Dans le même bateau : à la recherche de registres de navires dans les collections de BAC

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Par Elaine Young

Saviez-vous que, dès le 18e siècle, les navires canadiens d’une certaine taille devaient être immatriculés auprès des autorités gouvernementales? Bibliothèque et Archives Canada (BAC) possède divers types de documents liés à l’immatriculation des navires; il en a transcrit récemment près de 84 000, qui sont maintenant consultables.

Ces transcriptions comprennent le nom du navire, son port d’immatriculation (parfois appelé port d’enregistrement), ainsi que le numéro et l’année d’immatriculation : des renseignements essentiels pour appuyer la recherche et découvrir des histoires fascinantes (et parfois surprenantes!) sur les navires. C’est une ressource inestimable pour la recherche sur l’histoire maritime au Canada, ainsi qu’un outil généalogique pouvant servir à retracer les familles liées à ces navires.

BAC est devenu le gardien de ces documents – dont plusieurs grands livres ou registres – il y a un certain nombre d’années, quand Transports Canada (l’organisme de réglementation) a adopté la tenue de documents numériques. Ce projet de transcription fait partie des efforts de l’institution pour améliorer la recherche dans ses collections.

Pour favoriser l’accès en ligne, BAC a numérisé un certain nombre de registres, puis a travaillé avec des chercheurs du domaine pour cibler la meilleure information à transcrire.

Le contenu transcrit touche les navires qui ont été exploités puis mis hors service (immatriculation retirée) entre 1838 et 1983. Il vise des navires ayant navigué dans les eaux de l’Atlantique et du Pacifique ainsi que dans les eaux intérieures.

Les registres contiennent une mine de renseignements, y compris le type et la description des navires, leur taille, leur propriétaire et la date de leur construction. C’est une source d’information précieuse pour quiconque fait des recherches sur la construction navale, le transport maritime ou les industries côtières et océaniques. Par exemple, ils témoignent de la transition des navires à voiles aux navires à vapeur, et de l’arrivée des coques en fibre de verre et en matériaux composites. Ils contiennent aussi de l’information pertinente pour la recherche généalogique, car de nombreux navires ont été transmis de génération en génération au sein d’une même famille.

Voici un exemple d’immatriculation typique d’un navire :

Pages 1 et 2 du formulaire d’immatriculation du navire M.C.M. Le document a été rempli à la machine à écrire et à la main (en lettres attachées).

M.C.M., Port of Registry: NEW WESTMINSTER, BC, 9/1914 [Navire M.C.M., port d’enregistrement : New Westminster, C.-B., 9/1914], R184, RG12-B-15-A-i, no de volume : 3041. (e011446335_355)

La première page de ce registre concerne le navire M.C.M. immatriculé en 1914 à New Westminster, en Colombie-Britannique. Elle contient des détails sur le navire, notamment sur sa construction, sa taille, etc. La deuxième page recense les noms des propriétaires au fil du temps.

La légende sous l’image ci-dessus illustre bien la convention d’appellation que vous verrez dans l’outil Recherche dans la collection : nom du navire / port d’immatriculation / numéro consécutif attribué à chaque navire nouvellement immatriculé dans ce port au cours d’une année / année d’immatriculation.

Pour trouver des documents sur le site Web de BAC, dans l’outil Recherche dans la collection :

1. Allez à Recherche avancée.
2. Dans le menu déroulant « Collection », choisissez « Collections et fonds ».
3. Dans le menu déroulant « Sous-ensembles de collections et fonds », choisissez « Immatriculation des navires ».

Copie d’écran de la page de recherche avancée de l’outil Recherche dans la collection. On peut voir dans les encadrés orange les menus déroulants « Collection » et « Sous-ensembles de collections et fonds ».

Comment trouver des immatriculations de navires dans l’outil Recherche dans la collection. (Bibliothèque et Archives Canada)

4. Vous voulez chercher des mots précis dans la base de données? Entrez-les dans la barre de recherche au haut de l’écran. Vous pouvez aussi entrer une date ou une fourchette de dates dans le champ « Date » (pour refléter la date où le navire a été mis hors service). Si vous préférez parcourir toutes les immatriculations de navires, laissez les champs vides et cliquez sur « Rechercher ».

Copie d’écran de la page de recherche avancée de l’outil Recherche dans la collection. Le terme « Dora Mae » est saisi dans le champ « Tous les mots », et la période « 1940 à 1950 » est saisie dans les champs de fourchette de dates. Le tout est encadré en orange.

Comment préciser votre recherche à l’aide de mots-clés et de fourchettes de dates. (Bibliothèque et Archives Canada)

Pour faire une recherche plus précise, utilisez le champ « Tous les mots » situé au haut de l’écran. Vous pourrez alors faire une recherche par nom de navire, port d’immatriculation, numéro officiel et année d’immatriculation.

Nom :

  • Le nom du navire est attribué par son propriétaire au moment de l’immatriculation initiale. Il demeure généralement le même pendant toute la durée de vie du navire, mais peut parfois être modifié, par exemple si le navire change de propriétaire.
  • Quand un navire est mis hors service (c’est-à-dire que son immatriculation est retirée), une période d’attente s’applique avant que son nom puisse être réutilisé. Deux navires ne peuvent pas avoir le même nom en même temps.
  • Les navires peuvent avoir des noms semblables, mais ils doivent être différents (par exemple, Marie-Claire, Le Marie-Claire, Marie et Claire). On peut aussi créer un nouveau nom en ajoutant un chiffre romain après le nom d’un navire déjà immatriculé (par exemple, Radisson II).

Port d’immatriculation :

  • Il s’agit du port où le navire a été immatriculé.
  • Le navire peut avoir été immatriculé dans un port situé près de l’endroit où il a été construit ou exploité.
  • Cette information peut s’avérer utile pour connaître les activités de construction navale dans un secteur donné.
  • Un navire peut avoir été immatriculé dans différents ports au fil du temps. En effet, lorsqu’un propriétaire déménageait ou vendait son navire pour le transférer ailleurs, il devait en renouveler l’enregistrement selon le port d’immatriculation le plus près.

Numéro officiel :

  • Il s’agit d’un numéro unique attribué à un navire au moment de son immatriculation.
  • Le numéro officiel demeure le même pour la durée de vie du navire, même lorsque celui-ci est mis hors service ou détruit. De plus, il n’est jamais attribué à un autre navire.
  • Il peut vous aider à trouver des renseignements sur un navire dans d’autres types de documents :
    • registres de propriété : livres qui contiennent les numéros officiels attribués à divers ports d’immatriculation
    • registres de transactions : livres documentant les transactions supplémentaires lorsque les deux pages attribuées par navire dans un registre sont déjà remplies
    • registres de construction : livres documentant les navires en construction
    • dossiers de navires : dossiers individuels ouverts par les bureaux des ports d’immatriculation pour des navires particuliers

Année d’immatriculation

  • Il s’agit d’un numéro consécutif attribué, en commençant par 1, à chaque navire nouvellement immatriculé. Il est suivi d’une barre oblique (/), puis de l’année où le navire a été immatriculé. Par exemple, 22/1883 désignerait le 22e navire immatriculé dans un port donné en 1883.

On peut également consulter les registres des navires mis hors service au moyen de la liste de recherche « Enregistrements de navires, 1838-1983 – Personnel de BAC », qui donne un accès direct aux documents au niveau de la série. À partir de là, vous pouvez voir les documents d’immatriculation individuels des navires.

Bref, grâce à toutes ces nouvelles transcriptions, vous pouvez maintenant accéder à des dizaines de milliers de documents auparavant inaccessibles en ligne. Les usagers peuvent chercher plus facilement des renseignements sur la généalogie, la construction navale, le transport maritime et de nombreux autres domaines. Cette ressource précieuse met en lumière les histoires complexes et variées formant la trame du transport maritime et de la construction navale au Canada, ainsi que les collectivités bâties autour de ces activités et la vie des personnes qui possédaient ces navires.

L’équipe du projet et BAC tiennent à remercier Don Feltmate résidant en Nouvelle-Écosse et John MacFarlane résidant en Colombie-Britannique, qui ont fait valoir sans relâche l’importance de ces documents et de leur accessibilité.

Ressources complémentaires


Elaine Young est analyste à la Division des partenariats et de l’engagement communautaire de Bibliothèque et Archives Canada.

Le fonds George Ayoub : une passion pour les bateaux

Par Kelly Anne Griffin

De nombreuses personnes aiment observer les oiseaux ou les étoiles. George Ayoub, quant à lui, se passionnait pour les bateaux. Et il n’est pas le seul : un grand nombre de Canadiens partagent cette fascination. Pas étonnant quand on sait que notre pays possède plus de 200 000 kilomètres de littoral et près de 800 000 kilomètres de rives intérieures!

George Ayoub est né en 1916 à Sault-Sainte-Marie, en Ontario. Âgé d’à peine 14 ans, il devient matelot et se découvre une passion pour l’histoire maritime qui l’animera toute sa vie. Sa collection, conservée à Bibliothèque et Archives Canada, témoigne du passé nautique du Canada et des voies navigables qui ont contribué à façonner notre pays et à développer notre économie.

Le fonds Georges Ayoub comprend plus de 20 000 photographies prises entre 1940 et 1990. Celles-ci portent en particulier sur la voie maritime du Saint-Laurent, les Grands Lacs, la rivière des Outaouais et le canal Rideau, et nous offrent un remarquable aperçu de l’évolution du transport maritime et de la navigation de plaisance. Le fonds renferme également des documents textuels qui retracent l’histoire de l’industrie du transport maritime et celle de certains bateaux.

La voie maritime du Saint-Laurent

Inaugurée en 1959, la voie maritime du Saint-Laurent révolutionne l’industrie du transport en permettant aux navires de voyager des Grands Lacs jusqu’à l’Atlantique. Dès cette année-là, George Ayoub commence à rassembler une importante collection de documents sur l’histoire des navires qui sillonnent ces eaux au cours du 20e siècle. Il en photographie lui-même plusieurs.

Aujourd’hui, la voie maritime du Saint-Laurent est l’une des plus importantes routes navigables au monde. Les marchandises y transitent du cœur de l’Amérique du Nord vers le reste du monde, et vice-versa. Le fonds George Ayoub contient de nombreuses photos illustrant la diversité des navires qui empruntent cette voie.

Photo noir et blanc d’un remorqueur à quai. L’équipage est sur le pont.

Le Jean-T sur la voie maritime du Saint-Laurent, Iroquois (Ontario), 28 septembre 1975. Source : George Ayoub/Bibliothèque et Archives Canada/fonds George Ayoub/e011213397. Droits d’auteur : Les droits d’auteur ont été transférés à Bibliothèque et Archives Canada par la succession de George Ayoub.

Photo noir et blanc d’un grand navire franchissant un canal.

Le Kingdoc sur la voie maritime du Saint-Laurent, Iroquois (Ontario), 5 septembre 1965. Source : George Ayoub/Bibliothèque et Archives Canada/fonds George Ayoub /e011213399. Droits d’auteur : Les droits d’auteur ont été transférés à Bibliothèque et Archives Canada par la succession de George Ayoub.

Le canal Rideau et la rivière des Outaouais

Le canal Rideau est le plus ancien canal d’Amérique du Nord qui fonctionne sans interruption depuis son inauguration, en 1832. C’est en fait un long réseau composé de plusieurs canaux reliés. Il a été construit après la guerre de 1812, qui avait mis en lumière la nécessité de disposer d’une voie navigable entre le lac Ontario et la rivière des Outaouais afin de protéger des attaques la circulation transitant normalement par le Saint-Laurent. Sa construction, une énorme entreprise, a ainsi ouvert une voie d’approvisionnement sécuritaire entre Montréal et Kingston.

Les écluses du canal Rideau offrent de merveilleux points de vue : on y voit souvent des passants, fascinés par le spectacle des bateaux qui franchissent le canal grâce à ces ouvrages. Le fonds George Ayoub comprend plusieurs excellentes photos de ce genre, prises au fil des ans.

Photo noir et blanc d’un bateau de plaisance amarré le long d’un canal à proximité d’un imposant édifice.

Le Korab devant le Centre national des arts, canal Rideau, Ottawa, 14 juin 1971. Source : George Ayoub/Bibliothèque et Archives Canada/fonds George Ayoub /e011213400. Droits d’auteur : Les droits d’auteur ont été transférés à Bibliothèque et Archives Canada par la succession de George Ayoub.

Photo noir et blanc d’un petit bateau-pompe amarré sur la rive boisée d’un cours d’eau.

Le bateau-pompe St. John’s, de la Gatineau Boom Company, amarré à un quai près de Hull (Québec), 19 novembre 1967. Source : George Ayoub/Bibliothèque et Archives Canada/fonds George Ayoub /e011213403. Droits d’auteur : Les droits d’auteur ont été transférés à Bibliothèque et Archives Canada par la succession de George Ayoub.

Photo noir et blanc d’un remorqueur tirant un voilier sur l’eau.

Le voilier Wild Harp tiré par le remorqueur TANAC V-222, 10 septembre 1972. Source : George Ayoub/Bibliothèque et Archives Canada/fonds George Ayoub /e011213404. Droits d’auteur : Les droits d’auteur ont été transférés à Bibliothèque et Archives Canada par la succession de George Ayoub.

Photo noir et blanc d’un bateau de taille moyenne franchissant une écluse.

Le Templeton dans une des écluses du canal Rideau, Ottawa, 17 avril 1964. Source : George Ayoub/Bibliothèque et Archives Canada/fonds George Ayoub /e011213405. Droits d’auteur : Les droits d’auteur ont été transférés à Bibliothèque et Archives Canada par la succession de George Ayoub.

L’immensité et la splendeur du littoral canadien expliquent le lien intime qui nous unit à l’eau. L’observation des bateaux demeure une attraction touristique majeure pour de nombreuses collectivités situées le long des voies navigables au Canada. Qu’il s’agisse de routes maritimes très fréquentées ou de lacs calmes et paisibles, celles-ci nous permettent de sillonner le pays, fidèles à notre devise : A mari usque ad mare, « D’un océan à l’autre ».

Ressources connexes


Kelly Anne Griffin est adjointe en archivistique à la Division des archives privées du monde de la science et de la gouvernance, Direction générale des archives, à Bibliothèque et Archives Canada.