75e anniversaire du Service féminin de la Marine royale du Canada

Laura Brown

Il y a soixante-quinze ans aujourd’hui naissait le Service féminin de la Marine royale du Canada (Women’s Royal Canadian Naval Service, WRCNS). Établi le 31 juillet 1942, le WRCNS est le dernier des trois services à ouvrir ses portes aux femmes pendant la Deuxième Guerre mondiale, la Division féminine de l’Aviation royale du Canada et le Service féminin de l’Armée canadienne ayant vu le jour un an plus tôt. Les femmes servant dans le WRCNS étaient communément appelées « Wrens », surnom qu’utilisaient leurs homologues britanniques du Service féminin de la Marine royale (Women’s Royal Naval Service, WRNS).

Les femmes qui s’enrôlaient dans la marine canadienne le faisaient en sachant qu’elles ne serviraient pas sur un navire, mais qu’elles s’acquitteraient plutôt à terre de tâches permettant aux hommes de servir en mer. Le recrutement de femmes pour occuper ces postes devenait particulièrement important en raison du nombre croissant de victimes de la bataille de l’Atlantique. Si la première classe de Wrens ne comptait que 67 femmes, le WRCNS en totalisait près de 7 000 à la fin de la guerre.

Photographie en noir et blanc d’un groupe de recrues du WRCNS souriantes, debout en rangées, les yeux levés vers l’appareil photo. Elles portent l’uniforme d’été et un couvre-chef sur lequel est inscrit « H.M.C.S. » (Her Majesty’s Canadian Ship [Navire canadien de Sa Majesté]).

Recrues du Service féminin de la Marine royale du Canada, NCSM Conestoga, Galt (Ontario), juillet 1943 (MIKAN 3202515)

Les Wrens sont formées à bord de « navires terrestres » portant la désignation « Navire canadien de Sa Majesté ». Par exemple, le NCSM Conestoga, à Galt (maintenant Cambridge), en Ontario, devient le Centre d’instruction élémentaire des Wrens à l’automne 1942. Au nombre des autres centres d’instruction figurent le NCSM Cornwallis, à Halifax (Nouvelle-Écosse), de même que le NCSM Saint-Hyacinthe, à Saint‑Hyacinthe (Québec), lequel accueille l’école des communications. Leur instruction terminée, les recrues occupent des emplois divers allant de celui de cuisinière à celui de commis des postes, en passant par ceux de chauffeuse, de signaleuse visuelle et de traceuse (repérer et suivre la position des navires).

 

Photographie en noir et blanc de l’intérieur d’une salle des cartes bien éclairée montrant un groupe nombreux de femmes et d’hommes au travail. Dans la partie gauche de la salle, des personnes sont assises à des bureaux, tandis que dans la partie droite de la salle, des femmes vêtues d’un uniforme de couleur sombre examinent de grandes cartes fixées aux murs. L’une d’elles, montée sur un escabeau placé près du mur, reporte de l’information sur le haut d’une carte.

Salle des cartes, Opérations, Quartier général du Service naval, Ottawa (Ontario), décembre 1943 (MIKAN 3203640)

Dans un communiqué de la Marine royale du Canada diffusé en août 1943, on mentionne que, si les tâches effectuées par les Wrens ne sont pas toutes prestigieuses, elles sont néanmoins essentielles à la réussite des opérations navales du Canada durant la guerre. Bien que certaines de leurs tâches soient routinières, elles doivent être accomplies efficacement pour bien nourrir le personnel naval et le payer à temps, s’occuper des familles du Service naval, construire les navires et les préparer pour le combat le plus tôt possible, former les hommes pour combattre sur ces navires et faire en sorte que les navires soient en place pour affronter l’ennemi. De nombreuses Wrens travaillant à la cuisine ou occupant un poste secret voient s’ouvrir de nouvelles portes devant elles et tissent de nouvelles amitiés durant leur service. La commandante Isabel MacNeil se prononce dans ce sens à la fin de la guerre, quand le Centre d’instruction élémentaire de Galt ferme. Elle mentionne que la plupart d’entre elles sont étrangères et partent en conservant à jamais le souvenir des nombreuses et bonnes relations qu’elles ont établies.

Photographie en couleurs d’une femme membre du WRCNS qui est assise sur un canon de 16 livres au sommet de Signal Hill. Vêtue d’un uniforme bleu foncé et faisant dos à l’appareil photo, elle contemple les eaux bleues du port de St. John’s en contrebas. La ville ceinturant le port est composée de bâtiments aux tons neutres, et une étendue de basses collines figure à l’arrière-plan. Le ciel bleu pâle occupant le tiers supérieur de la photographie est recouvert d’un voile de minces nuages blancs.

Une Wren à Signal Hill, St. John’s (Terre-Neuve), vers 1942-1945 (MIKAN 450992)

Les membres du WRCNS contribuent grandement à l’effort de guerre, et ce, tant au Canada qu’outre‑mer. Environ 1 000 femmes servent dans le WRCNS à l’étranger durant la guerre, et la moitié d’entre elles sont basées à Terre-Neuve, lieu d’« affectation outre-mer », puisque Terre-Neuve ne se joindra au Canada qu’en 1949.

Photographie en noir et blanc d’Adelaide Sinclair, assise les bras reposant sur le dossier d’une chaise. Vêtue de son uniforme de la Marine royale (veste, blouse blanche, cravate sombre, couvre-chef et gants), elle regarde l’appareil photo et sourit légèrement.

Commandante Adelaide Sinclair, directrice du Service féminin de la Marine royale du Canada, juillet 1944 (MIKAN 3526940)

Bibliothèque et Archives Canada possède une riche collection de documents au sujet du WRCNS, notamment le fonds Adelaide Sinclair, directrice du WRCNS de 1943 à 1946. Elle est récompensée de son service par une nomination, en 1945 : officière de l’Ordre de l’Empire britannique. Consultez les liens ci-dessous pour en savoir plus sur les histoires surprenantes des premiers membres du WRCNS.

Sources connexes

  • Dossiers du personnel de la Deuxième Guerre mondiale (MIKAN 158523).
  • Dépôts centraux des dossiers du Quartier général de la Marine royale du Canada (MIKAN 157647). Cette série du fonds du ministère de la Défense nationale renferme divers documents sur le WRCNS, notamment de l’information sur le recrutement et la dotation.
  • Fonds famille Dobson (MIKAN 106782). Ce fonds est constitué de documents appartenant à une famille ayant beaucoup servi dans le WRCNS pendant la Deuxième Guerre mondiale. Edith Archibald Dobson est l’une des premières femmes à se joindre au WRCNS en août 1942; elle devient capitaine de corvette. Ses filles jumelles, Joan et Anne, s’enrôlent également dans le WRCNS en 1942, et y sont télégraphistes sans fil.
  • Fonds Isabel Janet MacNeill (MIKAN 101945). Membre de longue date du WRCNS, Isabel MacNeill est la première femme du Commonwealth britannique à commander un « navire terrestre ».
  • Fonds Katherine A. Peacock (MIKAN 101865). Katherine Peacock sert dans le WRCNS durant la Deuxième Guerre mondiale et devient ensuite fonctionnaire au gouvernement fédéral.
  • Photos en couleur de soldats canadiens ayant servi durant la Deuxième Guerre mondiale.

Laura Brown est archiviste militaire au sein de la Division des archives gouvernementales.