En avance d’un siècle : Les Jeux olympiques de Paris de 1924

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Par Sali Lafrenie

Imaginez la scène.

Paris, 1924.

Vous êtes aux Jeux olympiques d’été, entouré de quelque 3 000 autres athlètes.

Quel sport pratiquez-vous? Le tennis? Peut-être le soccer? Le basketball? Oh, attendez. Est-ce un sport aquatique? L’athlétisme, peut-être? Non? La boxe? Quoi qu’il en soit, je parie que vous êtes enthousiasmé. Et, avec raison! L’équipe canadienne n’a envoyé que 65 athlètes, et c’est la première fois que les Jeux seront diffusés en direct à la radio!

Photographie panoramique en noir et blanc d’un stade extérieur dans lequel se trouvent des centaines d’athlètes.

Vue générale du stade de Colombes au début des Jeux olympiques de 1924 (e011783298).

Considérés comme le plus grand succès des Jeux olympiques modernes, les Jeux d’été de 1924 à Paris sont très différents des Jeux tels que nous les connaissons aujourd’hui. Tout d’abord, seuls 17 sports y sont représentés. Cinq sports ont été retirés depuis l’édition précédente de 1920, et d’autres ne sont inclus qu’à titre de sport de démonstration.

En 2024, 338 athlètes du Canada participeront aux compétitions à Paris, qui accueillera les Jeux pour la troisième fois. Les Jeux compteront 32 sports, soit deux fois plus que lors des Jeux olympiques de 1924.

En l’honneur de ce centenaire, plongeons dans les Jeux olympiques de 1924!

Jeux olympiques d’hiver de 1924

Saviez-vous que, lorsque la France s’est portée candidate pour accueillir les Jeux olympiques d’été de 1924, elle a accidentellement lancé une nouvelle tendance? Cette tendance, c’était les Jeux olympiques d’hiver.

En effet, la pratique consistant à tenir les Jeux d’été et d’hiver la même année, et parfois dans le même pays, s’est poursuivie jusqu’en 1992, lorsque le Comité international olympique a décidé d’alterner les Jeux tous les deux ans.

Avant 1924, les Jeux olympiques ne comprenaient que des sports d’été et il n’y avait pas d’équivalent pour les sports d’hiver. Cependant, cette situation allait bientôt changer. Organisés à Chamonix, en France, du 25 janvier au 5 février 1924, les premiers Jeux d’hiver accueillent 260 athlètes qui participent à 16 épreuves. Cela signifie que 2024 marquera également le 100e anniversaire des Jeux olympiques d’hiver.

Bien que le Canada n’ait envoyé que 12 athlètes à ces Jeux et n’ait remporté qu’une seule médaille, l’histoire ne s’arrête pas là. Les Jeux olympiques de Chamonix ont marqué le début d’une nouvelle ère pour ces athlètes et pour l’équipe olympique canadienne d’hiver, qui regroupait 215 athlètes en 2022.

Charles « Charlie » Gorman, Néo-Brunswickois et vétéran de la Première Guerre mondiale, figurait parmi ces athlètes. Il fait ses débuts aux Olympiques à l’épreuve du patinage de vitesse, alors que le sport n’en est encore qu’à ses balbutiements. Bien qu’il obtienne un résultat décevant aux Jeux de 1924, Charlie remporte des médailles pour l’équipe canadienne dans plusieurs autres compétitions, notamment les championnats des États-Unis, ceux du Canada et les championnats du monde.

Photographie en noir et blanc d’un homme faisant du patinage de vitesse et regardant directement l’appareil photo.

Photo de Charles Gorman faisant du patinage de vitesse (a050382).

Cecil Smith Hedstrom passe également à l’histoire lors de ces Jeux en devenant la première femme à représenter le Canada aux Jeux olympiques. Elle participe à trois Jeux olympiques en patinage artistique et réalise plusieurs exploits inédits qui propulsent le patinage artistique canadien sur la scène mondiale. Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, Smith est intronisée au Temple de la renommée de Patinage Canada en 1991.

En remportant la seule médaille de l’équipe canadienne aux Jeux de Chamonix, les Granites de Toronto obtiennent la première médaille d’or du Canada aux Jeux olympiques d’hiver. Les Granites poursuivent ainsi la série de médailles olympiques décrochées par le Canada au hockey sur glace, lancée en 1920 par les Falcons de Winnipeg, qui avaient remporté l’or aux Jeux d’Anvers. Le hockey sur glace avait fait ses débuts aux Jeux olympiques d’Anvers, mais ce fut la première et la dernière fois que ce sport allait faire partie des Jeux d’été. Le Canada est donc le seul pays à avoir remporté une médaille d’or au hockey sur glace aux Jeux olympiques d’été et d’hiver.

Photographie en noir et blanc d’une équipe de hockey masculine tenant des bâtons de hockey, debout sur la glace.

Les Falcons de Winnipeg, champions olympiques (a049622).

Jeux olympiques d’été de 1924

Si tous les Jeux olympiques sont importants, les Jeux d’été de 1924 rayonnent particulièrement : ils sont diffusés en direct à la radio, ils se dotent pour la première fois du Village olympique et lancent la devise olympique « Plus vite, plus haut, plus fort ». Les Jeux modernes annoncent une ère nouvelle de compétitions sportives internationales qui, depuis 1924, ne cessent de prendre de l’ampleur et du panache.

L’une des plus grandes réussites des Jeux olympiques de 1924 est attribuée à un groupe d’athlètes qui, techniquement, ne participait pas aux Jeux : les Grads d’Edmonton. Bien qu’à l’époque, le basketball n’était pas officiellement inclus dans les Jeux olympiques (le basketball masculin le sera en 1936 et le basketball féminin, en 1976), la Fédération sportive féminine internationale (FSFI) décide d’organiser ses propres parties en marge des Jeux d’été.

À domicile comme à l’étranger, c’est une équipe difficile à battre. Elle remporte environ 95 % de toutes les parties qu’elle joue et gagne les tournois de basketball féminin de la FSFI en 1924, en 1928 et en 1936.

Deux photographies en noir et blanc d’un groupe d’athlètes féminines. La première photographie représente neuf femmes en file, dont l’une tient un ballon de basketball. La seconde photographie montre neuf femmes placées en deux rangs, un homme se tenant au milieu du rang arrière.

Photos de l’équipe des Grads d’Edmonton en 1924 et 1936 (a050440) et (a050442).

Lors de sa première participation aux Jeux olympiques, le coureur de haies canadien Warren « Monty » Montabone se hisse sur la scène mondiale à Paris en 1924, puis à Amsterdam en 1928. Entre deux participations aux Jeux olympiques, Monty établit également un record canadien, qui reste imbattu pendant 58 ans, à l’épreuve du 110 mètres haies. Sa carrière sportive, qui a débuté bien avant les Jeux olympiques, commence à l’époque où il est étudiant-athlète à Loyola et athlète amateur au sein de la Montreal Amateur Athletic Association.

Victor Pickard, sauteur à la perche et lanceur de javelot, est un autre athlète qui fait ses débuts aux Jeux olympiques de 1924. Il représente le Canada à deux éditions des Jeux olympiques (1924 et 1928) et remporte une médaille d’or en saut à la perche aux Jeux de l’Empire britannique en 1930. C’est aux Jeux olympiques que Pickard réussit le meilleur saut de sa carrière sportive : 3,45 mètres. Son record personnel est toutefois de 4,15 mètres. Aujourd’hui, le record canadien de saut à la perche est de 6,00 mètres et le record mondial est établi à 6,24 mètres.

Deux photographies en noir et blanc d’un sauteur à la perche. La première montre un homme sautant par-dessus une barre à l’aide d’une perche. La seconde montre un homme tenant une perche à l’horizontale avant de se mettre à courir.

Victor Pickard aux Jeux olympiques de 1924 (a151000) et (a151014).

Même si tous les Jeux olympiques diffèrent, deux choses s’y retrouvent à tout coup : l’enthousiasme et l’excellence. Qu’il s’agisse d’établir de nouveaux records, d’annoncer son soutien pour une cause politique ou d’encourager un athlète dans le besoin, tout le monde trouve son compte aux Jeux olympiques. De nos jours, les Jeux symbolisent bien plus que l’esprit sportif, l’athlétisme et l’identité nationale. Il s’agit d’un phénomène culturel. Les Jeux réunissent les gens dans les restaurants, dans les salons et dans les écoles. Leur histoire est en train de s’écrire et ce n’est que le début.

Ressources complémentaires


Sali Lafrenie est archiviste de portefeuille à la Direction générale des archives privées de Bibliothèque et Archives Canada.