Conservateur invité : Shane McCord

Bannière pour la série Conservateurs invités. À gauche, on lit CANADA 150 en rouge et le texte « Canada: Qui sommes-nous? » et en dessous de ce texte « Série Conservateurs invités ».Canada : Qui sommes-nous? est une nouvelle exposition de Bibliothèque et Archives Canada (BAC) qui marque le 150e anniversaire de la Confédération canadienne. Une série de blogues est publiée à son sujet tout au long de l’année.

Joignez-vous à nous chaque mois de 2017! Des experts de BAC, de tout le Canada et d’ailleurs donnent des renseignements additionnels sur l’exposition. Chaque « conservateur invité » traite d’un article particulier et en ajoute un nouveau — virtuellement.

Ne manquez pas l’exposition Canada : Qui sommes-nous? présentée au 395, rue Wellington à Ottawa, du 5 juin 2017 au 1er mars 2018. L’entrée est gratuite.


Major John Norton, Teyoninhokarawen, peint par Mary Ann Knight , 1805

Portrait en miniature ovale du major John Norton, Teyoninhokarawen, portant une coiffe rouge et blanche dans laquelle est piquée une plume d’autruche. Il porte aussi de longues boucles d’oreilles composées d’étoiles encerclées, une chemise à motifs et une cape rouge.

Portrait en miniature du major John Norton, Teyoninhokarawen, le chef mohawk, peint par Mary Ann Knight, 1805 (MIKAN 2836984)

Le public britannique se faisait une idée romantique du Canada, surtout des Autochtones. Teyoninhokarawen s’est probablement amusé à accentuer les stéréotypes lorsqu’il a pris la pose dans cette tenue qu’il a personnalisée.


Parlez-nous de vous.

Je viens de la forêt Ganaraska. Techniquement, l’adresse du domicile familial est située dans le petit village de Campbellcroft, dans une région rurale de l’Ontario, mais le voisin le plus près se trouve à plus d’un kilomètre. Nous ne nous sentions pas dans un village. Pendant que nous habitions là, mes parents ont encouragé le développement d’un grand intérêt pour l’art et la culture. Malheureusement, même si la forêt Ganaraska, qui compte près de 12 000 acres, est un endroit merveilleux d’une grande diversité, une chose qui ne s’y trouve pas est une galerie d’art importante où il y a une collection connue à l’échelle internationale. Par conséquent, lorsque j’étais adolescente, j’ai visité les galeries du monde en regardant des reproductions comme celles qui figurent dans le livre Carnegie Art Reference Set for Colleges, maintenant rare. Le moyen d’expression me fascinait autant que le message. J’ai développé un intérêt pour les reproductions d’œuvres d’art et leur diffusion au Canada. J’ai suivi cet intérêt en faisant des détours pendant mes études et je me suis mise à écrire sur les ouvrages, ou les livres d’artistes, car ils sont connus dans mon domaine. Pour passer de l’étude des livres et des reproductions à la bibliothéconomie et aux archives, il n’y avait qu’un pas.

Les Canadiens devraient-ils savoir autre chose à ce sujet selon vous?

Teyoninhokarawen (1760-1823 environ) est né sous le nom de John Norton à Salen, en Écosse, de parents écossais et cherokees. Selon les dossiers de l’armée, il est allé au Canada. Après sa démobilisation, en 1788, il a vécu avec les Mohawks de la rivière Grand. Plus tard, il est devenu le neveu adoptif de Joseph Brant. Son portrait a été peint par Mary Ann Knight, une miniaturiste anglaise, pendant la visite de John Norton en Angleterre comme émissaire des Mohawks de la rivière Grand. Il a été exposé à la Royal Academy en 1805.

Ce portrait constitue une porte d’entrée fantastique dans l’histoire du Canada de la fin du 18e siècle et du début du 19e siècle. J’ai choisi d’écrire sur cet article tout d’abord parce qu’il est très attrayant. Le portrait a été peint en Europe où le romantisme était beaucoup dans l’air du temps; cela transparaît dans la présentation de John Norton. Il n’était plus à la mode de représenter sur des portraits des gens portant des vêtements européens contemporains. Le point de comparaison qui me vient à l’esprit sans réfléchir est le portrait de Thomas Phillips qui montre George Gordon Byron portant un foulard albanien en guise de turban — bien que de nombreux brillants portraits de Jean-Etienne Liotard, le « peintre turc », peuvent aussi être intéressants pour la comparaison avec cette miniature.

La coiffe que porte John Norton pour ce portrait est fascinante en raison de la manière dont elle perpétue puis répand les mythologies orientales — établissant naturellement, à cette époque, des liens avec le concept du « bon sauvage » de Rousseau alors bien connu —, mais aussi de la façon dont elle représente véridiquement l’identité outre-atlantique de John Norton. La plume de la coiffe est celle d’une autruche. Ce n’est pas un oiseau que l’on voit fréquemment sur les rives des Grands Lacs, où John Norton a été adopté comme Mohawk, ou sur le territoire cherokee de son père, au Tennessee. Toutefois, la plume d’autruche était populaire comme élément des coiffes au Royaume-Uni, notamment en Écosse où, comme dans le portrait de Lord Mungo Murray fait par John Michael Wright, elle donne à la personne qui la porte une image d’aventurier. En même temps, la plume relie John Norton aux tropes visuels établis qui représentent les Autochtones d’Amérique du Nord portant des coiffes de cérémonie composées de plumes alors que l’inclusion européenne de la plume d’autruche importée fait ressortir le côté écossais de John Norton.

La coiffe de John Norton en détail. Elle est blanche et rouge. Une plume d’autruche y est piquée sur le devant.

La coiffe de John Norton en détail. (MIKAN 2836984)

Tout cela juste au sujet de la plume! Le reste de la garde-robe de John Norton est tout aussi intéressant de diverses manières. Ce portrait est si riche qu’il existe des livres remplis d’éléments que les Canadiens doivent connaître! En fait, je commencerai en recommandant littéralement davantage de lecture (après tout, nous sommes à Bibliothèque et Archives Canada). Le premier livre à lire est The Journal of Major John Norton. John Norton a terminé ce journal en 1815-1816 quand il se trouvait en Angleterre. Il traite d’une grande diversité de sujets, notamment de son voyage du Haut-Canada au Tennessee et à d’autres États du sud des États-Unis, ainsi que des guerres frontalières des années 1780 et 1790. Dans l’ensemble de ce journal, John Norton parle de façon intéressante et unique des Autochtones d’Amérique du Nord. Il faut souligner son étude de Joseph Brandt. Deux éditions du Journal ont été publiées, toutes deux par la société Champlain (The Champlain Society). La plus récente édition comprend une introduction et des notes supplémentaires de Carl Benn, un expert prééminent de John Norton dont les œuvres sont une excellente source pour obtenir plus d’information.

Un autre livre que je recommanderais à ceux que John Norton intrigue est The Valley of the Six Nations, également publié par la société Champlain. Ce livre, préparé par Charles M. Johnston, présente une collection de documents importants liés aux Six Nations dans la région où John Norton a passé la majeure partie de sa vie d’adulte. Il comprend de nombreux documents sur le conflit au sujet des terres entre les Mohawks des Six Nations ainsi que le gouvernement britannique et celui de la colonie. Certains des documents qui se trouvent dans ce livre sont de John Norton lui-même. Les originaux de beaucoup de ceux-ci font partie des archives conservées à BAC.

Parlez-nous d’un élément connexe que vous aimeriez ajouter à l’exposition.

Portrait en miniature ovale du colonel William Claus vêtu d’une veste noire et d’une cravate blanche. Le fond est bleu.

Le colonel William Claus peint par Andrew Plimer, vers 1792 (MIKAN 2895040)

J’ai choisi ce portrait de William Claus parce que son rôle dans l’histoire canadienne est diamétralement opposé à celui de John Norton. Huit ans après que ce portrait a été peint, William Claus a été nommé surintendant général adjoint du Haut-Canada au département des Affaires indiennes. Dans ce rôle, il était tout à fait l’adversaire de John Norton. D’ailleurs, dans l’entrée sur William Claus qu’a rédigée Robert Allen pour le Dictionnaire biographique du Canada, la relation entre ces deux personnages est décrite comme une « âpre dispute ».

Cette dispute avait trait aux revendications concernant les terres des Six Nations autour de la rivière Grand. Même si la correspondance montre que ces deux personnages se sont disputés plusieurs fois, William Claus a porté un dur coup à John Norton lorsqu’il l’a discrédité aux yeux des autorités coloniales, ce qui a causé l’échec du voyage de John Norton en Angleterre comme représentant des Six Nations. Les critiques de William Claus à l’endroit de John Norton ne sont pas complètement dénuées de fondement étant donné que John Norton n’a pas véritablement représenté les points de vue de tous les chefs des Six Nations.

Bien plus peut être dit et, de fait, a été mentionné, dans les sources ci-dessus et dans d’autres sources, sur la relation entre John Norton et William Claus, ainsi que sur la dispute concernant les Six Nations avec le département des Affaires indiennes. Les deux portraits sont un point d’entrée fascinant dans ce chapitre de l’histoire qui a toujours une incidence aujourd’hui.

Biographie

Photo en couleur d'un jeune garçcon regardant un modèle réduit d'un navire.Shane McCord travaille comme archiviste en arts à Bibliothèque et Archives Canada depuis 2010, où son travail s’est étendu des plaques du 17e siècle à l’art contemporain. Il est titulaire d’une maîtrise en histoire de l’art de l’Université Concordia ainsi que d’une maîtrise en archivistique doublée d’une maîtrise en bibliothéconomie et sciences de l’information de l’Université de la Colombie-Britannique.

Les expositions itinérantes de Bibliothèque et Archives Canada

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) est sur la route! Avec quatre expositions itinérantes à différents endroits à travers le Canada dont une dans la région de la Capitale nationale, BAC met en lumière la richesse et la diversité de ses collections. Voici un excellent exemple de l’engagement de BAC à rendre le patrimoine et l’histoire du pays accessibles à tous les Canadiens, peu importe où ils habitent.

La Galerie d’art du Grand Victoria, en Colombie-Britannique, est l’hôte d’une exposition intitulée Au-delà des traits : Œuvres contemporaines de Bibliothèque et Archives Canada jusqu’au 6 janvier 2013. À travers les œuvres de 23 artistes contemporains, l’exposition explore le concept évolutif du portrait, de la plus traditionnelle représentation de la ressemblance aux œuvres qui mettent au défi les conventions définies du genre.

Le Musée du Nouveau-Brunswick à Saint-John présente l’exposition Je vous connais par cœur : portraits en miniature jusqu’au 31 décembre 2012. Présentant 35 portraits récemment restaurés, l’exposition met en valeur la nature intime et personnelle des portraits en miniature et les raisons pour lesquelles de tels portraits ont été commandés, créés et chéris. En mars 2013, l’exposition se rendra à la galerie d’art
Mendel, à Saskatoon. Découvrez-en davantage au sujet de la conservation de ces portraits en regardant la vidéo YouTube de BAC.

La collection McMichael d’art canadien à Kleinburg, en Ontario, présente jusqu’au 20 janvier 2013 la plus récente collection, Volte-face : portraits de Canadiens fascinants. Volte-face illustre 50 Canadiens qui ont laissé – et qui laissent – leur marque sur notre pays et notre culture. Écoutez la balado de BAC pour avoir un aperçu des œuvres en vedette et des histoires qu’elles cachent.

Enfin, l’exposition Visages de 1812 est présentée au Musée canadien de la Guerre à Ottawa jusqu’au 6 janvier 2013. Visages de 1812 est une exposition commémorative qui présente certains des hommes et des femmes qui ont vécu la guerre de 1812. La vidéo de conservation de BAC sur YouTube ainsi que la balado Visages de 1812 vous introduiront aux œuvres sélectionnées pour documenter cet événement historique significatif.

Continuez de suivre ce billet pour connaître les endroits où ces expositions seront présentées prochainement. Ça pourrait être près de chez vous!

Nous serons heureux de répondre à vos questions ou d’entendre vos commentaires!

Résumé des commentaires reçus en anglais jusqu’au 30 septembre 2013

  • Un usager a formulé un commentaire sur l’engagement de BAC à rendre accessible le patrimoine documentaire à tous les Canadiens. Il se questionne sur la fermeture du programme du prêt entre bibliothèques afin de remplir cet engagement. Il donne comme exemple le fait que BAC n’ait pas participé à une conference de presse tenue récemment au Musée canadien de la guerre sur la commémoration de la Première Guerre mondiale. Il regrette le temps où des expositions étaient présentées de façon régulière au rez-de-chaussée de l’édifice du 395 Wellington.