De nouvelles aquarelles de Robert Hood documentent l’histoire du Canada dans l’Arctique

Le 16 avril 1821, le matelot Robert Hood écrit un dernier texte dans son journal. Cet officier marinier de la marine royale britannique est âgé de 24 ans. Sous le commandement du capitaine John Franklin, il participe à une expédition visant à cartographier la rivière Coppermine dans le cadre de la recherche du passage du Nord‑Ouest. Cette entrée dans le journal de Hood met fin à ses descriptions des activités quotidiennes du groupe de matelots britanniques, de voyageurs canadiens et de guides et interprètes autochtones qui parcourent, par voie terrestre, un trajet les menant du poste de traite York Factory à la rivière Coppermine en passant par Cumberland House et Fort Enterprise. Hood continue cependant de noter les conditions météorologiques et les données de navigation dans d’autres volumes, en plus de produire au moins un autre document visuel.

Bibliothèque et Archives Canada (BAC) a le plaisir d’annoncer l’achat récent de quatre aquarelles qui appartenaient aux descendants de Hood.

Portraits des interprètes esquimaux de Churchill embauchés par l’expédition terrestre dans le Nord est vraisemblablement la dernière œuvre de Robert Hood qui est parvenue jusqu’à nous. L’aquarelle parachevée en mai 1821 représente Tattannoeuck (Augustus) et Hoeootoerock (Junius).

Portraits à l’aquarelle de deux jeunes Inuits, surnommés Augustus et Junius, portant des vêtements occidentaux.

Portraits des interprètes esquimaux de Churchill embauchés par l’expédition terrestre dans le Nord, mai 1821 (MIKAN 4730700)

Les trois autres aquarelles acquises ont été peintes l’année précédente, pendant l’hiver passé à Cumberland House.

En janvier 1820, Hood peint un vison qui trempe une patte dans l’eau sur une rive en pierres ainsi qu’un renard croisé capturant une souris dans la neige.

Aquarelle représentant un vison qui trempe une patte dans l’eau sur le bord d’une rivière.

Vison, le 20 janvier 1820 (MIKAN 4730702)

Aquarelle d’un renard ayant capturé une souris dans un paysage hivernal

Un renard croisé capture une souris, le 26 janvier 1820. (MIKAN 4730703)

Deux mois plus tard, Hood entreprend une randonnée vers les collines Pasquia, où il rencontre un groupe de Cris. Il est invité dans leur tente et profite de l’occasion pour dessiner une aquarelle extrêmement détaillée : Intérieur d’une tente des Indiens du Sud[titre original]. Une gravure, Intérieur d’une tente crie, est inspirée de cette image et sera publiée dans le compte rendu du capitaine John Franklin intitulé Récit d’un périple sur les côtes de la mer polaire au cours des années 1819, 1820, 1821 et 1822.

Aquarelle montrant l’intérieur d’une tente. Sept personnes sont assises autour du feu. L’une d’entre elles est une mère qui tient son enfant sur une planche porte bébé. Des fourrures ou de la viande sèchent sur un poteau disposé horizontalement, et un chaudron rempli de nourritures est placé au dessus du feu. Un fusil, un arc et des flèches sont accotés sur une paroi de la tente. Une personne mange, une autre fume la pipe et les autres semblent écouter attentivement.

Intérieur d’une tente des Indiens du Sud [titre original]  (MIKAN 4730705)

Malheureusement, Robert Hood ne verra jamais ses œuvres publiées dans le récit de Franklin. L’expédition est accablée par les conditions météorologiques extrêmes et manque de ravitaillement, au point où les membres doivent manger du lichen pour survivre. Au début d’octobre 1821, Robert Hood est trop affaibli par la faim pour continuer le voyage. Il reste à l’arrière avec deux Britanniques pendant que les autres partent chercher de la nourriture et du matériel à Fort Enterprise. Un des voyageurs, Michel Terohaute, change d’idée, quitte le groupe de Franklin et retourne au camp avec Hood. Le 23 octobre 1821, pendant que les deux autres hommes sont partis chercher à manger, Terohaute abat Robert Hood. Le capitaine John Franklin parvient à récupérer le journal et les aquarelles de Hood pour les donner à la sœur de ce dernier, qui distribuera ensuite les œuvres à ses petits‑enfants. BAC se considère chanceux d’avoir pu acquérir quatre aquarelles anciennement inconnues qui documentent une expédition essentielle dans l’histoire du Canada en Arctique.

Ressources complémentaires

L’expédition de John Franklin

Le 19 mai 1845, le NSM Erebus et le NSM Terror quittent l’Angleterre sous le commandement de sir John Franklin, en quête du passage vers le Nord-Ouest. Cette expédition est sans aucun doute celle qui a le plus mal tourné, car aucun membre n’en est revenu vivant.

Un iceberg, le NSM Terror et quelques morses près de l’entrée du détroit d’Hudson Bibliothèque et Archives Canada, no d’acc. 1979-49-1.

Un iceberg, le NSM Terror et quelques morses près de l’entrée du détroit d’Hudson Bibliothèque et Archives Canada, no d’acc. 1979-49-1. Source

D’importants efforts de recherche seront déployés afin de retrouver les disparus, dont trois expéditions dans l’Arctique au printemps 1848. Des récompenses sont également offertes en 1849 et en 1850 pour toute information relative à l’expédition de Franklin. Ces recherches porteront leurs fruits : en 1850, les premiers vestiges — trois tombes de marins décédés en 1846 — sont retrouvés à l’île Beechey, du côté ouest de l’île Devon.

En juillet 1857, lady Franklin commanditera également une expédition sous la responsabilité de Francis McClintock à bord du navire Fox. Le 5 mai 1859, William Hobson, le lieutenant du Fox, trouve un document laissé sous un cairn et comportant deux messages. Le premier, rédigé par Franklin en date du 28 mai 1847, signale que l’équipage des deux navires a dû passer l’hiver 1845-1846 au large de l’île Beechey, mais que tout va bien. Le deuxième message, daté du 25 avril 1848, mentionne que depuis septembre 1846, l’Erebus et le Terror sont pris dans les glaces à l’ouest de l’île du Roi-Guillaume, et que 24 personnes sont mortes, dont Franklin le 11 juin 1847.

Dans la foulée des expéditions entreprises afin de retrouver Franklin, de nombreuses cartes ont été confectionnées, dont les cartes Discoveries in the Arctic Sea, 1616-1927 et Chart showing the vicinity of King William Island . Celles-ci identifient les lieux visités par Franklin, les endroits où son groupe a hiverné et le lieu où ses navires ont été abandonnés. La seconde carte mentionne également les parcours possibles de dérivation des deux épaves.

Nous connaissons maintenant le sort réservé aux membres de cette expédition. Par contre, toutes les tentatives pour retrouver les épaves de l’Erebus et du Terror se sont révélées infructueuses, malgré l’ampleur des recherches et les technologies modernes déployées.

Pour plus d’information sur la période précédant les expéditions :

Pour plus d’information sur les périodes précédant et suivant les expéditions :

Pour plus d’information sur la période suivant les expéditions :

Publications, bibliographies et guides conservés à Bibliothèque et Archives Canada :

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