Tommy Burns, le héros de Hanover

Par Isabel Larocque

En 1906, alors que les boxeurs américains s’échangeaient à tour de rôle le titre de champion du monde poids lourds, personne n’aurait pu prédire la victoire du Canadien Tommy Burns. Du haut de ses 170 cm, ce boxeur fut non seulement le plus petit à remporter le titre de champion du monde, mais également le seul Canadien à y parvenir. Souvent sous-estimé par ses adversaires à cause de sa taille, Burns possédait pourtant une technique exemplaire qui lui permettait d’écraser le plus costaud des opposants.

Né Noah Brusso, cet athlète originaire de Hanover, en Ontario, était le douzième d’une famille de treize enfants. Il grandit dans un milieu modeste et, très jeune, se voit retiré de l’école par sa mère à la suite d’une bagarre contre un camarade de classe.

Celle-ci désapprouve totalement la boxe. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’à l’âge adulte, après un combat qui met l’un de ses adversaires dans le coma, Noah choisit de changer de nom. Il croit qu’ainsi, sa mère ne pourra pas suivre ses exploits. Puisque les boxeurs irlandais ont une excellente réputation, il choisit un nom à consonance irlandaise, Tommy Burns, dans l’espoir de propulser sa carrière.

Photo noir et blanc d’un homme portant des gants, un short et des chaussures de boxe.

Le boxeur Tommy Burns, date inconnue. (c014091)

Photo noir et blanc d’un homme portant des gants, un short et des chaussures de boxe.

Le boxeur Tommy Burns, 1912. (c014094)

Dans le ring, Tommy Burns use de stratégie; chacun de ses gestes est calculé. Il insulte ses adversaires afin de les déstabiliser, évite les coups, puis, lorsqu’il passe à l’attaque, parvient à les éliminer grâce à sa rapidité et à son crochet. Ses nombreuses années d’entraînement au hockey et à la crosse lui ont légué de fortes jambes, tandis que ses longs bras lui procurent une portée qui surprend ses adversaires. Sa technique irréprochable lui vaut de nombreuses victoires, puisque la majorité de ses compétiteurs misent seulement sur la force physique.

Burns considère d’ailleurs la technique de la boxe comme une science en soi. Il rédige même un bouquin à ce sujet, intitulé Scientific Boxing and Self Defence (Science de la boxe et de l’autodéfense). Publié en 1908, l’ouvrage fait partie de la collection de Bibliothèque et Archives Canada.

Photo noir et blanc d’une main tenant un livre ouvert à la page de titre.

L’ouvrage rédigé par Tommy Burns, Scientific Boxing and Self Defence (Science de la boxe et de l’autodéfense). Photo : David Knox

Mais ce qui distingue réellement Tommy Burns des boxeurs de son époque, c’est sa volonté d’affronter des adversaires de toutes les nationalités. Alors que la majorité des boxeurs refusent de compétitionner contre des athlètes de différentes origines, Burns voit plutôt cela comme une occasion de prendre de l’expérience et de prouver qu’il est le meilleur de tous. Il sera d’ailleurs le premier champion du monde des poids lourds à défendre son titre contre un Afro-américain.

Durant son ascension vers le sommet, Burns affronte des champions des quatre coins du globe. Devenir le meilleur boxeur blanc ou canadien ne lui suffit pas : il veut être le meilleur au monde. C’est ce qui le pousse à affronter en 1908 Jack Johnson, un boxeur à la stature imposante. Burns perd ce combat, et Johnson devient le premier boxeur noir de l’histoire à remporter le titre de champion du monde. La performance audacieuse de Burns lui vaut une ovation debout lorsqu’il quitte l’arène.

Tommy Burns livrera quelques combats par la suite, mais il ne réussira jamais à reconquérir son titre de champion du monde. Après sa carrière en boxe, il devient promoteur et entraîneur, avant de se tourner vers la religion et de se convertir à l’évangélisme. Il décède en 1955 à Vancouver, des suites d’un malaise cardiaque. Sa confiance et son audace légendaires font de lui l’un des boxeurs les plus renommés de tous les temps.

Si les exploits de Tommy Burns vous intéressent, consultez Le boxeur Tommy Burns : un champion du monde légendaire.


Isabel Larocque est agente de projet pour l’équipe du Contenu en ligne à Bibliothèque et Archives Canada.

Des images de boxe sur Flickr

La boxe est un sport qui se pratique avec des gants rembourrés dans une estrade carrée entourée de cordes (un ring). Les combats durent un certain nombre de rounds et sont bien réglementés.

Photographie en noir et blanc de deux boxeurs s’affrontant sur le pont du navire à vapeur Justicia, sous le regard attentif des autres soldats se trouvant à bord.

Membres des troupes canadiennes regardant un match de boxe à bord du navire à vapeur Justicia, en route vers Liverpool (Angleterre) (MIKAN 3384735)

Au Canada, toutefois, les premiers boxeurs ne portent pas de gants. C’est la norme au début du 19e siècle de se battre à poings nus, et certains combats durent jusqu’à 40 rounds. En dehors de l’armée et de quelques clubs pour hommes, la boxe n’est pas autorisée dans les provinces canadiennes, n’ayant pas une grande réputation de franc-jeu ou de promotion honnête. Le sport gagne peu à peu en respectabilité, et les opinions évoluent au cours des années 1890. Sa popularité ne cesse de croître au début du 20e siècle.

Photographie en noir et blanc de deux soldats qui s’affrontent à la boxe. L’un porte un short noir, et l’autre, un short blanc. Des soldats assis autour du ring assistent au combat.

Soldats s’affrontant à la boxe sur les terrains de l’exposition (MIKAN 3384740)

Photographie en noir et blanc du boxeur de la catégorie des poids moyens Edwin A. Harris (Canada), portant le short et les gants. Un autre soldat se tient debout à ses côtés.

Edwin A. Harris (Canada), boxeur finaliste de la catégorie des poids moyens, Jeux interalliés, stade Pershing, Paris (France) (MIKAN 3384730)

Aujourd’hui, l’Association canadienne de boxe amateur supervise le sport, en collaboration avec dix associations provinciales et trois associations territoriales. Certains athlètes se tournent vers la boxe professionnelle, alors que d’autres conservent leur statut d’amateur dans l’espoir de représenter le Canada lors d’événements internationaux, comme les Jeux olympiques ou les Jeux du Commonwealth.

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