Reflets d’artistes : lancement d’une nouvelle exposition d’autoportraits d’artistes au musée Glenbow

Le 15 juin 2018, Bibliothèque et Archives Canada (BAC) et le musée Glenbow célébreront officiellement le début d’une nouvelle collaboration positive à Calgary, en Alberta. L’inauguration de la première des cinq expositions organisées conjointement a eu lieu le 10 mars. Toutes les expositions mettront en valeur des portraits de la collection de BAC. Dans certains cas, elles incluent également des œuvres de la collection du musée.

Cette collaboration stimulante permet à un plus grand nombre de Canadiens d’observer plusieurs de nos plus importants trésors nationaux. Toutes les expositions seront présentées au musée Glenbow, à Calgary, et exploreront un thème différent au sujet des portraits.

Photo couleur de l’entrée de l’exposition au musée Glenbow.

Photo de l’installation de l’exposition Reflets d’artistes au musée Glenbow. Gracieuseté du musée Glenbow.

Un portrait bien spécial

La première exposition de la série met l’accent sur l’un des types de portrait les plus fascinants : les images que les artistes créent d’eux-mêmes. La prolifération des miroirs au 15e siècle aurait contribué à la popularisation des autoportraits. Lorsque les artistes explorent leur reflet, il est difficile de détourner le regard.

Peinture d’un miroir et d’une composition de nature morte sur une coiffeuse avec de nombreux livres, une brosse, une radio et deux oranges sur une assiette placée au-dessus d’un journal. Le reflet du miroir montre l’artiste et une autre peinture.

Autoportrait dans un miroir, William Lewy Leroy Stevenson, vers 1928, e011200954.

Les autoportraits d’artistes sont particulièrement intrigants puisqu’ils nous offrent un regard privilégié sur leur processus de création. Leur éclectisme est également captivant. Au fil des ans, les artistes ont, entre autres, choisi diverses techniques pour expérimenter avec les autoportraits et affirmer leur identité créative.

L’exposition présente 17 autoportraits historiques et modernes d’artistes canadiens sélectionnés parmi la collection de BAC. Vous y trouverez des vidéos et des sculptures ainsi que des peintures, des dessins et des estampes.

Des visages, des récits

Un des autoportraits qui se démarque dans cette exposition est la sculpture de l’artiste inuit Floyd Kuptana.

Photo couleur du devant d’une sculpture stylisée d’un homme, la langue sortie.

Autoportrait, Floyd Kuptana, 2007, MIKAN 3922914.

Il est important d’observer cet autoportrait de plusieurs angles différents. Cette sculpture sur pierre espiègle sourit ou tire la langue, selon l’angle choisi.

Photo couleur du devant d’une sculpture stylisée d’un homme, la tête penchée.

Photo couleur du devant d’une sculpture stylisée d’un homme, la langue sortie.

L’humour transparaissant de cette œuvre dissimule, sur bien des plans, une exploration beaucoup plus sérieuse de sa personne. Kuptana a créé cet autoportrait avec une vision tout autant traditionnelle que moderne. Les multiples facettes et angles illustrent les croyances chamaniques liées à la transformation. Pourtant, l’existence de plusieurs personnalités au sein d’une même personne est aussi associée à la psychologie moderne.

Photo couleur du profil d’une sculpture stylisée d’un homme.

Autoportrait… ou portrait?

L’exposition vous donne la chance d’observer un portrait qui demeure au cœur de l’un des mystères non résolus les plus intéressants de l’histoire de l’art canadien. Certains érudits sont convaincus que ce dessin réalisé par Emily Carr, illustre artiste britanno-colombienne, est l’un de ses premiers autoportraits – une acquisition rare. Toutefois, d’autres affirment que ce dessin n’est qu’un portrait que Carr a réalisé d’une autre personne.

Dessin au fusain sur papier d’une jeune femme, les épaules nues, vue de dos, son visage de profil. Ses cheveux sont attachés en un chignon lâche, de courtes boucles encadrant son visage. Elle regarde vers la droite.

Autoportrait, possiblement d’Emily Carr, vers 1899, e006078795.

La plupart conviennent que le portrait a été créé alors que Carr étudiait l’art à Londres, au Royaume-Uni. Le dessin suit un style académique traditionnel, atypique des œuvres ultérieures de Carr, mais très courant chez les étudiants tentant de prouver leur maîtrise de l’art.

Ceux qui croient qu’il s’agit d’une image de Carr soulignent la forte ressemblance entre le dessin et les photographies contemporaines que nous avons d’elle. Ils conviennent que Carr était très connue pour sa pudeur et qu’il est peu probable qu’elle ait pris cette pose, les épaules dénudées. Néanmoins, ils mentionnent qu’il était très courant dans les cours pour femmes de cette époque de pratiquer le dessin du corps humain à partir d’anciennes sculptures classiques drapées de manière convenable. L’artiste pouvait ensuite placer sa propre tête sur le corps de l’une de ces nues incontournables.

Une partie du portrait d’Emily Carr montrant les lignes classiques des épaules et du menton du dessin.

Carr pourrait avoir tenté de se représenter dans un style particulier, soit une jeune femme à la mode.

Nous vous invitons à venir en juger par vous-mêmes.

Un lien avec l’Ouest

Cette exposition permet aussi à BAC de mettre en valeur des autoportraits ayant un lien particulier avec Calgary : par exemple, cette œuvre amusante de l’artiste Gary Olson, de Calgary.

Un dessin au crayon du visage d’un homme pressé contre un morceau de verre. La majorité de son profil gauche est indiscernable, mais son œil droit est extrêmement concentré.

I Am Up Against the Picture Plane Again [Je suis de nouveau contre le plan pictural], Gary Olson, 1877, e011195950. Source : Gary Olson.

Cette image fait partie d’une série créée par Olson alors qu’il était un professeur d’art au collège. Il a conçu ces dessins humoristiques pour expliquer à ses étudiants le plan pictural, un concept d’art théorique difficile à comprendre. Il y représente le plan de façon littérale, en pressant et en déformant son propre visage sur celui-ci. Par le fait même, Olson en profite pour se moquer de la théorie de l’art, dévoilant son propre désir irrévérencieux de repousser les limites.

Venez voir l’exposition!

Photo couleur d’une salle faiblement éclairée, diverses œuvres d’art sur les murs.

Photo de l’installation de l’exposition Reflets d’artistes au musée Glenbow. Gracieuseté du musée Glenbow.

Si vous vous rendez à Calgary, ne manquez pas Reflets d’artistes. L’exposition sera présentée quotidiennement du 10 mars 2018 au 6 janvier 2019. Pour en savoir plus, communiquez avec le musée Glenbow.

Autoportraits de femmes dans la collection de Bibliothèque et Archives Canada

Jusqu’au début du siècle dernier, les autoportraits officiels des femmes étaient rares par rapport à ceux des hommes. Cela s’explique en grande partie par le fait que peu de femmes travaillaient et étaient reconnues comme artistes professionnelles à cette époque. C’est aussi parce que bon nombre des autoreprésentations créées par les femmes étaient dans des formats non traditionnels, cachés dans des carnets de croquis, ou dans des journaux personnels… ou bien encore sous forme de couture ou de broderie.

Quelques-uns des exemples de croquis ou de peinture les plus intéressants dans la collection de Bibliothèque et Archives Canada (BAC) sont actuellement présentés dans le cadre de The Artist Herself: Self-Portraits by Canadian Historical Women Artists, une nouvelle exposition organisée et préparée en collaboration avec Alicia Boutilier du Agnes Etherington Art Centre et Tobi Bruce du Art Gallery of Hamilton.

L’exposition vise intentionnellement à élargir la définition traditionnelle de « l’autoportrait », puisque la plupart des œuvres présentées n’auraient pas été considérées des autoportraits à l’époque où elles ont été créées.

Elle inclut cette page provenant du carnet de croquis personnel de Katherine Jane (Janie) Ellice (1813‑1864), une artiste amateur très talentueuse ainsi que l’épouse d’un dirigeant de la Compagnie (de fourrures) du Nord-Ouest. Ellice a utilisé la réflexion d’un miroir sur le mur à l’intérieur d’une cabine de son navire pour capturer une image rapide, et très privée, d’elle-même à bord du navire.

Croquis à l'aquarelle illustrant l'artiste et sa sœur, vêtues de vêtements de nuit, allongées sur la couchette d'une cabine de leur navire.

Mrs. Ellice and Miss Balfour reflected in the looking glass of their cabin on board the H.M.S. Hastings [Réflexion de Mme Ellice et Mlle Balfour dans le miroir de leur cabine à bord du H.M.S. Hastings] (MIKAN 2836908)

L’exposition inclut également Canoe Manned by Voyageurs Passing a Waterfall [Voyageurs conduisant un canot devant une chute d’eau], œuvre de Frances Anne Hopkins (1838–1919), une autre conjointe dans l’industrie de la traite de fourrures. Mme Hopkins se démarquera par contre en développant en quelque sorte une carrière d’artiste professionnelle. Ses immenses tableaux dépeignant le monde des voyageurs comprennent souvent des représentations presque fortuites d’elle-même. Nous croyons qu’elle apparait sur cette toile comme passagère du canot :

Peinture démontrant un groupe de travailleurs de la traite de fourrure qui dirige un canot de la Compagnie de la Baie d'Hudson près d'une chute d'eau. L'artiste et son conjoint sont peut être les passagers du milieu du canot.

Canoe manned by voyageurs passing a waterfall [Voyageurs conduisant un canot devant une chute d’eau] (MIKAN 2894475)

Voici quelques exemples seulement d’autoportraits historiques créées par des femmes, provenant de la collection de BAC. Cela vaut la peine de souligner que la collection en comprend bien d’autres, tant historiques que modernes.

The Artist in her Museum [L’artiste dans son musée] a été conçue par l’artiste Métis contemporaine Rosalie Favell en 2005.

Impression numérique en couleur démontrant un portrait en pied de l'artiste, avec à ses côtés un mammouth, un castor et une palette de couleurs d'artiste. Elle soulève un rideau rouge révélant sur le mur derrière elle une galerie de photographies en noir et blanc.

The Artist in her Museum [L’artiste dans son musée], 2005 ©Rosalie Favell (MIKAN 3930728)

Favell a utilisé la technologie numérique pour manipuler un célèbre Autoportait américain du 19e siècle. En remplaçant le personnage original de l’image par sa propre image, Favell s’est approprié une œuvre classique, lui donnant ainsi de nouvelles significations à l’intérieur d’un ancien système de références.

Il est fascinant de comparer les autoportraits modernes, comme celui de Favell, avec les autoreprésentations historiques présentées dans l’exposition The Artist Herself. Les définitions actuelles, plus larges et détendues, du portrait permettent aux artistes contemporains de manipuler les techniques du genre. Elles nous permettent également de jeter un regard en arrière, d’un point de vue actuel, sur les autoreprésentations créées par les femmes dans le passé.

Vous pouvez visiter l’exposition à Kingston du 2 mai au 9 août 2015. Demeurez à l’affût pour l’annonce des prochaines dates de la tournée nationale de l’exposition, qui prendra fin à Hamilton à l’été 2016.