Le renne au Canada

Au début des années 1900, l’introduction du renne en terre canadienne était perçue comme une source possible d’approvisionnement en nourriture et de stimulation économique pour les régions nordiques éloignées. Cet animal avait été domestiqué dans nombre de pays nordiques et avait joué un rôle important dans la pérennité de la population. D’une part, la viande, le lait et d’autres sous-produits du renne, comme les peaux et les ramures, peuvent fournir des ressources vitales, et d’autre part, ces animaux sont forts et peuvent transporter ou tirer de lourdes charges sur de longues distances. De plus, leur physique est adapté au climat et à l’environnement nordique.

Photographie en noir et blanc d’un collage d’album à photos. Il y a cinq photographies montrant des rennes qui tirent des traîneaux de toutes sortes, des personnes apparaissant en toile de fond. Les photos sont étiquetées et certaines personnes sont identifiées.

Les rennes sont utilisés comme animaux de trait depuis des centaines d’années. Ici, nous voyons des éleveurs et des rennes attelés à des traîneaux, possiblement sur l’île Richards (T.N. O.), vers 1942. (MIKAN 4326743)

Plusieurs tentatives d’introduire le renne à Terre-Neuve et sur l’île de Baffin ont été, au début, couronnées de succès, mais le plus bel example a été l’expérience menée en Alaska. Le gouvernement américain, pressé par des groupes de missionnaires, a acquis 1 200 rennes sibériens de la Russie entre 1892 et 1902. Un autre petit troupeau a été acheté en Norvège et envoyé en Alaska. Un groupe d’éleveurs lapons et des membres de leurs familles ont été embauchés pour s’occuper des animaux et enseigner aux populations indigènes l’élevage de ces bêtes.

Le gouvernement du Canada s’est alors penché sur les résultats de l’expérience américaine. En 1919, on lançait une commission d’enquête parlementaire sur le renne et le bœuf musqué. La croissance fulgurante du troupeau d’Alaska fut impressionnante, on retrouve alors plusieurs centaines de milliers de chevreuils répartis dans une centaine de troupeaux et plusieurs centaines de propriétaires et d’éleveurs indigènes locaux sont engagés dans cette entreprise. On avait dorénavant accès à de la viande fraîche pour consommation sur place et l’on en vendait aussi à profit aux États du Sud.

Photographie en noir et blanc d’un collage d’album à photos. Il y a quatre photographies montrant des carcasses de rennes et des peaux mises à sécher.

La viande de renne mise à sécher sur des tréteaux et soulevée au moyen d’un palan, possiblement à Elephant Point, en Alaska, et sur l’île Richards (T.N. O.), 1938. (MIKAN 4326727)

De nombreux groupes ont insisté pour que le gouvernement du Canada prenne des mesures, il en a résulté des plans visant à acheter un troupeau de l’Alaska et à l’implanter dans un lieu approprié dans les Territoires du Nord-Ouest. Deux botanistes du ministère de l’Intérieur ont cherché un emplacement avec de bons pâturages et ont recommandé qu’on établisse un bureau central (qui deviendra la « Reindeer station » [poste de renne]) à l’est du delta du fleuve Mackenzie. On signera alors un contrat avec l’entreprise Loman Bros. Company en vue d’acheter et de faire livrer 3 515 animaux au coût de 150 $ la bête. On s’attendait à parcourir 1 500 milles en 18 mois pour apporter le troupeau, mais, fait incroyable, il aura fallu cinq ans et parcourir le double de la distance pour arriver à bon port. En mars 1935, Andy Bahr et son groupe ont livré 2 370 rennes. Peu après naissaient 811 faons, ce qui a fait grimper le nombre total final tout près de la quantité commandée.

Photographie en noir et blanc d’un collage d’album à photos. Il y a quatre photographies montrant des troupeaux de rennes. Certaines photographies ont été prises de loin, d’autres ont un plan rapproché du troupeau.

Des troupeaux de rennes dans une aire d’estivage et dans un corral, probablement à la baie de Kidluit, sur l’île Richards (T.N. O.), 1941. (MIKAN 4326736)

Les succès du début ont fait place à une série de revers, dont le point culminant a été le décès de quatre propriétaires inuits et d’un éleveur lapon lors d’un accident de navigation en 1944. Il devint plus difficile de convaincre les chasseurs inuits traditionnels d’abandonner leur mode de vie habituel pour adopter la vie souvent solitaire et monotone d’un éleveur. Il arrivait que des mois d’efforts soient anéantis au simple passage d’une tempête ou par des prédateurs qui faisaient une razzia, causant la perte d’un grand nombre d’animaux.

Photographie en noir et blanc d’un groupe d’hommes debout autour d’une petite loge à passerelles pour les rennes.

Les Inuits ont été, dès les débuts, les propriétaires et employés des premières entreprises consacrées à l’élevage du renne à la baie de Kidluit (T.N. O.). (MIKAN 3406119)

Comme ce fut le cas pour d’autres expériences canadiennes, le projet des rennes n’a pas connu le succès de l’initiative menée en Alaska. Les troupeaux sous la garde des Inuits ont été remis au gouvernement, et le Service canadien de la faune a géré les activités jusqu’en 1974, date à laquelle ils furent vendus à des intérêts privés, Canadian Reindeer Ltd. (en anglais seulement). Encore à ce jour, les activités relèvent du secteur privé. Bien que les ambitions des premiers promoteurs n’aient pas été couronnées de succès, les efforts déployés constituent un volet intéressant qui s’inscrit dans l’histoire du Nord du Canada.

Ressources connexes

Les collections de Bibliothèque et Archives Canada comprennent des centaines de documents et de photographies qui révèlent encore plus de détails en lien avec l’expérience sur le renne au Canada. Pour accéder à ces ressources, vous pouvez consulter les sources suivantes :

Sources gouvernementales

Documents de premiers ministres

Documents de source privée

Images de l’Arctique au tournant du vingtième siècle

Depuis longtemps, les explorateurs et les voyageurs documentent leurs aventures dans l’Arctique dans des journaux, des manuscrits, des cartes, des croquis et des aquarelles. Leurs récits décrivent l’Arctique comme une région mystique habitée par des hommes dont le mode de vie semble être demeuré intact. L’invention de la photographie a permis de véhiculer cette image à l’étranger.

Les photographies suivantes sont tirées de l’exposition Images de l’Arctique au tournant du vingtième siècle du Musée des beaux arts du Canada, qui comprend des documents de la collection de Bibliothèque et Archives Canada et présente des images peu connues documentant les voyages de photographes dans le Nord canadien. Elles donnent souvent une idée romantique des personnes et des lieux photographiés.

Une des plus anciennes images est cette photographie d’un chasseur prise par George Simpson McTavish lorsqu’il travaillait pour la Compagnie de la Baie d’Hudson, à Little Whale River, Québec, en 1865.

Portrait d’un chasseur avec un béluga, une bouée en peau de phoque et un kayak le long de la Petite rivière de la Baleine, Québec. Photographe : George Simpson McTavish (MIKAN 3264747)

Portrait d’un chasseur avec un béluga, une bouée en peau de phoque et un kayak le long de la Petite rivière de la Baleine, Québec. Photographe : George Simpson McTavish (MIKAN 3264747)

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