinement la belle saison en profitant de la journée À vos marques, prêts, lisez! pour s’inscrire au Club de lecture d’été TD. On leur remettra une trousse de lecture gratuite comprenant un carnet de lecture, des autocollants et un code d’accès Web. Un carnet de lecture a aussi été conçu spécialement pour les enfants incapables de lire les imprimés. Tout au long de l’été, les enfants inscrits au Club pourront faire le suivi de leurs lectures, participer à des activités organisées par leur bibliothèque et visiter le site Web www.clubdelecturetd.ca, pour se créer un carnet virtuel et lire d’excellents livres électroniques. Ils pourront aussi écrire des comptes rendus et des critiques de livres, échanger des blagues, apprendre à dessiner comme notre illustratrice (©Anne Villeneuve), écrire des histoires, découvrir nos livres vedettes, et bien plus encore!

Une illustration en aquarelle d’un homme et d’un enfant portant des sacs à dos, en randonnée au bord de la mer.

© Anne Villeneuve

Une portée réelle

Le Club de lecture d’été TD prend de plus en plus d’ampleur chaque année! Un récent rapport illustre bien son influence : plus de 700 000 enfants ont participé à quelque 38 000 activités dans plus de 2000 bibliothèques partout au pays. Les études montrent que les enfants qui lisent pendant la période estivale réussissent mieux à la rentrée scolaire, à l’automne. Le Club de lecture d’été TD est le moyen idéal pour les garder motivés.

Une illustration en aquarelle d’un ours et de deux enfants dans un hamac qui flotte dans le ciel bleu soutenu par des livres ouverts. L’enfant le plus âgé lit une histoire pendant que le bébé écoute attentivement.

© Anne Villeneuve

Les enfants auront aussi la chance de lire, d’écouter et de commenter deux histoires créées spécialement pour le Club de lecture d’été TD : une en français par l’auteur Camille Bouchard, et une en anglais par l’auteur Kevin Sylvester.

Une illustration en aquarelle montrant deux enfants s’abritant de la pluie dans une vielle maison abandonnée et sinistre.

© Anne Villeneuve

Les enfants peuvent participer au Club n’importe où et n’importe quand : dans les bibliothèques publiques du Canada, à la maison, en ligne ou sur la route. Bref, partout où leur été les mènera! Le Club de lecture d’été TD leur fait connaître des œuvres, des auteurs et des illustrateurs canadiens, et il les encourage à découvrir les joies de la lecture : c’est le meilleur moyen pour qu’ils aiment lire toute leur vie.

Les trois bibliothèques ci-dessous serviront de points centraux pour le lancement national de la journée À vos marques, prêts, lisez! Elles tiendront des activités aux dates suivantes :

  • 16 juin : Bibliothèque Paul-Aimé Paiment, Québec (Québec)
  • 21 juin : Bkejwanong First Nation Public Library, Walpole Island (Ontario)
  • 23 juin : Spruce Grove Public Library, Spruce Grove (Alberta)

Ces trois bibliothèques présenteront des activités spéciales, en collaboration avec nos partenaires, dont la Bibliothèque publique de Toronto, Bibliothèque et Archives Canada et le Groupe Banque TD.

Le Club de lecture d’été TD est le plus important programme de lecture d’été au Canada. Gratuit et bilingue, il est destiné aux enfants de tous âges, quels que soient leurs goûts et leurs aptitudes. Créé et offert par plus de 2000 bibliothèques publiques canadiennes, ce programme national bilingue est dirigé par la Bibliothèque publique de Toronto en partenariat avec Bibliothèque et Archives Canada. Le soutien financier est généreusement assuré par le Groupe Banque TD.

Une illustration en aquarelle de trois enfants lisant dans un hamac.

© Anne Villeneuve

Et maintenant, quelque chose de complètement différent…

Pour en savoir plus sur les activités de cette année, écoutez la plus récente émission de balado de BAC, divisée en deux parties : À vos marques, prêts, lisez! Dans la première partie, nous nous assoyons avec Kevin Sylvester, auteur vedette anglophone du Club de lecture d’été TD de 2018. Kevin est accompagné de notre animatrice, Geneviève Morin, et de notre coanimateur spécial de 9 ans, Presley, qui adore cet auteur.

Dans la deuxième partie, qui sortira le 19 juin, nous discuterons avec Camille Bouchard, auteur vedette francophone du Club de lecture d’été TD de 2018. Camille a répondu à nos questions au téléphone, pendant sa traversée de l’Amérique du Nord en autocaravane. Cette émission comprendra également une entrevue surprise avec un célèbre auteur canadien ayant déjà été le bibliothécaire national du Canada. Vous devrez l’écouter pour découvrir de qui il s’agit!